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PHystorique- Les Portes du Temps
3 novembre 2017

Siège de Saint-Martin-de-Ré 1627 (Les Mousquetaires)

Défaite des Anglais en l’Île de Ré Laurent-de-La-Hyre

« La Défaite des Anglais en l’Île de Ré par l’armée française le 8 novembre 1627 » de L. de La Hyre

Le siège de Saint-Martin-de-Ré est une tentative manquée de prendre l'île de Ré par les forces britanniques venues apporter leur aide à la rébellion huguenote de La Rochelle. Cet échec marque le début du siège de La Rochelle par les forces royales et catholiques de Louis XIII, sous le commandement du cardinal de Richelieu. Ce siège est un épisode historique de la Guerre de Trente Ans.

 

 

Une scène de bataille très réaliste

En 1627, pendant le siège que les armées de Louis XIII font subir aux huguenots rochelais, cinq mille soldats et cent cavaliers anglais, menés par Georges Villiers (1592-1628), duc de Buckingham, envahissent l’île de Ré et assiègent Saint-Martin.

Le comte de Toiras (1585-1636), gouverneur de l’île, résiste jusqu’à l’arrivée des renforts. Le 8 novembre, les troupes françaises opèrent alors leur jonction. Pris en étau, douze régiments anglais évacuent le bourg de Saint-Martin, en bon ordre, couverts par leur cavalerie. Obligés de réduire leur front avant de s’engager dans les marais, ils sont attaqués puis défaits. Les rescapés trouvent un abri dans l’île de Loix, où attendent les vaisseaux. Benjamin de Rohan (1583-1642), seigneur de Soubise, et frère cadet d’Henri II de Rohan, s’enfuit avec les Anglais.

 

 

RELATION DE LA DÉFAITE DES ANGLAIS DANS L ' ILE DE RÉ EN 1627 M. EMILE BIAIS

La Rochelle, après avoir lutté héroïquement, tombait sous « la serre de Richelieu » (l).

L'ennemi héréditaire de la France, - flegmatique­ment perfide et d'un dévouement pratique, - conduit par des princes de la noblesse française, sous prétexte de secourir les Rochelais, s'emparait de l'île de Ré et s'apprêtait à envahir le royaume de Louis XIII.

Les provinces circonvoisines, en éveil, subissaient le contre-coup de ces actions fameuses ; et bien qu'étran­gère aux «  troubles» elle restât en l'obéissance du Roi, - pour cette cause-là surtout, Angoulême n'était pas indifférente aux tonnerres lointains qui se répercutaient jusque dans ses remparts, Notre « Ville et Cité » tressaillit même patriotiquement et s'émut (2) au bruit de l 'expédition de Buckingham et de Soubise : elle était encore oppressée par le souvenir - quatre fois séculaire - de l'infernal prince Noir, « magnifique et hautain à l'angloise » (3), et de ses soudards, dont le passage a laissé des légendes persistantes dans ce vieux pays d' Angoumois.

Aussi fut-ce une joie grande quand on y apprit que le maréchal de Schomberg avait pourchassé les Anglais de l'ile de Ré ...

 

Pendant ce temps-là, voici ce qui se passait à An­goulême:

Le Corps de Ville, dont nous nous plaisons à rappeler les exploits suivant la chronique de la Mairie (4), le Corps de Ville angoumoisin tint à prouver que l'héri­tage de certains de ses aînés du Moyen-Age et du XVIe siècle n'était pas tombé en quenouille.

Le maréchal de Schomberg lui était connu; quelques années plus tôt, - le 14 mai 1623, - il avait fait son entrée dans cette « bonne ville », où le maire, en pompeux appareil, lui avait adressé un discours mémorable (5).

Puis, en l'année 1627, le 4 octobre, durant « la félonnye et désobéissance des Rochelois », le maire est député avec quatre de « Messieurs de la Maison de céans», par devers Sa Majesté, à Niort.

A la mézée du même jour, un pair du Corps de Ville propose de refuser logement aux compagnies du Roi qui doivent faire étape à Angou­Iême, - de prier M. le maréchal de Schomberg d'inter­venir afin que ces « gens de guerre » soient cantonnés « à quatre lieues de distance de ceste ville »; sinon qu'« ils seront chassés et repoussés par toutes sortes de voyes » (6).

