Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
PHystorique- Les Portes du Temps
11 décembre 2021

Les Coiffes et Bonnets du Poitou, leur disparition, ses causes

Les Coiffes et Bonnets du Poitou, leur disparition, ses causes

C'est après les guerres du premier empire que les coiffes et bonnets de lingerie blanche, ont commencé à faire leur apparition.

A ses débuts, la coiffe était simplement faite en mousseline unie, pour les jeunes femmes et en nansouk garni pour les veuves ; les dentelles et les broderies n'étaient pas encore employées.

Suivant les départements et même les petits pays, la forme de la coiffe était différente de nom et d'aspect, et l'on reconnaissait à première vue à la dimension de la coiffe, l'origine précise du celle qui la portait.

Vers 1850, les communications de villes à villes devenant plus faciles, les marchands en gros de blanc pour augmenter la vente de leur article, commencèrent à vendre des coiffes ornées de broderies faites à la main ; de plus, la coiffe se livra soit sur mousseline, soit sur tulle à maille ronde où sur tulle Bruxelles à maille carrée ; ce dernier est resté toujours en faveur en Vendée.

On donna la mode également de garnir le devant de la coiffe d'un tuyauté de dentelle de Lille ou de vraie dentelle de fil, que l'on faisait venir de Lierre, en Belgique el d'Arras.

 On orna également la coffe d'un gros noeud de mousseline avec quatre brides retombant sur les épaules. Ce noeud se modifia par la suite, lors de l'introduction sur le marché des rubans fleuris el moirés, qui donneront un cachet bien plus riche et plus seyant à la coiffe.

Les années de 1860 à 1890, ont été celles où réellement la coiffe régna en maîtresse dans notre belle contrée.

Avec les nouveautés qu'apportèrent les industries de la dentelle, de la broderie à la main et mécanique, el des rubans, nous assistons à une éclosion de nouvelles formes de coiffes qui ont suffi à elles seules à donner à nos femmes du Pays d'Ouest, cette réputation d'honnête élégance et ce cachet de simplicité champêtre qui disparait malheureusement de nos jours.

La coiffe, à cette époque, se divise en trois grands genres, ayant chacun de nombreuses subdivisions.

-1° La coiffe.de Vendée sur tulle Bruxelles, brodée de sept à onze fleurs, Le fond presque carré posé à plat sur un carton recouvert de salin, dont le brillant fait ressortir la broderie. Le devant de la coiffe se compose d'un tuyau devrai dentelle de fil de grande valeur. Elle se porte dans tonte la Vendée et le Nord-Ouest des Deux-Sèvres.

- 2° La coiffe des Deux-Sèvres, dont les types les plus importants étaient surtout ceux de la Mothe-Saint-Héray et de Saint-Maixent. Cette coiffe, une des plus élégantes et des plus somptueuses, était composée d'un grand fond de tulle uni, brodé de longues guirlandes de fleurs. Ces guirlandes étaient disposées en gros plis posés sur un coiffis en carton, dont la forme tenait un peu du casque, recouvert de satin blanc argent. Derrière ce coiffis, une grosse coque de ruban même teinte que le salin et les deux brides retombant sur le dos. Le devant de la coiffe était formé d'une grosse ruche plissée et d'un tuyau très serré de tulle brodé à la main.

- La 3° coiffe, qui régnait surtout dans les environs de Poitiers et dans le Mirebalais, se rapprochait de la seconde avec la différence que la ruche de devant était supprimée et que le satin el le ruban étaient d'un bleu ciel très vif.

Le 3e modèle est celui qui disparaît le plus et qui d'ici quatre à cinq ans, n'existera qu'à l'état de souvenir.

Toutes les imitations de ces modèles d'alors sont à peu près disparues. Il ne reste que ces trois types qui ne changeront plus désormais.

Cependant, il s'est créé depuis dix ans dans le Sud-Est de la Vienne, une coiffe très curieuse.

Le fond est un tulle de soie moucheté. Les brides et le noeud sont faits en ruban faible uni et le devant se compose d'une large bande d'Autruche blanche, large de huit centimètres.

