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PHystorique- Les Portes du Temps
24 mars 2019

Les monuments religieux, militaires et civils du Poitou

Les beaux-arts ont suivi les destinées des peuples, et ils ont eu, comme toutes les choses de ce monde, et leurs jours de pompes, et leurs jours d'adversités. La terre des Deux-Sèvres prit part à toutes ces vicissitudes; aussi, parmi les monuments que nous possédons encore, les uns sont debout, et les autres s'en vont où d'autres sont allés, dans les ruines et l'oubli !

Tout près de La Mothe-Saint-Héray, dans la commune de Bougon, nous avons des tumulus aux pierres amoncelées, où furent ensevelis des colliers, des vases et des haches ; car aux habitants de la Gaule il fallait, dans la mort comme dans la vie, des aliments, des parures et des armes. Les dolmens, les tumulus élevés sur le sol des Deux-Sèvres furent longtemps ignorés; que leur a-t-il donc manqué? les landes de la Bretagne, le désert peut-être, ou les flots de la mer océanique? ==> Tumulus de Bougon, Voyagez au temps des dinosaures en Nouvelle Aquitaine

Après ces œuvres gigantesques et sans art, le génie de Rome plana sur nos contrées : point de temple ni d'arène pour ce pays sauvage; seulement des routes qui le traversent, des colonnes et des chiffres pour indiquer l'espace, et des stations pour reposer sa tête. Les voies romaines, construites pour l'éternité, ne sont point effacées ; on les retrouve encore dans les lieux où les soldats, partis du Capitole, s'arrêtèrent tant de fois. Bien souvent, fatigués d'une course trop longue, ils y déposèrent pour toujours leurs casques et leurs épées, maintenant on les retrouves aux rayons du soleil, exposées par le soc de la charrue et par les hommes, qui cheminent et moissonnent à toute heure.

Les barbares passent et repassent ; tout s'en va; mais enfin le système féodal s'organise. Quelques hommes, fatigués de voir le sol qui les a vus naître ravagé par les barbares du Midi, de l'Orient et du Nord, se groupent, se réunissent, et, pour se défendre contre les incursions des farouches Normands, ils élèvent des palissades, des tours et des donjons. C'en est fait maintenant, l'impulsion est donnée, la France va commencer, et bientôt les arts, à leur retour, embelliront ces vieilles forteresses où les comtes et les barons ont fixé leurs demeures. De ces vieux châteaux le souvenir doit nous être sacré. A l'ombre de leurs tours massives le courage revint au monde, les troubadours préludèrent a leurs chants; et la France héroïque, avec ses fiers paladins, ses croyances et sa foi, fut porter sa vaillance aux luttes du désert.

Le donjon de Niort, qu'il ait été construit par Henri ou Richard d' Angleterre, appartient à ces temps où les forteresses sont imposantes, où les tours sont arrondies, où les châteaux se montrent avec orgueil, car ils ont dans leur marche rapide suivi les progrès de l'architecture religieuse. La forteresse qu'on voyait parmi nous avait une immense place d'armes, une église, des ponts-levis, et des tours où les soldats veillaient pour sa défense. ==>Niort l’ancien castellum incendié en 1104 et reconstruction du Donjon Poitevin Plantagenêt.

A la révolution, la place d'armes, inutile, encombrée, devint un jardin botanique, un riant parterre. Mais tout lasse, tout finit, tout s'efface; un jour, le jardin fut détruit, les arbres, réunis avec tant de soin, disparurent avec les ombrages, les frais gazons, les bassins délicieux.

Encore sur les bords de la Sèvre, mais plus haut, l'on trouve une autre forteresse dont l'histoire mystérieuse et voilée est presque sans passé, sans souvenir. Le château Salbard, si connu par les amis des vieux temps, est pour tous un long rêve où l'imagination volontaire et sans bornes peut errer en liberté de songe en songe; car ses voûtes qui s'écroulent, ses échos tant de fois éveillés par les oiseaux de la nuit, ses tourelles qui s'affaissent, n'ont rien appris du malheureux captif qui vint pour un moment y reposer ses douleurs et ses chaînes.

==> Le château du Coudray-Salbart et la légende de Mélusine

 

C'est à la période romane, pendant laquelle la vie circulait avec tant d'énergie, que nous devons la plupart des édifices religieux qui couvrent notre sol, du moins leur origine remonte à cette époque. C'est ainsi qu'à Champdeniers nous avons une église dont les chapiteaux sont garnis de moulures qui glissent et se cachent pour se montrer encore. C'est ainsi qu'à Parthenay l'on rencontre Notre-Dame-de-la-Coudre, où des femmes pieuses prièrent et s'inclinèrent tant de fois ; il en reste aujourd'hui des chapiteaux épars, de longues robes, des boucliers, des épées qui se plongent et détruisent ; là sont aussi des arcades, des jambes, des éperons; puis enfin dans le jardin qui l'approche, un cheval, des guerriers mutilés; Charlemagne, saint Guillaume peut-être.

Il faut distinguer ensuite Saint-Pierre d' Airvault; à la vue de ses colonnes, de ses chapiteaux, de sa vieille poussière soulevée, agitée par les pas de tant de siècles, à la vue du clocher qui tinta si souvent, l'imagination est profondément saisie, et l'âme, attentive et surprise, écoute avec un saint respect le bruit léger qui semble s'agiter le long de ses murailles; ce murmure, c'est le dernier bruit des générations passées qui venaient avec tant de recueillement s'agenouiller sur des dalles vieillies, c'est le dernier souffle de ces âmes pieuses dont la vie toute entière se livrait à la pensée de Dieu.

Il faut citer aussi Saint-Jouin-des-Marnes, car c'est dans les cloîtres bénédictins que vivaient et se formaient les maîtres-maçons, les tailleurs d'images, qui produisaient des chefs-d'œuvre, et qui, pour prix de leur gloire, voyaient leurs noms disparaître et s'effacer comme l'ombre qui passe sous les voûtes antiques, leur ouvrage et leur dernier asile.

N'oublions pas Saint-Hilaire de Melle; là, des entrelacs, des rinceaux serpentent sur ses murs, où l'on voit de délicieux oiseaux, un énorme cheval, un puissant cavalier, mais détruits : là, des chasseurs, des monstres, des marguerites, des pommes de pin, des diamants, des moulures qui se brisent autour des colonnes; là, une longue procession, des livres, des bâtons pastoraux.

Dans les environs de Melle il faut remarquer, au modeste hameau de Vérine, des restes bien précieux, mais bien tristes; des murs renversés, des chapiteaux battus par les vents, un clocher découvert, une tourelle où grimpent et s'élancent des rameaux qui voudraient la défendre; puis à lenteur, des fossés, des remparts et des tours, emblèmes de cette vieille France où s'agitaient jadis tant d'héroïsme et tant de foi. Ce sont ensuite les églises de Parthenay-le-Vieux, de Saint-Généroux, de Javarzay, qui se distinguent par leur antiquité, par des voûtes élevées, par une coupole dont l'exemple est si rare.

