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PHystorique- Les Portes du Temps
24 août 2022

28 au 30 mars 1582 Les conférences de la Mothe-Saint-Héray entre Henri de Navarre et Catherine de Médicis

28 au 30 mars 1582 Les conférences de la Mothe-Saint-Héray entre Henri de Navarre et Catherine de Médicis

S'il n'est pas prouvé que Calvin, traversant le Poitou, et lorsqu'il faisait retentir les bords du Clain des éclats de sa parole ardente (1535), ait abandonné, pour un temps, les grottes de Croutélle et de Saint-Benoit pour venir, au dire d'un historien poitevin (1), prêcher à la Mothe et convertir à ses idées les riverains de la Haute Sèvre, il est établi, par un témoignage contemporain, que « pendant tout le caresme » de l'année 1543, cette petite ville entendit discourir sous ses halles un fougueux zélateur de la nouvelle doctrine, tonnant contre les ministres de l'Eglise et cérémonies d'icelle, exhortant le peuple de non prier les saints ni porter chandelles, et autres plusieurs choses que l'on n'avoit accoustumé prescher (2). »

Ce germe de révolte contre une puissance sociale, semé à l'heure où soufflait sur la contrée un vent de colère et d'indépendance (3) soulevé par les rigueurs excessives avec lesquelles venaient d'être réprimés les troubles provoqués par l'essai d'établissement de la Gabelle en Poitou (4), se développa rapidement au sein d'une population dont les tisserands, les tondeurs de draps, les peigneurs de laine formaient alors l'élément dominant (5) et, dans le quartier de la Ville-Neuve, où ces industries régnaient de préférence, l'on put entendre, rhytmée par le ronflement du rouet et le va-et-vient de la navette, la voix grave des artisans chantant les Psaumes de David, récemment mis en vers par Clément Marot (6).

Mais l'heure vint de ces guerres, dites de religion, au cours desquelles la Mothe fut tour à tour prise et reprise, brûlée, saccagée, tant par les troupes huguenotes que par les armées catholiques.

 Le pays, parcouru en tous sens par leurs bandes qu'aucune autorité ne réfrénait, fut pillé sans merci et pour longtemps réduit à la misère les annales contemporaines en enregistrent le navrant témoignage.

Quelques jours après la bataille de Jarnac (13 mars 1569), un parti huguenot occupait la Mothe.

Attaqués par les catholiques que commandaient le comte du Lude, gouverneur de la province, et le mestre de camp d'Aunoux (7), les protestants se retirèrent au château où ils organisèrent une vigoureuse résistance.

 Mais la vieille forteresse, battue en brèche par une artillerie puissante, tomba bientôt aux mains des gens du roi, « et furent pendus XXXV hommes, qui furent trouvés dedans, pour la témérité d'avoir attendu le canon (8) ». (26 mars.)

Alors, l'exercice du culte catholique était suspendu à la Mothe (9) par contre, le culte réformé était largement pratiqué et, à la Villedieu notamment, le prêche avait lieu tous les dimanches, en présence d'une foule considérable.

Or, « en ce temps (octobre 1572), et quinze jours auparavant, continuellement il y avoit des gens de pied aux bourgs, bourgades et villages voisins de cette ville (Saint-Maixent), mêmement à la Mothe-Saint-Héraie, lesquels ou la plupart d'iceux y pilloient et détroussoient les passants (10) ».

Pour en débarrasser le pays, du Lude, se conformant aux ordres du roi, dût mettre une garnison au château de la Mothe (11), dont le seigneur, Jean de Laval, était tout acquis à la politique de Charles IX (12)..

Les exactions des soudards n'étaient pas les seules épreuves qu'eussent à endurer les campagnes.

L'année 1573 fut particulièrement calamiteuse pour les pauvres gens.

La cherté du pain fut excessive le boisseau de blé valait 60 sous en mai, 4 livres le mois suivant, prix exorbitant (13) Aussi, la misère est-elle générale, et les troubles continuent toujours.

 A la fin de mars 1574, le château de la Mothe, envahi par une troupe huguenote sous les ordres du chevalier des Nouhes (14), fut repris par une compagnie royaliste qui y laissa quelques hommes (1er avril).

