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PHystorique- Les Portes du Temps
4 avril 2018

Les greniers Plantagenêt, l’importance capitale du sel dans la vie économique du Moyen âge .

Aliènor D'Aquitaine Richard Coeur de Lion le sel du Poitou

Autour de Maillezais, les marais poitevins sont une grande étendue de terre et d’eau, de la Charente Maritime à la Vendée. Un espace unique en Europe qui possède une faune et une flore incroyable.

Aux portes du Marais poitevins, la Réserve de Nalliers - Mouzeuil-Saint-Martin

À cette époque, la presqu'île est au bord du Golfe des Pictons : le colmatage de l'embouchure de la Sèvre Niortaise est loin d'être terminé et de grandes vasières se forment à marée basse.

Cette situation géographique permet, dès l'époque néolithique, la récolte du sel.

les côtes santons pictons antique (2)

les côtes Santons Pictons antique - Promontorium Santonum; Portus Santonum

les côtes santons pictons antique (1)

Plusieurs « sites à sel » ont été repérés à Andilly et Sérigny et la découverte d'une ferme gauloise (200-100 ans avant J.-C.) à Andilly confirme, qu'une des richesses du village, est la collecte du sel. Le site se trouve en bordure de l’ancien golfe des Pictons ou de très nombreux sites d’enceintes, d’habitats et de nécropoles ont été reconnus par photographie aérienne ou par prospection mécanique et pédestre. Ils sont attribuables à la période qui s’étend du Néolithique à la Protohistoire.

Depuis le XIe siècle jusque vers 1850, les côtes d’Aunis et de Saintonge ont été, avec la baie de Noirmoutier, les centres de production les plus importants de la côte océanique.

 

ducs d'Aquitaine et comtes de Poitiers - De Saujon à La Tremblade, un voyage en train à toute vapeur à travers les marais de la Seudre (2)

Les richesses que le sel a procurées à ces pays sont inestimables, surtout à partir du XIII e siècle, lorsque se sont développé la grande pêche du hareng dans la mer du Nord et l’industrie des salaisons de bœufs, en Irlande et en Angleterre.

C’était donc un avantage considérable pour les pays du Centre-Ouest que se trouver en contact de la côte la plus riche qui existât : la côte des salines de Brouage et des îles. Et ce fut pour la vallée de la Charente le premier élément de sa fortune que d’être la voie d’importation du sel vers la France du Centre et de l’Est.

Port de Fouras - ducs d'Aquitaine et comtes de Poitiers - Charente-Maritime (2)

Nous ne savons pas grand-chose sur l’exploitation et le commerce du sel dans l’antiquité sur les côtes de l’Océan. Le premier document qui nous parle du sel de Saintonge date seulement du temps de Dagobert (VIIe siècle), et encore est-il peu précis(2).

On constate un retard très net des pays de l’Aunis et de la Saintonge dans l’exploitation du sel par rapport à des régions situées plus au Nord (Morbihan, région de Guérande, Marais Breton), et par conséquent, moins favorisées par le climat : elles semblent avoir exploités le sel dès le début de l’ère chrétienne ou au moins vers le IIIe siècle après Jésus-Christ (3).

Il n’y a pas lieu de s’en étonner outre mesure, si l’on se rappelle que, dans l’antiquité, la mer avait envahi les golfes creusés par les fleuves, et que le colmatage de ces vastes estuaires n’était pas encore suffisamment avancé pour qu’il ait été facile d’établir les marais salants.

(1)   Hauser, les Origines historiques des problèmes économiques actuels

(2)   A. Drouin, Les marais salants d’Aunis et de Saintonge.

(3)   Papy, Les Marais salants de l’Ouest.

