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PHystorique- Les Portes du Temps
1 février 2021

Au château d’Ardelay et dans les paroisses alentours sonnent le tocsin, la colonne de Grignon rejoint celle de Amey aux Herbiers

Au château d’Ardelay et dans les paroisses alentours sonnent le tocsin – la colonne de Grignon rejoint celle de Amey aux Herbiers

Le 12 (31 Janvier), la scène augmente d’horreurs, le général Grignon part avec sa colonne, incendie tous les villages, toutes les métairies, depuis la Flocelière jusqu’aux Herbiers, dans une distance de proche de trois lieues, ou rien n’est épargné, les hommes, les femmes, les enfans même à la mamelle, les femmes enceintes, tout périt par les mains de sa colonne ; envain de malheureux patriotes, leurs certificats de civisme à la mains, demandèrent la vie à ces forcenés ; ils ne sont pas écoutés ; on les égorge.

Pour achever de peindre les forfaits de ce jour, il faut dire que les foins ont été brûlés dans les granges, les grains dans les greniers, les bestiaux dans les étables, et quand de malheureux cultivateurs connus de nous par leur civisme, ont eu le malheur d’être trouvés à délier leurs bœufs, il n’en a pas fallu d’avantage pour les fusiller ; on a même tiré et frappé à coups de sabre des bestiaux qui s’échappaient .

 

Nous allons citer un fait.

La colonne se disant révolutionnaire de Grignon, après avoir, dans le village de la Roche Thémer, Commune du petit bourg des Herbiers, assassiné quantité d’individus, tant hommes qu’enfans, dont une grande partie étoit connue patriote et travailloit au service de l’armée, arrive à la maison de la Pepinière, à un demi-quart de lieue des Herbiers.

Elle appartenoit au Citoyen Joubert, excellent patriote ; on la condamne tout de suite à l’incendie ; un domestique généralement reconnu patriote est fusillé ; on vole à une fille de confiance 1200 liv. en argent ; une autre fille voyant mettre le feu, court à l’étable délier les bestiaux ; on menace de la faire brûler avec eux ; elle entend la menace, sort et se sauve ; le feu se met, tout brûle, ainsi que soixante charges de bled et vingt charretées de foin.

 

Le général Grignon arrive avec sa colonne dans les Herbiers ; nous allâmes le trouver pour conférer avec lui ; nous lui observâmes que la Loi défendoit expressément de brûler les grains et fourrages ; nous l’engageâmes à les ménager dans les opérations ultérieures ; il dit que les ordres étoient tels, mais qu’ils n’étoient pas exécutés ; il ajouta, quant aux Herbiers, que nous étions heureux que son collègue Amey, y fût, que sans cela tous les habitans sans distinction de patriotes ou autrement auroient été fusillés, parce que les ordres du général en chef portoient  de massacrer, fussiler et incendier tout ce qui se trouveroit sur son passage, qu’il avoit même fait fusiller des Municipalités entières revêtues de leurs écharpes.

Le 13, le général Amey avertit le maire de se transporter chez lui ; il lui annonce qu’il avoit reçu ordre d’évacuer les Herbiers le 15, et d’y mettre (en quittant) le feu aux quatre coins ; il l’engage à prévenir les bons citoyens de sauver leurs effets les plus précieux, qu’il les feroit mettre sur les derrières de l’armée.

Quelques momens après, son aide de camp vint répéter le même ordre de se retirer à deux heures de l’après-midi ; il nous intima cet ordre par écrit, et de suite fit savoir à nos concitoyens l’intention du général.

Nous reçumes un moment après (de la part du commandant de la place) ordre de fournir pour le lendemain 14, cent voitures à boeufs, à l’effet de servir aux charrois et transport des grains, fourrages et effets des habitans ; son ordre finissoit par dire que si les voitures n’étoient prêtes le lendemain, il feroit fusiller tous les habitans, commençant par la municipalité.

Nous mimes donc aussitôt en réquisition toutes les voitures de notre commune, celles circonvoisines, et nous fimes aider les réquisitions de détachemens.

Mais plusieurs de ces détachemens nous apprirent en rentrant, qu’ils avoient parcouru plusieurs métairies sans y trouver ni hommes, ni bœufs ; que la crainte du feu que le général Amey, lui-même, faisoit mettre indistinctement par-tout dans les communes des Herbiers, petit bourg des Herbiers, Ardelais et St.-Paul, avoit fait évacuer toutes les maisons ; qu’ils avoient rencontré dans le bois et genêts, des bœufs et autres bestiaux, mais vagans sans joug ni courrois, et qui dans cet état ne pouvoient servir.

Le 14 nous nous sommes occupés dès le matin à faire charger sur les voitures qui nous étoient parvenues, et que nous avions retenues de la veille, les grains amenés et les effets de des particuliers ; nous y donnions tous nos soins lorsque la générale bat au moment ou nous avions moins lieu de nous ay attendre.

Transportés de suite chez le général Amey, pour en savoir les raisons, le citoyen maire reçut pour réponse que la colonne, commandée par Grignon, avoit été mis en déroute près de Saint Fulgent ; qu’en conséquence il alloit partir pour Cholet avec son armée ; que le jour même, il alloit mettre à exécution les ordres dont il avoit fait part la veille à la municipalité pour l’incendie des Herbiers.