==> 1092 - Histoire et légendes de la Fondation de l’église de Parthenay le Vieux (Mélusine et les seigneurs de Parthenay)

Après, la main des hommes se repose; elle est lasse, elle a tant remué; elle a prodigué partout tant de force et de vie : aussi le treizième siècle, qui créa dans le nord de la France de magnifiques épopées, le treizième siècle, dont les chefs-d'œuvre ont surpassé peut-être les merveilles et de Rome et d'Athènes, nous a laissé de vagues souven irs : c'est à Parthenay, la porte Saint-Jacques, peut-être, avec ses tours elliptiques, ses mâchicoulis, ses créneaux.

Au siècle suivant, dans nos contrées tant de fois ravagées par les guerres de l'Angleterre, peu de monuments s'élèvent; durant ces tristes jours, la pensée de l'homme songeait seulement à guérir ses blessures, à réparer le toit de ses pères. Cependant on peut citer à Niort le chœur de Saint-André, ses fenêtres ogivales. Il ne faut pas oublier non plus Notre-Dame de Bressuire, dont une partie fut sans doute construite à cette époque ; il faut parler aussi de sa tour élancée, dont le clocher répéta jadis un long cri d'alarme quand Duguesclin s'approcha de ses murs.

Vers ces temps, Pierre de Frottier, pour braver en paix et le duc de Bretagne et le duc de Bourgogne, fait élever, dans les environs de Melle, le château de Melzéard. Quand Richement promit d'accepter l'épée de connétable, Frottier, proscrit et chassé, se retira dans ce formidable asile qu'il avait préparé.

Puis après sur la lisière de la Gâtine s'élève, au commencement du quinzième siècle, une curieuse forteresse. Celle-ci du moins n'est pas sombre et triste comme un donjon du douzième siècle; c'est un beau pavillon, des tours poétiques, d'élégans mâchicoulis où l'affreux badigeon ne vint jamais déposer ses couleurs; les pierres, rembrunies par la main du temps, sont splendides et pures comme les pieds de ces remparts qui se plongent et se baignent dans l'eau qui les entoure.

A Cherveux, les pas des écuyers ont retenti souvent. Plus d'une fois sans doute de galants pages y parlèrent, y rêvèrent de gentilles damoiselles, de riches fourrures, de robes de brocart; car de belles marraines avaient promis pour eux d'être fidèles à Dieu, fidèles à l'amour.

Cette époque doit nous être chère, car ce fut alors que s'éleva Notre-Dame de Niort et sa flèche admirable; ce fut alors qu'on prépara pour elle de curieuses dentelles, des festons, des bouquets.

Dans la sauvage Gâtine, au milieu de ses champs solitaires où les pas de l'homme s'impriment pour s'effacer; au milieu des landes, des ajoncs et des bruyères qui croissent et périssent ensemble, l'on érige ensuite l'une des plus curieuses compositions de l'architecture religieuse. Saint-Marc-la-Lande n'est plus une église; les voûtes sont enfoncées, les prêtres dispersés, et la voix des fidèles n'y retentit jamais; pourtant quelle délicieuse façade; partout des broderies, des festons; là, des plis et des replis qui veulent enlacer les colonnes et craignent de les quitter.

Nous touchons à une période qui, sur la terre des Deux-Sèvres, a laissé des châteaux remarquables, une élégante église. Au commencement du seizième siècle, Gabrielle de Bourbon, voulant imiter la Sainte-Chapelle de Paris, fit construire l'église du château de Thouars. Ce curieux monument renferme quatre églises qui s'élèvent les unes sur les autres.

La plus basse recevait la dépouille de ces puissants comtes qui trônaient comme des rois. La quatrième, ou chapelle ducale, est le chef-d' œuvre de cet élégant édifice, qui nous montre l'architecture ogivale dans toute sa perfection, dans toute sa grâce; la principale porte, dont le travail est achevé, conserve encore des feuilles de vigne, des raisins, de jolies statues.

Maintenant nous sommes à la renaissance, à cette admirable époque qui fut si féconde. Alors de tous côtés se construisent, sur le sol de la France, de gracieuses compositions; car les grands seigneurs dédaignent les donjons, les détruisent ou les laissent. Aussi d'Estissac, qui voulait imiter tant d'orgueil, fit construire le château de Coulonges, où l'on peut remarquer encore des sculptures charmantes, un escalier rempli d'élégance, de jolies voûtes qui commencent à fléchir et qu'on tremble de ne plus revoir. Le château de Javarzay, plus heureux que Coulonges, a conservé, dans leur intégrité, ses machicoulis, ses tourelles.

Dans les environs de Thouars se trouve ensuite Oiron, dont le magnifique château, bâti sous François Ier, rappelle toutes les splendeurs de sa somptueuse époque. Ce superbe édifice fut destiné, sous Louis XIV, à de royales amours. C'est alors que le grand roi voulut prodiguer à la terre du Poitou ses pompes et ses largesses; dans son faste et sa puissance, il semblait dire : Tout pour la fille des Rochechouart, pour la belle Athénaïs.

Alors de splendides plafonds chargés d'or et d'azur, des statues, des noms entrelacés, des tableaux, une galerie dont les fresques poétiques rappelaient en même temps les dieux de la Grèce, ses fables et ses vers.

Auprès du pompeux édifice s'élève une église élégante et parée, trop mondaine peut-être; sous ses voûtes sont des pavés tumulaires, des tombes fastueuses, de riches bas-reliefs; car c'est là qu'ils reposent, les Gouffier, les d'Oiron; car c'est là qu'il repose, le fameux Bonnivet, le célèbre amiral qui sut si bien mourir.

L'Hôtel-de-Ville de Niort, par ses tourelles et ses machicoulis, rappelle la vieille forme de ces hôtels, où délibéraient jadis des hommes tout armés. Les fenêtres semblent aujourd'hui modernes, plus de traverses, plus de croix, de vitres coloriées pour briller au soleil. A l'un des angles du monument s'élève un modeste beffroi; il est lourd, il est massif; qu'importe; c'est le vivant témoin des libertés passées.

Encore, sur les bords de la Sèvre, à la place d'un donjon féodal, un édifice construit au commencement du dix-septième siècle. Le château de La Mothe-Saint-Héray est flanqué de tourelles, entouré de fossés où viennent dormir des ondes toujours limpides : partout l'isolement, le silence et le vide ; partout des peintures qui pâlissent, des portraits mutilés, des plafonds qui murmurent seulement au bruit des voyageurs qui passent pour ne plus revenir.

C'est à Saint-Loup qu'on trouve la jolie construction du cardinal de Sourdis. Ce favori des femmes, dans son imagination brûlante, voulut imiter le palais de l'Amour; il le voulut par des peintures qui semblaient dire : Malgré ma mitre, malgré ma crosse, j'ai le droit de tout dire, j'ai le droit de tout faire.

Puis, sur la route de Saint-Maixent à Parthenay, le château de la Meilleraye s'éleva dans le sein d'une vieille forêt. Alors, c'est Hortense Mancini, la plus belle des femmes; c'est un peintre célèbre qui rêve aux gracieuses images qu'a tracées son pinceau; c'est la statue de Mazarin, fastueuse et blanche. Maintenant des murs qui s'écroulent, des serpents qui s'y glissent, des pierres qui s'amoncèlent; et le soir, de funèbres oiseaux qui viennent sur le salon des grâces jeter, à la vue des pavillons déserts, un long cri de douleur et de mort.

