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PHystorique- Les Portes du Temps
27 avril 2019

Mortagne sur Sèvre fut un des premiers camps retranchés établis par César

Mortagne-sur-Sèvre - Octave de Rochebrune 1874

Mortagne-sur-Sèvre est situé sur la sèvre nantaise au nord-est du département de la Vendée, dans le « Haut-Bocage » vendéen et proche de « la Gâtine » aux limites des Deux-Sèvres,  à 56 kilomètres de la Roche-sur-Yon, sur l'extrême limite du département, à proximité de Maine-et-Loire et des Deux-Sèvres et à 7 km de Cholet, à 15 km du Puy du Fou aux Herbiers, ainsi que de Tiffauges, et 18 km de Mauléon.

Cette petite ville, est bâtie sur un coteau accidenté, dont le penchant méridional domine la rive droite de la Sèvre nantaise.

 La route nationale de Poitiers à Nantes y croise celle de Saumur aux Sables, qui traverse la Sèvre au pied du coteau, dans un vallon charmant de fraîcheur et de beauté pittoresque.

De même que la ville de Mortagne touche aujourd'hui à trois départements, elle se trouvait autrefois sur les confins de trois provinces : le Poitou, dont elle était une des places frontières, l'Anjou et la Bretagne.

Elle fit partie de cette bande de territoire désigné sous le nom de Marches Teyphaliennes, marches communes du Poitou, qui servait de séparation à ces provinces, aussi divisées jadis et plus impénétrables entr'elles que ne le sont aujourd'hui les divers peuples de l'Europe occidentale.

Ces marches avaient leurs usages spéciaux, leurs privilèges particuliers, qui venaient compliquer encore l'échiquier inextricable de la France (2).

Les guerres civiles ayant détruit les archives de son château, de son couvent, de ses paroisses, de sa municipalité, il est difficile de reconstruire avec détail l'histoire d'un passé qui fut souvent obscur et sans intérêt.

Mais les vestiges imposants de ses murailles témoignent encore du rôle qu'elle a joué à une époque où l'importance des villes dépendait avant tout de leur force défensive (3).

Bien avant que l'insurrection de 1793 lui donnât une célébrité chèrement payée, son nom avait été rattaché, en diverses circonstances, à l'histoire générale du pays. — Elle a eu l'honneur, en un jour de bataille, de recevoir la visite de deux héros républicains, Kléber et Marceau; plus de deux siècles auparavant, au milieu d'autres guerres civiles où le Poitou était encore à l'avant-garde de la révolte, elle avait vu dans ses murs celui qui devint ensuite le plus populaire des rois de France, sous le nom d'Henri IV.

C'est assez pour donner quelque intérêt même à une simple notice, sans qu'il soit besoin de recourir à la fable ou aux hypothèses. Est-ce la beauté exceptionnelle du paysage qui a mis en train les imaginations, nous ne voudrions pas l'affirmer; mais toujours est-il que le premier devoir qui s'impose, c'est de déblayer notre terrain de certaines affirmations, plus conformes à l'amour-propre local qu'à la vérité historique.

Mortagne ne fut pas la Ségora des Romains, non plus que Bressuire, du reste, non plus aussi que Sigournais, qui lui disputaient ce titre de noblesse. Il paraît bien prouvé que Ségora, la station romaine, entre Poitiers et Nantes, est aujourd'hui une ferme du Fief-Sauvain, en Maine-et-Loire, où la charrue se promène indifférente, sans souci de savoir si la terre qu'elle soulève est un humus gallo-romain.

 

 Mortagne (Mauritania) ne doit pas son nom à une colonie de Maures, qui serait venue s'y implanter comme autrefois les Teyphales à Tiffauges, ou tout au moins on n'en connaît pas la preuve historique.

Ces Maures auraient été des échappés de la bataille de Poitiers, qui mit un terme à l'invasion musulmane du VIIIe siècle. L'explication est ingénieuse, mais il faudrait qu'elle s'appliquât également aux autres localités de même nom situées dans des contrées où jamais ne pénétrèrent les Sarrasins.

