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PHystorique- Les Portes du Temps
26 novembre 2018

Charles Melchior Artus marquis de Bonchamps (la Baronnière)

Charles_de_Bonchamps

 

Bonchamps (Charles Melchior Artus de), généralissime des Vendéens.

Né en 1759, dans l'Anjou, d'une famille noble de cette province ; il servit d'abord dans le régiment d'Aquitaine, et était en 1791, Capitaine des grenadiers de ce régiment, alors en garnison à Landau.

Il quitta bientôt le service, et se retira dans son château de la Baronnière, près de Saint-Florent, où, dès le I 5 mars 1793, les insurgés des environs le proclamèrent leur chef. Il se réunit alors à Cathelineau, devenu maître de la ville de Beaupréau, et forma au camp de Gesté et à Montfaucon, l'armée royaliste à laquelle il donna son nom.

Dans le courant de mai il se porta sur Bressuire, Thouars et Fontenay; fut blessé & la prise de cette ville ; se retira dans le château de Lan­debaudière, et ne rejoignit son armée qu'après la prise de Saumur. Il forma alors un corps auxiliaire de cinq à six cents hommes, qui lui était particu­lièrement dévoué, et était en grande partie composé de Bretons, qui s'étant insurgés, sans succès, sur la rive droite, étaient venus se réunir aux Vendéens.

Ce fut aussi lui qui proposa dans le conseil le passage de la Loire, pour donner la main aux Bretons; mais son avis fut adopté trop tard, et il éprouva des échecs considérables.

 

Blessé mortellement, le 17 octobre, à la sanglante bataille de Cholet; il expira en profiter pour aplanir aux Bourbons le chemin qui pouvait, les ramener au trône, sur les marches duquel; une faction sanguinaire venait de

sacrifier l'héritier de cent rois, nous devons donner quelques détails sur les premières années de notre héros.

Charles-Melchior-Artus, marquis de Bonchamps, naquit au château du Crucifix, en -Anjou, le 10 mai 1760, d'une ancienne famille noble et considérée de cette province.

 Il commença ses études très-jeune et les fit avec succès sous un précepteur distingué, Il joignait à une taille avantageuse, une constitution mâle et vigoureuse, une figure agréable, sur laquelle se peignaient la bonté, la douceur et la grandeur de son âme, qui lui gagnait tous les cœurs.

 Dès sa plus tendre jeunesse, emporté par la force de son génie, il montra le goût le plus décidé pour l'art de la guerre.

A peine eut-il atteint l'âge de quinze ans, qu'à force de supplications, il obtint de son père la permission d'aller s'exercer dans les camps.

 

En 1782, pendant la guerre pour l'indépendance des colonies américaines, Bonchamps fit toutes les campagnes de 1'Inde, d'abord en qualité de lieutenant, bientôt il devint capitaine de grenadiers au régiment d'Aquitaine, sous les ordres de M. le comte maintenant duc de Damas, premier gentilhomme de S. A. R. Monseigneur duc d'Angoulême, Il y acquit: la réputation d'un très-bon officier. « Il était, dit M.- le duc de

 Damas, chéri de ses camarades, estimé de ses chefs: on pouvait dès-lors juger, par son application au travail et son exactitude au service, qu’il deviendrait un officier distingué. »

Le Nouveau-Monde est libre: il le doit aux Français, La carrière des exploits s'est fermée; on va revoir cette France, qui doit être pour Bonchamps un nouveau théâtre de gloire et de vertus.

 Déjà le vaisseau qui transporte nos guerriers, sous les ordres de M. le comte de Damas, a franchi une partie  de l’espace qui sépare l'Amérique de notre continent. Bientôt ils auront découvert le rivage  français ; mais tous peut-être ne-toucheront point le sol sacré de la patrie!

Bonchamps est frappé  d’une maladie violente, elle fait des progrès rapides.

 Jeune héros, était-ce pour périr ainsi, que le fer de l'ennemi avait respecté tes jours! Les ravages du mal, deviennent de plus en plus effrayants; les sources de la Vie sont près de s'éteindre : peut-être dans quelques instants le héros ne sera plus….. C'en est fait…. Un voile funèbre couvre ses yeux.