Le château de Mursay n'offre rien de remarquable; mais les souvenirs s'y foulent et s'y pressent. En effet, Françoise d'Aubigné, toute petite, y fut apportée par madame de Villette, et plus tard, à son retour d'Amérique, après avoir, pauvre teigneuse, mangé le pain de la misère, elle revint à l'ombre des grands arbres, des sauvages coteaux. Alors, madame de Villette est au comble de la joie; c'est Françoise qui dirige tout, qui préside à tout ; cependant, triste jeune fille, il lui fallut bientôt, pour la dernière fois, se reposer sur le pan de rochers qui lui semble si cher; assise dans la grotte creusée dans la colline qui descend sur les bords de la prairie, elle regarde son grand chêne, les flots qui roulent si paisibles; elle écoute le murmure lointain de la chaussée des Loups, regarde, écoute encore, s'éloigne et disparaît.

Maintenant nous allons visiter, sur les bords du Thouet, le château commencé, en 1635, par Marie de la Tour-d'Auvergne, épouse de Henri de la Trémouille, duc de Thouars. A la pensée de Richelieu, la fière duchesse dont l'orgueil et la jalousie étaient immenses, prodigua sans regrets les domaines de ses pères et l'amitié du peuple; il fut pressuré; toujours du travail, toujours des corvées nouvelles : aussi pour dérober le pompeux édifice à la guerre mortelle que lui livrèrent les hommes de la révolution, le district fut obligé d'y transporter le lieu de ses séances et l'orageux séjour de la liberté nouvelle.

A présent il faut arriver à la fin du dix-septième siècle, et nous arrêter à l'abbaye de Celles, où Louis XI fit bâtir une église. C'est là qu'il vint autrefois, fanatique pèlerin, s'agenouiller et prier. Après lui les hommes, qui, dans nos contrées, amoncelèrent tant de ruines, vinrent aussi, mais pour voir les voûtes s'écrouler, leur poussière voler au vent. Plus tard un célèbre architecte, un fils de l'Italie, François Le-Duc, surnommé Toscane, répara l'église qui se distingue par de vastes chapelles, des piliers élancés, des voûtes élégantes dont les nombreuses nervures, qui se coupent et se croisent, sont remplies çà et là par des guirlandes, des fleurs et des fruits.

Déjà le terme approche, encore une église, celle de Saint-Maixent et tout sera fini. Là, où elle repose, bien des pierres ont été préparées, élevées, renversées ; car la noble abbaye fut souvent exposée aux plus rudes attaques ; abandonnée, trahie par l'un de ses abbés, elle passa tour-à-tour du plus fort au plus riche. Longtemps son front voilé tomba de chûte en chûte, de douleurs en douleurs; longtemps foulée aux pieds, elle resta pantelante et détruite; mais enfin les hommes du travail et de la puissance, les religieux de la congrégation de Saint-Maur, debout sur ses débris, les ranimèrent au souffle de leur inspiration. Alors un riche crucifix, de remarquables peintures, de curieuses boiseries, un jubé solitaire où les nuages d'encens fument et tourbillonnent.

L'église de Saint-Maixent semble appartenir à des temps plus anciens; mais par ses pierres taillées avec tant de soin, par ses détails si polis, élégante et coquette, peut-être, elle semble dire : Je suis jeune, bien jeune encore; voyez ces contours, examinez ces parures, elles sont fraîches, elles sont blanches, elles sont si jolies; ne me vieillissez pas.

Tels sont les monuments qui restent dans le département des Deux-Sèvres, et dont je vais tâcher de raconter avec détail les vicissitudes de gloire et de deuil.

 

Monuments de l'Ere celtique.

Des tombes séculaires, des fragments de roches debout, alignés, suspendus ou couchés par la main des premiers peuples, tels sont les monuments que je vais d'abord examiner. On peut affirmer sans crainte qu'ils sont l'image des choses les plus antiques ; ce sont les plus anciens représentants de l'art humain; ils ont survécu à toutes les révolutions, à toutes les tempêtes; ils ont vu passer tous les siècles, tous les hommes. Quand les habitants primitifs de la Gaule voulaient rendre hommage à la mémoire des guerriers, quand ils voulaient dresser des autels pour y déposer les victimes qu'ils offraient aux dieux de leur pays, ils allaient à la roche voisine chercher des débris informes, pour les élever et les amonceler.

Ces monuments, connus par les savants , sous le nom de monuments celtiques, sont très nombreux sur la terre du Poitou; on en rencontre du côté de Loudun, dans l'arrondissement des Sables-d' Olonne, on en voit plusieurs sur la butte de Château-Larcher, il en existe à Champigny-le-Sec, arrondissement de Poitiers; et ensuite près de cette ville, chef-lieu de l'ancienne circonscription poitevine, se trouve la fameuse Pierre-Levée, dont Rabelais a popularisé l'histoire.

La partie du pays des Pictons, qui porte aujourd'hui le nom de département des Deux-Sèvres, comptait, aussi elle, un grand nombre de pierres consacrées par la religion des druides ; il y en avait au sein de ses forêts, non loin de ses rivières. Plusieurs ont péri, plusieurs sont restées; je vais successivement raconter leurs positions, leurs formes, les faits, les croyances qui s'y rattachent.

Dans la commune d'Amuré, non loin de ces lacs où s'agitent tant de roseaux, de fleurs et d'insectes aux brillantes couleurs, les Celtes ont déposé deux pierres qui sont dignes d'attention, elles attestent que les bords du marais furent habités dans les temps les plus reculés ; elles sont curieuses, elles prouvent que des cérémonies religieuses furent accomplies par les hommes à demi sauvages, dont les barques sillonnaient les grands lacs formés par les eaux de la Sèvre. La première pierre est placée à l'orient, elle s'élève très peu au-dessus du sol, elle a 65 centimètres d'épaisseur, 4 mètres de longueur et 3 mètres 90 centimètres de largeur. La seconde est presque ronde, elle a 3 mètres 90 centimètres de longueur, sur autant de largeur.

Les pierres d'Amuré ont dû venir de loin, car il n'en existe point d'autres dans cette localité qu'on puisse leur comparer; longtemps elles ont été l'objet d'un culte presque sacré, autrefois même les âmes pieuses ne se contentaient pas de leur apporter de ferventes prières, elles leur offraient encore de petites pièces de monnaie, pour rappeler à leur crédulité de merveilleuses traditions. En effet, écoutez à la veillée du soir la grand'mère qui file et qui chante au foyer domestique, elle vous dira : Les pierres qui sont là-bas au-delà du ruisseau, dans le champ solitaire, ce sont les premiers fondements de notre église, mais les maçons avaient beau travailler, chaque matin, leur ouvrage avait disparu; alors dans son découragement l'un d'eux jeta son marteau bien loin, en lui disant : Va-t-en chercher la place où nous pourrons travailler; le marteau s'arrêta sur l'emplacement de notre pauvre église, qu'il fut alors facile de bâtir et d'achever. Une autre tradition rapporte qu'autrefois on attacha tous les bœufs du village à ces blocs grossiers, mais leurs efforts furent impuissants et les pierres sont restées où on les voit encore.

