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PHystorique- Les Portes du Temps
11 décembre 2019

La géographie et la cartographie au service de nos Rois de France et des explorateurs - Claude Masse

la géographie et de la cartographie au service de nos Rois

Ce serait, croyons-nous, une histoire intéressante à retracer que celle de la carte de France au siècle de la Renaissance (3). Les tâtonnements de nos premiers géographes expliquent jusqu'à un certain point ceux de nos hommes d'État. Nos défaites, puis nos succès sur terre et sur mer, notre tardive expansion coloniale, sous les derniers Valois et sous les premiers Bourbons, sont quelque peu liés à cette longue enquête, de moins en moins défectueuse, sur la topographie générale de notre pays, sur ses fleuves et ses rivières, sur son littoral.

Marquons bien notre point de départ. Le moyen âge avait légué aux temps modernes qui commençaient des mappemondes, telles que celle de Fra Mauro (4), tableaux vivants du monde alors connu

ou entrevu,, mais dont les traits sont étrangement altérés (5) ; des portulans, tels que celui, récemment révélé, de Dulceri, qui, en un tracé fort exact, ne nous offrent que des cités maritimes se succédant dans un ordre irréprochable (6).

La France, dont nous nous occupons exclusivement, ne tenait qu'une place bien restreinte dans ces portulans et dans ces mappemondes. Sa personnalité échappait au navigateur pressé d'arriver, comme au lecteur attardé des « Choses merveilleuses », des « Images du monde », des « Miroirs de la nature (7)». Aussi bien on n'était pas très éloigné du temps où la géographie du Paradis ou de l'Enfer préoccupait plus les esprits que celle de la patrie elle-même. .

Cependant les grandes nationalités et les grands États, et au premier rang, la nationalité française, l'État français, s'étaient formés. Les cartographes étaient en retard, puisqu'ils n'avaient pas encore traduit aux yeux l'oeuvre de Charles VII et de Louis XI.

Il faut l'avouer, leur irréflexion dépassa leur inexpérience. Faisant, ou peu s'en faut, table rase des travaux de leurs prédécesseurs déjà armés de la boussole, ils se jetèrent dans les bras de Ptolémée, l'auteur sans appel de l’Almageste et de la Géographie., qui, suivant eux, avait dû pourvoir à tout.

Un géographe plus ancien encore, mais plus philosophe, et surtout plus humain, avait, au moins en esprit, admiré non seulement la position privilégiée, mais la belle structure de la Gaule, devenue plus tard la France. Les interprètes, ou ignorants ou serviles, de Ptolémée semblèrent s'évertuer à faire mentir Strabon.

Plus les essais se multipliaient (8), plus ils étaient informes. Un Italien toutefois, le docte Berlinghieri, qui vers 1480 enseignait en vers la géographie, nous a légué un dessin, remarquable pour l'époque, où, en dépit de Ptolémée, notre patrie est déjà reconnaissable : c'est qu'il avait jeté un regard furtif sur les portulans.

 

Les plus avisés à l'interprétation de Ptolémée joignaient la figuré moderne du globe (moderna orbis facies); ils n'admettaient pas encore que le géographe d'Alexandrie eût pu se tromper, mais, depuis lui, le créateur avait dû modifier son oeuvre. Ainsi procéda l'Allemand Sébastien Munster, auteur d'une carie intitulée: Das ganzè Frankreich (10); ainsi encore l'Italien Gastaldi qui marcha fermement sur ses traces (11).

Il faut arriver au règne de François Ier pour rencontrer des cartographes français s'occupant de la France. Je veux parler d'Oronce Fine et de Jean Jolivet, auteur celui-ci d'une Totius Gallioe descriplio, celui-là d'une Gallioe regni potentissimi descriplio.

Oronce Fine était originaire du Dauphiné (12). Mathématicien éminent et pourvu, à ce titre, d'une chaire au Collège royal de France, il a eu le tort grave de chercher la quadrature du cercle. A voir la carte qu'il a signée et qui porte une date lugubre, celle de la bataille de Pavie, on croirait que c'est la quadrature de la France qu'il a poursuivie. En effet cette région, qui offre la forme générale d'un hexagone, tend chez lui à prendre celle d'un carré ou d'un parallélogramme. La carte en question était à peine achevée, que le roi de France et le géographe de France tombaient, à peu de jours d'intervalle, entre les mains des Impériaux.

Jean Jolivet venait de Bourges (13), et il se plait à marquer sur sa carte, publiée l'année de la mort de François II, l'emplacement d'un ormeau (14), qui formait la limite de quatre provinces, à savoir le Berry, le Bourbonnais, l'Auvergne et le Limousin.

Les contours de la région française sont presque aussi imparfaits chez Jolivet que chez Fine, venu trente-cinq ans avant lui. Il importe néanmoins de signaler entre leurs oeuvres quelques différences significatives.

Les cours d'eau, qui, sur la carte de Fine, affectent l'aspect rectiligne des «chemins qui ne marchent pas » en pays de plaine, rappellent davantage, sur la carte de Jolivet, les sinuosités des rivières gauloises, si justement remarquées par Strabon.

Dans l'oeuvre de Fine, les montagnes étaient semées au hasard, et le mont Adule prenait de gigantesques proportions; dans l'oeuvre de Jolivet, les Alpes, par exemple, sont rendues avec une exactitude relative.

La situation politique, si différente à ces deux dates, 1525 et 1560, se trahit d'une façon frappante. Oronce Fine a donné une attention particulière au réseau du Pô, à la Lombardie, à ce qu'il appelle, comme les Romains, la Gaule Cisalpine.

C'est qu'on était au beau milieu des guerres d'Italie. Le nom de Marignan n'a pas été omis par lui, on le devine. Cet enfant du Dauphiné, en oubliant de tracer la grande chaîne qui s'étend entre la France et l'Italie, ne semble-l-il pas dire à ses compatriotes : « Il n'y a plus d'Alpes », au moment même où elles allaient séparer plus que jamais Cisalpins et Transalpins?

Quant à Jean Jolivet, il est contemporain de l'occupation et de la belle défense de Metz, qu'attaquait un Habbsbôurg flanqué d'un Hohenzollern (15); on s'en aperçoit bien à sa sollicitude pour la région de la Moselle et du Rhin.

La « Description du très puissant royaume de Gaule » a un caractère moins suranné que la « Description de la Gaule entière». Fine ne nous faisait grâce d'aucune des peuplades gauloises relevées dans César, Strabon et Ptolémée, tandis que Jolivet se préoccupe davantage de la France des Valois ; on voit qu'il ne serait pas trop fâché qu'on la reconnût sur sa carte qui, à peu d'exception près, parle français.

Le mérite incontestable de nos deux cartographes est d'avoir assez bien déterminé le cadre même de la France. L'adjonction d'une étendue suffisante des régions limitrophes témoigne d'une certaine intelligence topographique. Totius Galliae descriptio cum parle Angliae, Germaniae, Flandriae, Brabanlii, llaliae, Romam usque, tel est le litre complet du dessin d'Oronce Fine..

L'Espagne, aux confins de laquelle les Français guerroyaient peu fréquemment, est à peine indiquée, dans une sorte de chaos pyrénéen, tandis que l'élection de Charles-Quint à l'Empire a fait graver, non sans emphase, le nom de Magna Germania.

Ajoutons que le récent abordage de l'Angleterre et de la France, en un duel plus que séculaire, fascinant nos deux géographes, leur a fait rétrécir d'une façon notable la mer interposée.

L'examen des cartes de Jolivet et de Fine nous montre que nos rois et nos ministres, qui les consultaient sans nul doute, devaient être fort mal renseignés sur les ressources maritimes de la France.

Jolivet indique assez exactement le Havre de Grâce, fondation de François 1er, que Fine avait omis. Mais ni l'un ni l'autre de ces géographes royaux ne sait mettre à sa vraie place une ville telle que Bordeaux. L'ignorance du littoral et de la mer est un des traits distinctifs des Valois comme des Capétiens directs : ignorance qu'explique la tardive incorporation au domaine royal de la plupart des provinces maritimes.

 En possession maintenant de la Normandie (16) de la Bretagne, de la Guyenne et de la Provence, nos souverains étaient pris au dépourvu non moins que nos géographes. .La centralisation maritime, si je puis m'exprimer ainsi, s'entrevoyait à peine, alors que la centralisation terrestre avait déjà atteint un si haut degré!

C'est là certainement une des raisons capitales.de notre entrée tardive, comme nation, comme Étal, dans la voie des explorations lointaines. De là aussi l'avance considérable prise sur nous par le Portugal et par la Castille (17)

Ces grandes régions maritimes de la Bretagne et de la Normandie, dont le tracé fidèle importe tant à la bonne physionomie de la France, sont précisément les moins bien traitées sur les caries de Fine et de Jolivet. A l'instar du géographe dauphinois, le géographe berrichon escamote, ou à peu près, la gracieuse péninsule du Cotentin, devenue pour lui une simple protubérance de l'Armorique, qui sortit de ses mains toute contrefaite.

