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PHystorique- Les Portes du Temps
4 septembre 2021

ETUDE SUR L'ANCIENNETÉ DE LA FABRICATION DU VERRE EN POITOU.

ETUDE SUR L'ANCIENNETÉ DE LA FABRICATION DU VERRE EN POITOU

CHAPITRE INDUSTRIE du verrier étant sœur de celle du potier, j'ai cru devoir réunir, dans un seul cadre, le résultat de mes recherches sur chacune d'elles.

Ces recherches ne se sont pas étendues au-delà des limites d'une seule province ; mais les conséquences qui en découlent s'appliquent à la France tout entière. Le précédent travail a constaté quelle part revient au Poitou dans l'histoire de la céramique. Celui-ci montrera qu'il n'a pas été non plus étranger au développement de la verrerie française.

Il fera voir les vitriarii pictons dressant, au second siècle, leurs fours à côté de ceux des figuli; les maintenant en activité sur les décombres de la société romaine et sur ceux de l'empire franc; traversant, sans les éteindre, les invasions normandes, et les léguant, comme un héritage sacré, à ces gentilshommes verriers, que la Révolution devait trouver en devoir de fabriquer, l'épée au flanc, la coupe des banquets patriotiques de 89.

Après la lecture de ce mémoire, on ne pourra plus dire, avec Loysel, que l'établissement de nos verreries nationales remonte tout au plus aux croisades et que, jusqu'au XVIIe siècle, on n'a su fabriquer chez nous que de la gobeleterie commune, des verres de vitres et des bouteilles (1).

De nombreuses découvertes sont venues faire justice des fausses traditions léguées par le moyen-âge, et montrer que nos manufactures modernes descendent en droite ligne de celles dont l'antiquité a laissé partout les vestiges sur le sol de la patrie.

 

(Amphithéâtre de Saintes - Stadium Gallo -Romain Puy du Fou)

 

PÉRIODE ROMANO-GAULOISE

VERRERIES ANTIQUES

Toutes les fois qu'on rencontre un cimetière de la période romano-gauloise, on est assuré d'y trouver, si petit qu'il soit, un nombre considérable de vases en verre, de formes variées, et parfois d'un travail très fin et très soigné. Les ruines des habitations contemporaines de ces sépultures recèlent également beaucoup de débris de même nature.

Ces découvertes, chaque jour répétées, démontrent que l'industrie verrière était alors pratiquée sur une assez grande échelle entre le Rhin et les Pyrénées, et que des fabriques ont existé sur une foule de points.

Le territoire des Pictons, pays très boisé et très bien pourvu des matières premières qui servent à composer le verre, en a, par exemple, possédé plusieurs dont l'emplacement est encore désigné, soit par des dénominations caractéristiques , soit par la présence de scories vitreuses, de restes de fourneaux ou de fragments de creusets.

Plus tard, lorsque nous serons arrivés au IXe siècle, les documents écrits viendront en aide dans cette enquête.

Les diplômes, chartes et autres documents faisant défaut pour l'époque romaine, j'ai demandé mes preuves à la géographie et à l'archéologie.

Elles ont répondu : la première, que les lieux nommés jadis Verreria, Vitreria, Verreriae, Vitrinae, appelés depuis la Verrerie, les Verreries, les Vieilles-Verreries, la Voirie, Verrières, Voirières, Verrines, etc., ont dû leurs dénominations à des manufactures de verre (2); la seconde, que plusieurs de ces manufactures remontent au IIe ou au IIIe siècle.

Parmi les localités, renfermées dans la circonscription de la cité poitevine, qui ont porté ou portent encore ces noms, on peut citer :

VIENNE. — Verrières *, canton de Lussac; la Verrerie dans la commune de Mazerolles; Verrines en Beaumont, canton de Vouneuil; Verrière en Bournan, à quelque distance de Loudun. Des débris de verre antiques et des scories en provenant ont été rencontrés, en outre, au milieu des bois, entre Lusignan et Colombiers *.

Les DEUX-SÈVRES en possèdent au moins dix-sept : Verrines en Rom, Verrines-sous-Celles *, Verrine en Brion, Verrines en Gourgé *, Verrine en Vasles *, la Verrine-Mouchet en Saint-Aubin-le-Cloux, les Verrines de Montigny, Verrine en Souché, Font-Verrine en Azay, la Verrerie de la Ferrière, la Verrerie (?) en Vernoux, la Verrerie en Courlay, la Verrerie en Saint-Léger-de-Montbrun, la Verrerie de Fenery, la Verrerie en Montalembert, la Voirie en Montigy, les Verrières de Saivre.

VENDÉE. — Le triage des Verreries *, dans la forêt de Mervent; les Vieilles-Verreries *, commune de la Réorthe; les Verreries du Parc-de-Mouchamp et de Vendrennes; la Verrerie-sur-l'Yon, commune de Chaillé-les-Ormeaux; la Voirie, commune d'Aubigny; les Voirines, commune de Grosbreuil; la Verrerie, commune de Sallartaine; les Verres, commune de Saint-Jean-de-Monts; les Verreries, dans l'île de Bouin.

LOIRE-INFÉRIEURE (pays de Rais). — Portus vitrariae que l'on croit être aujourd'hui Saint-Mesme, sur la rivière du Tenu, canton de Machecoul; la Voirie, commune de Frossay, canton de Saint-Père-en-Rais.

Tous ces points sont situés soit au milieu des bois, soit sur leur lisière.

Les astérisques indiquent les lieux où ont été trouvés des indices de fabrication remontant à la période romano-gauloise. Ils sont au nombre de sept.

Deux ont fourni des renseignements précieux : Verrines-sous-Celles et les Verreries de la forêt de Mervent.

Les fouilles pratiquées, le 15 juillet 1858, dans le cimetière du lue de Verrines, ont eu pour résultat de faire découvrir une assez grande quantité de sépultures de la fin du second siècle, qui renfermaient, contrairement à la règle générale, un plus grand nombre de vases de verre que de vases de terre ; d'où la conclusion naturelle que le verre était alors plus facile à se procurer en ces lieux que la poterie (3).

 

 Aux Verreries de Mervent, M. de Villeneuve, garde général des eaux et forêts, a trouvé, l'an dernier, en perçant une route à travers les bois, les vestiges de l'officine (tuiles à rebords, fragments de poteries, etc.), et des morceaux de creusets, couverts encore d'une matière vitreuse. Des vases, fabriqués sur les lieux, avaient déjà été rencontrés, quelques années auparavant, à une centaine de mètres de là.

Je reviendrai tout à l'heure sur ces deux découvertes, auxquelles il faut ajouter celles de scories et de débris de verres antiques aux environs des Essarts; mais je n'ai pu découvrir encore l'emplacement exact du point où ils ont été recueillis.

 

LES VERRIERS DANS L'ANTIQUITÉ

Avant de décrire les produits de l'industrie des verriers pictons, il est bon de constater quelle était, dans la société romaine, la position sociale de cette catégorie d'ouvriers. Nous saurons ainsi d'où sont venues les prétentions à la noblesse qu'elle émit au moyen-âge, et quelle fut la cause de la persistance, sur plusieurs points, de la fabrication du verre, durant une longue série de siècles.

Une loi de Constantin Ier, de l'an 337 (C. ad Maximum), avait compris les vitriarii parmi les trente-cinq professions exemptes de toutes charges publiques, sans faire aucune différence entre elles. C'étaient : les architectes (architecti), les lambrisseurs (laquearii), les stucateurs (albarii), les charpentiers (tignarii), les médecins (medici), les lapidaires (lapidarii), les ouvriers en argent (argentarii), les maçons (structores), les vétérinaires (mulomedici), les tailleurs de pierres (quadratarii), les scieurs-delong (barbicarii), les constructeurs d'escaliers (scansores), les peintres (pictores), les sculpteurs (sculptores), les tourneurs (diatretarii), les menuisiers (intestinarii), les statuaires (statuarii), les mosaïstes (musivarii), les ouvriers en bronze (œrarii), les forgerons (ferrarii), les marbriers (marmorarii), les doreurs (deauratores), les fondeurs (fusores), les teinturiers en pourpre (blattiarii), les ouvriers en marqueterie (tessellarii), les orfèvres (aurifices), les miroitiers (specularii), les constructeurs de chars (carpentarii), les fontainiers (aquœlibratores), les VERRIERS (vitriarii), les ouvriers en ivoire, tabletiers (eburarii), les foulons (fullones), les potiers (figuli), les plombiers (plumbarii), les pelletiers (pelliones).

Les exemptions accordées à ces diverses professions avaient seulement pour but, dans la pensée du législateur, que touchait l'intérêt général, de faciliter à ceux qui les exerçaient les moyens de devenir plus habiles et d'initier leurs enfants aux pratiques de leur art (4). Mais il est rare qu'un principe, une fois posé, n'aille pas jusqu'à ses dernières conséquences et ne reçoive pas, dans la suite des temps, certaines interprétations qu'on était loin de prévoir en les mettant au jour. C'est ce qui arriva à la loi dont je viens de parler.

Les intentions de son auteur furent plus tard travesties. Conçue en vue d'un perfectionnement artistique et industriel, qui devait profiter à tous, il advint pourtant qu'on l'invoqua un jour pour légitimer la concentration en quelques mains de toutes les branches du travail, et qu'on en fit indirectement sortir ces maîtrises, tant vantées des admirateurs du moyen-âge, gens d'ordinaire peu instruits et encore moins sincères.

Chaque métier une fois devenu le patrimoine exclusif d'un nombre limité de familles, il s'établit entre elles une association d'intérêts, qui permit à quelques corporations ouvrières de préserver leur liberté du naufrage où sombra celle de tant d'autres. Ce fut ainsi que beaucoup d'ouvriers des villes parvinrent à se soustraire au servage; ce fut ainsi que les verriers, protégés par l'espèce de solidarité qui semble avoir existé entre eux dans toute la Gaule, et par l'isolement de leur existence au fond des bois, conservèrent,-à travers huit siècles d'invasions étrangères et de révolutions sociales, la qualité d'ingénus, d'hommes libres, et se trouvèrent ensuite, dans diverses régions de l'Europe, faire naturellement partie de la classe noble, parce qu'ils en avaient déjà les immunités. Il en fut de même des monétaires.

Les ouvriers en verre ne maintinrent pas sans peine leur position au milieu de la société féodale, qui considérait tout travail comme servile. Aussi les vit-on rarement s'éloigner beaucoup du lieu où leur noblesse avait reçu sa consécration de la notoriété publique.