Sur le chemin de Saint-Jouin à Thouars, sur une hauteur, vis-à-vis le village de Noizé, il existe deux autres pierres posées, dont l'une est beaucoup plus grosse que l'autre. La plus forte a son plan incliné vers l'orient, et de ce côté elle touche à terre, de l'autre elle s'élève sur deux ou trois supports si faibles, que l'on doit, comme je l'ai déjà dit, la regarder plutôt comme une pierre posée que comme un dolmen. Elle a 1 mètre d'épaisseur, 3 mètres 10 centimètres de largeur, et 4 mètres de longueur. La plus petite, qui n'a pas 2 mètres de largeur, sur 4 mètres de longueur, se soulève un peu du côté du sud; elle n'est point soutenue par des piliers, la partie inclinée s'enfonce dans le sol. Une autre pierre qui se trouve sur le chemin d' Oiron à Saint-Jouin n'a rien qui puisse attirer l'attention.

A peu de distance de l'Absie, en sortant du village de la Chapelle-Seguin, sur les bords de la Sèvre-Nantaise, dans une vallée où l'on rencontre à chaque pas d'énormes granits, que les gens du pays nomment Chirons, se trouve une pierre bien curieuse ; placée tout auprès de la Morelière, cette pierre est montée sur un large rocher sombre et uni, il suffit d'un homme pour donner un léger mouvement d'oscillation à cette masse puissante, qui conserve toujours son équilibre, et revient au bout de quelques secondes, dans sa solennelle immobilité. Cette pierre branlante ou berçante a 14 mètres 15 centimètres de tour, et 2 mètres 25 centimètres de hauteur.

Près de là, dans la même commune de Largeasse, l'on rencontre un autre bloc non moins remarquable par sa forme et sa grosseur ; il est situé aussi sur les bords de la Sèvre, tout près de la métairie connue sous le nom de Chevalerie. Cette pierre, qui a 20 mètres de circonférence, est haute de 4 mètres 20 centimètres ; par sa base, elle ressemble à la carêne d'un vaisseau ; elle ne s'appuie sur celle qui la supporte que par une partie étroite, angulaire : on dirait qu'elle va tomber et rouler dans le fond du vallon; cependant elle est ferme, immobile, et le sera sans doute longtemps encore.

Il existe dans cette contrée une singulière tradition, partout et çà et là dans les champs, dans les bois, sur le penchant des collines, sur le bord des ruisseaux, l'on remarque des pierres énormes. Autrefois, me dit mon guide, ces Chirons poussaient et croissaient; mais un jour quand tout s'arrêta, les uns étaient enfouis dans les entrailles de la terre, les autres en sortaient à demi, et d'autres enfin, parvenus à leur grosseur naturelle, sont étendus sur le sol. Dans la vallée de la Sèvre-Nantaise, c'est un spectacle imposant de voir tous ces géants de granit, groupés, amoncelés ; les uns sont debout, les autres renversés ; les uns se sont plongés dans les eaux du torrent, d'autres sont restés sur ses bords; les uns reposent sur la terre, d'autres sur un large plateau. Les ondes qui gémissent en passant, quelquefois les contournent, quelquefois elles ont creusé leur lit sous leurs masses pesantes.

A 8 kilomètres de là, dans la commune de la Chapelle-Saint-Laurent, l'on peut visiter un rocher très renommé connu sous le nom de Chiron de la Vierge, il a 33 ou 34 mètres de longueur sur 21 à 22 mètres de largeur.

Sur ce massif qui va toujours en s'amoindrissant du côté du nord-ouest, se trouve une petite excavation que l'on nomme le Pas de la Vierge. Du côté où le roc sauvage se montre au-dessus du sol, il y a quatre ou cinq cavités, car jadis le rocher, dit-on, s'amollit à l'approche du diable poursuivant la vierge, les griffes de son ennemi s'y enfoncèrent et il ne put point monter.

Par une matinée d'automne, froide, sombre et pluvieuse, après avoir mesuré ce rocher célèbre qui, dans sa plus forte épaisseur, a 1 mètre 25 centimètres, je regardais et rêvais à ces fortes croyances des temps passés, à ces hommes qui s'agenouillaient partout, quand tout-à-coup un vieux pâtre aux cheveux plats et longs s'approcha de moi, et me dit : Autrefois on venait en foule au Chiron de la Vierge, la ferveur était grande, il s'accomplissait toujours des miracles, aujourd'hui le zèle a cessé, aussi plus de miracles; tout çà depuis les bleus.

Les pèlerins, qui vont à Notre-Dame-de-Pitié pour y porter leurs vœux, n'oublient jamais le Pas de la Vierge, toujours ils viennent, fervents ou crédules, s'agenouiller en passant aux pieds de son rocher grisâtre, rempli pour eux de religieux souvenirs.

Après avoir de nouveau traversé un pays couvert de granits qui gisent à l'ombre des chênes, au milieu des ajoncs, des bruyères, on arrive dans le village de Hérisson ; c'est là, tout auprès d'une petite rivière murmurante et limpide, que mes regards furent frappés par une pierre branlante connue sous le nom de Merveille de Hérisson. Ce monument est composé de deux roches sombres et noires, vieilles comme le sol qui les porte; sur la première qui s'enfonce dans la terre d'un champêtre verger, s'élève la seconde dont la forme est allongée; aussi quand la main du passant lui imprime un mouvement, elle frémit, se soulève, s'abaisse et se soulève encore pour retomber ensuite dans son habituel repos. Cette pierre branlante ou berçante qui touche seulement, par son milieu, à la pierre qui la supporte, est presque ronde ; elle a 4 mètres 90 centimètres de largeur, sur 2 mètres 50 centimètres de hauteur. Sa circonférence est de 16 mètres. Un enfant, de douze ans, peut la faire mouvoir avec assez de facilité. Une tradition rapporte que ce fut un mouton qui, le premier, en fit connaître la mobilité en s'y frottant.

Vainement l'on voudrait dire que les pierres branlantes ont été disposées par la main du hasard, vainement voudrait-on dire que les révolutions, qui ont si souvent bouleversé la face du globe, ont mis à découvert deux roches, disposées d'une manière si heureuse, que l'une d'elles pouvait facilement rester en équilibre et ne jamais tomber. Cette pensée ne peut être admise; en effet, ce n'est pas une seule pierre branlante que l'on peut citer, mais plusieurs; ce n'est pas seulement au milieu de la Vendée, aux bords de ses torrents, au fond de ses vallons, que l'on peut les contempler.

On en compte plusieurs en France, en Angleterre, dans la sauvage Écosse.

Ces pierres branlantes frappèrent, en tous temps, les regards. Les sa vans des temps anciens, tous ceux qui s'occupèrent des choses merveilleuses, tous ceux qui songèrent à décrire les objets remarquables de ce monde, n'ont pas oublié d'en parler. Quelle fut la destination de ces pierres placées ainsi les unes au-dessus des autres : il est impossible de l'indiquer d'une manière positive; les renseignements nous manquent? Ce passé de tant de siècles est enseveli, pour toujours, dans la tombe où repose le dernier des druides, le dernier des bardes. Cependant quelques antiquaires ont pensé que ces masses énormes étaient, chez les Celtes, les interprètes du ciel. Les druides, pour en imposer à la foule, les consultaient quelquefois; et, dans les cas difficiles, le grand-prêtre s'empressait de les pousser, pour connaître, au nombre de leurs mouvements, la volonté des dieux.