Dix ans après cet attentat topographique, il se trouva un Normand du Cotentin pour protester. Je veux parler du célèbre érudit et voyageur Guillaume Postel, qui avait professé en même temps qu'Oronce Fine au Collège de France.

Il publia la Vraie et entière description du royaume de France et ses confins, avec l'adresse des chemins et distances aux villes inscrites es provinces d'icelui. Dans la dédicace au roi très chrétien Charles IX, datée du 31 octobre 1570, il s'exprimait ainsi :

« Or cette carte de la France et Gaule universelle ayant été faite et, refaite plusieurs fois et par plusieurs gentils et doctes personnages comme Oronce, Jolivet, et même s'étant trouvée défectueuse, et imparfaite en plusieurs endroits, je me suis advisé, ayant conféré ce mien labeur avec plusieurs personnages doctes es mathématiques, tant français qu'étrangers, de l'approcher de plus près que je pourrais de sa consommation et de sa nature plus parfaite. En quoi je pense m'être si bien acquitté qu'il ne se trouve en icelle que peu ou point de fautes, ayant retranché toutes celles qui se trouvaient aux descriptions précédentes. »

Le Cotentin, égaré par Finet et Jolivet, avait été retrouvé par Postel (18) : cela est incontestable. L'Atlas de Mercator, dès sa première édition (1585), mettait à profit cette rare découverte. Mais pendant de longues années, l’Orbis Terrarum d'Orlelius (19) n'admit que celle de Jolivet (20), tandis qu'en Italie Forlani (21) s'en tenait à celle de Fine, déjà effrontément copiée par Pirro Ligorio (22).

C'était d'ailleurs de la part de Postel une étrange illusion que de croire avoir fait en pareille matière oeuvre, définitive (23). Il ne s'agissait pas simplement d'améliorer le dessin et la lettre, comme y réussissait un calligraphe dont on a une carte manuscrite de la France;  «  du labeur de Pierre Hamon, Blésien, écrivain du roi et secrétaire de sa chambre », actuellement exposée dans la galerie des Chartes de la Bibliothèque nationale (24). Dans quelles circonstances le maître d'écriture du monarque qui devait signer l’arrêt de la Saint-Barthélémy, fut-il jugé, pendu et étranglé « pour faux (25) », nous l'ignorons et croirions volontiers à une méprise, soit des juges, soit plutôt des historiens? Ce chef-d'oeuvre de calligraphie est loin d'être un chef-d'oeuvre de cartographie.

Heureusement on commençait à s'apercevoir qu'on ne pouvait fondre d'un seul jet cette grande et belle statue de la France.

C'est ce qu'avait compris le géographe et voyageur Nicolas de Nicolaï, seigneur d'Arfeuilles et de Bel-Air, compatriote d'Oronce Fine, qui avait étudié avec soin les côtes d'Angleterre, alors, en guerre avec la France (1545), et visité, l'Allemagne, la Prusse, la Suède, la Hongrie et la Turquie.

Son épître à la reine, Catherine de Médicis (1567), placée en tête de sa « description du pays et duché de Berry et diocèse de Bourges, avec les cartes géographiques du dict pays (26) », indique un plan bien concerté (27). Citons-en quelques lignes :

A Madame, pour satisfaire au commandement qu'il plut à V. M. me faire en votre château de Moulins, de réduire et mettre par volumes les cartes et descriptions géographiques que je ferai à chaque province de ce royaume, suivant la charge et commission qu'il vous avait plu auparavant m'en faire expédier, j'ai advisé pour rendre l'oeuvre plus belle et moins imparfait (28).... En outre plus, les portraits et plans relevés des plus notables villes et places des frontières... De manière, Madame, que s'il plaît au grand conducteur de toutes oeuvres me donner la grâce et à Votre Majesté le moyen et le pouvoir de venir à chef d'une oeuvre tant importante au roi et à ses sujets, la majesté du roi et la vôtre pourront se vanter d'avoir un trésor inappréciable dans leur cabinet, par lequel (sans voyager, plus loin) quand votre plaisir sera ou la nécessité requerra, pourrez facilement sans grand dépense voir à l'oeil et toucher au doigt en particulier et en général, toute l'étendue, force et état de tout le royaume. »

Catherine de Médicis apparaît à Nicolaï comme la première tête couronnée qui ait compris l'utilité politique de la géographie et de la cartographie. Aussi lui affirme-t-il que la postérité lui tiendra grand compte d'avoir réussi à se mettre cette idée en l'entendement, qu'il fallait éclaircir ce qui était resté jusqu'ici « enveloppé dans les ténèbres de la nuit», c'est-à-dire la France elle-même.

C'était beaucoup promettre et nous ne sachions pas que Nicolaï, devenu géographe ordinaire et valet de chambre du roi, et chanté par Ronsard, ait rempli tout son programme. Il donna pourtant encore une Générale description de l'antique et célèbre cité de Lyon, du pays Lyonnais et du Beaujolais, selon l’assiette, limites et confins  iceux pays (1573) 29.

Mais un essaim de géographes provinciaux et demeurés tels, s'inspirant d'un patriotisme très vif, quoique local, se mit résolument à l'oeuvre. Écuyers, chanoines, médecins, en un mot, les trois ordres de l'État, s'y employèrent. Ai-je besoin de dire, qu'ils sont aujourd'hui oubliés? Qui connaît les noms de Jean

Galamoeus, de Damien de Templeux (30), de Hugo Cousin, de Jean Francus (31), d'Oger, de Rogier, de Jacques de Chièze (32), de Jean de Beins (33), de Jean Vandamme (34), de Siméon, de Bulion (35), de Jean Temporius, de Surhonius, de Claude Chatillon, de Clerville, de Perriers, de Jean Jubrien, de Petit-Bourbon, de Jean Tardo (36)?

Une obscurité moins profonde enveloppe Lézin Guyer (37) qui, le premier, dessina l'Anjou, de Jean Bompart (38), qui se consacra à la Provence. C'est le père du Maréchal Fabert (39) qui édita la première carte du pays Messin. A une date qu'il est permis de préciser, en 1594, le Limousin s'effraya de ne point posséder comme tant d'autres sa verissima, fidelissima, exaetissima déscriptio. Un de ses plus dévoués enfants, disciple d'Hippocrate, combla cette lacune regrettable. Il ne fit pas les choses à demi : à la carte du diocèse entier de Limoges il joignit le plan même de sa ville natale. Sa dédicace au très noble et très illustre Anet de Lévis, duc de Ventadour, pair de France, gouverneur du Limousin, mérite, d'être traduite du latin.

« Comme je voyais, dit-il, la topographie (le mot est écrit par lui en caractères grecs) des autres provinces de notre Gaule déjà exposée sous mes yeux, et seule celle de notre province à nous, notre patrie, délaissée, pour ainsi dire, et dédaignée, je me suis dit qu'elle n'était pas moins recommandable, tant par sa fertilité naturelle que par le nombre de ses grands esprits et de ses hommes de science. J'ai donc fait tous nies efforts pour découvrir son riant visage qu'un voile enveloppait, et j'ai voulu te le montrer à toi et à tous les amis du beau. »

Pour cette oeuvre patriotique, nous n'osons dire ce chef-d'oeuvre, Jean Fayan fut proclamé « l'Archimède » du Limousin, et vint prendre rang à côté de Dorat « l'Homère », et de Muret le « Démosthène » du Limousin (40).

Quelle eût été sa douleur, au milieu de ce triomphe excessif, s'il avait pu soupçonner que les plus grands écrivains de la France, autant par ignorance géographique que par caprice littéraire, allaient décrier le pays vraiment pittoresque et attrayant qu'il voulait placer au-dessus de tous les autres !

Le résultat des efforts de Fayan et de ses émules est facile à constater. Les grands Atlas, chargés non seulement de porter le monde entier, mais, les nouveaux systèmes de projection aidant (41), de le redresser, ceux d'Ortelius (42), de Mercator, de Hondius (43), de Bloeu (44), (1570-1635), recueillirent les images de nos provinces, images de plus en plus nombreuses et de moins en moins fautives. Hondius a choisi pour son édition de Mercator (1607) ce titre éloquent : Nova totius geographioe descriptio, de integro collatis omnibus quae, exstant particularibus provinciarum descriptionibus, non sine magno labore et cura emendata.

On le voit : Hondius marchait à la tête de ces géographes « généraux», comme nous les appellerons, qui s'étaient chargés de centraliser et de cordonneries travaux cartographiques, parfois anonymes, qui allaient s'accumulant. C'est au nombre de ces géographes généraux qu'il faut ranger la Guillotière, Tassin, et surtout Nicolas Sanson d'Abbeville.

