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PHystorique- Les Portes du Temps
28 janvier 2019

les relations de la France et de la Castille

les relations de la France et de la Castille cartel-puy-du-fou-toledo

(Ouverture du Puy du Fou Toledo : 1er spectacle en août 2019)

Con la apertura de Puy du Fou Toledo y un primer espectáculo en agosto de 2019, ¿cuáles son las relaciones entre la historia de Francia y Castilla?

 

Navarre (du basque Navarros, habitants des pays plats), ancien royaume d’Espagne de la période médiévale, formé sur les deux versants des Pyrénées, dans le pays des Basques ou Vascons. Son territoire était situé en grande partie en Espagne (la Haute Navarre) et une partie moins importante se trouvait en France (la Basse-Navarre).

Charlemagne, à la suite de ses guerre contre les Arabes, avait soumis une partie du pays jusqu’à l’Ebre ; il forma la Marche de Navarre ou de Gascogne, dont les habitants ne furent jamais très-obéissants.

Le comte de Navarre, Aznar, se rendit indépendant, 831 ; Garcias Ximenès, son neveu, prit le titre de roi, 857. Ses successeurs s’agrandirent en luttant péniblement contre les Arabes.

Sanche III le Grand partagea ses Etats entre ses trois fils, qui furent rois de Navarre, d’Aragon et de Castille.

Tandis que ces deux derniers royaumes s’étendaient vers le sud, aux dépens des musulmans, la Navarre resta stationnaire, fut affaiblie par les guerres civiles des Beaumont et des Gramont. Et, dès le XIIIe siècle, eut des souverains d’origine étrangère : Thibaut de Champagne, en 1234 ; le roi de France, Philippe le Bel, par son mariage avec Jeanne de Navarre, 1285, et ses trois fils ; Jeanne, duchesse d’Evreux, fille de Louis X le Hutin, 1328 ; plus tard, les maisons d’Aragon, de Foix, d’Albret. En 1512, Ferdinand le Catholique enleva la Haute-Navarre à Jean d’Albret, qui conserva, avec son titre de roi, la Basse-Navarre, au N. des Pyrénées. Celle-ci passa, par le mariage de sa petite-fille, Jeanne de Navarre, avec Antoine de Bourbon, dans la maison française de Bourbon.

Henri IV réunit la Navarre et ses autres possessions à la couronne de France en 1607. Les Bourbons ont, depuis lors, ajouté à leur titre celui des rois de Navarre.

Rois de Navarre

857 Garcias Ximénès

880 Fortunio ou Fortun

905 Sanche Ier

926 Garcias II

970 Sanche II

994 Garcias III

1001 Sanche III, le Grand

1035 Garcias IV

1054 Sanche IV

 

Rois de Navarre et d’Aragon

1076 Sanche V Ramirez

1094 Pierre Ier

1104 Alphonse I, le Batailleur

 

Rois de Navarre

1134 Garcias V Ramirez

1150 Sanche VI

1194 Sanche VII

1234 Thibaut Ier de Champagne

1253 Thibaut II

1270 Henri Ier

1274 Jeanne Ier

 

Rois de France et de Navarre

1285 Philippe IV avec Jeanne Ier

1314 Louis X

1316 Philippe V

1322 Charles IV (Ier en Navarre)

 

Rois de Navarre

1328 Jeanne II et Philippe d’Evreux

1349 Charles II, le Mauvais

1387 Charles III, le Noble

1425 Blanche et Jean d’Aragon

1441 Jean

1479 Eléonore, comtesse de Foix

1479 FR. Phoebus de Foix

1483 Catherine de Foix

Avec Jean d’Albret 1494

1516 Henri II

1555 Jeanne III d’Albret avec  Antoine de Bourbon

1572 Henri III (depuis Henri IV de France)

 

Blanche de Castille, détail d'une miniature de la Bible moralisée de Tolède, 1240

L’Espagne et les Plantagenêts : Aliénor d'Aquitaine tentera de réconcilier les Capétiens et les Plantagenêts avant de mourir .

Richard, sur la route de la croisade, fait une étape en Sicile. Sa mère le rejoint, lui amène une femme, et va retrouver sa fille Jeanne veuve de fraîche date avec sans doute une idée derrière la tête. Richard volait de succès en succès.

Le royaume de Plantagenêt avait des alliances en Espagne, une sœur de Richard ayant épousé Alphonse VIII de Castille.

