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PHystorique- Les Portes du Temps
22 mars 2018

Le château de Mélusine de Lusignan

Château de Lusignan Geoffroy la Grand'Dent - légende Mélusine

Il ne subsiste plus rien de l'admirable château de Lusignan, si vanté par Brantôme, si célèbre dans l'histoire. Mais, plus heureux que la plupart des monuments de ce genre, il a survécu pour ainsi dire à lui-même dans deux anciennes et très curieuses gravures qui en ont conservé la représentation antique, sinon irréprochable, du moins suffisante pour s'en rendre compte.

La plus intéressante est sans contredit une des miniatures du magnifique livre d'Heures de Jean, duc de Berry, comte de Poitou, aujourd'hui possédé par le duc d'Aumale, qui en a libéralement laissé prendre une photographie pour l'illustration de notre ouvrage.

Ce beau et curieux livre, exécuté vers 1410 pour le duc de Berry, par l'enlumineur Pol de Limbourg, contient les vues des brillantes résidences dont il était maître et qu'il avait construites ou embellies.

Il ne faut donc pas trop s'étonner d'y rencontrer le château de Lusignan. La vue est prise des hauteurs de Puyberger. On y reconnaît très bien l'ensemble et les principales parties du monument, la tour Mélusine, la tour Poitevine au-dessus de laquelle plane en volant la fameuse fée-serpent, le logis de la reine, le portail de l'Échelle le portail de Geoffroy à la Grand'dent, la tour de l'Horloge ou de la Lanterne, la Barbacane, le mur d'enceinte crénelé et la muraille enveloppant les fausses braies sur le penchant du coteau.

Un autre croquis plus imparfait, mais non moins curieux, dessiné également des hauteurs de Puyberger, en 1574, par un officier de l'armée assiégeante du duc de Montpensier, représente la vue cavalière du château de Lusignan foudroyé par l'artillerie (2).

château de Lusignan foudroyé par l'artillerie

On y reconnaît d'une manière plus nette encore les diverses parties qui le composaient. Les cours intérieures, avec leurs enceintes et leurs portes, apparaissent clairement, aussi bien que la galerie de bois faisant communiquer le logis de la reine aux bâtiments voisins de la tour Mélusine, et que les assiégés de 1574 abattirent (3).

La description du château, donnée des 1387 par Jean d'Arras, dans son roman de Mélusine, et celle du récit du siège de 1574, donnée par un témoin oculaire, sont absolument conformes à la miniature du livre d'Heures de Jean de Berry et au croquis militaire de 1574.

Il serait assez facile, au moyen de ces documents, de restituer l'illustre forteresse. C'est ce qu'ont tenté de faire deux habiles - dessinateurs, MM. Girault et Bourdier, auteurs du remarquable plan joint à cette notice. (Voir le plan, page II.) Grâce à quelques recherches faites sur les lieux et au croquis de 1574, reproduit par M. Girault, ils ont ressuscité l'aspect antique du fameux château.

 

De la place du Bail, emplacement presque certain du boulevard construit en 1412, on pénétrait par la porte du Bail dans une barbacane appelée aussi pourpris, puis, par la porte de Geoffroi à la Grand'dent, précédée de douves et de pont-levis, dans la grande cour. La tour de l'Horloge ou de la Lanterne, dominant tout Lusignan, s'élevait à droite. Les écuries étaient à gauche. La tour de la Fontaine était aussi à gauche, et, à ses pieds s'ouvrait, suivant le récit du siège, une petite poterne pour descendre dans les fausses braies et vers la Vonne.

Les Très Riches Heures du duc de Berri château de Lusignan Mélusine

On entrait par une troisième porte, dite de l'Échelle, dans la cour intérieure. Là, on voyait à droite une chapelle et le grand logis de la Reine regardant sur la basse ville. A gauche, un logis s'étendait jusqu'à la tour Mélusine, la plus haute, la plus belle, la plus forte de toutes celles du château.

Puis il y avait à la suite d'autres logis regardant sur le parc, et qui, du temps de Jean de Berry, devaient être plus considérables, si l'on en juge par l'enluminure du livre d'Heures. Une galerie de bois, renversée pendant le siège de 1574, les réunissait au logis de la Reine.

