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PHystorique- Les Portes du Temps
23 mars 2022

Une charte méconnue d’Adémar Taillefer comte d’Angoulême

Le dernier des Taillefers fut Audomar ou Aymac. « Il fut héritier des querelles de son père pour le party de la France contre l'Anglois, dont il eut beaucoup à souffrir de son temps; combien que Philippes, roy de France, lui tint la main, si ne pouvoit-il faire qu'il ne se sentist bien souvent du voisinage d'un tel et si puissant ennemi (1). »

J'ai trouvé aux Archives du Royaume un traité d'alliance entre Philippe-Auguste et Audomar.

Comme je pense que cette charte curieuse est inédite, je la publie d'autant plus volontiers que c'est le plus ancien monument autographe de notre histoire d'Angoumois (2).

canvas

Elle est scellée d'un sceau de cire blanche brisé (Voy. planches des Sceaux, nos 1 et 2).

J'attache une grande importance à la découverte de ce sceau, parce qu'il me donne l'écusson original des Taillefers.

 

Le sceau représente Audomar sur un cheval lancé au galop, avec cette légende : …. coMITIS ENGVOLlM…., qui devait être + s. AVDOMARI COMITIS ENGVOLIME.

Le contre-sceau porte l'écu losangé avec cette légende : SECRETVM….. (3)

 

Audomar n'eut qu'une fille appelée Ysabel, « qui fut une des plus belles dames de son temps,  et fort requise en mariage par les seigneurs du  païs, mesmes par Hugues X de Lusignan, comte  de la Marche, auquel elle fut promise et fiancée.

« L'an mil deux cens mourut Richard, roy  d'Angleterre, et luy succéda Jean-sans-Terre, son frère, qui aiant assez affaire ailleurs, feit semblant pour le coup de vouloir vivre en paix avecques le comte et ses partisans, et se  reconcilia aucunement avecq'eux : mais cela ne dura guères; car l'an mil deux cens deux, voulant Aymar accomplir les nopces de sa fille avecques le comte Hugues, et pour honorer la feste ayant invité tous ceux de son lignage et le roy d'Angleterre mesmes, qui se tenoit à Bourdeaux, comme aussi le comte de la Marche s'estoit accompagné grandement de ses parens et amys, adveint que l'Anglois, qui avoit quelques jours auparavant répudié sa femme, fille au comte de Glocestre, et estoit venu à ceste feste à grand puissance d'hommes armez, ravit à Hugues sa fiancée et la print pour luy :  spectacle tragique et scandale le plus grand qui jamais adveint en Engoumois.

Les historiens racomptent cecy diversement.

 La Chronique de France dict que Jean fut adverty que la fiancée estoit en un chasteau et la ravit.

Celle d'Angleterre taise ce ravissement, et au contraire escript que la chose se feit du consentement du père, et par les menées et pratiques du roy de France, qui n'est croyable attendu les différens entre le roy Jean et le comte Aymar.

Celle de Flandres descript le faict par le menu et plus vray semblablement, car elle dict que Jean fut prié de mener la mariée au moustier. Et quant ils furent devant l'évesque qui les devoit espouser, le roy Jean lui dist : « Espouse moy ceste dame, car je la veuil avoir à femme ; et conveint que l'évesque les espousast, n'ausant aucuns résister à la volonté du roy, qui emmena quant et quant son espousée à Bourdeaux, présent, et voyant son fiancé, Geoffré comte de Lesignan son frère, Robert comte d'Alençon, et plusieurs autres grandz seigneurs lignagiers des parties, qui ne dancèrent point à la feste (4). »

On peut voir l'histoire de cette fière Ysabel dans une intéressante notice publiée par M. Eusèbe Castaigne (5).

(Tour Mélusine Château Lusignan, Isabelle Taillefer d'Angoulême et Hugues Lusignan comte de la Marche)

Après la mort de Jean-sans-Terre, Ysabel se maria avec Hugues de Lesignan, son premier fiancé, et apporta le comté d'Angoulême dans cette maison déjà si puissante.

L'orgueilleuse comtesse qui voulut retenir le nom de royne et telle estre appelée, voire par son mary mesmes, ne fut qu'un flambeau de discorde; par les prétentions insolentes qu'elle inspira au faible Lesignan son époux, elle attira sur la tête du comte les plus cruelles humiliations.

