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PHystorique- Les Portes du Temps
20 juin 2020

DICTIONNAIRE DIPLOMATIQUE, 0u ÉTYMOLOGIES DES TERMES DES BAS SIECLES, Pour servir à l'intelligence des Archives

DICTIONNAIRE DIPLOMATIQUE, 0u ÉTYMOLOGIES DES TERMES DES BAS SIECLES, Pour servir à l'intelligence des Archives

Après la décadence des Lettres et la chute de l'Empire romain, les nations subjuguées conservèrent le fond de la langue latine, que ces Conquérants avaient introduit dans tous les pays dont ils s’étaient rendus maîtres.

Mais cette langue si pure dans les premiers siècles, dégénéra tellement, qu'elle ne conserva guère que l'inflexion et la terminaison de ses mots, qui étaient en quelque sorte des mots gaulois latinisés.

Les principes du gouvernement féodal en France, les mœurs et les usages qui changèrent; une jurisprudence toute nouvelle qui prenait sa source dans les maximes de ce droit féodal, formèrent une multitude de termes nouveaux, épars dans les titres et difficiles à comprendre  parce que les mots ont cessé d'être connus quand de nouveaux usages, un code plus épuré, une nouvelle législation a fait vieillir et oublier ces principes des bas siècles.

II est cependant important pour la conservation des droits des Souverains, des Seigneurs et des Eglises, de comprendre encore aujourd'hui la valeur des termes énonciatifs contenus dans les diplômes des Souverains, dans les chartres anciennes de concession, de vente, aliénation, échange ; il est encore intéressant de développer les étymologies des termes des bas siècles, pour éclaircir quantité d'anciens usages qui tiennent à l'histoire.

 

Les plus anciens titres sont écrits en papier d'Egypte, fabriqué de deux couches des fibres de l'écorce du papyrus, croisées l'une sur l’autre : le plus ancien qui soit connu, est conservé à l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Il y a très-peu de manuscrits écrits sur cette sorte de papier.

Les manuscrits moins anciens que celui de cette Abbaye ont été écrits sur le coton, tel est le beau manuscrit conservé à la Bibliothèque de Venise.

Tous les anciens manuscrits qui nous ressent, ont été écrits sur le cuir des animaux, passé en mégie, que les Italiens nomment carta pecora. Ils sont ou vélin, ou parchemin, selon les qualités différentes de peaux de veaux ou de mouton qui ont été employées pour les façonner.

Le papier ordinaire, fabriqué de morceaux de linge triturés, ne remonte qu'au treizième siècle : et on ne trouve aucunes chartres écrites sur ce papier avant 1330. L'usage de ce papier n'est venu fréquent que depuis trois siècles au plus.

2°. Les manuscrits et les chartres sont écrits ordinairement en caractères noirs formés avec l'encre : cependant les lettres initiales, les premières lignes sont quelquefois formées en lettres d'or ou de vermillon. Mais les manuscrits les plus précieux, les livres du texte de l'Evangile font écrits en lettres d'or sur un vélin coloré en pourpre ou en violet. On trouve de ces livres dans les anciennes Eglises Cathédrales et Monastères.

3°. Les caractères des anciennes écritures ont pris différentes formes dans des siècles différents, de manière qu'on n'a pas grande peine, avec un peu d'usage, à reconnaitre l'âge des anciens diplômes : cette règle n'est pas infaillible : cependant ces chartres annoncent assez, par la manière dont elles sont écrites, si elles sont modernes ou anciennes.

Les caractères de nos lettres latines font dérivés des caractères grecs, et les plus anciennes écritures tracent assez fidèlement ces caractères.

Les cardères les plus beaux, les plus lisibles, annoncent la plus grande et la première antiquité. Les lettres, mots et phrases qui sont formés de ces caractères, font continus sans points ni virgules, ni accents, et les mots sont unis, sans intervalle, autre caractère d'un manuscrit très ancien.

La séparation des mots commença au septième siècle; on n'y voit que quelques intervalles aux endroits où le sens est fini, et la marque de l'alinéa est un petit espace blanc.

