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PHystorique- Les Portes du Temps
6 janvier 2016

Église Saint-Pierre de Chauvigny

la Mesnie d’Augerolles, de Villers-Cotterêts Église Saint-Pierre de Chauvigny (2)

En sortant du château d'Harcourt, l'on aperçoit, sur la droite, le clocher et le chevet de l'église Saint-Pierre, véritable merveille architecturale qui ne peut manquer d'arracher à tout archéologue un cri d'admiration. « Rien n'égale la richesse et la variété des ornements qui décorent l'extérieur de l'abside et des chapelles ; les chapiteaux sont sculptés avec un soin prodigieux et les admirables détails qui ornent les archivoltes offrent aux regards étonnés cette variété de formes qui caractérise l'art roman parvenu à son dernier degré de perfection (1). »

Visite Virtuelle Église Saint-Pierre de Chauvigny

la Mesnie d’Augerolles, de Villers-Cotterêts Église Saint-Pierre de Chauvigny (3)

Le clocher, qui nous paraît dater du début du XIIIe siècle, est décoré de baies et arcades, les unes en plein cintre, les autres en arc brisé. La petite tourelle qui contient l'escalier est au contraire purement romane.

Avec son toit conique et l'ornementation de ses baies, elle ressemble aux clochetons qui encadrent la façade de Notre-Dame de Poitiers.

(Archéologie - Cartes des vestiges poitevins : Numérisation des archives du père de La Croix)

 Les murs latéraux, les transepts et la façade sont de décoration plus sobre.

IMG_1738

Le chapitre de Saint-Pierre - communauté des chanoines - apparaît déjà dans les textes vers 1025.

1110 ecclesiam Sancti Justi de Calviniaco (les églises appartenant à l'abbaye Saint-Cyprien de Poitiers).

 Prieuré du Saint-Sépulcre, Saint-Just, Notre-Dame de Chauvigny

Fondé en 1020 par l'évêque Isembert à son retour des Lieux saints sous le vocable de Saint-Sépulcre. En 1087, le vocable devient Saint-Just, puis en 1822 l'église prit le nom de Notre-Dame. Adjonction de collatéraux au 12e siècle (?). Bâtiments conventuels du 15e siècle. Remaniements au 18e siècle

 

Bâtie en trois étapes principales : chœur et transept (vers 1100), nef (vers 1150), clocher (après 1200).  La construction de l'édifice dut commencer par le sanctuaire et les parties qui l'entourent; cette partie est du roman le plus pur. Dans la nef, l'ogive s'accuse progressivement aux arcs de la voûte, à mesure que l'on approche de la façade. L'œuvre, entreprise au XIe siècle, semble avoir été terminée vers la fin du XIIe.

Les chapiteaux des colonnes du sanctuaire sont remarquables. Avec M. de Caumont nous en rappellerons les principaux sujets (2). Sur le premier chapiteau du côté droit, on remarque deux hommes dévorés par des oiseaux de proie au long bec et aux fortes serres. Sur le second chapiteau est représenté l'ange Gabriel, les ailes étendues. Dans l'auréole qui entoure sa tête, on lit en caractères qui paraissent du XIIe ou du XIe siècle :

Gabriel Angelus, et audessus des ailes : Dixit gloria in excelsis deo.

Sur une autre face du même chapiteau, l'archange saint Michel pèse les âmes : le bassin de la balance placé du côté de l'archange est le plus lourd, malgré les efforts du démon, qui apparaît sous la forme d'un animal hideux, au-dessus duquel on lit : Ecce diabolus. Sur le troisième chapiteau, on voit de grands sphinx à deux corps et à une seule tête. Le sculpteur a placé son nom sur le quatrième chapiteau, qui se trouve au centre de la courbure de l'abside. On y lit : Gofridus me fecit.

La face principale représentel'adoration des Mages; sur les autres faces on voit l'Annonciation, Siméon recevant Notre-Seigneur, et la Tentation dans le désert.

Les trois autres chapiteaux sont ornés de sculptures symboliques. On y voit des oiseaux portant des têtes humaines, des hommes à deux corps et à une seule tête, et plusieurs autres figures d'un grand relief.

