Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
PHystorique- Les Portes du Temps
24 mars 2019

1715 Père Louis-Marie Grignon de Montfort – Mission Fontenay, Saint Pompain (Time Travel)

1715 Père Louis-Marie Grignon de Montfort – Mission Fontenay, Saint Pompain

Montfort avait promis d'ouvrir une mission à Fontenay-le-Comte le 25 août, fête de saint -Louis, patron du diocèse de la Rochelle.

Précédé à Fontenay par sa réputation de vertu, le saint missionnaire y fut reçu avec enthousiasme. L'église de Saint-Jean, où il prêcha, se trouva trop étroite pour contenir la foule qui se pressait autour de sa chaire. Il prit alors le parti de diviser son auditoire, en donnant successivement deux missions, la première aux femmes seules et la seconde aux hommes.

Mais un incident, survenu presque au début des exercices, faillit avoir un dénouement tragique pour l'homme de Dieu.

Un soir qu'il se rendait à l'église pour le sermon, il y trouva « un monsieur appuyé sur le bénitier, son  chapeau sur la tête, qui parlait et ricanait avec un autre ». Cet homme était M. de Ménis, le commandant de la garnison.

Montfort, qui ne le connaissait pas, le pria de sortir. Et comme celui-ci s'obstinait à rester, le missionnaire le conjura au moins de se mieux tenir et de ne pas profaner le lieu saint par ses irrévérences. A cet avertissement, le militaire, se croyant insulté, s'emporte, vomit d'affreux blasphèmes, et, portant la main à son épée, le menace de la lui passer au travers du corps. Il se jette, en même temps, comme un furieux sur le missionnaire, qui était tombé à genoux, le saisit à la gorge et le frappe brutalement avec le poing. Aussitôt toutes les femmes présentes se précipitent sur l'officier, en poussant des cris, et l'obligent à lâcher prise. Celui-ci eut beau faire appel à sa garde, il fut, à la fin, forcé de sortir de l'église.

Peu à peu le silence se rétablit dans le lieu saint. Montfort se recueillit un instant, puis commença le sermon sans plus d'émotion que s'il n'était rien arrivé d'extraordinaire. Après l'exercice, il traversa, avec la même tranquillité, le cimetière occupé par les soldats qui cernaient l'église, le sabre au clair. Ceux-ci n'osèrent le toucher; ils ouvrirent leurs rangs devant un bataillon de femmes intrépides qui, malgré lui, voulurent lui faire escorte, pour le protéger en cas de besoin.

Le commandant partit, le soir même, pour l'Hermenault, afin de porter plainte à l'évêque de la Rochelle, qui se trouvait à sa maison de campagne. L'affaire fut même déférée au tribunal; mais, comme il était facile de le prévoir, elle se termina promptement et à l'avantage du saint missionnaire.

Cette mission de Fontenay est demeurée célèbre aussi par une apparition de la sainte Vierge dont Montfort y fut favorisé ; par une guérison miraculeuse opérée par lui sur la personne d'une demoiselle Gustan, fille du trésorier de l'église Saint-Jean, qu'il délivra subitement d'une fièvre maligne; et par les soins charitables et assidus dont son zèle entoura les pauvres de la ville. Il les rassemblait, tous les jours, dans l'église de Saint- Nicolas pour les catéchiser, et leur faisait ensuite distribuer d'abondantes aumônes. Un changement extraordinaire s'opéra parmi ces déshérités de la fortune.

Envisageant leur sort d'après les lumières de la foi, ils devinrent plus résignés, plus honnêtes, plus respectueux. Par ce moyen, ils se rendirent plus favorables encore les riches que Dieu a établis ici-bas économes des pauvres et ministres de sa providence. Avec le produit d'une quête faite parmi eux ils se bâtirent même un petit oratoire sous les halles, et, chaque soir, on les voyait avec édification s'y rassembler pour y faire leurs prières en commun et réciter le chapelet.

Le soulagement des misères croissantes de la classe pauvre, et l'extirpation des vices de toutes sortes que ces misères engendrent souvent, sont aujourd'hui l'un des plus graves problèmes de la question sociale. Nos économistes en cherchent vainement la solution en dehors de la religion chrétienne et ne la trouvent pas.