Faut-il rappeler la légende inventée de toutes pièces, ou tout au moins fortement embellie par Isidore Massé, d’une jeune fille nommée Agnès, venant mourir à Mortagne, au désespoir d'un jeune et beau proconsul ? (4). M. Massé, anticipant sur le moyen âge, a voulu évidemment doter Mortagne d'un autre Abélard et d'une autre Héloïse, mais nous ne ferons pas à Clisson cette concurrence déloyale.

 A quoi bon, du reste ? De telles fantaisies romanesques ou classiques ajoutent-elles grand chose à l'impression que nous fait un agréable paysage, à la beauté d'une nature dont le charme consiste précisément à donner l'idée d'une vie intense, toujours jeune, toujours nouvelle ?

Si vraiment quelques touristes ont besoin, pour admirer des sites aussi gracieux et aussi gais que les bords de la Sèvre, de les peupler de fantômes et d'évoquer le passé, où trouveront-ils évocations plus saisissantes que ces ruines féodales, spectres toujours debout, fantômes drapés dans leur linceul de lierre ?

Il faut encore enlever à Mortagne le titre de principauté, dont on l'a trop généreusement gratifié.

Ce fut d’abord une châtellenie, érigée depuis en baronnie.

Elle dépendait du duché de Thouars, et, si les ducs de Thouars ont été à une certaine époque qualifiés de princes de Mortagne, c'est que Mortagne-sur-Gironde avait été acquise par eux, en raison du mariage de Charles de la Trémoille avec Louise de Coëtivy (1501).

M. le baron de Wismes, M. Massé, etc., racontent qu'un des premiers seigneurs connus de Mortagne-sur-Sèvre fut Robert, frère de Guillaume le Conquérant, et qu'il y bâtit une église (1082).

 Il y a eu encore confusion et cette fois au détriment de Mortagne dans l'Orne. Enfin, dans l'espoir d'en finir avec la fable, nous ne rééditerons pas les assertions fort peu authentiques du Fragmentum chronicorum comitum Pictavice ducumque Aquitaniœ, qui paraît avoir été inspiré par le désir d'amplifier certaines généalogies.

 

Arrivons à l'histoire réelle.

Sur les ruines d’un temple est bâtie l'église de Mortagne S Petri de Mauritania

La première église est édifiée au Moyen-âge, bien avant le 11ème siècle. Peu d’éléments subsistent de cette période.

Pierre Ier de Mortagne entreprend une grande rénovation de l’église vers 1050.

C’est à partir de cette date que l’aspect actuel de l’église voit le jour et que l’édifice obtient un rôle important dans la petite cité de Mortagne.

L’église Saint-Pierre est le principal édifice qui témoigne de l’histoire médiévale de la commune. Située dans le centre historique, l’église domine le paysage de la ville.  

On voit encore, sur la principale porte d'entrée, un tigre et une lionne dont la sculpture grossière remonte aux premiers âges. Ces deux pierres sont restées seules à peu près de l'édifice élevé en l'honneur du paganisme. Cependant, dans l'intérieur du monument, on remarque aux chapiteaux des colonnes, des feuilles de pampre dont on comprend facilement l'origine.

Classée Monument Historique en 1906, elle est un symbole de la ville et un élément remarquable du patrimoine régional.

 

Les seigneurs de Mortagne

Pierre Chotard, seigneur de Mortagne (1040 - 1104) et Avoise (1050-)

En 1110 une contestation, élevée entre l'abbaye de Marmoutier et les chanoines de Mauléon (5) pour la possession d’une chapelle située à Mallièvre, fut réglée par Pierre II, évêque de Poitiers.

Or, cette chapelle dépendait du seigneur de Treize-Vents, fils d'Anstrouis de Mortagne (6).

Le fait en lui-même est sans importance; mais c'est pour la première fois que le nom d'un seigneur de Mortagne est rapporté d'une manière authentique.

Vers la même époque, Guillaume Jhotard, seigneur de Mortagne, fait don au monastère de Saint-Cyprien de Poitiers de plusieurs droits et terres dans la paroisse de Saint-Laurent. De tels souvenirs avaient chance d'être conservés soigneusement dans les archives des couvents tout au moins comme titres de propriétés, et ils ont en effet survécu.

