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PHystorique- Les Portes du Temps
26 juillet 2019

La Charente navigable, voie de pénétration économique vers le centre de la France jusqu’au XIXe siècle

La Charente navigable, voie de pénétration économique vers le centre de la France jusqu’au XIXe siècle (10)

Déjà dans l'Antiquité, la voie romaine de Lyon à Saintes par Limoges (Gaule - Cartes Voies Romaines) unissait la côte océanique et les pays du Rhône, mais le lien fut brisé par les invasions barbares. Du XIe au XIXe siècle, ce fut la Charente navigable qui mit les provinces du Centre et de l'Ouest en relation les unes avec les autres et les relia toutes à la côte, les faisant participer ainsi à la vie de cette dernière et au grand commerce maritime qui s'y était développé. Elle devint rapidement une voie d'échanges actifs : la Saintonge, l'Angoumois et le Limousin furent de ce fait amenés à s'organiser économiquement en fonction de ces échanges dans un groupement régional ayant pour axe la Charente.

La Charente navigable, voie de pénétration économique vers le centre de la France jusqu’au XIXe siècle (6)

Corlieu, au XVIe siècle, l'avait bien vu lorsqu'il écrivait : « Le site du pays est tel que ce qui lui default il le tire aisément de ses voisins, comme le sel et le poisson de la mer de Saintonge, le bétail du Périgord et du Limousin et par la rivière tout ce que le reste du monde communique à la France. »

Au douzième siècle, la Charente, alors appelée fleuve Carantonus, avait un vaste estuaire baignant de nombreuses îles : Saint-Nazaire, Soubise. Beaugeay, les Epaux, Martrou, Echillais.

Le château des sires de Tonnay-Charente, seigneurs très puissants, dominait le fleuve. Le château de Rochefort s'élevait au milieu des marais. Sur un promontoire du littoral, surplombant la mer qui couvrait alors le marais de Marennes, se dressait la puissante tour de Broue. Bientôt l'estuaire se dessécha et des marais fangeux entourèrent les îles qu'il baignait auparavant.

La terre d'Echillais appartenait alors à un seigneur d'humble origine : Aymery Goumard, qui haussa sa condition en s'alliant avec Sybille, fille de Gauvain de Tonnay-Charente. Les possessions de Goumard étaient entourées par la mer, qui baignait la butte de Martrou, touchait aux Grèves et au Verger, contournait la Bristière, le Rocher de Pillay, le bois du Chai et l'Aubrée, pour aller s'arrêter probablement auprès de Montierneuf. D'autre part, l'eau s'engageait dans la dépression du Four du Diable qui constitue actuellement le marais de la Janelle et allait battre le bas de la Grolière et des Epaux.

On croit que Aymery Goumard partit pour la deuxième croisade et que c'est à son retour, vers 1147, qu'il fit construire le château d'Echillais, couronné de créneaux et flanqué de quatre tours d'angle.

Il s'étendait depuis le hameau du Frelin jusqu'à l'église actuelle. La maison de M. Emon et le Frelin qui en dépendaient, furent construits ou améliorés dès le milieu du XVe siècle, pour servir de demeure aux cadets de la famille. C'est probablement dans l'un de ces lieux qu'habitait François Goumard, qui fut tué devant Brouage, le 22 juillet 1577.

Le château principal, complètement détruit à l'heure actuelle, la maison Emon et le Frelin, étaient entourés d'un fossé et de murs et communiquaient par un souterrain en partie effondré, mais qui existe encore aujourd'hui. Le château principal et le Frelin furent ravagés, au début du XVIIe siècle, par François de la Rochefoucauld, sieur du Parc d'Archiac et marié à une Goumard de la branche de la Vallée. C'est probablement le même qui détruisit l'Eglise et construisit le Temple. C'était un des chefs protestants de Saintonge. On suppose qu'il y eut aussi une maison seigneuriale au bois du Chai.

 

La Charente navigable, voie de pénétration économique vers le centre de la France jusqu’au XIXe siècle (9)

LA CHARENTE NAVIGABLE

Quoique d'une importance réduite, à la fois par la faible longueur de son cours (370 km.) et par la médiocre étendue de son bassin (10.000 km. carrés), la Charente est un fleuve dont l'utilisation par la navigation ancienne était relativement aisée, et ceci, sans travaux importants de l'homme.

