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PHystorique- Les Portes du Temps
23 décembre 2018

1168 - Révolte Poitevine - Henri II Plantagenêt fait raser le château de Lusignan.

1168 - Révolte Poitevine - Henri II Plantagenêt fait raser le château de Lusignan

Vers l'an 1168, l'activité guerrière de l'Aquitaine se réveillant, plusieurs seigneurs de nos contrées se révoltèrent contre la puissance de Henri II roi d’Angleterre.

(Henri décida de réduire le pouvoir des barons, notamment la famille Lusignan et les seigneurs de Mauléon, Thouars et Parthenay.

La Rochelle devint le port d'entrée des Anglais pour rejoindre le Poitou, remontant le fleuve jusqu'à Niort, et un réseau de fortifications a été établi, principalement placé pour défendre une rivière ou un pont, ou pour contrôler une route à partir de laquelle lancer des expéditions et des raids. Ainsi, la Route des Rois d'Angleterre a été établie.==>La Voie des Plantagenêts - la route historique des Rois d'Angleterre)

Au commencement de l’année 1168,  l'activité guerrière de l'Aquitaine se réveillant, la plus grande partie de l’Aquitaine se révolta contre Henri II, sous le prétexte qu’il n’avait pas observé quelques-unes des franchises du pays ; mais en effet, parce que les invectives de Thomas Becket, et les prédications des moines et des prêtres avaient rendu le roi odieux à la plupart de ses sujet Geoffroy d'Anjou , Aldebert IV, comte de La Marche ; Guillaume Taillefer IV, comte d’Angoulême ;  Emery de Lusignan, Robert et Hugues de Silly, renoncèrent à l’hommage qu’ils avoient fait à Henri, comme duc d’Aquitaine, pour se mettre sous la protection immédiate du roi de France.

Ils convinrent avec celui-ci qu’ils ne feraient point les uns sans les autres leur paix avec le roi d’Angleterre, et ils lui livrèrent des otages en garantie de cet engagement.

 

 Ils donnèrent le signal de l'insurrection. Suivis de leurs guerriers, bannières déployées, ils parcoururent tout le pays, provoquant au combat toutes les populations.

Aliénor était alors absente de la cité de Poitiers, car l'année précédente elle était acheminée vers l'Angleterre, emmenant sa jeune fille du nom de Mathilde. Son influence sur les peuples et les seigneurs d'Aquitaine ne put donc les arrêter dans leurs projets de révolte.

A peine Henri eut-il appris ce qui se passait au-delà de la Loire, qu'il accourut pour réprimer par la force de ses armes ces premières tentatives d'indépendance.

Le château du seigneur de Lusignan fut assiégé, et, malgré les avantages de sa position et le courage des guerriers qui le défendaient, il tomba au pouvoir du roi d'Angleterre qui y plaça bonne garnison. Henri II fait raser le château de Lusignan.

Après cette victoire, il continua sa marche à travers le pays, ravageant les villages et enlevant aux cités toutes leurs libertés.

Ici, dans la narration du chroniqueur, se rencontre une expression qui peut justifier, avec quelque force, ce que nous disions relativement à l'émancipation communale de nos villes, destruxit municipia Henricus, ll existait donc pour les cités quelques franchises municipales, avant même les formules officielles par lesquelles elles furent confirmées.

Ces vengeances du roi d'Angleterre furent loin de raviver dans les populations des souvenirs presque éteints de fidélité et d'obéissance. Les Poitevins, entre autres, se firent remarquer par l'énergie de leurs antipathiques séditions. Ils envoient des otages au roi de France, comme symbole de leur soumission, provoquant de la sort la discorde entre les deux princes.

 

Les seigneurs aquitains ne pouvaient cependant conclure la paix sans avoir auparavant retiré leurs otages des mains du roi de France.

Henri, qui ne désirait pas moins vivement étouffer cette rébellion, se chargea lui-même d’en faire la demande, dans la conférence avec Louis, à l’octave de Pâques.

Il partit donc pour le Vexin, après avoir confié le gouvernement de l’Aquitaine à la reine Eléonore.  

Henri II plaça dans la cité de Poitiers son guerrier le comte de Salisbury pour maintenir ses habitants.

Chaque armistice entre les deux rois devait toujours se terminer par une conférence, pour aviser à sa prolongation ou à la conclusion de la paix définitive.

Lorsque Louis et Henri se rencontrèrent entre Pacy et Mantes, comme ils en étaient convenus l’année précédente, Henri insista pour que des otages donnés par ses vassaux, comme un moyen de s’engager à persister dans leur rébellion, et que Louis avait reçus, au mépris de toutes les lois féodales, lui fussent rendus : il ne put l’obtenir, et cependant il désirait si fort la paix, qu’il ajourna la négociation jusqu’à un nouvelle conférence à la Ferté-Bernard, ou les deux rois promirent de se trouver le jour de l’octave de la fête de Saint-Jean-Baptiste : la trêve en même temps fut prolongée jusqu’à cette époque.

