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PHystorique- Les Portes du Temps
16 janvier 2020

QU'EN EST-IL DES PLANTAGENET ? Pour leur aspect physique et psychologique

QU'EN EST-IL DES PLANTAGENET Pour leur aspect physique et psychologique (1)

P. 90 : « Henry est un bel homme, de taille moyenne, mais puissamment musclé, avec comme tous les Angevins, les cheveux blonds roux et des yeux gris, un peu à fleur de tête, qui s'injectent de sang quand il est en colère : car il a lui aussi comme tous les siens, des accès de « bile noire » qu'il ne fait pas bon provoquer. »

P. 194 : « Jean plus petit que la moyenne est brun et nerveux. »

P. 194 : « Richard grand et beau, avec sa stature normande, ses yeux gris angevins et sa chevelure d'un blond vif avec aussi son humeur enjouée. »

 

HENRY II

Citons à nouveau R. Pernoud sur l'évolution du comportement du roi Henry II, au long de sa vie :

P. 108 : « Il reste que l'existence se trouvait passablement accélérée auprès d'un homme tel qu'Henry Plantagenêt. Par tempérament personnel (...) il a mené une vie beaucoup plus agitée que la plupart des gens de son temps. On trouvait communément que les Angevins étaient  « instables », chez lui cette instabilité aura été presqu’une méthode de gouvernement. »

P. 109 : « Un de ses familiers, Pierre de Blois, devait plias plus tard écrire des lettres très amusantes pour évoquer l'agitation qui régnait autour de lui et l'état d'alerte perpétuelle dans lequel il maintenait ses familiers. »

P. 110 : « Henry, passionné de pouvoir, s'occupait du matin au soir des affaires du royaume. « Sauf quand il était à cheval écrit

Pierre de Blois, ou quand il prend ses repas, il ne s'assied jamais.

Il lui arrive de faire en un jour une chevauchée quatre à cinq fois plus longue que les chevauchées ordinaires. » Avec le temps, il sera de plus en plus incapable de rester en place, même à l'église lorsqu'il assistait aux offices, il ne pouvait s'empêcher de se lever de temps à autre et d'arpenter nerveusement la place. Il ne restait immobile que pendant son sommeil et il dormait peu. »

Cette fébrilité du monarque, comme un feu intérieur qui l'éclairé au début de son règne, va servir ses capacités de travail et son avidité de pouvoir et, en définitive, faire de lui un grand roi. Mais, progressivement, ces flammes qui le dévorent vont l'embraser tout entier et ce qui était au début rapidité de grand rapace va devenir sur la fin désordre et précipitation dans l'éclat tourmenté d'un « crépuscule des Dieux ».

P. 195 : « Tous, montrent Henry sous un jour lamentable dans ses dernières années : celui qui, jadis, avait été un chevalier de si belle prestance n'est plus, passé la cinquantaine, qu'un vieillard presqu'obèse et atteint au dire de l'entourage de la pire des maladies, celle qui consiste à ne plus pouvoir trouver le repos ; il ne peut tenir en place, agite fiévreusement ses mains. Il avait toujours été négligé dans sa mise et cette négligence en vieillissant est devenue désordre, reflétant le désordre intérieur d'un homme qui n'a pas su se maîtriser lui-même. »

Il serait plus exact d'écrire qu'Henry n'a pas pu se maîtriser, il est maintenant emporté par quelque chose qui le dépasse et l'entraîne vers la mort de l'esprit qui précédera chez lui celle du corps.

P. 196 : « Vers la fin de sa vie, son portrait est à l'opposé de l'idéal du siècle... Son train de vie et sa cour tournent à la caricature... Dans les chevauchées, dans les veillées, il n'y a ni ordre ni mesure. On vend à la cour des bêtes malades, des poissons pourris ou puants. Et de décrire le train de vie infernal que le roi, de plus en plus agité, fait mener à ses familiers. »

Il ne fait aucun doute pour nous, à travers ces courts extraits, que nous nous trouvons chez Henry Plantagenêt en face d'une atteinte de la maladie. Au début, chez lui, se précise une certaine hypomanie où domine l'instabilité psycho-motrice et les troubles du sommeil. Nous nous trouvons en présence d'un individu pour qui « tout » va vite et « tout » doit aller vite. Sur la fin, le processus se confirme et s'accélère pour aboutir à une véritable manie chronicisée accompagnée d'une altération de l'éthique morale.

