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PHystorique- Les Portes du Temps
16 janvier 2018

Saint Malo (Saint Macoult, Machutus, Maclovius)

SanktamaloLéhon

CHRONOLOGIE DE SAINT MALO.

Avant la découverte de la Vie de saint Malo par Bili, nous ne connaissions presque rien de la vie de ce vénérable personnage, et il était impossible de déterminer avec la moindre précision la date de sa naissance, celle de son épiscopat, celle de son passage en Armorique, etc., etc. Les historiens et les hagiographes en étaient réduits à se répéter les uns et les autres. Tout récemment, le savant M. de la Borderie a voulu traiter le sujet plus à fond, et malgré l'étendue de son érudition, il est tombé dans plus d'une erreur Il lui manquait un guide sûr et éclairé. Il lui manquait la Vie du saint évêque d'Ateth par Bili. Ce n'est pas cependant que Bili ait songé à préciser des dates; les anciens hagiographes ne s'occupaient pas ordinairement de ce détail. Mais il nous fournit à l'occasion tel ou tel renseignement qui, rapproche des autres données de l'histoire, devient pour nous un point de repère, un jalon destiné à indiquer avec sûreté la route à suivre pour rester invariablement dans la vérité.

Nous ne compterons pas néanmoins au nombre de ces points de repère la durée de la vie de saint Malo, puisque l'auteur ne la donne que comme problématique mais bien ses relations avec Commore, prince de Domnonée, avec saint Columban, avec saint Léonce de Saintes, etc., etc. Grâce ces faits et à quelques autres du même genre, voici de quelle manière nous croyons pouvoir déterminer avec assez de probabilité la chronologie dont nous nous occupons :

1° Saint Malo a pu naître vers l'année 510-520.

° Son unique maître dès le plus bas âge fut saint Brendan, abbé de Lancarvan, et second successeur de saint Cado, le fondateur de ce célèbre monastère.

3° Ordonné prêtre avant l'âge légitime, qui était alors de trente ans (540-55O).

4° Sept années sont consacrées à ses pérégrinations à travers l'Océan (550-557). Nous avons ici le seul récit un peu ancien de ces Pérégrinations mystérieuses qui ont tant exercé les romanciers du moyen-âge.

5° Passage en Armorique vers 550-560?

Le saint avait alors 40 ans, et Commore donnait des lois à la Domnonée. Or, Commore succomba selon nous en 560, en même temps que Chramne, dont il avait embrassé la cause. Malo n'aborda point au rocher d'Aaron, mais à l'île de Césambre. Ce ne fut que plus tard qu'il entretint des relations avec l'ermite Aaron.

6° Malo s'étant fait une grande réputation de sainteté et de miracles, est demandé pour évêque par le clergé d'Ateth (ce siège épiscopat existait antérieurement'), Juthaël étant alors roi (570-580).

7° Son épiscopat a duré quarante années et s'est prolongé jusques après la mort de Juthaël, soit 575-615 ?

8° Il est persécuté après la mort de Juthaël (600?).

9° Il va visiter saint Columban à Luxeuil vers 607 ?

10° Il s'enfuit à Saintes auprès de l'évêque saint Léonce et y passa sept années (612-619).

Il aborde en Saintonge. Bili écrit ad insulam quae vocatur agenis et in (Aquitania) régione (1 p. 226). Il semble qu'il y ait unanimité de tous les auteurs pour désigner Agenis par l'île d'Aix (que Dom Plaine place "face à La Rochelle" ce qui prouve qu'écrivant de son cabinet de Bretagne, il lui manquait au moins la connaissance des lieux. Plus loin il traduira Brea par Brouage et là c'est méconnaître l'Histoire), il y fut reçu "dans un petit monastère dont les origines sont inconnues" (6 p. 112) ; il est assez surprenant qu'après avoir longé les côtes de Vendée et de l'île de Ré, il aborde justement la petite île qui se trouve au fond du pertuis, là où se trouve une communauté religieuse, mais en face du promontoire de Fouras et de l'embouchure de la Charente, sans s'égarer vers l'une des nombreuses îles qui étaient alors à sa vue. Saint Malo savait qu'il aborderait à Aix, mais toujours par hasard, il apprend que Léonce est justement sur la côte, pas très loin, dans une autre île à vue d'Aix. La providence a bien fait les choses. Léonce se trouve in insula quae vocatur Eura.