Le jeune vainqueur de Taillebourg, généreux encore envers un vassal révolté dont il pouvait confisquer les terres, se contenta de la soumission d'Ysabel et de son mari, et leur rendit les plus importantes parties de leurs vastes possessions.

Depuis cette époque d'abaissement, qui eut son principe dans l'orgueil d'une femme, les destinées de nos comtes deviennent bien vulgaires.

Les quatre Lesignans qui succèdent à Hugues, mari d'Ysabel, se trouvent heureux de vivre en paix dans leurs terres comme d'obscurs vassaux. La royauté grandissait : elle avait reçu son baptême de gloire

 

Statistique monumentale de la Charente / par J.-H. Michon... ; dessins et plans par MM. Zadig Rivaud,... Jules Geynet, de Lafargue Tauzia

 

 

(1) Recueil en forme d'histoire, p. 74.

(2) Ego Aud. Comes Engolismensis notum facio universis ad quos præsens scriptum pervenit quod hec sunt conventiones inter me et dominum meum Philippum illustrem regem Francie, quod propter injurias quas Henricus quondam rex Anglie mihi et Ainardo vicecomiti Lemovicarum fratri meo fecerat.

Veni ad dominum regem et confederatus sum cum eo hoc modo, quod eum omnibus diebus juvabo toto posse meo sicut dominum meum, neque ab eo recedam nisi per eum.

Si autem ipse alii me adjungeret, ille cui me adjunget jurabit mihi super sacro sancta, et lilteras suas patentes exinde mihi dahit quod omnia jura mca sicut pater meus et frater meus Volgrinus ea tenuerunt, ad testimonium proborum hominum terre mihi dimittet in pace.

 Quod si fecerit, bonum est et placet Domino régi. Si autem non faceret. Dominus rex esset mihi in auxilium contrà illum. Quod si ille cui nos adjunget vellet eidem Domino regi in aliquo contraire, ego contra eum essem bona fide domino regi in auxilium omnibus diebus.

De comitatu Marchie faciet mihi Dominus rex rectum in curia sua. Quod ut firmum sit et stabile, presens scriptum sigilli nostri auctoritate jussimus communiri.

Actum apud Anetum anno Domini M. C. XC° nono, mense aprili. (Archiv. du royaume, carton J 270.)

(3) Corlieu, en parlant de Vulgrin I, dit « avoir trouvé en quelques vieilles peintures le blason de ses armoryes qui estoient lozenges d'or et de gueules.»

Resterait à discuter si, en 886, les armoiries étaient déjà en usage, ou si les vieilles peintures dont Corlieu fait mention étaient du temps de Vulgrin, ce qui est l'un et l'autre invraisemblable ; toujours est-il que le sceau publié ici confirme que telles étaient les armes des Taillefers.

(4) Corlieu, Recueil, p. 77, 78.

(5) Not. hist. sur Isabelle d'Angoulême, comtesse-reine. Angoulême, 1836, in-8°. Voy. encore Revue anglo-française, t. II, p. 260. Poitiers, 1834.

 

 

UNE CHARTE MÉCONNUE D'ADÉMAR COMTE D'ANGOULÊME Par Antoine THOMAS.

On conserve aus Archives nacionales, sous la cote P 1369 (1), n° 1750, une charte orijinale, émanée d'un conte d'Angoulême et relative au monastère d'Aubignac (1), dont la date et litijieuse. Bien qe son objet direct soit fort banal, cète charte prant une certaine inportance. dès q'on la place à sa vraie date et q'on la restitue à son véritable auteur, conplètemant méconu jusq'ici, leqel et le conte Adémar d'Angoulême, beau-père de Jan Sans-Tère.

Ele a été concédée à la maison d'Aubignac à une époqe où l'istoire de France et l'istoire d'Angletère sont très anchevêtrées et où, pour s'i reconaître, il faut, d'avanture, prêter qelqe atancion à l'istoire du conté de la Marche. Par suite, il et naturel q'il soit qestion de cète charte dans ce volume ; et il et juste qe ce soit moi qi an parle, ne fût-ce qe pour faire amande onorable d'an avoir mal parlé an 1883, voire plus réçamant, an 1894.