Au total, Henry aura été toute sa vie un hypomaniaque ; la maladie chez lui peut sembler monopolaire, c'est-à-dire seulement portée sur le versant de l'exaltation. Pourtant, au moment de sa mort, on est en droit de se demander s'il n'y a pas eu un « virage » de l'humeur qui peut laisser envisager une forme complète (donc alternée) de sa P.M.D.

Apprenant par la bouche de Guillaume le Maréchal et sur des renseignements fournis à ce dernier par Philippe Auguste lui-même, que son fils Jean était le premier à le trahir :

P. 201 : « (II) tourna son visage contre le mur et demeura inerte. Le troisième jour un peu de sang lui sortit par la bouche et par le nez. Il était mort. »

On peut ici, à juste titre — connaissant ce type de malade — se poser la question de savoir si l'origine de ce sang est naturelle (c'est possible) ou s'il y a eu suicide... Quoiqu'il en soit, c'est dans un état de prostration (stuporeuse, comme on en voit chez les mélancoliques) que meurt le Roi.

L'assassinat universellement connu de Thomas Becket s'inscrit aussi dans l'hypothèse de la maladie du fondateur de la dynastie des Plantagenêt.

P. 146 : « La grande querelle que le Roi d'Angleterre soutient dans le même temps contre celui qui avait été selon sa propre expression « son unique conseiller », son chancelier fidèle, son ami inséparable : Thomas Becket. »

L'histoire de ce crime nous a appris, en effet, qu'en passant du statut de Chancelier du royaume à celui de Primat d'Angleterre, Thomas Becket avait changé de maître et « trahissait » les espérances que le roi avait placées en lui :

P. 147 : « Henry dut assister avec stupeur à cette métamorphose qu'il avait lui-même provoquée... Et, en 1164, le roi et son ex-chancelier se trouvaient en état d'hostilité déclarée... Des scènes violentes marquèrent ses entrevues avec le roi à Northampton. »

Arrivé à ce stade de notre article, il est absolument indispensable de présenter à nos lecteurs la théorie sur laquelle se fonde notre interprétation du comportement d'Henry et de ses fils Richard et Jean.

Celle-ci repose sur l'analyse des personnalités maniaco-dépressives telle qu'elle ressort de « l'écoute » de ces malades en dehors de leurs crises.

Cette « écoute » patiente a permis de définir un cadre souple dans lequel s'inscrit leur personnalité profonde.

Cette personnalité s'articule autour de trois concepts extraits du vocabulaire psychanalitique : oralité, narcissisme, ambivalence.

Entre les crises, nous sommes en face de sujets narcissiquement fragiles et cette fragilité peut être considérée comme l'échec des processus d'identification primaire de la phase orale. Elle va faire du malade quelqu'un de très dépendant de ses « objets » lesquels sont électivement représentés par une personne aimante ou aimée dont il se sent dépendant (l'objet peut d'ailleurs être aussi bien qu'une personne, un idéal ou une cause). La dévalorisation de cet objet — sur lequel le malade a projeté son narcissisme ou sa perte — ce qui revient au même — entraîne la décompensation de la structure et donc le risque d'un accès de la maladie.

L'échec du franchissement normal de la phase orale dans la petite enfance explique la fixation ultérieure à ce stade et fait des maniacodépressifs des êtres particulièrement avides, insatiables et exigeants.

C'est de cette avidité de pouvoir et d'argent qu'en définitive mourra Richard sous les murs de Chalus où il était venu chercher un or nécessaire à sa politique...

L'ambivalence est extrême et marque toutes les relations du malade, elle explique chez lui le passage si facile de l'amour le plus absolu à la haine la plus^ totale. Ils sont extrêmement sensibles aux moindres frustrations et toute déception est vécue comme telle et réveille leur agressivité.

Comme on le voit, la « perte » par Henry de Thomas Becket est, sur une personnalité comme la sienne, une frustration narcissique insupportable qui ne sera pas pardonnée. Seule la mort de Thomas pourra réparer la blessure d'amour subie par le roi dans ses profondeurs inconscientes.

Ce crime prémédité, Henry savait qu'il serait impardonnable aux yeux de son peuple et de la chrétienté et pourtant rien n'a pu l'empêcher d'aller jusqu'au bout de sa passion. L'assassinat de Thomas Becket fut autant sinon plus un crime passionnel que politique.