Quand la lettre qui suit un sens fini ou un intervalle n'est pas majuscule, c'est une marque que le titre est de la première antiquité. Autre caractère d'antiquité d'un titre ou manuscrit, c'en: l'uniformité des caractères, soit qu'ils soient tous quarrés ou majuscules, soit que l'écriture soit arrondie ou onciale.

Dès le dixième siècle, la première aligne des diplômes est formée de lettres qui excédent de beaucoup la hauteur du corps des autres lignes. Il en est de même des lettres qui expriment la date et la souscription.

Les lettres des anciens titres sont onciales, capitales, minuscules et cursives : les premières sont assez difficiles à lire, elles sont ordinairement d'un pouce jusqu'à deux pouces de hauteur; et pour les lire, il faut s'attacher à connaitre à leur extrémité supérieure ou inférieure le caractère propre de la lettre en petites minuscules. L'ancienne écriture onciale est facile à lire ; ses caractères sont arrondis. Mais les caractères de la capitale font tous quarrés.

L'écriture gothique ne s'est formée qu'au douzième siècle, par la dépravation d'un mauvais goût, qui chargea d'ornements l'ancienne écriture pure & simple, qui en arrondit les lettres et y ajouta d'autres courbes irrégulières, et prolongea les bases et les sommets des lettres : on pourrait comparer cette surcharge d'ornements bizarres à celle qui s'introduisit dans la construction des Eglises de l'onzième siècle, où l’on ne connait ni la simplicité, ni la proportion de l'ancienne architecture : les lettres gothiques ressemblèrent à ces colonnes ridicules dont le fût imite la forme des sapins élancés.

Les caractères dont on s'est servi pour marquer le milliaire. Les centenaires et autres nombres, ont toujours été des lettres romaines. Les chartres ont mêlé à ces caractères romains quelques caractères particuliers. Mais on n'a pas fait usage des caractères arabes, dont l'art a été de donner valeur à des caractères particuliers, en suivant la règle de la proportion décuple par la position de ces caractères avant le quatorzième siècle, et les exemples en sont très-rares. Car on continuait à marquer les dates en caractères romains dans les chartres du quatorzième siècle.

4°. On n'aperçoit que fort peu de points dans les anciens diplômes du neuvième & du dixième siècle. Les mots commencent à être séparés par des points perpendiculaires. On connait les bas siècles par les virgules et les points sur les i, qui ne remontent qu'au quatorzième siècle. C'est encore celui de l'introduction des chiffres arabes.

5 °. Les sceaux ou empreintes, accompagnés de symboles, figures, croix, inscriptions, ont toujours servi à donner aux anciens titres un caractère d'authenticité. Ils ont tenu lieu de signature et de témoins. Les plus anciens étaient appliqués sur la chartre même ; ensuite on les a suspendus et attachés par des lemnisques ou cordons aux titres.

Les Rois, les Princes, les Papes, les Evêques, les Tribunaux, les Abbés, les Monastères, les Eglises Cathédrales avaient leurs sceaux particuliers.

Le sceau des chartres est désigné par les différentes expressions Sigillum, bulla, annulus, annuli, Sîgnaculum, characlerium sigillum Majeslatis. Les sceaux étaient de différentes matières.

Depuis Charlemagne, nos Rois le sont souvent servi de sce IUX d'or qui étoient attachés aux chartres importantes. On a employé souvent l'argent, le plomb, l'étain ; la cire a été la maticre la plus ordinaire des sceaux.

Les sceaux pendant des Princes sont du douzième siècle. Mais les Papes fus pendaient plusieurs siècles plutôt leurs bulles de plomb, et c'est à leur imitation que les Souverains ne les appliquèrent plus.

Avant que les sceaux fussent reconnus nécessaires pour donner autorité à un acte public, les intéressés se contentaient de tracer une croix devant leur nom, et d'y rappeler un nombre de témoins. Mais le nom de ces témoins, celui du Prince de qui la chartre émanait, était de la même main et écriture que le corps de la chartre.

Au douzième siècle les sceaux ont suppléé au seing, c'est-à-dire, à cette croix, ou au monogramme de signature ; et ce n'est qu'au seizième siècle que la signature en toute lettre a été nécessaire pour donner la sanction aux titres.