Attaquée, le 1er juillet, par les bandes de M. de Chouppes (15), cette petite troupe repoussa l'ennemi, qui y perdit deux des siens (16).

A quelques jours de là, nouvelle alerte « Le dimanche, 18, quelques gentilshommes, accompagnés de soldats, furent, le matin, jusqu'au nombre de 15 ou 16, à la Mothe-Saint-Héraye, où étant cachés en une maison, tuèrent, à coups d'arquebuse, trois de ceux qui gardaient le château, dont l'un était fils du juge de là. Mothe (17), l'autre, neveu du prieur d'Isarnay, l'autre nommé Rougier, des Rivières, et en blessèrent plusieurs (18).  

Le 22, ce sont les remparts de Saint-Maixent dont les huguenots tentent l'escalade et la ville, reprise, retombe en leur pouvoir.

A la nouvelle de ce désastre, l'armée royale descendit en Poitou et se répandit dans nos campagnes.

Le 19 août, « M. de Montpensier se campe à la Mothe-Saint-Héraye," où il fit mener et conduire "onze canons de batterie. Ses troupes étaient au dit lieu, à Exoudun, Goux, Ragnaux, Celles et lieux circonvoisins.

Et fit conduire, le lendemain, six canons à Melle qu'il fit, le dit jour, battre desdits canons, et encore le samedi suivant, 21, jusqu'à huit heures du matin qu'elle fut prise. »

Le 22, « M. le duc est à la Mothe, « retour de Melle » il en repart le 23, « avec son armée où il y avait bien 20,000 personnes, compris le bagage (19). »

 

C'est en ce temps que la baronnie de la Mothe passait aux mains de Louis de Saint-Gelais, seigneur de Lansac et de Cherveux.

 Dès qu'il eut pris possession du domaine, son premier soin fut de restaurer le château et d'en relever les murailles, fortement endommagées par les canonnades furieuses essuyées en ces dernières années.

Lorsque le donjon eut réparé ses brèches et fut prêt à affronter de nouveaux assauts, de Lansac se hâta d'en donner avis au roi à qui le gouverneur de la province demandait instamment l'augmentation des garnisons du Poitou, où les troubles n'avaient cessé de régner.

Malgré l'édit de pacification du 5 octobre 1577, et nonobstant les résultats de la conférence de Nérac (février 1878), les protestants continuaient à s'agiter et cherchaient à s'emparer des villes mal gardées aussi était-il prudent de mettre les places fortes en état de défense, pour parer à tout événement..

Répondant à ces préoccupations, Henri III écrivait à du Lude, le 20 août 1580 :

« M'ayant remonstré, le sieur de Lansac, chevalier de mes ordres, conseiller en mon conseil privé et d'estat, que son château de la Mothe Sainct Héraye en Poitou est fort et de grande importance, pour mon service et pour le repos du pays, d'estre conservé en mon obéissance, et que la garde d'icelluy est de grandz fraiz et despéns, il m'a supplié de vous ordonner, comme je faiz par la présente, que vous advisiez à luy faire payer et entretenir jusques a huict soldatz sous la charge et commandement du capitaine Rivau, qui a la garde du dit chasteau (20). »

 La paix signée à Fleix (novembre 1580) rendit inutiles, alors, ces préparatifs de défense mais, à quelque temps de là, on se souvint, en haut lieu, du château de la Mothe et l'on songea à utiliser la sûreté de son donjon, ainsi que le dévouement, tout acquis, du châtelain à la reine-mère, Catherine de Médicis.

 

Voici dans quelles circonstances :

Au cours de l'année 1581, des tentatives de rapprochement entre les cours de France et de Navarre donnèrent à penser que l'heure de la réconciliation était proche et que, bientôt, un traité établi sur des bases durables rendrait enfin la paix aux populations, avides de repos et de sécurité.

Des négociations furent entamées où, de part et d'autre, on fit preuve de bon vouloir et de dispositions conciliantes.

Mais, pour aboutir, une entrevue s'imposait, dans laquelle seraient dissipés les derniers nuages et débattues les conditions de l'accord.

Après bien des hésitations, entretenues par la méfiance de ses conseillers, le Béarnais accepta de se rencontrer, dans ces intentions, avec Catherine de Médicis, l'habile et infatigable entremetteuse.