Il faut attendre jusqu’au XIe siècle pour être renseigné avec quelque précision sur les marais salants de Saintonge et des îles. Mais alors leur essor, lié à la renaissance économique et maritime que l’on constate sur l’Océan et sur la Mer du Nord à partir du XIe siècle.

ducs d'Aquitaine et comtes de Poitiers - De Saujon à La Tremblade, un voyage en train à toute vapeur à travers les marais de la Seudre (1)

Au début, avant que cette renaissance économique ne produise tous ses effets, les églises et les abbayes s’étaient intéressées au commerce du sel et avaient établi des relations suivies entre la côte et l’intérieur du pays.

Guillaume Tête d'Étoupe, à  crée avec son frère Eble (évêque de Limoges et abbé de plusieurs monastères poitevins) une alliance entre l'Église et la dynastie pour que celle-ci s'impose en Aquitaine. À cette période, les monastères sont considérés comme des pôles stratégiques au même titre que les forteresses militaires. Ils sont dotés d'une vie religieuse active associée à une influence économique et sociale contribuant largement à la prospérité du comté. Pour toutes ces raisons, Guillaume Tête d'Étoupe et son frère reprennent alors en main diverses abbayes en Poitou et Limousin (Saint-Maixent, Saint-Hilaire de Poitiers, Saint-Michel-en-l'Herm) et l'évêché de Limoges. Chaque fois, ils associent à ces centres religieux une fortification alliant renaissance religieuse et protection du territoire. Guillaume Tête d'Étoupe densifie également le réseau des vicomtés pour maîtriser le Poitou : à Thouars (existant avant le Xe siècle), Melle et Aulnay (créées par Eble Manzer), il ajoute Châtellerault et Brosse, protégeant ainsi les frontières nord-est et sud-est du comté. Il renforce le Sud par la construction de toute une série de châteaux le long de la Sèvre Niortaise jusqu'au Limousin. Les abbayes ne subissent pas cette politique active, elles y participent. Les comtes et leurs principaux vassaux leur font des concessions de terres en Bas-Poitou et en Aunis de façon à restaurer économiquement ces zones et à les structurer pour que le comte puisse y établir plus aisément sa tutelle. (Les ducs d'Aquitaine et l'abbaye de Maillezais vers 970-vers 1100 Sylvie Refalo ).(==>Ducs d' Aquitaine et Comtes de Poitou et plus)

C’est à l’abbaye de Saint-Denis que Dagobert (né vers 602/605, mort le 19 janvier 638 ou 639 ) donna les salines qu’il avait confisquées dans le duché d’Aquitaine. A partir du XIe siècle, nous voyons, grâce aux chartres des établissements religieux, l’activité des marais salants se développer et, en même temps, l’importation du sel de l’Ouest s’organise ver l’intérieur des terres.En 941, l’abbaye de Cluny, nouvellement créée, relève les ruines de l’abbaye de Saint-Jean-d’Angély détruite par les Vikings en 867.

En 941, l’abbaye de Cluny, nouvellement créée, relève les ruines de l’abbaye de Saint-Jean-d’Angély détruite par les Vikings en 867. Dès le début du XIe siècle, Saint-Jean se lance dans l’exploitation de salines au nord de la Saintonge, autour de Châtelaillon, près d’Aytré

 

Aussi, quand jetant un regard en arrière, nous nous appliquons, par exemple, à découvrir les anciens ports de nos côtes santones ou aunisiennes, il faut que nous fassions table rase de nos impressions modernes.

Moine Cave à sel Abbaye de Maillezais

(Moine Cave à sel Abbaye de Maillezais) A la table de Gargantua, on y mange aussi des légendes (Cave à sel Abbaye de Maillezais)

Un port, selon nous, est une vaste étendue d'eau circonscrite par un énorme quai de granit ; de ci, de là, des échelles de pierre ou de fer; sur les quais, soigneusement pavés et généralement sillonnés de rails, des bornes de bronze pour amarrer les vaisseaux, des grues à vapeur, des locomotives aux cris stridents, d'énormes coques de métal qui, en quelques heures, vident leurs flancs monstrueux, et sont aussitôt parties que venues.