Le conseil arrête, qu'il faut jeter  son corps à la mer. Villefranche, un de ses sergents, ne peut croire à cette perte. Il communique ses doutes; il-demande avec instances; il obtient, à force de supplications,  que cette horrible sépulture sera différée de quelque temps. Ses pressentiments sont bientôt une heureuse réalité. Il retrouve un principe de vie qui se ranime peu-à-peu: ses vœux ont été exaucés : Bonchamps est rendu à la lumière, à la santé. Ainsi  la Providence nous  rappelle  des portes de 1'eternel avenir, et sa  main puissante nous rend à la vie, quand nous étions déjà dans les bras de la mort.

Mais une catastrophe plus cruelle que le trépas l'attend dans cette funeste traversée. Une longue navigation a épuisé toutes les subsistances. Bientôt la faim se fait sentir ; bientôt sur tout le bâtiment s'est étendu l’affreux désespoir, La plume se refuse à tracer les détails d'une position aussi horrible. La faim pousse l'homme aux dernières extrémités. Cruel par besoin, peut-être par devoir, il ne frémit que de l'idée de périr dans les déchirements de ce supplice.  Que résoudre ? Qu’espérer encore? que devenir ? Tel était l'état de  l'équipage.

Le courageux Bonchamps, à peine rétabli, n'en est pas effrayé.

Toujours grand dans l'adversité, il ose ne pas désespérer du salut de ses compagnons d'armes. Il les rassure. L'exemple; de sa résignation les touche, sa voix les console, ses exhortations les raniment: par  son éloquence il les persuade, gagne du temps, et la terre, que l'on croyait éloignée, les rend à l’espérance et à la vie

 Charles Melchior Artus marquis de Bonchamps (la baronniere)

 (Ruines du château de La Baronnière)

Quelque temps après son retour en France, il épousa mademoiselle de Scépeaux, d’une des plus anciennes familles du royaume. Il ne tarda point à joindre son régiment qui était alors à Landau. Parvenu  au moment fatal où la révolution désorganisait toute l'armée, lorsque, pour renverser le trône déjà  si ébranlé  par l’Assemblée Constituante, celle qui lui succéda exigeait des officiers un serment contraire à la dignité royale et aux, vrais intérêts de la France, Bonchamps n'hésita point à donner sa démission. Il revint dans sa terre de la Baronnière,  peu éloignée des bords de la Loire, déplorer les malheurs qu’il prévoyait. Effrayé de la marche rapide que prenait la révolution, et de la guerre civile qu'elle appelait à grand cris, il conduisit sa famille dans cette capitale, déjà témoin de tant de bouleversements, et bientôt destinée à l'être des forfaits les plus épouvantables.

Dans ce nombre des journées à la fois si criminelles et si funestes qui ont rempli, le calendrier révolutionnaire, il faut comprendre celle du 20 juin, qui fut l'horrible prélude de la chute du trône,  de la captivité de la famille royale et des massacres  de septembre; Parmi, cette confusion de tant de crimes et de calamités, de quels regrets Bonchamps ne fut-il pas pénétré de n'avoir pas fait émigrer son épouse ! Par quel prodige et par quel chemin la soustraire au danger ? Les passeports qu'il avait demandés le lendemain du jour où avaient commencé les massacres lui furent refusés. Il existait à la vérité une loi qui laissait la circulation libre. Mais cette loi n'était plus qu'un piège artificieusement tendu pour se saisir avec plus de sûreté, hors de l'enceinte de Paris et des grandes villes; des victimes innocentes qui oseraient tenter de les franchir; car c'était alors un crime digne de mort, que de chercher à se dérober au supplice. Insensible au danger pour lui-même, et ne tremblant que pour sa famine,  il hasarde  de parcourir cette longue route  semée d'écueils, le jour, évitant les villes, ou néanmoins le crime tenait encore, pendant la nuit, des yeux ouverts sur sa proie. Il Se trouva trop heureux  de pouvoir ramener sain et sauf dans ses foyers le précieux dépôt dont il s'était chargé.