Notre documant, autrefois conservé dans les archives ducales de Moulins, a été signalé pour la première fois au public par Huillard-Bréholles, qi lui a consacré la notice suivante :

Vers 1209. Hugues, comte d'Angoulême, confirme les dons faits au monastère d'Aubigny (sic) par ses prédécesseurs comtes de la Marche et par d'autres. Il le prend sous sa protection et accorde aux moines l'exemption des droits de passage, de vente et d'achat. « Testes sunt W. Abbas de Prato-Benedicto, A. Bruni, senescallus Marchie, B.. de Turribus (2) ».

La date aproximative de 1209, choisie par Huillard-Bréholles, indiqe q'il avait an vue Hugues X de Lusignan et q'il acceptait, les ieus fermés, les douées des auteurs de l’Art de vérifier les dates, lesqels font mourir Hugues IX an 1208, bien qe Léopold Delisle an ût démontré la fausseté, et placé, corne il convient, la mort de Hugues IX an 1219 (3).

An 1883, je publiai le texte intégral de la charte du conte d'Angoulême (4). La partie supérieure gauche du parchemin et andomâjée par des piqûres de ver et léjèremant rognée ; c'êt pourqoi, la lecture des premiers caractères m'ayant paru très épineuse, mon texte comance par des points suivis de « cornes Engolismensis ».

Mais malgré cète prudance paléografiqe, j'ai raisoné corne si j'avais été an présance d'un « Hugo comes Engolismensis » incontestable, et j'ai mis an cause le seul Hugues possible, à savoir Hugues XI de Lusignan, qi prit éfectivemant le titre de conte d'Angoulême antre la mort de sa mère (à Fontevraud,  an oût 1246) et cèle de son père (à Damiète, an juin 1249) : conséqamant, j'ai assigné au documant la date de 1246-1249.

Cète date a été repoussée, an 1893, par M. Gabriel Martin, qi a préféré s'an tenir à cèle de Huillard-Bréholles, pour avoir constaté q'an 1204 l'abé de Prébenoit s'apelait Guillaume, mais sans se croire oblijé de dire qi était cet Hugues, conte d'Angoulême vers 1209 (5). Il pansait probablemant à Hugues IX de Lusignan, conte de la Marche.

An signalant sa manière de voir aus lecteurs des Annales du Midi (6), je me santais anclin à l'aprouver, puisqe je le faisais an ces termes : « Il [M. G. Martin] paraît avoir raison, et la charte acquiert par cela même un intérêt considérable pour la biographie du célèbre Hugues de Lusignan, dont les démêlés avec Jean sans Terre ont eu des résultats si importants pour l'histoire de France (7). »

Mais, en réalité, la qestion doit prandre, pour des raisons paléografiqes, une face toute nouvèle.

Le 11 octobre 1900, j'ai examiné de nouveau, avec plus d'atantion et d'expériance, l'orijinal des Archives nacionales ; je viens de le revoir ancore et de le soumètre au contrôle d'archivistes paléografes exercés. Je puis afirmer qe le nom du donateur i et représanté par un A majuscule suivi d'un point avant le mot comes.

Voici d'ailleurs le texte du documant minucieusemant transcrit et collacioné (8) :

[E]go A. comes Engolisiaensis per sigilli mei inpressionem confirmavi donum illud quod predecessores mei comites Marchie

 [f]ecerunt domui Albiniacensi et fratibus ibi Deo servientibus, et spécialiter donum illud quod Raimudus Bueli et h[e]- redes ipsius predicte domui fecerunt. Et eis concedimus perpetuo possidendum quod a casatis et clientibus nostris  [acqui]rere poterant. Et predictam dormun cum omnibus pertinenciis suis in proteccionem meam recipio. Preterea conce[di] eis liberum transsitum per omnem meam terram, ut videlicet inmunes transseant ab omnium exaccione consuetudi-  num que soient exigi a transseuntibus, vendentibus aut ementibus. Hujus doni et confirmacionis testes sunt : W.| abbas de Prato Benedicto (9), A; Bruni senescallws Marchie, R. de Turritms.

Il ne peut subsister aucun doute sur l'idantité du conte d'Angoulême de qi émane notre charte, du momant qe nous avons l'iniciale de son nom : il s'ajit d'Adémar (ou Aimar, come on l'apelait vulgairemant), le dernier survivant des fis du conte Guillaume IV ; par le fait même, la charte et antérieure au 16 juin 1202, date précise de la mort, à Limojes, du conte Adémar (10).

