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PHystorique- Les Portes du Temps
24 février 2023

Pierre DURCOT de La Roussière, baron de la Grève - Soumission de Poitiers à Henri IV, 16 juin 1594.

L'hérésie de Luther et de Calvin porta de terribles coups à la France; la France s'en releva, mais après quelle effusion de sang et sur quelles ruines !

 La partie de notre province qui devait rendre si glorieux le nom de Vendée, ont tout particulièrement à souffrir de ces temps désastreux, et, il nous est douloureux de l'avouer, ce fut dans la noblesse que les idées nouvelles trouvèrent alors leur principal appui.

Si cette faute avait été d'une gravité qui ne souffrit pas d'atténuation, nous l'avouerions avec plus de douleur, mais nous l'avouerions.

Dans notre conviction, fondée sur l'étude attentive des caractères et des faits, cet entrainement, malheureux et coupable à tant de titres, n'eut cependant pas le degré de culpabilité qu'il eut ailleurs de la part de beaucoup d'autres, et telle est, nous le pensons, la raison pour laquelle l'hérésie n'a fait que passer chez nous, comme une flamme dévorante , et n'est pas parvenue à y prendre racine.

L'on ne sait pas assez jusqu'à quelle profondeur peuvent se cacher les différences qui distinguent le mal et le mal : l'orgueil du sectaire, l'avidité du spoliateur, la corruption du coeur poussée jusqu'à la dépravation, c'est là ce qui creuse ces sillons, profonds comme des abimes, qui enfouissent dans l'erreur des peuples entiers, de longues suites de générations.

Combien d'hommes, plus ou moins ignorants, faibles ou légers, qui, engagés dans les mêmes voies, font au contraire plus à plaindre qu'à blâmer, entraînés qu'ils ont été en grande partie par la haine d'un mat qu'on leur a spécieusement montré comme étant dans l'Eglise, bien qu'il n'y fut jamais.

Pris dans leur ensemble, les mobiles qui entraînèrent dans des luttes funestes ou nos pères ou les pères de nos amis, ne nous paraitraient mériter ni autant d'indulgence, ni une aussi rigoureuse réprobation.

Il n'y a pas, dans le caractère vendéen, de trait plus saillant que celui de l'indépendance.

L'indépendance, suivant la direction qu'elle prend ou l'usage que l'on en fait, devient un défaut grave ou une rare qualité. Comme le courage, auquel elle s'allie facilement, elle a besoin d'une forte discipline, et l'un et l'autre, s'ils s'égarent sans mesure et sans frein, n'enfantent que le désordre et la ruine.

Depuis qu'il était homme d'armes dans les troupes régulières et qu'il n'avait de combats que sur des frontières éloignées, le gentilhomme, dans la paix souvent monotone de son foyer, se berçait volontiers au souvenir de ces temps où chacun valait par sa valeur personnelle; il les colorait sous le charme d'un prisme trompeur, il s'y faisait un rôle qu'il n'y aurait point eu, il rêvait indépendance.

Seigneur honoré et influent dans la paroisse, son influence n'y régnait pas seule ; il en était une autre qui prenait sa source plus haut et pénétrait plus avant. Unie à la sienne dans les bons jours, destinée à devenir son plus puissant soutien, son alliée fidèle dans les plus mauvais, l'influence du presbytère se présentait souvent comme une rivale dans l'habitude de la vie, et d'autant plus que la foi de part et d'autre allait s'affaiblissant.

Le nom de réforme se fit entendre.

Les passions n'ont jamais plus de force que lorsqu'elles parviennent à revêtir les apparences et les noms du devoir. Sous couleur d'une religion plus pure, d'un zèle évangélique, on trouva commode de satisfaire ses rêves d'indépendance, de guerroyer à son aise et de s'affranchir du frein de l'Église.

Avec des noms propres, nous achèverons de nous expliquer autant qu'il nous est possible dans les limites que nous nous sommes tracées. La petite cour de Ferrare eut une grande part, comme l'a très-bien démontré dans cette Revue notre ami M. Alfred de Chateigner, à l'introduction du protestantisme dans nos contrées.

Jean de Parthenay, seigneur de Soubise, alla l'y puiser, et s'il en est à Mouchamp un foyer encore subsistant, il est permis de lui en faire porter la responsabilité.

Il paraît que les du Bouchet puisèrent à la même source. Intrépides soldats, hardis capitaines, ils auraient mérité d'entourer leur nom mourant d'une gloire plus pure.

Le vieux Tanneguy, seigneur de Saint-Cyr en Talmondais, sauva à Moncontour, par une charge faite dans un moment désespéré, une partie de l'armée protestante; et Lancelot, le terrible Sainte-Gemme, avant de devenir l'ennemi acharné du duc de Guise, avait mérité à Saint-Quentin de recevoir son accolade.

