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PHystorique- Les Portes du Temps
22 février 2023

22 février 1794 – Les colonnes infernales à la poursuite de Charette, parti des Herbiers, Duquesnoy arrive à Saint-Fulgent.

22 février 1794 – Les colonnes infernales à la poursuite de Charette, parti des Herbiers, la division Duquesnoy arrive à Saint-Fulgent

La rébellion essuyait une perte irréparable en la personne de La Rochejaquelein (mort le 28 janvier 1794), de ce chef attirant qui, par ses hautes qualités morales et sa bravoure entraînante, assujettissait tous les cœurs. Son nom en imposait même à Charette.

Vaincre ou mourir !

Sorte de héros national, destiné à personnifier dans l’histoire l’âme même de la Vendée royaliste, il n’avait que 21 ans.

Avec lui finissent les temps héroïques, mystiques et désintéressés de la Grande Guerre, où l’on cheminait au rythme des hymnes religieuses et du chapelet récité en commun. Le paladin cède la place à des calculateurs froids très braves, mais peu chevaleresques, durs à eux-mêmes et aux autres, très ambitieux.

Sous la direction de Stofflet d’une part, et de l’autre sous celle de Charette, très personnel, peu accessible à la pitié, avec en face d’eux Turreau si froidement cruel, la guerre déjà traversée de tant de scènes de carnage, remplie, (sans en excepter aucune), des horreurs particulières aux guerres civiles, la guerre donc, va prendre un caractère d’impitoyable sauvagerie. On ne fera plus un seul prisonnier.

Les républicains réduits à la défensive. En dépit de cette mort, de nouveaux rassemblements surgissent partout, suivant les colonnes républicaines, pas à pas, les harcelant, les épuisant en détail, les forçant à employer toute leur puissance offensive en parades à demi-stériles. Dutruy s’immobilise du côté du Marais en pleine fermentation, Haxo également devant La Cathelinière jusque-là peu redoutable et tapi dans la forêt de Princé, Duquesnoy (1) très engagé dans la poursuite de Charette, doit rebrousser chemin sur La Roche.

Autour de Sapinaud de la Rairie (2), l’armée du Centre se reconstitue.

 

Une des subdivisions incendiaires de Cordellier (3), assaillie à Gesté par Stofflet, doit reculer sur Saint-Philbert ; la seconde, accourue à la rescousse, est coupée et rejetée en deux directions opposées.

Beaupréau est pris, le 3 février, par les Angevins auxquels de petites affaires de détail ont été favorables au Coudray- Montbault et à Vezins.

A Cholet, le général Moulin ne répond plus de la conservation de son poste. Stofflet devient de plus en plus menaçant, et tient en maître Beaupréau, Jallais, Chemillé, Maulévrier.

 

La Vendée renaît en un mot, une deuxième Vendée dissemblable de la première, et faite pour durer plus longtemps.

Moins ambitieuse des grandes opérations incomplètes, réduite par les circonstances aux simples coups de main, elle va mener la seule guerre qui convienne aux entreprises insurrectionnelles en général, et à son sol propre en particulier : celle que les armées régulières soutiennent le plus difficilement, parce qu’elles ne possèdent point, comme le simple partisan, les deux éléments de réussite nécessaire : la connaissance parfaite du terrain et la connaissance parfaite de l’ennemi.

 Charette surtout, très brave, d’une activité prodigieuse, peu sentimental, très voluptueux, cruel à ses ennemis, sorte de condottière comparable à ceux de l’Italie du XVe siècle, va désormais imposer aux opérations le caractère qu’il a toujours prétendu leur donner.

Sans bagage, sans canon, menant mille hommes aujourd’hui, cinquante cavaliers demain, fonçant par à-coups subits, rapides, suivis d’éclipses imprévues et de zigzags déconcertants, il déploiera jusqu’au dernier jour une fertilité de ressources extraordinaires, épuisera les républicains dans une suite ininterrompue d’actions décousues, immobilisera des effectifs dix fois supérieurs aux siens, et tiendra trois longues années en suspens les destins de la République.

Appelé par Sapinaud que menacent trois colonnes sorties des Essarts, de Saint-Fulgent, du Grand-Luc, et qui a subi un échec à Chauché, le 2 février il joint ses contingents à ceux de l’armée du Centre, et fait échouer une fois de plus l’action concentrique si souvent tentée au cours de cette guerre, et si difficile à réussir contre un ennemi qui n’a pas été fixé.

Deux colonnes commandées par Grignon sont successivement battues et la troisième doit se retirer vivement.