6°. Les formules des chartres sont remarquables par les titres de ceux donc elles émanent. Avant le douzième siècle, on n'avoir qu'un nom. Les surnoms furent d'abord des sobriquets. Les Princes, les Evêques n'énoncent qu'un simple nom : nos Rois ajoutaient à leur nom vir inluster : les Evêques prenaient quelquefois le titre Archimandrita , parce que les Chanoines qui vivaient en commun s'appellaient Cœnobitœ et encore Fratres.

 Les Princes et les Evêques ajoutaient à l'intitulé les mots Dei gratiâ : quand ces chartres assurent des donations aux Eglises, le motif est énoncé pro remedio animæ, et souvent parce que la fin du monde est prochaine, mundi termino appropinquante.

7°. Les chartres sont toujours précédées d'une invocation quelquefois symbolique, et tracée d'espèces de croix; mais depuis le règne de Charlemagne l'invocation est expresse, in nomine Domini, ou bien in nomine Sanctæ Trinifatis, et encore in Chrisli nomine.

8°. Les chartres des Rois de France n'omettent jamais l'expression Francorum Rex, suivie du vir inluster.

9°. Les chartres finissent ordinairement par cette énonciation : manu nostrâ subterfirmavimus , ou bien corroboravimus. cependant les chartres ne sont pas signées. Cela signifiait seulement que la Chartre devenait authentique par l'apposition du scel, de la croix du Prince, de son monogramme, formé par la même main qui avait dressé la chartre.

Le Chancelier dénommé ne souscrivait pas, ni même les témoins rappelés et nommés l'un après l'autre par cette formule, hujus rei tesles sunt : les Papes terminaient leurs bulles par cette salutation, benevalete, qui a souvent été écrite en monogramme.

10°. Les chartres terminent par les mots actum feliciter. Vient ensuite la date qui commence par celle de l'ère chrétienne, exprimée en général par ces termes, régnante Christo : elles ajoutent l'année depuis l'Incarnation, les jours du mois désigné par ceux des kalendes des nones et des ides, souvent encore celles du règne.

Dom Maur Pantines a donné des Tables chronologiques dans son livre de l'Art de vérifier les dates, qui répandent la lumière sur l'accord des dates des Chartres ; et à l'aide du calendrier perpétuel on trouve l'accord de ces différentes dates.

 

 

DICTIONNAIRE DIPLOMATIQUE, 0u ÉTYMOLOGIES DES TERMES DES BAS SIECLES, Pour servir à l'intelligence des Archives, ...

On trouvera dans ce recueil, formé d'après les profondes recherches de Ducange, le développement succinct des principales difficultés qui se Rencontrent dans les anciens titres, et un moyen facile pour les entendre.

 

A

AAISIENTIA. Secours qu'on tire d'un ami. « M'ont prêté et aaisié leur maison. « (Chartre 1271. )

ABACINARE. Aveugler : c'étoit en présentant aux yeux d'un infortuné un bassin ardent d'airain, bacinum, qu'on le privoit de la vue. Ainsi en usa Henri, Roi d'Angleterre, contre Robert, Duc de Normandie, son frère. Imperavit ab eis, quod prædictus Robertus deberet exoculari & excæcari cum bacile ardenti. ( ann. 1 102. )

ABACOT. Chapeau royal des Rois d'Angleterre.

ABACTOR. Voleur de bétail. Il vole en le chassant. Abigit.

ABACUS. Arithmétique. On calculoit sur une table couverte de poussière. Abacus, table. Abacijîa , Arithméticien.

ABADIA. Biens, fonds de terre. ABANDUM, ABANDONUM. Chose abandonnée & mise au ban ; in bandum ou in bannum, & prescrite à celui qui s'en empare. Dare in abbandonum.

ABARCA. Espece de gros soulier à l'usage des Montagnards des Pyrennées.

ABARNARE. Faire preuve juridique d'un fait v secret & occulte. L'origine du mot est saxone. Abarjan découvrir.

ABATARE SE. Frauder ses créanciers en consumant son bien.