Certaines fabriques furent exploitées, pendant des centaines d'années, par les générations successives des mêmes familles.

 

EPOQUE DE LA CRÉATION DES PLUS ANCIENNES FABRIQUES PICTONES

Le plus ancien vase de verre trouvé en Poitou, que je connaisse, est la coupe gravée au n° 1 de la planche où M. de Rochebrune a réuni quelques spécimens de verreries poitevines de diverses époques (5).

 Elle est couleur vert d'eau pâle; ses parois sont assez épaisses, et le grand nombre de bouillons contenus dans sa pâte indique des procédés de fabrication fort peu perfectionnés. Sa dimension est de 0m 23 de diamètre à l'orifice.

On l'a retirée d'une sépulture par incinération, découverte à Amuré (Deux-Sèvres), sépulture dans laquelle étaient une petite statuette de bronze, très altérée, représentant un cheval, et un denier d'argent de Vespasien, d'une conservation parfaite, qui avait été percé pour être porté comme amulette.

A part cette coupe, qu'on peut croire du premier siècle et apportée de loin, aussi bien que celle ayant sur son pourtour des combats, dont il sera question plus tard, les vases de verre, recueillis dans notre pays, dont la provenance m'est exactement connue, ne semblent pas remonter au-delà du règne de Trajan.

Mais ce sont surtout les sépultures contemporaines des Antonins qui nous fournissent le verre en abondance, ce qui fait supposer que sa fabrication, si tant est qu'elle eût été introduite antérieurement dans la contrée, y prit du moins alors une extension plus considérable. Les vases retirés du cimetière du lue de Verrines-sous-Celles sont, par exemple, de cette époque, et les fouilles pratiquées dans celui du Langon m'ont fourni des indications à peu près semblables.

 

 

PRODUITS DES FABRIQUES PICTONES

VERRERIE COMMUNE.

— Les localités de l'ancien Poitou où l'on a trouvé le plus de verres antiques sont Poitiers (6) et Ecuré, dans la Vienne (7) ; Rom, Verrines-sous-Celles et Faye-l'Abbesse (8), dans les Deux-Sèvres ; les Verreries de Mervent, Saint-Médard-des-Prés, le Langon, Saint-Georges-de-Montaigu et la Bernardière, dans la Vendée; Rezé, dans la Loire-Inférieure (9).

La plus ample moisson provient du tombeau de la femme artiste de Saint-Médard-des-Prés, qui datait du milieu du IIIe siècle. Il en contenait, à lui seul, près de quatre-vingts.

J'ai donné, dans le chapitre de Poitou et Vendée, consacré à cette belle découverte, la description détaillée de cinquante-six de ces vases et la gravure des principaux types (10).

En les confrontant avec ceux qui viennent des Verreries de la forêt de Mervent (11), on reconnaît qu'ils sortent en général de la même fabrique, aussi bien que beaucoup de ceux du Langon (12). Les fragments et les scories, extraits d'une tranchée pratiquée sur le terrain des Vieilles-Verreries, voisine de la Réorthe (13), sont aussi eux tout pareils. Le verre en est vardâtre, parfois bleuâtre, et d'une médiocre transparence.

Il est de même nature que celui de nos bouteilles. Ceux qui viennent de Dompierre, près de Napoléon-Vendée (14), et de la Bernardière (15), sont un peu moins anciens, et d'une pâte de couleur plus foncée et plus verte.

La planche des Verreries poitevines reproduit trois spécimens de cette catégorie. Le n° 2 faisait partie du mobilier de la sépulture de Saint-Médard; le n° 5 vient de Verrines-sous-Celles; le n° 11 a été exhumé du sol de Rom.

 

CRISTAUX ARTIFICIELS.

 — Les matières qui composent les verres de cette sorte sont la cilice, la potasse, la soude et l'oxyde de plomb, comme l'a constaté M. Chevreul, en faisant l'analyse de quelques fragments, pris à Saint-Médard, que je lui avais envoyés (16).

On en a rencontré sur la surface entière du territoire poitevin, mais surtout à Poitiers, à Saint-Médard, au Langon et à Rezé. Une coupe malheureusement brisée, découverte dans le cimetière du Langon, se distingue autant par la délicatesse de l'exécution, la finesse de la pâte et l'extrême minceur de ses parois, que par la blancheur du verre. Ses bords sont décorés de filets en creux tracés à la roue.

Le n° 3 de la planche des Verreries poitevines représente l'un des flacons de Saint-Médard en cristal artificiel. La pâte en est un peu jaune. Un fragment d'un troisième vase, que j'ai vu à Poitiers, avait été retravaillé au tour. Il portait les restes d'une feuille de laurier exécutée par ce procédé.

Je ne saurais dire si ces différents cristaux ont été fabriqués dans la contrée, ou s'ils viennent de quelque autre région ; mais il est certain, dans tous les cas, que nos ancêtres en ont fait un assez fréquent usage.

 

VERRES COLORÉS PAR DES OXYDES MÉTALLIQUES.

— Le bleu est la couleur la plus commune; cependant je ne connais qu'un seul vase qui soit sorti intact de terre : c'est la petite fiole gravée au n° 6 de la planche des Verreries poitevines. Elle a été trouvée à Coulonges-les-Royaux (Deux-Sèvres) et fait maintenant partie de la collection de M. Fortuné Parenteau. Une coupe de même couleur, à demi brisée, était dans le tombeau de Saint-Médard-des-Prés (17). Viennent ensuite les verres jaunes, dont je possède un joli échantillon, provenant aussi lui de Saint-Médard. C'est un petit godet de forme ronde, qui a servi à contenir des couleurs liquides.

Il est bien peu de cimetières romano-gaulois où l'on n'ait pas recueilli quelques parcelles de ces deux teintes. Le vert foncé et le brun rouge se rencontrent bien plus rarement.

 

VERRES OPAQUES.

— Ces verres se divisent en deux classes. La matière vitreuse des uns est d'un blanc mat opaque, produit probablement par l'oxyde d'étain, tandis que celle des autres, teintée de diverses nuances, est seulement semée de lames de cette même couleur. Je ne puis citer qu'un seul exemple rentrant dans la première classe : la partie supérieure d'une urne à deux anses, de petite dimension, extraite des ruines romaines de la Grenouillère de Curson. Quant aux spécimens de la seconde, ils sont moins rares.

Je signalerai, entre autres, les morceaux d'une fiole trouvés près de Neuville (Vienne), qui sont bleus lamés de blanc, et une petite bouteille, venant de Saint-Médard-des-Prés, dont les parois sont, au contraire, jaunes avec marbrures également blanches. Des fragments de cette même nature ont été trouvés à Poitiers, au Langon, à Nalliers, à Saint-Georges-de-Montaigu, à Rezé, etc.

 

VERRES ÉMAILLÉS.

— Ceux-ci sont généralement sortis du sol de Poitiers, de Saint-Médard, du Langon et de Rezé; mais on a rencontré quelques débris analogues en d'autres endroits. Le contingent de la capitale des Pictons se compose de morceaux de verres bruns ou jaunes, contenant des tiges et des torsades d'émaux rouges, verts ou bleus; celui de Saint-Médard, d'une ampoule faite d'une matière vitreuse verdàtre et de baguettes d'émail jaune et rouge (18).

Du Langon est venue une petite plaque brun rouge, ornée d'une fleur blanche imitant celle du muguet. Le musée archéologique de Nantes possède, de son côté, plusieurs débris fort curieux exhumés des terrains de Rezé. Il sera question tout à l'heure de verres analogues provenant du Cormier de Chavagnes-en-Paillers. —

Il faut ajouter à cela une foule de petits tourteaux d'émail rouge; bleu, blanc, rose, jaune ou vert, ayant dû servir à des jeux, ainsi que des perles et des anneaux de couleurs non moins variées, dont quelques-uns sont passés dans des tiges de bronze formant bracelets. Poitiers, le Langon et Rezé en ont fourni un nombre considérable.

 

VERRES AVEC ORNEMENTS EN RELIEF.

 — Ils se divisent aussi eux en deux classes. Je rangerai dans la première certains fragments de verres colorés, avec ornements de pâte blanche, rappelant, quant au procédé de fabrication, ceux du fameux vase Portland. Ils ont été recueillis par M. F. Parenteau, dans les fouilles de Rezé, et sont au musée archéologique de Nantes.

La seconde se compose, au contraire, de vases en verre ordinaire ou coloré, qui ont reçu la forme humaine ou celles d'animaux et de fruits, ou bien encore dont les parois sont couverts de bas-reliefs moulés. Le musée archéologique de Niort possède, par exemple, les débris d'un petit vase ayant la forme d'une tête d'enfant. Un autre analogue, mais plus grand, a fait partie de la collection de M. de Fouschier, de Thouars, qui l'avait eu des environs de Loudun. (Pl. des Verreries poitevines n° 7.)

Le musée de Niort a également un vase figurant un raisin, exhumé du cimetière de Verrines-sous-Celles. (Verreries poitevines, n° 8) (19).

Celui de Poitiers en contient un autre semblable, retiré d'un tombeau d'enfant découvert près de cette ville. La collection de M. de Fouschier en renfermait un troisième, trouvé à Saint-Just-sur-Dive (Maine-et-Loire).

Au musée de Napoléon-Vendée est l'un des deux masques tragiques, servant d'anses à une coupe, dont je n'ai pu recueillir que les débris dans le cimetière du Langon.

(Verreries poitevines, n° 4.) Je citerai encore l'aiguière décorée de tiges et de feuillages, sortie d'une sépulture du IVe siècle, qu'un paysan de Cléré (Maine-et-Loire) a mise au jour dans son champ ( Verreries poitevines, n° 9); une fiole, portant sur la panse l'image d'un poisson, soit comme marque, soit comme emblème symbolique, prise dans une autre sépulture, près de la porte de la Tranchée, à Poitiers (20); un fragment de tête de cheval déterré à Aulnay, sur les confins du territoire des Pictons et de celui des Santons.

Mais le monument le plus curieux de ce genre qu'ait fourni le sol poitevin est, sans contredit, la coupe de verre jaune, ornée de combats de gladiateurs, appartenant à M. Gourraud, ancien notaire à Chavagnes-en-Paillers (Vendée). (Verreries poitevines , n° 10).

Elle a été trouvée dans une sépulture de gladiateur, au Cormier, village de cette commune. M. de la Villegille lui a consacré une notice dans le Bulletin du comité de la langue, de l'histoire et des arts de France, 1860. Je ne puis mieux faire que de lui emprunter le récit de la découverte : « Dans une Notice sur la paroisse de Chavagnes-en-Paillers (21), nous avons mentionné différents objets d'origine romaine, tels que fragments de tuiles, poteries de toute nature médailles, etc. qui avaient été rencontrés près d'un village appelé le Cormier, et qui faisaient présumer qu'une villa avait existé autrefois dans cet endroit.