Et l'on et amené à se demander à qel titre ce conte d'Angoulême a pu se croire autorisé à confirmer la donacion faite à l'abayie d'Aubignac, située sur le téritoire du conté de la Marche, par ses prédécesseurs « les contes de la Marche », donacion dont le souvenir, à défaut de l'acte orijinal, nous a été conservé ailleurs (11).

Il et bien établi q'Adémar croyait avoir des droits sur le conté de la Marche, vandu au roi Hanri II, au mois de déçanbre 1177, par le dernier des contes de la Marche de la maison de Charou (12), Aldebert ou Audebert (13).

Dans l'aliance q'il contracta avec Filipe Auguste, à Anet, an avril 1199, au landemain de la mort de Richard Coeur-de-Lion, le conte d'Angoulême inséra cete clause : « De comitatu Marchie faciet michi dominus rex rectum in curia sua. (14)»

Mais le roi de France ne sut rien faire pour lui doner satisfaccion, et le conté de la Marche lui échapa.

 

Plus audacieus, un autre prétandant, Hugues IX de Lusignan, dont un ancêtre s'était aussi alié à l'anciène famille contale (15), mit la main, an cète même anée 1199, sur le conté litijieus et s'an fit reconaître la possession par la vieille Aliénor et par Jan Sans-Tère (16).

Déçu du côté français, Adémar ut une invraisanblable conpansacion du côté anglais.

Sa fille Isabel, destinée d'abord à épouser Hugues de Lusignan, devint reine d'Angletère, à la fin d'oût 1200, par un de ces jeus de l'amour et de la politiqe dont il serait téméraire de prétandre démêler le subtil entrelacemant. M. P. Boissonnade, auteur d'une bone tèse latine sur les contes d'Angoulême (17), a suposé qe le roi Jan, au montant même de son contrat de mariaje, avait atribué le conté de la Marche à son nouveau beau-père (18).

M. Alfred Richard estime, come M. Boissonnade, qe le roi d'Angletère a an effet doné la Marche à Adémar, mais il reporte cet acte au 8 mars 1201 (19). Le documant visé ne conporte pas du tout l'interprétation q'on lui prête : il dit même le contraire de ce q'on veut lui faire dire.

 

Mais d'abord, voici le texte, dont nous préciserons ansuite la signification :

Johannes Dei gracia, etc., fidelibus suis baronibus, militibus clericis, burgensibus et imiversis de comité Marchie tenentibus, salutem.

Mandamus vobis et vos summonemus quod veniatis ad servicium nostrum et faciatis nobis id quod facere consuevistis antecessoribtis nostris, et credatis hiis que dominus Burdegalensis (20) et dominus Xanctonensis (21) et comes Engolismensis et frater Petrus de Vernolio (22) et G. de Cella senescallus noster (23) vobis dicent ex parte nostra. Et si dominus Xanctonensis et senescallus noster adesse non possint, nichilominus credatis hiis que vobis dicent predicti dominus Burdegalensis et comes Engolismensis et frater Petrus de Vernolio. Teste me ipso apud Bollesores (24), VIII die marcii (25).

Nous avons là un apel direct de service féodal aus populacions du conté de la Marche, et an même tanps une lètre de créance pour cinq comissaires (dont trois seulemant sont déclarés indispansables à l'exécution de la comission), lesqels doivent doner des explicacions orales à ceus auprès de qi on les acrédite : l'un de ces comissaires indispansables et le conte d'Angoulême.

Au momant où Jan Sans-Tère expédie cète comission, il et clair q'il considère Hugues de Lusignan come ayant violé le sermant d'omaje fait solanèlemant le 28 janvier 1200, q'il confisqe le conté de la Marche, et q'il le remet an sa main royale, come il avait été naguère dans cèle de ses prédécesseurs Richard et Hanri.

Le conte d'Angoulême et un des comissaires charjés de la prise de possession du conté de la Marche, au même titre qe l'àrchevêqe de Bordeaus et autres, rien de plus.

Ainsi qe je l'ai rapelé plus haut, le conte Adémar mourut, à Limojes, le 16 juin 1202.

