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PHystorique- Les Portes du Temps
8 octobre 2019

L’histoire de la Cathédrale de Chartres sous la Révolution 1793

L’histoire de la Cathédrale de Chartres sous la Révolution 1793 (14)

Jusque-là, ce chef-d'œuvre des arts n'avait rencontré dans ses jours de malheurs que des sympathies, des regrets amers et des vœux unanimes pour conjurer l'infortune qui le menaçait de la destruction.

Maintenant que nous abordons la fin du 18. c siècle, la scène va changer entièrement de face sous l'influence des orages politiques qui firent peser tout-à-coup sur l'empire français un esprit de vertige effrayant, et semèrent la désolation sur toutes ses belles contrées appauvries spontanément d'une grande partie des monuments qui firent longtemps l'honneur et la gloire du moyen âge.

L’histoire de la Cathédrale de Chartres sous la Révolution 1793 (16)

Une révolution dont les éléments se préparaient depuis plus d'un demi- siècle, éclata en 1789. Son char funèbre, en parcourant dans tous les sens le sol monumental de la France, pendant cette époque si célèbre par les choses étonnantes qu'elle a produites en tous genres, brise et fait disparaître dans sa course brutale des chefs-d'œuvre d'arts et de sciences dont l'histoire a le droit de revendiquer et de consulter aujourd'hui les nombreux et affligeants débris.

L'idée heureuse et grande qui avait déterminé la conception de notre cathédrale ; l'enthousiasme universel qui avait présidé et coopéré si noblement à la création de cette merveille des arts, se trouvèrent en un instant effacés de l'âme de quelques chartrains dominés par un esprit de fanatisme inconcevable.

Le sentiment de sa religieuse conservation qui, pendant près de huit siècles, ne s'était jamais démenti un seul moment, se trouva bientôt remplacé par l'acharnement de la plus odieuse mutilation. Ainsi donc quelques descendants de ses protecteurs si zélés, et à qui la garde en restait confiée, faisant tout-à-coup une abnégation honteuse des devoirs sacrés que la reconnaissance envers leurs auteurs leur avait si largement imposés , ne rougirent pas de se transformer en vandales , et le marteau déshonora ce chef-d'œuvre gothique dont ils avaient bassement voté la destruction.

La détresse du trésor public qui réclame des secours, la loi du 6 août 1793 qui ordonne la disparition des marques de la royauté, la suppression des cloches, l'enlèvement des plombs et fers pour les besoins de la guerre, faussement interprétés par l'ignorance, deviennent l'aliment de la dévastation.

 L'aveuglement est à son comble, une souscription de 100 livres déposée à la caisse de bienfaisance, obtient le droit avilissant de briser la statuaire admirable de nos portiques. Aux premiers coups dont le retentissement afflige l'âme des amis des arts et fait vibrer péniblement les cœurs généreux, apparait tout-à-coup un génie protecteur dont l'ascendant en impose au misérable qui venait de les porter et paralyse spontanément sa main coupable ; le conventionnel Sergent-Marceau, dont le courage étonnant conjure cet orage destructeur et résout avec une habileté indicible cet heureux problème de la conservation de ce bel édifice. Grâces lui soient rendues !

La part des circonstances était impérieuse, et il était devenu impossible de s'y soustraire sans courir le danger le plus imminent.

L’histoire de la Cathédrale de Chartres sous la Révolution 1793 (8)

Dans ces entrefaites, les événements se précipitent, les châsses sont ouvertes , les reliquaires brisés et dépouillés de leurs joyaux, riches présents dus à la piété des fidèles , réunis aux vases en tout genre et aux meubles en matière d'or et d'argent, sont déposés à l'Hôtel des Monnaies qui déjà avait reçu du département, le 19 août 1790, tant en argenterie dorée qu'en argenterie blanche, 631 marcs 7 onces 5 gros et demi, plus, 65 cloches supprimées et les cuivres.

A la fin de 1793 on brise toute la belle sonnerie de Notre-Dame.

L'année suivante 1794, par ordre du comité des travaux publics, la grande nef de la cathédrale jusqu'au chœur est découverte de son manteau de plomb. Ces énormes débris fournirent …..un poids de 458,164 liv.

Le 10 juillet 1794, des ordres pressants et réitérés font déposer à Paris dans l'hôtel Maupou, rue de l'Université, sur le poids ci-dessus , une quantité de plomb de 375,692 Le surplus, montant à 52,472 resta en dépôt dans les magasins de l'église.

Cette partie de l'édifice, ainsi exposée aux injures du temps, ne tarda pas à se ressentir des effets désastreux de sa situation.

Pendant deux années cette charpente admirable resta exposée aux intempéries qui contribuèrent beaucoup à en altérer la solidité ; les chappes en ciment qui couvraient la surface des voûtes se gercèrent de toutes parts. De nombreuses fissures se pratiquèrent. Les infiltrations des eaux pluviales altérèrent les mortiers des joints des voussoirs et de la maçonnerie, et la grande nef faisant eau de toutes paris n'offrait plus que l'aspect déchirant d'un colosse qui menaçait de s'écrouler sur sa base.

Tel était l'état de dégradation de ce monument, lorsque le 29 août 1796 , le conseil municipal de la ville de Chartres, entraîné par le sentiment de ses devoirs autant que par les vœux fortement prononcés de l'universalité de ses concitoyens, sur le rapport de la commission chargée de veiller spécialement à la conservation de ce monument, arrêta à l'unanimité que MM. Dutillet, membre de l'administration, et Masson, ancien maire, se rendraient sur-le-champ à Paris, soit auprès du directoire exécutif, soit auprès du ministre de l'intérieur, à l'effet de solliciter les moyens de faire couvrir, dans le plus bref délai, la charpente de la cathédrale. Cette mesure urgente, d’un si haut intérêt, approuvée dans le même jour par l'administration départementale, mit les délégués que nous venons de signaler, en état de partir aussitôt. Leur mission fut couronnée d'un succès complet et, à leur prompt retour, un nouveau manteau de plomb vint bientôt affranchir ce beau vaisseau du dépérissement dont il était si violemment menacé.

Ce fut ainsi que l'église de Notre-Dame, à la suite des tempêtes qui l'avaient si indignement outragée et dont nous venons d'esquisser le tableau, se trouva rendue à son état primitif de conservation. MM. Masson, Dauphinot, Barrier, Dutemple de Rougemont, Legault, Dabit, Lesage, Montéage, Lafoy, Duchesne, etc., dirigèrent cette œuvre honorable avec un zèle et une activité dignes des plus grands éloges et de la reconnaissance de leurs concitoyens.

L’histoire de la Cathédrale de Chartres sous la Révolution 1793 (1)

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