 

Puy du Fou, Le Dernier Panache « La danse des Cabosses »

De la disparition des coiffes et quelles en sont les causes

Bien que le bonnet ait été employé en manière de transition, par celles qui ont voulu laisser la coiffe pour s'acheminer vers le chapeau, ou peut constater avec tristesse que la coiffe a disparu de certaines régions et tend de plus en plus à disparaître, même des contrées qui lui sont restées fidèles.

Les principales raisons de celle disparition sont les suivantes : D'abord, le prix élevé de toutes les marchandises servant à monter la coiffe ; ensuite, la mode qui s'infiltre dans nos campagnes par les journaux, les gravures, les catalogues des grands magasins de nouveautés.

De plus, les modistes qui s'installent dans les petits pays font une guerre acharnée à cette vieille coiffure, la dénigrent et la ridiculisent, la traitant de surannée et d'antique.

Le retour dans les campagnes de parentes habitant la ville qui vantent la beauté de leurs chapeaux grotesques ; la disparition des lingères qui préfèrent se lancer dans le commerce plus lucratif de la mode ou de la couture, et enfin le manque de nouveautés de la part des marchands et des fabricants qui, voyant cet article s'éteindre, préfèrent faire fabriquer à leurs ouvriers des articles pour les modes actuelles dont la vente est plus active.

On a bien essayé, mais en vain, de réagir contre cette disparition de la coiffe ; certaines mamans exigent encore que leurs filles portent la coiffure qu'elles-mêmes ont portée étant jeunes, mais qu'elles sont rares !

La vie chère et l'instinct de lucre qui anime nos campagnards, les encourageant à sacrifier leurs coiffures coûteuses aux chapeaux à 4 fr. 95, ornés de plumes rutilantes, qui ne durent qu'une saison.

Pour se rendre bien compte de cette disparition, il suffit d'assister à une grand'messe de campagne.

Au lieu de voir comme autrefois, toutes les fillettes avec leurs petits bonnets appelés frileuses, garnis de coques de rubans, les jeunes filles et jeunes femmes avec leurs coiffes élégantes et coquettes, et les vieilles mamans avec leurs bonnets unis, plus rien ou presque !

Que de chapeaux d'un goût douteux et qui, avec les toilettes qui ont suivi la même marche ascendante vers les modes nouvelles, ont enlevé à nos petites campagnardes leur charme,  et leur ont donné une allure bien éloignée de l'air honnête et franc qu'elles avaient autrefois.

 

Le Commerce des Coiffes Son origine. — Ses procédés. — Son évolution et sa disparition prochaine

La disparition de la corporation des marchands de coiffes, commence vers 1830.

Les rares hommes qui se lancèrent dans cette voie avaient un petit magasin généralement dans les préfectures ou sous-préfectures et les jours de marché, les lingères des environs venaient y faire leurs emplettes.

Le chef de la maison voyageait à cheval, emportant dans des sacs les pièces de mousseline et de nansouk qu'il débitait et se faisait payer au comptant. La femme tenait le magasin pendant ses absences.

A mesure que la coiffe prit de l'extension et nécessita des articles plus compliqués, les marchands de blanc transformèrent leur commerce de la façon suivante : dans de grandes voitures appelées maringotes et aménagées spécialement à cet effet, ils entassaient les paquets de mousseline, les boites de dentelles, tulles, broderies, rubans, été, et voyageaient avec un employé.

Il leur fallait généralement deux ou trois chevaux pour traîner ces grosses voitures. Arrivés dans les hôtels où une salle spéciale leur était réservée, ils déballaient leur voiture, puis allaient rendre visite aux petits marchands de la localité qui, à tour de rôle, venaient à l'hôtel choisir leurs marchandises. Le patron faisait la vente, pendant que l'employé faisait la facture. Cette dernière était réglée seulement au passage suivant.

L'ère de ce genre de commerce a été des plus prospère, aussi bien pour les marchands eu gros que pour les détaillants.

Elle a duré de 1860 à 1890. Tous ceux qui ont travaillé dans ces heureuses années ont réalisé de petites fortunes.

Les maringotiers ont complètement disparu à l'heure actuelle.