Enfin, le Corps de Ville « a resollu et aresté qu'il sera donné contentement à Sa M. » en faisant faire· « trois cents habits de soldatz et trois centz paires de soulliers pour estre envoyés en l’armée de S. M. devant La Rochelle» (7). C'est dans de telles dispositions d'esprit et peu après la déroute des Anglais que fut rédigée et enregistrée (8) la « relation » suivante :

 

«  RELATION DE LA DESFAICTE DES ANGLOIS DANS L'ISLE DE RÉ, LE HUICTIESME JOUR DE NOVEMBRE 1627, PAR LES TROUPES DE L’ARMEE DU ROY QUE MONSIEUR LE MARESCHAL DE SCHOMBERG COMMENDOIT.

 « Monseigneur le Mareschal de Schomberg, apprès avoir esté battu huict jours entiers de la tempeste et contraint de relacher par deux fois à Brouage et l'embouchure de la Charente, est arrivé avecq cinquauten-quatre barques à trois heures apprès minut au plain mer entre Chauveau et Sablanceau, et mis pied à terre si à propos qu'il ne feut descouvert des ennemis en façon du monde.

« Il fit ranger ses troupes d'infanterie en quatre bataillons : le régiment de Navarre à main droicte, cellui de Piedmont à la main gauche; au millieu cellui de Rembures et Lamellerais, deux esca­drons de cavallerie, les gendarmes de la Royne-Mère à la main droicte ; la compagnie de Bussi-Lamet à la main gauche, et les chevaux-légers estoient à pied à la queue des bataillons.

« Ils marchèrent tous au fort de la Prée, où ils arrivèrent à cinq heures, à la pointe du jour.

« Mondit seigneur le Mareschal  commenda les compagnies des Gardes et celles du régiment du Plessis-Praslin, qui estoient arrivés audict fort de la Prée quatre jours auparavant, se mirent en bataille pour marcher avecq les autres troupes de la descente et, cependant, alla ouir la messe dans ledict fort.

« Il sort peu de temps apprès et faict faire la [prière ?] (9) generalle de tous les bataillons, puis va avecq toutte l'infanterye droict au bourg de la Flotte (10), laquelle il fist suivre de troys moyennes pièces de canon tirées à bras d'hommes, tant de soldats et matelotz, parce qu’il n'y avoir point dequippage d'artillerye en lisle.

« Il envoist M. de Marillac avecq la cavallerie entre Sainct-­Martin et ledict lieu de la Flotte pour empescher que les ennemis que l'on luy avoyt assuré y estre encore logez ne se peussent retirer.

« Arrivé qu'il fut à la Flotte, il les trouva partis et passa outre jusques aux retranchemens autour du fort Saint-Martin, lesquels ilz venoient de quitter.

« Mondict seigneur le Mareschal donna le signal à ceux dit fort sur les huict heures. Monsieur de Thorax (11) sortit avecq sept ou huict chevaux et vint au-devant de mondict seigneur, auquel il se joignit; il luy dict que les ennemis estoient encore dans le bourg.

Mais mondict scigueur s'estant advenu avecq la cavallerie un peu plus avant, il vit deux escadrons de la cavalerie Angloise outre deux moulins à vent, lesquels couvroient leur infanterie, qui couloit le long de la mer pour se retirer vers  lisle de Loir ( ?), dis­tant de deux lieux dudict fort; ce qui feut cause qu'il fit advencer son infanterie en dilligeance, et, cependant, estant allé avecq la cavalerie vers ces deux escadrons ennemis, ilz se retirèrent parmi leur infanterie, qui estoit desja assez loing.

« Monseigneur les suivit deux lieux durant, marchant tousjours on bataille et en ordre.

« Le régiment des gardes faisoit deux bataillons a lu ]' .... ]. ayant à la main droicte partie de cellui de Navarre et de Champagne en un bataillon, et à main gauche de cellui de Piedmont.

« A la bataille marchèrent quatre autres bataillons, à scavoir : deux de Champagne, un de Rembures et un de Beaumont, places vis-à-vis des intervalles de ceux de l’avant-garde distant de deux cents pas.