 

Vers 1200, Anterius seigneur de Mortagne, avait donné aux Hospitaliers de Saint Jean Hugues de Ceres. Aimery, fils d’Anterius, donne en échange de Rainaud, fils de Hugues, un courtil et une aire.

 

 

Eustache d'Argenton dite de Chemillé, De de Chemillé et de Mortagne, est quelquefois appelée Eustache de Mortagne dans certaines chartes.

Cette dame fut mariée 3 fois :

-           1° vers 1199, à Guillaume Vte. d'Aunay, qui confirma en 1201 une donation de 50 sols de rente faite à Fontevrault par feu Pierre de Chemillé. (Marchegay, 4,529.) Il mourut sans postérité vers 1202.

-          En 2e noces Eustache épousa, vers 1203, Guy de Thouars, Comte de Bretagne, veuf de Constance de Bretagne, dont elle eut des enfants qui ont formé la 4° maison de Chemillé.

-          Enfin vers 1215 Eustache épousa Renaud de Maulevrier, Chev. Ils vivaient encore en 1234 et firent don ensemble au prieuré de Chemillé. Cet acte portait leurs sceaux, l'un avec l'écu de Maulevrier : « de au chef de » et au revers un lévrier passant; l'autre portant d'un côté un écu chargé de 3 boucliers ? et en exergue les mots………. Chemillé, de l'autre le blason d'Argenton et autour. Mauritanie. (Lat. 54412, 528.)

Les inscriptions sont en partie brisées ; mais une circonstance remarquable, c'est que le blason d'Argenton porte le mot Mortagne, et l'autre blason (aux 3 boucliers) le mot Chemillé, ce qui pourrait faire croire que ce dernier était le blason soit des Candé, soit des anciens Chemillé.

 

 1216 ; Eustachie, dame de Chemillé et de Mortagne (7), donne aux Templiers Pierre Couteneau en échange d’un four à Mallièvre.

 

C'est ainsi que nous savons encore qu'en 1244, Eustache, dame du lieu, et Renaud ou Raynaud de Maulévrier, son mari, ont fait don au prieuré de Mortagne de quelques terres (8).

Les mêmes seigneurs, s'il faut en croire un mémoire des religieux daté de 1738, auraient en 1247 confirmé de nouveau, en faveur du prieur de Saint-Pierre de Mortagne et de ses successeurs, tous les dons et legs faits par les précédents seigneurs (9).

Toujours d'après ce même mémoire (un peu suspect, il est vrai, puisque c'est une plaidoirie), Guy de Chemillé, seigneur de Mortagne, donna, en 1273, au prieur et au prieuré de Saint-Pierre de Mortagne existant dès lors de temps immémorial (ab antiquo), une somme de dix livres de rente, pour acquitter un service dans la chapelle nouvellement construite de Saint-Léger. Il fit cette fondation pour trois religieux, qui s'ajoutèrent aux cinq autres desservant ledit prieuré.

 

 

Parmi les grands seigneurs, qui à leurs autres titres ont joint celui de Mortagne, il faut citer Guy de Thouars, comte de Bretagne, seigneur de Chemillé et de Mortagne.

 

Après la mort d'Arthur de Bretagne, fils de Jeoffroy, assassiné par son oncle Jean-sans-Terre, Guy de Thouars gouverna la Bretagne jusqu'au mariage de sa fille Alix avec Pierre de Dreux, qui commença (1213) la dynastie capétienne de Bretagne.

 Guy de Thouars fut un utile allié pour le roi de France Philippe-Auguste, alors que celui-ci réparait vaillamment les fautes de son père.

Depuis que Louis VII avait répudié Eléonore d'Aquitaine et laissé cette héritière du Poitou et de la Guyenne porter sa riche dot au roi d'Angleterre, déjà maître de la Normandie et de l'Anjou, la situation du roi de France était devenue singulièrement précaire.

 

Philippe-Auguste trouva heureusement en Jean-sans-Terre un adversaire méprisable et sans courage.  Sous le prétexte de venger la mort d'Arthur, il enleva aux Anglais l'Anjou, la Touraine et le Poitou (1202-1204).