L'art_de_terre_chez_les_[

Depuis lors, dans le courant de l'année 1848, l'exploitation d'un filon de cailloux a fait faire, au même lieu, une découverte beaucoup plus importante par ses résultats.

Malheureusement, selon la déplorable coutume des paysans, qui, lorsqu'ils font quelque trouvaille, se figurent toujours être sur la trace d'un trésor, les terrassiers ne parlèrent d'abord à personne de leur découverte.

Plusieurs mois s'étaient écoulés lorsque celle-ci vint à la connaissance de M. Gourraud, ancien notaire, habitant de Chavagnes, qui recherche avec soin ce qui se rapporte à l'archéologie de cette partie de la Vendée. M. Gourraud interrogea les ouvriers, qui lui racontèrent qu'en pratiquant une fouille dans une terre noirâtre, d'où s'exhalait une mauvaise odeur, ils avaient trouvé des assiettes, des tasses et d'autres objets. Ils citèrent en particulier deux petits lions en terre, une belle soupière en verre et des espèces de petits bâtons ou baguettes en verre de diverses couleurs entrelacés ensemble. « C'était très beau, » au dire de ces hommes, et ce qui les avait le plus frappés. Mais tout cela avait été perdu ou brisé par eux, à l'exception de trois objets en verre, dont M. Gourraud fit l'acquisition, et qui figurent aujourd'hui dans sa collection.

 Deux de ces objets ne réclament pas de description spéciale. L'un est un fragment de tige ou baguette tordue en verre jaunâtre, dont la longueur est de 0m 065, et la grosseur de 0m 004 à 0m 005; l'autre, une fiole en verre blanc, à panse carrée et à anse.

L'intérêt de la découverte réside tout entier dans un vase ou gobelet qui, sauf une légère fêlure, est dans le plus parfait état de conservation. Ce gobelet, de forme cylindrique, en verre jaune clair, semblable au fragment de baguette précédemment cité, a 0m 075 de diamètre et une hauteur de 0m 070, réduite à 0m 065 dans l'intérieur. Son épaisseur est d'environ 0m 002. Le dessous offre plusieurs cercles concentriques formés par des moulures saillantes demi-rondes. » (V. les vignettes des deux pages précédentes.)

 La coupe de M. Gourraud a été coulée, ajoute M. de la Villegille; les contours des figures et des moulures ne présentent pas ces arêtes vives que donne la taille. Des bavures, qui se sont produites aux points de jonction des parties du moule, indiquent de plus que celui-ci était de deux pièces. On remarque à l'intérieur de légères dépressions au revers des figures et des moulures les plus saillantes, comme si celles-ci avaient été repoussées. »

 

L'art_de_terre_chez_les_[

Au-dessus de chaque figure de gladiateur est son nom. Il y en a huit :

 SPICVLVS, COLVMBVS CALAMVS, HOLES, TETRAITES, PRVDES, PROCVLVS, COCVMBVS.

Tous sont parfaitement lisibles, à l'exception du cinquième, sur lequel il y a quelque incertitude.

Des coupes analogues ont été découvertes à Montagnole, près de Chambéry ; à Autun, à Trouville-en-Caux; à Hartlip, dans le comté de Kent (Angleterre).

 Il en existe aussi des spécimens au cabinet des antiques de Vienne, en Autriche, et à Wiesbaden. La ressemblance frappante de fabrication et de style qui apparaît dans toutes ces coupes indique assez qu'elles ont toutes été fabriquées sur un modèle convenu, et ont eu une destination déterminée.

Les sujets qu'elles représentent, assauts de gladiateurs, jeux du cirque, courses de chars, rappellent les hauts faits de combattants et d'automédons aimés du public, et que leur courage, leur force ou leur adresse avaient rendu célèbres.

Tout démontre donc qu'elles étaient offertes, à titre de récompense, à ceux qui marchaient sur la trace de ceux-là. Elles doivent remonter au premier et au second siècle. Reste à savoir en quel pays elles ont été faites.

 

MARQUES DE FABRIQUE.

 — Elles sont en très petit nombre. Un vase du cimetière d'Ecuré, déposé, si je ne me trompe, au musée de Poitiers, en porte une composée de lettres, dont je n'ai qu'un assez vague souvenir. Un autre, de celui de Verrines-sous-Celles, a, au-dessous, les lettres LE en relief. Les sépultures de Saint-Médard-des- Prés m'en ont procuré quatre. La première représente une fourmi figurée sur le fond d'un petit vase (coll. de M. H. Jousseaume) : la seconde, un phallus de satyre placé sous un flacon carré, également de petite dimension ; la troisième, une croix dont l'extrémité de chaque branche forme un angle, qui se voit sous la base d'un flacon de cristal artificiel ; la quatrième, enfin, est sur un fragment de bouteille de même matière.

 

L'art_de_terre_chez_les_[

 

En voici la reproduction. On y lit : GALGACVS GALGAC.

 

CHAPITRE II

MOYEN-AGE

I

PÉRIODE MÉROVINGIENNE

 

La fabrication du verre, comme toutes les autres industries, perdit beaucoup de son activité à partir de la seconde moitié du IVe siècle. Elle semble pourtant s'être relevée au VIe et au VIIe, car les cimetières mérovingiens du Poitou renferment une certaine quantité de vases, dont quelques-uns accusent même une assez grande habileté chez les ouvriers qui les ont faits.

Le plus remarquable est la coupe gravée au n° 12 de la planche. Elle est de couleur vert foncé transparent, avec filets et dentelures jaune intense.

Le nom d'EVTVCHIA, inscrit en relief sur la panse, est formé de baguettes d'émail blanc appliquées après coup (22) ; diamètre : 0m 087; hauteur : 0m 065. Le cercueil où cette coupe avait été déposée contenait aussi un flacon bleu de 0m 06 de hauteur; — une bouteille de verre blanc très léger, avec filet rouge pâle enroulé autour du col; hauteur: 0m 14;— un plat de verre jaune pâle, avec filet en relief de même couleur, formant dentelures autour de la base; diamètre : 0m 21; — un plat plus petit, de même forme et matière, mais sans dentelures; diamètre : 0m 08; — et un flacon de verre blanc uni. Ces divers objets ont été trouvés, en 1862, à Grues (Vendée), bourg voisin de l'Océan, situé dans une ancienne île, appelée jadis Cracina, qui fut la patrie du comte Leudaste, l'ennemi personnel de Grégoire de Tours.

La sépulture qui les renfermait était celle d'une femme, enterrée avec tous ses bijoux. J'ai donné la description et la gravure de divers objets composant cette importante découverte dans Poitou et Vendée, article de Grues, pp. 4-10. Selon toute probabilité, ils datent en général de la seconde moitié du VIe siècle.

Les autres points de la province qui ont fourni des verres mérovingiens sont Poitiers, Lusignan, Javarzay, près de Chef-Boutonne, Brioux, Fontenay et Rezé.

Ce sont, pour la plupart, des coupes ou vases à boire, et des flacons de formes variées. Le n° 13 de la planche représente l'un de ces vases venant de Brioux. Le verre en est verdàtre et grossier. Quelques perles d'émail bleu, trouvées à Saint-Maixent, m'ont également semblé de cette époque ; car elles ont les plus grands rapports de ressemblance avec celles que M. l'abbé Cochet a recueillies dans les sépultures franques de la Normandie.

 

II

PÉRIODE CARLOVINGIENNE

 

Il faut croire que les verreries poitevines furent bien peu actives sous les Carlovingiens, puisqu'il y a pénurie presque absolue de leurs produits. Pour mon compte, je ne connais que les débris d'une aiguière, découverte dans un cercueil de pierre à Mervent, qu'on puisse attribuer avec certitude au IXe siècle. (Pl. des Verreries poitevines n° 14.)

La hauteur de cette aiguière intacte était de 0m 195. Son verre est blanc, mince et assez transparent, mais rempli de petits bouillons. Trois filets, appliqués après coup, entourent la panse. Les rangées de perles, qui servent à la décoration de la partie supérieure, ont été fixées par le même procédé.

Mais, si les monuments font défaut, les documents écrits commencent à nous venir en aide. Un diplôme de l'an 825, donné par Louis le Débonnaire, à Aix-la-Chapelle, en faveur de l'abbaye de Saint-Mesmin, près d'Orléans, mentionne un lieu appelé le Port de la Verrerie, sur la rivière du Tenu, dans le pays d'Herbauges (Portus Vitrariœ, in pago Herbadilico, super fluvium Tannacum (23), port qui occupait peut-être l'emplacement actuel du bourg de Saint-Mesme (canton de Machecoul), propriété des moines de Saint-Mesmin, comme le suppose M. Mourain de Sourdeval dans un mémoire manuscrit que j'ai en ce moment sous les yeux.

J'avais songé, de mon côté, à la Voirie en Frossay, autre domaine du monastère de Saint-Mesmin, situé non loin du point de jonction du Tenu et de la Loire (24).

 

III TEMPS FÉODAUX VERRERIES MENTIONNÉES DANS LES DOCUMENTS

 

A mesure que nous nous rapprochons des temps modernes, les documents écrits se multiplient, et leur nombre dépasse de beaucoup celui des verres, qui leur sont contemporains, venus jusqu'à nous, du moins pour ce qui concerne les siècles antérieurs au XVe.

Afin de mettre le plus de clarté possible dans ce travail, je crois utile de donner le texte ou l'analyse de ces documents, avant de décrire les produits des verreries qu'ils mentionnent.

1. MAILLEZAIS. — Un verrier, du nom de Robert (Robertus, vitrearius), est mentionné parmi les témoins du don fait, en 1088, à l'abbaye de Maillezais, du domaine de Sauvéré, par Engilbert de Lusignan. (Mss. de D. Fonteneau, t. XXV, f° 25. — Hist. de Maillezais, par M. l'abbé Lacurie, p. 228.) 2. ID.

 

(La Vendée Néolithique - Paléolithique (Le camp Néolithique - Champ Durand de Nieul sur l'Autise)

— Le même ouvrier, cité dans une autre charte relative à la même abbaye. (D. Fonteneau, t. xxv, f° 159.) Le texte de ces chartes semble indiquer que Robert était de Maillezais ou de ses environs.