Malheureusement en rentrant de croisade Richard fut fait prisonnier et emmené en Allemagne de longs mois. Bien entendu l'abominable Jean avait tout fait pour prendre la place de son frère pendant sa captivité. Aliénor qui avait tenu les rennes s'employa à réconcilier les deux frères au retour de Richard.

Entre temps Jeanne avait épousé l'héritier de Toulouse le futur Raimond VI en 1196 à qui elle avait donné un fils. Ainsi le comté de Toulouse à défaut d'être reconquis directement retomberait d'une certaine façon dans la famille.

En 1199 Richard mourait d'une blessure mal soignée, c'était le troisième enfant qu'elle perdait en deux ans. Outre le chagrin c'était la fin des espoirs d'Aliénor. Elle se retire à Fontevrault mais elle reprend du service pour sauver ce qui pouvait l'être. En effet Jean, le fourbe, sans doute fou avait désormais le pouvoir. Il avait conclu une trêve avec Philippe-Auguste et avait même envisagé de donner une de ses nièces en mariage à l'héritier du trône de France, un vieux projet de Richard qui n'avait pas retenu l'attention d'Aliénor à l'époque, car le roi était solide. Jugeant la situation froidement, n'ayant aucune confiance en son dernier fils elle pressentait l'effondrement de l'empire Plantagenêt au profit de la couronne de France.(==> Récit de la mort de Richard Cœur de Lion d’après Roger de Hoveden.)

C'est pour cela qu'elle partit en cet hiver 1199 en Castille choisir parmi ses petites-filles celle qui lui semblait la plus apte à sauver la famille... Urraca était primitivement destinée au futur Louis VIII le Lion, jugée trop faible elle fut éloignée par Aliénor qui lui préféra Blanche en laquelle elle se retrouvait.

 

(Bien qu'âgée de quatre-vingts ans, elle voulut se rendre en Espagne, car elle tenait essentiellement à assister aux fiançailles de sa petite-fille, Blanche de Castille, avec Louis VIII ; c'est de cette union que devait naître le grand roi saint Louis.)

En épousant Louis VIII, Blanche de Castille non seulement lui donna dix enfants, mais pendant la régence qu'elle exerça à la mort de son mari (revenant d'une croisade contre Toulouse), ce fut elle qui négocia avec le petit-fils de sa grand-mère, Raimond VII, le rattachement du comté de Toulouse à la couronne de France (traité de Paris en 1229) après que son second fils, Alphonse de Poitiers eut été le dernier comte de Toulouse en titre.

PROJET DE MARIAGE ENTRE LE PRINCE LOUIS ET L'INFANTE BÉRENGÈRE

La première négociation entre les couronnes de France et de Castille qui ait laissé une trace dans les archives, date de 1255 ; elle se rapporte à un projet qui ne tendait à rien moins qu'à placer sous un même sceptre les deux royaumes et à réaliser une union beaucoup plus complète que celle rêvée plus tard par Louis XIV et exprimée par le mot qu'on lui attribue : « Il n'y a plus de Pyrénées ».

Qui prit l'initiative de ces pourparlers, Alphonse X le Savant ou saint Louis? On ne saurait le dire avec certitude. Notons seulement avec Le Nain de Tillemont qu'ils suivirent de près la solution de certaines difficultés qui s'étaient élevées entre la Castille et l'Angleterre au sujet de la possession de la Gascogne, difficultés qui prirent fin par le mariage du fils et héritier présomptif de Henry III avec la soeur consanguine d'Alphonse X, l'infante Doina Leono (1).

Le jeune prince anglais s'était rendu en Espagne; accueilli solennellement à Burgos, le 18 octobre 1254 (2), le nouvel époux, après la cérémonie nuptiale, avait reçu de son beau-frère l'ordre de la Chevalerie, et en vertu d'un traité daté du 1er novembre, le différend relatif à la Gascogne avait été clos par une fiction diplomatique, la mariée étant censée apporter en dot les territoires contestés (3).

Saint Louis voulut-il, comme le prétend son historien, « ruiner les grandes espérances» (4) que le roi d'Angleterre fondait sur sa réconciliation avec la Castille, en resserrant à son tour les liens d'amitié et de parenté qui attachaient déjà sa maison à celle d'Alphonse X ? C'est douteux, car ce que l'on connaît des sentiments du saint roi, doit faire écarter toute idée d'une jalousie ou d'une méfiance quelconque, même dans le domaine de la politique; on sait qu'il chercha constamment à rétablir la concorde parmi ses voisins, quelquefois même au détriment de ses propres intérêts (5). Sans ressentir du dépit en apprenant l'arrangement conclu par deux princes avec lesquels il entretenait de bons rapports (6), il voulut travailler pour son compte à la réalisation de la paix générale qu'il souhaitait passionnément, en formant des projets qui, même à très longue échéance, étaient susceptibles d'amener une union intime entre sa race et une autre famille royale de l'Europe chrétienne. Si par des mariages heureusement combinés, plusieurs royaumes devenaient l'héritage d'une même dynastie, on diminuerait d'autant les chances de conflits pour l'avenir.