«A l'arrière-garde marchoient encore quatre bataillons : deux du régiment Duplessis-Praslin et deux autres de cellui de La Meilleraye, disposez avecq le mesme ordre et les mesmes distances que l'avant-garde à la bataille,

«A la queue de chacun desdicts bataillons marchoient les Gen­tilhommes volontaires qui n'avoient point de chevaux, lesquelz estoient armés de cuyrasses et hallebardes, avecq ordre, pour donner dans les flancs des bataillons ennemis au mesme temps qu'ilz baisseroient leurs piques vers les nostres.

« A l’aisles droicte de l'armée estoient, en deux escadrons. les gens d'armes et chevaux-lègers du Roy, et, à la gauche, ceux de la Royne-Mère avecq plusieurs Gentilhommes volontaires en deux autres escadrons.

« Et deux cents pas devant l'armée marchoie la compagnie des chevaux-légers de Bussi-Lamet , avecq plusieurs volontaires qui avoient le commendement d'engager les ennemis an combat.

« Mais les difficultez des lieux marécageux et[ .... ] dela [ .... ]que l'on ne vint aux mains jusques à ce que les ennemis fussent arrivés à l'entrée d'une digue qui [ .... ] et conduict de l'isle de Ré à celle de Loys, couppée environ le millieu par un canal sur lequel les ennemis avoieut faict un pont quelques jours auparavant et un fort au delà pour assurer leur retraicte.

« Là,  estant obligez de passer à huict ou dix de front seulement, ilz laissèrent leur arrière-garde, composée de vingt enseignes d'infanterie et de deux escadrons de cavallerie, pour donner loisir aux autres de passer.

« Mais les nostres estant arrivés auparavant qu'ilz peurent passer, Monseigneur le Mareschal commenda au sieur de Bussi-­Lamer de charger leur cavallerie pour la renverser sur leur infan­terie, et au sieur de Chabans de faire advenir les deux bataillons des gardes aux deux costés de ladicte cavallerie pour se mesler dans l'infanterie.

mousquetaire cheval rochefort ecuyer histoire (1)

 

« Cela feut executé avecq telle diligeance que le sieur de Bussi fit plier la cavallerie angloise sur leur infanterie et la mousquetrir des gardes les sallua si vigoureusement qu'ils commencèrent à se mettre en désordre. Cependant tous ]' .... ] de la cavallerie avecq plusieurs volontaires conduictz par Monsieur de Marillac secondèrent le sieur de Bussi si promptement qu'ilz furent meslez presque aussi tost que luy.

« Monseigneur donna luy mesme à la teste de la cavallerie et se mesla des premiers parmi les ennemis, comme firent aussi les deux bataillons du régiment des gardes, de sorte que les ennemis ne pouvant soubztenir ces effors feurent entièrement rompus et contrainctz de se jeter sur la digue pour essayer de se sauver. Mais ilz feurent si vivement poursuivis tant de la cavallerie que de l’infanterie, qu'avant pouvoir passer le pont qui estoit au millieu de la digue, toute leur cavallerie et tous ceux de ladite arrière-garde feurant tuez ou faitz prisonniers et leurs drapeaux pris au nombre de vingt.

«Le millor Monjoye, général de leur cavallerie, pris aussi et quelques autres de condition dont on ne sçait encores les noms.

« Le pont estant rompu et la nuit arrivée fort obscure, feut cause que les nostres, lesquelz ne pouvoient passer dans I'Isle de Loys, feurent commendez par Monseigneur de se retirer, et laissa seulement en garde, au bout de la digue, deux régimens et une compagnie de cavallerie.

«. Mondict seigneur tint plusieurs conseils de guerre pour délibérer s'il serait à propos d'engager au commencement les ennemis au combat a quelque pris que ce soye ou les laisser retirer.

« Quelqu’uns feurent d'aduis de les recharger d'abor, estimant qu'ilz feroient fort peu de résistance; mais les autres, plus tem­pérez, disoient qu'il ne sembloit pas à propos d'azarder la victoire qui estoit desja toute acquise au Roy, puisque la place assiégée estoit secourue et que l'on avoit chassez les ennemis ] .... ], allé­guant l'exemple d'Amiens ou le feu Roy se contanta de prandre la place et d'empescher les secours, sans voulloir azarder la bataille contre les Espsignolz, encores que la victoire luy semblast presque toute assurée et plusieurs autres pareilz discours.