Le maire revenu à la municipalité, nous avons été frappés d’étonnement de voir la manœuvre du général Amey, dont l’armée étoit forte de plus de deux mille hommes : au lieu d’aller soutenir celle de Grignon et la protéger dans sa fuite, il faisoit volte-face et fuyoit sans combat vers Cholet.

 Nous faisions ces réflexions, lorsque nous avons vu le feu déjà mis aux maisons des Herbiers ; nous avons alors reconnu que nos personnes n’étoient plus en sûreté, et nous nous sommes unanimement décidés à nous rendre de suis à Fontenay.

 Nous n’avons point voulu croire le général Amey, qui nous a dit que notre seul moyen de salut étoit de le suivre à Cholet ; que si nous prenions la route de Fontenay, et que nous rencontrions, ou les brigands ou les colonnes de la République de part ou d’autre, nous étions certains d’être fusillés ; et nous avons préféré nous rendre au chef-lieu de notre département, pour l’instruire de tous les faits.

Nous.

 

Nous devons observer que la commune des Herbiers avoit été entièrement purgée de tous les aristocrates ; et aux horreurs que nous avons décrites, nous devons ajouter que les filles ont été violées, les femmes ont été dépouillées de leurs vêtemens, leurs mouchoir enlevés, leurs anneaux arrachés ; les porte-feuilles de tous les individus ont été pris ; tous les volontaires alloient dans les métairies prendre les chevaux, moutons et volailles de toutes espèces : ils ont porté l’insulte jusqu’à nous frapper.

Un fait qui prouve que l’amour du vol et de l’infâme rapine entre jusque dans l’âme des géréraux, et celui-ci :

Le 13, un volontaire vole au nommé Rouillard, dit Morice, sept cents vingt-six livres en numéraire et une tasse en argent. Le soldat est déposé aux mains du général Amey, en présence du commandant de la place. Ils le partagent entre eux, en disant que ce Rouillard étoit un aristocrate et un vrai brigand. La municipalité oppose l’assertion du contraire, affirme le civisme de ce citoyen ; les généraux sont donc forcés de lui rendre justice, mais qu’ont-ils fait ? ils lui échangent son numéraire qu’ils lui retiennent, contre des assignats qu’ils lui donnent ; encore lui ont-ils retenu dix livres, soi-disant pour frais de garde.

Fait à Fontenay le Peuple, le 16 Pluviôse, l’an deuxième de la République Française, une et indivisible. Ont signé pour copie conforme. Matureau, maire, Jouet, secrétaire-greffier.

 

 


 

Mémoires de Boutillier de Saint-André, habitant de Mortagne-sur-Sèvre, qui fuit l’horreur en direction des Herbiers.


« En arrivant aux Herbiers, nous trouvâmes tout le bourg dévoré par les flammes.

Les républicains y avaient passé le jour d’avant et y avaient mis tout à feu et à sang. Les maisons brûlaient encore ; les charpentes, les couvertures s’écroulaient de toutes parts avec un fracas épouvantable. Des tourbillons d’étincelles et de fumée s’élevaient des ruines comme des trombes de poussière.


Des cadavres gisaient dans les rues. Nous ne vîmes dans ces lieux désolés que quelques chats qui n’avaient pas encore abandonné leurs demeures détruites.

Nous ne trouvâmes pour reposer nos membres fatigués qu'une chambre qui avait échappé aux flammes dans la maison de M. Pahan. Nous y entrâmes aussitôt et nous prîmes un peu de nourriture. C'était la Providence qui nous y conduisait pour nous sauver.

Au bout de quelques minutes, après avoir achevé notre léger repas, nous nous entendîmes tout à coup appeler par notre nom. Surpris par ce sont de voix humaine, dans cette effrayante solitude, nous regardons et nous reconnaissons trois jeunes filles des Herbiers. C'étaient les Poulain, qui s'étaient réfugiées chez nous à Mortagne et qui nous avaient quittés depuis quelques jours seulement pour venir retrouver leur père.

Elles furent aussi surprises que nous de nous voir au milieu de ces ruines, seuls, isolés, sans secours. Elles nous conduisirent chez elles, nous firent chauffer et manger avec un empressement au-dessus de tout éloge. Elles nous parurent d'une tristesse alarmante, et nous en apprîmes bientôt le sujet : elles nous dirent que, le soir même du jour précédent, leur père, qui était vieux et infirme, avait été massacré dans leurs bras, malgré leurs cris et leurs prières, par deux assassins indignes de porter le nom de royalistes, qui étaient encore aux Herbiers et qui remplissaient tous les coeurs d'effroi. »

 

Le 1er février, veille de son départ, le général Amey enferme une quarantaine de personnes dans l’église Saint-Pierre des Herbiers avant de les exécuter le soir même.

 

 

 

La colonne Infernale de Grignon de Saint Michel Mont-Mercure au château de Bois-Tissandeau des Herbiers <==.... ....==>2 et 3 février 1794, Les trois batailles de Chauché ; Charles Sapinaud de La Rairie, Charette et Grignon.

 ==> Ruines du château de l’Etenduère - le 2 février 1794, la colonne infernale d’Amey quitte Les Herbiers et rejoint Cholet

....==> L'ancienne église Notre Dame fortifiée de la paroisse du Petit Bourg des Herbiers (Guerre Vendée)

 

 

 


 

 

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