D'abord, au fond du long couloir que forme le Pertuis d'Antioche, entre l'île de Ré et celle d'Oléron, un estuaire profond, qui s'enfonce à plus de 40 km à l'intérieur des terres, jusqu'au seuil de Saint-Savinien pour la Charente, et jusqu'au -delà de Tonnay-Boutonne pour la Boutonne.

Estuaire colmaté, il est vrai, et souvent réduit au chenal fluvial par les alluvions qui forment la terre de « bri » et les marais; estuaire très nettement marqué cependant, et Etienne Pasquier, qui a longtemps séjourné en Saintonge à la fin du XVe siècle et au début du XVIe, considère que la Charente « va fondre en la mer » à Saint-Savinien.

 Ce colmatage est relativement récent et l'envasement progressif des chenaux côtiers, si rapide a Brouage ou à Marennes, a été moins important dans l'estuaire de la Charente où circulaient librement les courants de marée. Il n'a d'ailleurs pas été un obstacle pour la navigation avant le milieu du xix" siècle, tant que les navires n'ont eu que des dimensions et un tirant d'eau réduits.

Aussi des ports ont-ils pu être établis sur le fleuve, en relation avec les îles et les ports de cette « mer des Pertuis » dont parle Jullian (2), et où l'activité est intense à partir du xi" siècle, ainsi qu'en témoignent les « rôles d'OIéron » (3).

La Charente navigable, voie de pénétration économique vers le centre de la France jusqu’au XIXe siècle (2)

Ce fut d'abord le port de Tonnay-Charente, connu dans les textes sous le vocable de « Charente », bâti au pied d'un coteau calcaire, d'une trentaine de mètres d'altitude, qui s'avance comme un coin vers les marais de la région côtière et arrive au contact d'un méandre du fleuve. Par- là pouvaient: arriver les routes de l'intérieur. Le port avait en outre l'avantage d'être facilement défendu par la ville forte, bâtie sur le coteau. Ce port dispose d'eaux profondes où les navires calant cinq et six mètres trouvaient le long des quais de Charente, un « trou » creusé par la rivière au pied du coteau où ils pouvaient mouiller facilement. « Le lit de la rivière tel que la nature l'a formé sert de port aux vaisseaux qui y mouillent de flot et de jusant » sans difficultés (4).

Rochefort est au pied d'un coteau analogue et, lui aussi au fond de la boucle d'un méandre, mais ici le coteau forme une île de terre ferme, de 29 m d'altitude, au milieu des marais. Site excellent pour la défense contre une attaque terrestre et, d'autre part, assez éloigné de la mer pour être facilement défendu par les forts établis le long du fleuve au Vergeroux, au Lupin, à l'île Madame, à Fouras. Mais Rochefort ne pouvait avoir d'importance au point de vue commercial, parce que trop isolé dans les marais et sans communications faciles avec l'arrière-pays.

La Charente navigable, voie de pénétration économique vers le centre de la France jusqu’au XIXe siècle (3)

Aussi, jusqu'à Colbert qui en fit, en 1666, l'arsenal principal de la flotte du Ponant, Rochefort fut-il sans intérêt. Le chevalier de Clerville néglige de le signaler sur sa Carte topographique des Castes maritimes d'Aunis et des pays abonnés du gouvernement de Bruitage, ce qui montre sa faible importance en 1665. Mais le port militaire, que Colbert voulut grand, se développa rapidement et se doubla d'un port commercial. Tous deux donnèrent à l'estuaire de la Charente une importance considérable jusqu'à la fin du XIXe siècle où le port militaire se révéla insuffisant. Il eût fallu entreprendre des travaux trop dispendieux pour lutter contre l'envasement progressif de l'estuaire, et pour creuser un chenal et des bassins accessibles aux gros navires modernes. Ardouin-Dumazet. qui visite Rochefort en 1897, tente encore à ce moment-là une défense de Rochefort port militaire, mais il en constate aussi Irrémédiable déclin. C'était plaider une cause perdue d'avance, et il est certain que, depuis 1880 au moins, Rochefort n'a fait que survivre à son brillant passé. L'arsenal, puis l'industrie née du port, de nos jours l'aviation, lui ont conservé quelque importance. Mais il faut se rappeler que, pendant plus de deux siècles, son rôle a été considérable, et que tout l'arrière-pays, par la Charente, en a bénéficié.

