La Rochelle, le port d'Aliénor d'Aquitaine

4 avril 2018

Fondation de la cité Rupella, quand trouverons-nous donc les premières traces de cette ville?

Au Xe siècle, en l'an 961, Guillaume d'Aquitaine (Guillaume Tête d'Étoupe) octroie à La Rochelle une charte concernant le droit d'ancrage et de lestage des navires. À cette époque, le port primitif se situe au pied de la tour de la Lanterne sur le ruisseau du Lafond.

Au XIIe siècle. Nous avons raconté ailleurs les causes et les circonstances de la chute de Châtelaillon, la première ville de l'Aunis, si tant est que l'on puisse donner le nom de ville à ce nid d'aigles ou mieux de vautours, d'où partent l'oppression ou la tyrannie féodales.

le duc d'Aquitaine, comte de Poitou, Guillaume IX, sollicité de rétablir la paix et la justice sur ce coin de territoire, venant bloquer le donjon, et trouvant dans les mariniers de la Rochelle le cercle implacable qui réduira l'assiégé par la famine ; puis la mer faisant le reste, et emportant pierre par pierre les restes de cette forteresse quasi imprenable.

Quand nos pauvres mariniers revinrent à leurs chaumières, à leurs escrennes, ils rapportaient dans leurs légères embarcations le germe de leurs libertés, de leur indépendance, de leur gloire future. Ils avaient été à la peine, ils furent à la récompense.

La fée Mélusine fut leur bon génie, comme elle avait été le mauvais génie de Châtelaillon. C'est elle qui, dit-on, préside à l'élévation des tours du port, comme elle a présidé à la destruction du donjon d'Isambert.

Mélusine, c'est Guillaume et sa race, les uns par justice, les autres par affection, ceux-ci par intérêt, ceux-là par nécessité; Aliénor et Henri II, Richard et Jean-sans-Terre, Othon et Henri III, les rois de France, qui à l'envie les uns des autres, comblèrent La Rochelle de privilèges et de faveurs jusqu'au jour ou l'indépendance des Rochelais devint un obstacle à l'unité française. (La Rochelle et ses ports / par G. Musset) ==> Ducs d' Aquitaine et Comtes de Poitou et plus

Le chroniqueur et biographe du roi de France Philippe Auguste, Guillaume le Breton qualifie déjà le port de « ville Bacchus ». La vie maritime est intense tout le long de la côte, comme en témoignent les fameux Rôles d’Oléron, première ébauche de droit maritime datant du XIIe siècle, mentionnant les sociétés de pêches et l’organisation d’organisation de la propriété des navires entre plusieurs entrepreneurs.

Le chroniqueur Ralph de Diceto ne s’y trompe d’ailleurs pas. Pour lui, « l’Aquitaine regorge de richesses de toutes sortes, surpassant à tel point toutes les autres régions du monde occidental que les historiens la considèrent comme l’une des plus fortunées et florissantes provinces de Gaule. (Richard Coeur de Lion Par Georges MINOIS).

Vers 1055 Vente de terres et de salines, et don de dîmes et cens fait à l’abbaye de Maillezais par Guillaume Chabot, Aéonor sa femme, et Geoffroi son frère. (cathédrale de la Rochelle T..25, p13 (manuscrit D.Fonteneau)

Le port d’Aliénor d’Aquitaine, c’est le nom que nous donnons au second port de La Rochelle, celui qui succède au vieux port et qui commence à s’ouvrir au XIIe siècle. Au fur et à mesure que la population s’augmente, on couvre le coteau d’habitation, et comme la mer se retire, c’est vers elle qu’on descend.

La Rochelle se trouve dans une situation particulière ; confisquée aux Châtelaillon par Guillaume, conservée aux comtes de Poitiers et au rois d’Angleterre par Aliénor d’Aquitaine, qui régularise l’usurpation, en donnant la seigneurie de Benon à Raoul de Mauléon en échange de La Rochelle. (Les premiers sires de La Rochelle furent les Mauléons)

Le vieux port de La Rochelle se trouve limitrophe des terres des seigneurs qui peuvent avoir un droit sur les navires.

Encore au XIII e siècle, on perçoit en effet à La Rochelle un impôt qui porte le nom des Mauléon, héritiers des Châtelaillon.

Donation d’Aliénor, Comtesse de Poitou et duchesse d’Aquitaine, elle gouverne sur l’Aunis, la Saintonge, le Limousin, la Marche, l’Auvergne, le Périgord, l’Agenais…..