3. — La charte suivante ne concerne point le Poitou; mais j'ai cru néanmoins devoir la transcrire ici, en raison des détails qu'elle fournit sur un peintre verrier d'une province voisine de la nôtre : « De Fulcone pictori. Quidam homo, nomine Fulco, pictoris arte imbutus, venit in capitulum sancli Albini, ante Girardum abbatem et totum conventum, et ibi fecit talem conventionem. Pinget totum monasterium illorum et quicquid ei preceperint, et VITREAS FENESTRAS (25) faciet. Et ibi frater eorum devenit, et insuper homo abbatis liber factus est; et abbas et monachi unum arpennum vinee dederunt ei in feuum, et unam domum, tali pacto ut in vita sua habeat et post mortem ejus ad sanctum reddeant, nisi talem habuerit filium qui sui patris artem sciat, et inde sancto Albino serviat. Huic facto inter- fuerunt isti laid : Raginaldus Grandis, Warinus cellarius, Calvinus, frater Roberti, Warinus villanus, Gualterius Avis, Rainerius Gaudin. »

Cette charte est de la fin du XIe siècle ou du commencement du XIIe. — (Ext. du cartulaire du prieuré de Gouis, dépendance de Saint-Aubin-d'Angers, conservé à la section des mss. de la Bibliothèque nationale.) Elle a été publiée par P. Marchegay, dans le Bulletin de la Société industrielle d'Angers, année 1846, p. 218.

4. LA ROCHE. — Willelmus Giraud et Simon lo Joui, verrarii de Rocha, furent témoins, le jeudi après la Pentecôte (1207), de la fondation, par Hervé de Beaulieu et Maence, sa femme, d'un anniversaire à la chapelle Saint-Pierre de Mareuil. (Copie vidimée du 11 avril 1353 ; ma collection.) La Roche où était la verrerie mentionnée ici est ou la Roche-sur-Yon ou la Roche- Corbon, voisine de Mareuil.

5. LES MOUTIERS. — « Universis Christi fidelibus presentes litteras inspecturis, J. decanus Berchoriensis, salutem in Domino. Universitati vestre notum facimus quod Guillelmus Gaudin, vitrerius vitrerie Monasteriorum, in presentia nostra, dedit Deo et ecclesie et conventui Beate Marie de Absia, in puram et perpetuam eleemosynam, pro salute anime sue et patris ejus parentum que suorum, partem suam de Prato Gaudini, sito in parrochia Capelle. Et ut dicta donatio firma et stabilis in posterum perseveret, nos, de petitione et mendato dicti Guillelmi Gaudin, presentes litteras concessimus sigillatas sigillo nostro et sigillo conventus Beate Marie de Absia in testimonium veritatis. Actum est hoc anno gracie M° CC° XL° IX°, mense octobris. (Mss. de J. Besly, dans ceux de Duchesne.)

La verrerie des Moutiers, dont il est question dans cette charte, était située dans la paroisse des Moutiers, canton d'Argenton-Château (Deux-Sèvres). Le lieu nommé la Chapelle est la Chapelle-Gaudin, paroisse voisine des Moutiers. Le nom de Gaudin, porté par le verrier en question, ferait supposer qu'il appartenait à la famille des anciens seigneurs de la Chapelle, qui avaient dénommé cette localité.

6. MERVENT. — André Basge, dit Calot, verrier, demeurant à Aulnay, dans la forêt de de Mervent, fut témoin, dans une enquête faite, en 1331, pour constater les droits de Jean de Parthenay l'Archevesque sur les habitants de ce village, en sa qualité de seigneur de Vouvent et Mervent. (Pap. de la famille Brunet.)

 Le lieu où était la fabrique se nomme encore le Triage des Verreries. On y voit les restes des fours et des maisons d'habitation. Un peu plus loin, sont les vestiges de la verrerie romaine, dont il a été question à la page 187.

 (Poitou : Parthenay - L'Archevêque, branche du parc – Soubise (Mouchamps et Charente-Maritime)

7. LE PARC DE MOUCHAMP. — Mention de la Veyrrerie du Parc de Mouchamp (Vendée) se trouve dans une charte de Guillaume l'Archevesque, seigneur de Parthenay et dudit lieu de Mouchamp, en date d'avril 1292. (Charte de ma collection de doc. hist. sur le Poitou.)

Il s'agît d'une lettre royale de Charles VI (roi de France de 1380 à 1422) datée du 24 janvier 1399, et concernant une demande de Philippon Bertrand pour installer son activité dans la forêt du Parc, à Mouchamps:

« Charles, par la grâce de Dieu, roy de France, au bailli de Touraine et des ressorts et exemptions d'Anjou, du Maine et de Poictou, ou à son lieutenant, salut.

Receu avons l'humble supplication de Philippon Bertrand, maistre de la verrerie du Parc de Moulchamp, pour luy et pour les autres verriers dudict lieu, ses alloués, contenant que, combien que tous verriers soient et doient estre, à cause dudict mestier de verrier, de toute ancienneté, tenuz et reputez pour nobles personnes; car, à cause de la noblesse dudict mestier, aucun ne puet et ne doit estre receu à icelui mestier s'il n'est nez et extraict, de par son père, d'autres verriers, et que ledict suppliant et sesdicts alloués, qui sont verriers nez et extraits, de par leurs pères, d'autres verriers, à cause dudict mestier, soient et doient estre tenus et reputez pour nobles, et par ce, doient joïr et user de tous les droicts, franchises, libertez et privileges des quels usent et joyssent et ont accoustusmé de joyr et user les autres nobles du pays, et à cause de ce doient estre francs, quittes et exempts de toutes tailles et fouages, sans ce que auxdictes tailles et fouages aucun les y puisse ne doie de raison mettre ne imposer avecques les non nobles dudict païs; mesmement que les autres verriers d'icelui pays, à cause et pour raison d'icelui mestier de verrier, sont tenuz et gardez paisiblement et sans contradiction es franchises, libertez, droits et privileges dessus déclairés.

Néanmoins aucuns hayneux et malveillants d'icelui suppliant et de sesdicts alloués verriers, ou autrement contre raison, se sont, depuis certain temps en ça, efforciez et s'efforcent de jour en jour de les mettre et imposer, avec les non nobles dudict pays, aux tailles et fouages ayant cours en icelui païs, qui est contre raison des droicts, privileges et franchises et libertez dessus dictz, et on grant grief, prejudice et domaige dudict suppliant et de sesdictz alloués, et plus pourroit estre, se par nous ne leur estoit sur ce pourveu de remede de justice, si come dict icelui suppliant, requerant sur ce notre provision. Pour quoy nous, ces choses considérées, vous man- dons et, pour ce que vous estes, si comme l'on dit, notre plus prochain juge des parties et lieux, comectons que, s'il vous appert des choses dessus dictes, vous ledict suppliant et sesdicts alloués verriers ne seuffrez estre mis ne imposez avecques les non nobles aux tailles et fouages aïant cours ondict pays, ains les en tenez ou faictes tenir francs, quittes et exempts, en les faisant, seuffrant, laissant joïr et user paisiblement de toutes les franchises, libertez, droiz et privileges dont usent et joïssent et ont accoustumé de joïr et user les autres verriers d'icelui pays, sans les seuffrir estre molestez ne empeschez en aucune manière à ce contraire.

Et, en cas d'opposition, faictes aux parties, icelles oyes, bon et brief accomplissement de justice. Car ainsi nous plaist-il estre faict, et au dict suppliant l'avons octroyé et octroyons, de grâce especiale, par ces presentes, non obstant quelconques lettres subreptices impetrées ou à impetrer à ce contraires. Mandons à tous nos justiciers, officiers et subjez que à vous et à vos comis et deputez en cette partie, obbeissent et entendent diligemment. Donné à Paris le vingt-quatrieme jour de janvier l'an de grâce mil trois cent quatre-vingt-dix-neuf, et de nostre regne le vingtieme.

 Ainsi signé, par le roy, à nostre relation.

DOMINIQUE. »

Par cette lettre royale, Philippon Bertrand, "maître de la verrerie de Mouchamps", se voyait octroyer différents droits, "pour lui et pour les autres verriers dudit lieu" : exclusivité de l'activité verrière, statut nobiliaire, privilèges fiscaux ... Une reconnaissance qui équivalait à une promotion sociale: on verra les Bertrand s'allier par la suite avec les différentes familles nobles de la région.

8. — Pierre Musset, voirier à Fontenay-le-Comte (ce n'était qu'un simple débitant des produits d'une fabrique du pays), vendit à Mme de Richemond, en juin 1435, quatre-vingts fioles et douze aiguières, et refit, moyennant dix royaux d'or, les verrières du château de Parthenay. (Comptes de la châtellenie de Fontenay pour l'année 1435. — Mss. de la Bibliothèque nationale; supplément français, n° 1143.)

(GOSCELIN II, seigneur de Parthenay l’archevêque de Bordeaux (1058-1086).

Ce même Pierre Musset est mentionné dans un acte passé à Fontenay, le 12 mai 1431, qui est relatif à l'arrentement d'une maison sise au Puy-Saint-Martin. (Doc. de ma collection.) Il alla, en 1442, s'établir au Bichat, paroisse d'Archigné, non loin de Chauvigny, comme on le voit à l'article suivant.

9. BICHAT (commune d'Archigné, arrondissement de Châtellerault). — Bail à rente consenti, le 15 juillet 1442, par Floridas Lunart, écuyer, seigneur de Marsigeau, à Colin Bonjeu, Pierre Musset et Catherine Chauvigne, verriers, de la verrerie du Bichat, paroisse d'Archigné.

Autre bail du tiers de la verrerie du Bichat consenti, le 8 janvier 1464, par Perrette des Mothes, veuve de Floridas Lunart, à Colin Bonjeu, verrier, moyennant un devoir annuel de 66 sous 8 deniers tournois. (Archives de M. le duc Descars.)

 

10. LA BOULEUR (commune de Vaux, canton de Couhé, Vienne). — Mention de Colin Ferré, verrier, demeurant à la verrerie de la Bouleur, dans une transaction intervenue, le 12 septembre 1445, entre divers membres de la même famille, au sujet de l'achat d'un terrain. (Archives de la famille Ferré. — Document signalé par M. Beauchet-Filleau.)

11. LA ROCHE-SUR-YON.

 lien en bas de page

 

 

12. COURLAC (lieu indéterminé). — « Item le 2e jour de septembre 1463, bailla led. receveur à Jandet Bourreau x deners, pour payer ung panier à la voyrrie de Courlac.

onquel il porta à madame, à Poictiers, quatre douzenes de voyres et sept acueres que Musset, maistre de lad. voyrrie, envoyet à madame, sur ce qu'il luy puet devoir pour raison des fougeres, qu'il avoit fait cueillir environ Vasles, en la terre de madame. » (Comptes de la seigneurie de Vasles; Archives de la Vienne.)