La période qui s'ouvrait il y a juste deux siècles, en 1589, avec le premier Bourbon, fut favorable aux progrès de la géographie.

Henri IV, spontanément, Louis XIII, stimulé par le grand Cardinal, parcoururent la France en tous sens. Ils ressentaient beaucoup plus le besoin de cartes que leurs prédécesseurs, sans cesse ballottés de la Seine à la Loire par la guerre civile, et même que leurs successeurs attachés au rivage par leur grandeur.

C'est en 1594, l'année qui vit le sacre de Henri IV à Chartres et son entrée à Paris, que fut imprimé le premier Atlas national (45), le Théâtre français où sont compris les cartes générales et particulières de la France, dédié à Henri IV.  Il nous offre, outre un assez grand nombre de cartes des provinces, trois images diverses de la France, celle de Jolivet, celle de Postel et celle de Plancius (46).

L’an 1613, qui précéda la réunion des avant-derniers États généraux de la monarchie, nos ancêtres eurent une agréable surprise. Ils furent inopinément mis en possession d'une carte de France en neuf feuilles, « recueillie des restes de cette féconde et riche bibliothèque de feu M. Pierre Pithou », l'un des principaux auteurs de la Satire Ménippée, mort un quart de siècle auparavant ! « Suivant l'intention de François de la Guillotière, son auteur, excellent en cet art » , qui avait certifié par son testament y avoir travaillé vingt-cinq ans (47) et plus, elle était enfin rendue au public comme un dépôt sacré, qui ne pouvait sans offense lui être plus longuement recelé. »

L'éditeur Jean Leclerc ne mentait pas lorsqu'il écrivait qu'elle était « la plus ample et la plus accomplie de toutes celles qui ont été veües par cy-devant ».

La Guillotière, venu du Berry, comme Jolivet, avait réagi sagement contre l'oeuvre de son compatriote. Les presqu'îles de Bretagne et du Cotentin ont reçu de lui leur forme à peu près définitive. (48). On ne peut guère lui reprocher que d'avoir, comme son prédécesseur, incliné beaucoup, trop à l'ouest et au sud le littoral français (49). .

Richelieu, plus qu'aucun autre homme d'État avant lui, tint à consulter d'une façon régulière les géographes, parce que, sachant où il voulait aller, il tenait à apprendre comment il irait.

C'est certainement sous son inspiration (on y retrouvé quelques expressions caractéristiques de son Testament politique) qu'un Atlas du temps inséra cette préface :

« Amy lecteur, ceux la me semblent n'avoir pas mal rencontré: qui ont appellé l'histoire l'oeil de la prudence civile, et la géographie l'oeil et la lumière de l'histoire... La cognoissance des personnes est de grande importance en histoire ; mais celle du temps l'est aussi, et pareillement celle du lieu.

Si vous ignorez où est la Rochelle et la pointe de Coreille, et Chef de Baye, vous ne verrez goutte à l'histoire du siège, que Louys le Juste, à présent régnant, a mis devant cette place, et ne pourrez-vous imaginer combien esmerveillable a esté la digue, avec laquelle il lui a bouché le passage de la mer.

Si aussi vous n'avez point de coignoissance de Leipzich, vous ne recevrez aucun contentement, d'avoir à parler du grand carnage que Gustave Adolphe, Roy de Suède, a fait des troupes impériales et à lire comme assez proche de là, environ quinze mois après, il a triomphé de ses ennemis ...

Si les royaumes et principautez n'estoyaient séparées par des rivières, montagnes, mers et districts, quelles bornes auroyent-elles, et cesseroit-on jamais de se faire la guerre les uns les autres? Le Prince pose sagement des bornes à son ambition, qui s'estudie d'apprendre plus tôt des géographes, quels sont les confins de son royaume, que de cette insatiable convoitise de dominer sur beaucoup de pays !»

C'est stimulé par lui que le premier des Sanson, devenu conseiller d'État, débrouilla « l'art confus » de nos vieux cartographes. En fait de projections n'était-il pas le digne héritier de Mercator (50)?

Sous le ministère même du grand Cardinal, qui vit ses premiers travaux, il donna, outre une carte de France en plusieurs feuilles, une carte de France réduite, une carte des fleuves de France (1642), précédée d'une carte des postes de France (1632) 51. Sous son impulsion, la cartographie devenait un puissant auxiliaire de l'administration civile et militaire (52).

En 1679, la carte de France, telle que l'avait tracée Sanson, passait encore pour la meilleure, qui existât et on en presentait.au grand Dauphin, alors élève de Bossuet, une nouvelle édition.

Mais, en ce temps-là même (1672-1682), trois membres de l'Académie des sciences, Picard (53), Cassini et Lahire la corrigeaient au moyen d'observations astronomiques.

Notre patrie se trouva diminuée d'un degré de longitude sur la côte occidentale entre la Bretagne et la baie de Biscaye et d'un demi-degré sur le littoral de la Provence et du. Languedoc. La France des Bourbons apparaissait, malgré les annexions accomplies au  XVIIe siècle, de la Bresse et de Bugey, de la Franche-Comté, de l'Alsace, de l'Artois, de la Flandre, du Roussillon, plus petite que celle des Valois. Louis XIV put dire avec esprit aux trois astronomes :

« Votre voyage m'a coûté une bonne partie de mon royaume (54.) » Picard et Lahire, en cette mémorable année 1682, opposèrent, au moyen d'un, croquis, à la France, encore mal dégrossie de Sanson, la France, svelte et gracieuse, que la science venait de révéler. « On a proposé ici, disaient-ils, la carte de M. Sanson comme la plus juste de toutes les modernes qui ont été données au public, pour faire voir seulement combien les observations sont différentes des relations et les mémoires sur lesquels les plus excellents géographes sont obligés de travailler (55). »

On était bien loin maintenant d'Oronce Fine! Le. visage de la « douce France » n'était plus déformé ou voilé.

 Mais il ne devait apparaître dans toute sa beauté qu'avec la carte de Cassini et surtout avec cette carte d'état-major qui devrait se rencontrer aujourd'hui dans toutes nos écoles et, par fragments tout au moins, dans nos plus humbles chaumières.

Que l'on se rappelle maintenant ce que nous avons dit dans une communication antérieure sur Un professeur et un cours de géographie à la fin du règne de Louis XIII .

Dans ce développement parallèle des études géographiques et des études-cartographiques, Sanson ne vous semble-t-il pas correspondre à Papire Masson et à Louis Coulon, qui ont composé, l'un en latin, l'autre en français, des traités sur les rivières de France ; Postel à Charles Estienne, auteur du Guide des chemins de France, Jolivet et Fine à Claude et à Symphorien Champier, qui élaborèrent les premiers rudiments de géographie? Tantôt le texte l'emporte sur le dessin, tantôt le dessin sur le texte; mais on constate, ici et là, un progrès continu.

 

Claude Masse, la carte de référence

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la cartographie est mise au service des rois de France, soucieux pour de multiples raisons de bien connaître le tracé, la navigation et les dangers de « la rivière de Bordeaux ». Pionniers dans leur science, savants mathématiciens dans leurs calculs, les cartographes du roi sont des hommes de terrain, observateurs dotés d’une extrême vigilance, toujours aux aguets vis-à-vis des changements à la façon d’un Claude Masse (1652–1737) dont la carte, contemporaine du début du XVIIIe siècle, sert de modèle à ses successeurs.

 

Quel que soit le mérite intrinsèque des uns et des autres, il y aurait intérêt à recueillir, à classer et à dater leurs oeuvres, à l'assembler sur eux les renseignements biographiques les plus étendus et les plus certains.

Il importe au plus haut degré de savoir quelle idée, au point de vue physique, les Français se sont faite de la France durant les diverses phases de son histoire. Il y a là une question capitale à soulever, à côté de celle, plus avancée, de la formation territoriale de la France.

 

Novembre 1896.  LES CARTES DE MASSE  (1707-1724)

La Chambre de commerce de Bordeaux vient de faire don à la Société de géographie commerciale de la collection de 15 feuilles, grand format, de la reproduction en noir des cartes topographiques et hydrographiques dressées et levées par l'ingénieur militaire Claude Masse, qui vécut de 1650 à 1737.

 

C'est un travail géographique d'une valeur inestimable, d'une précision remarquable et d'une étendue considérable.

Les études de Claude Masse comprirent toute la région de notre pays, depuis l'embouchure de la Loire jusqu'à celle de l'Adour, et lui firent dessiner 57 cartes à grand point, 120 croquis ou plans particuliers et une quantité de places fortes ou forteresses, le tout accompagné de mémoires très étendus.

Les 15 cartes dont nous a fait cadeau la Chambre de commerce sont celles qui intéressent plus particulièrement notre région.