Port de Noirmoutier - ducs d'Aquitaine et comtes de Poitiers - Charente-Maritime

Rien de semblable dans les siècles écoulés jusqu'à l'époque moderne. Les ports de nos contrées, quoi qu'on ait pu dire, même en y comprenant les havres de l'époque gallo-romaine, ne devaient être que des lieux d'atterrissage. Est-il possible en effet d'admettre que, si le port des Santons, dont le souvenir a été conservé par Ptolémée, eût été entouré de quais importants, il n'en fut pas resté quelque chose ?

 Il n'est pas de petit édicule gallo-romain dont les fondations ne soient demeurées dans nos champs ; tous les terrains, marais ou terres hautes conservent religieusement la trace des moindres habitations, et les constructions puissantes du port des Santons, coulées profondément dans la vase, auraient pu disparaître sans laisser quelque trace?. Assurément non.

Port de La Rochelle - ducs d'Aquitaine et comtes de Poitiers - Charente-Maritime

S'il en est ainsi, c'est que les ports de la région, dans l'antiquité et au moyen âge, jusqu'à l'établissement du second port de la Rochelle, n'ont été que des lieux d'atterrissage sans le concours des ouvrages d'art. Et si parfois des murs les entouraient, c'étaient ceux des châteaux ou des tours qui les protégeaient. Quelquefois, dans ces murs, on fichait des anneaux pour amarrer les navires ; mais la plupart du temps, les bateaux se tenaient à une certaine distance du bord et se déchargeaient soit au moyen d'une longue planche qui faisait communiquer le navire avec le rivage , soit encore au moyen d'allèges ou de gabares.

le sel Plantagenet de Noirmoutier (2)

Les ports de l'Aunis, au moyen âge, n'étaient donc que des baies rendues plus profondes, soit par des courants côtiers, soit par l'action des cours d'eau qui venaient s'y jeter et qui en maintenaient ainsi la profondeur.

Ces ports étaient nombreux, si nous en jugeons par les textes et les souvenirs qui en sont restés. En commençant par le nord, c'étaient Choupeau, Marans, Port-doux près de Villedoux, Esnandes, Le Plomb et Lauzières, La Rochelle, Besselue, Coi-de-Chaux, Les Moulins-Neufs, Sainte-Catherine, La Chenau neuf, Angoulins, le Grand-Port et le Port-punais de Châtelaillon, Yves et Fouras. A l'île de Ré : Ars, Loix, Saint-Martin, La Flotte, Rivedoux et Sainte-Marie.

Aux premiers temps du moyen âge, La Rochelle parait un des points les moins favorisés. Et en effet pourquoi le serait-il ?

C'est ici le bout du monde. Ce qui maintenant peut paraître un avantage, était alors un inconvénient. Etre à la mer, c'est le rêve de nos jours. Mais où en était le profit à ces époques lointaines?

Poitou Les greniers Plantagenêt, l’importance capitale du sel dans la vie économique du Moyen âge .

Aux légères embarcations, aux bateaux ronds, mais de faible tirant d'eau, de l'époque gallo-romaine ou des temps qui suivirent, il coûtait peu de pénétrer au loin dans les terres par les rivières, par les lagunes, par les chenaux. La terre, c'était l'abri. Et puis, dans un temps où le transport par terre était autrement difficile que le transport par eau, il y avait bénéfice à faire arriver à l'intérieur les marchandises destinées à ces hautes terres toujours plus peuplées que la côte, et à prendre leurs denrées.

Port de Fouras - ducs d'Aquitaine et comtes de Poitiers - Charente-Maritime

Aussi trouve-t-on des ports jusqu'à Luçon, jusqu'à Fontenay, jusqu'à Niort. Dans la Charente, on navigue au loin, depuis Fouras et Pierre-Menue, à l'embouchure, jusqu'à Rochefort, Tonnay-Charente, Tonnay-Boutonne, Saint-Jean-d'Angély, Saint-Savinien-du-Port, Port-d'Envaux, Port-Berteau, Saintes, le Port-Saunier de Cognac.