 

13. LA FERRIÈRE (arrond. de Parthenay). — « Achapté ung pannier pour porter à l'abbesse de Sainte-Croix, à Poictiers, six douzaines de voyrres et une douzaine de acuéres, que devoyent les voyrrés de la Ferrière à tnad. dame, pour avoir cueillé des fougeres en sa terre de Vasles, XII d. » 1466. (Compte de recette et dépense de la seigneurie de Vasles, abbaye de Sainte-Croix ; Arch. de la Vienne.)

 

14. LA PUYE (arrond. de Châtellerault). — « Recepte de gros verre. De Philippon et Jehan Boyssière, verroiers, lesqueulx tiennent la verrerie de mond. Sr (l'évêque de Poitiers), assise en la fourest de Gastine, à dix livres de rente, XXIIII XIIes de gallées garnies d'aigueres, et LXIIII (26). de gros verre aussi de rente par chascun an. » 1468. (Compte de recette et dépense de la baronnie de Chauvigny. Evêché de Poitiers. Id.) François Galliot, écuyer, seigneur de Vangueille, dirigeait à la verrerie de la Puye en 1562. (Seigneurie de Touffou : Marsigeau. Id.)

 

15. LE RORTEAU (commune de Dompierre, arrond. de Napoléon-Vendée). — « Arrentement d'un terrain, situé dans le bois du Rorteau, consenti, le 19 mai 1486, par Guyon de Rezé, seigneur de la Merlatière, à Jacques Bertrand, seigneur de la Vrignonnière, et à Jean Bertrand, son frère, pour y construire une verrerie, moyennant soixante sols tournois de cens et devoir noble, et un certain nombre de verres, aiguières et godofles, « pour mettre l'eau à distiller à la chambre. » (Document communiqué par M. Gourraud, ancien notaire à Chavagnes-en-Paillers.)

 La verrerie du Rorteau était exploitée, en 1696, par Jeanne Racquet, veuve de Frédéric de Roussy, écuyer. (Autre document communiqué par M. Gourraud.) Les Roussy restèrent verriers en ce lieu jusqu'à la Révolution.

Les godofles ou guédoufles, mentionnés plus haut, étaient des vases bibursiformes, destinés soit à contenir l'huile et le vinaigre, soit à filtrer les liquides, lorsque leurs deux parties communiquaient entre elles par un petit tube. (Pl. des Verreries poitevines n° 16.) Il en est question dans le chapitre XVI, liv. II du Pantagruel de Rabelais.

Quoique les Poitevins eussent à leur disposition les produits de ces nombreuses fabriques, cela ne les empêchait pas d'avoir de temps en temps recours à ceux des verreries renommées des autres parties de la France.

C'est ainsi que nous voyons Guillaume de Charpaignes, évêque de Poitiers, représenté par Jean Rousseau, son fondé de pouvoir; charger, le 9 février 1444 (45), Denis Lasne, verrier de Bourges, de garnir de vitres blanches les fenêtres de la grande salle de son évéché (25), et demander à Jaquin de Besinghen, demeurant à Boulogne, et à Jean Le Pelletier, de Paris, d'autres vitres pour sa chapelle particulière (26).

Le bon évêque s'adressait aux meilleures manufactures du royaume. Celle de Bourges était célèbre entre toutes pour l'excellence de sa vitrerie.

Voici ce qu'en dit Jonathas Petit dans l'Antihermaphrodite (27) :

« L'injustice que fit le procès de Jacques Cœur fut cause que nous avons perdu le beau secret du verre clair, qui résiste aux rayons du soleil, sans empescher la clarté, dont le beau temple de Saint-Estienne de Bourges et le riche logis du dict Jacques Cœur, maintenant possédé par le sieur de l'Aubespine, sont de fidèles tesmoings »

 

 

Les verres de Boulogne, où la fabrication datait de l'époque romaine, étaient célèbres, à la fin du XVe siècle, jusqu'en Italie, puisque le Songe de Polyphile en fait mention, à propos de la description d'un édifice où étaient accumulées toutes les merveilles naturelles, artistiques et industrielles du monde. « Entre deux piliers y avoit une fenestre vitrée de lames de Bologne en France (28). » Quant aux fabriques de Paris, je n'ai aucun renseignement sur elles antérieur à Louis XI; mais il doit en exister au fond de quelques archives.

 

SPÉCIMENS DE VERRES

La céramique des temps compris entre le IXe siècle et le XVIe est très pauvre; mais elle m'a du moins fourni quelques jalons, tandis que je marche ici dans le vide. On m'a parlé d'une espèce de hanap ou calice de verre blanc jaunâtre, trouvé, il y a déjà longtemps, au Simon (Vendée), dans un cercueil de pierre;

j'ai vu sortir du sol de Poitiers, de Saint-Maixent, de Niort, de Fontenay, de Mervent, de Talmond, de Roche-Servière, de la forêt de Prinay, dans le pays de Rais, beaucoup de débris de vases qui m'ont paru remonter au moyen-âge.

Je ne puis néanmoins produire d'échantillons ayant date certaine. Leur extrême fragilité les a fatalement voués à la destruction au bout d'un certain nombre d'années. Dès lors qu'on a cessé d'en placer dans les sépultures, le nombre de ceux qui ont résisté aux injures des âges est devenu imperceptible.

(ANNE d'Autriche mère de Louis XIV et SAINTE RADEGONDE (Time Travel Eglise de Poitiers)

Du reste, si les œuvres de nos verriers ne nous sont pas parvenues, les pièces manuscrites que je viens de reproduire démontrent surabondamment qu'il a dû en être livré au commerce une énorme quantité. Seuls, les vitraux peints de quelques églises, parmi lesquels ceux de Saint-Pierre et de Sainte-Radégonde de Poitiers tiennent le premier rang, ne font pas complètement défaut; mais, à l'inverse de ce qui se présente pour les autres ouvrages de verre, il y a pénurie complète de documents écrits ayant trait à eux.

Comme le moindre indice a son utilité dans un pareil état de choses, il importe de noter qu'on a trouvé quelques fragments de verres peints du XIIIe siècle, d'une médiocre exécution, aux verreries de la forêt de Mervent, ainsi que dans les décombres jetés à quelque distance de l'ancien château de ce bourg. Peut-être viennent-ils d'un atelier où l'on a fabriqué des verrières.

 

LES GENTILSHOMMES VERRIERS

Nous avons vu, il y a un instant (p. 188), comment les verriers sont entrés, au moyen-âge, dans les rangs de la noblesse et s'y sont maintenus.

Les chartes de Charles VI et du roi René, relatives à ceux de Mouchamp et de la Roche-sur-Yon, constatent qu'en Poitou ils jouissaient des mêmes immunités que dans les autres régions de la France.

La place occupée par le nom du verrier Robert dans les chartes de la seconde moitié du XIe siècle, concernant l'abbaye de Maillezais, dit aussi quelle était, dès cette époque, la position sociale des hommes de son état.

 Je transcris la fin de celle de 1088 :

« Hanc cartam in presentia domni Gaufredi abbatis et fratrum priùs in capitulo concessit; posteà, super altare Sancti Petri ponens, propriâ manu firmavit, presente domno Philippo abbate, undè fuerunt testes ROBERTUS, VITREARIUS, Petrus de Trayant, cum Andreâ fratre suo, Bernardus, prœpositus, Thomas, medicus. »

— Pierre de Trayant figurait au nombre des gentilshommes de la contrée. Pour que Robert fût mentionné avant lui, il fallait qu'il appartînt à la même classe. Dans la seconde charte, il est également le premier témoin.

Mon ami, M. Dugast-Matifeux, a publié dans les Annales de la Société académique de Nantes, de 1861, un fort curieux article sur les gentilshommes verriers de Mouchamp, où il a inséré de nombreux détails généalogiques et biographiques sur la descendance de l'individu qui dirigeait, en 1399, la fabrique du Parc. J'y renvoie le lecteur (29).

Un compte rendu de ce travail, par M. J. Desnoyers, se trouve dans la Revue des sociétés savantes des départements, 1863, p. 19.

 

CHAPITRE III

RENAISSANCE

VERRERIES MENTIONNÉES DANS LES DOCUMENTS

 

La plupart des verreries dont j'ai constaté l'existence aux XIVe et XVe siècles subsistaient encore dans la première moitié du XVIe. Ce ne fut qu'à partir du règne de Henri II que leur trop grand nombre et la concurrence des manufactures du Limousin, de l'Angoumois et de la Saintonge les firent déchoir.

(La forêt de Chizé au Moyen-Age ; 1086 mort de Guy-Geoffroy-Guillaume VIII d'Aquitaine)

 Les archives publiques ou privées fournissent la mention d'un certain nombre de fabriques poitevines que ne citent pas les titres antérieurs. Telles sont les suivantes : LA VERRERIE DE LA MOTTE, dans la forêt de Chizé (Deux-Sèvres), exploitée en 1507 par un certain Geoffroy Poussart. (Papiers de l'ancienne seigneurie de Chizé.) LA VERRERIE NEUVE, fondée sous François Ier, aux alentours de Talmond, par Maurice Gazeau, sieur du Retail, Jacob Morisson et François Gaudin. (Titre de l'année 1543, relatif à la Ménardière de Talmond; papiers de la famille Bouhier.) LA VERRERIE DE LA COURT, dans la forêt de Prinçay (Loire-Inférieure), citée dans un aveu rendu au château de Prinçay, en date du 28 octobre 1545. (Archives de la préfec- ture de la Loire-Inférieure.)

 

(2021-Talmont-Saint-Hilaire, fouilles archéologiques sur l’ancien port médiéval (Portu castellanus Thalemundi)

 

SPÉCIMENS DE VERRES

Les produits des fabriques poitevines commencent à devenir moins rares à partir des dernières années du XVe siècle. La planche qui accompagne cette étude en reproduit un certain nombre de fort curieux à plus d'un titre, et il en existe quelques autres que j'eusse pu ranger à côté de ceux-ci.

Le n° 15 est un drageoir, ayant 0m 32 de diamètre. Le rebord du plateau et celui du pied sont bleus, ainsi que le bourrelet placé à la jonction de ces deux parties du vase, tandis que le reste est blanc. Les ornements sont exécutés en or. L'écusson royal de France, peint au milieu du plateau, a été calqué sur celui d'un écu d'or du temps de Charles VIII. Les courants de feuillage sont dans le style gothique. Cette belle pièce provient de l'ancien mobilier du château de la Motte-Saint-Heray (Deux-Sèvres).