Sur une petite console engagée dans un des piliers de droite, à l'entrée du sanctuaire sont sculptées les armes d'Hugues de Combarel, évêque de Poitiers au XVe siècle.

Dans la chapelle centrale est placée une statue de la Vierge qui, au cours de la Révolution, servit d'effigie de la déesse Raison. On se contenta d'en séparer l'Enfant Jésus, dont le buste seul a été conservé.

Dans le bas-côté gauche de la nef, on voit deux tombeaux du XIVe siècle, sans inscription, couverts de statues mutilées portant les insignes sacerdotaux.

 

Comme beaucoup d'autres églises du Poitou, Saint - Pierre de Chauvigny eut à subir le contrecoup des guerres qui désolèrent la province.

En 1569, les troupes de l'amiral Gaspard de Coligny pillèrent le trésor et incendièrent le château, la ville et l'église St Pierre.


Durant la Fronde, en 1652, Charles Chasteigner, marquis de La Roche-Posay, occupe la ville et le château et leur fait subir pillages et incendies. La même année il sera délogé par le duc de Roannes.

Abandonné pendant la Révolution, l'édifice fut rendu au culte en 1804, après les réparations les plus urgentes.

A partir de 1823, plusieurs grandes campagnes de restauration se succèdent : modification du niveau de sol, suppression des chapelles hautes, reprises des piliers….

L'Etat entreprit enfin une restauration complète qui fut exécutée en 1849 et 1850. Ces grandes restaurations s’achèvent par la réfection des peintures en 1857.

Classé monument historique en 1846, l’ancienne collégiales Saint-Pierre de Chauvigny est l’un des édifices les plus prestigieux du Poitou roman.

 

la Mesnie d’Augerolles, de Villers-Cotterêts Église Saint-Pierre de Chauvigny (1)(médiéval avec l’association la Mesnie d’Augerolles)

 

 

TOMBEAUX A GISANTS SCULPTÉS de L'église Saint-Pierre de Chauvigny

 

 L’iconographie des tombeaux surélevés consiste surtout dans la représentation du défunt gisant, en ronde bosse sur une dalle de pierre ou un faux sarcophage.

Apparues un peu plus tard que les dalles gravées, peu de ces sépultures sont arrivées intactes jusqu'à nous, celles des ecclésiastiques mutilées généralement pendant les guerres de religion, celles des seigneurs sous la Révolution. De plus, intactes ou non, celles qui subsistent dans le département de la Vienne sont toutes dépourvues d'épitaphes courant sur le rectangle du tombeau, comme c'est le cas le plus fréquent ailleurs. Il est probable que, dans leur état primitif, elles étaient accompagnées d'épitaphes gravées au-dessus du tombeau ou sur le faux sarcophage. Parfois de telles épitaphes nous sont parvenues sans les gisants eux-mêmes. Nous pouvons cependant parfois identifier ceux-ci avec plus ou moins de certitude grâce à des armes (3).

Dans le domaine ecclésiastique nous trouvons dès les environs de 1216 la statue gisante de Maurice de Blason, évêque de Poitiers, mort à cette époque, autrefois dans l'église Notre-Dame de Mirebeau, les membres de sa famille étant seigneurs de ce lieu. Mais ce gisant, très exceptionnellement, était sculpté en bois, posé sur un socle de pierre.

Dans l'église Saint-Pierre de Chauvigny existent encore deux statues gisantes de chanoines de cette collégiale ; aucune inscription ne permet de les identifier. Tous deux portent la coiffure, traditionnelle pour les chanoines jusqu'au XVIe siècle, appelée l'aumusse, espèce de court capuchon biscornu dont les pans antérieurs sont ornés de pendeloques en forme d'olives, ornement dont les chanoines semblent avoir souvent usé. Tous deux sont prêtres, car ils portent chasuble et étole.