Or, en 1255, lorsque des pourparlers s'engagèrent entre saint Louis et Alphonse X dans le but de marier leurs enfants, une combinaison de ce genre n'avait rien de chimérique : le roi de France avait un fils, celui de Castille ne possédait que deux filles dont l'aînée devait lui succéder, s'il ne lui naissait point d'hoir mâle. Le prince capétien et l'infante espagnole une fois mariés, recueilleraient un jour chacun de leur côté ce que possédaient leurs pères, et leur descendance régnerait sur l'héritage ainsi doublé. Sans doute les royaumes réunis de la sorte sous une même main n'auraient aucune affinité de race, de langue, ni d'intérêts, pas même une frontière commune ni un point de contact quelconque; mais peu importait aux hommes du moyen-âge auxquels les idées de nationalité et de centralisation territoriale qui nous sont familières restaient tout à fait étrangères. On voyait alors et l'on vit bien longtemps encore les populations les plus diverses, les pays les plus différents, séparés souvent par des espaces considérables, gouvernés par un même souverain, réunis ou divisés suivant le caprice des successions.

Cela dit pour qu'on ne taxe pas d'irréalisables et d'absurdes les idées qu'échangèrent Alphonse X et saint Louis par l'intermédiaire de leurs ambassadeurs en l'année 1255, constatons qu'avant tout engagement, le roi de France demanda et obtint qu'un acte solennel proclamât les droits de la princesse qu'il voulait fiancer à son fils aîné.

Le 5 mai, alors qu'il résidait à Palencia (7), Alphonse déclara en effet que l'héritage royal, à la différence de ceux des particuliers, ne se divisait pas entre tous les enfants sans acception de sexe, mais qu'au contraire il passait intégralement suivant la coutume d'Espagne au premier né s'il existait des enfants mâles, ou à l'aînée des filles à défaut d'hoir masculin; au cas où le souverain laissait des enfants des deux sexes, le premier des fils par ordre de naissance obtenait le trône paternel. Le roi de Castille n'ayant à cette époque que des filles, Bérengère et Béatrice (8), de son union avec Yolande d'Aragon, il avait fait reconnaître l'aînée comme héritière de ses droits et de ses États : il avait à cet effet convoqué à Tolède les prélats de son royaume, les barons avec les délégués des cités et des villes et leur avait ordonné de jurer fidélité à l'infante Bérengère, comme à leur future reine, au cas où lui-même décéderait sans fils légitime.

De plus, il avait voulu que l'acte qui contenait la mention du serment ainsi solennellement prêté à l'infante, muni du sceau de la reine Yolande (9), de ceux de son oncle D. Alfonso, comte de Molina (10), de ses frères D. Enrique (11), D. Felipe, archevêque élu de Séville (12) , D. Sancho I, archevêque élu de Tolède (13), son chancelier, et D. Manuel (14), des évêques de Burgos, de Palencia et du « notario mayor » de Castille, fût remis à Louis, fiancé de Bérengère, comme garantie des droits éventuels qu'il pourrait recueillir un jour.

Les conditions du futur mariage furent débattues et arrêtées en France quelques mois après : Alphonse X avait accrédité auprès de saint Louis l'archevêque élu de Tolède, son frère, qui connaissait notre pays puisqu'il avait étudié à l'Université de Paris.

Ce haut personnage était accompagné de maître Vivian, archidiacre de la métropole de la Castille, et de deux chevaliers D. Garcia Martinez de Toledo et D. Rodrigo Fernandez de Cardena. L'ambassade, outre la mission qui lui était spécialement assignée en France, devait se rendre en Angleterre pour y saluer Henry III; elle y passa en effet au mois de septembre et Mathieu de Paris consacre à son séjour à Londres quelques lignes extrêmement malveillantes (15).