 

 

1168 Attaque de l'escorte d'Aliénor d'Aquitaine et mort du comte Patrice de Salisbury

De tous les sujets anglo-normands qui participèrent au gouvernement du Poitou et de l'Aquitaine du Nord, le plus illustre fut assurément le comte de Salisbury, Patrice. Henri II eut recours à ce vaillant chevalier au moment de la grande crise qui menaça sa puissance sur le continent, en 1167.

Il se trouvait au plus fort de sa lutte contre l'archevêque de Cantorbéry, Thomas Becket.

Henri II qui avait, le 23 décembre1166, passé la fête de Noël à Poitiers avec son fils Henri le Jeune, fut d'abord surpris par l'orage.

Les barons de l'Ouest envahirent le domaine ducal, qu'ils livrèrent à l'incendie et au pillage.

Le roi d’Angleterre accourut d'Argentan au cœur de l'hiver (vers Janvier 1168) et prit le château de Lusignan, principale place d'armes des rebelles, la transforma en une citadelle plus forte encore, et porta à son tour sur les terres des barons poitevins le ravage et la destruction (1).

 C'est dans ces circonstances qu'on voit apparaître le comte de Salisbury en Poitou avec le titre de généralissime des forces du roi d'Angleterre, duc d'Aquitaine.

Ce personnage avait déjà joué un rôle considérable dans l'histoire anglaise quand il fut appelé à ce poste de confiance sur le continent. Il était l'oncle du comte du Perche, Rotrou (2), et il avait, dans la guerre civile qui suivit la mort d'Henri pris d'abord le parti d'Etienne de Blois, petit-fils de Guillaume le Conquérant, contre la fille du roi défunt, Mathilde, mariée à Geoftroi le Bel d'Anjou et mère d'Henri II.

 Il avait été ainsi l'adversaire de Jean le Maréchal, père du fameux Guillaume, futur comte de Pembroke, dont le chroniqueur Jean d'Erlée a raconté les exploits dans une chronique en vers, chef-d œuvre de l'historiographie du XIIe siecle. Rallié ensuite à Mathilde, devenu l'ami de Jean, maréchal d'Angleterre, qui épousa Sibille, la sœur de son ancien adversaire, il avait échangé, avant 1149, par la faveur de la reine, son titre de connétable de Salisbury contre celui de comte, qui lui conférait l'administration du Wiltshire (3).

 Depuis son accession au trône d'Angleterre (1153), Henri II n'avait pas eu de plus fidèle serviteur. C'est pourquoi il lui conféra la charge de princeps militae (4), qui ne saurait être confondue certainement avec cette de sénéchal, mais qui ne correspond pas à un terme précis de l'administration féodale.

 

La mission du comte de Salisbury prit d'ailleurs bientôt fin, par suite d'un événement dramatique que les chroniqueurs anglais Hoveden (5), Raoul de Dicet (6), Gervais de Canterbury (7), Benoit de Peterborough (8), ainsi que le chroniqueur normand Robert de Thorigny (9) ont indiqué en quelques mots seulement, mais sur lequel la Chronique de Guillaume le Maréchal est venue fournir des renseignements plus amples. D'après Hoveden, c'est au retour d'un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle que le comte de Salisbury avait trouvé la mort dans un guet-apens, où l'auraient surpris les barons poitevins (10).

Henri II, à cette époque, quittait le Poitou, après avoir fortifié ses châteaux et assuré leur ravitaillement.

Il se rendait à une entrevue où il devait rencontrer Louis VII, à Pacy-sur-Eure, et qui dura du 7 avril au 12 mai, au sujet des otages que les barons du Poitou avaient donnés au roi de France, en gage de leur alliance, et que te roi d'Angleterre, duc d'Aquitaine, voulait se faire livrer (l1).

C'est pendant son absence qu'il avait confié au comte de Salisbury la garde de la reine Aliénor revenue (vers décembre) d'Angleterre, où elle s'était rendue au début de 1167 avec sa fille Mathilde fiancée au duc de Saxe, Henri le Lion (12).

Les barons du Poitou profitèrent, semble.t-il, du départ du roi pour tenter d'enlever la reine et le généralissime des troupes d'Henri II.

Les chroniqueurs sont unanimes à prétendre que les Poitevins usèrent de moyens déloyaux (dolus) (13), non conformes aux usages de la guerre féodale.