Elles donnent les renseignements les plus précieux sur l'état du pays et de ses cultures, dans la zone comprise entre l'embouchure de la Gironde, Bordeaux, les Landes, jusqu'au bassin d'Arcachon.

C'est le document le plus complet et le plus exact que l'on puisse consulter sur notre région à la fin du règne de Louis XIV.

Nous sommes très reconnaissants à la Chambre de commerce d'avoir mis à notre disposition une source de renseignements géographiques d'une telle importance pour l'histoire du passé.

Pour permettre d'apprécier cette oeuvre magistrale, nous croyons utile de donner quelques indications sommaires sur Claude Masse et sur ses travaux (Ces renseignements sont en partie tirés d'un article publié par M. de Richemont dans le Bulletin de la Société de géographie de Rochefort de 1881).

Claude Masse (1650-1737) fut d'abord dessinateur, employé par M. de Ferry, ingénieur militaire, chargé des fortifications et tracé des places- de guerre dans la région du Sud-Ouest de la France.

De 1679 à 1736, pendant cinquante-sept ans, Masse fit un grand nombre de plans, de dessins de fortifications en France, en Espagne, entre la Loire et l'Adour, puis dans les provinces du Nord de la France.

Son chef et protecteur, M. de Ferry, mourut en 1700. Masse, dont la solde était en retard, engagé dans des avances qui ne lui étaient pas remboursées, ruiné en partie, se retira chez lui et s'adjoignit son fils, Claude-Félix, pour mettre ses études en ordre.

De 1712 à 1724, il rédigea ses cartes et ses mémoires géographiques sur le Bas-Poitou, les pays d'Aunis et de Saintonge, et sur le Bordelais et la Gironde; il était alors âgé de plus de soixante ans.

Cependant, il reprit de l'activité, fut nommé ingénieur militaire à Lille, et mourut à Mézières en 1737, âgé de quatre-vingt-cinq ans.

Tous ces plans, toutes ces cartes, tous ces mémoires restèrent inédits, de par la volonté même de Masse; une partie fort importante existait encore en 1880 entre les mains de ses derniers descendants.

On savait que ces documents avaient une grande valeur; quelques pièces des mémoires concernant La Rochelle et ses environs avaient été copiées et recueillies à la Bibliothèque de cette ville.

Mais, au décès du dernier membre de la famille, les services de la Guerre s'emparèrent d'une partie de ces documents qui pouvaient intéresser l'État, et le reste fut dispersé et aurait certainement disparu à tout jamais si M. Dezeimeris, le distingué président de notre Conseil général, membre de l'Académie de Bordeaux, et à cette époque bibliothécaire de la Ville, informa; de l'existence de quelques-unes de ces cartes manuscrites spéciales à la région bordelaise et à la Gironde, n'avait obtenu de la municipalité de Bordeaux les moyens d'acquérir ces cartes et de les sauver ainsi de la destruction.

Douze feuilles furent acquises; elles étaient dans l'état le plus précaire; le papier très mince, sur lequel est tracé le dessin en plusieurs couleurs, était jauni par le temps, les coupleurs s'effaçaient et, de plus, il était brisé aux plis nombreux de la feuille ; le tout était menacé d'une destruction rapide et complète. -

A première vue, la perfection du dessin, la masse des détails qu'il contenait, donnaient l'impression que ces documents avaient une extrême valeur historique et géographique; aussi, le premier soin de M. Dezeimeris fut-il de les préserver autant que possible des mutilations ultérieures, en appliquant ces feuilles légères sur de la toile spéciale.

Cette réparation, admirablement exécutée, permit alors de consulter ces cartes avec quelque fruit, de s'assurer de leur exactitude par la comparaison avec les cartes modernes, et nous pouvons rappeler que le Bulletin de la Société de géographie de Bordeaux a publié diverses études comparatives, entre le dessin de notre rivière fait par Masse et les dispositions actuelles des rivages, des bancs et des profondeurs.

L'exactitude du travail de Masse ressortait pleinement de ces comparaisons; par suite, les modifications survenues dans les passes du fleuve, depuis ces deux cents ans, prenaient une importance historique d'une valeur scientifique incontestable.

 

C'était le document le plus exact et le plus ancien que l'on possédât sur la Gironde et sur le bassin d'Àrcachon ; c'était un levé topographique de la région bordelaise, de la Saintonge et des Landes, aussi précis que celui des frères Cassini, et qui le précédait de quatre-vingts ans.

Mais ce précieux travail, fait en plusieurs couleurs, était manuscrit, et par le fait du temps, les teintes tendaient à devenir confuses et à s'effacer; la seule manipulation des chercheurs pouvait les rendre illisibles; enfin, ces feuilles si intéressantes, uniques pour notre histoire, étaient à la merci du moindre accident.

Les hommes d'études, préoccupés du danger que courait ce monument historique et géographique, firent part de leurs inquiétudes, et demandèrent que des copies exactes en fussent faites pour sauver les originaux de la destruction, assurer la conservation de ce magnifique travail, fait pour la région et par l'initiative privée, et en permettre l'étude complète. Cette reproduction exigeait une assez forte dépense.

M. Crahay de Franchimont, ingénieur en chef des ponts et chaussées, alors chargé du service maritime de la Gironde, ayant eu connaissance de ces cartes et en ayant apprécié la valeur, comprit la nécessité d'en assurer la conservation.

Il y parvint avec le concours de la Ville de Bordeaux, du Département de la Gironde et de la Chambre de commerce de Bordeaux. Il obtint que la copie en fût faite dans l'atelier photographique des Ponts-et Chaussées.

Ce travail fut d'abord exécuté en noir et reporté sur zinc, pour en faire l'impression. Il donnait le canevas complet de tout le tracé, toutes les annotations de Masse, les sondages du fleuve, des étangs el de la côte, les détails du terrain,- et la possibilité de reproduire indéfiniment ces feuilles sous cette l'orme simplifiée.

Mais l'original manuscrit est en couleurs, et les diverses teintes employées par l'auteur donnent à l'aspect général et au dessin une valeur bien plus considérable. Aussi, il a été décidé qu'il serait fait en couleurs et exécuté à la main quatre exemplaires complets de ces 12 feuilles; ce qui, avec l'original, assure la conservation indéfinie de ces précieux instruments d'études.

Ces reproductions en couleurs, admirablement soignées et exécutées, seront conservées : 1° à la Bibliothèque municipale; 2° aux Archives départementales; 3° à la Chambre de commerce; 4" au Service maritime des Ponts et Chaussées.

En sorte que les personnes qui étudieront sur l'exemplaire en noir pourront, en cas d'indécision, se reporter aux feuilles en couleur, plus faciles à lire et donnant mieux l'image du relief du terrain.

Entre temps, M. Crahay de Franchimont retrouva, dans ses recherches aux différents ministères, trois feuilles nouvelles de Masse, ayant encore trait à notre région, et, parmi elles, la carte d'assemblage des éludes de Masse, qui nous donne la notion précise du travail énorme accompli par cet ingénieur militaire.

Ces, feuilles nouvelles furent jointes au dossier.

 

Nous croyons être utile à nos lecteurs en donnant la nomenclature de ces caries et un simple aperçu des renseignements fournis par chacune de ces feuilles sur la région qu'elles décrivent. Nous les analysons dans l'ordre où elles sont placées dans l'Atlas.

 

Première feuille : Carte d'assemblage du travail de Masse, depuis l'embouchure de la Loire jusqu'à l'étang de Cazeaux.

Une notice explicative donne l'indication des procédés employés, de la signification des colorations, de la division du travail, et la nomenclature de 120 plans de détail qui accompagnaient les diverses feuilles exécutées par Masse.

La carte d'assemblage indique 57 carrés ou cartes générales ; les plans ou levers particuliers sont marqués sur la carte par de grandes et de petites lettres, puis par des chiffres plus petits; ces plans parcellaires sont au nombre de 120. 25 d'entre eux concernent la région bordelaise, sous les numéros 49 à 74. Bordeaux-ville est sous le numéro 66.

Les grands carrés formant la région de la Gironde portent les numéros suivants :

Rive droite : 19, 24, 33, 51, 52, 53.

Rive gauche : 25, 34, 35, 54, 55, 56 (Bordeaux) et 57.

Côte des Landes : 26, 27, 28, 29, 30 (Arcachon) et 31.

En tout, 19 feuilles.

Il manque à notre collection les numéros suivants :

25, côte de Soulac.

26, 27, côte des Landes jusqu'à moitié de l'étang de Carcans.

31, de la pointe sud d'Arcachon à l'étang de Cazeaux. 38 et 39, les Landes à l'est d'Arcachon. 52, la rive droite de la Gironde entre Mortagne et Vitresay. 56, 57, les landes de Landiras.