ABATIS. Mesure des bleds & singuliérement de l'avoine. Abatis avenœ, ration d'avoine pour un cheval. Une des fonctions du Sénéchal dans la Cour de nos Rois étoit la distribution de l'abaris d'avoine.

ABAZOLARE. Abattre les fruits d'un arbre à coups de bâton.

ABBA COMES. Comte laïque qui jouissoit en commende d'une Abbaye, comme on le voit dans les capitulaires de Charlemagne & de Charles-le-Chauve. Baronius rapporte à l'année 889 de ses annales, que cette innovation faite par Charles Martel, fit inventer le récit fabuleux que ce Prince étoit damné. Les Abbayes furent rendues aux Ecclésiastiques, sous la troisieme race de nos Rois: quelquefois les Abbayes furent données comme des fiefs aux Laïques, avec droit d'hérédité. Ces especes d'Abbés se nommoient Abbates irreligiofi.

ABBATISSA. L'Abbesse ou la Tenante d'un lieu deprosticution. Ad lupanar accessit & domum Abbatissa ipsi fubintraverunt. ( Charta Reg. 1451.)

ABBERRAGIUM. Acensement  d'un fonds sous une certaine redevance.

ABBEITATOR. lnstigateur. » Et parce que vous abbetastes & procurâtes discorde entre notre Seigneur le Roi. « (vetus chart.)

ABBOCATIO. Règlement , Délibération.  Ainsi qu'ils abutoient leur écot. « (Trés. des Chartres. )

ABBOTUM. Habout. Terre désignée par ses limites, & encore terre engagée aux créanciers ; d'où vient abbotare engager.

ABEBRARE, . ABERAGIUM. Droit de faire abreuver à une fontaine le bétail.

ABEGERIA , ALBERGA. Droit du Seigneur d'être hébergé & reçu chez son vassal.

ABELLARIUM. Ruche à miel. Origine. Alvear. Loges exagones pour recevoir le miel.

ABENEV1SARE, ADBENEVISARE. Louer en emphytéose. Benevisum , bien laissé en emphytéose.

ABENGA. Petite monnoie nommée abhengo.

ABERQMURDRUM , ABEREMURDRUM. Meurtre avéré & constaté.

ABJECTIRE. Se laisser condamner par défaut, abjectus , jeftivus.

ABJICERE SE. Déguerpir. Abandonner un fonds de terre.

ABJURARE , ABJURATIO. Serment qu'un malfaiteur, réfugié dans une Eglise d'Angleterre, etoit oblige de faire qu’il sortiroit du Royaume, abjurabat regnum , & sortoit de lEglise , presque nud, une croix à la main, & s'expatrioit, après son serment.

ABLADARE. Ensemencer une terre. Les ablais ou grains des terres moissonnées Abladiare.

ABLATA. Exaction. Tolta. ABOLLAGIUM. Abeillage , droit du Seigneur sur les abeilles de ses vassaux & sur celles qui se trouvent dans les bois. Apicularius, Fermier qui jouit du droit d'abeillage, & en françois Aurilleur.

ABOMAGIUM. Abornage. Droit du Seigneur de faire planter des bornes, & redevances des vassaux pour les planter sous la directe du Seigneur.

ABONNARE, ABONNATI , ABONAGIUM. Abonnement, rachat de la servitude des vassaux, par le paiement annuel de la taille dont il étoit convenu.

ABOTTUM , ABOTTAMENTUM. Secours , aide.

ABRICA. Couverture. Abrier. Couvrir. ABSARE. Mettre en friche. ABSOLUTIO. Quittance & décharge; & encore Absolutorium

ABSTENTUS. Excommunié. ABST1PULARE. Se dessaisir & déguerpir d'un bien, parce qu'on en prenoit possession avec un fétu de paille, Stipula.

ABSTRIGARE. Se débarrasser de tout obstacle.

ABSUS. ABSA TERRA. Terre inculte opposée à terra vejiita. De quâ terr4 junt manfa quinque quinque veflita, alia vero manent abfa. ( Charta Ottonis I. hist. Metensis. )

 

 

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