De retour en Anjou, il était difficile qu'il ne fut pas en butte à tous ces hommes pervers pour qui ses vertus étaient un reproche continuel. Aussi ces êtres vils pour qui le trouble est l'état de nature, pour qui la confusion est la plus douce jouissance, n'apprirent qu'avec horreur l'arrivée de Bonchamps, et, jurèrent dès- lors de saisir toutes les occasions de nuire à celui qui, malgré eux, leur inspirait ce respect pénible, que le vice ne peut refuser à l'homme vertueux qu'il déteste. Ils eussent voulu l'anéantir,  puis qu'ils ne pouvaient ni s'élever à sa hauteur, ni le rabaisser à leur niveau, Bientôt accusé de sédition, il fut obligé de paraitre au département de Maine-et-Loire; et ce ne fut qu'à force d'adresse qu'il se tira de ce pas. Alors il suffisait d'avoir de 1a fortune et de l'honneur, pour paraître criminel; cependant les traits lancés contre le bouclier de l'innocence retombèrent émoussés. Mais un de ces traits fut relevé par une main plus perfide, et lancé avec tant  de malignité, que le succès en paraissait infaillible. Des journaliers, qui travaillaient dans sa terre, s'avisèrent d'attacher au sommet d'un arbre, un bonnet de la liberté, et de s'écrier en même temps : à bas !  à bas ! Ce bruit  scandaleux aussitôt se répandit, et faillit à le faire emprisonner. Alors, il fallut redoubler de prudence, non pas dans sa conduite, elle fut toujours simple, pure et modeste, mais s'astreindre  l'une sorte de circonspection, qui était pour lui un état d'autant plus pénible à supporter, qu'il est toujours une espèce de mensonge pour la franchise et la candeur. Enfin, la mort du vertueux Louis XVI vint déconcerter toutes les mesures que lui avait imposées la plus stricte sagesse. II vit dès -lors clairement les calamités d'une guerre étrangère, réunies aux horreurs d'une guerre civile, et sa grande âme connut pour la première fois la consternation, non qu'il fût assuré que son pays n'oublierait point dans une, pareille conjoncture ce qu'il devait à son Dieu, à son Roi ; mais parce qu'il prévoyait que cette belle contrée, si heureuse et si digne de l'être, serait bientôt entraînée dans un gouffre de malheurs.

 

Lorsqu'un orage affreux s'élève et menace quelque contrée, des signes avant - coureurs  annoncent au cultivateur tremblant ce qu'il peut craindre, ce qu'il peut espérer.

La réquisition ou l'ordre de faire tirer les jeunes gens à la milice fut pour les Vendéens le signe terrible et certain des maux qui allaient inonder cette belle partie de la France.

La Convention, en ordonnant une levée de trois cent mille hommes, jeta l'épouvante dans toute cette partie de la Vendée connue sous le nom du Bocage. Le soulèvement y fut presque général, et ce mouvement s'y fit sentir simultanément sur deux points assez éloignés l'un de l'autre, à Challans en Bas-Poitou, et â Saint-Florent sur les bords de la Loire; preuve certaine que tous les esprits y avaient été préparés : par qui et comment? Sur ce point, les historiens ne sont pas d'accord.

    

(la Baronnière, château de Bonchamps, troupe des Cœurs de Chouans)

Mais il nous importe de faire connaître les événements qui ont conduit le peuple le plus paisible, le plus doux, au désespoir, et du désespoir à cette- guerre d'extermination. C'est de ce nom  exécrable que la Convention baptisa la défense  la plus  légitime; qu’un peuple puisse opposer à 1'oppresion  la plus tyrannique ; ne pouvant plier sous ses lois de sang un peupla guidé dans ses devoirs et sa conduite par son attachement au culte religieux de ses ancêtres, et par son  dévouement à la race antique de ses Rois, elle ordonne, pour assouvir la plus-atroce des vengeances, d'exterminer hommes, femmes, enfants, jusqu’au animaux, jusqu'à la végétation même, et s’il eût été possible, jusqu’au sol qui les avait alimentés et portés. Telle fut la rage que lui inspira la désobéissance des Vendéens à son décret sur la milice.