«  Finallement il feust résolu que si l'on heust peu prendre les ennemis au passage de la digue ou en quelque autre lieu si des­adventageux que la victoire feust asseurée l'on les forceroit à combatre, Ainsi ce feust exécuté. Sinon que l'on les laisseroit retirer sans rien metre en compromis.  

« Ce combat a esté si heureux que le Roy n'a pas perdu un seul ·homme de nom, ny ayant heu que sept ou huict soldatz de mortz.

mousquetaire cheval rochefort ecuyer histoire (2)

« Il y a fort peu de blaissez. Monsieur le Général dos Gallaires a une mousquetade dans I'espaulle et l'on croit que le coup n'est pas d'angereux. Monsieur de Villequier en a une au travers du corps ; Monsieur de Porcheux. la cuisse cassée d'un coup de mous­quetade.

« Monseigneur le Mareschal s'en revint loger au bourg St Martin avecq partie de l'infanterie et logea. Le reste avecq la cavallerie dans les bourgs de la Couarde et de la Flotte et dans le fort de la Prée.

«  Les Gentilhommes volontaires, tant à pied qu'à cheval, y ont acquis beaucoup d'honneur. Messieurs le Comte de Harcour, le Duc de Raix, Prince de Guymené, Général des Gallaires, de Thorax, Marquis d'Ussel, de Villequier, commendeur de Valencay, de Sainct Preuil (?) et d'Esquilly ont faict ce que de braves gens peuvent faire et beaucoup d'autres dont on scaura les noms dans demain. Monsieur de la Faine escuier de mondict seigneur a esté blaissé à la cuisse d'un coup de pystollet.

 

mousquetaire cheval rochefort ecuyer histoire (3)

 

« Le sieur de Bellnignant ( ?) a esté despeché par mondict sei­gneur au Roy, sur le soir, avecq la lettre qui s'ensuict :

« SIRE,

« J'ay faiot ez un mesme jour la descente en Ré et veu pour le siège de la citadelle et ay desfect l'armée Angloise de laquelle nous avons tué douze centz hommes (12), pris environ vingt drapeaux et de leurs chefz, entre lesquels est le Général de leur cavallarie, appellé Milor Monjoye; celluy la m’a dict que le duc de Bouquinguam s'estoit trouvé au combat et y avoit esté blaissé d'une mousquetade. Sans les marais adventageux ou les Anglois se sont retirés, il n'en feust pas resté un seul. Je croy qu'ilz s'embarqueront tous cette nuict ; si. cela arrive j'en scauray demain matin des nouvelles et les feray scavoir à Vostre Majesté; de laquelle attendant les commendemens je feray cependant razer les tranchées et travaux que les Anglois ont faictz autour de la citadelle.

« Il y a heu de blaissez en nostre combat Monsieur le Général des Gallaires, d'une mousquetade à l'espaule, que l’on croit n'estre pas d'angereuse; Monsieur de Villequier au travers du corps, et le pauvre Monsieur Le Porcheux la cuisse cassée d'un coup de mousquetade. ll y a heu quelques autres officiers blaissez.

« Voilà ce que peut dire à la haste à Vostre Majesté,

« Sire,

« Vostre très hunble et très obéissant et très fidelle serviteur et subjeet.

« SCHOMBERG. « De Sainct Martin de Ré, 8 nov. 1627. »

 

 

 

 « Le collonel [ .... ] grand 1nre de l'artillerie, prison­nier ;

« Le milor Mon [joye], général de la cavallerie, prisonnier ;

« Cuninghen qui la commendait soubz luy et auet une compagnie, mort ;

« Le collonel Gret ( ?) mort, ses drappeaux estant blanc et rouge ;

« Le collouet Rath Binclé (?), mort;

« Chevalier Rateles, mort ;

« Jehan Foran, mort ;

« Le chevalier de La Chese, prisonnier ;

« Chevalier Riche, colonel, frère du comte de Hotlan, mort ;

« Son lieutenant-colonel, mort ;

« Force lieutenants et enseignes, morts:

« Dans une tente au fort de La Prée, il y avet quatre cappitaines, cinq enseignes et trois lieutenants prison­niers, et dans chasque cartier il y en a quantité.

« Mgr le Maréchal de Chomberg avet envoyè partons les cartiers prandre le nom de ceux qu'on tenet prison­niers - qui sont en grand nombre » (13).