D'après le chroniqueur, on ignorait le but de la visite de ces étrangers, mais le bruit courait qu'ils n'avaient accompli ce voyage que pour se faire donner des cadeaux par le roi qui avait d'ailleurs l'habitude de distribuer largement à des gens indignes les richesses qu'il obtenait en pressurant ses sujets. L'archevêque de Tolède était encore très jeune, il portait un anneau à l'index et bénissait le peuple massé sur son passage; il logea au Nouveau Temple dont il fit orner richement le pavé avec des tapis et des peaux; sa suite était sans ordre et d'une apparence vulgaire; il menait avec lui un petit nombre de palefrois, mais en revanche, beaucoup de mules. Le roi d'Angleterre, ajoute Mathieu, tout glorieux du mariage contracté naguère par son fils avec une princesse de Castille, avait expressément ordonné qu'on reçût avec honneur les envoyés espagnols (16), mais ceux-ci, bien loin de montrer les mêmes égards à leurs hôtes, insultèrent et raillèrent les citoyens de Londres, se livrant sans vergogne à l'ivrognerie et à la débauche.

On ne sait s'il faut prendre à la lettre cette diatribe d'un écrivain passionné et si les ambassadeurs d'Alphonse X avaient choqué les Parisiens comme ils offensèrent, dit-on, les Londoniens, mais le résultat de leur négociation demeure fixé dans un acte (17) qui fut dressé le vendredi qui suivit la fête de l'Assomption, c'est-à-dire le 20 août 1255, en présence du roi de Navarre Thibaut IV, de l'archevêque de Bourges, des évêques d'Évreux, et d'Auxerre, de l'abbé de Sainte-Geneviève et d'un certain nombre de chevaliers et d'ecclésiastiques.

Ce document énumérait les conditions que les parties s'engageaient à remplir dans le cas où le mariage projeté serait réellement célébré : il s'en fallait en effet que l'union pût se consommer prochainement, le fiancé n'ayant pas encore achevé sa douzième année (il était né le 21 septembre 1243) et Bérengère étant de dix ans plus jeune (elle était née avant le 6 décembre 1253) 18.

Le roi de France, outre l'acte de Palencia qui était déposé dans le Trésor des Chartes, recevait une nouvelle assurance que sa future bru se trouvait actuellement en possession des droits les plus formels à la couronne de Castille, couronne qu'elle porterait avec son époux et qui passerait après sa mort à leurs descendants; ces droits s'étendaient sur l'héritage paternel dans son intégrité puisque Bérengère était l'aînée et que la coutume espagnole n'admettait point le partage de la succession royale. Mais ces avantages étaient suspendus à la condition que le roi de Castille n'eût pas de fils légitime, au moment de sa mort, l'infante devant recouvrer toutefois sa qualité d'héritière au cas où ce frère décéderait lui-même sans postérité.

Elle apportait en dot un royaume, mais ce royaume pouvait lui échapper par le hasard des naissances, et alors, simple princesse, elle recevrait de son père une somme de 30.000 marcs d'argent dont le paiement devait être garanti par les plus puissants banquiers de l'époque, le maître du Temple et celui de Saint-Jean de Jérusalem, et serait effectué dans l'année même qui suivrait l'arrivée au monde du frère destiné à ceindre la couronne. On décidait en outre que Bérengère serait élevée à la cour de France : on l'y conduirait dans un délai de cinq ans qui commencerait à courir à la prochaine fête de la Toussaint.

Saint Louis qui promettait par serment, ainsi que la reine Marguerite, d'engager son fils à épouser la jeune infante lorsqu'il aurait atteint l'âge légal, s'engageait de son côté à constituer à sa belle-fille un douaire comprenant la ville de Senlis et tout ce qui lui appartenait dans le comté de Beaumont-sur-Oise, le revenu ne devant pas être inférieur à 5.000 livres tournois.

Le mariage ainsi préparé de longue main ne fut jamais célébré : en effet, le prince Louis mourut à Paris en 1259. D'ailleurs, quelques mois seulement après l'établissement du contrat qu'on vient d'analyser, la reine de Castille accoucha d'un fils, D. Fernando (19); l'infante Bérengère perdit ainsi le droit à la couronne qu'elle avait jusqu'alors possédé. Elle vécut dans la retraite et fonda le monastère de Santa Clara à Toro (20) où elle fut inhumée; la date de sa mort n'est pas connue (21).

MARIAGE DE L' INFANT D. FERNANDO DE LA CERDA ET DE BLANCHE DE FRANCE

A ce premier projet d'union familiale entre les maisons de France et de Castille que la mort venait de rompre, un autre succéda quelques années plus tard. Mais il ne pouvait être question cette fois d'un mariage ayant pour effet de placer éventuellement une même dynastie à la tête des deux royaumes, puisque dans l'un comme dans l'autre la succession en ligne masculine était assurée. Il s'agissait de marier l'héritier d'Alphonse X à une des filles de saint Louis.