Ils sont à peu près d'accord sur la date de cet événement, que les uns fixent à l'octave de Pâques, c'est-à-dire au avril 1168 (14), les autres au 27 mars ; cette dernière date semble devoir être préférée (15). Le seul récit circonstancié de ce guet-apens.du au chroniqueur Jean d'Erlée, qui le tenait d'un témoin oculaire, Guillaume le Maréchal, comte de Striguil lui-même, neveu et compagnon du comte de Salisbury, n'indique pas avec précision le théâtre du conflit.

 D'après Alfred Richard, le comte conduisait Aliénor vers l'un de ses châteaux du Poitou quand il tomba dans une embuscade que lui avaient tendue les Lusignan, qui tenaient toujours la campagne. Il mit d'abord la reine « en sûreté », puis faisant tête à l'ennemi, il tomba frappé d'un coup d'épée par Gui ou Geoffroi de Lusignan (16).

 Le récit de Jean d'Erlée est loin de présenter ce degré de précision. En effet, le confident de Guillaume le Maréchal n'indique point que l'aventure du comte de Salisbury se soit produite dans une guerre ouverte.

 Aliénor elle-même, dans la charte de fondation d'un service pour le repos de l'âme du comte, se borne à dire que ce fidèle vassal est mort à son service (in servitio nostro) (17), mais sans spécifier la circonstance. Il semblerait, d'après le récit de Jean d'Erlée, que la surprise ait eu lieu pendant quelque trêve, puisqu'il présente la rencontre comme un guet-apens et qu'il l'attribue à la confiance trop grande de son oncle, qui avait, dit-il, négligé de se munir d'un sauf-conduit.

Le lieu exact où l'embuscade aurait été dressée est également inconnu, ou du moins difficile à déterminer. Aucun chroniqueur ne le précise. Seule la narration de Jean d'Erlée et les accusations des chroniqueurs contre les Lusignan semblent prouver que l'incident ou périt le comte de Salisbury se produisit sur les domaines de cette grande maison féodale poitevine.

 

 Mais ces domaines étaient disséminés dans tout le Poitou, depuis Vouvant et Mervent jusqu'à Moncontour, Saint-Gelais, Prahecq, Couhé et Lusignan.

 

 Toutefois, il ne serait pas impossible, mais c'est une simple hypothèse, que le combat ait eu lieu sur la route de Niort à Poitiers, suivie par Aliénor qui venait d'Angleterre (18), après avoir débarqué probablement à la Rochelle, et dans cette vallée de la Vonne que commandait le redoutable donjon des turbulents feudataires du comte de Poitou.

Les chroniqueurs anglais ne désignent pas tous les promoteurs du guet-apens.

Gervais de Canterbury se borne à accuser en termes généraux les barons poitevins rebelles (19). Il en est de même de Robert de Thorigny (20). Hoveden et Benoît de Peterborough, qui ne sont que des témoins éloignés, écrivant un certain temps après, incriminent Gui de Lusignan, fils de Hugues VIII (21) le futur roi de Jérusalem, l'adversaire de Saladin, et le vaincu de Tibériade.

 Enfin Jean d'Erlée, qui mérite plus de confiance, puisqu'il écrit sous la dictée d'un témoin oculaire, insinue que Geoffroi  1er de Lusignan, seigneur de Vouvant, frère de Gui, et aussi célèbre que ce dernier dans les fastes de la chevalerie française de ce temps, aurait été l'organisateur de l'embuscade (22). Mais il n'assure nullement que ce soit Geoffroi qui ait tué par un coup de traitrise le comte de Salisbury.

Il faut ajouter que Geoffroi, vaillant chevalier, renommé dans les tournois, où il se distingua, et où il rencontra Guillaume le Maréchal, se défendait d'avoir contribué au meurtre.

 Il le déclarait formellement devant Henri le Jeune et Geoffroi, comte de Bretagne, en 1183 « Le Maréchal, disait-il alors, ne m'aime guère, car il croit que c'est moi qui ai fait tuer son oncle, ce qui est faux » (23).

Il faudrait donc rejeter sur un parti de barons poitevins, alliés des Lusignan sans doute, mais non sur Gui et sur Geoffroi de Lusignan, la responsabilité du drame qui coûta la vie au comte de Salisbury.

Sur ce drame lui-même, on possède le récit vivant et coloré qu'en adonné Jean d’Erlée. Il nous montre la troupe conduite par le comte et par son neveu Guillaume cheminant sans défiance, sans heaume et sans haubert. Le comte lui-même ainsi désarmé s'avance sur un palefroi, il n'a pas avec lui son cheval de bataille ; il est dépourvu d'armure.

Tout à coup, la bande des barons poitevins surgit de l'embuscade, le comte n'a que le temps de faire conduire la reine Aliénor qu'il accompagne en un château qui n'est pas désigné.