Les maisons de blanc, voyant la vente de la coiffe et de ses accessoires disparaître, ont réformé leur manière de faire. Elles ont adopté le système de vente sur échantillons el ont été obligées d'ajouter à leur commerce primitif une foule de rayons nouveaux, tels que lingerie, cols, cravates, tissus, chemises, etc.

Le malheur a été que, au lieu d'exploiter comme autrefois un rayon unique, elles ont empiété sur leurs voisins. Pour arriver, elles ont baissé leurs prix.

Leurs concurrents ont fait de même, bien que leurs frais généraux aient doublé depuis 20 ans, et ce métier des plus agréables, où les affaires étaient plus amicales que commerciales, est devenu difficile et accablant.

La petite clientèle, ayant acquis l'instruction qu'elle n'avait pas jadis, marchande, se renseigne, fait faire aux commerçants qu'elle sait peu fortunés des rabais que les gros fournisseurs sont obligés de suivre pour ne pas perdre leurs clients.

La mode changeant tous les six mois oblige les négociants à solder, à perte souvent, les articles qui ont cessé de plaire. La petite clientèle, concurrencée par les grands bazars, par les dépôts des grosses maisons qui se multiplient de plus en plus, et surtout par la vente à la petite semaine, devient hargneuse en affaires, marchandant tout, payant mal el ne se croyant plus déshonorée par la faillite.

De telle sorte que, dans notre région et ailleurs saut cloute, le métier qui était autrefois très rémunérateur sans beaucoup d'efforts est devenu d'un rapport beaucoup plus faible, tout en exigeant une somme de travail et de tracas beaucoup plus grande.

R. BUTHAUD.

 Le Pays d'Ouest : Poitou, Saintonge, Aunis, Angoumois, journal illustré des provinces de l'Ouest et de leurs colonies

 

1898 Noces vendéennes à Denant, commune de Nieul-sur- l'Autize

1898 Noces vendéennes à Denant, commune de Nieul-sur- l'Autize

Cette photo communiquée par Mme Madeleine PRUNIER, de Damvix, 85420 Maillezais, date de 1898.

Denant, où la SEFCO (Société d'ethnologie et de folklore du Centre-Ouest) tint conseil d'administration le 20-9-1975.

 Commentaire de Mme Prunier : « La personne en blouse, à l'extrême gauche, est mon arrière-grand-père maternel, alors âgé de 53 ans. Le petit garçon (en robe) devant lui, est son petits-fils âgé de 6 ans ; les garçons portaient la robe jusqu'à 7 ans, ainsi que le bonnet Mon arrière-grand-mère maternelle se trouve à l'extrême-gauche, au 1er rang, en haut de la photo.

On ne voit que son visage, encore était-il un peu caché par la coiffe de la personne qui est devant elle ; elle était agée de 50 ans.

Devant elle, se trouve une jeune fille « en cheveux » ; sans doute n’avait-elle pas l'âge de porter la coiffe. A gauche de cette jeune fille, ma mère, âgée alors de 12 ans et qui, elle, porte la coiffe.

« Il y avait différentes sortes de coiffes, suivant que les personnes sont du bocage ou de la plaine ; suivant l'âge, aussi : quiaques, capots à canins, rebifiettes. Ce sont des noms patois. Les femmes âgées portent le caraco, corsage très ajusté ; les autres des robes « en broche » de laine et soie, en général et, sur les épaules, un « collet » de soie ou de velours. Presque toutes ont un petit foulard au cou. »

Mme Prunier possède des actes notariés de 1789 (promesse de mariage, notamment) des ancêtres des mariés de la photo.

 

Noces vendéennes par CLÉMENT MICHAUD

Il fut un temps avant la première des dernières grandes guerres — c'est-à-dire avant 1914 — où, en Vendée, l'on vivait de peu et bien chichement. Mais qu'il vienne une occasion de faire un bon repas et de bien se distraire, les Vendéens ne la manquaient pas.

Le mariage d'un de leurs enfants en était une, et je vous prie de croire qu'ils en profitaient, ainsi qu'une bonne partie de la jeunesse des alentours, parents, voisins ou amis.

Etant jeune j'ai souvent assisté à des mariages de parents ou voisins, et, comme il y avait réciprocité, ces agapes étaient assez fréquentes.