Au n° 17 est un très joli verre à côtes, décoré du proverbe, tracé avec des lettres d'émail blanc en relief : A. BON. VIN. NE. FAVLT. POINT, ANSEIGNE:, et de perles, torsades, et autres ornements également en émail blanc ou rouge. On y remarque, en outre, quelques traces de dorure. Hauteur, 0m 186. — Ce verre est conservé, depuis plusieurs générations, dans une famille du Talmondais. Il paraît dater de la première moitié du règne de François Ier.

Le musée archéologique de Poitiers en possède un à peu près semblable, d'un travail étranger au Poitou, sur lequel on lit : BIEN QVEIES C.VO. v(ous) LAVEZ APTO. Le verre en est gris verdâtre.

 

 

Un troisième, sans inscription, orné de têtes de fous peintes au naturel, appartient à M. Gaillard de la Dionnerie, procureur impérial à Civray; mais il a été trouvé dans la Charente, vis-à-vis du château de Taillebourg, c'est-à-dire hors de la province.

Le n° 18 est une de ces bouteilles de verre blanc commun, destinées à être portées en voyage ou dans les travaux de la campagne, comme on en rencontre encore beaucoup dans la contrée.

Le n° 19 est, au contraire, un fort beau verre bleu et blanc, comme le drageoir décrit plus haut. Il est couvert de rinceaux et courants de feuillages dorés, et d'un semé de petites perles d'émail blanc, au milieu desquels sont posés quatre écussons aux armes de la famille poitevine des Taveau de Mortemer. Ces écussons ont été grattés pendant la Révolution. La famille Guischard d'Orfeuille l'a possédé, dit-on, pendant plusieurs siècles, et il n'est sorti qu'en ces derniers temps de ses mains, lors de la vente du mobilier du château d'Orfeuille, en 1861. Il fait partie depuis de ma collection.

La décoration de ce verre, du premier tiers du XVIe siècle, est conçue dans un sentiment italien, qui frappera le lecteur ; aussi est-ce avec une certaine hésitation que je le donne à notre pays, auquel il se rattache, dans tous les cas, par les armes qu'il porte.

Quant à sa forme, elle a été employée en deçà des Alpes, témoin celle du verre émaillé, portant la légende : IE. SVIS. A. VOVS. IEHAN. BOVCAV. ET. ANTOYNETTE. BOVC., de la collection F. Slade, de Londres, publié par M. Eug. Piot, dans le Cabinet de l'amateur, 1862, p. 289 (30), et celle d'un second verre, à peu près semblable, fabriquée pour un membre de la famille Pineau, de la Rochelle, qui porte cette maxime protestante : QVI. EN. CHRIST. CROY. EST. HEVERVX (heureux), et, au-dessous : IVES. PINEAV, sur un cartouche qu'entourent des rinceaux et des fleurs. (Ancienne coll. de M. Weisse. de la Rochelle.)

Il est fort possible, du reste, que, dès le règne de Louis XII ou celui de François Ier, quelque verrier poitevin soit allé étudier sur place les procédés de l'Italie, ou que quelque ouvrier ultramontain les ait importés dans notre pays. Plus tard, ce second fait n'est plus douteux, comme nous le verrons dans un instant, après que nous aurons passé en revue quelques verres du second tiers du XVIe siècle.

Le premier qui se présente est le verre gravé au n° 22 de la planche, tiré de la collection de M. Gabriel de Fontaine, de Fontenay. Le style de celui-là est complètement français. On voit sur ces parois trois hallebardiers du temps de François II, peints en émail de couleur, et de fines arabesques et gaufrures d'or. Au-dessus est écrit : EN. LA SEVVR. DE. TON. VISAIGE. TV MANGERAS. LE. PAIN (31). Une grande coupe, de même forme, ayant 0m 165 de diamètre à l'orifice, 0m 11 à la base, 0m 215 de hauteur, coupe qui vient de la succession d'un ancien député de la Loire-Inférieure à la Législative, doit sortir de la même fabrique. Les arabesques et les gaufrures d'or sont calquées sur celles du verre précédent. Sur l'une de ses faces est une dame en costume du temps de François II, chassant au cerf, et, sur l'autre, cette même dame se voit à cheval, suivie de son écuyer, lançant le faucon près d'une fontaine. La frise supérieure porte ces deux vers du livre III des Métamorphoses d'Ovide :

HIC. DEA. SYLVARV. VENATV. FESSA. SOLEBAT.

VIRGIN(e)OS. ARTVS. LIQ(u)mo. PERFVNDERE. RORE.

Après les verres émaillés viennent les verres ciselés, qui ne semblent avoir été en usage en Poitou que pendant la seconde moitié du XVIe siècle. Du moins, les seuls échantillons que je connaisse sont tous postérieurs à la mort de Henri II. Quelques-uns de ces verres sont d'une finesse extrême, et leurs ornements exécutés avec beaucoup de goût.

M. Moitre, dit Manceau, chaisier de Poitiers, qui collectionne l'émaillerie limousine, a possédé longtemps une coupe qui pouvait passer pour un modèle du genre. Les arabesques dont elle était couverte étaient d'un goût exquis. Un autre amateur de la même ville, M. Marganne, ancien notaire, a acheté, à la mort d'un de mes vieux parents, un drageoir de fiançailles qui n'est pas moins précieux. Il a 0m 14 de hauteur et 0m 16 de diamètre, et est couvert de courants de feuillages enlacés autour de trois écussons.

Le premier porte trois fleurs de lis; le second, un cœur percé de deux flèches et la date 1578 gravée au-dessous; le troisième, la dédicace suivante :

qui doit se traduire ainsi : A mademoiselle ou madame M. de la P. — Je dois citer encore une coupe avec les armes des Girard de la Roussière gravées au fond (32), et une aiguière venant des environs d'Aizenay, ayant 0m 26 de hauteur, sur les parois de laquelle circulent de fins rinceaux et des branchages de lauriers, qui supportent un cartouche où est gravé le nom de NICOLAS TVTAVLT (nom d'une famille poitevine des environs de Saint-Maixent), et la date 1583.

J'ignore si ces vases ont été fabriqués hors de la province, de même que les coupes, guédoufles, aiguières, drageoirs, salières, bouteilles, etc., en verre blanc, à reliefs parfois dorés, qu'on rencontre intacts chez diverses personnes, ou bien à l'état de fragments, dans les ruines de tous les châteaux du Poitou.

Celui de Talmond en a fourni à lui seul une quantité considérable; mais surtout des pieds de verres décorés de mufles de lions. Il y en a de semblables dans toutes les collections publiques ou privées des départements de l'Ouest. Le château de Talmond m'a fourni de plus des fragments de vitres dont la bordure est couverte d'arabesques gravées, arabesques qui n'ont jamais reçu de coloration.

A en juger par le style du dessin, ils doivent remonter au temps de François Ier. — On a retiré des décombres du château de Mareuil d'autres morceaux de verrières avec peintures en grisaille, représentant des oiseaux et des fleurs, qui datent du temps de Henri II. On sait que ce genre de vitrage était alors tout nouveau, puisque Philibert de Lorme l'employa, dit-il, à Anet pour la première fois (33).

Un peintre verrier du nom de Didier de Maignac, originaire de Bourganeuf, s'était établi à Fontenay vers le milieu du XVIe siècle; mais il faut croire que son métier n'était pas lucratif, car il se fit potier. (V. plus haut, p. 135.)

 Puisque nous sommes sur le chapitre des vitres, je ne dois pas oublier de mentionner l'emploi qu'on en faisait déjà chez nous, au XVIe siècle, pour les serres chaudes. Les comptes de la succession de Michel Tiraqueau, sénéchal de Fontenay, dressés en 1566, contiennent, entre autres, cette mention : « A Martin Duchemin, pour les vitres des loges en verre de Belesbat, 4 livres 2 sols. — J'ai déjà dit que Michel Tiraqueau, digne émule de son père, le jurisconsulte, et de son frère, conseiller au parlement de Bordeaux, avait un cabinet très riche en objets d'art de toutes sortes (34).

 

VERRIERS ITALIENS ÉTABLIS EN POITOU.

 

Le caractère italien de certains ouvrages de verre contemporains de Louis XII et de François Ier ferait croire que, dès cette époque, des ouvriers ultramontains auraient été amenés, par quelque grand seigneur, dans la contrée; mais je n'ai rien autre chose que des conjectures à formuler à ce sujet, tandis que, parvenu au milieu du XVIe siècle, un document positif constate l'établissement, au cœur du pays poitevin, d'un verrier de Venise.

Ce sont les lettres par lesquelles le comte du Lude, gouverneur de la province , prend sous sa protection le sieur Fabiano Salviati, gentilhomme de Murano, sa famille et son atelier, pour les mettre, autant que possible, à l'abri des insultes des gens de guerre, pendant les troubles religieux de 1572.

« A toux capitaines, chiefs et conducteurs de gens de guerre au gouvernement de Poictou, leurs lieutenans, enseignes, mareschaulx des logis, fourriers et aultres qu'il appartiendra, salut. Voulant gratiffier, favoriser et bien traicter Fabian Salviate, escuyer, gentilhomme de Myrane, païs de Venize, venuz, luy et sa famille, en ce païs de Poictou pour praticquer l'art de verrerie, en faveur de la recommandation qui nous en a esté faicte par le sieur de Salles (35), à ces causes nous vous mandons et très expressément commandons que vous n'aiez à loger, ne souffriez estre logez aulcuns gens de guerre en sa mayson de l'Argentière (36); laquelle mayson nous avons exempté et exemptons, par ces présentes, de toute garnison, et le dict Salviate et les siens et servi- teurs avons pris et mis, prenons et mectons sous nostre protection et saulvegarde, et, affin que n'en prétendiez cause d'ignorance, et, pour plus d'asseurance de ceste nostre bienveillance, nous luy avons permis et permectons mectre sur le pourtant de sa dicte mayson noz armes et pannonceaulx; en tesmoing de quoy nous avons signé ces dictes présentes et faict sceller du scel de noz armes.

 A Sainct-Maixent, le vingtiesme jour de septembre de l'an mil cincq cens soixante et douze.

» Du LUDE.