 

Guy de Thouars, seigneur de Chemillé et de Mortagne, assiégea le Mont Saint-Michel, et, par un exploit à peine croyable, le prit d'assaut ; il s'empara aussi d'Avranches et rejoignit à Caen l'armée de Philippe-Auguste (1204).

Il n'est pas probable que Mortagne ait été propriété anglaise effective au XIIe siècle, et qu'il ait suivi le sort commun du Poitou, par suite du mariage d'Eléonore.

Nous venons de voir qu'il était à cette époque aux mains de la famille de Thouars. Or, les vicomtes de Thouars s'étaient rendus indépendants, ils comptaient parmi les principaux vassaux du royaume et ménageaient tour à tour l'Angleterre et la France.

Au reste, le droit du moyen-âge autorisant les femmes à hériter des fiefs, à les apporter en dot de maison en maison, était cause d'une bien grande instabilité dans la propriété féodale, et il ne faut pas s'étonner de voir changer souvent le nom des familles qui ont possédé Mortagne.

 C'est ainsi que nous y trouvons comme seigneur, en 1267, Pierre Guy de Chemillé.

Il fut appelé, à ce titre, à signer la Charte par laquelle le comte de Poitou, Alphonse, frère de Saint-Louis, concéda aux principaux seigneurs de la province sa renonciation au rachat des fiefs à merci et régla les conditions de ce droit en une seule année du revenu.

==> Mai 1269 Charte des hauts barons du Poitou, concernant les rachats à merci – Liste des Sénéchaux d’Alphonse Comte de Poitiers

 

Avant 1270 Charte de Pierre Foucher et de Pierre des Vilates, valets, contenant cession par le premier du quart de la succession de Charles de Vilates, en échange de celle d’d’Agaice mère du dernier

A toz ceaus qui verrant e oyrant cestes presentes lettres, Perres Fouchers valez e Perres daus Vilates valez, salu en nostre seignor Ihesu Crist.

 Cum Jofreiz Laydez et Guillames Laydez frere, e Ameloz e Hennors sors a yceaus, fil e heir fahue Katerine fille einznée o heretere fahu Chales daus Vilates, chevaler, en la quarte partie, oussent doné, otreyé e livré a mey le dit Perre Focher, a aveir e a tenir e a expleiter de mey o de mon commandement o de mes hers e de mes successors a toz temps mais, tot quant que il aveyent e aveir poeyent e deveyent de dreiture e de seignorie en tetes les reades, exues e avenues e en totes les possessiuns que li dit Chales daus Vilates, chevalers, teneyt e espleitet au temps que il alla de vie a mort, a Croces e enz apertenences, eu la paroife e enfez e en la seignorie de Champtaoneys, e a la Noelere e enz apertenences, en fez e en la seignorie de Aspremont; et encore quant que li dit Chales aveyt, teneit e espleitet en fez e eu la seignorie de Seint Hilayre le Voy et daus Exarz e de Paluyae de Mont Agu e de la Merlatere :

 sachent tuyt que je, de comounau assentement o lo dit Perres dausVilates valet, ay fait permutaciun e eschange perpetuau daus dites choses, en tau menere que je Perres Fochers valez de sus dit, por raison de permutaciun e de eschange perpeluau, ay doné, baillé, livré e quipté e done, baille, livre e quipte e delaisse au dit Perres daus Vilates, valet, en eschange e en perpetuau permutaciun, des ore en avant a toz temps mais, a aveir o a tenir e a espleiter e a apertenir dau dit Perre daus Vilates e de ses herz e de ses successors, tot quant je aveye e aveir poeye e deveye de dreit e de seignorie e tot quant que je teneye e espletee au temps que cist eschange e permutaciun perpetuau fut faite, por la raison dau dit don que li diz Jofreiz et Guillames Laidet frere e Ameloz e Hennors ses a yceaus areyent fait en totes les rendes, les exues, les avenues e en toles les possessiuns desus dites qui furent au dit fahu Charles daus Vilates, chevaler, e en totes les escheytes e les des cendues qui, par la raison dau dit don, me porent e doirent apertenir en fez e en seignories desus dites o enz autres fei e enz autres seignories.