 

 Le 25 Juin 2019, un cargo s’échoue sur la Charente, une course contre-la-montre engagée

La Charente navigable, voie de pénétration économique vers le centre de la France jusqu’au XIXe siècle (8)

 Jeudi soir, à 22 h 40, le "Fluvius Taw", cargo hollandais de 95 mètres de longueur, s’est échoué sur la Charente alors qu’il faisait route vers le large. Le navire était chargé à ras les cales de céréales embarquées au port de commerce de Tonnay-Charente. Il était très bas sur l’eau et en limite de tirant d’eau, c’est-à-dire proche du fond.

C’est au niveau de Soubise, légèrement en aval du village, que les marins à bord ont perdu le contrôle du navire. Son avant s’est collé sur la berge, rive gauche, et le cargo n’a pu se dégager. Ce vendredi matin, depuis 10h15, une manœuvre pour lui faire retrouver le lit du fleuve est engagée. La marée remonte, créant les conditions favorables à cette opération. Les lamaneurs du port de La Rochelle et leurs vedettes sont venus porter assistance à l’équipage du "Fluvius Taw" pour appuyer cette manœuvre. Ils ont jusqu’à la mi-journée et le paroxysme de la marée haute pour atteindre leur objectif.

Un passage "particulièrement délicat"

Les pilotes maritimes qui conseillent les commandants de bord des cargos durant ces opérations d’approche ou de sortie du port de Rochefort Tonnay-Charente, sur le fleuve Charente, décrivent le passage de Soubise comme particulièrement délicat. Le fleuve y est le plus étroit.

Les bateaux qui pénètrent dans l’estuaire de la Charente sont guidés par des pilotes, depuis la rade de l’Ile d’Aix, jusqu’au port de Tonnay-Charente, soit sur une distance de 37 km environs en raisons des méandres du fleuve.  Ces cargos peuvent mesurer de 70 à 100m.de long sur 15 à 18m de large, et offrent un tirant d’eau pouvant aller jusqu’à  6,5m. pour l’évitage, ils doivent respecter deux conditions : être à vide et effectuer la manœuvre en phase terminale de marée montante. Cette opération, dirigée par un pilote, consiste à planter l’étrave proéminente du bateau dans la vase de la zone d’évitage (creusé dans la berge) puis s’aidant du courant de la marée montante, il lui fait faire un demi-tour souvent spectaculaire.

 

 

Louis XIV arrête la fondation d’un nouveau port pour la Marine Royale, est-ce Soubise ? <==.... .... ==> 1666 débute la construction du futur Arsenal du Ponant (Rochefort) sur la côte Atlantique

 

Études locales : bulletin de la Société charentaise des études locales

https://www.sudouest.fr/2019/07/26/charente-maritime-un-cargo-s-echoue-sur-la-charente-une-course-contre-la-montre-engagee-6383219-1621.php

 

 

 

 


 

Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania

Les Gaulois habitant le Poitou s'appelaient les Pictons; de là le nom de Poitou, Poitiers. Sous les Romains, notre contrée se trouvait d'abord dans la Gaule Celtique; depuis, elle fit partie de la Gaule aquitaine. Lors de l'invasion des barbares, venant du Nord-est, notre pays fut souvent désolé par le passage de ces hordes guerrières.....

 

 

les Lusignan ont des marais salants. (Port de Cognac)

A trois reprises la puissante abbaye de la Couronne, près d'Angoulême , s'assure des domaines importants dans les salines saintongeaises. Une charte de cette abbaye mentionne, en 1182, le prieuré de Disail, dit " La Petite Couronne " à Avert, près des marais salants de la Seudre.

 

(1) rappeler que le canal latéral à la Garonne ne date que du Second Empire.

(2) C. Jullian dans Delamain, Jarnac à travers les âges.

(3) L. Canet, Histoire de Saintonge et d'Avilis, p. 275.

(4) Ardouin-Dumazet, Voyages en France, 15f série, p. 243.

 

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