Le sénéchal de Poitou (Raoul de Turnham) se rendit aussitôt au Mans, pour informer le roi Jan de cet événemant, et il an repartit, peu après, muni de la lètre suivante :

Rex, etc., universis per comitatus Engolismensem et Marchie et alias terras que fuerunt comitis Engolismensis constitutis, salutem. Grates vobis referimus multipliées super hoc quod negociis nostris promovendis, secundum quod senescallus noster Pictavensis nobis ostendit, tam liberaliter et bénigne intendistis. Et ideo vobis mandamus quod credatis et faciatis ea que idem senescallus vobis dicet ex parte nostra. Teste me ipso [apud] Cenomannis, xxm die junii (26).

Il et remarqable qe, dans ce documant, le conté de la Marche et mis sur le même plan qe « le conté d'Angoulême et les autres tères qi furent du conte d'Angoulême. »

Il sanble permis d'an conclure qe, depuis le 8 mars 1201, il s'était produit un chanjemant dans la politiqe du roi Jan et q'il s'était décidé à céder le conté de la Marche, à titre de fief, au conte d'Angoulême.

Il et étranje, cepandant, q'un acte de cète inportance n'ait laissé aucune trace dans les Rotuli de la Tour de Londres. Et dans l'incertitude où nous somes au sujet de l'existance de cet acte, la charte concédée par Adémar à l'abayie d'Aubignac peut nous inspirer d'utiles réflexions, étant doné q'il et plus qe vraisenblable qe la date an doit être placée an deçà de mars 1201.

Nous i voyons le conte d'Angoulême ajir éfectivemant come s'il était conte de la Marche.

Parmi les témoins, figure A. Brun, qalifié sénéchal de la Marche, personaje conu d'ailleurs, mais q'aucun autre documant ne mancione avec ce titre, et qi nous aparaît, dans cète fonction, come une créature du conte Adémar (27)

 Pourtant Adémar ne prant pas le titre de « conte de la Marche » come celui de « conte d'Angoulême ». Pourquoi, sinon parceqe ce titre ne lui a pas été conféré par le suzerain, parceq'il et sinplemant le gardien et l'administrateur du conté confisqé sur Hugues de Lusignan ?

 Toutefois, se prévalant vis-à-vis de son jandre le roi d'Angletère des droits éréditaires q'il avait invoqés naguère an s'aliant au roi de France, on constate q'il ne craint pas, an fait, d'outrepasser ses pouvoirs, et q'il s'éforce, par un acte de politiqe intérieure, de hâter le momant où le suzerain sera obligé de le reconaître corne le propriétaire féodal du conté remis antre ses mains à titre provisoire.

Cète reconaissance a-t-èle u heu réèlemant, come porterait à le croire l'interprétation litérale du documant du 23 juin 1202 reproduit ci-dessus ? Il et permis d'an douter, du momant qe les rejistres de la chancèlerie de Jan Sans-Tère n'ont pas conservé trace d'un acte aussi inportant.

Une fois le conte d'Angoulême mort, il n'i avait aucun intérêt, surtout dans une sinple lètre de remerciemants et de créance, come et le documant an qestion, à rapeler q'il tenait à titres diférants l'Angoumois et la Marche. Et d'ailleurs le défunt n'i et qalifié qe de conte d'Angoulême, ce qi sufit, il me sanble, pour établir q'il n'avait pas été reconu pour conte de la Marche au sans féodal du mot (28).

 

 

 

CHARTE D'ADÉMAR TAILLEFER,.  COMTE D'ANGOULÊME,

Concernant les libertés et immunités de l'Abbaye de La Couronne.

(Sans date.)

Ego Ademarus Dei gratia comes Engolismensis, fitiusW(30) Caedentis Ferrum et frater Wlgrini comitis, notum fieri volo omnibus praesentibus et futuris fidelibus et cunctis haeredibus ac successoribus meis in perpetuum, quod ego in tota domo de Corona vel in membris ejus, ecclesiis videlicet aut grangiis, aliquam exactionem sive consuetudinem de jure non habeo nec debeo habere ; immo vere profiteor dictam Ecclesiam cum suis pertinentiis a me et a cunctis comitibus Engotismensibus debere esse liberam et immunem ; ita quod dominium, sive servitium aut procurationem, vel aliam quamlibet exactionem ibi prorsus non habeamus, nec fratribus dictae domus contra voluntatem ipsorum quicquam agere vel imponere debeamus.