Qu'ils viennent donc à l'école de Montfort, ce grand ami des pauvres. Son histoire leur apprendra, par des faits nombreux et des plus concluants, que la solution qu'ils cherchent se trouve dans la pratique du saint Évangile et des lois de l'Église, et ne se peut trouver que là.

Après quelques jours de repos dans son ermitage de la forêt de Mervent, Montfort revint à Fontenay prêcher une retraite aux religieuses de Notre-Dame.

A cette retraite se rattache un fait d'une grande importance, la vocation de M. René Mulot, qui fut, après la mort du saint fondateur, supérieur général de la Compagnie de Marie. L'abbé René Mulot, originaire de Fontenay, avait le titre de vicaire de Soullans, au diocèse de Luçon ; mais sa santé délabrée l'avait forcé de se retirer momentanément chez. son frère, curé de Saint-Pompain, du diocèse de la Rochelle. Ce frère l'envoya à Fontenay prier le saint missionnaire de venir exercer son zèle dans sa paroisse. Or Montfort était alors occupé à la retraite des religieuses de Notre- Dame, et avait encore d'autres engagements postérieurs ; il s'excusa donc de ne pouvoir répondre à l'appel qui lui était fait. Comme l'abbé insistait : Eh bien, lui dit-il, promettez-vous de venir travailler avec moi, le reste de vos jours, et de venir faire votre coup d'essai à la mission que je vais donner à Vouvant ? Si vous y consentez, je consens moi-même à aller ensuite à Saint-Pompain, et non autrement. M. Mulot répondit modestement : « Je suis paralytique, j'ai une oppression de poitrine et des maux de tête qui m'empêchent de dormir et les jours et les nuits... Que feriez-vous d'un pareil missionnaire ? — Ne craignez rien, répliqua l’homme de Dieu, vos maux s'évanouiront dès que vous commencerez à travailler au salut des- âmes. »

 

1 On conserve encore, à Fontenay, de, précieux souvenirs de la mission - du mois de septembre 1715. Il y a une trentaine d'années, un missionnaire de la Compagnie de Marie trouva dans plusieurs anciennes familles quelques-uns de ces contrats d'alliance avec Dieu, imprimés sur parchemin, que Montfort distribuait à toutes les personnes qui faisaient leur mission et qu'il signait de sa main. —.Ceux-là étaient datés du 9 septembre 1715 et signés de Montfort.

 

Chers habitants de Saint Pompain,

Levons-nous de grand matin;

Dieu nous appelle à son festin;

Cherchon la grâce !

Et ! qu'il neige et qu'il glace

Cherchons la grâce

Et l'amour divin !

M. Mulot vit un appel du Ciel dans cette invitation, et, sans hésiter un instant, il prit l'engagement de suivre Montfort.

Il le suivit, en effet, et partagea tous ses travaux jusqu'à ce que la mort vint l'enlever à son affection. Quant à sa santé, elle se remit comme par miracle dès les premiers pas qu'il fit dans la carrière apostolique, selon la promesse du serviteur de Dieu.

Ses débuts avec le saint missionnaire ne furent rien moins qu’encourageants ; car, de toutes les missions prêchées par  l’homme de Dieu, celle de Vouvant fut incontestablement la plus pénible pour son cœur d 'apôtre, à cause du peu de fruits qu'elle porta. Le démon, sans doute, fit agir tous les suppôts dont il disposait dans cette malheureuse paroisse, et l'éloquence de Montfort épuisa vainement toutes ses ressources contre les scandales, les abus criants et les vices au milieu desquels vivait la population. Il fut bafoué, persécuté, attaqué par ces coeurs égarés et endurcis qui ne purent cependant réussir à lasser sa patience et sa charité, mais qu'il ne put, de son côté, gagner à Jésus-Christ.

Après avoir fait quelques réparations à l'église, il partit pour Saint-Pompain (canton de Coulonges Deux-Sèvres). C'était en plein mois de décembre.

Là, fort heureusement, sa parole trouva plus d'écho dans les âmes. Elle y fut reçue avec foi et un grand désir d'en profiter ; aussi fructifia-t-elle au centuple. Néanmoins la masse du peuple ne s'ébranla pas d'abord sans quelque difficulté, comme le prouve le cantique intitulé le Réveille-matin de  la mission, que Montfort composa dans cette circonstance.