« Le neufuiesme dudict mois la lettre a esté rendue an Roy sur le matin, et ledict sieur Belluiguam (?) despeché par Sa, Majesté à la Royne sa mère.

Le Roy a, en mesme temps, commende que l'on en fist sur le soir une réjouissance publicque dans son armée devant La Rochelle. »

 mousquetaire cheval rochefort ecuyer histoire (4)

 

 

(1) Michelet.

(2) V. pièces justificatives, note 1er

(3) Corlieu : Recueil en forme d’Histoire de ce qui se treuve par escript de la Ville et des Comtes d'Angoulesme.

(4) V. Le Corps de Ville d'Angoulême et le marquis de Montalembert (Création de fonderie de Ruelle}; Un régiment municipal d'Angoulême Infanterie, par Émile Biais. ,

(5) V. pièces justificatives, note 2e. ·

(6)   On sourit à cette fière déclaration. Le Corps de Ville, composé en grande partie de « gens de loi », était bien capable d’agir par voie de procédure : l'arme du maire devait être le «  glaive de Thémis ». Par tradition, le maire se qualifiait bien encore « Capitaine de la Ville », mais les fortifications de ladite ville n'avaient plus qu'une mince importance et sa milice urbaine tout entière n 'aurait su résister à une demi-compagnie de mousquetaires décidés à la culbuter.

 A cette époque, Angoulême était surtout ville parlementaire ; sa population se composait d'une foule de gens de robe, des personnages, de petits bourgeois, de très modestes artisans et de menu peuple. Son commerce était presque nul, ses finances municipales se trouvaient dans un pileux état. Enfin elle renfermait, dans son enceinte resserrée, une douzaine de couvents et de communautés religieuses qui occu­paient la moitié de son territoire.

Nous savons tout cela. Mais le Corps de Ville angoumoisin ne se montrait-il pas excessif. inhumain même, en sollicitant l'exonération du logement des soldats en marche, au préjudice des campagnes environnantes. où ces troupes ne manque­raient pas de s'abattre en toute licence et d'y giter comme en région conquise. ?.

On se fait difficilement. aujourd'hui, une idée de cette charge-là. Alors les troupes étaient vraiment une calamité pour les lieux de leur passage et de le cantonnement.

La Fontaine l'a rangé parmi les fléaux qui accablaient le paysan du grand siècle:

« Point de pain quelquefois, et j:nnais de repos

Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,

Le créancier et la corvée…. »

(La Mort et le Bûcheron.)

Plus tard, au commencement du XVIIIe siècle, le lieutenant- criminel Jean Gervais, maire d'Angoulême, fait un tableau saisissant, identique de cette « grande incommodité »; il constate que « des grenadiers brutaux qui se portent comme en pays ennemi commettent mille vio­lences, réclament de l'argent et des vivres, etc., dans ces lieux. des plus misérables où il n'y a que très peu d'habitations dont les propriétaires sont des malheureux paysans presque sans pain, et dans un pays ou tout manque…. » (Mémoire sur l’Angoumois.)

Jacques Bonhomme est de tous les temps.

(7)   V. pièces justificatives, note 3e

(8)   Délibération du Corps de Ville, 1621-1630, Reg. Coté F, page 274 et suiv. (Archives de l’Hôtel de Ville d’Angoulême)

 (9) Les lacunes indiquées sont dues à l'humidité, qui a gâté la marge supérieure dudit registre.

Dans la Relation du siège de La Rochelle, publiée dans les Archives CURIEUSES DE L’HISTOIRE DE France (Paris, 1838 in·8, 2E série, tome Ill, page 81), il est dit : « Après donc avoir faict prière général, ledit sieur de Schomberg commanda audit sieur de Marillac de prendre toute la cavalerie et de s'avancer entre la flotte et Sainct-Martin, à dessein de tailler en pièces ce qu'il y auroit de troupes à la flotte…. »

(10) Sans doute La Flotte, commune du canton de Saint-Martin-de-Ré

(11) Evidemment pour Toiras.

(12) La Relation du siège de La Rochelle précitée dit : « ... Il est très vray que les Anglois ont perdu plus de quinze cents hommes morts sur la place ... » (Archives curieuses, 2e série, tome III, page 86.)