 E je e li men summes e serum tenu au dit Perres daus Vilates e aus suns, par raison de la dite permutaciun e dau dit eschange, sus l'obligaciun de toz noz bens mobles et non mobles presenz e a venir, a garir e a deffendre totes les choses desus dites de toz et contre toz, tant que il se poussent deffendre ; e garir les choses desus dites par prescripeiun de temps e par lougue tenue, sauves les dreiz e les devers aus seignors.

E je li diz Perres daus Vilates valez, por raison daus dites choses quo li dit Perres Fochers valez m’a baillé, livré e octroyé quipté e delaissé si come ol est desus dit, por raison de eschange e de perpetuau permutaciun ay doné, baillé e livré, e done, baille, livre, otreye, quipte e delaissé de tot en tot au dit Perre Focher, a aveir e a espleiter e a tenir et a apertenir a toz temps mais de luy e de ses herz e de successors paziblement, por non de eschange e de permutaciun perpetuau, tot quant que je aveye e aveir poeye e deveye de droit e de seignorie, par la raison de 1'escheeyte e de la successiun de fahue Agayce ma mere en fez e en la seignorie de Mortagne, de Malelevre, de Mauleyon e de Thefauges e totes les escheeytes les successiuns e les descendues qui, par la raison de la dite Agaice ma mere, me poussent descendre jemais e escheoyr e avenir en quaucumquo loc e en quaucumque seignorie que çou seit, 0 en celles 0 en autres.

 E je e li men summes e serum tenu au dit Perre Focher e aus sups, par raison de la dite permutaciun e dau dit eschange, sus 1'obligaciun de toz noz bens mobles e nun mobles, presenz e avenir, garir e deffendre totee cestes choses desus dites, que je li ay baillé e livré par raison de l'eschange e de la perpetuau permutaciun desus dite, de toz e contre toz, tant que il se poussent deffendre e garir les choses desus dites par prescripciun de temps e par longue tenue, saus les dreiz e les devers aus seignors,

 E je li diz Perres Fochers e je li diz Perres daus Vilates valet, promeismes e grahantames, par les feiz de noz cors donées de nos sus çou, que nos cestes permutaciuns e cez eschanges e la tenor de cestes presentes letres tendron e garderon a toz temps mais, ben e leyaument sanz enfreindre, e que nos ne vendron ne n'iron jemais par nos ne par autres encontre.

E en avom abrenuncié sus çou a tote ajue e a tot benefice de dreit, de leis e de canon, e a tote cosdume a tot usage e a tote peticiun e a tote excepciun e deffensiun e a tote allegaciun e a tote raison e a toz establimenz faiz e a faire qui encuntre la tenor de cestes presentes lettres poussent estre e opposées e dites.

 E que totes choses e chaquones qui sunt desus dites, pecifiées, e escriptes e chaquones par sey seyent fermes e estables a toz jors mais, je Perres Fochers, valez, et je Perres daus Vilates, valez desus dit, sopleyames et requey me aus nobles homes Savary viconte de Thoarz, valet, e a monsor Gui de Chemillée, chevaler, seignor de Mortaigne et de Chemillé que il aposesant e meissant e mettre feissant lor seyas en cestes presentes lettres; qui, lor merci, les y ant aposé, a nostre preyere e requeste e en testimoinue de vérité, sauve lor dreit e lor seignorie e autrui.

E fu ceste lettre donée e saellée en l'an de l'incarnaciun nostre seignor Ihesu Crist millesme ducentesme.....

 

La rivalité des rois de France et d'Angleterre devenant de plus en plus ardente, ce ne fut bientôt plus pour la possession de la Bretagne ou des autres provinces, mais pour la couronne même de France qu'ils guerroyèrent. On sait par quelle série d'éclatants désastres débuta la guerre de Cent ans et quelle période de misère inouïe traversa la France.

Il n'y eut pas un coin du pays qui ne connût successivement ou à la fois la guerre, la peste et la famine. Le nôtre n'échappa point à la commune ruine.

Mais laissons parler Froissard, grand admirateur du reste des « belles prouesses et des belles chevauchées », peu sensible à l'écrasement du peuple. C'est l'année de la bataille de Crécy (1346).