QU'EN EST-IL DES PLANTAGENET Pour leur aspect physique et psychologique (2)

La prédominance de leur fixation orale explique aussi la déconcertante facilité avec laquelle ces malades peuvent abandonner leur « objet » pour en investir aussitôt un autre. Cette facilité rejoint celle que nous avons déjà dite, de leur passage de l'amour absolu à la haine totale. N'est-ce pas cet aspect de leur personnage qui permet de mieux comprendre la disgrâce définitive d'Aliénor aux yeux d'Henry ?

Notons au passage que c'est en emmenant celle-ci en captivité à Londres qu'il va aller ostensiblement se « repentir » sur la tombe de Thomas. Ce « va-et-vient » affectif pourrait sûrement donner lieu à des interprétations psychologiques intéressantes. Henry, par ailleurs, va désormais s'afficher avec Rosemonde et tentera d'obtenir la séparation d'avec Aliénor ; comme nous l'avons dit plus haut, les péripéties amoureuses jalonnent la vie des manico-dépressifs.

Ces difficultés affectives vont souvent de pair avec des difficultés d'ordre sexuel. On constate effectivement chez beaucoup d'entre eux des tendances homosexuelles mal refoulées. Ceci évoque évidemment le cas de Richard, qui est assurément bien le fils de son père...

 

RICHARD COEUR DE LION :

P. 227 : « Cet être incorrigible agité de toutes les passions qui peuvent tourmenter un homme et dont les magnifiques qualités risquaient d'être étouffées par la violence d'un tempérament porté à l'excès. »

P. 229 : « (Dans) une confession publique, il implorait le pardon pour des fautes contre nature auxquelles il s'était laissé aller... On le verra renouveler semblable pénitence publique pour la même raison cinq ans plus tard. »

L'aspect enjoué, impulsif et hypomaniaque de Richard est certain.

P. 205 : « La force est généreuse et la colère terrible, il pardonne aussi facilement qu'il s'emporte. »

P. 213 : « Allait-il entrer dans l'une des légendaires fureurs angevines qui le secouait parfois ? »

P. 228 : « On l'avait vu parfois à l'église, quitter sa place pour mener lui-même le choeur des moines et rythmer leurs chants. »

Cet aspect ludique du personnage se retrouve chez un des ascendants directs de Richard : Foulque le Bon (942). Ce grand seigneur s'était fait remarquer en son temps en adressant au roi des Francs un message ainsi libellé :

« Au Roi des Francs, le Comte des Angevins. Sachez, Seigneur, qu'un Roi illettré est un âne couronné. »

La causticité irrespectueuse et familière des propos étant un trait classique (presque constant) de l'accès maniaque, ceci laisse à penser que c'est peut-être par cette voie parentale qu'est descendu la tare...

On ne peut certes pas affirmer, à travers ces trop brefs témoignages, que Richard ait présenté, comme son jeune frère, les symptômes d'une psychose maniaco-dépressive déclarée. Par son impulsivité et son avidité, il ressemble surtout à son père et tout laisse à croire, comme pour Henry, que le fond de sa personnalité s'inscrit bien dans le cadre d'un P.M.D. Une vie plus longue eut sans doute permis de trancher plus clairement.

 

JEAN SANS TERRE :

Avant d'en terminer, revenons à Jean, car il est certain, en dehors de ses phases de dépression ou d'exaltation, qu'il avait en permanence un comportement anormal et inquiétant, où son intelligence se mettait au service de desseins dont la fin justifiait tous les moyens y compris les pires :

P. 205 : « Jean a toujours été jaloux, sa mesquinerie, son caractère sournois et inquiétant, tout en lui contraste avec ce frère... Avec Jean, ni paroles ni promesses ne pouvaient compter... Et toute son histoire par la suite vérifiera cette impression : un adolescent inquiétant, instable, que ses contemporains considéraient de plus en plus, à mesure que ses actions le feront mieux connaître, comme un « ensorcelé »... Ses cruautés font frémir, mais on verrait aujourd'hui en lui, un irresponsable. On murmurait en son temps qu'il y avait en lui une perversité diabolique. Il sera le seul roi d'Angleterre à ne pas recevoir la communion le jour de son couronnement. »

Intelligence, instabilité, cruauté, tout est là qui définit le déséquilibré pervers de « haut vol ». Le terme d'irresponsable ne convient pas, c'est celui de psychopathe qui s'impose.

