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PHystorique- Les Portes du Temps
13 janvier 2019

Le Château Féodal de Noirmoutier du seigneur Pierre V de la Garnache.

Le château de Noirmoutier et son donjon

A l'égard des Normands, Hilbod continua l'exemple de son prédécesseur, à appliquer le système consistant à passer, avec ses Frères, l'été à Déas et l'hiver à Hério, sous la protection de ces gros temps que n'osaient affronter les Barbares.

Mais en 830, au mois de juin, les Normands fondent soudain sur l'île, s'en emparent sans grande résistance et pillent les biens de l'abbaye après avoir mis ses vassaux à contribution. Nous ne saurions dire si, lors de cette attaque, les moines étaient présents, ou s'ils avaient déjà quitté Her, suivant leur habitude.

De cette descente des Scandinaves, les religieux et l'île entière paraissent avoir eu, et pour la première fois peut- être, sérieusement à souffrir. L'énergique successeur die l'abbé Arnould, désireux apparemment de changer de méthode et de se défendre sur place, n'avait cependant pas hésité, semble-t-il, à entreprendre par avance d'importants travaux de protection pour tenter de prémunir l'île contre les incursions des bandits, ou tout au moins pour garantir son monastère contre les assauts des pillards.

A une époque qui ne peut être que de peu antérieure à 830, il s'était rendu près de l'empereur et de son fils Lothaire pour implorer d'eux la permission d'établir un camp retranché dans l'enceinte de l'abbaye, — « ... in circuitu monasterii castrum fieri... » — afin de pouvoir, avec la miséricorde de Dieu, s'y défendre et y mener en sécurité, à l'abri de ses remparts, une vie de paix conforme aux règles de l'ordre. L'autorisation sollicitée avait été octroyée sans peine, ce qui était reconnaître aux moines et à leurs abbés le titre de souverains de l'île ; presque rien ne distinguait en effet une seigneurie ecclésiastique d'une seigneurie laïque, si ce n'est que la première n'était pas héréditaire.

Les moines durent se mettre au travail aussitôt. L'œuvre, sans doute, n'était pas achevée au mois de juin 830. Lorsqu'elle le fut, Hilbod en offrit la garde à Pépin. Mais le roi la refusa sous un prétexte, et laissa à l'entreprenant abbé le soin de se protéger lui-même. Ce qu'il voulut bien, toutefois, lui accorder, c'est qu'un service de garde, assuré par les habitants fut organisé avec l'appui du monarque, à l'intérieur du camp et imposé à tous comme un service public. En échange, toutefois, de cette lourde obligation à laquelle se trouveraient ainsi astreints les insulaires, il était juste et même indispensable que ceux-ci fussent exemptés de toutes corvées et de tous impôts envers le fisc et le palais impérial. C'est ce que stipule ce diplôme de 830, postérieur de moins de deux mois à la descente des Normands et dans lequel le prince, reprenant les expressions mêmes employées par l'abbé, s'exprime ainsi :

« Les pirates, dit-il, ayant commencé à faire de nombreuses incursions sur les côtes, les moines d'Hério, à cause des conséquences fâcheuses qui en résultaient pour eux ont été forcés d'abandonner l'île chaque année, du commencement du printemps à la fin de l'automne, d'y cesser l'office et le ministère ecclésiastique et, durant ce temps, de se réfugier, au prix de grandes dépenses et de grandes fatigues dans un nouveau monastère bâti par eux. Cependant, pour ne pas laisser leur demeure primitive entièrement déserte et exposée à une ruine totale, ils nous ont prié de leur permettre de construire autour de leur monastère d'Her un camp retranché pour y demeurer en sécurité dans l'exercice de la vie religieuse et, avec la grâce de Dieu, y jouir de la paix. Nous avons jugé cette demande fondée sur des raisons valables et nous leur avons accordé la permission désirée. Dès maintenant, avec l'aide du Seigneur et le secours des fidèles, au prix d'un travail opiniâtre, ils ont réalisé ce projet, comme ils ont pu ; mais pour pouvoir se défendre efficacement contre les incursions de leurs ennemis, ils nous ont demandé instamment de décharger, soit leurs serviteurs, soit les hommes libres, de tous services publics. Nous avons également exaucé leur demande » Afin, toutefois, de ne pas perdre ses droits sur cette portion du territoire et ses occupants, l'empereur exigeait qu'en retour l'abbaye payât chaque année six livres d'argent à la Chambre Royale. — Le diplôme fut signé au palais de Silviaco (probablement Senlis), le quatrième jour des nones d'août, l'an XVIIe du règne de Louis et le IXe de celui de Lothaire. (2 août 830.)