(13) Cette liste et la Relation, ci-dessus sont de deux écritures différentes.

 Rochefort mousquetaire ecuyer histoire cheval

PIECES JUSTIFICATIVES

Note 1er - « ... Et sur la fin de sa charge s'esmeurent aucuns troubles par la désobéissance et felonnye des Rochelois et la prinze d'aucuns vaisseaux de mer, apartenant au Roy, faite à Blavet, on Bretaigne, par le sieur de Soubize, de la maison de Rouhan, qui obligèrent ledit Desforges, maire, d'avoir soing parti­cullier à la conservation de la Ville et d'y établir un ordre de guerre» (l),

Note 2°. - Le quatorsiesme may en ladite année (1623) Mon­seigneur le comte Scornberg (2) print possession du gouverne­ment de cette province et fist son entrée en cette ville ledit jour par la porte de St Martial, et ledit sieur Mayre (3) luy présenta le poisle au nom de la ville et luy fist la harangue qui ensuit :

« Si lit fabuleuse antiquité a creu nous donner à cognoistre la grandeur et force d'Hercule par la pesanteur de sa massue et placé ses statues eu tous les endroits de ses conquestes pour memoire de sa vertu, - nous, avec plus de cognoissance de la vérité, avons subjet à votre entrée, Monseigneur, de publier les louanges dheües à votre mérite, et de relever les vertus èsquelles vous avez héréditairement succédé à vos ayeux; - vertus bien cogueues en vous parmy nous et les étrangers, non pas par des noms empruntés comme ces anciens, mays par les belles qualités dont notre Roy Louys le Juste heureusement régnant et tousiours victorieux vous a honoré, et entre les autres de celle de gouverneur de cete province qui était vrayment dheue à vos mérites qui gravera, non en des statues de pierre, mays dans nos cœurs et ceux de nos arrière-nepveux , la mémoire de vos généreuses actions.

«Je voys tous les ordres de cete province portés de ce saint désir, et nous autres, entre les tous, professons à votre entrée n’avoir autre volonté que de vivre en l’obéissance de vos commendements ; obéissance semblable au feu grégois qui ne séteindra dans nos cœurs que par notre défailhance : - défailhance qui n 'adviendra point, Monseigneur, car ce seront vos bonnes intentions, qui n'ont autre objet que notre conservation, qui entretiendront le feu de nos affections envers vous, lesquelles, prenant leur être et accrois­sement sous les douces influences des rayons de votre authorité, feront cognoitre par leurs effets que le bien qui nous on reviendra sera d'une perpétuelle durée, et que nous pourrons dire de vous, Monseigneur, ce que firent autrefois les actions de leurs dieux tutélaires.

«Tandis que vous serez notre Gouverneur, cette ville et toute la province seront exemptes des divisions et guerres domestiques dont elles ont été grandement affligées; et pour assurance de nos soubmissions, nous vous présentons ce poisle et nos vœux échauffés des bons désirs que nous avons à votre service, et les clefs de notre ville polir eu ordonner et disposer à votre volonté » (4).

 

En 1632, la Ville d'Angoulême fit faire un service solennel à la mort dudit maréchal, suivant cette constatation d'un contemporain :

« Le seigneur mareschal de Schomberg, gouverneur d'Angoulmois, Xainctonge et Limousin, apprès la journée de Castelneaudary et la prise de Monsicur le duc de Montmorancy,  ayant esté déclaré gouverneur de Languedoc, se dèsmit de son premier gouvernement entre les mains du Roy. Estant touteffois deceddé en la ville de Bourdeaux, le dix sept de novembre de ladictc année mil six cent trante deux, au paravant qu'aucun fut pourveu du gouvememont d'Angoulmois, ledict sieur maire (5), par l'advis de Messieurs de son conseil, fit faire un service publicq et solennel en l'église cathédrale de ladicte ville pour l'âme du deffunct gouverneur ou assistèrent tout le Clergé et Religieux ; fit tendre de drap noir le chœur de ladicte église, fournit tous les cierges et luminaires nécessaires, fit dresser une chapelle ardante, pria, le Révérend Père Thomas Petit, prieur du couvent des Jacobins (6) et théologal de ladicts église cathédrale, de faire l'harangue funébre, et les sieurs Terrasson , eschevin , et Clément Moussier (7), conseiller dudict Corps de Ville, invitèrent au convoy les princi­paux de la Ville au nom desdicts sieurs maire et échevins et fit en sonner tourtes les cloches de Iadicte Ville. »