Le rendez-vous, fixé par la reine-mère à La Mothe-Saint-Héray, où elle se savait en sûreté sous la protection du seigneur de Lansac, son chevalier d'honneur, eut lieu dès les derniers jours de mars 1582.

Il faut lire, dans la substantielle étude de M. Charles Sauzé (21), cette page d'histoire où notre concitoyen dévoile, avec la précision de détails et la sûreté de documentation dont son érudition est coutumière, les intrigues, les desseins cachés, l'état d'âme des subtils personnages que les nécessités de la politique mettaient en présence.

Il me suffit, en chroniqueur local, de rapporter les scènes épisodiques dont le pays fut le théâtre pendant les quelques jours que durèrent les conférences.

Le roi et la reine de Navarre, qui, depuis peu, étaient à Saint-Maixent, furent avisés, le 26 mars, de l'arrivée prochaine de Catherine de Médicis (22).

« Le mercredi, 28, le roi de Navarre, avec grande troupe, partit d'ici (Saint-Maixent), sur les sept heures du matin, avec quatre ou cinq cents chevaux, y compris ceux qui l'attendaient à la Cueille-Poitevine, pour aller au-devant de la reine-mère, qui avait couché à Sanxay, et furent vers le dit lieu. Mais elle les avoit devancés, au moyen de quoi estant vers Boisgrollier, ils retournèrent vers La Mothe-Saint-Héraye, la rencontrèrent et saluèrent à demie lieue après.

 Et, à la dite rencontre, et presse de chevaux, un jeune laquais fut tué par les chevaux. « La peine de Navarre s'en alla droit d'ici au dit lieu de La Mothe, où elle arriva peu de temps après sa mère.

M. de Lansac donna à dîner au roi de Navarre, à M. le cardinal de Bourbon (23), à M. de Rohan (24), ses oncles, à M. de Matignon (25) en son château de La Mothe, et à plusieurs autres seigneurs.

Et l'après-dîner, la reine-mère, le roi de Navarre et le dit sieur de Rohan furent en un coin de la salle, séparés des autres, où ils parlementèrent par l'espace de deux ou trois heures ensemble, et s'en retournèrent le roi et M. de Rohan au soir ici, où ils arrivèrent environ six à sept heures.

« Le jeudi, 29, le roi de Navarre partit d'ici, dès le matin, vers les six heures, seul avec deux laquais seulement, et s'en vint à La Mothe-Saint-Héraye, où il fut suivi, peu de temps et peu d'heures après, par M. de Rohan et autres seigneurs, où fut parlementé.

Et s'en retourna ici le dit jour, et le lendemain, dès cinq heures, il monta seul à cheval, et s'en alla à La Mothe le grand galop, où il fut suivi une heure après.

 Auquel lieu de La Mothe fut conférence, 30 du dit mois, et y couchèrent le dit seigneur roi et plusieurs seigneurs.

On dit que le roi se plaignoit qu'en son gouvernement de Guyenne il n'estoit obéi (26).

A quoi lui fut répondu que, tenant le parti contraire du roi de France, il ne pouvoit avoir ce qu'il demandoit, qui ne lui seroit refusé s'il se rejoignoit, selon le désir et affection du dit roi de France, et qu'il y avoit incompatibilité d'estre pour et contre la dite Majesté ce qui fut ce dont on parla principalement.

 

«  Le samedi, dernier jour de mars, la reine-mère partit à sept heures du matin, pour s'en aller coucher à Montreuil, près Poitiers, où elle fut conduite par le dit seigneur roi de Navarre, laquelle auparavant, estant saluée par aucuns gentilshommes du dit roi et prenant congé d'elle et lui demandant si elle avoit quelque chose à leur dire, et commander, elle dit qu'oui.

 Et, quelque peu après, elle leur dit ces mots :

 Ce que j'ai à vous dire, c'est que vous perdez le roi de Navarre, mon fils votre maître, et vous-mêmes (27). »

 

 

Itinéraire de Catherine de Médicis

2 janvier  au 6 mars 1582 Paris

14 mars Villesavin

14-15 Chenonceaux.

 

 

 

14 mars 1582

A MON COUSIN

LE SIEUR DE MATIGNON, MARECHAL DE FRANCE.