Selon d'autres, les pierres branlantes servaient de juges. Plus d'une fois, des femmes jeunes et belles vinrent, les yeux en pleurs, frémir et trembler aux pieds de ces masses accusatrices. Celle qui était assez heureuse pour leur imprimer un léger mouvement, pouvait rentrer, la tête haute, dans la cabane de ses pères; mais si la pierre restait immobile, malheur à elle.

Maintenant je vais parler des dolmens, et commencer par celui qui se trouve placé dans la commune de Montbrun, près Thouars, et qui est connu sous le nom de Pierre-Levée d'Orhé : c'est un demi-dolmen, de 4 mètres 10 centimètres de longueur, sur 3 mètres 90 centimètres de largeur; sa table va toujours en s'inclinant vers le midi, de ce côté il repose sur le sol. Cette pierre, qui a, dans sa plus forte épaisseur, 45 centimètres, est supportée seulement par trois appuis. A côté se trouvent les débris d'un autre monument celtique; il ne représente plus qu'un amas informe de pierres qui sont les unes debout, les autres à demi couchées, en attendant qu'une destruction plus grande les fasse disparaître. Le dolmen qui existe encore, et les débris de celui qui l'avoisine, ne sont séparés que par un chemin qui traverse la plaine d'Orbé. Plus d’une fois, sans doute, les voyageurs se sont reposés sur ces sombres rochers; plus d'une fois, sans doute, ils ont raconté les frivolités de la terre à ces vieux témoins qui virent tant de choses changer et passer.

Sur le chemin de Thouars à Saint-Jouin, quand on aperçoit à gauche le parc d'Oiron, et à droite, la butte Montcoué, il faut laisser la route bordée de noyers, et s'enfoncer dans la plaine, où reposent les pierres antiques dressées jadis par la main des druides. Bientôt on découvre près de soi, un curieux dolmen qui se lève majestueux et sombre, tout près des trois autres, qui par leurs médiocres dimensions, semblent former ses satellites; il a 6 mètres 30 centimètres de longueur sur 4 mètres 30 centimètres de largeur, il est haut de 2 mètres 10 centimètres, aussi a-t-il fallu composer la table, qui le couvre, de deux grandes pierres, dont les surfaces bosselées et rudes sont garnies de petits trous. L'ouverture de ce remarquable dolmen est à l'orient, pour laisser au soleil qui se lève, la facilité de réchauffer de ses rayons la cendre des morts qui reposent peut-être sous la grotte soutenue par sept pierres d'inégale grosseur. Pour rendre l'édifice plus solide, entre les pierres qui lui servent d'appui, on en a placé de plus petites, il en est d'autres qui servent ensuite à consolider la table. Dans l'un des angles de la grotte factice, on remarque une espèce de réduit, maintenant encombré de pierres ; à l'entrée de l'édifice repose un bloc à demi couché, apporté par le bras vigoureux des Celtes, il n'aura point trouvé de place et il sera resté comme un témoignage de la munificence de ceux à qui nous devons l'un des plus beaux dolmens de nos contrées. Près de lui, l'on en voit trois autres; l'un de 3 mètres de long sur 2 de large, est soutenu par trois ou quatre petits supports ; l'autre est brisé, renversé, ses modestes débris jonchent la terre, les laboureurs se sont plu à amonceler sur ses ruines les pierres qui gênaient le soc de la charrue, qui passe et repasse aux pieds de ces vieux monuments.

Le dernier, dont les dimensions sont ordinaires, 4 mètres de longueur sur 1 mètre 60 centimètres de largeur, est soutenu par quatre piliers, et placé sur une espèce de tertre composé de cailloux amoncelés. Les quatre dolmens dont nous venons de parler, forment entre eux une espèce de carré, ils sont composés de grès et de calcaire, et viennent de la butte Montcoué, c'est elle qui a fourni il n'en faut pas douter, les pierres des édifices dont nous avons raconté la forme et les dimensions. Après avoir atteint cette hauteur, après avoir parcouru du regard les rochers qui la couvrent, après avoir contemplé un vaste horizon, on descend la colline, et l'on voit, dans une vigne, vis-à-vis un bouquet d'arbres verts, un demi dolmen soutenu par deux pierres. Ce demi-dolmen dont les dimensions sont médiocres, a plus d'une fois servi d'asile aux vendangeurs, et retenti de leurs joyeux refrains. Quand je le visitai à la fin de l'automne j'y trouvai çà et là des débris, des noix et des raisins.

Non loin de là, sur les bords du Thouet, à l'ombre de grands noyers, qui maintenant y remplacent les chênes druidiques, s'élève un très beau dolmen, cependant il est moins élevé que celui de la route de Thouars à Saint-Jouin. Supporté seulement par quatre pierres, il s'ouvre aux rayons du soleil levant; sa table, qui s'incline vers le couchant, a seulement dans sa plus forte épaisseur 70 centimètres, elle a 3 mètres 60 centimètres de longueur, sur 3 mètres 55 centimètres de largeur. Pour ce dolmen point de butte ni de hauteur, il est dans un champ, aux pieds de deux collines, et tout près d'une rivière, dont le bruit et les ondes ont servi peut-être au culte druidique.

A Limalonges, arrondissement de Melle, sur la route de cette ville à Civray, se trouve un autre monument des Celtes ; les habitants du pays le nomment Pierre-Pèse ; en effet, le poids de ce dolmen doit être énorme, car sa table a 7 mètres 30 centimètres de longueur, sur 3 mètres de largueur, l'épaisseur varie d'un mètre à 55 centimètres. La table, qui s'incline du sud-ouest vers le nord-ouest, a d'un côté 1 mètre 45 centimètres de hauteur, de l'autre, il s'élève seulement au-dessus du sol de 70 centimètres, sa forme est très curieuse, elle va toujours en s'amoindrissant ; aussi peut-on la comparer par sa forme au soufflet d'un forgeron, elle est composée de cinq couches calcaires et soutenue par quatre piliers ; il y en a eu réellement six, mais l'un d'eux est brisé et l'autre est trop petit. Sous l'administration du préfet Dupin, en 1808, M. Jozeau, le savant secrétaire de la Société d'Agriculture, a fait des fouilles sous la pierre de Limalonges ; à quelques pieds de profondeur, il a trouvé des ossements humains, entr'autres un humérus, une clavicule et plusieurs rotules. Tous ces débris étaient assez bien conservés, on remarqua surtout l'os d'une mâchoire inférieure, il était absolument intact, les dents n'avaient pas subi la plus légère altération.

Au milieu de ces ossements, on découvrit des armes et des instruments, c'est-à-dire des os d'une grande dureté, très pointus, tous de grosseur différente, puis deux casse-têtes, aux tranchans aigus, dont les Celtes aimaient à s'armer dans les jours de combats. Ces deux haches sont taillées en forme de coin, l'une est en quartz commun, l'autre plus petite est en espèce de jaspe.

Au milieu, et sur le point le plus élevé d'une vaste plaine, entre la commune de Vanzais et celle de Messé, s'élève ensuite un dolmen connu dans le pays sous le nom de Pierre-Folle, sa longueur est de 3 mètres sur 1 mètre 8 décimètres de largeur, son épaisseur n'est que de 50 centimètres.