Note 3e, - Le 4 octobre 1627, à l'assemblée du Corps de Ville « M. le Maire (8) a remonstré à mes dits sieurs qu'il est de retour du voyage qu'il a fait par devers Monseigneur frère du Roy ait lieu de Netre, proche de la Rochelle, qu'il a esté le bien venu et receu et qu'il a son advis certain que le Roy vient on son pays et doibt estre à Niort le dixiesme jour du présent moys, pour della s'acheminer vers La Rochelle, et qu'il estime estre à propos d'aller au devant de luy.

« Sur quoy l’affaire mize en dellibération, Monsieur le Maire a ésté deputté pour aller par devers Sa Magesté en la ville de Niort, avecq quatre de Messieurs de la Maison de céans, tels qu'il luy plaira de prendre.

 «  Monsieur Laisné, l'ung des Pairs de sa Maison de céans, a remonstré ... à mes dits sieurs qu'il a heu advis que on fait des logements de gens de guerre proche de ceste ville; et mesme qu'on prétend les loger jusques dans les franchises de ceste ville, ce qui est contraire à nos privilleges et estime qu'il ne l'en doibt pas estre permis.

«  Sur quoy, l'affaire mize en dellibération, a esté resollu et arresté que s'il arrive que quelques compaignies viennent loger dans les fauxbourgs et franchises de ceste ville, ils seront chassés et respoussés par toutes sortes de voyes ; dit que le sieur Maire, au voyage qu'il fera par devers Sa Majesté,  prira Monseigneur le mareschal de Schomberg de supplier Sa Majesté de donner  sauve­garde pour le pays d'Angoulesme de logement à quatre lieues de distance de ceste ville et que, à ceste fin, il sera escript au nom de mesdits sieurs à Mons. de Schomberg ensemble pour le supplier de faire envers Sa Majesté pour descharger le pays des pionniers qu'on veult prendre et lover en ce pays » (9).

Le 14 octobre de la même année (1627), le Corps de ville « a resollu et aresté qu'il sera donné contentement à. Sa Majesté, et, ce faisant qu'il sera fait faire troys cents habitz de soldats et troys cents pers de soulliers pour ostre envoyés en l'armée de Sa Majesté devant La Rochelle, pour estrz distribués aux soldats suivant la vollonté de Sa dite Majesté; et, pour trouver sous et deniers pour ce faire; il sera fait bail au rabays pour troys ans du double du prix du sol pour livre qui a acoustume de foyer aux portes de la présante ville, et qu'il sera faict ung bail au rabais et moingts dizant par ledit sieur Maire des dits troys cents habictz et troys cents pers de soulliers ».

Le 20 novembre 1627, le bail au rabais pour les habits eut lieu en la maison commune : le maire, assisté de douze de Messieurs de son conseil, des secrétaire et receveur de ladite ville, a, ouï le procureur d'office de la ville, qui déclara « qu'en conséquence de la mézée du 14 du présent mois, il a fait proclamer par le tambour de la ville, « par  les cantons et autres lieux publics d’icelle » zr pour satisfaire au contenu des Lettres écrites par Sa Majesté et par M de Schomberg, gouverneur de cette province, «  le bail au rabais de 300 habits de bure completz pour délivre aux soldats de l'armée de S. M. estant devant La Rochelle, et 300 pers de soulliers.

Les dits habitz faits en forme de juppes, à quatre grandes basques ou tassettes, pour le pourpoin de diverses grandeurs, selon que les tailles des hommes sont différentes et les dits soulliers aussy de diverses grandeurs, sçavoir de 10 poinctz jusqu'à 13, de bonne vache , tous formés et à troys semelles et les dlits habitz de bonne bure, pout estre le tout fait et déplacé et rendu fait et parfait dans 1e 12° jour de décembre prochain »,

L'adjudicataire fut Pierre Sigaude, tailleur de la présente ville, moyennant 5,000 livres (10).

 

 

 

 

(1) Registre-Mémorial coté A. folio 132, recto. (Archives de l'Hôtel­ de-Ville d'Augoulême.)

