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PHystorique- Les Portes du Temps
7 avril 2021

Jugement de Dieu Année 1080 environ – Monastère de Saint Pierre des Nobis, Grecie Berlay de Montreuil

Jugement de Dieu Année 1080 environ – Monastère de Saint Pierre des Nobis, Grecie Berlay de Montreuil

A l'ombre du castel féodal qui dut se dresser de bonne heure sur la cime escarpée du coteau, s'installèrent, sur les bords du Thouet, les cabanes des manants et des serfs, groupées autour d’une église sous le vocable de saint Pierre.

Un document du XIe siècle nous apprend que les origines de cette église paroissiale se perdaient dans la nuit du moyen âge.

Dans la suite, une visite à cet antique monument nous fournira plus loin l'occasion d'en esquisser l'histoire; mais pour l'instant, nous restons dans le castrum qui forma, durant de longs siècles, comme le pôle de la vie civile, politique et militaire de la contrée.

La crête de ce promontoire, dont la ligne s'incline du Thouet à la Dive, offrait avec son camp retranché une position trop avantageuse pour être négligée par les comtes d'Anjou.

On admet communément que, vers 1025, Foulques Nerra, après avoir enlevé Saumur à Gelduin, vassal d'Eudes, comte de Blois et de Touraine, comprit ce castrum dans le plan général de ses ouvrages de fortification, le mit en état de défense et le remit à titre de Fief au beau-frère du vaincu, à Berlay ou Bellay, qui devait donner son nom à la localité.

Cette maison des Berlay a-t-elle été la souche de la famille des Bellay d'Allonnes, qui acquit plus tard une si grande célébrité, ou bien est-elle un rejeton détaché de cette souche ? Il est difficile d'élucider ce point de généalogie; mais il semble bien que les uns et les autres se rattachent à une origine commune (1).

Girard I Berlay de Montreuil épouse Adélaïde de Saumur (sœur de Gildouin II de Saumur surnommé le Danois originaire du Danemark)

Enfants : Berlai II de Montreuil et Aénor.

 

Berlay II(980 - 1052) et Grecie Berlay de Montreuil

Avant 1040, donation faite par Berlay II, seigneur de Montreuil, fils de Girard, et par sa femme Grécie à Saint Florent de Saumur, de quatre jeux de prés situés dans le voisinage de l’abbaye, d’un bois dans la paroisse de Saint Georges de Châtelaison, du lieu de triangle et de la Fosse de Tigné.

1040 environ, charte de Grécie, veuve de Berlay, seigneur de Montreuil, contenant confirmation à saint Florent du lieu de Triangle, en Poitou, donné aux moines par son défunt époux.

 

Entre 1044 et 1060, Grécie, veuve du seigneur de Montreuil-Bellay, en fait don aux moines de Saint-Nicolas d'Angers.

Enfants

Grécie de Bellay, donna le jour à Girault Ier, qui périt dans une sédition à Angers, en 1067; à Hugues, et enfin à Rainaud, qui fut plus tard archevêque de Reims.

 

 

Après la mort de son mari, Grécie donna sa main au comte d'Anjou, Geoffroy Martel (2); mais le capricieux suzerain, qui avait répudié pour celle-ci sa femme Agnès de Bourgogne en 1047, pour cause d’affinité de parenté en degré prohibé, et qui, n’ayant pas eu d’enfants de ce lit, ne devait pas tarder à la renvoyer elle-même pour la reprendre et la répudier de nouveau.

1056 environ, charte notice contenant que l’illustre comte Geoffroy Martel, fils et héritier de Foulques Nerra, gardien et protecteur de la sainte église, a ordonné que ceux de ses hommes qui reçoivent seul droit de panage ou de pacage des porcs au port voisin, Port la Vallée »,  et à coutures, ne puissent exiger des moines de Saint Maur, plus de quatre pains, deux setiers de vin, quatre chandelle ou cierges, dont la longueur sera d’une coudée, et une mine d’avoine pour leurs chevaux. Le comte déclare aussi que cette prestation est fournie par les moines à titre de faveur et non pas comme une dette, et il défend de la manière la plus formelle à ses gens de ne rien recevoir de plus.

Grécie, femme de Geoffroy, confirme et signe la susdite charte.