Avant de donner le détail des négociations ouvertes à cette occasion, signalons la présence dans le Trésor des Chartes d'un acte (22) du roi de Castille, daté de Sigûenza le 5 mai 1256 : c'est une procuration générale donnée à Garcia Perez, archidiacre du Maroc, pour traiter toutes les questions relatives à la succession à l'Empire qui, on le sait, avait été offerte à Alphonse au début de cette même année.

Il est permis de supposer que Garcia Perez, se rendant en Allemagne, traversa la France et qu'il entretint le roi du dessein qu'avait formé son maître de tenter d'obtenir la couronne impériale et que c'est pour cette raison qu'un exemplaire des pouvoirs conférés à ce personnage fut remis à la chancellerie où il demeura conservé.

L'infant D. Fernando à qui une particularité physique assez curieuse avait fait donner le surnom de La Cerda qui passa à ses descendants, premier enfant mâle d'Alphonse X et d'Yolande d'Aragon, était né à Valladolid le jour de saint Servand (23 octobre) 1255 et avait été baptisé la Veille de la Toussaint (31 octobre) (23).

Blanche de France qu'on lui destinait pour femme, était plus âgée que lui de trois ans environ, puisqu'elle avait vu le jour à Jafïa en 1252.

Les souverains avaient sans doute échangé déjà des vues au sujet de ce mariage, lorsqu'en 1266 le projet prit définitivement corps.

Le 10 mai, le roi de Castille désigna les personnages qui allaient se rendre en France afin de demander officiellement pour l'infant, la main de Blanche : c'étaient un religieux franciscain qui venait d'être élu évêque de Cadix, Juan Martinez, et un chevalier qui avait le titre de « portero mayor » de la cour impériale et qui était sans doute d'origine italienne puisqu'on l'appelait Henri le Toscan. Alphonse leur donnait les pouvoirs les plus étendus pour discuter et arrêter les conditions de la future union, fixer le chiffre de la dot de la princesse et celui du douaire ainsi que le mode de paiement de ces sommes ; ils étaient autorisés à prêter au nom de leur maître tous les serments nécessaires pour confirmer la sûreté des engagements que celui-ci contracterait à cette occasion (24).

De son côté, le même jour, l'infant D. Fernando, avec l'approbation de son père, confiait à l'évêque de Cadix et à son compagnon, le soin d'échanger à sa place les paroles du présent avec Blanche qu'il acceptait dès lors comme sa légitime épouse (25).

Ce fut à Saint-Germain-en-Laye que saint Louis reçut les ambassadeurs castillans.

 Le 28 septembre 12663, les parties étant tombées d'accord sur tous les points, les conditions du futur mariage furent mises par écrit en présence du légat pontifical Simon de Brie, le futur Martin IV, de l'archevêque de Rouen (26), des éyêques d'Évreux (27) et d'Auxerre (28).

Juan Martinez et Henri le Toscan, en vertu des pouvoirs qui leur avaient été conférés, promettaient que l'infant D. Fernando épouserait Blanche dès qu'il aurait atteint l'âge légal ; le fiancé lui-même; renouvellerait cette promesse devant les délégués du roi de France envoyés à cet effet en Espagne ; il commettrait ensuite un procureur spécial qui se rendrait auprès de la jeune princesse et recevrait son consentement au mariage; Blanche, accompagnée d'ambassadeurs d'Alphonse X et de son futur époux serait alors menée à Logrono où la cérémonie nuptiale aurait lieu dans un délai de huit jours.

Cela devait s'accomplir dès que le prince serait pubère, le roi de Castille fournissant un acte authentique pour certifier l'âge de son fils. Le chiffre du douaire était fixé à 24.000 maravédis de rente assignés sur les revenus de Logrono, des châteaux de Navarrete (30), de Belorado (31) et de Najera (32), de Santo Domingo de la Calzada (33) et de Burgos, ailleurs s'il le fallait pour parfaire cette somme. Quant à la dot, elle se monterait à 10.000 livres tournois et serait payée comptant aux personnages que le roi de Castille députerait à cet effet. On stipulait également qu'au cas où le mari décéderait avant l'épouse, celle-ci aurait toute liberté de retourner en France, en reprenant sa dot, mais en conservant son douaire. Enfin, Alphonse X se chargeait de solliciter du Saint-Siège la dispense qui était nécessaire pour la célébration du mariage, les fiancés étant parents au quatrième degré canonique, descendant l'un et l'autre d'Alphonse VIII, roi de Castille.

