Charte de Guillaume V, duc d’Aquitaine d’un don à l’abbaye de Cluny de monnaie gauloise Pictone de Niort

Le Spicilegium (2.e édit., t. III, p. 413) contient une charte de Guillaume V, dit le Grand, duc d'Aquitaine, sans date et sans signe numérique attaché au nom de Guillaume.

Ce prince donne aux Clunistes la monnaie de Niort. Après un préambule pieux et solennel.

Cette charte est revêtue des signatures de Guillaume, d'Agnès de Bourgogne, sa femme, et de leurs deux fils Guillaume VII d'Aquitaine et Odon (1).

Donc elle est de Guillaume V, dit le Grand, qui fut en effet l'époux d'Agnès et le père de Guillaume et Odon qui régnèrent successivement après lui. (Tabl. hist. t. II, p. 271.)

GUILLELMI Ducis Aquitaniae Monetam de Niort tribuit Cluniacensibus Monachis.

Guillaume, duc d'Aquitaine, accorda Moneta de Niort aux moines clunisiens.

Divina miseratione provisum est humanae fragilitati, ut de terrenis et transitoriis coelestia mercentur et fine fine mansura.

Quod ego WILLELMUS Aquitanorum Princeps et Dux perpendens, enormitatemque meorum peccaminum fedula meditatione revolvens, ex his quae mihi divina munificentia largiri dignita est, dono Deo et sanctis ejus Apostolis Petro et Paulo ad locum Cluniacum, pro salute mea et Agnetis uxoris mea, et filiorum meorum Willelmi et Odonis, omniumque parentum et fidelium nostrorum, ut Dominus pro sua pictave intercedentibus Sanctis suis concedat nobis veniam omnium delictorum, et annumerate dignitur in focietatem electorum suorum.

Par la miséricorde de Dieu, il a pourvu à la fragilité humaine, qu'il est embauché des choses terrestres et transitoires et célestes, et endurera jusqu'à la fin.

Que moi Guillaume, prince et duc d'Aquitaine, considérant et réfléchissant sur l'énormité de mes péchés, par la méditation sur ceux-ci, de ces choses qu'il était digne de m'accorder par la générosité divine, comme un don à Dieu et à sa sainte apôtres Pierre et Paul au lieu de Cluny, pour le salut de ma femme Agnès, ma femme et mes fils, Guillaume et Odon, et tous nos parents et croyants, que le Seigneur, par l'intercession de ses saints, nous accorde pardonnez tous ses péchés, et soyez digne d'être compté parmi le fourrage de ses élus.

 Est autem moneta de Niort quam dono, et de mea potcitate in S. Petri ditionem ac Monachorum Cluniacensium transfundo, ea convenientia, ut memoria mei memorato loco, et in omnibus appendenciis ejus perpetualiter teneatur.

Maintenant il y a une pièce de monnaie de Niort que je donne, et que je transfère de ma puissance dans la domination de Saint Pierre et des moines de Cluny, afin que le souvenir de moi mentionné au lieu susdit soit conservé perpétuellement dans toutes ses annexes. .

Si quis autem hanc donationem, sive ego sive aliquis ex heridibus meis, vel successoribus, aut quaelibet introducta persona srustari praesumferit, omnibus maledictionibus subjaceat, et cum diabolo et angelis ejus perpetualiter inferni poenas luat.

Mais si quelqu'un, que ce soit moi ou l'un de mes héritiers ou successeurs, présume que ce don, ou toute personne introduite pour être calomniée, doit être sujet à toutes les malédictions, et avec le diable et ses anges subira le châtiment de l'enfer perpétuellement.

 Donatio autem ista firma et stabilis in aeternum maneat.

Sig. Willelmi qui hanc donationem fecit.

S. Agnetis uxoris ejus.

S. Filiorum suprascripti Principis, Willelmi videlicet et Odonis

Mais que ce don reste ferme et stable pour toujours.

Sig. Guillaume, qui a fait ce don.