La table, qui s'incline de l'ouest à l'est, était autrefois supportée de chaque côté par une seule pierre, et formait une grotte impénétrable. Aussi pour procéder aux fouilles qui ont été faites sous ce monument, comme sous celui de Limalonges, M. Jozeau a-t-il été obligé d'enlever quelque chose à l'intégrité du monument. Une fois l'un des supports renversé, les recherches ont été faciles, mais elles ont produit peu de choses; point de haches, point de flèches, seulement quelques débris humains, de petits os tombant en poussière, les autres avaient été dévorés par le temps, détrempés par des terres humides, car la plaine qui les renfermait dans son sein, est souvent inondée par les eaux des hivers.

 

Après les monuments dont je viens de parler, l'antiquaire doit visiter avec soin les environs de Nanteuil, de Saint-Eanne, de la Ville-Dieu, de Bougon, d' Exoudun, de Brieuil ; car tous ces lieux furent, dans les temps les plus reculés, foulés par les pas des hommes. C'est aussi dans ces contrées qu'ils prièrent et qu'ils moururent, et que l'on trouve encore aujourd'hui leurs autels et leurs tombes.

A trois kilomètres de Saint-Maixent, près du village de Nanteuil, commence la longue suite des monuments celtiques, dont l'existence resta si longtemps dans l'ombre et dans l'oubli; la première pierre que je vais décrire, a 2 mètres 10 centimètres de longueur, et 3 de largeur; d'un côté elle s'élève au-dessus du sol, de l'autre elle disparaît sous terre aux pieds d'un buisson qui l'ombrage de ses rameaux. Ce monument est placé sur un tertre peu élevé, à quelques pas de la nouvelle grande route.

Tout près de là, sur les bords d'un chemin vicinal, l'on rencontre un demi-dolmen qui a 3 mètres 70 centimètres de longueur sur 2 mètres 15 centimètres de largeur. Sa plate-forme, qui s'incline vers l'est, pour s'enfoncer en terre, repose sur un épais coussin qui, du côté du nord-ouest, se soulève d'environ 50 centimètres. En laissant Nanteuil à droite, et en parcourant la plaine de la Croisanière, on arrive à un dolmen incliné, dont les dimensions sont assez remarquables ; la table est soutenue par un très petit coussin; elle, aussi, s'élève vers le nord-ouest.

Ce monument est placé sur un tertre qui forme un mamelon, d'où l'on plonge dans la vallée de la Sèvre, dont les prairies sont si fraîches et si belles ; on voit également près de soi la riche abbaye de Saint-Maixent, au sein de laquelle vécurent autrefois les religieux de la congrégation de Saint-Maur. Debout, sur la pierre de Nanteuil, on peut donc rêver en même temps au culte des druides et aux pieux cénobites dont l'influence, jadis, a remplacé la leur. Sur la surface de ce bloc imposant, se trouve un petit enfoncement où les druides versèrent peut-être bien des fois, du lait, de la bière, ou du cidre, pour les bons génies, qui la nuit, venaient se désaltérer à ces breuvages sacrés.

A une petite distance, on rencontre une pierre posée, de calcaire siliceux, qui n'offre rien d'intéressant; après elle, tout près de l'une des grandes vallées qui creuse si profondément le pays, non loin du chemin qui conduit de Saint-Maixent à la Mothe, les habitants primitifs de la contrée ont placé, il y a bien des siècles, une pierre excessivement curieuse, pour elle point de piliers; mais à son centre s'élève un espèce de mamelon formé par une rainure évidemment tracée par la main des hommes ; cette rigole qui a été faite d'une façon bien irrégulière (sa largeur varie de 25 à 40 centimètres), communique à un petit déversoir qui penche au midi comme le monument. Cette pierre ayant une forme arrondie, malgré une échancrure en forme d'angle qui la traverse d'un côté, doit être considérée comme un symbole; c'est là qu'on offrit, peut-être, en l'honneur de la lune, des libations et des victimes, dont le sang coula par la rigole que je viens d'indiquer. A côté de cette pierre mystique se trouve une petite construction qu'il est bon de signaler : c'est un mur en pierres sèches et d'appareil en feuilles de fougère; cette manière de construire, après avoir disparu dans les monuments depuis tant de siècles, se rencontre fréquemment dans les modestes murailles qui, de Saint-Maixent à la Mothe-Saint-Héray, entourent de rians enclos.

Ensuite, avant d'arriver à Saint-Eanne, il faut visiter un demi-dolmen, en calcaire siliceux, qui s'incline au sud, et s'appuie sur une seule pierre couchée à plat. Ce monument, qui touche presque à terre, n'a rien pour fixer l'attention; aussi, peut-on le laisser assez vite, pour traverser de profondes vallées, d'où viennent, il n'en faut pas douter, les pierres consacrées par la piété des Celtes. Tout près de là, vis-à-vis Saint-Eanne, on rencontre une pierre posée, dont la surface est couverte de rocailles.

Cette pierre, sans support, sans appui, a été placée là pour perpétuer, sans doute, un grand souvenir, pour rappeler, peut-être, un traité de paix, un combat célèbre. Ainsi, comme on le voit, bien des faits se sont accomplis dans cette contrée; c'était le pays favori d'une grande peuplade, puisqu'on y rencontre des monuments de tous les genres, des pierres symboliques, des tombeaux, des autels.

Autrefois, vis-à-vis Saint-Eanne, il y avait un bloc horizontal de calcaire siliceux; sa forme était triangulaire; son angle le plus aigu s'inclinait vers le sud; on l'appelait Pierre - Kerelle. Enviée par un fermier avide, elle a été, il n'y a pas longtemps, profanée, enlevée; mais sa masse s'est trouvée si pesante, qu'il a fallu la laisser sur la route, dans le fond d'un fossé. Maintenant, loin de la terre qui la soutint si longtemps, elle y reste cachée par les feuilles si vertes, par les fleurs si blanches de l'aubépine. Aujourd'hui que la Pierre-Kerelle a perdu sa place, tout est fini pour sa renommée; cependant elle avait quelque importance, puisqu'elle indiquait un lieu qui fut longtemps sacré.

Sur les hauteurs de la Ville-Dieu-de-Comblé, dans un champ qui domine la vallée, apparaît un dolmen, dont la plate-forme majestueuse et sombre s'élève de plus d'un mètre au-dessus du sol. Elle a 5 mètres de longueur, 2 mètres 40 centimètres de largeur, et 70 centimètres dans sa plus forte épaisseur; elle est soutenue par cinq pierres; les autres supports ne lui touchent plus. Le dolmen de la Ville-Dieu est un monument du plus haut intérêt; par sa position, par sa forme, par sa masse, on peut le considérer comme la métropole du pays, comme l'autel où les druides ont accompli les cérémonies les plus imposantes, comme le piédestal d'où le grand-prêtre pouvait dominer la foule environnante et lui faire connaître sa volonté puissante. Ce monument a de belles proportions; puis, pour ajouter à sa grandeur, on y arrive par une avenue de pierres verticales qui lui servent de porche, ou, si l'on veut, de pérystile. Ce temple est bien grossier, bien informe; mais il est consacré par le souvenir de nos premiers pères, consacré par tous les siècles qui ont passé sur sa face mousseuse.