Mon cousin, j'espère partir jeudy, et voldrès bien trover le roy de Naverre à Champigni (28), mès j'é grent peur de n'avoyr cete comodyté; si luy pouvyés persuader, vous fayriés beaucoup pour moy ; j'é grent envye de vous parler de nostre hembarquement, car le temps aproche et ne le fault retarder. Je ne vous menderé grent letre pour cet coup ; car j'espère vous voyr si tost, que je fayré fin à la présante, remetant le tout à vostre veue. Je prie à Dieu vous conserver.

De Chenonceaulx, cet XIIIle de mars 1582.

Vostre bonne cousine, CATERINE.

 

 

 

 

1582. 15 mars.

Aut. Bibl. nat., Fonds français, n° 3294, P 72.

A MA COUSINE

MADAME DE NEMOURS.

Ma cousine, je suys arivée en cet lyeu, au je suayste le Roy et la Royne et vous plus sayne qu'on puys (29) vous ne étyés, et vous ay bien voleu mender de mes novelles, m'aseurent que serés bien ayse que y soye en bonne santé; car pour vous dyre, depuys que partis de Paris, j'é tousjour eu jeusques anuyt une gren doleur de teste; mès incontinent que je aproché cet bon hayr, et m'est pasaye (30); cela aysté cause qu'au lyeu de troys jour que j'é acoteumé de mestre à y venir, je y enn é mys sept, et avons eu tous jour un froyt extrême, mes ysi, c'èt le printemps, tout y est en fleur.

J'espère aystre venderdy à Champigni, et le Roy et Royne de Naverre à Saint-Mexants.

Vela toutes mes novelles, je vous prie me mender de seles du Roy et de la Royne et dé vostres, que je prie à Dyeu aystre aussi bonnes que je le desire.

De Chenonceaulz, cet  XVme de mars 1582.

Vostre bonne cousine, CATERINE.

 

 

 

16 mars Azay le Rideau

16 mars L’Ile Bouchard.

17 Chenonceaux.

20-26 mars Mirebeau.

28 mars La Motte Saint Héraye.

3 avril Châtellerault.

6-20 avril Chenonceaux.

30 au 27 mai  Fontainebleau

31 mai 1582 Paris.

 

 La conférence, en effet, n'avait pas eu le résultat qu'avaient fait espérer, à la cour de France, les dispositions conciliantes du Béarnais.

Circonvenu par ses conseillers, hostiles à une politique de rapprochement qui devait, ainsi en jugeaient-ils, compromettre leur fortune et ruiner leur crédit, Henri de Navarre s'était, au dernier moment, dérobé aux avances de son beau-frère et, pour longtemps encore, au grand dommage des intérêts de tous, l'œuvre de la pacification était ajournée.

Et, au cours des années qui se succèdent, des scènes odieuses, des calamités de toute sorte affligent ce malheureux pays, que souillent les pires excès du fanatisme religieux.

En juillet 1583, « le jeudi, 7, deux hommes, l'un d'Exoudun, nommé ou surnommé Mérienne, et l'autre de La Mothe-Saint-Héraye, nommé Bonnault, furent bruslés au dit lieu de La Mothe, comme sorciers, par sentence du prévôt des maréchaux de Poitiers qui ne voulurent pas renoncer le diable ni se convertir à Dieu, et furent incontinent morts qu'ils furent jetés au feu (31). »

En l'année 1584, « il y avoit de la contagion, que l'on doutoit estre la peste. M° François Tendron, seneschal de la Mothe-Saint-Héraye, y estoit décédé, dont fut grand dommage (32). »

Puis, c'est la guerre encore et, avec elle, la ruine et la désolation de nos campagnes.

Dans les derniers jours de février 1586, une troupe huguenote, sous les ordres du « sieur d'Aubigné (33), gentilhomme de la maison du roi de Navarre et colonel de deux compagnies de gens du dit parti », cherchait à s'emparer du château de la Mothe occupé par les catholiques.

 

Les maisons voisines de la place forte furent envahies par les assaillants, des barricades s'élevèrent, et, de part et d'autre, un feu meurtrier s'engagea, n'épargnant pas la population « où il y en avoit de tués des hommes et des femmes et plusieurs blessés (34). »

L'attaque échoua et les huguenots se retirèrent pour un temps.