Les lois de l'honneur chevaleresque lui interdisant la fuite, il s'avance le premier au-devant des assaillants et se dispose à monter sur son cheval de bataille qu'on vient de lui amener, pendant que son escorte s'arme. Mais avant même qu'il fat assis sur les arçons, il était frappé traitreusement par derrière d'un coup d'épieu et expirait sur la place.

 Son neveu Guillaume le Maréchal essaya de venger cette mort par son intervention héroïque dans la mêlée. Après avoir tué ou terrassé nombre de ses adversaires, ayant son cheval tué sous lui, assailli par soixante chevaliers, auxquels il tient tête, dit le trouvère, « comme un sanglier aux abois », il finit par être enveloppé, blessé à la cuisse d'un coup d'épieu, et fait prisonnier.

 Jean d'Erlée ne manque pas d'exposer les incidents romanesques de cette captivité pendant laquelle Guillaume, malgré sa blessure, maltraité par ses vainqueurs, est mené de château en château, à travers une région boisée, à la faveur de la nuit, et ne trouve de pitié qu'auprès d'une dame charitable qui lui fait parvenir de la charpie pour panser ses plaies.

Cet acte de gentillesse d'un inconnu a peut-être sauvé la vie du maréchal car l'infection de la plaie aurait pu le tuer. Après un certain temps, il a été racheté par Aliénor d'Aquitaine, qui était apparemment impressionné par les récits de sa bravoure.

 

  Elle n'oublia pas non plus le brave généralissime qui s'était sacrifié pour elle.

Enfin sa captivité finit, grâce à l'intervention d'Aliénor qui livra des otages et paya rançon pour le libérer. 

La reine, conclut le trouvère, en femme vaillante et courtoise qu'elle était, lui fit donner des chevaux, des armes, de riches vêtements et de l'argent (24). »

Guillaume le Maréchal restera membre de la famille de la reine Eleanor pendant les deux prochaines années, participant à des tournois et augmentant sa réputation de chevalier chevaleresque.

 

D'après le témoignage de Robert de Thorigny, Aliénor voulut que le corps du comte de Salisbury fût inhumé dans l'église Saint-Hilaire à Poitiers.

 

Comes Patricius Sarisberiensis , vir nobilis et militaris, à Pictavensibus occisus est, qui à rege Anglorum defecerant ob quasdam libertates rescisas.

 

  Elle fit mieux encore en son nom, en celui de son fils Richard et du roi son époux, elle associa la mémoire du soldat mort pour sa défense à celle des ducs

D’Aquitaine ses ancêtres, en instituant une fondation perpétuelle dans cette église, pour le repos des âmes du comte Patrice et des Guilhem.

 Un anniversaire solennel auquel elle-même devait participer après sa mort fut créé; le chapitre de Saint-Hilaire se trouva doté, à cette occasion, par la munificence d'Aliénor, des droits et coutumes, c'est-à-dire des revenus importants, que la reine possédait dans le territoire de Benassay (vers 1170) (25).

Si l'on en croit le témoignage d'un contemporain, l'écrivain anglais Watter Mapt (26), ce serait un Normand, Guillaume II de Tancarville, qui aurait succédé au comte de Salisbury dans la charge de gouverneur militaire du Poitou.

On ne sait rien de plus sur le passage en Aquitaine de ce grand seigneur, dont le fief était voisin du Havre, et qui exerçait la charge de chambellan héréditaire de Normandie (27).

La fonction de princeps militiae parait pas d'ailleurs avoir été longtemps exercée par lui.

 Dès 1176, c'est un seigneur du Poitou, Theobald Chabot, de l'illustre famille de ce nom, qui en était investi, et qui dirigea en cette qualité la campagne contre les Brabançons du comte d'Angoulême.

D'une condition plus obscure semble avoir été un autre personnage, qu'on présume avoir été d'origine anglaise d'après la physionomie de son nom. C'est Guillaume Le Queux ou Cook. chef de routière ou de soldats mercenaires, dont la Chronique de Jean d'Erlée fait mention (28). Il fut au service du duc d'Aquitaine Richard, et ce dernier, après son avènement au trône, le récompense en lui donnant, par une charte datée de Tours (27 juin 1190), le vieux marché de Beaucamp, ainsi que les fours banaux qui faisaient partie du domaine du comte à Niort.

Le fidèle serviteur vivait encore en 1200, date à laquelle Jean sans Terre lui confirmait cette donation, en y ajoutant tous autres revenus de ce domaine (29).

 

Ainsi que l'avaient prévu les Poitevins, la discorde ne tarda pas à éclater entre Henri et le roi de France, au sujet de ces otages qu'ils avaient livrés à ce dernier ; et ce ne fut qu'après de très-longs pourparlers que la paix se rétablit pour quelque temps.