QU'EN EST-IL DES PLANTAGENET Pour leur aspect physique et psychologique (4)

Cet aspect de son caractère se retrouve une fois de plus chez un de ses ascendants férocement célèbre : Foulque Nerra (972 - 1040), petit-fils de Foulque le Bon que nous avons cité au sujet de Richard.

Ceci laisse peut-être à penser que les tendances perverses de Jean ont un côté héréditaire comme sa P.M.D.

En dehors de ces constatations, il n'existe cependant aucun lien certain actuellement entre P.M.D. et psychopathie.

Les recherches sur les « chromosomes du crime » (recherches critiquées par certains pour des raisons philosophiques) vont dans ce sens. De toute façon, il faut aussi explorer dans la jeunesse de Jean une part de cette vérité qui forgea et dévia son caractère, à l'ombre écrasante d'un frère « déifié » par sa mère qui, manifestement, reporte sur celui-ci l'amour qu'elle a eu pour Henry au point d'en faire vis-à-vis de ce dernier, un rival et l'instrument de sa vengeance politique et amoureuse. Jean, lui, au physique ingrat et qui ne ressemble ni à son père, ni à son frère, sera le mal aimé de tous. C'est l'éternel problème de l'inné et de l'acquis dans la genèse de la personnalité.

Quoiqu'il en soit, c'est dans ce contexte pathologique que se situe sans aucun doute l'ignominieux et exemplaire assassinat d'Arthur de Bretagne qu'il nous importe de développer ici.

Constance de Bretagne, la mère d'Arthur et la veuve de Geoffroy — fils d'Henry II Plantagenêt — avait tenté de faire choisir son fils Arthur comme héritier du trône d'Angleterre à la mort de Richard, en arguant le fait que Jean n'était que le cadet de son défunt époux Geoffroy.

Arthur a donc été pour Jean, avant qu'il ne devienne roi, une menace de première grandeur et restait pour lui, même après qu'il fut monté sur le trône, un rival toujours possible.

Ce trop jeune Duc de Bretagne, manipulé par Philippe Auguste — qui ne perdait cependant pas de vue son idée de le mettre un jour à la place de Jean — avait été élevé à la Cour de France. Philippe Auguste l'avait lui-même fait chevalier.

Or, voici qu’Arthur commet l'imprudence de rendre l'hommage au roi de France pour le Poitou qui appartient en fait à Aliénor, sa grand-mère. C'est le casus belli entre l'oncle et le neveu, et ce dernier sera fait prisonnier à Mirebeau, au sud de Loudun, où il assiégeait Aliénor.

P. 284 : « La suite de l'histoire fait découvrir de quelle férocité satanique (Jean) était aussi capable... Aucune humiliation ne fut épargnée aux malheureux barons captifs. Quant au jeune Arthur de Bretagne, il l'avait d'abord remis à un de ses familiers en lui ordonnant de l'aveugler et de le châtrer. Hubert de Bourgh refusa la criminelle besogne.

Arthur allait demeurer prisonnier dans la Tour de Rouen jusqu'au jour où, le 3 avril 1203, Jean, avec un seul compagnon, son homme de main, Guillaume de Briouse, pénétra dans le cachot, le fit descendre avec lui dans une barque, l'égorgea et jeta son corps dans la Seine. »

Le corps sera retrouvé par des pêcheurs et secrètement enterré sur les terres de l'abbaye de Bec. Treize jours après le crime, Jean écrivait et faisait porter un message ainsi libellé à sa mère Aliénor : « Grâce à Dieu, les choses vont pour nous, mieux que cet homme ne peut vous le dire » (citation du texte réel de Jean).

Il est inutile d'insister sur l'ambiguïté perverse de cet écrit... On connaît la suite : il n'y avait qu'un seul témoin du meurtre et ce n'est que lorsqu'il parlera sept ans plus tard, après s'être fâché avec Jean, que la vérité éclatera.

Sommé de venir répondre de son crime devant la Cour des Pairs de France par Philippe Auguste, Jean ne comparaît pas... Il perd, du coup, par décision de son suzerain, toutes ses possessions continentales. Ainsi disparaît, par la folie de Jean, derrière son illustre ancêtre, le premier royaume franco-anglais des Plantagenêt.