Au total, 9 feuilles nous manquent; mais nous en possédons quatorze, plus la feuille d'assemblage.

Parmi les plans de détail dont Masse nous donne la nomenclature, un certain nombre offriraient un grand intérêt :

Nos 485 49, détails de la Coubre et des bancs des Anes.

N«s 78, 80, 81, 82, alentours de Cordouan.

Nos 85, 86, passes d'Areachon.

Nos 90, 91, 92, 93, 94, les dunes entre Soulac et le cap Ferret.

On espère retrouver dans les archives du ministère quelques -uns de ces documents, mais leur nomenclature seule montre l'immensité du travail de Masse et l'intérêt de premier ordre, pour le département de la Gironde, de rechercher ces précieux manuscrits et d'en faire la publication.

L'échelle des 14 feuilles que nous possédons est de 10 centimètres pour 1,500 toises = 2,923m5; 1 centimètre représente donc 292™ 35.

Nous donnons, en une petite carte, un simple schéma, réduction à mi-grandeur de la partie de la carte d'assemblage qui représente la région girondine, en faisant ressortir, par des différences dans le tracé, les feuilles que nous possédons et celles qui nous manquent.

Quelques-unes de ces feuilles, entre Royan et Mortagne, se superposent en partie pour rendre le dessin plus facile à saisir.

 

Deuxième feuille : Embouchure de la Gironde, de la pointe de la Coubre à la pointe de Grave (n° 19 du plan; dimensions: 0,64 sur 0,62).

Cette carte donne de très nombreux sondages, en pieds, le dessin des bancs qui entourent Cordouan et de ceux qui sont vers la pointe de la Coubre.

Ces bancs vers la Coubre, appelés aussi bancs des Anes, découvraient alors dans les grandes marées ; il y avait entre eux et la terre des petites passés impropres à la navigation.

Les nombreux sondages pris entre Cordouan et ces bancs montrent où se trouvait alors la passe d'entrée de la Gironde, avec des profondeurs de 18 mètres.

La dimension de la carte ne comporte pas la passe du Sud.

 

Tableau d'assemblage des cartes de Masse

 

Le rivage de la mer est tracé depuis la pointe de la Coubre jusqu'à Saint-Palais. On voit très bien les modifications survenues depuis à la côte, dans l'ouest de Terre-Nègre.

Sur la rive gauche est tracée une partie de la pointe de Grave, vers le gros Terrier, en face de Cordouan.

La distance entre ce point et la tour de Cordouan est de 2,800 toises = 5,400 mètres.

La distance actuelle est de 6,900 mètres. Il y a donc eu depuis cette époque érosion et destruction d'une bande de terrain de la pointe de Grave, d'une largeur de 1,500 mètres.

La plus grande, modification à signaler, c'est la destruction d'une partie des bancs des Anes, qui, rejetés vers Cordouan, ont comblé la passe d'entrée dite du Mattelier et forcé le fleuve à se créer une nouvelle passe au travers de ces bancs, près de la Coubre; passe qui malheureusement n'offre plus à la grande navigation des profondeurs aussi considérables que l'ancienne.

Ces modifications des rivages, rive droite et rive gauche, de l'embouchure, de la disposition des bancs et des passes de navigation, ont un intérêt historique de premier ordre, et nous appuyons sur ce fait important, parce que les courants de marée de l'entrée du fleuve ont été modifiés dans leur direction et que, clans le même temps, il s'est produit dans la région du fleuve (dite de la Maréchale) des modifications dans la disposition des bancs et des passes de celte, partie de la rivière, qui ont altéré gravement les conditions de navigabilité de la Gironde.

 

Troisième feuille : La Gironde, Rive droite, de Saint-Palais à Meschers, à l'intérieur la Seudre et Saujon; rive gauche, la pointe de Grave (n° 24 du plan; levée en 1706; dimensions : 0,62 sur 0,62).

Cette feuille contient les sondes du fleuve vers Royan, le banc des Marguerites et la pointe de Grave; sur la rive droite, une partie de la rivière de la Seudre et la topographie du terrain entre la Seudre et la Gironde.

 

Elle nous montre le tracé d'un canal, projeté par le cardinal de Richelieu, pour joindre la Gironde à la Seudre entre Meschers et Saujon ; ce canal devait être prolongé de Saujon vers la Charente et La Rochelle, de façon à permettre aux gabares et bateaux de rivière de transporter les marchandises de la Saintonge dans le Bordelais, sans avoir à affronter les dangers de l'embouchure de la Gironde et des Perthuis.

 

La partie de la rivière que nous montre cette carte a très peu changé. Les profondeurs ont un peu augmenté vers la rade du Verdon. La largeur de la rivière entre la pointe de Grave et la pointe de Suzac est de 2,450 toises (4,700 mètres), elle est restée la même.

 

Quatrième feuille : Gironde. Rive droite, de Poutaillac à Mortagne; rive gauche, de la pointe de Grave au chenal de Saint-Vivien (n° 33 du plan; levée en 1708; dimensions : 0,87 sur 0,63).

Dans cette feuille, les rivages de la rive droite, qui sont rocheux, n'ont pas éprouvé de modifications, non plus que ceux de la rive gauche bien qu'ils soient de nature plus meuble ; mais les bancs de sable du milieu du fleuve n'ont plus la même disposition qu'autrefois; tout en restant au milieu de la rivière, ils se sont groupés différemment : le banc des Marguerites a diminué d'étendue, et les bancs de Talmont et de Saint-Seurin se sont agrandis et réunis en une seule mas.-e qui forme le banc de Goulée actuel.

Les bancs et les rochers du Bec de Jau constituent aujourd'hui les bancs de Talais.

Les profondeurs de la rive droite sont restées les mêmes; celles de la rive gauche ont augmenté depuis la formation du banc de Goulée à l'intérieur. La carte donne la topographie du. terrain depuis Royan jusqu'à Cozes et à Mortagne; on y voit l'aboutissement du canal du cardinal dé Richelieu, qui avait lieu entre Meschers et Talmont sur la Gironde, se dirigeait vers Sémossac, et aboutissait près de Saujon en traversant lès nombreux marais de cette région.

 

Cinquième feuille: Gironde. Rive droite, Mortagne; rive gauche, de Saint-Vivien à Saint-Seurin-de-Cadourne (n° 34 du plan; levée en  1708; dimensions : 0,74 sur 0,64).

Cette feuille montre au milieu du fleuve les bancs distincts de Saint-Seurin et de Mortagne, qui se sont plus tard réunis au banc de Talmont pour former le banc de Goulée.

Des profondeurs existaient près de Mortagne et de Saint-Seurin, rive droite; elles ont disparu, et il s'est formé près de la rive un nouveau banc, qui laisse à peine un petit chenal sans profondeur pour arriver à Mortagne.

Le long de la côte du Médoc, les profondeurs qui existaient alors se sont maintenues jusqu'à nos jours.

La carte donne les détails topographiques de l'intérieur du Médoc jusqu'aux environs de Lesparre.

 

Sixième feuille: Gironde. Rive droite, de Mortagne à Saint-Romain jusqu'à Gémozac (n° 51 du plan; levée on 1718; dimensions: 0,76 sur 0,63),

Cette feuille nous montre qu'il existait, sur la rive droite du fleuve, des profondeurs utilisables pour la navigation qui ont disparu depuis et sont remplacées par des bas-fonds.

Les profondeurs de la rive du Médoc sont restées les mêmes dans cette partie.

Le levé topographique du terrain de la rive droite embrasse la région jusqu'à Gémozac.

 

Septième feuille : Landes et marais de Lesparre (n° 35 du plan ; levée en 1707 ; dimensions : 0,73 sur 0,62).

Cette feuille comprend le levé topographique du terrain depuis Saint-Seurin-de-Cadourne jusqu'auprès de Lesparre et de l'étang de Carcans, d'autre part jusqu'à Saint-Laurent-du Médoc, On y voit les canaux d'écoulement des Landes et les divers cours d'eau indiquant la pente des terrains.

 

Huitième feuille: Gironde. Rive droite, de Saint-Clers-la-Landa à Blaye; rive gauche, de. Cadonrne à Paulllac et Reychevelle ; intérieur jusqu'à Montendre (v? 53 du plan; levée en 1728; dimensions: 1,00 sur 0,63),

Dans cette feuille il est intéressant de constater les modifications éprouvées par le fleuve. On voit qu'il existait, au milieu de son cours, quatre bancs' qui ont disparu; ils formaient, dans le lit du fleuve, deux chenaux praticables à la navigation ; une passe près de la côte du Médoc, et une autre près de la côte du Blayais praticable jusqu'au port de Blaye.