Le tirage avait été indiqué pour le dix mars à Saint-Florent. Toute la jeunesse s’y rendit,  mais bien décidée à ne pas se soumettre. Pour vaincre une résolution qu’on aurait pu calmer avec un peu d’adresse et de douceur, on les harangua durement ; des discours on passa aux menaces ; on fit plus, une pièce de canon fut braquée contre eux. L’indignation dès ce moment se mêla à la résistance ; le feu part, et les jeunes gens furieux s’élancent sur la pièce et l’enlèvent. Alors, tout fuit, tout se disperse devant eux. Le district est dévalisé, les papiers brûlés, et la caisse que la jeunesse se distribue fournit aux réjouissances de cette première victoire pour le reste du jour. Mais sur le point de rentrer dans ses foyers, comment échapper aux gendarmes et à la vengeance des républicains ? Ce sont des réflexions et des images, qui dans les ombres de la nuit se retracent vivement à leur esprit et à leur imagination. Attaqués, réunis et furieux, ils avaient triomphé de la gendarmerie, ils s'étaient emparés de deux coulevrines; de quelques fusils; et plusieurs patriotes avaient payé de leur vie l'imprudence d'avoir attisé le feu, de la guerre civile.

Rien de plus effrayant dans les grandes commotions que le calme rapide qui succède à une fougue effrénée. Isolés, éperdus, sans autres liens entre eux qu'une  effervescence désordonnée, ces jeunes Vendéens, se représentant dans la solitude de leur campagne, les républicains qu'ils avaient forcés de se rembarquer si vite; remplissant à leur arrivée la ville d'Angers de leurs alarmes, appelant la vengeance des officiers municipaux de cette ville, ils attendaient pour la plupart, dans la plus cruelle incertitude, le châtiment de leur désobéissance. Mais ces officiers municipaux, persuadés que ce mouvement révolutionnaire n'aurait pas de suite, et craignant d'ailleurs d'être accusés d'imprévoyance et de lâcheté, n'osèrent dans la crainte de se compromettre en informer la Convention. Cette négligence laissa aux paysans temps de se rassurer, de se rassembler, d'augmenter leurs forces, de recourir aux conseils des gens éclairés, et dans ce nombre les habitants de Saint-Florent, où s'était passée cette scène tragique, ne pouvaient manquer comprendre le marquis de Bonchamps, qui de son côté saisit avec autant d'empressement que de prudence cette heureuse occasion de donner un point d'appui au trône qu'il fallait relever. Ces sentiments, profondément gravés dans son cœur, n'attendaient pour éclater qu'une circonstance favorable; mais c'eût été desservir la cause qu'il brûlait de défendre que de devancer l'instant où a moindre imprudence aurait compromis, bien moins sa vie, qu'il fut toujours prêt à sacrifier pour la cause de son Dieu, que les intérêts de la Couronne et du jeune Monarque enseveli dans les prisons du Temple.

Plusieurs écrivains recommandables s'accordent à dire que MM. de Bonchamps, d'Elbée et de Larochejaquelein, furent arrachés de leurs châteaux et portés au commandement suprême. Si l'on juge des dispositions de, ces célèbres généraux, d'après leur dévouement inviolable à la cause qu'ils ont si glorieusement défendue, on sera bien persuadé qu'il ne fut point nécessaire de les contraindre à prendre les armes pour la défense de leur Dieu et de leur Roi, qu'ils brûlaient de servir, et pour lesquels ils ont versé jusqu'à la dernière goutte de leur sang. Il nous suffira, pour rétablir le fait relativement à notre héros, d'exposer la manière dont il fut porté au commandement qu'il était loin d'ambitionner.

Bonchamps, après avoir sacrifié le plus cher de ses goûts , en quittant le service, dans la seule crainte de se voir obligé à prêter un serment qui tendait à compromettre la majesté du trône, vivait retiré, comme nous l'avons vu, dans sa terre de la Baronnière, qui bientôt devait être le patrimoine des soldats de son Roi.

Il gémissait sur les calamités qui déjà couvraient notre belle et malheureuse France; il déplorait le sort du meilleur et du plus infortuné des Rois, pour lequel dès sa plus tendre jeunesse il avait juré de sacrifier sa vie, Pour vivre plus ignoré ou plutôt pour faire diversion à sa douleur, il occupait aux travaux rustiques des bras qu'il devait bientôt exercer aux combats.

 

==> Le 13 mars 1793, Au château de La Baronnière, les paysans vendéens sollicitent le marquis Charles de Bonchamps

 


 

 

A saint Florent le VIEIL le 12 mars 1793 commença l'épopée vendéenne, la guerre de géants

" En 1793, la France faisait front à l'Europe, la Vendée tenait tête à la France. La France était plus grande que l'Europe ; la Vendée était plus grande que la France. " Victor Hugo Le 21 septembre 1792, la Convention nationale décrète l'abolition de la royauté.

 

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