Le roi Henri avait alors à lutter contre bien des ennemis, et dans son royaume d'Angleterre toutes ses pensées étaient activement employées à réprimer les velléités d'indépendance nationale et religieuse dont Thomas Beket, archevêque de Cantorbéry, s'était fait le champion.

 L'assassinat de ce saint homme fut le dénouement de cette tentative, et fit placer sur la tête de la victime la couronne de saint.

Quelque temps avant sa mort, la chronique poitevine raconte, qu'étant près du pape Alexandre II en la ville de Sens, il remit entre les mains d'un moine de Saint-Cyprien la fiole qui contenait l'huile sainte destinée à imprimer sur le front des rois d'Angleterre l'onction divine, ne voulant pas qu'elle servît aux descendants d'une race qu’il détestait de toute la force de sa haine, et qu'il cherchait par tous ses efforts à renverser. Sous cette tradition fabuleuse perce la communauté de sympathies dans laquelle ont pu se rencontrer Thomas Beket et quelque moine aquitain.

 

 

Charte par laquelle Éléonore, reine d'Angleterre et duchesse d'Aquitaine, renonce en faveur des chanoines de St-Hilaire aux droits et coutumes qui lui appartenaient dans la terre de Benassai, à condition qu'après sa mort ils célébreraient un anniversaire solennel pour te repos de son âme (30).
(VIDIMUS du mardi avant Pâques 1256. Arcb. St-Hil. Benassai , n° 4.)


1168-1172.


A.    regina Anglorum et ducissa Aquitanorum et Normannorum et comitissa Andegavorum, archiepiscopis , episcopis, abbatibus, comitibus, baronibus, justiciis, ballivis , preposttis et omnibus fidelibus régis et suis tocius Aquitanie, salutem.
A. reine d’Angleterre et duchesse d’Aquitaine et des Normands et comtesse d’Anjou, salut aux archevêques, évêques, abbés, comtes, barons, juges, baillis, préfets et à tous les rois fidèles et leurs ministres d'Aquitaine.


Scialis dominum meum regem et me et Ricardum filium meum, pro sainte nostra et antecessorum nostrorum et pro anima comitis patricii qui in nostro servicio mortuus fuit, dedisse et concessisse ecclesie beati Hylarii omnes consuetudines quas habebamus in curte de Benacayo et pertinenciis suis, eo retento, qood pro garda et deffensione coloni illius curtis et terre, pro jugo boum arancium terram illam XII denarios Andegavenses, pro jugo asino¬rum VI denarios Andegavenses dabunt, exarterius pro fossorio IIII dennrios Andegavenses dabit,
Sachez que mon seigneur le roi et moi-même et Richard mon fils, pour le bien de notre saint et de nos ancêtres, et pour l'âme du comte Patrice  mort à notre service, avons donné et accordé à l'église du bienheureux Hilaire tous les coutumes que nous avions dans la cour de Benacayo et ses dépendances retenues, pour la garde et la défense du locataire de cette cour et de cette terre, pour le joug des bœufs, les Angevins donneront à cette terre 12 deniers, pour le joug des ânes, les Angevins donneront 6 deniers ;

 Si vero rusticus habuerit III boves vel tres asinos, vel jumentum et duos boves corn quibus aret, pro uno animali nichil dabit, eo excepto quod si jumentum vel roncinus per se fecerit aratrum, tunc tantumdem dabit quantum et jugum boum.
Mais si un fermier a 3 boeufs ou trois ânes, ou un boeuf et deux boeufs avec lesquels il laboure le blé, il ne donnera rien pour un animal, sauf que si un boeuf ou un poulain fait une charrue tout seul, alors il donnera comme autant qu'un attelage de boeufs.


 Pro hiis autem denariis homines illius terre liberi erunt ab omni consuetudine et talliata et cavalcata et bianno, et omni exactione prepositorum et ballivorum et serviencium nostrorum, et omni submonicione eorum, et districtione et justicia; eo retento quod, quando dominus Pictavensis pugnaturus exibit, tunc tantummodo sequentur eum homines illius terre quando videlicet submomti fuerint a cononicis beati Hylarii.
Et pour ces deniers, le peuple de ce pays sera libre de toutes coutumes et lynchages et circonscriptions et biannas, et de toutes les exactions de nos préfets et huissiers et serviteurs, et de toutes leurs remontrances, et district et justice ; au motif que, lorsque le seigneur de Poitou sortira pour combattre, les habitants de ce pays ne le suivront que lorsqu'ils auront été soumis par les canons du bienheureux Hilaire.