Entre autres consolations, le saint missionnaire eut celle de réconcilier publiquement le fermier du seigneur de Saint-Pompain, le curé et une tierce personne, divisés depuis longtemps par une haine qui semblait implacable. Toute la paroisse en fut profondément édifiée.

Il réussit encore à faire abolir une assemblée mondaine et une foire, qui se tenaient le saint jour du dimanche, à Saint-Pompain, de temps immémorial Cette foire était, la source de désordres lamentables et de la plupart des maux dont souffrait cette pauvre paroisse.

Pour guérir le mal, il fallait en supprimer la cause ; et la chose présentait des difficultés qui semblaient insurmontables. Montfort l'essaya cependant. Encore s'il n'avait eu affaire qu'aux habitants du lieu et des alentours, peut-être aurait-il pu espérer les amener à la suppression de ces abus, en ce qui les concernait ; car, par son éloquence et ses vertus admirables, il les avait conquis et les avait tous dans la main. Mais comment mettre- en déroute, sans recourir à la force armée, tous ces étrangers avides de curiosités, de plaisirs, tous ces marchands avides de gain sur lesquels il n'avait aucune influence ? Or voici ce qu'il imagina pour arriver à ses fins.

Il organisa une procession dont il se fit comme une armée et qu'il dirigea sur le champ de foire, à travers les étalages des marchands, les baraques des saltimbanques et les rondes des musiciens et des danseurs. L'entreprise était audacieuse, dira-t-on, téméraire même, en apparence ; nous en convenons ; mais le zélé missionnaire avait avec lui Celui qui chassait autrefois les vendeurs du temple et qui commandait aux flots et à la tempête. Le pieux stratagème lui réussit d'une manière surprenante.

Dès qu'on vit s'avancer cette longue procession chantante d'enfants, de vierges et de pénitents ayant pour armes le crucifix et le rosaire, et Montfort à leur tête, une sorte de panique se répandit dans tout le champ de foire ; les rassemblements se dispersaient, danseurs et danseuses s'enfuyaient, les petits marchands décampaient, comme si une armée invisible les eût poursuivis l'épée dans les reins.

La victoire fut complète, et le vaillant apôtre, qui combattait au nom de Dieu et pour Dieu, resta maître du champ de bataille. A partir de ce jour, les foires et assemblées ne se tinrent plus jamais le dimanche à Saint-Pompain.

Un tel fait paraîtra incroyable ; car il est peut-être sans précédent dans les annales de l'apostolat catholique. Mais il est confirmé par un document authentique qui ne permet pas de le révoquer en doute. C'est un cantique que Montfort composa sur un air guerrier, exprès pour cette circonstance. Le lecteur aimera, pensons-nous, à en trouver ici quelques strophes. Il est intitulé : La déroute des danses abominables et foires païennes de Saint-Pompain.

Le crucifix

A tout rompu, malgré le diable;

Le crucifix

Est triomphant sur les débris Et de la foire détestable ,

Et de la danse abominable,

Le crucifix !

 

Que l'on est fort,

Quand on met sa force en Marie !

Que l'on est fort !

En vain la force fait effort;

 

On est plus fort, quand on la prie,

Que tout l'enfer en sa furie...

Que l'on est fort !

C'est par son Nom

Que Saint-Pompain chante victoire;

C'est par son Nom

Qu'il vainc, comme fit Gédéon,

En faisant passer avec gloire La procession par la foire.

C'est par son Nom.

 

Marchez, enfants,

A la tête, petites filles !

Marchez, enfants,

Comme nos héros triomphants,

Battez des géants à dix mille,

Petit bataillon de pupilles,

Marchez, enfants.

 

Petits Davids,

Prenez vos chapelets pour fronde.

Petits Davids,

Quoique faibles, quoique petits,

Ne craignez point, bravez le monde.

Frappez le Goliath qui gronde,

Petits Davids !

 

Suivez l'Agneau,

Vierges, n'ayez point d'autre casque,

Suivez l'Agneau,

Que votre voile et votre anneau ;

Où Satan a levé le masque,

Au travers de cette bourrasque,

Suivez l'Agneau !