Nous ne voyons point que la partie de la plaine où ils ont dominé soit signalée par aucune agglomération de protestants, mais n'ont-ils pas contribué à la décatholiciser ? ou bien serait-ce parce qu'elle aurait été déjà peu catholique qu'elle ne serait pas devenue protestante?

Comme aux mauvaises herbes, il faut à l'hérésie, pour qu'elle puisse se propager, des terres qui aient du fonds, mais avec une mauvaise culture.

Qui nous semble encore avoir eu une influence malheureuse, sinon sur les populations, au moins sur beaucoup de gentilshommes des meilleurs parties du Bocage, c'est Jean de Machecoult, seigneur de Vieillevigne.

L'incendie s'alluma aussi avec force dans l'étendue du pays compris entre Pouzauges, Mouilleron et Saint-Prouant, où les protestants sont restés nombreux jusqu'à nos jours. Au moment de la crise nous voyons beaucoup de noms y prendre part, mais aucun ne s'élève manifestement au-dessus des autres.

 

Il n'entre point dans notre plan de faire le récit, même abrégé, des luttes qui ensanglantèrent le Bas-Poitou, mais seulement d'en définir le caractère et les phases.

 Par les causes que nous avons essayé d'apprécier, et des points que nous avons essayé de déterminer, l'incendie gagna bientôt tout notre malheureux pays.

 La plupart des églises furent pillées, ruinées, ou tout au moins le culte y fut suspendu. Quelle part la noblesse protestante prit-elle à ces dévastations, qui préludèrent à la guerre plutôt encore qu'elles n'en furent les suites? c'est là le côté le plus triste, à coup sûr, de ces tristes moments.

Un témoin contemporain et non suspect, le Chroniqueur du Langon, nous apprend que les églises de Pouillé, de Petosse, de Bourneau, furent pillées et brûlées par une bande de neuf ou dix bandits seulement (1).

Nous aimons à croire que la plupart des exploits de ce genre ne furent ainsi directement le fait que d'un petit nombre de coupables, presque tous de bas étage; nous disons presque tous, car les monuments authentiques témoignent malheureusement qu'il y en eut de plus haut placés. Quand les passions sont déchaînées et la voie mauvaise, où ne peut-on pas aller?

Nous disons directement, car les chefs et tout le parti étaient responsables de ces excès qu'ils ne cherchaient pas assez à empêcher, qu'ils provoquèrent quelquefois; et alors nous ne leur trouvons d'excuse que dans l'entrainement même de la pente où ils s'étaient jetés.

Parmi les malheurs d'une guerre civile, les batailles sont les moindres de tous.

Quand de part et d'autre on a croisé le fer loyalement, on est bien près de s'estimer, et les adversaires de la veille furent souvent les frères d'armes du lendemain. Jusqu'au jour du combat dans les temps de troubles, c'est la lie qui monte; mais faut-il payer de sa personne, dans tous les partis ce sont les plus nobles coeurs qui montent et qui surnagent, et la lie qui descend. Ce travail se fait souvent dans le sein d'un même homme ; s'il s'est bien battu, il se sent fier de valoir mieux par quelque côté qu'il ne valait auparavant, et il n'est pas rare que la réaction opérant en lui son effet, il ne devienne réellement meilleur en tous points.

Une fois la partie engagée, les protestants purent se croire liés d'honneur à leur drapeau, comme les catholiques l'étaient au leur, et de part et d'autre l'on put rencontrer des qualités véritablement chevaleresques.

Il y en avait assurément parmi les compagnons d'armes du brave La Noue. Quoiqu'il tienne plus du sectaire, du Plessis-Mornay n'était pas, tant s'en faut, dépourvu de nobles et généreux sentiments; ces deux noms n'étaient pas du pays, mais ils y ont ténu une si grande place qu'on ne peut douter que leurs caractères n'y aient laissé de profondes empreintes.

Jacques des Nouhes, le gendre de Mornay, était tenu par tous pour un parfait honnête homme; la réputation de loyauté de Pierre de Chouppes s'était répandue au loin, et parmi les hommes qui se trouvaient engagés dans le parti, plus par circonstance que par un choix bien délibéré, les lecteurs de cette Revue ont appris à connaître La Popelinière et à l'apprécier dans un travail que nous aimons à citer.

— Ce sont là des types qui ne pouvaient manquer d'être signalés; le renom militaire des principaux chefs ne fut atteint d'aucune de ces taches que l'on s'efforce ensuite de dissimuler; il n'est point aujourd'hui de famille si catholique qu'elle soit qui, tout en gémissant d'avoir à les compter parmi les champions de l'hérésie, ne se fit un titre d'honneur de porter, par exemple, les noms de Claveau de Puyviault ou d'Echallard de la Boulaye.