Ensuite, sur la route de la Ville-Dieu à Soudan, l'on doit visiter un autre monument qui, fatigué par la main des hommes ou par celle du temps, repose sur ses débris. Quelques-uns de ses soutiens sont debout, les autres sont renversés et gisent sous la pierre supérieure qui semble les écraser de son poids énorme. Ce dolmen, connu sous le nom de Pierre-Chèvre, est dans une vigne et sur un petit tertre : il a 4 mètres de longueur sur 2 mètres 60 centimètres de largeur. Ces monuments ont été pris tout près de là, dans des escarpements de roches, sur les bords de la rivière. La Pierre-Levée et la Pierre-Chèvre ne sont pas les seuls monuments celtiques de la contrée : le bois de la Ville-Dieu en renferme qui sont vraiment dignes d'attention.

D'abord, c'est un bloc assez vaste qui, d'un côté, s'appuie sur la terre, et de l'autre s'élève sur deux petits supports; puis c'est une autre pierre qui repose près d'elle, et pour ainsi dire à ses pieds. La première, porte l'empreinte évidente du travail des hommes; elle a, du côté du levant, une échancrure en forme de fer à cheval. Pour arriver aux deux pierres que je viens d'indiquer, il y avait une petite allée tournante formée par des pierres debout. Ainsi, par les monuments de la Ville-Dieu, par le dolmen qui s'élève sur les bords du Thoué, et par l'un de ceux que l'on rencontre sur la route de Saint-Jouin à Thouars, tout près de la butte Montcoué, il est facile de voir que l'existence des voies sacrées est incontestable.

Si les avenues, qui conduisaient aux autels druidiques, n'existent presque nulle part, c'est qu'elles étaient formées par des pierres d'une médiocre dimension. La culture les a renversées, détruites presque partout; cependant les dolmens qui se sont trouvés dans des lieux incultes et dans les bois, ont pu les conserver d'une manière assez complète. Le dolmen de la Ville-Dieu, placé tout près d'un long tumulus qui forme, à l'ombre des chênes, une espèce de carré assez peu élevé, mais long, était, sans doute, un autel funèbre ; ses lignes ont été brisées par des fouilles qui ont fourni beaucoup de belles pierres. Les Gaulois rendaient, il n'en faut pas douter, de grands honneurs aux morts, puisqu'on trouve presque toujours des autels et des menhirs auprès de leurs monuments funéraires; ils les élevaient pour indiquer aux passants que là reposaient des cendres regrettées; ils les élevaient pour venir eux-mêmes y faire des cérémonies et des libations.

Maintenant il faut parler de Bougon, de cette mine féconde qui renferme les monuments les plus remarquables. A l'extrémité de l'une des tombelles dont je vais bientôt parler, se trouve un beau monument composé de trois pierres debout et d'une pierre horizontale. Ce dolmen fut un autel en même temps qu'un tombeau; jadis, on y a fait des fouilles, et les antiquaires des temps passés ont trouvé, dit-on, un vase, des charbons et des cendres. Après avoir laissé, pour un moment, les tumulus de Bougon, il faut traverser le village et donner quelques regards à une pauvre chapelle dont les voûtes sont enfoncées, mais dont la porte romane se distingue par des moulures brisées, des billettes, des étoiles et des pommes de pin. Le petit clocher est tout-à-fait pittoresque. Non loin de lui, tout près d'un moulin à vent, l'on rencontre deux dolmens : l'un d'eux est encombré de pierres; il y en a dessus, dessous et à l'entrée, sa table est brisée; l'un des fragments repose à terre.

A quelques pas de là, dans un épais buisson, il reste à visiter un autre dolmen qui semble vouloir se dérober aux regards : depuis quelques années il avait presque entièrement disparu sous les épines et les rocailles; pour le découvrir, il a fallu consulter de vieilles traditions. Un peu plus loin, dans une plaine assez vaste, mais toujours dans la commune de Bougon, les Gaulois ont érigé, jadis, un autel composé d'une pierre horizontale, soutenue par trois piliers verticaux qui pénètrent profondément dans le sol. Il y a quelques années, on a fait sous cette pierre antique, dont l'ouverture est à l'est ainsi que l'inclinaison, des fouilles qui n'ont rien produit. Cependant elles ont fait connaître que les supports pouvaient s'enfoncer en terre d'environ 1 mètre 30 centimètres. Après avoir porté des regards d'intérêt sur cet élégant dolmen, il faut entrer dans des vignes, où repose une pierre problématique. Fut-elle placée là par la main des Celtes?

J'en doute; il est plus croyable qu'elle est l'œuvre du hasard et du temps.

Quand on arrive à Exoudun par la plaine, en venant de Bougon, on rencontre, à gauche, à l'entrée du village, un monument en ruine; la pierre qui le recouvrait a perdu ses supports; elle semble avoir glissé, car elle gît aux pieds de l'un de ses appuis restés debout. Le dolmen d'Exoudun a 4 mètres 40 centimètres de long sur 4 mètres de large.

Malgré la longue énumération que je viens de faire, la série des monuments celtiques n'est pas encore épuisée : pour la terminer, il faut citer la pierre d'Avon et le demi-dolmen situé dans une plaine, un peu au-delà de Brieuil, dans les environs d'un moulin à vent, et tout près du chemin qui conduit à Chenay. Ce dolmen incliné, dont la longueur est de 2 mètres 80 centimètres, se soulève, au midi, de 80 centimètres, et se compose de trois pierres verticales et d'une autre qui s'appuie sur elles.

D'après les renseignements fournis par les auteurs de l'antiquité, le demi-dolmen de Brieuil fut, sans doute, arrosé par des flots de sang; c'est du haut des autels inclinés que les Gaulois frappaient leurs victimes.

Quelle fut la destination des monuments celtiques que nous venons d'examiner, leur usage le plus spécial? D'après les recherches de plusieurs antiquaires, quelques-uns ont reçu la dépouille mortelle d'illustres guerriers ; presque tous ont servi d'autels, et le sang des victimes les inonda souvent. Des fouilles ont été faites sous les dolmens; qu'ont-elles produit en France, en Angleterre? Quelquefois rien; mais quelquefois aussi des haches de silex, des flèches et des ossements humains. D'ailleurs, les motifs et les circonstances qui firent élever les monuments de ce genre, durent souvent changer, comme semblent le prouver les formes différentes que l'on observe dans leurs constructions. En effet, en examinant de nouveau, par la pensée, les monuments que l'on peut visiter de Saint-Maixent à Brieuil, on verra qu'ils se distinguent tous par quelque différence. La table des uns est horizontale, celle des autres est inclinée ; sur la surface de l'un on voit un cercle, une rigole; sur la surface de l'autre les inégalités causées par le temps ; l'un est supporté par plusieurs piliers, l'autre repose sur la terre.