 

Le 6, Cordellier, assailli dans Légé par Charette, Joly et Sapinaud, perd 800 hommes et un approvisionnement considérable. La garnison de Corcoué, menacée ensuite, s’enfuit précipitamment loin de son poste.

Le général Duquesnoy, quittant alors La Roche où il fut le témoin immobile de ces opérations, se lance à la poursuite de Charette qu’il atteint à Saint-Colombin. ==> 10 février 1794 combat Saint Colombin (ou bataille de Pont-James), de Charette, Joly et Savin contre Duquesnoy

 Il le bat, mais ne peut l’empêcher de se dérober dans une direction inconnue : le Bocage, suppose-t-on.

 

Va et vient du Marais au Bocage.

 

Cette dernière région est en feu !.

 Les colonnes infernales la parcourent, exécutant, avec plus ou moins de rigueur, les instructions du général en chef et contribuant en somme, tout en ruinant le pays, à grossir les contingents vendéens.

Combat de Cholet (8 février). Le général Moulin, très menacé dans Cholet, appelle à lui son collègue Cordellier qui tient Tiffauges. Celui-ci accourt le 8 février et, sur le point d’arriver, rencontre la garnison qu’il rejoint en complète déroute.

La ville est perdue, le général Moulin s’est brûlé la cervelle pour ne pas tomber dans les mains de Stofflet.

Cordellier refoule ce chef dans la forêt de Vezins et reprend la ville qui n’a été perdue que pendant une heure, mais, à ce coup d’audace, Turreau se persuade que les deux généraux vendéens sont réunis.

Il porte donc son quartier général à Saumur et appelle en Anjou Cordellier, Carpentier et Duquesnoy.

A peine arrivé, ce dernier reçoit l’ordre de rebrousser.

 

Le refuge de Charette vient d’être connu : les landes de Bouaine.

Il s’agit cette fois de cerner le général Maraichin !.

 

Tandis que Haxo tiendra Légé, et Dutruy Challans, Duquesnoy abordera par Saint-Philbert, et Cordellier par Montaigu. Placé au Pont- Jammes, le général en chef coupera la retraite aux royalistes.

Mais, dans l’établissement de son plan, Turreau omet de prévoir la garde du pont de Montbert. Charette sortira par là.

 Il scinde sa troupe en deux : Guérin, avec le 1 er corps, escorte le convoi que masquera le 2° corps engagé contre Duquesnoy. Celui-ci d’ailleurs ne montre pas beaucoup de mordant.

Chose rare, Charette engage le combat à vue.

Dans les vastes landes découvertes, le grand panache blanc dont il orne son chapeau, et les cimiers de poil de bouc de ses grenadiers s’aperçoivent aisément.

Le pont de Montbert franchi, tout se disperse et disparaît.

 

De son côté, Stofflet, laissé libre d’agir, avait aussitôt attaqué Beaupréau.

 Carpentier, à Doué, se déclare incapable de lui résister. La division de Niort est réduite à l’impuissance par Marigny qui reconstitue la division vendéenne de Cerizay, autrefois l’une des plus fortes de la Grande Armée. Bard doit se borner à la garde de Luçon.

Le 24, Stofflet, auquel s’est incorporée la bande de 2.000 hommes levée par le marchand de bestiaux Richard, se présente devant Bressuire, y prend d’importants magasins, y stationne deux jours, y constitue son Conseil, puis va chasser la garnison d’Argenton-Château et réintègre la forêt de Vezins, son quartier général ordinaire.

Poursuite de Charette par Haxo.

Charette, lui, depuis quelque temps déjà réside à Belleville, et ce choix démontre une fois de plus l’excellence de son coup d’œil militaire. Non qu'il s’agisse d’une place d’armes ou d’une place forte inexpugnable, non qu’il y domine, comme il le faisait à Légé, la transversale maîtresse Nantes-Les Sables.

Mais il occupe sur un bon chemin de traverse la bissectrice presque exacte de l’angle formé par cette maîtresse-transversale, et celle non moins importante qui mène de Nantes à La Rochelle, d’où la facilité de mordre dans les flancs de toutes les colonnes et de tous les convois, d’intercepter les courriers, de pénétrer le secret des opérations, de culbuter les partis isolés.

Mais, en plus de ce lieu géométrique précieux, il tient encore le centre de la circonférence de couverts inviolables, dont il fait l’asile de ses défaites ou l’appui de ses embuscades fructueuses, les forêts de l’Herbergement, de Gralas, de l’Essart, de Touvois, de Grandlande, d’Aizenay, des Gâts.

