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PHystorique- Les Portes du Temps
11 novembre 2018

11 Novembre 1918, la France sonne le tocsin à 11 heures, Vive la France Libre

 

Le onze novembre d’un vieux bourgeois de Paris

Vieux bourgeois de Paris, il a fait la guerre, selon son âge et selon son  cœur, tenant compagnie à sa Ville, tout  simplement. Il est demeuré à  son chevet dans les temps angoissants. Il  lui lisait le Communiqué - comme une ordonnance qui finirait bien par guérir. Il se promenait paisiblement, oui, paisiblement, dans les instants pathétiques, proposant à ses voisins d'héroïques parties  de dominos les bombardements aériens, visitant les points de chute, embarquant les nerveux et répondant si naturellement à leurs exhortations ; « Oh!' moi, je reste. Je reste. Je m'ennuie en voyage. Je ne me plais qu'ici ! » .

Il ne plantait pas de petits drapeaux sur de grandes cartes; il différait de beaucoup de ses contemporains parce qu'il ne s'avisait jamais de donner des conseils aux généraux. Lorsqu’il  rencontrait  un pessimiste - les défaitistes n'étaient  pas de ses relations-  il lui disait : « Pauvre ami! Je vous plains! »

Nous avons revu hier ce vieux -bourgeois de Paris, toujours allègre et ne doutant pas plus de l'issue d'une paix difficile qu'il ne douta des résultats de la guerre :

- Je me dispose, nous a-t-il déclaré, à  célébrer, à ma façon, à moi, tout seul, le glorieux anniversaire de I'Armistice. Je vais savourer, en patriote égoïste, le rappel de, la plus extraordinaire sensation qui ait illustré ma longue existence." Sensation unique !. Elle a eu la brièveté d'un instant, Je m'y vois déjà. Je circule sur les boulevards tranquillement, à l'heure où s'épaississent les  voiles du crépuscule. Je frôle des -passants. Dans quelques minutes la nuit sera complète. Non, car, soudain, simultanément, automatiquement, les réverbères s'allument, Ce n'est _rien, n'est-ce pas, ces rangées  lumineuses qui surgissent de l'ombre, cette « rampe » qui scintille ! Des réverbères qu'on allume pour éclairer la voie publique : ce spectacle est d'une banalité quotidienne. Tant que vous voudrez!11 Novembre 1918, la France sonne le tocsin à 11 heures, Vive la France Libre

 Le 11 novembre 1918, il fut; pour moi, d'une signification grandiose, d'un symbolisme émouvant !  C'était: la première fois, après tant de mois de  ténèbres lugubres, que tous ces réverbères se rallumaient.  J'eus l’impression enchantée d'une griserie de clarté, d'une splendeur d'apothéose, d'une féerie. Je savais, depuis le matin, que l’ennemi  s'avouait vaincu, et que I’Armistice, imploré et signé, ratifiait sa débâcle. J’avais entendu l’explosion formidable de la joie populaire. On avait dansé, chanté et ri. Des drapeaux alliés flottaient aux fenêtres. Les Américains tiraient des salves d’allégresse. Les âmes elles-mêmes pavoisaient. J’avais conscience d’un ineffable bonheur qui ne trouva cependant toute sa consistance qu’a ce signal familier, cette reprise édilitaire d’une habitude, suspendue durant la tragédie. Nos bons candélabres se ranimant, s’éclairant, se remettant à vivre ! On pouvait désormais voir clair ! Je fus ébloui par ce feu d’artifice. J’avais eu besoin d’un tel « allumage » pour comprendre, dans sa plénitude matérielle, une réalité radieuse et positive. J’éprouvai la félicité du mineur qui, après de rudes coups de grisou, remonte à la lumière, à la vie.

Et le vieux bourgeois ajouta avant de s’éloigner :

-          Quatre année de luttes, de sacrifices, de souffrances pour que Paris rallumât ainsi ses bougies ! Le premier effet de la victoire a été un effet de lumière

Marcel Laurent.

 

 

Le Wagon de l'Armistice - Clairière de l'Armistice en forêt de Compiègne  <==.... ....==> 14-18 cent ans après et ceci pour ne pas l'oublier

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