 

Grécie, du consentement de ses deux fils Giraud et Renaud, confirmé par le comte Geoffroy et l’évêque Eusèbe, fit venir deux religieux de l’abbaye Saint Nicolas d’Angers (1056-60), qui furent chargés du service : l’un faisant fonction de curé et, l’autre, de vicaire. Dans l’acte on voit paraitre, outre le doyen Gauslin, le chancelier Renaud, Renaud frère de Grécie, Beringerius, dit grammaticus. Serait-ce le fameux Bérenger qui devint archidiacre d’Angers  et mourut au prierué de Saint Cosme près de Tours (3).

 

 

 

Jugement de Dieu 17 décembre 1080

Que ceux qui viendront après nous sachent comment Ingelbaud, moine de notre abbaye, termina le procès intenté par Guillaume Mainier de Doué au sujet de notre terre d’Asnière-Bellay, donné à Saint Nicolas par Grécie et par Giraud son fils.

L’église de Saint Nicolas l’avait possédée pendant plusieurs années exemptes de toute coutume, lorsque Guillaume Mainier prétendit qu’il possédait, dans le fief du seigneur de Montreuil, la moitié du terrage de ladite terre d’Asnière. C’est pourquoi les moines et Guillaume vinrent pour plaider, en la cour de Montreuil, devant Regnaud (5), trésorier de l’église d’Angers, et Berlay son neveu.

Les religieux d’un côté et Guillaume de l’autre y ayant longuement fait valoir leur cause, Regnaud le trésorier prononça un jugement conçu en ces termes : «  Si les moines peuvent prouver par leur serment, que confirmera le jugement de l’eau chaude, qu’ils ont possédé sans contestation et pendant sept années ce terrage du vivant de Giraud Berlay , il en résultera nécessairement qu’après avoir eu pendant une si longue suite d’années la paisible jouissance, ils devront la conserver à perpétuité. »

Guillaume Mainier approuva cette décision et il s’engagea à s’y soumettre.

Au jour fixé pour le jugement, il vint avec ses gens au monastère de Saint Pierre de Montreuil et il y trouva les moines aussi accompagnés de leurs gens. L’eau fut bénite, suivant la coutume, et l’épreuve judiciaire sanctionna le serment, prononcé au nom des moines, que pendant sept années ils avaient possédé ce terrage sans contestation, du vivant de Giraud fils de Grécie.

Trois jours après, les religieux et les gens de Guillaume Mainier ainsi qu’une foule de personnes des deux sexes, se réunirent sur la place publique pour examiner l’homme qui avait été soumis au jugement de Dieu. Sa main fut trouvée saine et sans aucune brulure ; par conséquent le terrage dut adjuger à l’abbaye.

Les témoins qui ont entendu le procès et vu le jugement sont : Ingelbaud moine, Robert, Guy et Abelin prêtres ; et parmi les chevaliers : Gautier de Colombes, Girard le Viguier et Guy des Roches qui dressèrent la formule du serment.

 

Gauthier de Montsoreau

 

Il eut avec sa femme Grecie Berlay de Montreuil deux enfants:

  • Mathilde de Montsoreau (1091-)
  • Guillaume III de Montsoreau (1095-)

 

 

C'est à cette époque qu'apparaît le nom de Montreuil, qui doit son origine à un petit monastère, monasteriolum, fondé sans doute par les seigneurs (4).

 Dans la suite, Montreuil devint Montreuil-Bellay par l'adjonction du nom des seigneurs. Monasteriolum castrum Berlaii en 1090

 

Vers 1110

Berlay, petit fils de Grécie, accrut cette fondation (1098) de manière que le prieuré eut douze moines, dont le nombre d’ailleurs ne tarda pas à diminuer.

 

 Berlaius frater Sigebranni de Passavant témoin en 1099 - Herbert, vicomte de Thouars et Geoffroy III, seigneur de Tiffauges donation au prieuré de la Chaize-le-Vicomte

 Berlai, seigneur de Montreuil, exempte les chanoines de Saint Laon de Thouars de toute redevance sur leur maison du Vaudelnay, à la charge de célébrer un anniversaire pour le repos de l’âme de Galerand son frère.

Vers 1173,

Guillaume de Chaources, du consentement de Berlai de Montreuil, donne à l’abbaye une portion du moulin de Champigny.

 

 

 

 

 

 

Le Prieuré Saint Pierre des Nobis Ruines de l'église Saint-Pierre et restes du cloître

Cet ancien prieuré bénédictin dit « des Nobis » ,édifié au XIIème siècle, avec ses origines très anciennes, en font un des plus vieux établissements monastiques de la vallée de la Loire.