» Par mondict seigneur, CHABOT. »

(Copie vidimée du temps, dans ma collection de documents.) J'ignore quel était le genre de fabrication importé par Salviati; mais toujours est-il qu'on rencontre encore parfois, dans nos villes et dans nos campagnes, des vases de verre agatisés de diverses couleurs, qui ont quelque chose de l'aspect de ceux de Venise.

MM. Gabriel de Fontaine et Prosper Babin, médecin à Fontenay, ont, le premier, un verre à boire, et le second une bouteille à long col, qui sont surtout fort remarquables.

Les procédés de cette fabrication ont persisté, dans tous les cas, longtemps après la mort de celui qui les a introduits en Poitou; car il existe une masse considérable de coupes, ciboires, aiguières, pots à l'eau, flacons, plateaux, drageoirs, bouteilles, burettes, etc., faits d'une pâte colorée avec du muriate d'argent et du phosphate calcaire, qui leur donne de la ressemblance avec l'opale.

Beaucoup sont en outre marbrés ou ponctués d'un fort beau rouge, de rose, de bleu et, plus rarement, de vert foncé et de violet. J'en ai recueilli plusieurs échantillons fabriqués au XVIIe siècle. On en a découvert beaucoup à l'état de débris à la Crétinière, commune de Moutiers-sous-Chantemerle (Deux-Sèvres), en recurant de vieilles latrines. Il y avait parmi eux une grande soucoupe rayée de bleu et de blanc, que possède M. Gabriel de Fontaine.

Une autre famille de verriers italiens, originaire du Montferrat, vint également se fixer dans les régions de l'ouest de la France, ainsi que l'établit l'acte qui va suivre.

 

« Au nom du Seigneur, ainsi soit-il. L'an de l'incarnation 1645, indiction romaine XIV, le 4e jour du mois de février, en la ville de Faltare (?), État de Montferrat, diocèse de Noli. A tous ceux qui verront cet acte testimonial qu'il soit connu et manifeste que, moi notaire soussigné écrivant, ont comparu en personne au tribunal accoutumé de droit, devant illustre Sgr Bernardin Persique, juge commis par sérénissime Charles II, duc de Mantoue et du Montferrat, nobles personnes les Sgrs Thomas Pierre-Vincent de Cosse, Jacques-Philippe de Cosse, Barthélemi Poute, Joannin de Raguet, Baptiste Cosse, consuls en la même ville pour l'art de la verrerie, cette autorité leur ayant été concédée par Ill. et excel. Sgr Guillaume, marquis de Montferrat, dès l'an 1495, le 5e jour du mois de février, et ensuite confirmée par sér. Sgr Guillaume de Gonzague, duc de Mantoue et du Montferrat, l'an 1552; »

 Lesquels, par requête du Sgr Étienne de Sarode, ont attesté, par parole de vérité, que Vincent de Sarode était décédé, suivant le cours de nature, déjà depuis longtemps, étant né dans ladite ville de la race noble des Sarode, duquel, par légitime mariage contracté en ladite ville, était né en la même ville de Faltare Antoine-Abraham de Sarode, père légitime du susdit Étienne, présentement vivant, et que, pour plus grand témoignage de vérité de ce qui est dit de véritable touchant la noblesse de ce seigneur, Étienne-Jérôme de Cosse et Françoise Massard ont été ses parrain et marraine au sacrement de baptême ; qu'il est enfin vrai que les sus-nommés de Sarode, aussi bien que leurs descendants, sont nobles, vivants noblement, et particulièrement le Sgr Étienne, et que tous eux sont regardés, tenus et crus nobles, tant dans ladite ville que dans tout ledit État et dans les lieux circonvoisins, et que ledit Étienne est partout, devant tous, publiquement estimé, tenu et cru noble, tant par les autres nobles que par ceux qui ne le sont pas, et que son nom est inséré, mis et écrit au catalogue des nobles, ce que les sus-nommés seigneurs consuls attestent non seulement avoir ouï dire, mais aussi avoir vu et en avoir eu connaissance par le témoignage du public, et qu'ils l'ont appris de tous leurs ancêtres, qui disaient l'avoir également appris de leurs pères.

Ce qui est une preuve très assurée que le susdit Étienne de Sarode et les autres membres de la famille des Sarode sont nobles et de race noble, c'est qu'ils jouissent du privilége d'exercer l'art de la verrerie, auquel ceux qui ne sont pas nobles ne sont pas admis, ce qui est très vrai et doit être tenu pour certain et assuré par tous, devant tous et publiquement. De tout quoi ledit sgr Étienne de Sarode, fils d'Antoine-Abraham, a requis qu'acte lui fût donné, en présence dudit illustre juge, qui m'a ordonné à moi, notaire soussigné, de le mettre en cette forme, et d'y apposer le sceau, suivant la coutume de cette cour.

Donné en ladite ville de Faltare, les jour et an que dessus.

Signé : JEAN-FRANÇOIS MASSARD , » dont la signature est légalisée par différents fonctionnaires.

(L'original, en langue italienne, est entre les mains de la famille.) Les Sarode ont exercé, pendant plus de deux siècles, le métier de verrier, à la Fosse de Nantes et à Vendrennes, en Bas-Poitou. Ils avaient remplacé, à Nantes, une famille du nom de Babin, qui, elle-même, avait succédé à ce Jean Ferro, ou plutôt Ferré, gentilhomme verrier, autorisé, en 1588, à établir une fabrique de faïences blanches dans cette ville. ( V. plus haut, p. 147). — Il a été déjà question des Sarode à la page 163, à propos des tentatives qu'ils firent, au XVIIIe siècle, pour établir une fabrique de porcelaine.

 

LES VERRERIES POITEVINES AUX XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES

 

Les mêmes causes qui ont amené, au XVIIe siècle, la décadence des faïenceries en Poitou, ont causé celle de ses verreries. Il est donc inutile d'entrer dans de plus longs développements sur ce point. Je me contente de signaler simplement le fait. Quelques-unes se soutinrent pourtant jusqu'à la Révolution ; d'autres furent même créées sous Louis XIV et sous Louis XV, comme l'attestent les pièces qui vont suivre.

VERRERIE DE LA MONTELLE, arrondissement de Montmorillon (Vienne). — Quittance de cent livres tournois, donnée le 19 octobre 1640, par Robert de Verrière, écuyer, sieur de Fandôme, maître de la verrerie de la Montelle, en la paroisse de Saint-Laurent-de-Jourde, aux religieuses de N.-D. de Poitiers, pour six paniers de verre de vitres qu'il leur avait vendus. (Arch. de la Préf. de la Vienne; titres des filles du couvent de N.-D. de Poitiers.) VERRERIE DES ROBINIÈRES (dans la forêt de Mervent). — Acte par lequel frère Barthélemy Fruchard, fondé de pouvoir du couvent des Robinières, achète du sieur Vincent Robin, demeurant à Luçon, une maison, sise au village voisin de la Guillotière, et ses dépendances, pour y établir un four de verrerie. — Cet acte, passé à Luçon, est du 4 mars 1712.

(Minutes de M. Callier, notaire à Luçon.) On a déjà vu plus haut, p. 161, que les moines des Robinières se livraient à l'horlogerie, à la fabrication de la poterie et à la sculpture. Leur monastère avait été fondé, le 13 décembre 1439, par Jean l'Archevesque, seigneur de Mervent et de Vouvent, sur remplacement d'une antique chapelle, dédiée à saint Pierre et à saint Paul, dite de la Robinière (37).

 

(Chasse dans la forêt de l’Epine au XV siècle, Guillaume Mermin prieur de Fontaine le comte, Jean Rabateau président du Parlement)

VERRERIE DE L'EPINE (commune de Béruges, près Poitiers). Concession de quatre arpents de terre en lande, sis sur le bord de la forêt de l'Epine, consentie en 1749 par le fermier de la commanderie de l'Epine, au sieur Daniel de Chazelle, sieur de la Forie, moyennant une rente de 36 livres, pour que le dit de Chazelle puisse y bâtir une verrerie. (Arch.

de la préf. de la Vienne. Titres de la commanderie de l'Epine.) Cette verrerie fut abandonnée quatre ans après par le sieur de la Forie, et devint un repaire de voleurs, que le commandeur du lieu fit détruire, afin de vendre les matériaux au profit des créanciers de cet industriel.

VERRERIE DE LA CHAPELLE-SEGUIN (Deux-Sèvres). — Arrêt du conseil, rendu sur l'avis conforme de M. de Blossac, intendant de la province, autorisant le sieur Bertrand de Chazelle à établir une verrerie à la Chapelle-Seguin, en Gâtine. (Description de la France, par Dulaure, t. IV, p. 20.)

La concurrence que firent aux verriers poitevins les fabriques de la Rochelle et de Nantes (38) contribua beaucoup à leur ruine. Une manufacture avait, en effet, été établie, au milieu du XVIIIe siècle, à la Font, proche la première de ces villes, par le sieur Du Mesnil, qui lui avait fait décerner le titre de Verrerie royale. Son fils ou gendre, Jean Joachim Delahaye Du Mesnil, capitaine d'infanterie, né à Rambures, en Picardie, acheta, en 1763, la verrerie du Val-d'Aulnoy, en Normandie, puis vint ensuite fonder celle de Coëron, près de Nantes, et se mit enfin à la tête de celle de la Font de la Rochelle, où il mourut en 1797.

 

SPÉCIMENS DE VERRES DES XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES

 

Indépendamment des ustensiles de toute sorte, en verres agatisés ou de couleur opale, dont j'ai parlé il y a un instant, il en existe une quantité beaucoup plus considérable encore en verre blanc. M. Hanaël Jousseaume, de Fontenay, a, par exemple, en sa possession un gobelet de grande dimension, provenant de la verrerie du Parc-de-Mouchamp, qui donne une idée assez avantageuse de sa fabrication. Je connais aussi un très grand seau à rafraîchir côtelé, ayant des mufles de lion en guise d'anses, qui sort, dit-on, d'une verrerie des environs de Parthenay. Il mesure 0m 37 de hauteur sur 0m 35 de diamètre, et est d'un verre blanc très net.

Il n'est pas rare non plus de trouver dans les Deux-Sèvres des burettes et flacons aux saintes huiles, ayant la forme de celui gravé au n° 24 des Verreries poitevines. Ils sont ordinairement bleus, jaunes ou rouges. M. Riocreux, consulté sur leur provenance, m'a répondu qu'il les supposait sortis de la manufacture orléanaise du sieur Perrot, cité dans le Livre des adresses de Paris pour l'année 1691, par Du Pradel. — Le n° 25 de la planche reproduit l'un des derniers échantillons de la fabrique de Vendrennes.