Bientôt ils revinrent en force, ayant à leur tête le roi de Navarre et le prince de Condé qui, dans la dernière quinzaine de mai, « étoient à la Mothe-Saint-Héraye, à ce qu'on disoit. »

 De ce centre, dont les princes avaient fait leur quartier général, les soldats du Béarnais s'élançaient journellement sur les localités voisines, cherchant à s'emparer, par surprise ou par force, des points fortifiés et des établissements religieux (35).

L'année suivante, au mois de juin, une armée royale, placée sous les ordres du duc de Joyeuse, s'avançait en Poitou, offrant la bataille aux troupes du roi de Navarre.

Les hostilités commencèrent à la Mothe, occupée alors par deux régiments huguenots commandés par des Bories et de Cherbonnières (36).

Bien qu'en force pour s'en emparer, ces derniers avaient négligé d'occuper le château, à la prière de leur chef, le capitaine Saint-Gelais, qui répondait de la neutralité du châtelain, le sieur de Lansac, son parent ils devaient payer cher leur aveugle confiance.

Averti que ces troupes se gardaient mal, le duc de Joyeuse résolut de les attaquer et d'enlever le bourg par un coup de main.

Sur son ordre; Malicorne, gouverneur de la province, dût se porter avec toutes ses forces à la Mothe, dont il occupe le parc dans la nuit du 21 juin Joyeuse, venant par Saint-Maixent, était, à la même heure, à l'autre extrémité de la ville.

A un signal convenu, et avant que le soleil n'ait paru à l'horizon, la cavalerie royale, conduite par Jean de Beaumanoir, sieur de Lavardin, fait irruption dans les rues, semant l'épouvante parmi la population réveillée en sursaut.

 Les huguenots, surpris, courent aux armes en désordre; mais, débordés par le nombre et n'ayant pas la présence d'esprit de se servir du temple (37) ni d'aucun autre bâtiment qui eût une issue sur la campagne, ils se rallient sous les halles, qu'ils ceinturent de tranchées défendues par des barricades.

 A l'abri de cette forteresse improvisée, ils luttent avec avantage contre les soldats de Joyeuse et de Malicorne et peut-être eussent-ils triomphé de leurs forces réunies, si le commandant du château n'eut fourni à l'armée royale deux couleuvrines pour culbuter les retranchements des halles, et s'il n'eût lui-même, du haut des remparts, braqué ses canons contre les ennemis du roi.

Malgré ce renfort, il fallut trois jours d'un combat acharné pour se rendre maître de la résistance. A la fin, les huguenots, décimés, tendirent leur épée au vainqueur qui leur promettait la vie sauve.

Là, encore, Joyeuse se déshonora parjure à la parole donnée, le chef royaliste fit couper la gorge à ses prisonniers, et le bourg, mis au pillage, fut « arsi et bruslé, et ce, la vigile Saint-Jean-Baptiste mil cinq cens quatre-vingts-sept (38). « 

D'où ce dicton du temps

A Mothe-Saint-Eloy

Joyeuse a perdu sa foy !

Sur ces entrefaites, Louis de Saint-Gelais mourait (octobre 1589), laissant la baronnie de la Mothe à Gabrielle de Rochechouart, sa seconde femme, dont les deniers avaient payé l'acquisition de ce beau domaine.

La Mothe doit un hommage à la mémoire de Gabrielle pour l'intention charitable qui dicta l'une de ses dernières volontés par son testament daté du 27 juin 1594 (2), cette dame léguait une somme de 40 écus à répartir entre « plusieurs pauvres filles à marier de la paroisse » timide ébauche de cette institution des Rosières, que fondait, au commencement du siècle dernier, un mothais, Charles-Benjamin Chameau.

 

 

 

Mémoires / Société historique et scientifique des Deux-Sèvres

Lettres de Catherine de Médicis. Tome 8 / publiées par M. le Cte Hector de la Ferrière,... [puis] par M. le Cte Baguenault de Puchesse,...

 

 

 

Les Guerres de Religions en dates <==

 

 


 

(1) Paulze d'Ivoy de la Poype, Un évêque de Poitiers au XVIIIe° siècle, 209.

(2) Journal des Le Riche, 49..