 Preterea si illi convicti fuerint prefatam cosdumam infra octabas beati Michaelis non reddidisse, vel alio modo forisfecisse, unde gagium nobis vel servientibus nostris debeant donare , nomine gagii non dabout nisi VII solidos et VI denarios.
De plus, s'ils étaient convaincus qu'ils n'avaient pas rendu le cosdum susmentionné dans les octaves du bienheureux Michel, ou qu'ils l'avaient perdu d'une autre manière, d'où le gage envers nous ou le service ils doivent donner à nos hommes, au nom de gage, pas plus de 7 shillings et 6 deniers.

 Si vero rusticus dixerit se cosdumam recte solvisse, vel pacem ministrorum nostrorum inde habere , plano ejus sacramento credetur. De nemoribus beati Hylarii accipient homines beati Hylarii ad communem usum suum, et pascua babebunt tam in nemoribus qoam in terra plana; canonici vero habe¬bunt nemora illa ad omnem usum suum et ad usum ecclesie , et habebunt in eis forestagium et pasnagium et cetera omnia que antecesseres eorom habebant temporibus comitum Pictavensium, ita quod neque vendent neque donabunt.
Mais si un paysan dit qu'il a correctement payé son dû, ou qu'il a ainsi la paix de nos ministres, on le croira comme un sacrement. Des forêts du bienheureux Hilaire, le peuple du bienheureux Hilaire recevra pour son usage commun, et il boira des pâturages aussi bien dans les bois que sur la terre plate ; mais les chanoines auront ces bosquets pour tout leur usage et pour l'usage de l'église, et ils auront en eux des forêts et des pâturages et tout le reste que leurs prédécesseurs avaient au temps des comtes de Poitiers, de sorte qu'ils ne vendent ni donner.

 Preterea ipsi canonici habebunt tantum terre illius quantum poterunt exeolere tria juga boum, sine omni consuetudine. Pro hac autem libertate et cousuetudine a nobis concessa, canonici ecelesie beati Hylarii singulis annis sollempniter celebrabunt nostrum anuiversarium post nostrum a seculo discessum , similiter anniversarium comitis patricii celebrabunt.
De plus, les chanoines eux-mêmes auront autant de cette terre qu'ils pourront libérer trois paires de bœufs, sans aucune coutume. Et pour cette liberté et cette coutume accordées par nous, les chanoines de l'église ecclésiastique du bienheureux Hilaire célébreront solennellement notre anniversaire chaque année après notre départ du siècle, de la même manière qu'ils célébreront l'anniversaire du comte Patrice.


 Hanc autem donacionem et concessionem inminutam et firmam precipimus teneri et conservari, et, ex voluntate et mandato domini mei regis et Ricardi filii mei , sigilli mei auctoritate communio et confirmo, teste Johanne episcopo Pictavensi et Symone de Tornebu et Hugone vicecomite Castri Ayraudi et Radulpho de Faia et Ricardo de Canvilla et Saldebrolio et Arveo panetario et Johanne cantore beati Hylarii et Reginaldo magistro scolarum et magistro Meschino priore beate Radegundis et magistro Bernardo et Petro cappellano meo, apud Pictav.(31)
Et cette donation et cette concession, nous ordonnons qu'elles soient conservées et conservées, et, par la volonté et l'ordre de mon seigneur le roi et de Richard mon fils, je confirme et communique avec l'autorité de mon sceau, en tant que témoin Jean, évêque de Poitiers , et Simon de Torneb et Hugh le vicaire de Chatel Airauld et Raoul de Faye et Richard de Canvilla et Saldebrolio et Arveus le boulanger et John le chantre du bienheureux Hilaire et Reginald le professeur des scolastiques et le professeur Meschinus le l'ancien bienheureux Radegundis et le maître Bernardo et Pierre mon aumônier, à Poitiers.(31)

 En 1170, Aliénor est à Caen, attendant le couronnement de son fils aîné Henri, dont elle a avec elle la femme, Marguerite, fille de son premier mari Louis VII.

Histoire générale du Poitou - Joseph Guérinière

Bulletins de la Société des antiquaires de l'Ouest Fradet et Barbier (Poitiers)

 

 

 

La vie d’Aliénor d’Aquitaine – Mariage avec le futur roi Henri II d'Angleterre le 18 mai 1152 à Poitiers <==.... ....==> La révolte de 1173-1174 et les quinze ans de captivité d'Aliénor d'Aquitaine

Le 16 août 1158 Henri II roi d’Angleterre rasa les murailles et le château de Thouars, l’église Saint-Médard fut brûlée. <==....

Le roi d’Angleterre Henri II Plantagenêt à la conquête de la Bretagne, il s’empare du château de Fougères en 1166.<==....

 

....==> En 1168, Henri II, roi d'Angleterre assiège le château de Lehon

....==>6 janvier 1169. Paix de Montmirail entre Henri II Plantagenêt et Louis VII roi de France médiateur de Thomas Becket.