S. Agnès sa femme.

S. Des fils du prince nommé ci-dessus, Guillaume et Odon

Guillaume V, duc en 993, se fit religieux à Maillezais, où il mourut le 31 janvier 1026, laissant, pendant la minorité de son fils ainé Guillaume, la régence du duché à sa femme Agnès.

Agnès, à son tour, dans une charte que Mabillon rapporte à l'année 1005 (Ann. Ben., t. IV, p. 183), donne à Cluny la monnaie de St.-Jean-d'Angély et celle de Mongon, au diocèse de Poitiers.

Enfin, Guillaume VI, le Gros, devenu majeur et investi de son duché, confirme avec joie et empressement aux Clunistes ces donations faites par son père et sa mère : Ego Willelmus… confirmo et stabilio monctam Engeriacensem et Niortensem ac perpetualiter Cluniacensi Ecclesiae… stabiliendo contrado, etc… (Cart. De Cluny, Mss. C.)

NOIORDO. — Niort.

L’origine de Niort, Noiordum Vicus, remonterait à la seconde période des temps celtiques, d’après B. Fillon, A. Briquet date du IV e siècle son occupation par les Teïfales.

Son nom primitif a dû être Noverogus, selon Maty (Niortuni olim Noverogus, dans une note insérée à la suite du Dictionnaire géographique universel traduit de Baudrant).

Noiordum, d’après B. Fillon, qui pense que cette forme est une altération de Novioritum, véritable étymologie du nom de Niort. Devint plus tard, le pagus Niortensis qui s’appela depuis Niort, dont la traduction latine est Niortum.

Il est certain que Bessiacum, aujourd’hui faubourg de Niort sur la rive droite de la Sèvre, existait à l’époque gallo-romaine, ainsi que le prouvent les nombreuses découvertes faites à diverses époques de monnaies gauloises des Pictons, des Santons, des Cambolectri, de monnaies romaines d’Auguste et de Tibère au type de l’autel de Lyon, d’Auguste et d’Agrippa, colonie de Nîmes, de Néron, de Trajan, d’Antonin et de Constantin, ainsi qu’un tiers de sol d’or de Dagobert, qui est au musée de Niort, et un triens sur lequel sont réunis le nom de l’empereur Justin et celui du roi Clotaire.

 Ce triens fait partie du Cabinet national des médailles (2).

LEODASTES.

73. +- NIORDO vic. Buste diadème, à droite. Epaule en double arc échelonné, contenant une étoile.

Rf. -+- LEODASTE. Croix latine pattée, cantonnée de quatre étoiles, sur deux degrés. Traces de guirlandes au pourtour. T. de s. l g 40

Cab. de France. — Orig. d’Amécourt. — B. Fillon, Lettre à M. Gouget, archiviste des Deux-Sèvres, sur un tiers de sou d'or mérovingien frappé à Niort, vignette. — P. d’Amécourt, Essai, p. 8; Cenomannicum, p. 33, n° 41 et p. 246, n° 160, fîg. — A. de Barthélemy, Instructions, p. 42, 1-8, — A. de Belfort, Monn. mérov., n° 3215, fig. — Prou, Inv., n° 625; Catal. n° 2331, pl. xxxn, n° 26. — Engel et Serrure, Traité, t. I, p. 138.

SANCTVS GILASIVS. - Saint-Gelais.

Saint-Gelais, chef-lieu de commune du canton de Niort, sur la Sèvre, a une origine celtique; Les noms de Grand-Luc et de Petit-Luc, donnés à une ferme et à un hameau de la commune de Saint-Gelais le prouvent.

La Grange-Saint-Gelais indique probablement un bien d’église dont l’origine pourrait être un défrichement.

Son premier château, qui était fortifié, était bâti dans une île à cheval sur le passage de la Sèvre qu’il était chargé de surveiller (3). La construction de son église remonte, d’après un texte, au premier quart du XIIe siècle; à cette date, Saint-Gelais était un prieuré de l’ordre de Cluny (4).

A. Véry.

 

CHRONIQUE ARCHÉOLOGIQUE

Numismatique. —

 J’ai acquis tout récemment une monnaie gauloise des Pictones qui a été trouvée près de Niort, et dont voici la description :

Tête à droite, les cheveux divisés en grosses mèches.