Philippe Auguste avait bien joué en dressant l'un contre l'autre l'oncle et le neveu ; il quadruplait pratiquement sa France en étendue et il en profitait en prime, pour mettre un Capétien, Pierre de Dreux, à la place du Plantagenêt assassiné, sur le trône de Bretagne. Son calcul fut cependant moins bon dans cette dernière opération.

QU'EN EST-IL DES PLANTAGENET Pour leur aspect physique et psychologique (3)

LA FOLIE DE CHARLES VI :

Quittons un instant nos voisins d'outre-Manche pour revenir au « doux » royaume des Lys, vers les années 1400, alors que sur le trône règne un roi politiquement mort : Charles VI le Fol (1368-1422). Quelques psychiatres passés et contemporains se sont avant nous penchés sur ce cas célèbre de notre histoire.  

De quelle nature était cette folie dont on a dit qu'elle avait débuté après le fameux incident de la forêt du Mans où le roi, surpris dans sa somnolence à cheval, par le bruit d'une lance tombée sur un casque, s'était réveillé dans une crise de fureur où il tua quatre hommes de sa suite. Cet incident dramatique s'était passé dans la chaude après-midi du 4 août 1392. Or en avril de la même année, Charles avait présenté un syndrome fébrile — on a parlé de typhoïde — avec des convulsions et un nouvel accès de fièvre avait eu lieu en juillet. C'est donc chez un convalescent que survient la crise du 4 août. Il ne faut cependant pas voir là la cause première de la folie ; plusieurs observateurs font remarquer qu'avant 1392 déjà, Charles VI présentait des signes « d'affaiblissement intellectuel ». Cette impression nous est ainsi rapportée par Froissart : « Bien scavions nous (déjà), que la faiblesse de chief le travaillait trop fort ».

Par la suite, ce qui frappa tout le monde, c'est l'aspect intermittent de la folie du roi (plus d'une quarantaine d'accès pendant son règne). Les accès du mal peuvent prendre l'allure de crises de fureurs délirantes.

L'agitation est telle qu'on a parfois du l'enfermer dans ses appartements et sa bibliothèque où il court jusqu'à l'épuisement total et à d'autres moments ce sont, au contraire, des périodes de prostration dont rien, semble-t-il, ne peut tirer le malade.

Au fil des ans, les crises, entre lesquelles le roi est parfaitement normal au début de sa maladie, seront de plus en plus rapprochées et sur la fin, une véritable démence s'installera au fur et mesure que la maladie devient chronique : le roi est couvert de crasse et de parasites dans les derniers mois de sa vie.

On ne peut s'empêcher de penser devant ce tableau, à une psychose maniaco-dépressive sévère à évolution démentielle comme on en décrivait avant les traitements actuels.

Moreau de Tours, un des plus célèbres psychiatres du XIXe siècle, semble bien partager notre opinion puisqu'il avait proposé, pour ce cas, le diagnostic de manie cyclique. Avant de revenir sur l'origine de la maladie de Charles VI, ce qui est notre objectif final, il nous semble intéressant d'ouvrir ici une parenthèse sur le contenu du délire du roi, du moins sur un aspect de ce délire qui interloquait les témoins du monarque.

Charles prétendait avec insistance, dans ces accès, qu'il n'était pas le roi de France, qu'il s'appelait Georges et que son emblème était le lion. Visuellement il ne reconnaissait plus sa femme, Isabeau de Bavière, et il détruisait toutes les fleurs de lys qu'il rencontrait sur les murs ou sur sa vaisselle...

L'interprétation de ce délire nous semble pourtant relativement simple et aisée à faire à cette période de la guerre de Cent Ans où le roi se trouve : le prénom qu'il se donne, n'est-il pas celui du saint patron de l'Angleterre, tout comme le lion est le symbole héraldique de son rival anglais ?

Par ailleurs, lorsqu'il détruit toutes les fleurs de lys qu'il trouve sur son passage, il est clair que Charles VI inverse les rôles. Il se met dans la peau du roi d'Angleterre et, ce faisant, il se met à l'abri (dans son délire !) de ce dernier en le refoulant au fond de son inconscient.