C'est un verre blanc à côtes, avec la légende : VIVE LA NATION en lettres rouges, qui date des commencements de la Révolution. De l'une de nos fabriques vient indubitablement encore un pot à l'eau couvert de fleurettes rouges et jaunes, au milieu desquelles se lit le nom du citoyen Bonnard, que je crois être l'ancien conservateur de la bibliothèque départementale de la Vendée (39).

 

LES VERRERIES POITEVINES AU XIXe SIÈCLE

 

Depuis la Révolution, l'industrie du verre ne s'est pas relevée. Un essai de fabrication de verre blanc fut tenté, sous le Consulat, au Petit-Bourg-des-Herbiers. On y faisait surtout des ustensiles populaires, ornés de coqs, de papillons et de fleurs, colorés en rouge, jaune et noir. Les fours étaient installés dans la vieille église. Au bout de peu d'années, on fut forcé de les éteindre, de même que ceux d'une faïencerie commune dressée à côté, dans le parc du Landreau.

La seule manufacture qui existe maintenant en Vendée est celle de Faymoreau, où l'on fabrique seulement des bouteilles, et les échos de nos bocages ne répètent plus ce gai refrain :

Verrier , travaille avec ardeur ;

Au pays, partout, on te renomme.

Ton art divin réjouit le cœur

Et met force et santé dans l'homme.

Sans nul regret ni repentir,

Chacun te dit dessous la treille :

« Qui fait le verre doit l'embellir. »

A toi l'essai (bis) de la bouteille !

 

 

De quelque côté que nous tournions nos regards, nous sommes forcés d'avouer que l'intelligence commerciale et industrielle de nos pères, partout ailleurs centuplée, s'est retirée de nous.

Je terminerai cet article par la description d'un jeton d'argent doré, qui se rapporte à l'histoire de la verrerie en Poitou. Il a été fabriqué à l'occasion du mariage d'un marchand de la Châteigneraye, issu d'une famille de verriers du haut Poitou.

L'art_de_terre_chez_les_[

✠ RENÉ ✠ CRVZERON. — Écu surmonté d'un fleuron, sur lequel se voient un chevron et trois oiseaux, posés 2, 1. Dans

le champ, les lettres R. c. et s. B., initiales des noms des époux.

℟. SVZANNE ✠ BERLIN. — Autre écu également surmonté d'un fleuron, portant le chiffre du mari et de la femme. (Coll. Fortuné Parenteau.) René Cruzeron était calviniste, et mourut le 17 août 1635. Ses ancêtres habitaient les environs de Parthenay, et fabriquaient encore du verre en 1568.

Je connais aussi un méreau d'étain, trouvé dans la forêt de Mervent, sur lequel on voit un saint personnage, vêtu d'une robe de moine et représenté assis, tenant de la main droite une coupe et ayant un broc à sa gauche. Un vase à deux anses occupe le revers.

Il serait difficile de dire si ce méreau appartient aux verriers ou aux potiers d'étain.

Fontenay-Vendée, avril 1864.

 

 

 

 

 

Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU ) <==.... .... ==> Verrerie dans la forêt de la Roche-sur-Yon. Charte du roi René d’Anjou, du 9 novembre 1456

 

 


 

(1) Essai sur l'art de la verrerie, par le C. Loisel. — Paris, an VII, in-8°.

(2) Certains noms de lieux, dont l'origine est différente, ont la même consonance que Verrerie : celui de Vérie, Veria, venu de ce qu'on percevait au moyen-âge un droit de mouture dans les localités qui le portent, et celui de Verrie, Verria, rappelant que les points auxquels il sert de dénomination étaient, dans le principe, de simples étables à porcs, à verrats.

(3) Bulletins de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres, 1858-1859, p. 50.

(4) « Artifices artium brevi subdilo comprehensarum per singulas civitates morantes, ab universis muneribus vacare prœcipimus : si quidem ediscendis arlibus otium sit adcommendandum, quo magis capiant et ipsi peritiores fieri et suos filios erudire. » Suit l'énumération des corps d'état. (Cod. Théod., L. XIII, lit. VI, l. 2. — Cod. Justin., L. X, C. LXIV.)

(5) Le défaut d'espace a empêché de maintenir l'échelle des proportions entre les objets reproduits sur cette planche.

(6) Musée arch. de Poitiers.

(7) Musée arch. de Poitiers

(8) Musée arch. de Niort.

(9) Musée arch. de Nantes.

(10) Poitou et Vendée, art. de Fontenay-le-Comte, p. 123. Ces vases sont dans ma collection.

(11) Ma collection.

(12) Musée arch. de Napoléon-Vendée.

(13) Ma collection.

(14) Musée arch. de Napoléon-Vendée.

(15) Ma collection.

(16) Mémoire de l'Académie des sciences, t. XXII, p. 191 et 206.

(17) V. la figure de cette coupe sur la planche des Objets divers trouvés à Saint-Médard, qui accompagne l'art. de Fontenay, dans Poitou et Vendée, (18) Poitou et Vendée, art. de Fontenay, p. 138, et pl. des Objets divers trouvés à Saint-Médard.

(19) Bulletin de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres, 1858-1859, nos 21 et 22 de la planche des verres trouvés à Verrines.

(20) Pouillé de l'évêché de Luçon, par M. l'abbé E. Aillery; introduction, f° v.

(21) Bulletin de la société des Antiquaires de l'Ouest, années 1841-1843, p. 281.

(22) Ce nom d'Eutuchia fut assez commun en Gaule aux époques romaine et mérovingienne. C'était celui de la mère de saint Taurin. Une bague de mariage en or du Ve siècle, trouvée près d'Angers, porte, gravé sur son chaton de cornaline : BVRCO. — EVTVXIAS.

 

 

Une dame de Saint-Pompain, en Poitou, qui vivait au XIIIe siècle, avait reçu au baptême ce même nom porté encore au XVIe siècle par une habitante de Luçon, qui avait fait mettre sur la cheminée de sa demeure cette inscription fort significative : EVTVCHIE GOVREAV.

VOLVPTAS EVTVCHIÆ COMES. 1586.

copiée évidemment sur celle d'une cheminée de Du Cerceau.

(23) D. Bouquet, t. VI, p. 556.

(24) La Voirie de Frossay était sortie des mains des religieux de Saint-Mesmin avant 1302 ; mais une enquête du 25 juin de cette année constate que la tradition disait qu'elle avait fait jadis partie de leurs domaines.

(Arch. du château de la Rousselière de Frossay.)

(25) Il doit s'agir ici de verrières peintes, dont l'usage est fort ancien, puisqu'il en est question dans l'inscription de l'église élevée à Lyon par saint Patiens, qui nous a été conservée par Sidoine Apollinaire. (Epist. II, x.)

(26) Pièce originale communiquée par M. Moore, de Londres.

(27) Pièces originales communiquées par le même.

(28) Edition de Paris, in-8°, 1606, p. 483. — Il est aussi question à la même page du verre ductile, dont le secret a été, dit-on, perdu par la faute de Tibère.

(28) Songe de Polyphile, traduction de Jean Martin, p. 70.

(29) V. aussi la brochure de M. Beaupré, intitulée : Les Gentilshommes verriers, ou recherches sur l'industrie et les priviléges des verriers de l'ancienne Lorraine. — Nancy, Hinzelin, janvier 1847, in-8° de 49 pages.

(30) M. E. Piot donne, à cette occasion, plusieurs indications très intéressantes sur la fabrication des verres émaillés en France.

(31) Il convient de rapprocher cette inscription de celle placée au bas de l'une des figures de la Bible gravées sur bois d'après Holbein, où se voit Adam et Éve travaillant à la terre.

(32) La coutume de placer les armoiries au fond des coupes de toute matière est assez ancienne. L'inventaire des joyaux livrés aux carmes de Nantes pour accomplir le vœu du duc Jean V, en juillet 1420, contient la mention suivante : Item, un hanap d'or en façon d'une coupe émaillée au fond aux armes de messire Bertrand (du Guesclin). (Preuves de D. Morice,. II, col. 1032.) — Guillaume Bouchet raconte en outre, dans la première de ses Serées, que, une veuve larmoyante tournant à l'ivrognesse, ses amis, qui ne se rendaient pas bien compte de la cause de ses larmes, remplirent la coupe jusqu'au bord, afin qu'elle fût obligée de laisser assez de vin au fond pour lui cacher les armoiries de son défunt mari, dont la vue, supposaient-ils, lui causait cette tristesse.

(33) Architecture de Philibert de Lorme, liv. I, ch. 19.

(34) Le cabinet de Michel Tiraqueau, par B. Fillon; Fontenay, Robuchon, 1848, in-8° de 40 pages. — On a une description sommaire de ce cabinet, dont les OEuvre; poétiques d'André de Rivaudeau, fils d'un valet de chambre de Henri Il, qui se nommait Robert Ribaudeau, tout court, et qui fut ami personnel de Jean Martin, dont il a fait un éloge en vers, imprimé en tête de l'édition française de l'Architecture de J, B Alberti, donnée à Paris, chez Jacques Kerver, en 1553.

(35) Salles, près la Motte-Saint-Heray (Deux-Sèvres).

(36) Paroisse de Prailles, sur la limite de la forêt de l'Hermitain.

(37) Renseignement communiqué par M. Filaudeau, archiviste de la préfecture de la Vendée.

(38) Il avait à Nantes, au milieu du XVIIe siècle, un peintre verrier du nom de Julien Rolland, qui avait quelque réputation dans les régions de l'Ouest. Ce fut lui qui fut chargé, le 15 novembre 1651, de faire la vitrerie des chapelles, que bâtit alors, derrière le chœur de la cathédrale de Nantes, l'architecte Elie Brosset, et le grand vitrail de la chapelle de l'aile neuve du même édifice. Le marché fut fait à raison de sept sous le pied carré de verre blanc, plus deux livres par chaque écusson peint sur les différents vitraux.

Julien Rolland a peint aussi, moyennant 124 livres douze sous, un petit vitrail, exécuté en 1653 pour l'une des chapelles de la cathédrale de Luçon, sur l'ordre de l'évêque Pierre de Nivelle.

(39) C'était un ancien prêtre, qui avait abandonné, pendant la Révolution, l'état ecclésiastique pour suivre, après s'être marié, la carrière administrative. Il mourut dans la retraite à Château-Guibert, bourg dont il avait été curé constitutionnel. M. Bonnard a laissé la réputation d'un fort honnête homme et avait des goûts littéraires qu'il a transmis à l'un de ses descendants. M. Emile Grimaud, le poète de Luçon, est son petit-fils.

 

 

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