Hoc in veritate ita esse recognovi et confirmavi, atque ad majorem evidentiam et certitudinem, cartulam istam, quas hujus meae recognitionis continet veritatem, sigilli mei feci auctoritate muniri (29).

 

 

Documents historiques sur l'Angoumois. 1e partie / publ. sous les auspices et par les soins de la Société archéologique et historique de la Charente Gervais, Jean (1668-1733)

 

 

 

 

Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU ) <==.... ....==> Sceau d’Hugues X de Lusignan, d’ Isabelle d'Angoulême et famille

 

 

De Chalus à Fontevraud, le cortège de la dépouille royale de Richard Cœur de Lion (avril 1199)  <==

 

 


 

Aymar II Taillefer né vers 1160 et décédé à Limoges le 16 juin 1202, fut comte d'Angoulême vers 1186 jusqu'à sa mort en 1202.

(1). Ce monastère doit une certaine notoriété au litérateur François Hédelin, qi le tint an comande de 1637 à 1642 et qi et jénéralemant conu sous le nom d'Abé d'Aubignac. Ce n'êt plus aujourdui q'un hameau où deus maisons seulemant voisinent avec les ruines de l'anciène abayie, cne de Saint-Sébastien, com. de Dun-le Paleteau (Creuse), jadis dans la Haute-Marche et dans le diocèse de Bourjes. M. H. Delannoy lui a consacré deus bons mémoires : Liste des abbés d'Aubignac (dans Mém. de la Soc. des sciences nat. et archéol. de la Creuse, t. XVI, 2» partie, 1908, pp. 78-99) et L'Abbaye d'Aubignac (dans Mémoires cités, t. XVII, 1909, pp. 7-60). Dans le dernier, ayant à mancioner notre charte (p. 10), il accepte sans la discuter la date qe j'ai proposée en 1883 ; cf. Ann. du Midi XXII, 245.

(2). Titres de la maison de Bourbon, t.1 (Paris, 1867), p. 14, n» 55. La charte orijinale et aconpagnèe d'une cote rédijée au XVII» ou au XVIIIe siècle à la Chambre des Comptes de Paris et ainsi conçue : « Le comte d'Angoulesme confirme le don fait par ses ancestres à la maison Aubignyarent (sic) et aux religieux dudit lieu. » An suposant qe le documant émanait d'un conte nomé Hugues, Huillard-Bréholles se rancontrait sans s'an douter avec un ancien copiste dont la copie, aujourdui perdue, et ainsi analisée dans un invantaire du milieu du XVe siècle : « Une autre coppie, collacionnée comme dessus, l'original d'icelle non dacté, par laquelle appert que Hugues conte d'Angoulesme conferme le don que ses prédécesseurs contes de la Marche avoient fait a l'abbaye d'Aubigne (sic), et mesmement le don que Raymond Vuch (sic) leur fist, par lequel il mist lad. abbaye en sa proteccion, et que les hommes d'icelle abbaye puissent aller et venir par lad. abbaye (sic) sans payer aucun tribut, lad. coppie cocte[e] H. » (Bibl. nac, fr. 18961). Cet invantaire a pour titre : « Extraict des lectres produictes par Monsr de Castres [Jaqes d'Armagnac] et Madame sa mère [Eléonor de Bourbon], deffendeurs, contre Monsr le conte de Vendosme. [Jan de Bourbon] demandeur. » Au dos se trouve l'indicacion suivante : « Pappiers hostez du sac du procès de Marche... parce qu'ilz ne servoyent de riens, audit sac. »

(3). Bibl. de l'École des chartes, 4° série, t. II (1855-6), p. 538, app. II du « Mémoire sur une lettre inédite adressée à la reine Blanche par un habitant de la Rochelle ».

(4). Documents historiques... concernant principalement la Marche et le Limousin, p.p. Alfred Leroux, Emile Molinier et Antoine Thomas (Limoges, 1883), 1.1, p. 171 ; cf. Bul. de la Soc. arch. et hist. du Limousin, XXX (1882), 291.

(5). Mém. de la Soc. des se. nat. et archéol. de la Creuse, VIII, p. 118, n° 2.