L'abbé Grasillier est prudent en disant simplement "Macout et ses disciples font voile vers "l'île d'Aire", traduisant Eura par Aire sans situer celle-ci (9 p. 482) ; par la suite il avancera cette autre traduction "Léonce, évêque de Saintes, en ce moment dans une autre île appelée Euria et que nous croyons être celle d'Hiers". Ajoutant "plus probablement que celle d'Aire ou d'Erre, fort petite, à peine distincte du continent dont elle n'est séparée que par un étroit canal" (10 p. 209-210). Après Dom Plaine, de nombreux auteurs se sont contentés de Aire. Il faudrait pourtant suivre plus volontiers l'abbé Grasillier qui semble mieux connaître les lieux, alors que Dom Plaine n'a jamais dû mettre un pied ni à Aire ni à Hiers, de plus Aire ne semble pas présenter de traces d'habitats anciens, elle ne devait pas offrir au VIle s. un aspect bien différent de celui d'aujourd'hui, sur une surface bien petite pour une villa épiscopale. Hiers, plus vaste, devait être véritablement une île et on y trouve des traces d'habitats du type gallo-romain.

La rencontre de Léonce et Malo est le point final des navigations de celui-ci.

Pas tout à fait cependant, car il lui faut gagner le continent. Le chapitre XCV de la Vita sancti machuti est consacré à la rencontre des deux prélats à EURA, mais le suivant XCVI relate les miracles faits en commun mais surtout par Saint Malo en un autre lieu appelé BREA. In villam quae dicitur Brea (celui que Dom Plaine traduit par Brouage) (1 p. 227) qui semble bien un endroit de séjour assez important puisqu'il est précisé quae est in parochia Santonicae. Les auteurs locaux, pour le plus grand nombre, ont traduit BREA par Broue et Hiers se trouve justement en vue de Broue.

Le manuscrit 12404, qui selon de nombreux auteurs serait d'origine saintongeaise, écrit au début du Xème siècle, précise "ubi vero ventum est in villa que vocatur Brea, geminas continens basilicas (3 p. 290). Une paroisse, deux églises. Bien des auteurs locaux, font état de ces deux églises à Broue, l'une sous le vocable de Saint-Pierre, l'autre de Saint-Eutrope, c'est ce qu'avance Mr Denys d'Aussy (23 p. 8), certains en doutent avançant qu'il n'y avait qu'une seule église sous les deux vocables.

Tout cela laisse à penser que Broue devait avoir une certaine importance aux VIème et Vllème siècles et on peut relever que différents auteurs précisent que Léonce donna à Malo "l'une des deux églises de Broue" (10 p. 218 - 7 p. 378 - 11 p.28, etc.).

(voir : Miracle de Saint Macoult à Broue (st Malo à Brouage- Portus Santonum )

11° Il revient pour quelques mois en Bretagne et retourne ensuite à Saintes ( Mediolanum Santonum) , où il meurt un dimanche, 13 novembre 621 ?  

12° Saint Léonce, dont la mort arriva le 22 mars 627, avait eu le temps, entre sa propre mort et le trépas de notre saint évêque, d'élever un oratoire sur la tombe de ce dernier. Ce résumé chronologique ne fait connaitre que d'une manière bien imparfaite l'appoint considérable que fournit Bili pour éclairer la biographie de saint Malo, dissiper les erreurs et les obscurités, rétablir !a vérité dans ses droits. Et cependant notre auteur va plus loin encore, il touche à histoire posthume de son héros. …..

ARTICLE CINQUIEME

TRANSLATIONS DE SAINT MALO.