Quoi que nous puissions dire à sa décharge, quelque gloire qu'elle ait pu acquérir par les armes, la noblesse protestante avait gravement dévié et les conséquences de la position qu'elle avait prise n'avaient pas produits leurs fruits les plus amers, lorsque Dieu vint providentiellement à son secours pour la tirer d'une situation désastreuse.

Ce fut un jour singulièrement heureux pour elle que celui où son chef se trouva l'héritier légitime-du trône de saint Louis, et où, en continuant de marcher sous ses ordres au lieu de tenir le drapeau de la révolte, elle se trouva suivre la bannière de la fidélité.

La fidélité et l'indépendance sont deux sentiments qui s'allient bien ensemble, ou plutôt il n'y a pas de fidélité possible, de cette fidélité qui résiste aux épreuves, là où vous ne rencontrez pas ce que l'indépendance a de juste et de noble.

Henri IV était encore dans une position assez précaire pour qu'il y eût plus de dévouement à le servir que de faveur à attendre de lui, lorsque les deux armées catholique et protestante qui se combattaient en Bas-Poitou n'en firent plus qu'une seule qui fut royaliste.

Sauf quelques exceptions, en effet, tous les partis s'y trouvèrent réunis sur le terrain de la fidélité monarchique; les ligueurs furent rares parmi les gentilshommes catholiques; nous le remarquons sans vouloir leur faire leur procès, car eux aussi avaient bien leur fidélité, lorsqu'animés d'un vrai zèle pour la foi, ils voulaient pour roi le petit-fils de saint Louis, mais le voulaient catholique, conformément aux principes de l'ancienne constitution française.

Pour mettre tous les bons Français d'accord, il fallait que le roi se convertît à la foi de ses pères ; il le fît : la paix et la prospérité revinrent.

En ce moment, si le protestantisme eût été dans le coeur de notre noblesse autre chose qu'une fièvre accidentelle, elle se fût retournée contre le prince pour qui elle venait de combattre ; mais non, l'accès est passé, les passions se calment, la convalescence sera plus ou moins longue, mais ce n'est plus qu'une convalescence.

On verra quelques mécontents, des mauvaises têtes, des hommes plus lents que les autres à sortir d'un état de surexcitation ; ils fourniront, sans grande conséquence, quelques soldats aux fauteurs de troubles, pendant les minorités de Louis XIII et de Louis XIV.

Lors de la fronde, les noms de Gabriel de Chateaubriand à la tête dans notre pays du parti de la cour, de Maximilien Echallard, à la tête du parti contraire, disent assez que les souvenirs d'une époque plus sanglante ne furent pas étrangers à ces nouveaux désordres.

L'esprit d'indépendance se manifesta quelque temps après, plus facilement par ses mauvais côtés, la turbulence, l'indiscipline, l'insubordination ; la statistique le constatera ; mais il ne faut pas trop généraliser des fautes particulières : à côté du rapport du commissaire du roi, Colbert de Croissy, qui tend, comme tous les rapports de police, à voir en mal (2), nous avons sous les yeux une relation de l'expédition de Cognac, à laquelle le Bas-Poitou avait fourni son contingent:  l'affection et la diligence que les gentilshommes poitevins ont fait paraître pour le service du roi y sont particulièrement louées.

Le duc de Rouannais, leur gouverneur, qui les commandait « a fait avec eux » des merveilles, » est-il dit.

Un mot est ajouté en l'honneur du seigneur de Bessay, qui remplissait près du comte d'Harcourt, le général en chef, les fonctions de maréchal de camp (3).

Beaucoup de familles, cependant, attachées par point d'honneur au parti religieux qu'elles avaient embrassé, étaient restées protestantes jusqu'à la Révocation de l'édit de Nantes.

Nous n'entendons ni approuver, ni juger les moyens qui furent pris pour faire réussir cette mesure d'un caractère tout politique; nous nous bornons à constater qu'elle eut pour résultat de faire rentrer dans le sein de l'Eglise presque tout ce qui restait dans le Bas-Poitou de gentilshommes encore retenus dans les liens de la prétendue réforme.

Réunis au nombre de deux cents auprès de Luçon, ils s'étaient promis de résister. Rentrés dans la paix de leurs familles et le calme de leur conscience, ils cédèrent, et nous ne saurions les en blâmer; leur résistance n'eût été qu'obstination.

En y réfléchissant ils durent se le dire, le véritable honneur ne saurait consister à faire autre chose que son devoir.

 En redevenant catholiques, leurs familles le furent si bien, qu'il n'y eut bientôt plus de possibilité de les distinguer de celles qui, dans notre pays si chrétien, n'avaient pas cessé de l'être.

Nous avons voulu essayer de nous rendre compte de la proportion dans laquelle la noblesse du Bas-Poitou et des parties limitrophes des provinces voisines avait été envahie par le protestantisme.