(6). Ann. du Midi, VI, 106. J'aurais dû faire remarquer qu'un segond Guillaume aparait come abé de Prébenoit an 1236, et q'on ne sait rien antre cète date et cèle de 1260, où l'on trouve mancioné l'abé Pière, de sorte q'il se peut qe l'abé Guillaume II ait été à la tête de l’abayie antre 1246 et 1249.

(7). Ce qe j'ai dit a ce propos a été réinprimé, à mon insu, dans le Bibliophile limousin de 1905, p. -128.

(8). J'inprime an italiqes les lètres qi résolvent les abréviacions du scribe, et je place antre crochets cèles qi correspondent aus parties du parchemin anlevées par le rognoir au comancemant et à la fin de qelqes lignes.

A noter que l'orijinal, dont les dimansions sont de 0°,08 à 0m,09 de haut sur 0m,198 à 0m,200 de larje, ne conprant qe set lignes, et qe le seau a disparu.

Cf. la cote rêdijée à Moulins même, sous François I, lorsqe le documant avait ancore son seau, par Jaqes Luillier (Arch. nac, PP 37 B, fol. 208 v°) : « Une lectre scellée en cire jaulne, en laquelle n'y a aucune dacte, par laquelle A. conte d'Angoulesme a confermé le don que ses predeccesséurs contes de la Marche ont faict a la maison Albiniaren. (sic) et aux religieus du dict lieu. » J'ajoute qe l'écriture de la charte dénote franchemant le début duXIIIe siècle.

(9). Prébenoit, cne de Bêtète, con de Chàtelus-Malvaleix, arr. de Boussac (Creuse),

(10). Pour ces dates, voir l'article de M. P. Boissonnade, Les comtes d'Angoulême..., dans Ann. du Midi, t. VII (1895), p. 281 et 283.

(11). Analises d'un acte perdu du conte Aldebert, daté de 1172, Bibl. nac. fr. 18961 (xv° siècle) et Baluze 200, fol. 46 (de la main du célèbre érudit), d'après un vidimus du 14 février 1278.

(12). Charroux, d'après la grade oficièle, chef-lieu de canton de la Viène, an latin Carrofum, berceau des premiers contes de la Marche.

(13). Voir l'acte de vante, passé au monastère de Grandmont, dans Dom Bouquet, XIII, 173, note. Ces droits, très contestables, paraissent venir du mariaje de Vulgrin, aïeul d'Adémar, avec Ponce, fille de la contesse de la Marche Adalmod et de Rojer de Montgomeri. Cet par erreur que M. Alfred Richard (Hist. des comtes de Poitou, II, 203) représante Audebert come « ayant révoqué, en 1180, la cession qu'il avait faite de son comté de la Marche au roi d'Angleterre ».

(14). Texte publié par Teulet, Layettes du Trésor des Chartes, t. 1, p. 201, n» 294.

(15) Mariaje de Hugues V et d'Adalmod, fille du conte Bernard.

(16). Alfred Richard, Hist. des comtes de Poitou, II, 366 et 367. Au témoignaje d'Aubri de Trois-Fontaines, seul invoqê par l'auteur, s'ajoute celui de Bernard Hier, qi a été cité plus d'une fois : « Hugo de Lezina comitatum de Marcha arripuit » (Chron. de Saint-Martial, p. p. Duplès-Agier, p. 66).

(17). Quomodocomités Engolismenses..., Angoulème, 1890 ; cf. Ann. du Midi, V, 511 et ss.

(18). Op. laud., p. 12 : « Rex Angliae Ademaro comitatum Marchiae tribuisse videtur. »

(19). Hist. des comtes de Poitou, II, 384-5 : « Par cet acte, le roi d'Angleterre reprenait purement et simplement la parole qu'il avait donnée à Hugues le Brun, et, comme complément, il mettait la Marche sous la domination du comte d'Angoulême, dont la puissance se trouvait doublée. »

(20). Élie de Malemort, archevêqe de Bordeaus de 1188 à 1207.

(21). Hanri, dont on ignore le nom de famille, évêque de Saintes depuis 1189; il résigna son êvèché en 1217 (Eubel, Hierarch. cathol., I, 569).

(22). Ce religieus, vraisanblablemant d'orijine normande, fut un des ajants les plus actifs de Jan Sans-Tère (Richard, op. laud., II, 368, 375, 3S4, 392, 412, 425, 432, 440, 445, 447).