 

 

 


 

Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou -

Les premières armes de fief du Poitou datent de 1160. Elles furent portées par les comtes de Poitou, issus de la maison de Poitou, jusqu'à Richard I er de Cornouailles. Elles sont à l'origine des premières bannières du Poitou attestées comme telles.


 

Henri II (5 mars 1133 - 6 juillet 1189) fut comte d'Anjou et du Maine, duc de Normandie et d'Aquitaine et roi d'Angleterre. Fils de Geoffroy V d'Anjou et de Mathilde l'Emperesse, fille du roi Henri I d'Angleterre

 

 

Généalogie - Maison des Hugues de Lusignan et Geoffroy la Grand' Dent.

La dynastie des Hugues qui occupa le château de Lusignan, depuis son origine jusqu'en 1315, époque à laquelle les comtés de la Marche et d'Angoulême furent confisqués par le roi de France Philippe le Bel.

 

(1)       Geoffroi de Vigeois dans Labbe, Nova Biblio. Mss. II. 318. Robert de Thorigny, IV, 235-236. Gervais de Canterbury, Chronique, 1205. Chronique de Roger de Hodeven, I, 273, etc. Eyton, Court, household and itinerary of Henry the second, p 112.

(2)       Roberti de Torigneio chronica, éd. Stubbs (Chronicles, IV, 236)

(3)       Histoire de Guillaume le Maréchal (par Jean d’Erlée), éd. P. Meyer, 1, vers 146, 372 ; III, p.2, note 4, p.8 note 2 ; Dugdale baronage of England, I, 178 ; Round, Geoffroy de Maudeville, p.291.

(4)       Raoul de Dicet, Opera historica, éd Stubbs, I. 331.

 (5) Hoveden, Chronica, éd. Stubbs, I.273

(6) Raoul de Dicet, I. 331.

(7) Gervais de Canterbury.éd. Stubbs, 1. 205.

(8) Chronique de Benoit de Péterborough, éd. Stubbs, I. 343.

 (9) Robert de Thorigny, Chronique, éd Stubbs, IV, 236, éd. L. Delisle, 115.

(10) Hodeven, I, 273, éd. Stubbs. On ne voit pas pourquoi P. Meyer rejette ce détail, qui n’est nullement incompatible avec le récit de Jean d’Erlée, Hist. De Guillaume Maréchal, III, 26, note 6.

(11) Chronique de Robert de Thorigny, IV, 236.

(12) Ibid., IV, 234-236.

(13) Hoveden. 273. Robert de Thorigny. IV. 236.

(14) Robert de Thorigny. IV. 236.

(15) Eyton, op. cit., p. 113.

(16) A. Richard, Comtes de Poitou, II, 145.

(17) Charte en faveur de Saisit-Hilaire, 1168- 1170. p. p. Rédet, XIV, n° 163.

 (18) Aliénor avait passé l'année 1167 en Angleterre ; on ne sait où elle débarqua, mais sa présence en Poitou fin mars 1168 semble indiquer qu'elle ne dut pas passer par les ports normands, d'autant plus qu'Henry II a dû quitter te Poitou après janvier, probablement vers mars, et qu'à cette date Aliénor était déjà de retour, puisqu'il la laissa « sous la garde »  du comte de Salisbury. Eyton. p. 92, 112, pense qu'Aliénor est revenus d'Angleterre à la fin de  1167.

 (19)     «A Pictavensibus occisus est, qui a rege Anglorum defecerunt. » Gervais de Canterbury, éd, Stubbs, I, 205.

(20)     Dolo Pirctavensium occisus est comes. Robert de Thorigny, éd. Stubbs, IV , 236.

(21)     «  Eodem anno, Guido de Lessinnam interfecit Patricium comitem Sarisberlensem redeuntem in peregrinatione a Sancto Jacobo. Unde Henricus, rex Angliae, plurimum iratus, expulit eum de Pictavia. » Hodeven, I, 279-274, éd. Stubbs. Il ne parle pas de Geoffroi.Benoit de Péterborough, I, 343, mentionnant Gui de Lusignan, dit : » Patricium, comitem Salesberiensem, tempore hotilitalis… occiderat », éd. Stubbs, I, 343. Raoul de Dicet ne nomme pas l’auteur du meurtre.

(22)     Histoire de Guillaume le Maréchal, I, vers 1.268.

(23) Ibid, vers 6.458.

(24)     Histoire de Guillaume le Maréchal, 3, vers 1628-1838

 

Ge ne sai que plus vus en die :

A Barbeflu en Normandie

Ariva, puis vint a Caem,

A Lisiueus et a Roem,

A ses chastels, a ses citez

Dont richement ert eritez,

Parmi le Maine e par Anjou, De si que si vint en Peitou,

U tost erra parmi la terre

Ses enemis cerchier et quere

Qui li ont sa terre baillie

Et barreiée et mesbaillis.