Mais enfin, avantage tactique précieux, il commande les sources de la Boulogne, de la Logne, de la Vie, de l’Yon, c’est-à-dire des principales rivières qui coupent la ligne d’opérations employée contre lui, et, à la tête de ses troupes si légères de bagages, il suit à l’aise les crêtes, passe sans encombre d’un versant à l’autre, se jette à la nage au besoin, accepte le combat ou le refuse à son gré.

D’ailleurs, jouant avec génie de ces avantages, il refuse le plus souvent les actions générales qui amenèrent la perte des Angevins, et, prenant la déroute sans fausse honte, se borne toujours à harceler, à surprendre de jour et de nuit, à se maintenir en un mot, avec une poignée de « foutus gueux », comme dit Aubertin, contre une armée entière bien approvisionnée, si bien qu’il fallut l’investir, comme on fait d’une place irréductible de vive force.

Sa campagne contre Haxo mérite d’être considérée comme le modèle d’un genre qui n’a connu que quelques maîtres.

C’est en février que le général Haxo, débarrassé de La Cathelinière qu’il vient de prendre dans la forêt de Princé, s’engage à fond contre lui. Ce magnifique soldat, couronné de cheveux blancs, modèle d’honneur militaire, rebelle dans la mesure du possible aux horreurs de son général en chef, se donne corps et âme à sa mission.

« Charette périra de ma main, s’est-il écrié, ou je tomberai sous ses coups ».

 

22 février 1794 – La division Duquesnoy arrive à Saint-Fulgent.

 

Courrier du général Duquesnoy à Saint Fulgent, au général en chef

 

«  Je suis étonné, citoyen général, que depuis mon départ de Montaigu, ma troupe ayant été journellement dans l’eau jusqu’au-dessus des souliers, principalement de Saint-Colombin à Doué, et de Doué d’où tu m’as ordonné d’aller rejoindre Charette, et toujours à marche forcée, tu sois surpris qu’une armée ne puisse faire en un jour le trajet de Mortagne à Saint-Fulgent, distant au moins de neuf lieues de poste.

Quand une troupe est rendue et ne peut plus marcher, je crois de toute impossibilité de lui faire faire ce trajet dans un seul jour.

D’ailleurs, il m’a fallu débusquer l’ennemi posté à deux ou trois points différens, principalement un poste qui était à la montagne dite des Alouettes.

Je fis faire des reconnaissances très étendues sur ma droite et sur ma gauche, afin d’éviter toute surprise et de couvrir la marche de ma troupe.

 

« Je suis parti des Herbiers et ai fait égorger dans les communes à portée de la route plus de cent hommes, non compris les femmes.

Je te préviens encore que nous avons égorgé aux Herbiers un petit poste armé de piques et de fusils ; d’après plusieurs rapports, l’ennemi y est venu fourrager en force hier matin.

Je ne connais nullement la manière de faire accélérer la marche d’une armée, quand à tout instant les tirailleurs sont aux prises avec les brigands.

 Je te rends compte qu’après avoir donné une escorte à mon ambulance, partant de Mortagne pour les Herbiers, une voiture s’est brisée en route. Le commandant de cette ambulance ne m’envoya aucune ordonnance pour m’en faire part, et l’escorte quitta aussitôt l’ambulance pour suivre les deux premières voitures, de sorte que le conducteur, deux charretiers des voitures embourbées et quelques trainards, tout a été égorgé et pris par les rassemblemens qui s’étaient repliés sur la Gaubretière, la Verrie, Beaurepaire et Bazoge.

 Je te préviens de plus, citoyen général, que le poste que tu as à Mortagne, si tu ne donnes d’autres ordres, sera égorgé au premier jour, vu que l’ennemi occupe deux ou trois points qui l’avoisinent. Le commandant de ce poste m’a même rendu compte que, dans une découverte qu’il fit faire la veille ou l’avant-veille, il eut quatre hommes égorgés, dont un officier. »

 Je viens d’envoyer mon commissaire des guerres à Montaigu ; car, après lui avoir désigné les points de ma marche, je ne me mêle nullement des subsistances.

J’attends tes ordres pour renvoyer les voitures d’ambulance, les chemins que je vais parcourir étant impraticables pour elles.

Nous manquons de cartouches, envoie-nous-en à Chauché où nous serons demain. »

 

==> Montaigu, 4 ventôse an II- 22 février 1794 Prieur de la Marne

 

Haxo, plein de fermeté et de sang-froid, toujours en tête de sa troupe ou à l’arrière-garde dans les revers, on le voit, le 1 er mai, dans Légé, et, dès le 2, à La Mothe-Achard.