Tout prouve que ces diverses pierres furent érigées pour des causes différentes, et virent s'accomplir des cérémonies qui durent souvent varier et changer. Ce qu'il y a de certain, c'est que les dolmens servaient, dans la Gaule, à l'accomplissement des cérémonies sacrées. C'est sur leurs tables agrestes que les druides consultaient les victimes qu'ils venaient d'immoler; c'est de là qu'ils parlaient au peuple pour le frapper et l'émouvoir. Presque tous ces monuments que nous voyons aujourd'hui en plein air, aux rayons du soleil, étaient autrefois placés à l'ombre des chênes, dans l'immense forêt qui portait le nom de Vauclair : c'est là qu'ils entendirent la grande voix des cérémonies religieuses; c'est là qu'ils virent de nombreuses assemblées; maintenant ils sont seuls.

L'érection de plusieurs dolmens remonte aux temps les plus éloignés; car les premiers autels, élevés à la divinité, furent presque partout des pierres sans travail et sans art. Il est dit dans l'Exode : « Si vous élevez un autel, « vous ne le bâtirez point de pierres taillées, ou, si vous employez le ciseau, « il sera souillé. » 1500 ans avant Jésus-Christ, Moïse recommandait aux Hébreux : « Lorsque vous passerez le Jourdain, vous érigerez de grandes « pierres, vous les élèverez sur le mont Hebel et vous les enduirez de chaux; « vous dresserez là au Seigneur, votre Dieu, un autel de pierres que le fer « n'ait point touchées; qu'elles soient brutes et non polies; et vous offrirez « des victimes à Dieu. » Cette loi fut religieusement suivie par Josué : il chercha des rocs informes qu'il dressa sans les tailler. Les faits que nous venons de rappeler attestent, de la manière la plus authentique, que les peuples anciens dédaignaient les pierres façonnées; il fallait un rocher sauvage pour obtenir leur préférence et leur choix.

Longtemps les pierres grossières obtinrent aussi, parmi les Grecs, un culte sacré : au temps même des Colonis, des Phydias, au temps où les dieux de la Grèce étaient représentés par des chefs-d'œuvre, les hommes de la campagne, toujours plus crédules, portaient leurs prières et leurs hommages à des blocs informes.

Aussi, quand le Christianisme vint inspirer au monde des croyances plus pures, la religion des pierres fut un obstacle immense ; toujours les hommes voulaient, par habitude, retourner à elles pour les couvrir d'huile, pour les couronner de fleurs. Devenus chrétiens, ils y portaient des cierges pour continuer leurs vieilles croyances. Aussi, les prélats, assemblés en concile, s'en occupèrent souvent; en 452, ce fut, à la deuxième réunion d'Arles, l'objet de graves inquiétudes et d'un décret.

Deux siècles après la lutte était grande encore : les peuples tenaient à leurs anciens souvenirs, et ils se rendaient, comme leurs pères, à des blocs séculaires pour leur porter leurs vœux et leurs offrandes.

Le deuxième canon du concile de Nantes, tenu en 658, prouve surtout, d'une manière évidente, que les habitants de nos contrées ne pouvaient renoncer aux habitudes qui leur avaient été longtemps si chères. Il y est dit : « Les ministres et les évêques doivent employer tous leurs soins « à faire extirper et consumer par le feu ces arbres consacrés au démon, à « qui le peuple rend des hommages superstitieux, et pour lesquels il a « tant de vénération, qu'il n'oserait en couper une branche ou un seul « rejeton. Il y a aussi, dans des lieux abandonnés et couverts, certaines « pierres à qui le menu peuple, trompé par les mauvais esprits, rend ses « adorations, apporte ses vœux et ses présents : il faut les enlever toutes, « jusqu'à leurs bases qui sont enfoncées en terre, et les jeter dans des « endroits où les adorateurs ne puissent plus jamais les retrouver. »

Deux capitulaires de Charlemagne, l'un de 789 et l'autre de 794, défendent également aux peuples d'adorer les arbres et les pierres. Dans l'un d'eux il est dit : « A l'égard des arbres, des pierres et des fontaines, où quelques « insensés vont allumer des flambeaux et pratiquer d'autres superstitions, « nous ordonnons que cet abus si criminel et si exécrable aux yeux de « Dieu, soit aboli et détruit partout où il se trouvera établi. »

Néanmoins ce culte s'est conservé jusqu'à nos jours, malgré l'influence des siècles, malgré les lumières réunies par des luttes diverses; en effet, comme je l'ai déjà dit, chaque année de nombreux pèlerins vont s'agenouiller au rocher connu sous le nom de Pas-de-la- Vierge. A la révolution, les vieilles femmes d'Amuré portaient leurs offrandes aux deux pierres qu'on y voit. Les cérémonies druidiques se sont également continuées longtemps dans les environs de Saint-Maixent. Au seizième siècle, les habitants de cette petite ville pratiquaient encore les plus antiques cérémonies : c'est ainsi que, la veille du mois de janvier 1579, « il y eut, dit Guillaume « Leriche, grande congratulation au peuple plus qu'au dernier, au guy « l'an neuf, pour un peu de pain qu'il y avait. » L'année suivante, on se lassa, sans doute, des abus commis au nom des cérémonies de la Gaule; il fut défendu de chanter et d'aller aux portes demander des étrennes, en criant: Au guy l'an neuf Le 1er janvier 1583, dit encore Leriche dans ses mémoires restés manuscrits : « D'après la défense de courir, la nuit, « pour aller demander l'au guy l'an neuf, il n'y a eu ni querelles ni « noises parmi les enfants de cette ville. »

Le culte des fontaines, ce vieux souvenir de la Gaule, exista, aussi lui, pendant plusieurs siècles, ou plutôt il existe encore, comme on peut s'en convaincre en songeant aux pèlerinages qui s'accomplissent, chaque année, dans l'Ile de Magné, à la chapelle de Sainte-Macrine, près Niort. La religion des druides s'est conservée parmi nous avec une facilité d'autant plus grande, qu'elle y avait un grand nombre de monuments. Indépendamment de ceux que nous avons passés en revue, il en existait plusieurs autres dans le département des Deux-Sèvres, comme l'indiquent, d'une manière évidente, les noms de plusieurs localités. Parmi les dénominations qui rappellent les plus anciennes constructions, on peut citer celles de Pierre-Fitte, de Pierre- Mauvaise et de Pierre- Levée. Il est certain que les Gaulois avaient érigé quelque monument dans ce dernier endroit, puisqu'on y a rencontré assez souvent des haches de silex. Il y avait également quelques pierres sacrées dans les environs d'Ardin; car on a trouvé, dans cette localité, douze ou quinze haches : elles étaient en bronze, par conséquent beaucoup moins anciennes que celles en caillou.

Maintenant je reviens à Soudan, pour visiter un cimetière gaulois, nommé Carneillou par les antiquaires; il était formé par des pierres brutes, posées sur la surface du sol. Le champ funéraire de Soudan n'existe plus; les pierres ont été presque toutes détruites ; cependant le souvenir en restera longtemps encore, car ce lieu conserve une désignation qui rappelle un peu sa première destination; il est connu, dans le pays, sous le nom de Cimetière du Diable. Les monuments de ce genre sont loin de remonter à une époque aussi éloignée que les buttes de terre factices connues sous le nom de tumulus : ils ont immédiatement précédé les tombeaux de l'époque gallo-romaine; c'est pourquoi l'on a trouvé quelquefois sous ces blocs des objets très précieux. ……...

 

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