R. Cavalier ailé en marche à droite; dessous fleuron, un point dans le lobe supérieur. — Drachme, argent, 3 g. 05.

Cab. de France. — Musée de Niort. — Ma collection.

Quoique au même type, celte monnaie offre un grand nombre de variétés de coins. Lecointre-Dupont, dans son Essai sur les Monnaies frappées en Poitou, ne fait pas mention de cette monnaie, qui se trouve assez communément dans les environs de Niort, et qui était désignée en Poitou sous le nom de pièces aux lunettes, à cause du fleuron composé de trois demi cercles, qui ligure sous le cheval, ainsi que le constate le Dictionnaire archéologique des Gaules.

Des monnaies exactement semblables ont été découvertes en nombre sur plusieurs points du territoire Picton, savoir :

390 à Vouillé (Deux-Sèvres), en 1851 (5).

150 à Saint-Pompain , près Coulonges-sur-l’Autise (Deux-Sèvres), en 1847 (6).

326 à Poitiers (Vienne), en 1852 (7). 124 à Vernon (Vienne), en 1874 (8).

225 à Villeneuve-la-Comtesse (Charente-Inférieure), en 1882 (9).

Des exemplaires ont été trouvés isolément à différentes époques, à Faye-l’Abbesse (Deux-Sèvres), à Niort (Deux-Sèvres) et à Vendeuvre (Vienne) .

Les trésors de Vouillé, de Saint-Pompain et de Villeneuve-la- Comtesse étaient exclusivement composés de monnaies de ce type. Ces trouvailles successives, toutes exhumées du sol du Poitou, prouvent que ces drachmes y ont été frappées et étaient la monnaie autonome ou courante du pays à l’époque gauloise.

Véry.

Revue poitevine et saintongeaise : histoire, archéologie, beaux-arts et littérature... / rédacteur en chef Jos. Berthelé

==> Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU )

 ==>Origine du pagus niortensis ( Niort )

==> La fondation de l’Abbaye de Cluny ; En 910, le duc d’Aquitaine et comte d’Auvergne Guillaume Ier dit le Pieux

 ==> Gisants des ducs d’Aquitaine inhumés à l’abbaye de Maillezais, Guillaume VI – Eudes - Guillaume le Grand

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(1)          Odon, Othon  ou Eudes de Poitiers ou Eudes d'Aquitaine ( mort en 1039) est duc de Gascogne en 1032, et comte de Poitiers et duc d'Aquitaine en 1038.)

(2) B. Fillon, Lettre à M. Gouget. — E. Breuillac, Monnaies gauloises et romaines trouvées à Niort, dans le Bulletin de la Société de statistique des Deux-Sèvres, tome v. juillet-septembre 4883.— A. Véry, Découvertes de monnaies au nom d’Atectori, Revue poitevine et saintongeaise, tome v, 1888, p 369; Trouvaille de monnaies gauloises à Niort, Revue poitevine et saintongeaise, tome x, 1893, p. 330.

(3) Léo Desaivre. Les rives de l’Egrée et la plate-tombe de l’église d’Echiré, dans les Bulletins de la Société de statistique des Deux-Sèvres, t. iii, 1876-1878, pp. 61 et 365.

(4) Jos. Berthelé, Saint-Gelais, dans les Paysages et Monuments du Poitou.

(5) Rondier. Notice sur une monnaie gauloise du Poitou, figures. — Revue num., 1842, p. 76. (6) Rondier, Notice.

(7) Rondier, Notice. — A. de Barthélemy, Etude sur les monnaies gauloises trouvées en Poitou et en Saintonge, dans les Mémoires de la Société des Antiq. de l’Ouest, t. xxxvn. — B. Fillon, op. laud., pl. i, n os 1 et 2. — Rondier, Notice.

(8) A. de Barthélemy, Etude. — Th. Ducrocq, Mémoire sur le trésor de Vernon, p. 8.

 (9) Bardonnet, Découverte de monnaies gauloises dans les environs de Villeneuve-la-Comtesse, dans les Bulletins de la Société de statistique des Deux-Sèvres, t. v, p. 6.