 

Braves soldats,

Pénitents, c'est vous que j'expose

Braves soldats,

A la force des potentats...

Que l'orgueil combatte et qu'il glose,

 Pieds nus, vous gagnerez la cause,

Braves soldats !

 

Vive Jésus !

Avec-Notre-Dame de grâce!

Vive Jésus !

Victorieux de tant d'abus,

Qui, quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse,

Se rend le maître de la place...

Vive Jésus !

Dieu seul (1).

L'intérêt de cette citation en fera pardonner la longueur, Elle n'est, du reste, qu'une page d'histoire assez peu connue et qui mérite de l'être davantage.

Nous n'avons presque rien dit encore de l'apostolat de Montfort auprès des tout petits enfants, dans le cours de ses missions. Il était loin pourtant d'oublier cette portion chérie du troupeau de Jésus-Christ. Partout où il passait, il faisait une cérémonie pour eux, à laquelle il exposait une statuette de l'enfant Jésus qu'il portait toujours avec lui.

Comme en cette année 1715 il se trouvait à passer les fêtes de Noël à Saint-Pompain, cette pieuse et attirante cérémonie eut dans cette localité un caractère particulièrement touchant. Peut-être y composa-t-il son beau cantique si connu sur le saint Enfant Jésus. Toujours est-il qu'il le fit chanter aux enfants de Saint- Pompain, comme l'indique l'une des dernières strophes ainsi conçue :

Petit troupeau de Saint-Pompain,

Dis, nuit et jour, soir et matin :

Je l'aime ! Je l'aime !

C'est mon Pasteur bénin,

C'est l'amour même.

 

1 Ce curieux cantique se trouve dans un recueil imprimé à Niort, en 1721.

 

Le passage du saint missionnaire de la paroisse de Saint-Pompain à celle de Villiers-en-Plaine, qui est limitrophe, où il devait aller ensuite, se fit avec un appareil extraordinaire. Prévoyant qu'on l'y conduirait processionnellement, il résolut de faire tourner cette pieuse démonstration à la gloire de Dieu seul, tout en donnant une bonne leçon de respect aux protestants, fort nombreux alors en cette contrée, qui faisaient colporter leurs bibles sur les foires et les marchés par de vils commis voyageurs.

Dans ce but, il organisa une procession générale jusqu'à Villiers, dans laquelle la sainte Bible était portée triomphalement sous un dais, comme le très saint Sacrement lui-même. L'apôtre- poète trouva encore sur sa lyre un cantique pour la circonstance, qu'il intitula le saint Voyage. Son discours d'ouverture de la mission de Villiers, dont le sujet fut le respect dû aux saintes Écritures, compléta le bon effet produit par cette démonstration pieuse, et ouvrit les cœurs aux opérations de la grâce divine.

L'un des faits marquants de cette mission fut la conversion d'une jeune dame frivole et mondaine, Mme d'Orion, propriétaire du château de Villiers.

Quelques jours après son retour à Dieu, Montfort crut de son devoir de lui faire une visite à son château. Il accorda à ses hôtes tout ce que la bienséance réclamait de lui en cette rencontre, puis il sortit un instant dans le jardin. Quand on vint pour l'y chercher, dit une relation, « on le vit, dans une allée, priant à genoux, les bras en croix, élevé de plus de deux pieds au-dessus de la terre. » Il fit ensuite ses adieux à Mme d'Orion, et, après lui avoir promis de prier à son intention, il ajouta : Vive Dieu, Madame..., je mourrai avant que l'année soit finie.

On était alors à la fin de janvier 1716......

 

Histoire populaire illustrée du bienheureux Louis-Marie Grignon de Montfort / par l'abbé Hte Boutin

 

==> Louis-Marie Grignion de Montfort en dates

NOËL 1715 : Louis-Marie Grignion de Montfort mission Vouvant, la cour du miracle.<==.... ....==> Sur les Pas du Père de Montfort (Saint Laurent sur Sèvre)

Le massif forestier Mervent-Vouvant, ses légendes et son histoire : la grotte Ermitage du père de Montfort <== ....

==> L’église de Saint-Pompain

Publicité
Commentaires
PHystorique- Les Portes du Temps
Publicité
Publicité