On a cru longtemps que la construction du château d'Hério était postérieure à ce diplôme de l'autorité impériale; ce qui ressort au contraire de ce document, c'est que la construction du Castrum était déjà commencée, sinon achevée, par des moyens de fortune, lors de la rédaction de cet acte, puisqu'il y est dit que les religieux avaient déjà réalisé leur dessein, « pro ut potuerint », de leur mieux.

Le Château de Noirmoutier sur Tv Vendée

Ce n'est évidemment pas un édifice important en pierres, comme le château actuel de Noirmoutier, présenté parfois à tort comme la vieille forteresse des moines, que pouvaient construire les religieux d'Her, mais uniquement un ensemble de retranchements en terre et en pieux, des fossés et peut- être quelques ouvrages en bois, ainsi, du reste, que cela se pratiquait alors ; on ne connaît pas en France de donjons en pierres remontant au IXe siècle. Dans cet humble fort de l'abbé Hilbod il ne faut donc voir, bien probablement, qu'un amas de terre, une molle couronnée de travaux de défense et de protection, peut-être aussi d'une tour en bois, et entourée de douves profondes, renforcées de palissades sur une plus ou moins vaste étendue. Les douves s'emplissaient des eaux montantes de la mer, retenues par une écluse et, ainsi protégée, la Motte d'Hério semblait faite pour inspirer toute confiance à ses occupants. C'est ce que relève le moine Falcon, dans sa Chronique de Tournus, au XIe siècle.

« Le magnanime Hilbod, écrit-il, qui, comme successeur d'Arnould, onze ans après la mort de Charlemagne, avait reçu la charge d'abbé d'Hério, construisit, dans l'intention de répousser les incessantes attaques des Normands, une citadelle puissamment fortifiée (arcem ingentis fortiludinis) pour la défense de l'ile entière (ad totius insulœ munimen- tum). Il l'entoura de douves profondes, et ce fossé paraissait devoir garantir sa sécurité. Le travail achevé, il en offrit la garde à Pépin, roi d'Aquitaine. Mais le roi refusa de l'accepter en prétextant que la baisse de la marée pourrait, au moment où la défense en aurait le besoin le plus urgent, empêcher l'accès des forces royales dans l'île. Pépin laissa donc à l'abbé le soin de pourvoir lui-même à la sûrelé du camp retranché. »

De cette citadelle des moines il ne reste rien aujourd'hui dans ce qui constitue le château de Noirmoutier, — rien, en, dehors peut-être du remblai à quoi s'appuie l'escalier en pierres actuel, menant de la baille à la hauteur du premier étage. Il se pourrait qu'il y eut là, dans cette sorte de terrasse intérieure qui s'étend entre les faces septentrionale et occidentale du donjon et la courtine extérieure un vestige de la butte primitive (1). Hilbod, à la tête de ses colons et religieux, et avec l.e concours des habitants, dut, à défaut du roi et de ses hommes d'armes, en assumer seul la garde et la protection. Il n'y faillit point et, à l'abri de ses fossés, de ses talus et de ses pieux, il attendit de pied ferme et confiant dans la Providence, les envahisseurs.

Le château est reconstruit en pierre au XIIe siècle par le pouvoir féodal qui essaie de stabiliser la région notamment. L'île se retrouve alors sous la coupe des seigneurs de La Garnache. Le donjon est construit par Pierre V de La Garnache, puis une enceinte pourvue de tours est construite et entoure la basse-cour.

 

Au XIVe siècle, le château est détenu par la famille de la Trémoille, alors vicomte de Thouars.

L. TROUSSIER.

 

==> DESTINATION L'ILE D'HER - NOIRMOUTIER EN L'ILE (Histoire et Visite Virtuelle)

==> 1205 Charte de Fondation par Pierre V de Garnache, de l’abbaye Notre-Dame de la Blanche de Noirmoutier

==> Dénomination géographiques : Civitas, parochia, dioccesis, urbs, municipium, castrum, castellum, vicus, villa, burgus, bastida

 


 

 

Patrimoine, à visiter en Vendée- Carte des Châteaux

Au sortir de la guerre dite de cent ans qui a vu le Poitou se rallier au royaume de France et nombre de ses seigneurs lutter contre les Anglais, à commencer par Gilles de Rais, le Bas-Poitou, actuelle Vendée, connaît un siècle de prospérité.

 

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