Cette dispense fut obtenue peu après : une bulle de Clément IV, datée de Viterbe le 10 janvier 1267, accorda la permission demandée (34), permission qui fut renouvelée le 9 août 1268 (35), on ne sait pourquoi.

Le 9 octobre suivant, le Souverain Pontife autorisa Blanche à faire célébrer son mariage avec l'infant lorsque celui-ci n'aurait plus que quatre mois à attendre pour parvenir à l'âge légal (36). On n'usa point de cette dernière faveur et l'on attendit la majorité matrimoniale du fiancé pour faire la cérémonie; auparavant, les dernières formalités furent remplies.

Le 3 juin 1269, un chanoine de Reims nommé Guillaume de Châtellerault reçut de la fille de saint Louis pleins pouvoirs pour contracter par procuration mariage par paroles du présent avec D. Fernando de la Cerda (37).

Les lettres qui l'accréditaient étaient munies des sceaux de l'évêque d'Albano (38), légat du Saint-Siège, de l'archevêque de Rouen, des évêques d'Auxerre et de Bayeux (39). Il fut reçu à Tolède, et le 13 juillet on rédigea trois actes solennels pour constater l'échange des promesses : le premier au nom du roi Alphonse X (40), le second au nom de l'infant D. Fernando (41), le troisième aux noms des prélats pris pour témoins

 

qui étaient D. Sancho II, archevêque de Tolède, beau-frère du roi (42), et son chancelier, l'évêque de Léon D. Martin Fernandez, l'évêque de Palencia, D. Alfonso et l'évêque de Calahorra, D. Vivian (43).

Le même jour, on rédigea le certificat qui devait être porté en France pour attester que l'infant aurait accompli sa quatorzième année le 23 octobre 1269 (44).

Une cérémonie analogue à celle qui s'était passée à Tolède devait avoir lieu en France pour l'échange des paroles du présent ; le 23 juillet, avec l'autorisation de ses père et mère, en présence de témoins, D. Fernando désigna les mandataires qui le représenteraient : maître Fernando Garcia, archidiacre de Niebla et un chevalier, D. Garcia Jofré (45).

Quoi que aucun document n'en fournisse la preuve certaine, ce fut sans doute à ces personnages qu'on confia la mission d'amener en Espagne la jeune princesse. La chronique d'Alphonse X qui indique d'une manière inexacte la date du mariage (46), rapporte que Blanche fut accompagnée par son frère Philippe, qui devait quelques mois plus tard monter sur le trône et par un nombreux cortège de prélats et de seigneurs. Lorsque le roi fut averti de leur approche, il quitta Burgos et alla recevoir ses hôtes à Logrono, escorté de ses beaux-frères, le prince d'Angleterre Edouard, et l'infant D. Pedro d'Aragon, de ses frères et de ses fils.

Les deux cortèges se fondirent en un seul et l'on revint à Burgos où la cérémonie fut célébrée le 30 novembre (47). Le jour de son mariage, D. Fernando conféra la Chevalerie à ses frères cadets D. Juan et D. Pedro, tandis que celui qui le suivait immédiatement dans l'ordre de la naissance, D. Sancho, se dérobait à cet honneur en se retirant dans la maison de son oncle, l'infant d'Aragon. C'était la première manifestation publique du caractère de D. Sancho, caractère dont les traits devaient s'affirmer plus tard, et lui mériter le surnom de farouche « el bravo ».

La dot de Blanche n'avait point été payée au moment même de la célébration du mariage, malgré une stipulation formelle insérée dans le traité de 1266 ; elle fut comptée seulement en 1270.

Deux actes du 31 mars de cette année, rédigés à Burgos au nom du roi de Castille et de son fils conférèrent à un notaire nommé Pedro Cabeçon les pouvoirs nécessaires pour toucher la somme de 10.000 livres promise par le contrat (48). A Paris, le 9 juin 1270, ce personnage reconnut avoir touché l'argent et en donna quittance (49).

Quand saint Louis mourut à Tunis, le 25 août 1270, le sort de la seconde de ses filles, Blanche, semblait heureusement assuré puisqu'elle avait épousé l'héritier du royaume de Castille.

De ce mariage, naquirent deux fils qui paraissaient destinés, l'un à défaut de l'autre, à continuer en Espagne sur un trône la lignée capétienne. Mais les événements ne devaient point réaliser les prévisions qu'on pouvait alors raisonnablement faire.

