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PHystorique- Les Portes du Temps
4 novembre 2022

1364 De La Rochelle à Torun: aventure de barons en Prusse et relations économiques

1364 De La Rochelle à Torun - aventure de barons en Prusse et relations économiques

Ce n'est pas sans étonnement que, dépouillant une liasse de pièces relatives au Périgord dans le fonds d'Albret des Archives départementales des Basses-Pyrénées, on découvre, dès les premières lignes d'un document de 1364, le nom de la ville polonaise de Torun, ancien château de l'Ordre teutonique et place marchande hanséatique (i).

 Il faut pourtant se rendre à l'évidence ; et la lecture -de cette passionnante série de reconnaissances et de remboursements de dettes met bien en présence d'une de ces aventures de seigneurs occidentaux du XIVe siècle en Prusse, comparable ici à celle de Gaston Fébus, comte de Foix, vicomte de Béarn, quelques années auparavant, et peut-être inspirée par elle (2).

 Par l'envergure géographique de sa teneur, l'acte mérite lui-même une mention spéciale avec le qualificatif, osé sans doute, d'européen.

L'instrument notarié constatant les emprunts et les remboursements opérés par ou au nom de nos barons aquitains est, en effet, daté de Bruges, le 22 décembre 1364, sous le seing de Bartolomeo d'Arquato, notaire public de Piacenza en Italie (3). Si les registres matricules du notariat piacentin qui ne sont conservés qu'à partir de 1388, ne permettent pas d'identifier avec précision ce praticien, du moins son nom d'origine est-il celui d'une localité proche de Piacenza, Castell'Arquato, et sa présence à Bruges est-elle un nouveau témoignage, si besoin était, de l'activité de la colonie « lombarde » dans le grand marché du Nord (4).

D'ailleurs, toutes les opérations de remboursement stipulées dans le document devaient avoir lieu et eurent lieu à Bruges qui apparaît ainsi comme le pivot des relations financières entre le monde nordique et les pays atlantiques à cette date, avec comme centre nerveux l'hostel (hospicium) de Mathieu de Bursa, chaque fois mentionné aussi, notamment en décembre 1364, comme résidence du marchand hanséate Gérard de Lare (5).

Les héros de l'équipée étaient donc un groupe de huit seigneurs de régions contiguës du Maine, du Poitou, de l'Aunis et du Limousin.

Renaud de Vivonne, seigneur de Pouillé (6) en Poitou, Gui, seigneur d'Argenton-le-Châtel (7), et son frère Geoffroy sont dits débiteurs principaux ; mais, avec eux, il y avait Hugues de Vivonne, Hugues de Surgères, Jean de Bellac (8), et deux barons plus importants Louis, vicomte de Beaumont, et Louis, vicomte de Rochechouart.

La coïncidence des dates est au moins curieuse, car, séjournant à Torun en janvier 1363, les huit Poitevins ont dû entreprendre leur voyage au cours de 1362, c'est-à-dire au moment où Jean Chandos, commissaire du roi d'Angleterre, était en Poitou pour prendre possession des territoires cédés par le roi de France au traité de Calais.

 Notre groupe aurait-il cherché dans la croisade en Prusse un faux-fuyant pour retarder la reconnaissance du roi d'Angleterre?

De retour en Guyenne, Louis de Rochechouart et Renaud de Vivonne durent cependant faire hommage au prince Edouard à Poitiers le 13 septembre 1363 (9).

 Les sentiments pro-français de ces chevaliers ne font pourtant aucun doute. Louis de Rochechouart était le fils du vicomte Jean 1er mort à la bataille de Poitiers en 1356, et on le retrouve dès 1368 aux côtés de Charles V.

Louis, vicomte de Beaumont, seigneur de Pouancé dans le Maine, alla peu après le voyage oriental se faire tuer pour le roi de France dans la journée de Cocherel le 23 mai 1364 (10).

