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PHystorique- Les Portes du Temps
14 février 2018

Histoire et légende de Sainte Radegonde, Reine des Francs et abbesse de Poitiers

l Histoire et légende de Sainte Radegonde (2)

Fondatrice du monastère Sainte-Croix de Poitiers (Radegonde de Poitiers (Radegundis en latin), née vers 519 en Thuringe, morte le 13 août 587 à Poitiers)

Radégonde, dont le nom signifie prudente, circonspecte, et qui justifia si bien ce nom, naquit vers l'an 519 dans le pays de la Thuringe, sur la rive droite du Rhin. Elle était fille de Berthaire, l'un des rois de ce pays, qui fut attaqué et tué par son frère Hermenfroy. Radégonde et son jeune frère furent faits prisonniers et conduits à la cour de leur oncle vainqueur. Hermenfroy ne jouit pas longtemps du fruit de son crime ; Thierry, fils aîné de Clovis, roi des Francs, qui l'avait aidé dans son expédition de Thuringe, n'ayant pas reçu de son allié ce qu'il en attendait, se ligua à son tour avec son frère Clotaire, roi de Soissons, se rua contre Hermenfroy, le tua et fit massacrer une grande partie de sa famille. ==>CLOVIS Ier (Chlodovechus) 481/482 – 27 novembre 511

 Les deux princes victorieux se partagèrent le butin. Radégonde en faisait partie, et comme son jeune âge annonçait déjà les grâces et la beauté dont elle devait être le plus parfait modèle, Clotaire et Thierry eurent beaucoup de peine à s'entendre sur la possession de ce précieux trésor.

l Histoire et légende de Sainte Radegonde (2)

Il échut à Clotaire qui, songeant dès lors à faire partager sa couronne à cette enfant si cruellement éprouvée, la fit placer dans son château royal d'Athie en Vermandois, et lui fit donner une éducation conforme aux destinées qu'il lui préparait.

Des maitres habiles enseignèrent les belles-lettres à la jeune fille et à son frère; elle fit des progrès si rapides, que plus tard elle pouvait, dans les textes mêmes, se nourrir de la lecture des Pères de l'Eglise. Les livres saints lui révélèrent les beautés d'une religion dans laquelle elle n'était pas née, mais qui offrait tant de consolations à ses immenses douleurs, qu'elle dut l'embrasser aveu l'ardeur de l'amour et de la reconnaissance.

Après avoir reçu le baptême des mains de saint Médard, évêque, de Noyon, d'autres disent de saint Remy, celui-là même qui avait fait ruisseler l'eau sainte sur le front du fier Sicambre Clovis, la jeune Radégonde se livra aux exercices d'une piété rendue de plus en plus vive par ses lectures et ses méditations. La vie des saints, le récit de leurs combats et de leurs martyres, lui faisaient regretter que le temps des martyrs fût passé, et ne pouvant aspirer à cette couronne brillante, que l'effusion du sang fait conquérir, elle chercha dès lors à la gagner par les vertus plus humbles et plus modestes, mais non moins méritoires, de la mortification et de la charité.

Elle se plaisait à réunir dans son palais les enfants pauvres, à les soigner, à les vêtir, à les nourrir de ce qu'elle retranchait au luxe de sa propre maison, à les instruire au milieu des chants, des psaumes et des prières. Sa main préparait le saint lieu où s'immolait la victime de propitiation, les ornements qui décoraient le temple; cette main royale balayait le pavé sur lequel, prosternée le front contre terre, Radégonde méditait en songeant à la vie, retirée qu’elle espérait bientôt mener au milieu des vierges chrétiennes épouses de Jésus-Christ.

Mais Clotaire n'avait pas oublié ses desseins, et si sa mémoire eût été infidèle, la beauté incomparable de celle qu'il destinait à son trône lui eût rappelé sa prisonnière.

l Histoire et légende de Sainte Radegonde (1)

Quand Radégonde apprit que Clotaire se disposait à l'épouser, le souvenir des malheurs dont il avait été l'instrument, se joignant à la répulsion qu'inspiraient ses mœurs déréglées et ses débordements, fit prendre à la jeune et innocente victime une résolution extrême. Au milieu de la nuit, accompagnée de quelques femmes seulement, elle s'échappa du palais avec quelques servantes, sur une embarcation qui emprunta les cours de l'Omignon, de l’Oise et de la Somme, mais fut rattrapée à Missy, près de Soissons. ; elle se soumit à la volonté de son maître et se laissa conduire à Soissons pour y être couronnée.