Ces quatre bancs étaient dénommés : de By, de Castillon, de Cadourne et de Saint-Vincent ; ils ont disparu, et en même temps la passe de la rive droite, du Blayais, s'est comblée, et celle de la rive gauche, du Médoc, a perdu 3 mètres ; ce qui a formé le plateau de la Maréchale, si gênant pour les navires de grande calaison. La destruction de ces bancs a eu lieu de 1780 à 1790.

Le levé topographique du terrain de la rive droite s'étend jusqu'à Montendre.

 

Neuvième feuille: Gironde. Rive droite, Blaye et Dordogne jusqu'à Cubrac, Bec-d'Ambès ; rive gauche, de Beychevelle à Macau (n? 54 du plan ; levée en 1724; dimensions : 0,80 sur 0,63).

Le fleuve est encore ici très intéressant par les modifications qu'il a subies. Presque toutes sont dues à l'action des riverains, encouragés par l'État à faire des emprises sur la rivière.

Au milieu du fleuve, la vente des bancs a permis de constituer plusieurs îles nouvelles; celles de Bouchaud, de Fagnar, l'Ile Verte en face de Lamarque et les prolongements de l'île Cazeàux jusqu'en face de Macau.

Sur la rive gauche, le rattachement à la terre ferme des îles de Soussans, de La Barde et de Macau rétrécissait de moitié le bras du fleuve, dit de Macau, et changeait toutes les conditions antérieures des largeurs des rives et du régime du fleuve.

Les conséquences de ces empiétements ne tardèrent pas à se faire sentir, et portèrent un trouble profond clans la navigation en déplaçant les bancs et les passes.

Le port de Blaye, qui était sur la route des grands navires, a perdu ses accès et a dû être délaissé.

L'entrée de la Dordogne a été modifiée; le chenal, qui suivait autrefois la rive du Bec-d'Ambès, s'est déplacé et se trouve maintenant le long de la rive de Bourg.

Les profondeurs du Bec-d'Ambès sont restées, jusqu'en ces derniers temps, très inférieures à ce qu'elles étaient autrefois.

La passe de navigation qui, autrefois, allait de Pattillac vers Blaye et longeait la rive de la Roque-de-Tau, ayant de s'engager dans le Bec-d'Ambès, s'est déplacée vers Beychevelle et les iles. Dans le Bec lui-même, elle a présenté une instabilité gênante qui en diminuait la profondeur.

Le levé topographique intérieur donne le dessin de la région depuis Blaye jusqu'à Saint-Girons-de-Cubzac, et sur la rive gauche de Pauillac à Ludon. Toute la disposition des îles et du Bec-d'Ambès est tracée sur cette carte.

 

Dixième feuille : La Garonne, de Macau à Bordeaux; la Dordogne, de Cubzac à Caverne; Intérieur, l'Entre-deux-Mers jusqu'à Saint-Loubès, et sur la rive gauche, jusqu'à Saint-Médard-en-Jalle (n° du plan; sans date; dimensions : 0,75 sur 0,63).

Le dessin de la Garonne, depuis Macau jusqu'à Bordeaux, montre les bancs dans les emplacements où ils sont encore actuellement, ils occupent à peu près la moitié du lit du fleuve comme aujourd'hui.

On sait qu'il a été fait de nombreux travaux d'endiguements, qui ont diminué la largeur de la rivière, et par suite la largeur du lit navigable.

Pour le port de Bordeaux, la carte de Masse indique, au droit du château Trompette, une largeur de rives de 800 mètres et une largeur du port de 400 mètres.

Les endiguements successifs ont rétréci les rives actuelles à 400 mètres et la passe du port n'a plus que 200 mètres. Les profondeurs y ont aussi diminué.

Dans la Dordogne, où il n'a été fait d'autres travaux que les ponts, les conditions de navigation sont restées sensiblement les mêmes qu'autrefois.

Le levé topographique de Bordeaux et de ses environs, de l'île de Queyries et de l'Entre-deux-Mers est d'un très haut intérêt historique.

On voit la route que suivaient les courriers venant d'Espagne et allant vers Paris, le point où ils traversaient en bac la Dordogne. Sur la rive gauche, le plan de Bordeaux et le peuplement des environs jusqu'à Saint-Médard-en-Jalle.

 

Onzième feuille : Côte des Landes ; intérieur, landes, dunes et étangs de. Carcans et de Lacanau (n° 28 du plan; levée en 1707: dimensions: 0.75 sur 0,63).

Cette carte nous donne le dessin des dunes et l'indication du chenal qui réunissait autrefois l'étang de Carcans à la mer.

Les limites des deux étangs étant bien tracées, on peut comparer l'état ancien à l'état actuel. De nombreux sondages permettent d'apprécier les modifications de niveaux apportées par le mouvement des dunes.

 

Douzième feuille : Les Landes vers Listrac et Castelnau (n° 30 du plan; levée en 1707 ; dimensions : 0,87 sur 0,63).

Cette carte contient le levé topographique de la région comprise entre les deux étangs jusqu'à Castelnau. Les remarques nombreuses sur l'état d'inondation du pays intéresseront le lecteur.

 

Treizième feuille : Côte des Landes, Le Porge (n° 29 du plan ; . levée en 1707 ; dimensions : 0,63 sur 0,63).

Cette carte donne la côte des Landes et les dunes, depuis l'étang de Lacanau jusqu'à Lège, au nord du bassin d'Arcachon, ainsi que les canaux d'écoulement des Landes vers le bassin.

 

Quatorzième feuille : Les Landes du pays de Buch (n° 37 du plan; levée en 1707; dimensions : 0,74 sur 0,63).

Cette carte donne le dessin topographique de la région landaise, de Salaunes à Martignas; elle est toute d'intérêt historique pour le développement des centres d'habitation et des cultures.

 

Quinzième feuille: Le cap Ferret et le bassin d'Arcachon (n° 30 du plan; levée en 1706; dimensions : 0,87 sur 0,63).

Cette carte est excessivement intéressante en ce qu'elle nous montre l'état du cap Ferret et du bassin, il y a deux cents ans. La comparaison avec les cartes actuelles montre que le cap Ferret s'est avancé vers le Sud d'une quantité considérable ; que la pointe du Sud a été corrodée d'une quantité équivalente, puisque la largeur de la passe du débouquement est encore la même.

On voit qu'à l'intérieur, les rivages d'Arès, d'Andernos, du Teich, de La Teste et d'Arcachon n'ont subi presque aucune modification; l'île de La Teste (île aux Oiseaux) est presque identique à l'état antérieur, et il en est de même des canaux qui sillonnent les bancs si nombreux du bassin.

L'avancement du cap Ferret vers le Sud s'est produit brusquement, à la fin du siècle dernier, par l'exhaussement des bancs des passes, et leur réunion à la pointe du cap. La date n'est pas précise, mais il est probable que ce fut vers 1782, par suite des coups de vent qui causèrent la destruction d'une partie de Saint-Jean-de-Luz, celle d'une partie de la pointe de Grave, et bouleversèrent les bancs des Anes, dans l'ouest de Cordouan.

L'érosion de la pointe du Sud, de la côte du Pilât et de la pointe du Bernet étant en relation directe avec cet avancement du cap Ferret, il doit suffire, pour empêcher ces érosions, d'arrêter, par des saignées, l'avancement du cap vers le Sud.

Cette analyse succincte de la collection de ces quatorze cartes de Masse montre quelle fut l'importance de ce travail, et le prix inestimable que nous devons attacher au cadeau que vient de nous faire la Chambre de commerce.

Il ne sera plus permis de parler du passé de notre région, de notre fleuve, des étangs ni du bassin d'Arcachon, sans rappeler ces documents d'une authenticité absolue.

Par eux, l'on reconnaît les modifications des côtes et du fleuve qui sont dues soit aux forces de la nature, soit à l'oeuvre des hommes. Ils font regretter amèrement que des lacunes importantes existent parmi les feuilles qui ont trait à notre région, et que la dispersion de ces richesses, arrivée en 1880, ait amené la destruction d'un grand nombre de ces pièces.

Nous savons que des mémoires étendus accompagnaient ces cartes, ainsi que des plans de détail dont un grand nombre avaient trait à nos côtes et à notre fleuve.

Un certain nombre de ces documents existent encore dans les archivés des ministères et dans certains dépôts publics. Des démarches vont être tentées pour rechercher ces pièces et en obtenir la copie.

L'importance des mémoires n'a pas besoin d'être démontrée; Masse, il y a deux cents ans, a pu recueillir des traditions qui se sont évanouies depuis. Il a parcouru lui-même toutes nos dunes, bien avant que les travaux de semis aient été entrepris ou proposés par Charlevoix de Villers; et nous savons que son esprit observateur embrassait les divers côtés des questions qu'il étudiait.

Ces mémoires si précieux existent encore en partie et l'Académie de Bordeaux, soucieuse de les recueillir et d'en faire part au public, a décidé de faire faire l'impression des pièces que l'on retrouverait, pour mettre ces manuscrits à la portée des érudits et des hommes d'étude.