Renaud de Vivonne et Guy d'Argenton, avec un Hugues de Vivonne et un Jacques de Surgères, retournèrent à l'obédience française le IER décembre 1372 ; Renaud combattit à La Rochelle en 1379 et devint sénéchal de Poitou (11).

A l'autre extrémité de l'itinéraire, la figure du prêteur n'est pas moins intéressante que celle de ces barons français.

Hermann de Dulmen appartenait aux grandes familles qui détenaient le Rat de la ville hanséatique. Echevin en 1350, membre du conseil en 1351, il participa en 1368 à l'expédition des Hanséates contre Copenhague, et mourut en 1376 (12).

S'il ne paraît pas avoir brassé de grosses affaires commerciales, du moins importait-il à l'occasion des produits occidentaux, vin d'Espagne et pastel, tandis que son parent Albert de Dulmen exportait de la cire et du cuivre. On sait par ailleurs qu'il menait des affaires d'argent : une lettre inédite du conseil de la ville d'Elblag (Elbing) à celui de Torun fait état d'une dette de 200 écus qu'il avait reconnue et qui était réclamée avec véhémence par son créancier (1368-1369) (13). Son procureur Gérard de Lare, dit dans notre document marchand de Torun, n'est pas connu autrement.

C'est encore un grand bourgeois, de La Rochelle cette fois, que le document substitue à un débiteur pour l'extinction de la dette.

Jean Chaudrier est un des personnages les plus connus de La Rochelle à cette époque (14). Comme Hermann de Dulmen à Torun, il détint les plus hautes charges municipales : maire en 1359, 1362, 1366, 1370, 1373, et plusieurs fois co-élu.

Anobli par le régent Charles en juillet 1359, délégué à Calais vers le roi Jean pour protester contre la cession de La Rochelle aux Anglais, il permit le 8 septembre 1372, grâce à un stratagème raconté par Froissart, la délivrance de la ville, dont il devint gouverneur en 1376; on perd sa trace après 1380.

Par son mariage avec Jeanne de Parthenay, fille de Guy Larchevêque, seigneur de Taillebourg, il devint le beau-frère de Louis, vicomte de Rochechouart, un des barons partis en Prusse en 1362, qui épousa Isabelle de Parthenay (15).

Seigneur de Dompierre en Aunis et du château de Dumol en Saintonge (16), il devait aussi avoir une activité commerciale. Les autres marchands et leurs facteurs qui en son nom liquidèrent la dette à Bruges en décembre 1364, n'apparaissent pas par ailleurs dans les documents rochelais. Son crédit devait être considérable, car outre l'opération qu'il fit au nom de Gui d'Argenton, on cite à son actif un prêt de 5.000 livres d'or à Du Guesclin pour le financement du siège de Cognac (1375) (17).

Les personnages étant ainsi mis en place, on peut tenter maintenant de restituer l'aventure à travers la chronologie de ses conséquences pécuniaires.

Pour se trouver sur les bords de la Vistule le dimanche 15 janvier 1363 (18), les huit barons français avaient dû au plus tard faire voile, de La Rochelle ou de la Baie (19), à la fin de l'été 1362, car la Baltique n'était guère propre à la navigation après le 11 novembre.

Les expéditions annuelles des Chevaliers teutoniques contre la Lithuanie et la Samogitie étaient des campagnes d'hiver, cette saison s'avérant plus favorable que l'été pour traverser les lacs, les marécages et les forêts.

Les chevaliers d'Occident qui venaient prendre part à ces « croisades », pouvaient alors s'adonner à de grandes chasses aux animaux, élans, chevaux sauvages, ours, inconnus ou disparus dans les forêts de leurs contrées.

Les grands-maîtres et les maréchaux de l'Ordre donnaient souvent des banquets et des réceptions en l'honneur de ces hôtes étrangers dans leurs châteaux de Marienbourg (auj. Malbork) et de Königsberg, et la lutte contre les païens était pour les barons occidentaux, outre une grande partie de chasse, un véritable tournoi à peine plus dangereux que ce sport chevaleresque (20).