(23). Jofroi de la Cèle, sénéchal de Poitou du 22 février 1200 au 27 juillet 1201, mort peu après cète dernière date (Richard, op. laud., II, 268, 300-3, etc.)

(24). Bolsover, dans le Derbyshire.

(25). Thomas Duffus Hardy, Roluli chartarum in Turri Londinensi asservati, Londres, 1837, p. 102». Je résous les abrôviacions, qi ne présantent rien de douteus.

(26). Th. D. Hardy, Rotuli litterarum patentium..., Londres, 1835, p. 13, 1" col., 4e année du roi Jan.

(27). Il et plus qe probable, an éfet, q'il s'ajit d'Aimeri Brun, riche seigneur à qi l'on doit la fondacion du prieuré de Tavaus (Altasvalles) et la construccion du château de Montbrun, comune de Dournazac (Haule-Viène), le tout sur les confins de l'Angoumois; voir Bul. de la Soc. arch. et hist. du Limousin, XXXI (4883), p. 28; cf. l'art. BRUNI du Nobiliaire de la généralité de Limoges de l'abé J. Nadaud, où Aimeri Brun et doné, bien à tort, come se ratachant à la famille de Lusignan. Ce seigneur fut tué au sièje de La Roche-au-Moine (juin 1214), elle roi Jan se préocupa avec beaucoup de sollicitude de sa succession ; voir notamant Rotuli litlerarum patentium, pp. 117, 2° col. et 119, 2» col., juin-juillet 1214. ==> 1199 Pierre Brun, seigneur de Montbrun dirigeait avec le chevalier Pierre Basile la garnison de Châlus

==> 1214 Bataille de la Roche-aux-Moines entre le Capétien Louis IX et Jean sans Terre Plantagenêt (Time Travel)

(28). Les Rotuli litlerarum patentium contiènent, à la p. 28a, un sauf-conduit dont l'adrèce et ainsi libellée : « Rex, etc., A. Com. Engol. etc. », et dont la date et la suivante : « Anno regni nostri quarto. Teste G. de Fornivall., apud Sanctum Ebrulfum, XXII die marcii. »

Or, à la date indiqée (22 mars 1203), le conte d'Angoulême Aymar et Adémar V de Limoges était mort peut-être assassiné par Philippe de Faulconbridge (Philippe Fitz Roy), seigneur de Cognac, fils naturel du défunt roi Richard d'Angleterre depuis plus de neuf mois, et d'ailleurs, depuis sa réconciliacion avec Jan Sans-Tère, un documant de ce janre ne saurait le concerner. Il a dû se produire, sous la plume du scribe qi a transcrit le texte du sauf-conduit, un qiproqo dont je ne m'expliqe pas l'orijine, mais dont l'existance même témoigne du prestije postume de notre personaje dans la chancèlerie anglaise.

 

(29) H. 457. Charte originale sur parchemin hauteur 12 c., largeur 23 c. Le sceau manque.

Boutroys, qui a transcrit cette charte d'une manière inexacte, prétend (Histoire de l’Eglise de La Couronne, copie ms. de 1640, fol. 58) que Corlieu s'est trompé en faisant Adémar fils de Guillaume IV, et il le croit fils de Wlgrin III et frère d'un prétendu Wlgrin IV, comte de la création de ce triste compilateur; mais son raisonnement n'est fondé que sur une fausse lecture de la suscription de la charte, où les mots filius Wi ( filius Willelmi) ont été interprétés par filius Wlgrini. Le même écrivain nous assure encore avoir vu une charte de Wlgrin III, de l'an 1163, où il se qualifie de comte d'Angoulême, bien qu'il soit certain que son père Guillaume IV ne soit décédé qu'en 1177: c'est une nouvelle erreur, causée par la même fausse lecture; Boutroys a vu dans le commencement de la pièce l'abréviation Wmus, et il l'a rendue par Wlgrinus.

Dans une charte originale de Robbertus, archidiacre de Saintes, datée mensi octobri anno Domini M°. CC°. quinquagesimo primo, on relate, ou plutôt on transcrit littéralement, une autre charte sans date, par laquelle Adémar, comte d'Angoulême, avait donné à l'abbaye de La Couronne quicquid habebat in toto mesuratgio bladi de Archiaco, etc. (H. 439).

 

 

 

 

 

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