C'est par là que le capitaine de Guron, assailli par les conjurés de 1569, se réfugia dans la tour de Mélusine.

Le promontoire se terminait par la tour Poitevine, ainsi désignée dès le XIVe siècle. L'artillerie des assiégeants, en 1574, la renversa - presque entièrement. Non loin de là, une poterne conduisait dans les fausses braies à un corps de garde retrouvé par M. Girault, et complétement démoli depuis quelques jours.

Tout autour et à la base du coteau, circulait une muraille garnie de tours qui constituait ce que l'on appelait les fausses braies, dont les traces sont encore apparentes. Elle se reliait vers l'extrémité du promontoire avec le fort de la Vacherie, qui a complètement disparu.

Tour Mélusine Château de Lusignan Geoffroy la Grand'Dent

 

Légende du Plan

A. BARBACANE ou Pourpris de la porte, ainsi désigné dans le croquis de 1574.

B. La BASSE COUR.

C. Galerie en bois reliant le logis de la reine aux autres logis.

E. Logis de la Reine.

F. Grands bâtiments (qui semblent plus considérables dans l’enluminure du livre d’heure de Jean de Berry.)

 G. Tour de Mélusine.

 

 H. Poterne communiquant avec les fausses brayes et corps de garde.

I. Tour POITEVINE.

J. Poterne communiquant aux fausses brayes du côté de la basse ville.

K. Tour de la Fontaine, ainsi nommée par le récit du siège de 1574, parce que la fontaine de Mélusine, d’ailleurs peu importante, coulait à sa base.

L.L.L. Fausses brayes.

M. Idem

N. Corps de garde retrouvé récemment et actuellement en démolition.

O. Place du Bail ou boulevard.

P. La Vonne, rivière.

Q. Ruisseau venant de la Font-de-Cé, anciens terrais marécageux.

R. Porte de Geoffroy à la Grand’Dent.

S. Porte de l’Echelle.

T. Tour probable, dite de l’Horloge ou de la Lanterne.

 

Peu de temps après sa première démolition, sous le règne de Henri IV, un graveur de cette époque, Claude de Chastillon, exécuta une vue de Lusignan, prise des hauteurs du parc. Le promontoire du château n'apparaît plus, comme dans la miniature du XVe siècle, recouvert de tours élégantes, de vastes logis, entouré de formidables défenses. Ce n'est plus qu'un triste amas de décombres déserts.

Près de là, les maisons de la ville se pressent autour de l'église Notre-Dame, dont la toiture et les voûtes, renversées par l'artillerie de Montpensier, ne sont pas encore réparées. Le mur de fortification de la ville a été épargné et on y voit la porte du parc qui s'ouvre au sommet du coteau, non loin de l'emplacement du château. Plus loin, à droite, on aperçoit le clocher de St-Martin d'Enjambés (i).

En 1730, un état du domaine du roi constate l'existence du logis épargné en 1622. Il était situé au bout de la Barbacane ou pourpris de la porte du château, sur le bord du coteau qui regarde le parc, au nord. C'est la mairie actuelle de Lusignan.

En 1782, les agents du comte d'Artois, apanagiste du Poitou, conçurent le projet d'aménager ce bâtiment pour y installer le bailliage ou siège royal de Lusignan. Le plan qui en fut dressé par l'architecte Vétault, et qui existe aux archives de la mairie, ne fut pas exécuté. (Voir ci-contre le fac-similé de ce plan.) L'état de 1730 mentionne aussi une grande écurie, située plus loin dans l'ancienne grande cour du château, entre deux tours de la muraille du nord. Plan château de Mélusine de Lusignan

Cette écurie, qui figure également sur le plan de 1782, a été, depuis une époque assez récente, transformée en école communale. Enfin le même état de 1730 et le plan de 1782 indiquent les deux tours de la porte de la Barbacane, abattues beaucoup plus tard. Quant à l'emplacement du château proprement dit, jusqu'au bout du promontoire, il était occupé par une plantation de vignes et d'arbres fruitiers. C'est sur ce terrain nivelé qu'a été établie la promenade actuelle, créée par l'intendant de Blossac, au XVIIIe siècle.