Pendant l'hiver 1362-1363, les Teutoniques, qui avaient détruit Kaunas (Kowno) l'hiver précédent, ravagèrent les rives du Niémen et les approches de la Samogitie ; peut-être même allèrent-ils incendier le fort de Nowogrod sur le Narew en Masovie pour punir le duc d'avoir prêté assistance aux Lithuaniens (21).

Comme la campagne commença probablement vers la fin janvier (22), si nos barons y participèrent, le premier emprunt fait à Hermann de Dulmen à Torun par Renaud de Vivonne et les deux frères d'Argenton fut sans doute destiné à couvrir les frais de l'expédition, achat de chevaux et d'équipements d'hiver notamment.

 La somme de 2.600 écus d'ancienne monnaie du roi de France était, en tout cas, considérable, du moins pour des seigneurs appartenant à une très moyenne noblesse (23). Par écus d'or de l'ancienne monnaie du roi de France, il faut entendre, en effet, comme il est précisé plus loin, des deniers d'or à l'écu du premier coin de Philippe VI dont la valeur de compte théorique était de 20 sous tournois (24).

Ces quelque 2.600 livres tournoises représentaient approximativement les revenus ordinaires en argent de l'archevêque de Bordeaux en 1361-1362 ; ou, encore, avec cette somme nos barons auraient pu acheter cette année-là — année de vin à bas prix, il est vrai — un peu plus de 300 tonneaux de vin clair (25).

Mais nos trois chevaliers durent dépenser sans compter pendant ou à l'occasion de ces campagnes d'hiver, car le samedi 13 mai, toujours à Torun, ils firent un nouvel emprunt de 1.100 écus. Pertes d'armes, de chevaux peut-être?

Mais le jeu n'est pas non plus à exclure ; sans oublier les frais du retour. Lorsqu'ils reprirent le chemin de l'Occident, sans doute peu après la mi-mai avec une flotte hanséatique partant pour le Zwin et les côtes de l'Atlantique, c'était d'un total de 3.700 écus qu'ils étaient débiteurs (26).

Le fait qu'ils aient envisagé le remboursement à des dates très proches, 1er juin et quinzaine de la Saint-Jean, prouve qu'ils entendaient effectuer leur voyage de retour pendant le début de l'été.

On a vu déjà que Renaud de Vivonne et Louis de Rochechouart étaient à Poitiers dès le 13 septembre 1363.

L'absence de France de nos voyageurs a dû être, dans ce cas, d'un peu moins d'un an, entre l'été 1362 et l'été 1363.

Le remboursement prévu à Bruges pendant cet été 1363 ne fut cependant effectué que jusqu'à concurrence de 900 écus puisque, le 8 mars 1364, Renaud de Vivonne et Gui d'Argenton reconnurent devoir encore 2.800 écus, et ce en Guyenne sous le sceau du prince Edouard et le seing du notaire bordelais Pierre de Maderan.

Cette nouvelle obligation dut être faite à Poitiers où précisément le prince et son notaire résidaient au palais pour recevoir les derniers hommages des barons aquitains (27).

C'est alors que, peu après, intervint Jean Chaudrier qui ayant d'abord versé 1200 écus, plus 260 écus pour frais et intérêts, se substitua à Gui d'Argenton, dernier débiteur par conséquent, pour les 1600 écus restant.

L'acte fut passé à Merpins, près de Cognac, sur la Charente (28), le lundi 26 août. Or, il semble bien que le procureur de Hermann de Dulmen, Gérard de Lare, ait été en personne en Aunis à cette date, ce qui suppose qu'il avait participé à un voyage de la flotte hanséate jusqu'à la Baie.

Et comme la dernière quittance fut donnée à Bruges un peu avant la Noël, le même procureur et les facteurs des marchands rochelais avaient fait voile à nouveau vers le Zwin à la fin de l'été ou à l'automne.