La première en date, apparaît l’abbaye de la Grâce-Dieu, Au milieu du XIIe siècle, Louis VII et sa femme Aliénor d’aquitaine l’avaient dotée d’importants marais auprès d’Antilly, faisant entrer dans leur concession toutes les terres que les religieux pourraient soustraire aux inondations de la mer et des rivières pour mettre en culture (1147. Luchaire(A.) : Etude sur les actes de Louis VII.- Paris, 1885, in-4 , n° 176,pp 156 et 378.)

Les moines s’empressèrent d’accroitre leur nouveau domaine en sollicitant des seigneurs du pays plusieurs marais voisin, et se mirent immédiatement à l’œuvre.

Andilly appartenait au comte du Poitou et roi d’Angleterre, Richard. Il donne à son sénéchal Pierre Bertin le bourg d’Andilly-les-Marais en 1190 (51). Par comparaison, on sait que Pierre Bertin, aussi prévôt de Benon, a fait des dons à la Grâce-Dieu dans ce lieu et que Richard et Othon confirment ces derniers, en particulier à la Brie (52).

Le Grand Fief d'Aunis est de toute évidence un démembrement de la châtellenie de Benon qui s'est constituée autour d'un château mentionné pour la première fois en 1096, comme appartenant au comte de Poitiers Guillaume le Jeune.

1130 : édification d'une première enceinte de défense par Guillaume X, duc d’Aquitaine.

Ce château demeure dans le domaine comtal jusque vers la fin du règne de Henri II d'Angleterre, les comtes de Poitiers y entretenant des prévôts dont le dernier, Pierre Bertin, est signalé en 1182 et 1187 (3).

En 1185 ou 1186, Aliénor d'Aquitaine dispose des revenus de la châtellenie qui sont perçus à Marsilly : elle donne alors à l'abbaye de Fontevrault une rente sur "la vinée de Benon qui est reçue à Marsilly à la saint Martin d'hiver" (4).

(1) Concessions de Robert de Montmirail, sénéchal de Poitou, et de Pierre Bertin, prévôt de Benon, à Sérigny et dans la seigneurie de Marans, Richard Coeur de Lion remercie son prévôt Pierre Bertin de ses bons et loyaux services en lui donnant la "baillie d'Andilly" (5) et en lui accordant la charge enviée de sénéchal de Poitou. Puis il donne "tout l'honneur de Benon" à Guy de Thouars, frère du vicomte Aimery.

confirmées en 1190, le 7 mai par Richard-Cœur-de Lion Arch. Hist. Saintonge et Aunis, t. XXVII,p 140

Richard donne et confirme à Notre-Dame le Lieu de Sermaize avec tous les biens mobiliers et immobiliers et en outre les prées d’Andilly.

Il y ajoute deux étiers, devant lesquels la mer monte et descend ; l’endroit est clos de fossés du côté d’Andilly Les frères ont tout droit de passage il leur donne de plus Jean Soret et ses descendants pour la garde de ces prées Ils seront libres de tous péages, droits sur les ventes, de passage, télonage, ost, service à cheval, vinades, fouages, tailles, coutumes, exactions Il leur attribue un homme libre à la Rochelle et un à Marans, en remerciement des nombreux services rendus à lui-même et à sa famille pour leurs affaires et pour retrouver leur héritage en Angleterre

Richard termine par une générale du lieu de Grandmont et de l’ordre en Normandie, Aquitaine, Poitou, Anjou. Il cède même le droit de haute et basse justice, l’immunité complète pour les frères, le droit d’augmenter leurs possessions. De plus, il les prend sous sa protection.

L'ancienne abbaye Notre Dame de Charron (ou de Charron, appelée également abbaye de Grâce Notre-Dame) est une ancienne abbaye cistercienne, a été fondée en 1190 par Richard Cœur de Lion roi d'Angleterre avec les moines de la Grâce-Dieu, et qui était située sur le territoire de la commune de Charron, en Charente-Maritime.

« Cartulaire de l’abbaye de la Grâce-Notre-Dame ou de Charron en Aunis », dans Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis, vol. XI, 1883, p. 17-60, notamment la charte n° 1, p. 20 (8 mai 1190) : Richardus, Dei gratia rex Angliae, dux Normanniae et Aquitanae comes […] sciatis nos concessisse […] ecclesiae nostrae Gratiae beatae Mariae et monachis ibidem Deo servientibus omnes donationes quas eis fecimus de fundatione ipsorum in insula de Lagunolla…

A la mort de Richard (Récit de la mort de Richard Cœur de Lion d’après Roger de Hoveden.), Aliénor confirme les chartes de liberté concédées aux communes par les précédents Plantagenêts. Elle confirme notamment, en 1199, le don du nouveau duc d’Aquitaine, Othon de Brunswick, neveu de Richard.