(2) Le maréchal de Schomberg avait alors cinquante ans. Le 23 novem­bre 1598, par son mariage avec Françoise d’Espinay, sœur et héritière de Charles d'Espinay, il devint seigneur de sa baronnie de Barbezieux. Il mourut à Bordeaux le 17 novembre 1632.

(3) Ce maire était. Anthoine Gandillaud, écuyer, sieur de Font­froide et de Fontguyon, conseiller du Roi, lieutenant général d’Angoulême.

(4) Registre-Mémorial coté A, folio 127, verso. (Archives de l’Hôtel-de-Ville d’Angoulême)

(5) Paul Thomas, écuyer, sieur des Maisonnettes, conseiller du Roi, juge magistrat en la sénéchaussée et siège présidial d’Angoumois ci-devant l’un des pairs du Corps de la Ville

 (6) Les Dominicains, Jacobins ou Frères prêcheurs, établis à Angoulême l'an 1220. Le Palais de Justice actuel est bâti sur l'empla­cement qu'occupait une partie de leur couvent.

(7) Pierre Terrasson, écuyer, sieur de Boisrenier, conseiller du Roi en l’Election d’Angoumois ; Clement Moussier, écuyer, sieur de Fontenilles. (Extrait de la liste des memebres du coprs de Ville.Rb. Mémorial, folio 43, série AA, 7. Arch. De l’Hotêl de Ville d’Angoulême)

 (8) Le maire d'Angoulême était, en 1627, François Dufossé, écuyer, sieur de La Fosse, conseiller du Roi et son avocat.

(9) Délibérations du Corps de Ville. Registre coté F,. page 273 et suivantes. ( Archives de l'Hôtel-de-Ville d’Angoulême)

(10)Délibérations du Corps de Ville. Registre coté F. {Archives de l’Hôtel de ville d’Angoulême)

 

 

 

" La Défaite des Anglais en l'Île de Ré par l'armée française le 8 novembre 1627 " de L. de La Hyre

Après une importante restauration, le tableau de Laurent de La Hyre (1606-1656), est exposé pour la première fois au musée de l'Armée. Cette œuvre de jeunesse de l'artiste représentant un épisode qui lui est contemporain, la reconquête de l'Île de Ré par le pouvoir royal en 1627, est montrée au public dans l'exposition Mousquetaires !

http://collections.musee-armee.fr

 

Extrait du catalogue Sotheby’s : « C’est en 1627 que Richelieu s’attaque directement au pouvoir protestant, de plus en plus rebelle à l’autorité royale et qu’il décide de réduire la place de La Rochelle. L’armée assiège la ville et une équipe d’ingénieurs construit la célèbre digue pour empêcher tout secours par la mer. L’événement a un grand retentissement international. L’armée anglaise débarque à l’île de Ré pour apporter son aide aux assiégés, mais elle est défaite par l’armée française le 8 novembre. Toute l’Europe catholique rend des actions de grâce ».

 

La défaite des Anglais au Feneau

Ceux qui s'intéressent à l'Histoire savent que l'île de Ré a souvent été le théâtre d'affrontements violents. Sous le règne de Louis XIII, la bataille entre l'armée anglaise du duc de Buckingham et celle du comte de Toiras, gouverneur de l'île de Ré, a fait des milliers de morts dans le nord de l'île.

http://www.notre-ile-de-re.com

 

Les Mousquetaires

  Hercule-Louis, cornet Commandant du Corps de mousquetaire de 1627 à 1632, lors du secours du fort de l'ile de Ré avec 32 mousquetaires engagés dans le corps expéditionnaire qui force le blocus anglais seraient capables à eux seuls, selon Richelieu, de « percer un front de bataillon jusqu’à la queue ».

Elle maintient son rang à La Rochelle où un mousquetaire béarnais, Arnaud-Jean du Peyrer comte de Troisvilles, qui se fait appeler Tréville, est blessé.

Au moment décisif, celui qui fait la victoire, les mousquetaires sont là.

 

 

 

 

 

siège de La Rochelle (1627) Lettre Richelieu A MONSIEUR Henri d'Escoubleau de Sourdis L’ÉVESQUE DE MAILLEZAIS, EN OLERON.  < ==.... ....==> Rochefort, Mousquetaires, Richelieu (rébellion huguenote - Saint-Martin-de-Ré - siège de la Rochelle )

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