(3) Lettre du maire de Poitiers au conseil privé du roi, 26 août 1548. (Arch. hist. du Poitou, IV, 295).

(4) Troubles que le roi en personne était venu réduire. C'est au cours de cette chevauchée, que François ler, passant par La Mothe, « disna le lundy (8 janvier 1543), cheux la mère de François Huet », notre compatriote. (Le Riche, 49).

(5) Dans ses Mémoires, Foucault, intendant du Poitou, déclare que c'est par les ouvriers employés au travail de la laine que le calvinisme a commencé en France.

(6) On trouve encore, au fond de nos campagnes, les vieux Psaumes de Clément Marot et de Théodore de Bèze, sortant des presses de Niort et de Saint-Maixent.

(7) Antoine d'Aunoux mourut, cette année même, le 23 août, d'un coup de feu reçu sur les remparts de Poitiers assiégé.

(8) Journal historique de Généroux, 44.

(9) Il n'était pas encore repris en 1575, année où, le 24 juillet, le curé de la paroisse, ayant à publier, au prône de la grand-messe, la prise de possession du prieuré de N.-D. de Font-Blanche, dût renoncer à remplir cette formalité, « pour ce que, au moyen des guerres et troubles de ce pays de Poictou, ne se dict messe en la dicte église. » (F. Tastereau, nor).

(10) Le Riche, 112.

(11) « Syre, suyvant le commandement qu'il plaist à Votre Majesté me fayre, j'ay mis Alphonse Lazaro dans le chasteau de la Mothe Saint Eloy et ordonné vivres pour 30 hommes qu'il m'a dict luy estre necessaires. » (Lettre du comte du Lude NM roi, 10 déc. 1572. Arch. hist. du Poitou, XII, 333.)

(12) Jean de Laval avait pour beau-père René de Birague, à qui Charles IX avait confié les sceaux en 1570 et qui, en cette qualité, avait assisté au conseil secret où fut décidée la Saint-Barthélemy.

 En récompense de la part qu'il prit au siège de la Rochelle en 1573, le seigneur de la Mothe recevait du roi le collier de son ordre.

(13) Le Riche, 135-140 « Et parce que les guerres cyviles ont causé la mort d'ung nombre infini de laboureurs, hommes à bras et personnes mescanycques (lisez ouvriers) des dicts pays, quy a esté cause que la plus part des terres ont demeuré en freusche et sans aucun labourage, par conséquent sterillité et charté des vivres. » (Remontrances du clergé du diocèse de Poitiers, 1573-1574. (Arch. hist. du Poitou, XX, 377).

(14) François des Nouhes, Sr de la Tabarière.

(15) Pierre de Chouppes, mort le 29 avril 1603.

(16) Le Riche, 182.

(17) Ce juge était, sans, doute, le personnage dont Le Riche enregistre, plus loin, le décès en ces termes « Novembre 1580. Le mardi 1er M. Jacques Lemonnoyeur, juge châtelain de La Mothe-Saint-Héraye, décéda et fut mis en sépulture le lendemain, au dit lieu. Il avait toujours vécu honnestement, faisait bien son estat. »

(18) Le Riche, 184.

(19) Ibid., 191-192.

(20) Lettres du comte du Lude et autres personnages, relatives à l’administration du Poitou, de 1559 à 1580. (Arch. hist. du Poitou, XXVII, 224).

(21) Les conférences de La Mothe-Saint Héray entre Henri de Navarre et Catherine de Médicis, 1582.

(22)« La veille, les maréchaux des logis, étaient venus marquer de craie blanche les portes des maisons qui devaient loger les gens de la reine.

Pour les trois cents dames et demoiselles qui tenaient toujours la moitié des logements, parmi lesquelles on remarquait une tante du Béarnais, Catherine de Bourbon, abbesse de Soissons, les plus confortables demeures de la bourgeoisie avaient été préparées.

Pendant quelques jours, la petite ville présenta l'aspect brillant et animé d'une villégiature royale, et quand elle eut repris son calme, les jeunes Mothaises durent rêver longtemps aux merveilles d'élégance que contenaient les coffres des jolies filles d'honneur de la reine qui avaient reposé dans leurs modestes chambres. » (Les Conférences, 38).