La cérémonie de mariage, en présence de l’évêque Médard, a lieu à Soissons, vers 538

Elle était dans tout l'éclat de sa beauté, que rehaussaient encore les charmes irrésistibles d'une sainte modestie. Elle produisit à la cour une sensation profonde, et elle sut gagner tous les cœurs par sa douceur, par son affabilité et par les agréments d'un esprit cultivé. Mais les séductions que pouvait faire naitre ce triomphe de la jeune reine, les hommages dont elle fut entourée, n'eurent aucune prise sur son âme. Elle se créa une véritable retraite au milieu du tumulte, grâce à un redoublement d'humilité, de mortifications et de prières : on eût dit sa piété ingénieuse à se bâtir un cloître intérieur même au sein du luxe, de l'abondance et du bruit.

Ainsi, les fèves et les lentilles remplaçaient pour elle à la table royale les mets délicats, qu'elle aimait moins... Les veilles les plus sévères se substituaient au sommeil; les habits somptueux couvraient le dur cilice. Les railleries des courtisans venant en aide aux mauvais penchants du roi Clotaire, il oublia plus d'une fois l'affection vive et profonde qu'il avait témoignée à son épouse, et, peu fait pour comprendre une telle vertu : ce n'est pas une reine que j'ai là, disait-il brutalement,  c'est une none.  La douceur, la résignation de Radégonde répondaient seules à ces brusqueries grossières; et si elle redoublait de rigueurs dans sa pénitence, elle redoublait aussi de précautions pour les faire ignorer, et s'ingéniait à paraître reine à la surface, à rester religieuse au fond.

Histoire et légende de Sainte Radegonde, Reine des Francs et abbesse de Poitiers

Sa piété, du reste, n'était pas stérile dans ses œuvres, et on en vit la preuve dans les bienfaits qu'elle sema sous ses pas après son élévation au trône. Les pauvres, les malades furent surtout l'objet de ses soins assidus, et ce fut pour eux qu'elle fonda dans la terre d'Athie, séjour de ses premières années, une maison de charité où elle accueillait toutes les misères. Là, souvent elle venait oublier ses grandeurs et soigner de ses mains royales et délicates les maladies les plus hideuses, panser les plaies les plus repoussantes.

Intermédiaire écoutée de son époux, quand il oubliait, ses mauvais instincts pour ne songer qu'à la vertu de celle qui le suppliait, Radégonde demandait aussi fort souvent la grâce des condamnés, l'adoucissement des peines rigoureuses; et il advint, disent les auteurs, que, pour la récompenser de ces actes de charité si difficiles, Dieu permit qu'elle obtint de fait, par miracle, ce qui lui avait été obstinément refusé par la bouche du roi.

Dieu n'avait pas béni l'union forcée de la sainte reine ; le roi Clotaire, privé d'enfants de son mariage avec elle, la traita bientôt avec moins de ménagements, et poussa même la cruauté jusqu'à la frapper dans ce qu'elle avait de plus cher au monde: il fit massacrer inhumainement, sans motif, sans prétexte, le jeune frère de Radégonde. A la nouvelle de ce crime abominable, la reine alla trouver Clotaire et lui dit avec une sainte fermeté qu'il avait brisé volontairement les liens qui l'unissaient à lui, et qu'il n'y avait plus de place pour elle sur un trône couvert du sang de son frère.

Le roi, touché des nobles sentiments de Radégonde, céda volontairement au vœu qu'elle lui exprima de se retirer, et lui donna pour asile la terre de Saix en Poitou ; il alla même jusqu'à recommander la reine à saint Médard, évêque de Noyon, à qui il lui conseilla de s'adresser.

 

Radégonde avait alors 24 ans; elle était reine depuis six années ; mais la royauté pour elle était sans attrait ; elle aspirait à une autre couronne.

SAINTE RADÉGONDE, REINE DE FRANCE, PATRONNE DE LA VILLE DE POITIERS

Elle arriva donc à Noyon au moment où saint Médard allait, en un jour de fête, célébrer les saints mystères; s'avançant jusqu'à lui, l'épouse de Clotaire lui dit : a Saint évêque, je suis venue  vers vous pour que vous me consacriez à Dieu, en me donnant de vos mains le voile et l'habit de religieuse.  Ces paroles, prononcées d'un ton ferme et plein de dignité, excitèrent les murmures d'approbation de la foule, émue à la vue de sa souveraine réduite par la cruauté de son époux à chercher au sein de Dieu la paix que lui refusait un trône souillé par le fratricide.

Mais tout à coup les officiers francs qui escortaient Radégonde élevant la voix :

Garde-toi bien, dirent-ils à saint Médard, de donner le voile à une femme solennellement unie au roi. - Et comme le prélat hésitait, la reine pénètre dans la sacristie, se couvre d'un vêtement de religieuse, revient vers l'autel, et d'une voix ferme : Pontife du Seigneur,  dit-elle,  si vous différez encore de me consacrer à Dieu , si la  menace des hommes a plus d'empire sur vous que la crainte du ciel, je vous cite au tribunal du pasteur des  âmes, et vous répondrez de la brebis que vous aurez  refusé de recevoir dans le troupeau.