La liquidation du 22 décembre 1364, en l'hôtel de Mathieu van der Buerse, à Bruges, clot pour nous l'aventure. Avec le paiement des 1.600 écus restant, le remboursement total s'éleva donc à 3.960 écus. La destruction bien normale des instruments de reconnaissance relatifs à l'affaire aurait été une perte pour l'histoire si, à cette occasion, le notaire italien n'avait pas inséré leur teneur dans sa quittance générale.

A travers cette pièce exceptionnelle, c'est donc une véritable coupe dans l'histoire européenne entre 1362 et 1364 qui apparaît : peut-être une répercussion en Poitou du traité de Brétigny ; les expéditions annuelles des Chevaliers teutoniques contre les Lithuaniens et leur attrait sur une noblesse occidentale avide de chasses et de divertissements chevaleresques (29) ; le rôle de Bruges et de sa « Bourse » comme place financière; l'activité d'un grand marchand de la place hanséatique de Torun et l'activité parallèle d'un grand bourgeois de La Rochelle ; les navigations saisonnières, et le trafic que l'on devine à l'arrière-plan du sel et du vin, entre la Prusse, le Poitou et l'Aunis, avec ou non l'étape intermédiaire de Bruges.

 Et tout cela est venu, par le cheminement d'héritages successifs, se figer dans les magnifiques archives d'Albret du palais de l'ancien Parlement de Navarre, face aux Pyrénées.

Bordeaux Ch. HIGOUNET.

 

Pièce justificative 1364, 22 décembre. — Bruges, Hôtel de Buerse.

Quittance générale des dettes contractées à Torun envers Hermann de Dulmen, bourgeois de cette ville, par Renaud de Vivonne, seigneur de Pouillé en Poitou, Gui, seigneur d’Argenton-le-Châtel, et Geoffroy son frère, délivrée par Gérard de Lare, marchand de Torun, procureur d’Hennann de Dulmen, à Jean Chaudrier, bourgeois de La Rochelle, subrogé à Gui d’Argenton pour la liquidation de sa dette, sous le seing de Bartolomeo d'Arquato, notaire public de Piacenza.

Arch. dép. Basses-Pyrénées, E 627. Parchemin de 340 mm x 390 mm, repli, bandelette de parchemin avec traces de cire rouge.

 

In nomine Domini amen. Anno ab incarnatione ejusdem millesimo CCCmo. sexagesimo quarto, indictione tercia, die vicesima secunda mense decembris, pontificatus sanctissimi in Christo patris et domini nostri domini Urbani divina providentia pape quinti anno tercio.

Noverint universi presentis instrumenti publici seriem inspecturi quod, in presentia mei notarii publici et testium subscriptorum ad hec specialiter vocatorum et rogatorum propter hoc infrascripta personaliter constitutus, discretus vir Gerardus de Lare, mercator de Thoron, procurator ut dixit Hermanni de Dulmen, mercatoris de Alamania, asserens quod cum nobiles viri domini Reginaldus de Vivone, dominus de Poylhe, Guiardus, dominus de Argenton, Gaufridus frater ejus debitores principales, dominus Ludovicus, vicecomes de Ruppechoardi, dominus Ugo de Surgeres, dominus Johannes de Balac, milites, Ugo de Vivone, dominus de Stanno, scutifer, fidejussores, se efficaciter obligaverint dicto Hermanno de Dulmene civi in Thoron in duobus milibus et sexingentis scudatis auri antiquis monete domini regis Francie auri boni et ponderis, solvendis in villa Brugensis in Flandria, in hospicio domini Mathei de Bursa, dicto Hermanno de Dulmene suisque heredibus vel ostensori littere super dicto debito confecte super festum Corporis Christi tunc proxime venturum, prout de premissis in quibusdam litteris obligatoriis sigillis dictorum dominorum debitorum et fidejussorum suorum sigillatis datis in Thoron, die dominica post octabam Epiphanie Domini anno Domini millesimo CCCmo. sexagesimo tercio distinctius declaratur.

