Arme à feu du début du XVe siècle, les bâtons à feu des Chevaliers Pourpre (Brouage)

22 juillet 2018

Arme à feu du début du XVe siècle, les bâtons à feu des Chevaliers Pourpre (Brouage)

Au début du siècle, se présentait comme un petit canon monté sur une tige de bois. Le premier exemplaire connu fut découvert au château de Tannenberg en Allemagne; c'est un simple tube lisse de 280 mm, monté sur un support en bois, d'où son nom de l'époque "Baston à feu".

Le chargement se faisait en versant la poudre noire dans la gueule du canon, suivie d’une bourre puis de la balle qui était précédée ou entourée d'une bourre légère grasse appelée calepin pour retenir le projectile dans le tube pendant la manœuvre et assurer un léger graissage et nettoyage du tube au moment de l'éjection. Une baguette ou écouvillon (parfois appelée repoussoir) permettait de pousser l’ensemble au fond du canon.

Les premières armes à feu portables ne furent rien d’autre que des canons miniatures. Ils furent introduits vers 1380 et généralement appelés " bâtons à feu ". Ces armes étaient faites d’un canon en fer coulé (ou de douves de fer assemblées) fixé au bout d’une perche. Le tireur maintenait la perche sous son bras et boutait le feu en approchant un fer rougi avec son autre main.

L’origine du mot Baston était usité comme expression générique des armes offensives de main, avant l’invention de la poudre. On lit dans la relation de Joinville, quand il raconte que les Français furent faits prisonniers en Egypte (1) : et chacun rend aux Sarrasins les bastons et harnois.

(1) Histoire du Roy Saint Loys. Paris, 1668. Page 62.

Il était donc tout naturel d’employer le terme général de bastons à feu, pour les piques et les lances à feu, d’après les dessins laissés par les auteurs de pyrotechnie du seizième siècle.

Le mot baston était même littéralement exact pour désigner certaines bouches à feu destinées à lancer des projectiles et composées quelquefois de simples tubes de bois renforcés de cercle de fer.

Les mots bastons à feu furent longtemps employés dans les ordonnances de nos rois comme l’expression la plus générale des armes à feu. Dans le livre de Canonnerie la dénomination de baston est souvent étendue aux grandes bouches à feu, comme dans la phrase : « S’ensuit comme l’on doit faire les grosses pouldres pour gros bastons »

Dans les citations précédentes, l’on a trouvé le mot canon appliqué dans le sens du tube : ainsi nous avons vu des canons de fusée, des canons en papier, expressions que l’on retrouve encore dans les auteurs de pyrotechnie du seizième siècle. Le canon venant du mot latin canna, signifiait un tuyau, et cette dernière expression a fini par remplacer le mot canon, banni peu à peu de l’usage dans cette acceptation, à cause de son application aux armes à feu qui s’étendit de plus en plus.

Dans un ouvrage ayant pour titre : Le diverse et artificiose machine del capitano Agostino Ramelli. Ce Ramelli était ingénieur de Henri III, qui l’avait fait venir d’Italie à cause de sa grande réputation.

Avant même de l’emploi de la poudre à canon pour lancer des projectiles, les tubes, souvent en fer, qui étaient attachés à l’extrémité des lances ou des piques étaient donc des canons. Dans le mot baston, c’était le bois qui donnait son nom à l’arme ; mais les tubes fabriqués en métal, bien que restant pendant assez longtemps attachés au bois de la même manière, prirent un développement de plus en plus grand, et finirent même par être détachés du bois ; le mot canon remplaça peu à peu le mot baston, qui tomba en désuétude, et il devint l’expression la plus générale des armes à feu.