La Société de géographie, en témoignant sa reconnaissance à la Chambre de commerce, est heureuse d'appeler l'attention du public sur cette oeuvre magistrale.

HAUTREUX. Société de géographie commerciale (Bordeaux)

 

 

 

Les atlas des routes de France (atlas de Trudaine) Réalisés entre 1745 et 1780 sur ordre de Charles Daniel Trudaine, administrateur des Ponts et Chaussées

 

1680 le Cardinal de Richelieu fait dresser des cartes des côtes de France pour le Dauphin <==


 L'exposition Cartes d'Anjou est visible jusqu'au 27 mars, du lundi au vendredi, de 9 h à 18 h. L'entrée est gratuite. 

EXPO | Cartes d'Anjou aux Archives départementales

https://www.archives49.fr/news/tous-les-evenements/detail-dun-evenement/archive/2020/january/19/article/exposition-cartes-danjou-ouverture-exceptionnelle/

 

 

Expédition La Pérouse, Le naufrage de Jean-François de Galaup, comte de Lapérouse

(la préparation du voyage autour du monde de Jean-François de la Pérouse travaillant avec Louis XVI sur la cartographie du Pacifique.) Le naufrage de Jean-François de Galaup, comte de Lapérouse Si Lafayette est le héros français de la guerre d'indépendance de l'Amérique, Lapérouse s'y illustre : il surprend les Anglais à la Baie d'Hudson et participe ainsi à la victoire des Américains pour leur indépendance en 1783.....

 

Etude des voies de communication en Bas Poitou

Quels étaient donc ces chemins ? Le Guide de Charles Estienne mentionne parmi " les plus notables chemins " du Bas Poitou deux routes allant du port des Sables vers l'intérieur du royaume, une troisième qui, reliant les deux grands ports de la Rochelle et de Nantes, coupait les deux précédentes à Luçon et à Montaigu, et enfin une voie, par deux itinéraires assez rapprochés, reliant la Rochelle, Luçon, Loudun et Tours....

 

 

1. Séance de la Société de topographie de France, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, le 4 novembre 1888, sous la présidence de M. liardoux, sénateur, ancien ministre de l'Instruction publique. La date initiale (1525) est celle de la publication de la carte de France d'Oronce Fine ; la date terminale (1682), celle de la rectification astronomique de --Lattre et Picard.

2. Sur ces treize/séances, huit .ont été présidées par M. Ferdinand de Lesseps, trois par M.-Bardons, une par M. de Mali y, une par M. l'amiral, Jurieu de la- Gravière.

3. Voir Bibliothèque historique- de la France; du Père Le Long, l er vol., édition de Févret de Fontette

4. Plus de cent ans après, sur l'ordre de Henri II, Descelliers peignait sur parchemin une mappemonde, souvent citée.

5. C'est l'appréciation qu'en donne M. Vivien de Saint-Martin dans son Histoire de la Géographie et des découvertes géographiques depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, p. 293.

6. M. Gabriel Marcel a commencé une intéressante publication de portulans, chez l'éditeur Gaultier, 55, quai des Grands-Augustins.

7. A ceux cités par M. Vivien de Saint-Martin (p. 289-290), nous ajouterons l'Image du Monde, poème didactique du XIIIe siècle, qui a été l'objet en 1886 d'une thèse présentée à l'école des Charles par M. E.Daniel Graud. Voici les titres de quelques-uns des chapitres de la deuxième partie de ce poème : 1° Comment la terre est divisée en diverses parties. 2° De la Mappemonde : Asie, le Paradis terrestre, Inde, Asie-Mineure. 3° Europe. 4° Afrique. 5° lies. 6 Histoire naturelle de l'Europe et ,de l'Afrique. 7° Dqs propriétés des choses communes. 8° De l'Enfer. 9° Comment l'eau court sous la terre, etc.

8. Voir dans la Library of Harvard university, n° 18 (1884) la « Bibliography of Ptolemy's Geography», by Justin Winsor. L'auteur énumère environ soixante-quinze éditions probables de Ptolémée de 1452 à 1843. La première édition certaine de Ptolémée est de l'an 1475 (sans cartes).

9. Goografia di Francesco Berlinghieri Florentino, con sue lavole in vari siti e provincie, secundo la goografia e distenzione délie tsvole di Tolomeo, en terza rima.

10. Cosmographia universalis (1542 et 1545) secundum tabulas Ptolemaei, opéra Sebastiani Munsterii, novo parato modo. His adjectae sunt plurimae novae tabulae, modernam orbis faciem literis et pietura explicantes, inter quas quaedam antehac Ptolenaeo non fuerunt adsilae.

En 1548, dans la chronique de Stumpf, paraissait une carte de la Gallia oder Frankreich, plus fautive que celle de Munster.

11. Geogralia di Claudio Ptolemeo Alessandrino con alcuni comenti e aggiunti fattevi da Sebastiano Munstero Alemanno, con le tavole non solamente antiche e moderne solite di stamparsi, ma altre nove aggiuntive da Messer Jacopo Gastaldo Piamontese cosmografo, redotte in vulgare Italiano da M. Pietro Andréa Mattiolo Severo medico excellentisimo. Venise, 1548. On y rencontre une Galliae nova tabula.

12. Voir Rochas : Biographie du Dauphiné. Oronce Fine, né à Briançon, en 1494, la même année que François Ier, mourut à Paris le 6 octobre 1555.

13. Jean Jolivet avait dressé eu 1545 une carte du Berry, en six planches, dédiée à Marguerite de Valois, reine de Navarre, soeur de François Ier. Il obtint le titre de « géographe du roi ». -

14. Ulmus hoec quatuor collaterarium provinciarum Fine atttingit.— Dans sa Topographia Gallise (Francfort, 1655), Martin Zeillor écrit : «  Merula refert annosam ulmum inter la Maison neufve vicum et Argentrin oppidum agri Bituricensis, versus septentrionem spectari, quae quatuor provincias, nemne Biluricensem, . Borboniam, Arverniam et Lemovices dirimal. »  

15. L'empereur Charles-Quint comptait dans cette expédition Albert de Brandebourg parmi ses lieutenants.

16. Des événements tels que la fondation de Petit Dieppe sur la côte occidentale d'Afrique, l'expédition de Jean de Béthancourt aux Canaries, et le voyage de long cours de Cousin témoignent de l'initiative des Normands, mais non de l'initiative de « l'Etat », du « Gouvernement français ». ,

17. Notre entrée comme nation, comme État, dans cette voie, date des expéditions de Verrazano, Jacques Cartier et Boberval, sous François Ier. Voir l'étude de M. P. Gaffarel, publiée ici même (1887). Voir aussi les Découvertes et l'opinion en France au XVIe siècle, par M. L. Deschamps (mai-juin 1885). « Ce qui frappe tout d'abord, dit l'auteur, c'est qu'au- delà de la moitié de ce siècle, le public français ne fut, à une, ou doux exceptions près, initié aux découvertes que par des traductions. »

18. Postel met Bordeaux à sa vraie place, comme le faisaient les portulans. Il rectifie également le cours de la Vienne, qu'Oronce Fine et Jolivet faisaient affluer dans la Loire en aval de Saumur. '

19. On remarquera que, dans l'atlas d'Ortelins, il y a déjà une carte générale de l'Europe qui suppose une bien meilleure entente du tracé de la France.

20. On la trouve également dans la Cosmographie de François de Belleforest, t. I, p. 100, Paris, 1575, in-folio.

21. Le Véronais Forlani, dans sa dédicace Magnifico ac insigni viro Marco Antonio Radici (1556), parle de la carte d'Oronco Fine, parue en 1525, comme d'une oeuvre récemment parvenue à sa connaissance.

22. Le Napolitain Pirro Ligorio (1558) ne nommait même pas Oronce Fine.

23. Robert de Vangondy, dans son Essai sur l'histoire de la Géographie, de son origine, ses progrès et son état actuel, Paris, 1755, renvoie à Ortelius pour d'autres cartes générales de la France dues à Thevel et à Nicolas de Cusa.

24. En légende, on lit ces mots : « Florisse et vive à jamais le très heureux, très invincible et très chrestien monarque Charles IX, roi de France et des François. » La carte d'Hamon qui porte la date de 1568 nous semble être la copie de celle de jolivet. On y trouve l'indication du fameux ormeau mitoyen.