Cumque prefatus dominus Reginaldus de Vivone, dominus Guido, dominus de Argenton, dominus Goffridus ejus frater, milites, principales debitores, dominus Ludovicus, vicecomes de Beaumont, et dominus Ludovicus, vicecomes de Rochechoart, milites, fidejussores, se effioaciter obligaverint suprascripto Hermanno de Dulmene in undecies centum scudatis antiquis conii Francie auri boni et ponderis perfecti, solvendis in dicta villa Brugensis in dicto hospicio dicti domini Mathei dicto Hermanno suisque veris heredibus vel ostensori littere super dicto debito confecte infra quindenam post festum sancti Jacobi tunc proxime futurum, prout de premissis in quibusdam aliis litteris obligatoriis sigillis dictorum dominorum debitorum et fidejussorum suorum sigillatis, datis in Thoron, sabbato post festum Ascensionis Domini anno Domini millesimo CCCmo. sexagesimo tercio seriosius videtur continueri.

Cumque postmodum facta solutione de certa parte audictorum denariorum, prefati domini Reginaldus de Vivone, Guido, dominus de Argenton, et Ugo de Vivone et quilibet principaliter et insolidum se efficaciter obligaverint pro resto dictarum summarum in duobus milibus et octingentis denariis auri vocatis scutis veteribus de primo conio domini Philippi, quondam Francie regis, boni, recti et justi ponderis solvendis in dicta villa Brugensis, in Flandria, in dicto hospitio dicti domini Mathei, dicto Hermanno seu ejus attornato quoddam publicum instrumentum super dicta obligatione confectum deferenti videlicet mille et quadringentos scutos auri infra quartadeciman diem post festum Pasche tunc proxime venturum et reliquos mille et quadringentos scudatos auri infra sequens festum Penthecoste Domini, prout de premissis in quodam instrumento publico super dicto debito confecto magno sigillo illustrissimi principis domini Edwardi, primigeniti domini Anglie regis, principis Aquitanie et Wallie, ducis Cornubie et comitis Cestrie ac eciam sigillo domini Johannis Chandoys, vicecomitis Sancti Salvatoris ac marescalli predicti domini principis, ad reqiiestatn dictorum dominorum debitorum una cum signo et subscriptione magistri Petri de Maderano, Burdegalensis dyocesis apostolica auctoritate notarii publici, anno ab Incarnatione domini millesimo CCCmo. sexagesimo tercio, indictione secunda, pontificatus sanctissimi in Christo patris et domini nostri domini Urbani divina providentia pape quinti anno secundo, die octava mensis marcii, prout prima facie apparebat sigillato distinctius dinoscitur contineri. Cumque etiam postmodum solutis ex dictis duobus milibus et octingentis denariis auri, mille et ducentis scudatis auri antiquis dicti primi conii domini Philippi olim Francie regis in una parte, et ducentis et sexaginta scudatis auri conii predicti in una alia parte, pro dicto domino Guidone, domino de Argenton, Johannes Chandererii, burgensis Ruppelle, se efficaciter obligaverit, Gerardo de Lare nomine dicti Hermanni de Dulmene in mille et sexagentis scudatis auri de conio veteri domini Philippi quondam regis Francie ponderis boni et legalis pro resto dicti debiti et restitutione ac emendationi dampnorum, expensarum et interesse habitorum et subsecutorum occasione retardate solutionis ipsius debiti, solvendis dicto Gerardo de Lare nomine dicti Hermanni vel latori littere super dicta obligatione confecte, in dicta villa Brugensis, in dicto hospitio dicti domini Mathei de Bursa, infra festum Nativitatis Domini tunc proxime futurum prout de ipsa obligatione clarius apparet quibusdam litteris sigillo apud Merpisium constituto pro dicto domino principe sigillatis, datis die lune post festum beati Bartholomei anno Domini millesimo CCCmo. sexagesimo quarto.