 Le duc de Normandie qui faisait campagne dans le midi et tenait en échec les Anglais, maîtres de Bordeaux, de la Guyenne et de la Basse-Saintonge, regagna soudain le Nord pour couvrir le cœur du royaume.

« Sitôt, dit Froissard (10), que le comte Derby (il commandait à » Bordeaux), scût de vérité et que le duc de Normandie avait défait son siège et s'était retrait (retiré) en France, il s'avisa qu'il ferait une chevauchée en Poitou. Si fit son mandement de tous les barons, chevaliers et écuyers de Gascogne, qui pour Anglois se tenoient, et leur assigna journée à être à Bordeaux.

» A la semonce et mandement dudit comte vinrent le sire de Labret » (Albret), le sire de l'Espare, le sire de Rosem, le sire de Mucident, le sire de Pommiers, le sire de Curton, le sire de Longueron, messire Edmond de Tarste, et plusieurs autres.

Et fit tant le comte de Derby qu'ils furent bien douze cents hommes d'armes, deux mille archers et trois mille piétons. Si passèrent toutes ces gens d'armes et leurs routes (troupes) la rivière de Garonne, entre Bordeaux et Blayes.

 Quand ils furent tous outre, ils prirent le chemin de Saintonge et chevauchèrent tant qu'ils vinrent à Mirabel. Si assaillirent la ville sitôt qu'ils furent venus, et la prirent par force, et aussi le château, et y mirent gens de par eux; et puis chevauchèrent devers Aunay. Si conquirent la ville et le châtel, et puis Surgères et Benon ; mais au châtel de Marant, à quatre lieues de La Rochelle, ne purent-ils rien forfaire, et vinrent à Mortaigne-sur-Mer en Poitou : et là eut grand assaut, et la prirent, et y mirent et laissèrent gens en garnison de par eux; et puis chevauchèrent vers Luzignan. Si ardirent la ville ; mais au châtel ne purent-ils rien forfaire. ...........................................................

» Et sachez que tout le pays était si effrayé de la venue du comte Derby et des Anglois, que nul n'avoit contenance ni arroy en soi-même ; mais fuyoient devant eux et s'enclouoient devant les bonnes villes, et laissoient tous vagues hôtels et maisons ; et n'y avoit autre apparence a de défense ; mêmement les chevaliers et écuyers de Poitou et de Saintonge se tenaient en leurs forts et en leurs garnisons, et ne montroient aucun semblant de combattre les Anglois. »

Nous avons à dessein cité textuellement le passage de Froissard, parce que cette désignation de Mortagne-sur-Mer en Poitou peut donner lieu à méprise et à discussion.

 Il n'existe nulle part de Mortagne-sur-Mer; mais il y a en Poitou un Mortagne qui est Mortagne-sur-Sèvre.

 Au XVIe et au XVIIe siècle, Mortagne-sur-Sèvre est souvent désigné sous le nom de Mortagne en Poitou.

Il y a bien Mortagne-sur-Gironde, qui est à une petite distance de la mer, mais le Poitou ne s'est jamais étendu jusque-là et du reste l'examen, sur la carte de France, du chemin suivi par Lord Derby, milite encore en faveur de notre opinion.

De Marans revenir à Mortagne-sur-Gironde pour aller à Lusignan, serait une chevauchée bien décousue. Il est encore bien peu vraisemblable que Mortagne-sur-Gironde n'appartînt pas d'ores et déjà aux Anglais, maîtres du pays, de la mer et du cours de la Gironde.

Froissard paraît du reste avoir confondu complétement les deux Mortagne, car dans un autre chapitre il fait le récit très détaillé du siège de Mortagne-sur-Mer en Poitou, et cette fois il s'agit à n'en pas douter de Mortagne-sur-Gironde.

C'était en 1377, les Anglais avaient perdu peu à peu tout le terrain gagné et étaient resserrés dans Bordeaux. Ils tenaient encore Mortagne-sur-Gironde, dont le châtel est le plus bel et le plus fort séant sur la rivière de Gironde, et ils s'y défendirent très longuement.