Le conte Patriz demanda ;

La reine li kemanda

A lui e a ses chevaliers

A conduire ; il dist : « Voluntiers. »

Ce peise mei ku’il la conduit

Quer il n’i out pas sauf conduit

Quer Peitevin les escrièrent

D’un esbuchement ou il érent.

 

Gefreis de Lesingnan sanz dote

Esteit sires de cele rote,

Qui unkes a nul seignorage

Ne volt porter fei ne homage,

N’unkes ne vot estre soz jou,

Toz jors i out del peil dell ou.

Quand li quens vit sa gent armée,

Et la soue vit desarmée,

Molt tint le gieu a mesparti

Qui en out le noalz parti ;

Mais, coment ku’il aut, tote voie,

La reine el chatel enveie ;

N’en vot fuit nmont n’a val.

Forment demanda son chival ;

Mais uncor li esteit trop loing,

Nel pout aveir a grant bosoing,

N’il ne pout a tens estre armez.

Sor son palefrei desarmez

Par grant ire lor corut sore,

Et sis chivals vint en illore.

Si campaingnon pas nel sivirent,

Quer a els armer atendirent.

Vi a trop fort conte a conter :

Quant en son cheval volt monter,

Anceis qu’es archuns fust asis,

Uns traitres, un hanseis,

Le feri d’un glaive desrières

Parmi le cors, en tel manière

Que tantos murir l’en estut,

Dunt a toz les suens mesestut.

 

 

« Quant li Mareschals aperçut

Le cop dunt sis uncles morut,

Par poi de deul n’issi del seus

Por ce qu’il ne pout estre a teus

A celui qui son uncle out mort,

Quer volontiers vengast sa mort.

N’atendi pas k’il fust armez :

Fors d’un hauberc toz desarmez

Lor corut sore tot de plain. [...]

D’un glaive qu’il tint en sa main

Ala le premerein requere :

Del chival le porta a terre.

Molt fu del vengier angoissos.

Unkes nuls liuns fameillos

Ne fu si cruels sor sa prei :

JA n’est trové nul en sa veie

Qu’il nel mette a duel e a hunte.

 

Ja de lui n’eüssent ballie

Si ne fust une sorsaillie,

Ke un chevalier saillit la haie

Sanz nul respit es sanz delai

Parmi la haie le feri

D’un glaive, si ku’il le choisi,

Parmi les quises d’oltre en outre,

Si que la glaive parut oltre

Al mains plus de demie teise [...]

 

Quant de prison fut delivrez

Et a la reïne livrez

Li Mareschals, moult lui fu bel,

C’unkes nus, dès le tens Abel,

Tant vos di sanz plus et sanz mains

N’eschapa de si cruels mains.

Quer la reîne Alïenor Li fist atorner son afaire

Come a tel bachiler dut feire.

Chivals et armes et deniers

et beles robe voluntiers

Li fist doner, cui qu’il en peise,

Quer molt fu vaillante et corteïse

L'histoire de Guillaume le Maréchal, Comte de Striguil et de Pembroke, Régent d'Angleterre de 1216 à 1219

(25)     Charte de donation d'Aliénor en faveur de l’abbaye Saint-Hilaire, p, p. Rédet, Documents ; XVI, n° 153, il la place à tort entre 1167 et 1172 ; elle est surement postérieur à mars 1168 et probablement antérieur à 1172, elle semble avoir suivi de près le meurtre ; Rédet ne parait pas avoir vu qu’il s’agissait d’une fonction : pro anima comitis patricii qui un nostro servitio mortuus fuit ; il n’explique pas quel était ce comte.

(26)     W. Mapt, De Nugis curialium, édition de la Camdem Society, p. 234.

(27)     Sur ce seigneur, Ambroise, Histoire de la Guerre sainte, édition G. Paris. Vers 4215. Deville, Histoire du château et des sires de Tancarville, Rouen, 1834, p.124.

(28)     Histoire de Guillaume le Maréchal, II, vers 14.726.

 (29)     Chartes de 1190 et de 1200, dans Deulet, Layettes, I, n° 369, 597.

 (30) Imprimée dans I' Histoire dd comtes de Poitou de Besly  p. 498.

(31). Suivant la remarque de don Fonteneau, Meschin, prieur de l’église collégiale de Ste-Radégonde de Poitiers, prit possession de cette dignité le 11 avril 1167 ; Jean, chantre de St-Hilaire, était remplacé au mois de juillet 1172 par Absalon. La charte d’Aléonore a donc été donnée dans l’intervalle de ces deux dates.

 

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