Certains ont tenté d'expliquer l'existence de la maladie de Charles, sans préjuger du diagnostic, par une ascendance maternelle fragile psychiquement et c'est vrai (Jeanne de Bourbon et son frère Jean II moururent en état de démence sénile).

Voici quant à nous l'hypothèse complémentaire que nous apportons sur l'origine de la maladie du roi : si l'on se rapporte à la généalogie des Capétiens et des Plantagenêt, on constate sans difficulté que Charles VI descend en droite ligne du frère de Philippe le Bel, Charles de Valois, et par cette branche cadette des Capétiens, Charles VI descend de Blanche de Castille petite-fille d'Henry II Plantagenêt (2).

Dès lors, il est parfaitement possible d'admettre génétiquement que la tare mentale exprimée chez Charles VI (1400) provient des Plantagenêt (1200) dont nous avons vu qu'ils sont maniaco-dépressifs. Il est certain que, sur près de deux siècles, la constellation parentale des ascendants de Charles VI est considérable et que la tare peut provenir de bien des horizons. Cette multiplicité des provenances possibles n'empêche nullement notre hypothèse qui est incluse par définition dans cette multiplicité.

Si l'on se rapporte à nouveau à la généalogie des Plantagenêt, on observe qu'elle est émaillée, entre Henry II et Richard III, de 1200 à 1500, par de nombreux « incidents » psychiques.

 Ce qui domine, c'est la tendance perverse et homosexuelle des personnages. L'aspect maniaco-dépressif à première vue ne se retrouve plus. Il conviendrait d'étudier davantage la vie des différents descendants de Jean sans Terre pour être totalement affirmatif. Notons qu'il y a consanguinité renforcée chez les Plantagenêt à partir du mariage du très homosexuel Edouard II avec la fille de Philippe le Bel, Isabelle, qui descend directement de Blanche de Castille.

C'est dans la descendance de ce mariage que l'on retrouve Richard III, l'assassin des fameux enfants d'Edouard IV. II fera mieux que son illustre ancêtre, Jean, en faisant tuer non pas un mais deux neveux... C'est de ce mariage aussi que descend Henry IV d'Angleterre qui fera emprisonner et probablement assassiner Richard II, petit-fils de son oncle Edouard II.

Un nouveau lien de consanguinité chez les Plantagenêt apparaît avec le mariage de Catherine, fille de Charles VI le fou, avec Henry V d'Angleterre. Cette liaison génétique donnera naissance à un nouveau déséquilibré qui, cette fois, montera sur le trône anglais : Henry VI le Fou.

Enfin, par un deuxième mariage, cette même Catherine sera à l'origine de la dynastie des Tudor qui va faire suite à celle des Plantagenêt ; elle sera ainsi l'arrière grand-mère d'un autre déséquilibré, le fameux Henry VIII auquel reste Hé le nom de ses malheureuses épouses... Mais c'est lui, ironie du sort, qui réussira là où avait échoué, avec Thomas Becket, son lointain parent Henry II Plantagenêt, à mettre la main sur l'Eglise d'Angleterre. Ainsi la boucle est bouclée entre 1200 et 1500 pour la dynastie anglo-angevine.

Nous pouvons conclure sur une certitude : les premiers Plantagenêt, Henry, Richard et surtout Jean, sont indiscutablement porteurs de la tare maniaco-dépressive.

Associée à cette tare, une tendance perverse chez Jean semble se démarquer après lui et se manifester sans ambiguïté chez certains de ses descendants.

Cette certitude nous a amené enfin à évoquer l'hypothèse que la folie de Charles VI pouvait provenir génétiquement de son lointain cousinage avec les Plantagenêt à partir de Blanche de Castille, petite-fille d'Aliénor d'Aquitaine et d'Henry II Plantagenêt.

Mais tout ceci est peut-être plus intéressant qu'il n'y paraît car notre exposé débouche aussi sur une hypothèse d'ordre scientifique : il est rare, en effet (et unique à ma connaissance), d'avoir à notre disposition deux malades atteints de psychose maniaco-dépressive à deux siècles de distance dans une même parentèle.

Dès lors, n'est-il pas possible d'envisager pour ce gène de la psychose maniaco dépressive à déterminisme cyclique, un propre génie cyclique pour son apparition : ce gène ayant la possibilité de s'exprimer dans une même lignée tous les deux siècles environ ? Il ne s'agit là que d'une hypothèse que les psycho-historiens peuvent néanmoins soumettre légitimement aux généticiens.