  Sacre des Rois de France -17 juillet 1429 - Charles VII est sacré à Reims <==

 

Le Roman de Saint Louis, interview de Philippe de Villiers

Entretien avec Philippe de Villiers. Saint Louis roi chrétien, bénédiction pour la France et l’Europe. M. de Villiers y développe l’inspiration chrétienne du saint roi : saint Louis roi chrétien. Son rôle dans l’histoire de la France. La leçon reçue de son grand-père maternel, Alphonse VIII de Castille, le premier espagnol a avoir fait reculer les Maures : « Partout où l’islam est, il est conquérant ». Celle qu’il tient de son grand-père paternel, Philippe-Auguste : « Protège les pauvres, ils te protégeront ». La véritable nature des Croisades, ni guerres de conquête ou d’agression mais de reconquête, prédication et conversion. La nécessité de rouvrir la route du saint Sépulcre. Les liens entre la France et la Terre Sainte et ses communautés chrétiennes. Son règne qui marque l’apogée de la France avec saint Thomas, Albert le Grand, la construction des cathédrales et les Croisades. Ses soixante-sept miracles et sa canonisation rapide : un roi éternel.

 

 

 


 

(1). Fille de saint Ferdinand et de Jeanne de Ponthieu. — La contestation soulevée entre la Castille et l'Angleterre datait d'assez loin : elle avait pour origine le mariage, célébré en 1170, d'Alphonse VIII avec Aliénor d’Angleterre, fille de Henry II Plantagenet qui apportait en dot la Gascogne (cf. Florez, Régnas catholicas, t. I, pp. 398 à 400) ; de 1201 à 1208, le roi do Castille fit la guerre à Jean sans Terre pour revendiquer ses droits; un arrangement intervint entre eux (cf. Élie Berger, Histoire de Blanche de Castille, pp. 12 et 13), mais la querelle longtemps assoupie se réveilla en 1253 (cf. Mondéjar, Memorias historicas del rei D. Alonso et Sabio, Madrid, 1777, in-4°, pp. 103 et suivantes; Le Nain de Tillemont, Histoire de saint Louis, éd. de la Société d'Histoire de France, t. VI, pp. 1 et suivantes).

2. Florez, Reynas cathôlicas, t. I, pp. 478 et 479.

3. Rymer, Fozdem, convenliones... R. E., t.I, pars I, p. 310 (Carta Alfonsi régis Castellae tam de conferendo cingulum militare Edwardo primogenito Henrici III, régis Angliae, quam de relaxacione juris sui ad regnum Vasconiae, sigillata cum sigillo de auro et signala et confirmata per omnes barones Castelloe nominatim).

4. Le Nain de Tillemont, op. cit., t. IV, p. 68.

5. Cf. Élie Berger, Introduction du tome IV des Layettes du Trésor des Charles (Paris, 1902 in-4°).

6. Quoique la paix définitive n'ait pas été encore conclue avec l'Angleterre — elle le fut seulement par le traité de Paris en 1258 — Henry III, après avoir réprimé la révolte de la Gascogne, demanda à saint Louis et obtint la permission de traverser la France pour rentrer dans ses États. Le roi vint à sa rencontre jusqu'à Chartres, le conduisit à Paris et lui offrit l'hospitalité au château de Vincennes au mois de décembre 1254. Une nouvelle trêve fut établie l'année suivante. (Cf. Wallon, Saint Louis et son temps, Paris, 1876, in-8°, t. n, p. 348.)

7. Archives nationales, J. 601, n° 25, pièce justificative, n° 1.

8. La première était née avant le 6 décembre 1253 et la seconde en décembre 1254 (Florez,. op. cit., t. II, p. 518).

9. Yolande, reine de Castille, fille de Jaime I, roi d'Aragon et d'Yolande de Hongrie.

10. D.Alfonso, comte de Molina, fils d'Alphonse IX, roi de Léon, et de Bérengère, reine de Castille, frère de saint Ferdinand. Il fut le père de Marie de Molina qui épousa Sanche IV, roi de Castille; il mourut en 1272.

11. D. Enrique, 4e fils de saint Ferdinand et de Béatrice de Souabe né avant 1230, mort en 1303 ou 1304.

12. D. Felipe, 5e fils de saint Ferdinand et de Béatrice de Souabe, renonça à l'état ecclésiastique et se maria, mort en 1275.