 Hinc est quod dictus Gerardus procurator ut dixit ac detentor et possessor dictarum litterarum et instrumentorum ut manifeste apparebat per demonstration em ipsarum ibidem in presencia mei jamdicti notarii et dictorum testium factam sponte et ex certa scientia volens agnoscere bonam fidem et testimonium veritati prohibere dixit et confessus fuit ac publice recognovit se nomine suo et dicti Hermanni de Dulmene pro quo promisit de rato habendo sub obligatione omnium bonorum suorum presentium et futurorum habuisse et recepisse et ibidem in presentia mei jamdicti notarii et testium infrascriptorum numeratum habuit et recepit in bona moneta aurea non prohibita ymo cursiva a prefato Johanne Chandererii, burgensis dicte ville Ruppelle, videlicet per manus Bernardi de Riveria, factoris Petri Labroa, et Johannis de Crozo, factoris Guillelmi Bley, integrum valorem et equipollentiam suprascriptorum mille et sexingintorum scutorum auri veterorum ad solvendum restantium ex debito et summis, dampnis, expensis et interesse superius nominatis videlicet pro integra solutione et completa satisffaccione eius tocius quod prefati Hermannus de Dulmene et Gerardus de Lare a dictis omnibus dominis debitoribus eorumque heredibus successoribus et executoribus et in bonis eorum petere vel requirere possent tam conjunctim quam divisim occasionibus dictarum obligationum ac dictorum omnium dampnorum expensarum et interesse que ipsi creditores dicere vel allegare possent se fecisse aut incurris se ob defectum dictarum solutionum non factarum loco et termino in dictis litteris obligatoris contentis.

Et ideo prefatus Gerardus de Lare nomine suo et dicti Hermanni cuius est procurator et factor ac negociorum gestor ut dixit et pro quo promisit de rato habendo ut supradictos omnes dominos milites et scutifer debitores et eorum fidejussores ac dictum Johannem Chandererii eorumque heredes, successores, executores et bona plene et libere ab omni eo et toto eo quod ipsi Hermannus et Gerardus conjunctim et divisim ab eisdem seu altero, ipsorum petere vel requirere possent aut exigere quoquomodo ocoasionibus suprascriptis vel altera ipsarum quitavit, liberavit et absolvit cum pacto expresso de ulterius aliquit non petendo et in signum vere et integre solutionis et prefate satisfaccionis dictarum summarum denariorum dampnorum expensarum et interesse.

Idem Gerardus de Lare dictis Bernardo de Riveria et Johanni de Croso nomine et vice dictorum dominorum debitorum restituit dictas litteras obligatorias ac instrumentum predictum incissas et vanas et incissum et vanum, cassans et irritans ipsas et ipsum et quascumque alias litteras et instrumenta que apparerent vel apparere possent ullo tempore in futurum ipsos Hermannum et Gerardum vel alterum ipsorum habere contra dictos dominos debitores vel alterum ipsorum occasionibus et racionibus summarum denariorum predictorum.

Et de predicti rog[atum] me notarium quatinus unum et plura publica in uno tenore conficerem instrumenta et specialiter duo unius ejusdem tenoris quibus duobus prefatus Gerardus ad maiorem corroborationem omnium premissorum sigillum suum duxit apponendum.

Acta fuerunt hec Bruge, in dicto hospitio dicti domini Mathei de Bursa, hospitio dicti Gerardi de Lare, presentibus ipso Matheo et Jacobo Crakebeen, burgensibus dicte ville Brugensis, testibus rogatis et ad hec specialiter vocatis.

[Seing-manuel] Ego Bartholomeus de Arquato, filius quondam Petri, apostolica et imperiali auctoritate notarius publicus Placensie, predictis omnibus et singulis una cum prenominatis testibus interfui et rogatus hoc instrumentum breviavi et in notam recepi ipsumque meo nomine certis aliis occuppatus negociis scribi, feci et illud publicando me subscripsi signoque meo solito signavi in testimonium premissorum.

 

 

 

 

Le Moyen âge : bulletin mensuel d'histoire et de philologie / direction MM. A. Marignan, G. Platon, M. Wilmotte

 

 

 

En 1363, le prince de Galles parcourt sa nouvelle principauté d'Aquitaine pour recevoir les hommages féodaux.<==

Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU ) <==

 


 

(1) Arch. dép. Basses-Pyrénées, E 627. —- Ce document m'a été signalé par Mme A. Higounet que je tiens à remercier ici pour sa toujours attentive collaboration.