Le 5, tout près de réussir, il appelle à lui Cordellier, mais celui-ci s’occupe de couvrir une nouvelle navette incendiaire de Turreau, et s’abstient de le soutenir.

Haxo marchera donc seul vers la forêt des Gâts.

Levé au gîte, Charette s’esquive puis fait tête à la Vivantière, et, soudain soutenu par les gens de La Cathelinière que lui conduit Guérin, défait les républicains et les poursuit jusqu’à Légé.

Il se retourne aussitôt contre La Roche-sur-Yon dont il a reconnu depuis longtemps l’importance stratégique, mais une charge à la baïonnette de la garnison le repousse, et il fait volte-face quand un hourrah retentit sur ses derrières.

C’est Haxo déjà revenu à la rescousse. Rompant désormais avec les errements traditionnels, renonçant délibérément à l’enveloppement toujours tenté en vain, le vieux général se décide pour la poursuite à toute allure. Il s’engage à fond, lui aussi, avec une énergie et une résolution égales à celles de son adversaire, tellement que celui-ci est bientôt acculé à la Boulogne. Il est épuisé, il paraît à bout, il va être pris quand tout à coup il se jette à la nage et disparaît.

La nouvelle navette de Turreau l’avait porté vers le Bocage, où Dusirat et Travot avaient entrepris de leur côté contre Stofflet une poursuite à la Haxo, marquée de succès et de revers, finalement terminée par la retraite de Dusirat dans Doué-la-Fontaine.

Cette levée générale de boucliers, cette renaissance d’une rébellion que l’on croyait agonisante, ces cruels mécomptes, n’inspirent aucun relâchement au général Turreau, entêté dans son système de rigueurs.

Le 22 pluviôse, l’ordre de désarmement s’étend jusqu’aux patriotes eux-mêmes.

En dépit des réclamations les plus vives formulées par les municipalités, les habitants abandonneront de force les villes importantes du Bocage dont les garnisons iront grossir les colonnes mobiles.

Le 7 mars, le général en chef préside lui-même à l’évacuation de Cholet, dont les habitants, chargés de leur mobilier, se dirigent sur Nantes, Angers et Saumur, en longs et pitoyables convois, sous l’escorte des troupes du général Duché, successeur de Moulin.

Stofflet les remplace aussitôt dans la capitale du Bocage qu'il n’aime pas et la brûle en entier, puis il attaque avec succès une des deux colonnes de Turreau ; il menace même la ville de Chemillé, quand Grignon le défait près de Chanteloup et le rejette dans la forêt de Vezins, permettant au général en chef de rentrer à Nantes le 18, après avoir mis le Loroux à feu et à sang, en compagnie des généraux Huché et Carpentier.

 

Guerre de Vendée - Chant des Moulins -Il faut vous rassembler

Faites tourner les moulins, Moulins de la liberté Réveillez tous vos voisins Il faut vous rassembler Paysans de Vendée Tournez les...

 

Epuisée par les marches continuelles, l’armée est à bout. Vêtue de haillons, sans souliers, maigre et affamée, dans l’impossibilité de boulanger, par suite de la destruction systématique des moulins et des fours, elle est plongée dans une extrême misère et ne subsiste que de rapines ; les habitants de Doué-la-Fontaine se voient tenus d’obéir à une réquisition de Dusirat qui prend toutes leurs chaussures pour en munir ses soldats qui ne peuvent plus aller pieds nus sur des extrémités « gonflées par la fatigue ».

Et pendant ce temps, Stofflet groupe jusqu’à 7.000 combattants et bat Grignon, le 18 mars au Fief des Ouleries, près de Maulévrier.

Marigny, l'ancien chef de l'artillerie de la Grande Armée, revenu d’outre-Loire, réorganise les anciens contingents de Lescure. Sapinaud et lui pourront bientôt mener 5.000 hommes résolus.

 

Les cinq Vendées : précis des opérations militaires sur l'échiquier vendéen de 1793 à 1832

 

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 Chroniques Fontenaisiennes 1794 (plan- dates) <==

Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU ) <==

 

 


 

(1) J. Duquesnoy, capitaine de volontaires, venu de l'armée du Nord avec 10.000 hommes, arrivés après Savenay, entra en conflit avec Turreau.

(2) Sapinaud de la Rairie, ancien lieutenant d'infanterie, frère de Sapinaud de la Verrie, mort en 1829.  

(3) E. Cordellier, capitaine de volontaires, général de division à l’armée des Ardennes.

 

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