 Frappé par le tonnerre de cette voix, dit un historien, saint Médard imposa les mains à la suppliante et la consacra diaconesse, afin d'ôter au roi, par cette dignité, toute possibilité de la rappeler jamais dans le monde.

Dès que la cérémonie fut achevée, la reine se dépouilla de ses riches vêtements, de ses joyaux, de ses pierres précieuses, et les déposa sur l'autel témoin de ses nouveaux serments.

Radegonde et l’évêque Médard

En accord avec Médard, Radegonde, ensuite, se décide à partir pour la Touraine, christianisée par saint Martin apôtre des Gaules, et pour le Poitou, sanctifié par saint Hilaire.

En se rendant à Saix, Radégonde visita le tombeau de saint Martin à Tours.

 Chemin faisant, elle s'entretient notamment avec le bienheureux anachorète Jean de Chinon (Jean le Reclus), originaire de l'Armorique puis fit une halte au monument élevé à Candes en souvenir de la mort du saint évêque.

Partout, sur son passage, elle laissa des preuves touchantes de sa piété, de sa générosité et de son esprit de sacrifice.

Pour atteindre la villa royale de Saix, Radegonde dut traverser la forêt de Fontevrault, qui avait fort mauvaise renommée. On l’appelait forêt de Tranche-Col, parce que, prétendait-on, une bande de brigands y vivait, guettant les voyageurs qui avaient malheur de s’y aventurer.

Enfin, arrivée à Saix, elle adopta un genre de vie plus sévère, s'imposant des privations telles, qu'à partir de ce jour elle ne goûta ni fruits, ni poissons, ni œufs, ni chair d'aucune sorte. La proximité avec Chinon permettait à Radegonde de rendre facilement visite à Jean le Reclus pour discuter théologie et lui demander conseil.

Elle fonde à Saix un hospice où elle s’occupe elle-même des malades ; ce fut un des premiers hospices de France.

Nombre de fontaines miraculeuses ou guérissantes portent le nom de sainte Radegonde et servent de témoins de son passage en Anjou.

Pendant son séjour à Saix, Radegonde s’approvisionnait d’eau à la fontaine du Pas-de-Loup, située sur la pente méridionale du plateau de Fontevrault.

La prédilection de la reine pour l’eau de cette fontaine aurait acquis à cette eau le pouvoir de guérir les maladies de peau.

On raconte que, près de Candes, dans la Vallée de la grotte, la reine, se rendant un jour à Saix, s’arrêta pour étancher sa soif. La fontaine depuis lors, aurait gardé la propriété de guérir la fièvre.

Dans sa villa de Saix en Loudunais, Radegonde reçut à plusieurs reprises des lépreux. Ceux-ci s'annonçaient au loin par le signal ordinaire, c'est-à-dire en agitant des crécelles qui avertissaient les personnes du danger qu'ils représentaient.

Radegonde leur préparait à manger, et aussi elle leur lavait la figure à l'eau chaude, ainsi que les mains, leurs ongles et baignait leurs plaies. Et Fortunat décrit les femmes malades "couvertes de taches de lèpre". Ces lépreuses étaient effrayées de voir le danger qu'elles faisaient courir à Radegonde, et l'une d'elles lui dit un jour : "très sainte dame, qui voudra désormais vous embrasser, vous qui baisez ainsi les lépreux ?".

 Fortunat montre enfin que ces lépreux se déplaçaient en bandes, malheureux errants sur les routes, chassés probablement de partout en dehors des monastères.

(Vita Radegunis, la vie de Radegonde, le récit hagiographique de Fortunat, fidèle et précis) 

Bientôt elle apprend que le roi Clotaire veut la replacer sur le trône. Il prétexte un pèlerinage à Tours sur le tombeau de saint Martin, en compagnie de son fils le prince Sigebert et de saint Germain, évêque de Paris.

Le roi envoya une troupe à Saix pour la ramener à la cour. …..

 

Début.... 1 ....==> Suite

 

 

 


 

 

Clovis et l'Histoire des Francs dans les récits de Grégoire de Tours.

A côté de récits presque entièrement légendaires comme paraissent l'être l'histoire de Chrocus et celle de l'exil de Childéric, il en est d'autres dont le fonds est véritable, mais qui, transmis de bouche en bouche, ont été en partie transformés et arrangés par la tradition populaire.

 

 

Histoire du costume et de l'ameublement au temps des Gaulois et Romains -

TSaint Jérôme parle de la chemise comme d'un vêtement qui de son temps était porté par tous les soldats de l'empire. Fortunat en parle aussi dans la vie de sainte Radegonde; il dit même que les chemises de cette sainte, au moment où elle fit offrande à Dieu de ses ornements mondains, étaient tissues d'or, ce qui, en faisant la part de l'exagération poétique, veut dire qu'elles étaient ornées de broderies d'or; car, si loin qu'eut été poussé le luxe, on a peine à comprendre qu'on se soit servi de chemises en tissu métallique.....

 

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