(2) Voir r. PASQUIER, Gaston Phoebus en Prusse (1357-1350), Foix, 1893, et P. TUCOO-CHALA, Gaston Fébus et la vicomté de Béarn (1343-1391), Bordeaux, 1960, pp. 74-79.

(3) On remarquera que la mention de l'indiction 3 dans cette date implique le changement de cet élément chronologique en septembre, ce qui confirme l'emploi de l'indiction de Bède par les notaires piacentins (v. PALLASTREIXI, Dell’anno dell’lncarnazione usato dai Piacentini, Piacenza, 1856, p. 14). — Le seing manuel du notaire est une composition carrée, encadrant l'initiale B. de son nom.

(4) R. DE ROOVEH, Money, Banking and Credit in Mediacval Bruges, Cambridge, Mass., 1948, ne signale pas cependant particulièrement de Piacentins dans les colonies italiennes de la grande place flamande.

(5) Voir R. EHRENBERG, Makler, Hosteliers und Bôrse in Brügge vom 13.bis zum 16.Jahrhundert, Zeitschrift fur das Gesamte Handclsrecht, XXX, 188s, pp. 403-468.

(6) Pouillé, comm. du canton de Saint-Julien-Lars, arr. de Poitiers, Vienne.

(7) Auj. Argenton-Château, cant. de l'arr. de Bressuire, DeuxSèvres.

(8) Vivonne, cant. de l'arr. de Poitiers, Vienne. — Surgères, cant. de l'arr. de Rochefort, Charente-Maritime. — Bellac, Haute-Vienne.

(9) J. DELPIT, Collection générale des documents français en Angleterre, t. I, Paris, 1847, p. 109.

 — La copie du procès-verbal des hommages rendus au Prince Noir publiée par cet érudit est si mauvaise, qu'il n'y a aucune difficulté à identifier le Raymon de Bibona, seignour de Polhe, de la cérémonie de Poitiers, à notre Reginaldus de Vivone, dominus de Poylhe.

Par contre, Hugues de Vivonne, chevalier, seigneur de Thor (auj. comm. du canton de Matha, Charente-Maritime), qui fit hommage au Prince à Saint-Maixent le 6 septembre, est sans doute différent de Hugues de Vivonne, écuyer, de notre acte.

(10) Louis, vicomte de Beaumont dans le Maine, ne doit pas être confondu avec Louis de Beaumont, seigneur de Bressuire (1361-1388), qui ne portait pas le titre vicomtal. — Voir sur sa mort, R. DELACHANAL, Histoire de Charles V, t. III, pp. 51-53.

(11) P. GUÉRIN, Recueil de documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la chancellerie de France, IV (13691376), Arch. hist. du Poitou, XIX, 1888, pp. 180, 203, 362.

(12) K.O. AHNSEL, Thoms Seehandel und Kaufmannschaft um 1370, Marburg, 1961 (Wissenschaft. Beitrage zur Gesch. und Landeskunde Ost. Mitteleuropa, 53), pp. 92-93 (notice), et A. SEMRAU, Katalog der Geschlechter der Schoffenbank und des Ratstuhles in der Altstadt Thorn, 1233-1602, Mitteilungen des Copernicusvereins fiir Wissenschaft und Kunst zu Thorn, 46, Elbing, 1938 p. 34.

(13) Arch. de la ville de Torun, documents n° 106 a. - Cette référence ainsi que d'autres précisions bibliographiques m'ont été aimablement communiquées par M.K. Gorski, professeur à l'Université de Torun, à qui il me plaît d'exprimer ici mes plus vifs remerciements.

(14) Voir la notice de L. DÉLAYANT, Jean Chaudrier, Rev. de l’Aunis, 1863-1864, pp. 508-522, et les notes complémentaires de P. GUÉRIN, op. cit., pp. 263-266.