Je ne crois pas qu'on puisse attribuer, comme on en a été tenté, l'un de ces tombeaux à un clerc nommé Jean Brunet, qui élit, par son testament du 8 mars 1383, sa sépulture dans l'église Saint-Pierre de Chauvigny et « ordonne que sur madite sépulture ait une belle tombe sus quatre piliers et moi pourtrait dessus ». Etant chanoine (l'aumusse) et prêtre (la chasuble), aucun de ces deux défunts ne se serait désigné sous le simple nom de clerc (4).

L'une de ces statues est placée sous un enfeu, qui n'a d'ailleurs peut-être pas été fait pour elle. Le chanoine a la tête sur un coussin soutenu par deux anges ; ses pieds reposent sur un lion.

L'autre a aussi la tête sur un coussin. De chaque côté de lui trois anges sont assis. Ses pieds reposent sur deux animaux difficiles à déterminer, vu la gravité de la mutilation ; toutes les figures d'anges sont brisées. Ces deux statues semblent du XIVe siècle.

Au XIVe siècle aussi appartient la statue gisante d'un abbé de Saint-Benoît de Quinçay, d'une assez belle exécution, qui reposait sous un enfeu encore subsistant comme la statue, dans le mur septentrional du chœur de l'abbatiale. Le gâble très aigu de cet enfeu est orné d'un Christ bénissant au milieu d'un médaillon quadrilobé. Le défunt porte la crosse ; il est revêtu de la chasuble (sans dalmatique, ce qui exclut l'hypothèse d'un évêque) ; deux angelots étendent un linge sous sa tête. Un animal, probablement un lion, est posé sous les pieds.

Malheureusement les huguenots brisèrent la tête de l'abbé, sa crosse, les anges et la tête de l'animal Là ne s'arrêtent point les avatars de cette sépulture, car au XVIIe siècle les moines, voulant garnir leur chœur de stalles à hauts dossiers n'hésitèrent pas à masquer pour cela l'enfeu de leur abbé défunt et quand dom Etiennot passa à Saint-Benoît en 1675, il témoigna que le tombeau « existe encore derrière les stalles du chœur », ce qui prouve, par ailleurs, que ces stalles du XVIIe siècle, au style d'un dépouillement insolite pour l'époque, sont antérieures à 1675, mais pas de beaucoup, puisque le souvenir du tombeau demeurait encore cette année-là.

Mais là où l'on ne peut suivre dom Etiennot, c'est quand il attribue ce tombeau, sans en dire les raisons, à l'abbé Jean de Mareuil qui gouverna le monastère de 1522 à 1574. Cette assertion ne résiste pas aux arguments archéologiques. Le même savant bénédictin énumère trois autres abbés de Saint-Benoît entre 1396 et 1521, avec le lieu de leurs sépultures au milieu et dans le bas de l'église. L'état actuel de nos connaissances ne nous en révèle pas d'autres. Nous sommes donc incapables d'identifier cette effigie.

Il faut ajouter enfin que, si nous pouvons actuellement voir et étudier ce gisant, c'est qu'au cours de réparations aux stalles en 1959 on a pu l'extraire de sa cachette pour le déposer dans l'église (5).

Ce n'est pas uniquement à des personnages importants qu'on donnait l'honneur d'une sépulture avec statue couchée, puisque ce fut le cas de Guillaume Ayraud, maître d'école de Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers, mort vers 1400. Sa sépulture actuellement disparue était même placée sous un enfeu, probablement dans la partie de la nef actuellement refaite, puisqu'on ne voit plus aucun enfeu à l'intérieur de l'église.

Disparue encore est la tombe d'Itier de Mareuil, évêque de Poitiers, mort vers 1405, autrefois dans la cathédrale, devant l'autel de la chapelle des Apôtres (l'actuelle chapelle de paroisse) ; le gisant d'albâtre reposait sur une table de marbre noir.

Il en est de même du tombeau d'Hugues de Combarel, autre évêque de Poitiers mort en 1441, dont le dessin lavé de Gaignières donne une idée particulièrement somptueuse : près et à gauche du grand autel on voyait, plaqué sur la clôture du chœur, une espèce d'enfeu de style flamboyant, avec un fond bleu semé de fleurs de lis d'or, chargé de l'écusson du défunt, deux fois répété. Devant, une table de pierre a dû supporter avant la dévastation de 1562 une statue gisante ; au-dessous un cartouche de style Renaissance, polychromé en rouge et vert, devait encadrer une épitaphe pour en remplacer une autre détruite par les profanateurs (6).