S'il est assez facile de se rendre compte de la disposition et de l'aspect général du château de Lusignan tel qu'il existait au moyen âge, il est moins aisé de fixer la date des diverses parties qui le composaient. Le château primitif de Hugues II le Cher avait été évidemment reconstruit et augmenté dans des proportions considérables aux XIIe et XIIIe siècles, époques de la plus grande puissance de ces célèbres seigneurs. Hugues IX et Hugues X, l'époux de la comtesse-reine, sont presque certainement les fondateurs de ces robustes et élégantes tours, de ces vastes logis, de ces fortes murailles dont les anciens dessins nous ont transmis l'intéressante silhouette. Le caractère si régulier et si beau de l'appareil de quelques murs et de quelques bases de tours, sur le penchant septentrional du coteau, quoique insuffisant pour donner leur âge d'une manière précise, paraît néanmoins très conforme au style architectural de la fin du XIIe et du commencement du XIIIe siècle.

Les restaurations de Jean, duc de Berry, n'auront pas modifié le caractère général du château. Les toitures élancées et les fenêtres à croisillons sont évidemment son œuvre. Il doit être aussi l'inspirateur de la représentation en grande stature, placée sur la grande porte du château, du terrible Geoffroy à la Grand'dent, fils de Mélusine, dont Brantôme parle avec admiration. Geoffroy n'a jamais été seigneur de Lusignan. Mais le duc de Berry, qui avait fait écrire le roman de la fée-serpent, aura voulu que l'image d'un des principaux héros de la légende figurât sur l'entrée même du château qui fut le berceau de sa race, de même qu'il avait fait placer sur une des principales tours la représentation en métal doré de Mélusine.

Les travaux ordonnés par Louis XI consistèrent surtout en réparations, à l'exception, toutefois, d'une chapelle construite à neuf. La physionomie générale du château, lors de sa chute en 1575, n'avait donc pas perdu son caractère militaire de forteresse féodale que lui avaient imprimé ses fondateurs, les vieux seigneurs de Lusignan.

 

Ruines du château de Mélusine Lusignan en 1782, sur lesquelles on bâti l’école

Ruines du château de Lusignan en 1782, sur lesquelles on a bâti l'école.

 

Origine de la légende de la fée Mélusine et les Lusignan du Poitou <==.... ....==> NOTICE SUR TROIS BOULETS DE CANON TROUVÉS A LUSIGNAN ; Le château de Lusignan a subi deux sièges sous l’usage de l'artillerie

....==> Légendes du Poitou et le royaume de la fée Mélusine.

==> Poitiers, Hôtel Fumée et les Légendes du Poitou - Mélusine, licorne et le dragon


 

La cité

L'association " Les Lusignan et Mélusine " vous invite à découvrir la richesse historique et légendaire des Lusignan et Mélusine.

Au XVIe siècle, Il n’y avait que deux portes pour accéder à la haute ville.

L’une à l’ouest est à nouveau visible depuis peu, à l’entrée de la haute ville par la rue Babinet. Les deux tours qui la composent ont été dégagées récemment. Au Moyen Age, elles formaient un châtelet d’entrée et présentaient plusieurs niveaux défensifs, notamment en partie basse de la tour nord avec des archères canonnières défendant les fossés et encore conservées.

 

Devant cette porte allant vers la Fon-de-Cé se trouvaient plusieurs maisons détruites en 1574

http://www.leslusignanetmelusine.fr

 

(l) Gazette des Beaux-Arts, 1884, t. 29, p. 403-404: art. de M. L. Delisle sur le livre d'Heures de Jean de Berry.

(2) Ce curieux dessin a été trouvé à la Bibliothèque nationale, en 1858, par M. Babinet, conseiller à la Cour de Cassation, dans un carton contenant des dessins non classés.

(3) Notice sui- le château de Lusignan, par M. Babinet, ap. Bull. de la Soc. des Antiq. de l'Ouest, t. XIII, 216, 807.

Paysages et monuments du Poitou - Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées
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