(15) P. GUÉRIN, Op. cit., pp. 263 (1373) et 272, note (1376).

(16) J. DELPIT, Op. cit., p. 108 (hommage au Prince Edouard, 1363).

(17) L. DÉLAVANT, art. cit., p. 521.

(18) Le millésime nouveau style de cette date est bien 1363, sans quoi la chronologie des opérations énumérées dans le document serait impossible à établir ; cela correspond d'ailleurs à l'usage du style de la Nativité dans l'Etat de l'Ordre teutonique (H. GROTEFEND, II and bu ch der hist. Chronologie, 1872, p. 30).

(19) 11 semble peu probable, en effet, qu'ils aient pu faire la longue route par terre à travers l'Allemagne et la Pologne.

(20) Sur ces caractères des « croisades » contre les Lithuaniens aux XIVe et XVe siècles, voir E. MASCHKE, Burgund und preussische Ordenstaat, Syntagma Friburgense. Hist. Studien Hermann Aubin zum 70.Geburtstag dargebracht, Lindau-Konstanz, s.d., pp. 157-163.

(21) J. VOGT, Geschichte Preusscns, t. V, Konigsberg, 1832, pp. 161-173.

(22) La chronologie de la Chronique de WIGAND DE MARBURG, éd. Th. HIRSCH, Scriptores rerum Prussicarum, t. II, Leipzig, 1863, pp. 539-544, est assez flottante pour 1363 ; la traduction latine ne donne qu'un court récit des événements de cette année qui semblent repris sous le millésime suivant ; l'extrait de Bornbach est plus net : anno 1363 am tage Agnetis (21 janvier) zog der hohmeister wieder noch Kauen.

(23) En 1358, Gaston Fébus avait contracté à Bruges pour son voyage en Scandinavie et en Prusse un emprunt de 25.000 écus (P. TUCOO-CHALA, op. cit., p. 78).

(24) J. LAFAURIE, Les monnaies des rois de France, t. I, Hugues Capet à Louis XII, Paris, 1951, p. 41, n° 262. — Cette émission de 1337-1338 était excellente, tandis que les émissions suivantes, surtout celles de Jean II jusqu'en septembre 1351, n'avaient cessé de voir diminuer leur titre.

(25) R. BOUTRUCHE, La crise d'une société. Seigneurs et paysans du Bordelais pendant la guerre de Cent Ans, Paris, 1947, p. 255, n. 1 : les recettes ordinaires en argent de l'archevêque s'élevaient cette année-là à 3.322 livres bordelaises ; 2.600 livres tournoises correspondaient environ à 3.120 livres bordelaises.

(26) Cette somme de 3.700 écus équivaut cette fois environ au total des revenus, en argent et en nature, soit 4.500 livres bordelaises, de l'archevêque en 1361-1362, et à la valeur d'achat de 440 tonneaux de vin (BOUTRUCHE, ibid.).

(27) J. DELPIT, op. cit., p. 120. — Sur Pierre de Maderan, voir BAUREIN, Variétés bordelaises, nouvelle éd., Bordeaux, 1876, t. II, pp. 289-291. Un Arnaud de Maderan fut notaire et clerc du conseil de Guyenne entre 1401 et 1413 (P. CHAPLAIS, The Chancery of Guyenne, 1289-1453, Studies presented to Sir H. Jenkinson, Londres, 1957, pp. 94-95).

(28) Merpins, auj. comm. du canton de Cognac, Charente.

(29) E. MASCHKE, art. cit., pp. 156-157, souligne ce caractère «  illusioniste » des croisades prussiennes et signale les expeditions de barons neerlandais au XIVe siècle : Guillaume de Hainaut en 1336 et 1344, Guillaume de Hollande en 1386-1387, Guillaume de Gueldre en 1388 et 1392, le premier ayant aussi contracté un emprunt auprès de marchands « lombards » et hanséates.

 

 

 

 

 

 

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