Dr CANCALON.

 

 

Etude des voies de communication en Bas Poitou <==.... ....==> Guerre de cent ans Mortagne sur sèvre en Poitou ; Quand du Guesclin bouta les Anglais hors de la région du Puy du Fou

 

 

http://www.mortagnesursevre.fr/decouvrir-visiter/histoire/moyen-age/

 

 

 


 

1203 De Falaise à Rouen, Le duc Arthur Ier de Bretagne assassiné par Jean sans Terre.

Dès que Jean fut sorti de Falaise, la crainte inspirée par la présence de sa mère et par celle du gouverneur, perdit toute influence sur sa conduite. Cependant il n'était pas encore assuré de l'exécution des promesses de Molac, et la dissimulation lui paraissait utile jusqu'au jour où la certitude du succès serait complète.

 

 

(1) Nous devons à l'obligeance de M. Dugast-Matifeux plusieurs documents dont nous nous sommes servi.

(2) Moisgas, avocat et feudiste à Mortagne, dont nous retrouverons le nom, relate dans les Affiches dit Poitou (n° du 26 mai 1785), qu'il a trouvé, dans un mémoire de la fin du XVI* siècle, mention d'une assemblée de députés tenue à Mortagne, sous Charles VII, à l'effet d'obtenir la conservation des privilèges et immunités dont jouissaient les Marches communes du Poitou. Charles VII et Jean, duc de Bretagne, y consentirent.

(3) L'examen des lieux prouve que la position de Mortagne a dû perdre peu à peu toute sa force, dès qu'on fit usage de l'artillerie et avant même que de grands perfectionnements eussent été apportés à cette invention, qui a tant contribué à l'unité et l'égalité françaises. Du côté même où se trouve le château, au nord-ouest de la ville, s'élève à une faible portée un coteau qui dominait la forteresse et a dû la rendre de bonne heure intenable contre l'artillerie. Voilà pourquoi sans doute Mortagne, dont le nom revient assez souvent dans la guerre de Cent ans, n'a joué, pour ainsi dire, aucun rôle dans les guerres de religion, où sont fréquemment cités les châteaux de Montaigu, de Tiffauges, de Mauléon.

(4) D'où mors Aqnès, Mortagne !

(5) On sait que la ville de Châtillon-sur-Sèvre a porté le nom de Mauléon jusqu'en 1736, ou elle fut érigée en duché-pairie, en faveur d'un comte de Châtillon.

(6) Antier Chotard, seigneur de Mortagne et Héloïse en 1070, Dom Fonteneau, Tables.

(7) (Guillaume d’Aunay IV, vicomte 1190-1204, seigneur de Chemillé, fit un accord avec le prieur de Chemillé : «  Assensu uxoris meae E. vicecomitissae, de cujue patrimonio erat terra de Camiliaco » (Cartul. De Chemillé, copie Marchegay, n 31)

En 1201, il concéda à Fontevraud les dons faits jadis par Pierre de Chemillé, et mourut peut après, sans postérité, car la vicomté d’Aunay passa à sa sœur. Il avait épousé, vers 1200, Eustache (d’Argenton) dite de Chemillé ou de Mortagne, fille unique de Pierre (d’Argenton) dit de Chemillé et de Sibille de Mortagne ; elle se remaria en 2e noces à Guy de Thouars, comte de Bretagne, veuf de Constance de Bretagne, puis en 3eme noces à Renaud de Maulévrier.

(8) Dom Fonteneau, Tome XIX, p. 719.

(9) Mémoire pour les prieur, religieux et couvent du prieuré de Saint-Pierre de Mortagne, ordre de Saint-Benoist, congrégation de Saint-Maur, demandeurs en cassation d'un arrêt rendu contre eux au Parlement de Paris, le 28 mai 1737, en faveur des seigneurs, du vicaire perpétuel et des habitants du même lieu. Signé Dupouty, avocat. (A Paris, imprimerie de P. Praull, 1738, in-fol. de 10 et 4 pages d'addition. — Collection Dugast-Matifeul.

(10) Chroniques de Froissard, édition de Buchon, tome II, page 397.

 

 

 

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