25. Voirie Dictionnaire de Moréri.

26. Cette description du Berry a été publiée pour la première fois à Paris, en 1865, par M. Victor Àdvielle, d'après le manuscrit de la Bibliothèque nationale. Une nouvelle édition, avec les cartes de Nicolai, en a été donnée en 1883, à Châteauroux, chez Aupetit, éditeur. Outre la carte générale du Berry, on y rencontre celles des bailliages royaux de Bourges, Issoudun, Dun-le-Roy, Vierzon, Mehun, Concressault, et le plan de l'antique et moderne cité de Bourges. « Le tout fait et observé de lieu en lieu par exprès commandement du très puissant et très chrestien roi de France Charles de Valois, IXe du nom, et de la très haute et très vertueuse reine, Catherine de Médicis, sa très honorée dame et mère, par N. de Nicolay, dauphinois, géographe ordinaire et valet de chambre du roi.

27. Des lettres patentes lui avaient été délivrées à cette occasion par le roi Charles IX.

28. Il entrait dans le programme de Nicolaï « d'accompagner icelles cartes d'une description en forme d'histoire tant générale que particulière, de la situation, nature, fertilité, limites et confins de chaque province, de la naissance et cours des fleuves, de la grandeur des forêts et buissons, comme aussi du nom, assiette, antiquité, police, gouvernement, justice, foires, marchés et commerce des villes,, châteaux, bourgs et paroisses, et tout d'une suite de l'étendue des justices royales, balliages, sénéchaussées, prévôtés et châtellenies, et pareillement des élections, greniers à sel, domaine et nombre des officiers; ensemble des fiefs tenuz à foi et à hommage du Roi, avec l'origine, progrès et antiquité des maisons nobles et plus illustres desquelles (comme d'un ferme bastion et rempart) dépend la protection et défense de ce royaume. »

29 .Il était né à La Grave en Oisans, en 1517, et mourut à Paris en 1583. Sa carte du pays de Calais et de Boulogne (Caletensium et Bononensiwn dilionis accurata delinealio) figura pendant près d'un siècle dans tous les atlas. Voir Rochas, Biographie du Dauphiné.

30. Damien de Templeux prend les titres d'écuyer et de seigneur de Frestoy.

31. Jean Francus était «édile royal » et « maître des voies et chemins en Touraine ».

32. Jacques de Chieze était natif d'Orange.

33. Jean de Reins était « géographe et ingénieur du .roi».

34. Jean Vandamme prend le titre de sieur d'Amendale.

35. AEgidius Bulion était Belge.

36. Jean Tardo était chanoine de l'Église de Sarlat.

37. Lézin Guyet (1515-1580) fut conseillé au présidial d'Angers, poète et géographe. Sa carte d'Anjou parut en 1573. On lui doit aussi une carte du Maine.

38. Jean Bompart vivait dans la seconde-moitié du XVIe siècle et non du XVIIe, comme le répètent tous nos dictionnaires historiques.

39. Abraham Fabert, imprimeur (1660-1638). Maître échevin de Metz en 1610, il complimenta Louis XIII lors de son sacre.

40. Nous publierons ultérieurement une étude sur Jean Fayan et la première carte du Limousin.

41. Voir Coup d'oeil historique sur la projection des caries de géographie, par Ml. d'Avezac, extrait du Bulletin de la Société de géographie (avril, mai et juin 1863).

42. L'atlas d'Ortelius, première édition (1570), ne donnait que le Berry (Jean Calamoeus), la Limagne (Gabriel Siméon), le pays de Calais et de Boulogne; le Vermandois (Jean Surhonius), le littoral de la Gaule Narbonnaise, la Savoie et la Franche-Comté (Egidius Bulion).

43. Dans sa première édition (1585), Mercator donnait : la Bretagne, la Normandie, l'Aquitaine, la France, la Picardie et la Champagne, le pays de Boulogne et de Guines, l'Anjou, le Berry, le Poitou, la Lorraine, la Bourgogne et la Franche-Comté.

44. L'Atlas de Bloeu (1662) contient les cartes du duché de Savoie, du Dauphiné (Jean de Beins), de la principauté d'Orange et du comtat Venaissin (Jacques de Chieze), de la Provence (Bompart), du Languedoc, du Quercy, du Béarn, des Iles de Ré et d'Oléron, de la Saintonge et de l’Angoumois, du diocèse de Sarlat (Jean Tardo), de la Limagne (Gabriel Siméon), du Lyonnais, Forez, Beaujolais et Maçonnais, du pays de Bresse, de la souveraineté de Bombes, du Charolais (Jean Vandamme), de la Bourgogne et de la Franche-Comté, du Bourbonnais, du duché de Nevers, du Berry, .du Perche, du Blaisois (Jean Temporius), de la Touraine (Jean Francus), le territoire de Melun, le Mirabalais, le Poitou, l'Anjou.(Lezin Guyet), la Bretagne, le Maine (Oger), . la Normandie, l'Ile de France (Oamien de Templeux), l'Ile de France (La Guillotière), la Beauce, le Gastinais et le Senonais, le pays de Brie, la Champagne, le duché de Lorraine, le pays Messin: (Abraham Fabert), la principauté de Sedan, le diocèse de Reims et le pays de Relhel (Jean Jubrien), le Valois, la Picardie (Jean Surhonius), le Beauvaisis, le Vermandois (Jean Surhonius), le gouvernement de la Capelle (Petit-Bourbon), les pays de Boulogne et de Guines, l'archevêché de Cambrai.

45. A Tours, chez Maurice Bouguereau. Cette oeuvre ne fut achevée, croyons-nous, qu'en 1598. Elle nous semble historiquement et politiquement si importante que nous nous proposons de lui consacrer une étude particulière. Nous la confronterons avec le Théâtre géographique du royaume de Franco, chez Jean Leclerc, Paris, 1621, et avec le Théâtre des Gaules ou Description de toutes les provinces du royaume de France avec les provinces et Etals circonvoisins, chez Boisseau, enlumineur du roi pour les cartes marines et géographiques, 1642.

46. Dès 1584; il était prêt à le publier, suivant la préface de l'éditeur.

47. Pierre Plancius, savant hollandais (1552-1622).

48. Néanmoins la Bretagne, sur la carte de La Guillotière, est trop amincie.

49. Mentionnons la carte de Tassin (1636) et celle publiée sous le litre l'Empire français par Melchior Tavernier (1637), l'oncle du fameux voyageur, qui disait dans son-avertissement lecteur : « Quand vous prendrez la peine de les conférer les unes avec les autres, vous trouverez que celle-ci sera la moins fautive, les autres étant copie sur copie et faute sur faute. »

50. M. d'Avezac, Op. cit., p. 80-82, dit de Nicolas Sanson : « Ses cartes des diverses parties du monde sont construites suivant une projection dont nous n'avons pas rencontré d'exemples avant lui, et qui plus tard est devenue célèbre sous un nom autre que le sien (celui de l'Anglais Flamsteed). » C'est en 1634 que Louis XIII rendit la célèbre ordonnance qui fixait pour point de départ dos degrés de longitude ou des méridiens l'Ile de Fer (Canaries).

51. L'origine de cette carte est racontée par l'éditeur, Melchior Tavernier. « L'état de toutes les postes qui traversent la France m'étant tombé depuis peu entre les mains, je priai le sieur N. Sanson d'Abbeville de me le dresser en une carte géographique qu'il m'a aussitôt rendue telle que je te la présente (il s'adresse au lecteur); s'il s'y trouvé augmenté ou diminué, m'en advertissant, je le ferai pour le contenter et servir le public. Adieu. »,

52. Robert de Vaugondy, dans le livre cité plus haut, pages 217-223, met pleinement en relief les services rendus à la science par Nicolas Sanson, son bisaïeul. Un travail complet sur cette matière ne saurait omettre les efforts dignes d'éloges du neveu de Sanson, Pierre Duval (1618-1683), géographe royal.

53. C'est Picard qui, le premier, mesura avec exactitude un degré du méridien.

54. Voir Deslehorough Cooley, Histoire générale des voyages et découvertes maritimes et continentales, traduite de l'anglais par A. Joanne et Old Nick, Paulin, 1840.

55. Voir Mémoires de l'Académie royale des sciences de 1066 à 1699, t. VII, p. 429. « Ce que l'on a marqué en lignes ponctuées est copié exactement sur cette carte (de Sanson) laquelle a été réduite à la moitié. Les noms des villes dont la position est tirée de cette carte sont écrits en caractères italiques; la correction de la position des côtes qui est déduite des observations précédentes est marquée d'un trait simple avec un peu d'ombrage du côté de la mer, comme on fait ordinairement, et les noms des villes dont la position est corrigée sont écrits en caractères romains. »

 

"Nova totius Galliae descriptio" d'Oronce fine, la première carte de France imprimée dans le royaume de François 1er

La France d'Oronce Fine (1525?) depuis les recherches erudites de Ludovic Drapeyron et de Lucien Gallois il est admis que la plus ancienne carte moderne de France dessinée et imprimée en France est la Gallia Oronce Fine publiée en 1525 Oronce Fine (1494-1555) exact contemporain de François 1er est surtout connu comme mathématicien.

 

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PHystorique- Les Portes du Temps
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