Saint Malo avait terminé à Saintes sa belle carrière et y trouva une sépulture glorieuse. Les Vies déjà publiées du saint ne nous ont pas laissé ignorer ce double fait. Mais que devinrent ensuite ses restes vénérables? Quand et comment furent-ils rapportés à Aleth C'est sur quoi elles sont entièrement muettes. Le biographe Bili n'en a pas agi de même. II nous apprend que les habitants d'Aleth, justement désolés d'être privés d'un trésor aussi précieux que le corps de leur Père, trouvèrent moyen d'intéresser en leur faveur un roi franc du nom de Childebert, et que nous croyons être le troisième de ce nom (695-711), et obtinrent par son entremise que la tête et la main droite du saint évêque leur seraient rendues. C'est la première translation de saint Malo. Le récit en est des plus émouvants et offrira, si nous ne nous trompons, un vif intérêt à plus d'un point de vue. Deux siècles plus tard (vers 895), le corps même de saint Malo fut enlevé nuitamment de Saintes et rapporté à Aleth, où il ne devait pas malheureusement se conserver bien longtemps.

Le fait de cette nouvelle translation n'avait été connu jusques à présent que d'une manière très vague, Il avait été cependant retracé dans tous ses détails, non plus par Bili, mais par un anonyme contemporain. Malheureusement, l'opuscule de cet anonyme était resté enseveli dans la poussière des bibliothèques. Nous avons eu la bonne fortune de l'y retrouver, et nous le publierons après la Vie de saint Malo, dont il est comme une suite naturelle. Ce document, très-digne d'attention, a été rédigé dans les premières années 'du x" siècle ou même dans les dernières du IXe.

L'authenticité de la translation en question est d'ailleurs inattaquable. Elle avait donné lieu à une fête qui se célébrait chaque année le 10 juillet dans le diocèse de Saint-Malo, et dont l'office était calqué sur le texte de notre opuscule récuser comme fabuleuse, ce serait se jeter dans des difficultés inextricables et se fermer toute issue pour expliquer l'histoire subséquente des reliques de saint Malo.

On sait, en effet, que dans la première moitié du x° siècle, Salvator, évêque d'Ateth, voyant sa ville et son peuple a la veille d'être livrés comme une proie à la rapacité des Normands, encore idolâtres pour la plupart, se hâta de mettre en sûreté le corps de son glorieux patron, les vases sacrés et tout ce que son église avait de précieux, en allant chercher un refuge, d'abord au monastère de Léhon, puis bientôt à Paris, dans la capitale du duché de France. En quoi il fut imité par Junanus, abbé de Léhon, et par plusieurs hauts dignitaires ecclésiastiques des diocèses de Dol, de Coutances, etc. Les fugitifs se proposaient de rentrer dans leur pays avec leurs trésors dès que des jours de paix et de calme auraient lui pour l'Armorique. Mais cet espoir fut en grande partie déçu; Salvator, en particulier, ne revit jamais la Bretagne et finit ses jours sous le froc monastique dans l’abbaye de saint Magloire de Paris.

. Liste alphabétique des paroisses de Bretagne dont saint Malo est patron

1° Breteil, au diocèse de Rennes, autrefois au diocèse de Saint-Malo.

2° Brusvily, au diocèse de Saint-Brieuc, autrefois Saint-Malo.

3° Drefféac, au diocèse de Nantes. Ce village, ainsi que la plupart des autres qui ont saint Malo pour patron, devait se trouver sur l'une des voies romaines que l'on suivait pour aller d'Aleth a Saintes. Saint Malo a du y passer, ou plus tard ceux qui rapportaient soit sa tête, soit son corps, ont pu y séjourner quelque temps.


Caput XCIII. De primo loco in ea invento (1)

Et totam Britanniam cicumeuns (sic) atque multa mirabilia in portis (portubus) in quibus descendebat faciens, monesteriaque aedificans (2), dispensationne illius gubernatoris cuiventi et mare obediunt, ad insulam quae vocatur Agenis (3) et in (Aquitania) regione celeri cursu prosperoque itinere sospes pervenit.

1 Titre fourni par le Codex Londinensis, item les quatre ou cins suivants.

2 Nous ignorons quels monastères ont pu être bâtis par saint Malo dans les ports ou il relâchait, mais il est certain qu’en se rendant par mer d’Aleth en Saintonge, il a dû faire le tour (circumire) de Bretagne.

3 Petite Ile d’Aix, en face de La Rochelle. Il y a eu autrefois un prieuré monastique qui a subsisté jusqu’au commencement du XVIIe siècle.

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