Un tombeau à effigie sculptée en cuivre abritait au milieu de la chapelle de la Madeleine, à la cathédrale, les restes de l'évêque Jacques Jouvenel des Ursins, mort en 1456. C'est ainsi, je crois, qu'il faut interpréter l'expression tumba cuprea qui figure dans son testament. Ce tombeau disparut lors de la dévastation de 1562.

Il ne figure même pas comme mutilé dans l'inventaire des dégâts qui fut dressé après l'événement, probablement parce que le gisant aurait été, non pas martelé, mais enlevé à cause de la valeur matérielle du cuivre. Trois tombeaux à gisants sculptés figurent à cet inventaire, tous de pierre, alors qu'on n'en a aucun de cuivre, celui de Jouvenel des Ursins n'ayant, vraisemblablement, pas été le seul fondu en cette matière, et c'est par le hasard de la conservation d'un testament que nous avons la trace de ce tombeau de cuivre (7). D'ailleurs il est dit formellement dans le procès-verbal du pillage de la cathédrale d'Angoulême cette même année que les huguenots emportèrent beaucoup d'ouvrages de cuivre (8).

 

 

 

Poitiers & Angoulême, Saint-Savin, Chauvigny (2e édition) / par Henri Labbé de la Mauvinière

Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers

https://www.chauvigny.fr/index.php/tourisme-patrimoine/les-eglises

 

 

 

  Episode d'Aliénor au château de Mauléon les Chauvigny <==.... ....==> La mémoire des temps passés - Histoire des châteaux de la cité médiévale de Chauvigny.

 


 

1 Rapport, en date du 15 décembre 1840, au ministre de l'Intérieur, par M. Charles de Chergé, inspecteur des Monuments historiques de la Viennne.

2 Bulletin monumental. Tome Ier, p. 73 et 74 (année 1834)

(3) Presque toutes ces effigies sculptées sont mentionnées comme les effigies gravées, par R. CROZET (voir note 12).

(4) Guilhermy a remarqué que les effigies mortuaires des clercs sont très nettement différenciées suivant leur avancement dans la hiérarchie ecclésiastique les diacres n'ont qu'une dalmatique etc. (op. cit.).

 

(5) Dom ESTIENNOT, Antiquitates benedictinoe in diocesi Pictaviensi, (Bibl. nat., ms. lat. 12755), p. 281-307. — Gallia christiana, t. 2, 1720. - Eug. LECOINTRE Recherches sur l'abbaye de Saint-Benoit, (Mém. Soc. Ant. Ouest, 1851), p. 448.

L'attribution de la mutilation aux huguenots plutôt qu'aux révolutionnaires est une certitude puisque le tombeau a été caché aux regards depuis le XVIIe

(6) Dans l'Inventaire des dessins. Gaignières par Henri - BOUCHOT, (t. Il, 1891, p. 369), le mur de fond de cet enfeu est pris à tort pour un vitrail.

(7) J. SALVINI, Jacques Jouvenel des Ursins, dans Bull. de la Soc. des Ant. de l Ouest, 1961, p. 104.

(8) Victor GAY, Glossaire archéologique, t. I, 1887, p. 506.

Église Saint-Pierre de Chauvigny

L'église est située dans le département français de la Vienne, sur la commune de Chauvigny. Son origine est mal connue. L'existence d'un chapitre de 10 chanoines y est attestée dans le premier quart du XI e siècle. Il existait donc, à cette époque, un premier édifice, dont quelques pierres sculptées sont réemployées dans le chevet de l'église actuelle.

https://fr.wikipedia.org

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Son origine est mal connue. L'existence d'un chapitre de 10 chanoines y est attestée dans le premier quart du XIe siè...

Posté par P'Hystorique sur mercredi 6 janvier 2016
==> Patrimoine, Recherches critiques sur Trois Architectes Poitevin de la fin du XIe siècle.
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