Jean-Luc STEPHANT  Psychiatre (A.I.H.T.), attaché de consultation à la clinique neurologique du Centre hospitalier et universitaire de Tours, 32, rue de Clocheville, 37000 Tours.

 

 

 

 

 

 


 

Portrait de Foulques NERRA (Motte Castrale du Faucon Noir au Mont Glonne)

Foulques-Nerra était fils de Geoffroy-Grisegonelle, comte d'Anjou ==> Généalogie, Famille de Foulques III Nerra d'Anjou Foulques III, surnommé Nerra on le Noir, fut ainsi appelé de la couleur de son teint. Quelques auteurs le nomment Jérosolymitain, à cause des voyages qu'il fit à Jérusalem, et d'autres le Palmier, parce qu'il en rapportait chaque fois des palmes dont il affectait de se montrer couvert.



HENRI II PLANTAGENÊT (portrait) - PHystorique- Les Portes du Temps

Henri II (5 mars 1133 - 6 juillet 1189) fut comte d'Anjou et du Maine, duc de Normandie et d'Aquitaine et roi d'Angleterre.




Aliénor d'Aquitaine - Origine et le dernier des Plantagenêts

Vous savez tous que Geoffroy, fils de Foulques d'Anjou et père de Henri Il, était surnommé le Bel. Geoffroy le Bel était bel homme en effet. Pourquoi l'appela-t-on Plantagenêt ? Parce qu'un jour qu'il guerroyait aux environs de Durtal, il mit une branche de genêt fleuri à sa coiffure.....

 

Portrait de Richard Cœur de Lion

Des traits épars dans différentes chroniques peuvent nous aider à tracer le portrait de Richard d'Angleterre. Sa taille était haute et bien proportionnée. Ses cheveux étaient blonds et naturellement bouclés. Une épaisse moustache couvrait sa lèvre supérieure; sa barbe était courte et très-soignée.

 

Récit de la mort de Richard Cœur de Lion d'après Roger de Hoveden.

Le 26 mars 1199, Richard assiège le château de Châlus Chabrol possession du vicomte Adémar V de Limoges, dit Boson. Widomar, vicomte de Limoges, ayant trouvé dans sa terre un grand trésor en or et en argent, en envoya une bonne part à Richard, roi d'Angleterre, son seigneur mais le roi la refusa, disant qu'il devait avoir ce trésor tout entier, en vertu de son droit de suzeraineté.

 

Time Travel 1202 - Aliénor d'Aquitaine et le Siège de Mirebeau - Arthur Ier Duc de Bretagne - Hugues le Brun de Lusignan
En mars 1202, le conflit éclata. La Cour du roi de France avait sommé Jean à plusieurs reprises de se rendre à Paris pour comparaître devant elle, et comme il s'y refusait toujours, elle le déclara déchu de tous les fiefs qu'il tenait de la couronne de France (5).



Conséquences de la mort d'Arthur Plantagenêt

La mort d'Arthur, quelle qu'en eût été la cause, fit grand bruit, surtout en Bretagne, où elle fut regardée comme une calamité nationale. La même ardeur d'imagination qui avait fait croire aux Bretons que leur destinée future était liée à celle de cet enfant, les jeta dans une affection exagérée pour le roi de France, parce qu'il était l'ennemi du meurtrier d'Arthur.

 

A propos des peintures de la chapelle Sainte Radegonde de Chinon

La scène représentée, une chevauchée royale représentant Jean sans Terre chassant en compagnie de sa femme Isabelle et de sa mère Aliénor d'Aquitaine. Au mois d'août 1964, on découvrait à Chinon dans la chapelle rupestre de Sainte-Radegonde les restes importants d'une peinture de qualité exceptionnelle, à la suite de quoi M.

 

 

(1) Voir à ce sujet O. TAPPER, « Quels sont les personnages représentés sur la « chasse royale » de la chapelle Sainte Radegonde ? Bull. Soc. Amis du Vieux Chinon, t. VI, n° 9, 1965, p. 491-8.

(2) Les branches cadettes (ici les Valois), en génétique, ont autant de valeur que les branches aînées. Seule, l'hypothèse (toujours possible) d'un enfant adultérin peut hypothéquer la valeur génétique d'une généalogie.

 

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