Au pied de la tour de Broue, au fond du golfe de Brouage, on trouve des quilles de bateaux. Et puis encore tous les ports voisins étaient plus favorisés que la Rochelle.

Les greniers Plantagenêt, l’importance capitale du sel dans la vie économique du Moyen âge .

 A Luçon, Marans, Fontenay, Esnandes, Angoulins, Châtelaillon et Fouras aboutissaient des voies romaines secondaires, devenues plus tard, sous la protection de Charlemagne, les chemins de Charles , de Charlemagne ou les chemins du Roi.

A La Rochelle, il semble qu'il n'y ait rien de tout cela ; et le document du Xe siècle où il est question du droit de quillage perçu à la Rochelle même, est vraisemblablement apocryphe.

S'étonnera-t-on dès lors que le XIe siècle s'achève sans qu'il soit vraiment question du port de la Rochelle?

port de Brouage le sel Plantagenet

(Port de Brouage) Ciconia ciconia, les sentinelles des marais salants de Brouage (tour de Broue)

 

Le phénomène de la saunaison, Comment fonctionne un marais salant ?<==.... ....==> La Rochelle, le port d'Aliénor d'Aquitaine

 

 


 

Le Marais Poitevin sous les Plantagenêt (Time Travel - Golfe des Pictons)
En face de l'île de Ré, s'étendait jadis un large golfe d'une ouverture d'environ trente kilomètres et dont il est facile de suivre les contours dans les trois départements de la Vendée, des Deux-Sèvres et de la Charente- Inférieure (Charente- Maritime) D'une forme allongée, découpé par une quantité de petites baies étroites, il avait son sommet près de la ville de Niort, à l'embouchure de la Sèvre.

 

LA SAINTONGE DANS LE PASSE (Xaintonge avec le pays d'Aulnis, le Brovageais, terre d'Arvert) -

Si la Saintonge doit la spécialisation de la culture aux causes naturelles que nous avons indiquées, c'est-à-dire à la facilité des communications, cette spécialisation doit se vérifier dans le passé. C'est ce que nous allons essayer de rechercher dans ce chapitre. Notre intention n'est pas d'y faire une étude approfondie de l'histoire économique de la Saintonge, dans le passé....

 

Le fleuve Kanentelos ou Carentonus (Charente) en saintongeais Chérente, en occitan Charanta

Le fleuve Kanentelos (ancien nom grec du fleuve Charente) apparaît dès le IIe siècle dans les écrits de Ptolémée. Au IVe siècle, Kanentelos devient Carentonus en latin, dans les poèmes d'Auson. Le mot signifiait alors « le fleuve des eaux tranquilles ».

Kanentelos ou du Canentelus de Ptolémée et de Marcian, qui est incontestablement la charente,  et à partir seulement d’Ausone, qui au IVe siècle l’appelait Carantonus, on trouve successivement, vers le 817, dans un diplôme de Louis-le-Bédonnaire, fluvium Karentone, en 848, dans un diplôme de Pepin II, le droit accordé à l’abbaye de Saint-Maixent « discurrere quiete atque regredi secure in Carantino fluvio. » Plus tard, en 872, on rencontre Karrantona, en 951, fluvium Cherantonia ; en 1017, fluvium Carentonis ; on trouve encore fluvium quod Karanta dicitur (1039) ; in flumine Carante (1048) ; fluvium Quarantonem (1071) ; in alveo Carantonis fluvii et aquam nomine Karantem (1080) super Charantam (100) ; in flumine Caranta apud Sanctonas (1112= ; on rencontre enfin, en 1166, in omnibus aquis notris de Charanta

Etymologiquement, le mot pourrait avoir deux origines :

•  dérivé du celte « carat », signifiant « ami » : La Charente serait le fleuve ami des habitants de ses rives.

•  dérivé d'une racine pré-celtique « caranto », signifiant « sable » : La Charente serait un fleuve aux rives sablonneuses.


 

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