 

Sa construction se serait étalé sur plusieurs siècles, et au XVIIème siècle, un nouvel édifice aurait été bâti en lieu et place de l'ancien, et relié à l'église Saint Pierre, dont il ne reste aujourd'hui que des ruines au milieu d'un beau théâtre de verdure.


L'église Saint-Pierre devait être achevée au milieu du 12e siècle.

Ecroulement d'une partie de l'église au 4e quart du 15e siècle.

Restauration et construction du bas-côté nord à cette même époque. L'église nouvellement reconstruite est consacrée le 31 janvier 1485 (datation par travaux historiques) et devient église paroissiale et priorale en raison de la disparition de la chapelle à la Dauge, entraînée dans la chute de l'église.

Au 15e siècle, construction du bas-côte nord.

Affilié en 1675 à la réforme mauriste, il fut reconstruit dans un style proche de celui de l'abbaye de Saint-Maur-de-Glanfeuil.

Restauration de l'église au 17e siècle après les destructions des guerres de religion.

Les bâtiments conventuels ont été reconstruits en 1710 par les entrepreneurs Jacques Chapillais et René Gasnier (date et attribution par source) pour les mauristes établis depuis 1675. Communs du 18e siècle, avec vestiges du 4e quart 16e siècle.

 Au 18e siècle, reconstruction totale du monastère par les religieux de la congrégation de Saint-Maur.

D'après des travaux historiques, le culte paroissial est transféré à la chapelle du château et destruction de la nef en 1850.

Pendant la Révolution, l'église est abandonnée et commence à s'écrouler à partir du milieu du 19e siècle.

 De l'église Saint-Pierre, il ne reste plus que les murs du chœur et du croisillon, et le mur nord du bas-côté.

 

Le prieuré des Nobis est classé au titre des Monuments Historiques dès 1974 et devient rapidement la propriété de la commune de Monteuil Bellay.

 

 

Archives D'Anjou, Recueil De Documents Et Memories Inedits Paul Alexandre Marchegay

 

Société archéologique de Touraine

 

 

 

 

 


 

(1) Pourtant, il est à propos de remarquer que les armoiries sont différentes. Les Berlay portaient d'azur à la croix d'argent ancrée et trèflée aux extrémités; les du Bellay, d'argent à la bande de fusées accostées et accollées de gueules, accompagnée de six fleurs de lys d'azur en orle.

(2) L’an 1044, le roy Henri 1er (roi des francs) donna à Geoffroy Martel l’investiture du comté de Touraine. Geoffroy assiégea Tours, et les deux comtes Estienne et Thibauld étant venus au secours de la place, Geoffroy les défit dans une bataille et Thibauld fut fait prisonnier avec un grand nombre de chevaliers. Thibauld pour avoir la liberté céda à Geoffroy la ville de Tours, et celui-ci lui en fit hommage.

Geoffroy II Martel épouse  successivement:

-          Agnès de Bourgogne-Comté, fille d'Otte Guillaume et d'Ermentrude de Roucy (1 janvier 1032). Agnès était alors veuve de Guillaume d'Aquitaine. Elle est répudiée vers 1050 probablement car elle n'a pas donné d'enfant à Geoffroy ;

-          Grecia (Gracie, Grécie, Grâce) veuve de Bellay de Montreuil-Bellay qu'il répudia à son tour ;

-          Adèle fille d'Eudes (de Blois ?) ;

-           Grecia qu'il reprend quelques temps ;

-          Adélaïde Theutonice.

 

(3)   Annales ord.s. Bened, IV

 

(4)   Dans les chartes on trouve Castrum monasleriolum (1048-80) ; Mosteroles incolas (1060-80); Mosleriolum (1060); Mosleriolum castrum Berlaii (1090-1100); Berlaicus de Monaslerulo (v. 1086); Willermus monachus de Monsleriolo (v. 1140); Berlaius de Castro quod dicitur Musteriolum (1090-1120); Mosterellum, Musteriolum et Monsteriolum, aux XIIe et XIIIe siècles; Mostereo Bellay; Monslrum Bellecaum.Le rapport de Miromesnil (1699) porte : « Montreuil, nommé ordinairement Montreuil-Bellay. » Voir C. Port, Dictionnaire de Maine-et-Loire.

 

(5)   Regnaud était oncle et tuteur du jeune Berlay, seigneur de Montreuil.

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