Cela ne se passait pas comme aujourd'hui, au restaurant, où l'on fait un bon repas, quelques heures au bal, et voilà la réunion terminée, on a à peine le temps de faire connaissance.

Pour les parents ou amis éloignés, les noces duraient deux jours, mais pour les proches voisins ou amis, il fallait compter près de la semaine, surtout pour les jeunes qui déjà se rassemblaient le soir à la veillée la semaine précédant le mariage pour fabriquer des fleurs en papier et des couronnes destinées à orner la salle où devaient s'effectuer les repas.

Certaines jeunes filles habiles confectionnaient des couronnes à trois étages reliés entre eux par des rubans ; ces couronnes étaient destinées à être suspendues au-dessus de la table des mariés ; parfois de vrais chefs-d'œuvre, elles étaient faites de fleurs en papier bien imitées et aussi avec de la moëlle de joncs très fins ; cette moelle souple se travaillait merveilleusement sous les doigts de fée de ces jeunes filles. J'ai souvent admiré ces couronnes et pensé à la somme de travail fournie pour arriver à ce résultat.

1926 A

 Document signé « A. PAVIER, 10, rue Saint-Jean, Fontenay-le-Comte ; 5, rue du Port, Luçon » » Il est de 1926.

Remarquer des personnes portant la coiffe de la plaine (la cabanière), région de Luçon, Sainte-Hermine, Fontenay, et une, en arrière et à droite des mariés, porte la coiffe du bocage (environs de Chantonnay).

 

 

Une couronne plus simple était suspendue à l'entrée de la cour où avaient lieu les noces ; cette coutume d'ailleurs existe toujours, mais aujourd'hui ces couronnes sont généralement faites de feuillage avec quelques fleurs en papier piquées çà et là.

Les fleurs en papier faites pendant les veillées servaient à la décoration de la « salle ». Cette « salle » n'était ni plus ni moins qu'une grange à foin vide de son contenu, ou un grand hangar vide également de ses instruments agricoles ; ils étaient autrefois moins nombreux et feraient sourire les jeunes d'aujourd'hui : ils leur sembleraient bien désuets.

Cette « salle » donc, après avoir été bien nettoyée (sol, murs et charpente), « arentelles » ou toiles d'araignées ne manquant pas, était revêtue tout autour avec des draps bien blancs, bien lourds et aussi bien rugueux (mais d'un long service), sortant de l'armoire de la fermière. Toutes les fermières d'alors mettaient leur orgueil à posséder le plus de linge posible en bonne toile de façon.

Ces draps, tendus sur les murs et épinglés les uns aux autres, faisaient apparaître la salle gaie et propre. D'autres draps étaient tendus au-dessus de la table des mariés pour former une voûte donnant l'illusion d'un plafond. C'était à cette voûte que l'on suspendait les couronnes à triple étage faites par les jeunes filles.

Tous ces draps étaient décorés avec des fleurs de papier fabriquées par les jeunes gens et jeunes filles qui les y épinglaient. Toute cette jeunesse passait, croyez-moi, de bons moments.

La barrique et le casse-croûte étaient constamment à la disposition de ces travailleurs bénévoles.

Voilà pour la « salle ». Mais il faut passablement de nourriture pour recevoir cent, cent-cinquante ou deux cents personnes pendant au moins deux jours.

Comme souvent cela se passait dans une ferme, le bétail et la basse-cour étaient mis à contribution.

Il y avait d'abord les poulets, lapins, dindons, que la fermière avait élevés en plus grand nombre en prévision du mariage ; il y avait aussi les œufs pour la crème « fouettée » que l'on trouvait toujours à la fin du repas.

Pour l'hécatombe et la préparation de toutes ces victimes les voisines venaient aider à plumer et apprêter tout cela.

De son côté, le fermier, lui, avait à fournir un ou deux veaux, porc et mouton pour cette occasion ; le boucher venait les tuer et préparer les rôtis selon les besoins.

 

 

 

==> Vendée Tradition de mariage - la danse du tabouret - la goulée d'ev de Vouvant

==> Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU )

 

Publicité
Commentaires
PHystorique- Les Portes du Temps
Publicité
Publicité