(23) Charles de Bourbon qui, après la mort de Henri III, devait être proclamé, par la Ligue, roi de France sous le nom de Charles X.

(24) René II, vicomte de Rohan, lieutenant-général de la feue reine, Jeanne d'Albret.

(25) Jacques Goyon de Matignon, maréchal de France.

(26)Ce grief, développé dans tous ses détails par Duplessis Mornay dans ses Mémoires et Correspondance (Justification des actions du roi de Navarre depuis 1580), était un de ceux qui tenaient le plus au cœur du Béarnais, lequel en était encore à exiger l'application formelle de l'art. 7 du traité de Fleix « Le roi de Navarre et M. le prince de Condé jouiront effectivement de leurs gouvernements suivant ce qu'il est porté par le dit édit et articles secrets. »

(27). Le Riche, 362-364.

 (28) Le vendredi 16 mars 1582, la reine arrive en effet à Champigny, où le duc de Moutpensier lui offrait une hospitalité princière; mais elle avait raison de ne pas compter y trouver le roi de Navarre, la maison étant trop catholique pour lui.

 De là, elle s'avança vers Mirebeau ; une indisposition l'y retint jusqu'au 26 mars; le lendemain, elle alla coucher à Sansay, et de là, par Broisgrollier et Pamproux, dans un pays où les carosses royaux mettaient longtemps à faire cinq lieues, elle arriva au château de la Mothe-Saint-Héraye, où la rejoignit le roi de Navarre.

 Elle était là chez son vieil ami Louis de Saint-Gelais de Lusignan, seigneur de Lanssac, et elle y resta jusqu'au 31 mars,

passant le 3 avril à Châtellerault et revenant le 7 à Chenonceaux, avec la reine de Navarre. .

 

Louis de SAINT-GELAIS de LUSIGNAN, chevalier baron de La MOTHE SAINT HÉRAY, seigneur de LANSAC, seigneur de PRÉCY (60460 Précy-sur-Oise), seigneur de CORNEFOU (17160 Sonnac), fut conseiller d'État, ambassadeur en 1554, capitaine de 100 hommes d'armes, chevalier de l'ordre de Saint-Michel le 29 septembre 1577, chevalier de l'ordre du Saint-Esprit en 1579. A cette dernière occasion, il prouve sa descendance de la maison de Lusignan, dont il reprend le nom et les armes, qu'il écartèle des armes de Saint-Gelais, en vertu des Lettres du roi.

Le même Louis de Lusignan de Saint-Gelais avait épouse : 1° Jeanne de La Rocheaudry, fille de Philippe, baron du dit lieu et de Jeanne de Beaumont; 2° en 1565, Gabrielle de Rochechouart, fille de François, seigneur; de Mortemar. Il fut chargé par le roi de missions importantes, soit comme ambassadeur, soit comme général d'armée, fonctions dans lesquelles il réussit bien, et mourut en octobre 1589, âgé de 76 ans.

 

(29) Qu'on puys, pour qu'oncques puis, que jamais auparavant.

(30)  Et m'est pasaye, elle m'est passée.

(31) Ibid. 378.

(32) Ibid. 393.

(33)0) Agrippa d'Aubigné, l'aïeul de Mme de Maintenon.

(34) Le Riche, 437.

(35) Ibid. 451-454.

(36) Les régiments Desbories et de Cherbonnières figurent sur les Etats de dépenses des garnisons protestantes du Poitou, etc., en 1598 et 1599, publiés par M. Cesbron. (Arch. hist. du Poitou, XXVII).

(37) Ce temple confrontait « par le derrière, à la garenne de ce lieu (c'est le Parc actuel) et par le devant à la rue tendant de ce lieu à Exoudun à main senextre. »

(38) « Considérant leur maison en laquelle ils faisoient leur demeurance en ce bourg de la Mothe, arsie et bruslée, avec plusieurs autres, par les gens de guerre, tant du feu sieur de Joyeuse poursuivant les régiments des sieurs de Bory et Cherbonnières, et ce, la vigile Saint-Jean-Baptiste en l'an mil cinq cens quatre vingtz sept. » (Accord Poitevin, acte Tastereau, nore). V. sur cette affaire, les Mémoires du comte de Cheverny .

 

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