13. D. Saneho, 6e fils de saint Ferdinand et de Béatrice de Souabe, mort en 1262.

14. D. Manuel, 7e fils de saint Ferdinand et de Béatrice de Souabe, mort en 1283.

15. Mathaeri Parisiensis chronica majora, éd. Henry Richards Luard, t. v, p. 509. Le chroniqueur se trompe lorsqu'il dit que cette visite inspira des inquiétudes à saint Louis qui demanda aussitôt après pour son fils la main d'une infante. D'après Mathieu de Paris lui-même, l'ambassade ne vint en Angleterre que dans l'octave de la Nativité de la Sainte Vierge (8 septembre) ; les conditions du mariage de Louis et de Bérengère étaient arrêtées depuis le 20 août.

16. Henry III avait, en effet, donné des ordres dès le 25 juillet pour que, les caves du Nouveau Temple fussent garnies de quatre tonneaux de bon vin et pour qu'on préparât du gibier à l'usage des ambassadeurs castillans ; il fit défense à tous d'offenser ou d'injurier ceux-ci sous peine d'emprisonnement et de confiscation (Rymer, Foedera, conventiones... R. E., t. I, pars I, p. 325).

17. Arch. nat., J. 599, n° 4. Layettes du Trésor des Charles, t. III, p. 253, col. 2, n° 4192.

18. Florez, op. cit., t. II, p. 518.

19. Le 23 octobre 1255.

20. Toro, chef-lieu de district judiciaire de la province de Zamora.

21. Florez, op. cit., t. II, p. 518.

22. Arch. nat., J. 600, n°18, pièce just. n° II.

23. nat., J. 599, n° 9. Layettes du Trésor des Chartes, t. II, p. 372, col. 1, n° 5559.

24. Arch. nat, J. 599, n° 5. Layettes du Trésor des Charles, t. IV, p. 172 col .2, n° 5153.

25. Arch. nat., J. 599, n° 5 bis, pièce just. n° III.

26. Achery, Spicilegium. édition in-fol., t. m, p. 662 et Arch. nat., J. 915, n° 6, pièce just., n° IV.

27. Eudes Rigaud.

28. Raoul IV de Chevry

29. Guy II de Mello

30. Navarrete, prov. et dist. jud. de Logrono.

31. Belorado, chef-lieu de dist. jud. de la prov. de Burgos.

32. Najera, chef-lieu de dist. jud. de la prov. de Logrono.

33. Santo Domingo de la Calzada, chef-lieu de dist. jud. de la prov. de Logrono.

34. Layelles du Trésor des Charles, t. IV, p. 203, n° 5241.

35. Ibidem, p. 279, n° 5403.

36. Ibidem, p. 284, n° 5416.

37. Arch. nat., J. 599, n° 8 . Layettes du Trésor des Charles, t. IV, p. 371, col. 1, n° 5556.

38. Raoul de Chevrières.

39. Eudes II de Lorris.

40. Arch. nat., J. 599, n° 7. Layettes du. Trésor des Charles, t. IV, p. 370, col .1, n° 5555.

41. Arch. nat., J. 599, n° 8 1, pièce just. n° v.

42. D. Sancho II, 4e fils de Jaime I, roi d'Aragon ; il fut successivement archidiacre de Belchite (près de Saragosse), abbé de Valladolid et archevêque de Tolède; tué dans un combat contre les Maures en 1275. (Cf. Prospero de Bofarull, Los condes de Barcelona, Barcelone, 1836, in-8°, t II, p. 236.

43. Arch. nat., J. 599, n° 6, pièce just. n° VI.

44. Arch. nat., J. 599, n° 9. Layettes du Trésor des Charles, t. IV, p. 372, col. 1, n° 5559.

45. Arch. nat., J. 599, n° 82. Layettes... t. IV, p. 373, col. 1, n° 5561.

46. Crônica de D. Alfonso X, dans les Cronicas de los reyes de Castilla (coll. Rivadeneyra), t.I, p. 13.

47. Une mention qui se trouve dans les Memorias de Cardena (citée par Florez, op. cit. t. II, p. 522), fixe les dates suivantes d'une manière précise : entrée d'Alphonse X à Burgos, le mercredi 27 novembre; entrée de la fiancée le 28 ; célébration du mariage le 30, fête de saint André.

48. Arch. nat., J. 599, nos 10 et 10 bis. Layettes, t. IV, p. 426, col. 2, n° 5653.

49. Arch. nat., J. 599, n° 10 ter. Layettes, t. IV, p. 447, col. 2, n° 5704.

 

 

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