 Cette étude souffre des difficultés, la plupart des noms qui nous sont parvenus étant, des noms de terres répétés en plusieurs localités, portés successivement par des familles différentes; le plus souvent on ne sait même pas si tel personnage, désigné dans les Chroniques, n'est pas un étranger venu d'une province éloignée.

 En nous basant toutefois sur les noms que nous avons pu réussir à reconnaître et à grouper de part et d'autre, nous avons cru pouvoir légitimement arriver aux conclusions suivantes :

La Vendée militaire et la portion du Bas-Poitou où se propagea le protestantisme ne doivent pas être confondus, leur terrain fut en partie commun, mais il ne le fut qu'en partie et les centres furent tout à fait différents.

La même où l'hérésie fut le plus contagieuse, elle ne gagna pas sans exception toute la noblesse, les exceptions se multiplièrent, nous le soupçonnons, à mesure que l'on entre dans le Bocage, dans les meilleures parties du Bocage ; et lorsqu'on arrive à ce qui fut le coeur de l'insurrection vendéenne et que l'on avance encore, soit du côté de l'Anjou, soit du côté du Haut-Poitou, au- delà de la Châteigneraye, de Saint-Michel-Mont-Mercure et des Herbiers, la majorité des gentilshommes nous semble manifestement être restée catholique.

En deçà de ces limites habitaient deux des principaux chefs catholiques, Philippe de Chateaubriand, seigneur des Roches Bariteaux, qui, toujours ardent dans la même voie, se jeta dans la Ligue, et Charles Rouault du Landreau, seigneur de Bournezeau, qui, un instant protestant, fut ramené au catholicisme par Nicolas Rapin (4).

Ce n'était pas assurément sans être suivis par beaucoup de parents et d'amis que des hommes de cette importance embrassaient un parti.

Pierre Brisson, seigneur du Palais, raconte, dans sa Chronique, que si un des protestants apprenait qu'un gentilhomme catholique leur voisin mît de l'argent en chevaux et en armes et se tînt sur ses gardes, il allait le visiter pour sonder ses projets et ceux du roi (5).

Les hommes des deux partis étaient donc entremêlés.

 

Dans un autre passage, après avoir rapporté la manière de combattre des protestants, qui réussissaient mieux en partisans qu'en bataille rangée, il ajoute cependant qu'ils avaient, près de Luçon, défait Puy-Gaillard (6).

Un gentilhomme protestant s'en vantait; un gentilhomme catholique lui répliqua, en présence même du chroniqueur, qu'il imitait les petits enfants qui se glorifiaient d'avoir quelquefois battu leurs maîtres (7).

La Chronique des trois Henri dit qu'à la bataille de Coutras, il y avait beaucoup de gentilshommes du Poitou dans les deux armées (8).

La même Chronique nous apprend que l'armée royale, en 1588, marcha sur Mauléon et de Mauléon sur Montaigu, pour en faire le siège à la sollicitation des gentilshommes catholiques de l'Anjou et du Bas-Poitou qui avaient beaucoup à souffrir de la garnison de cette place.

Dans cette armée, outre les compagnies des Roches Bariteaux et de Bournezeau, il y en avait au moins deux autres commandées par des gentilshommes du pays, la Boucherie et la Roche Saint-André (9).

René Girard, seigneur de la Roussière, un autre des principaux lieutenants du comte du Lude, gouverneur du Poitou, dont il avait épousé la nièce, avait son château à quelque distance de Coulonges-les-Royaux, sur les limites du Bocage et du pays que nous avons assigné à la prépondérance catholique.

Sur ces mêmes limites, ou tout à fait en deçà, et disputant le terrain au protestantisme, nous pouvons citer comme ayant figuré dans les armées catholiques, les Barlot du Chatelier Barlot, les Appelvoisin, connus sous les noms de Bodinatière et de Brebaudet, un Bigot de la Menardière, un d'Asnières, un Rouault de la Rousselière, un Audayer, Gislebert Chasteigner, seigneur de Réaumur et Jean des Herbiers de l'Etanduère, deux des défenseurs de Poitiers en 1569, un Jaillard de la Maronière, un Durcot, un Régnon, un du Plantis, de la famille qui suivit les Rouault et précéda les Jousbert dans la terre du Landreau.

En allant un peu plus avant, nous trouvons les du Puy-du-Fou, les Jousseaume du Courboureau, dont l'un, François, seigneur du Colombier, était capitaine d'une compagnie catholique, tandis que Jean était prêtre et Christophe, chevalier de Malte.

 

Dans le pays où sa recruta deux cents ans plus tard l'armée de Lescure et de la Rochejaquelein, nous voyons, il est vrai, les Sauvestre, seigneurs de Clisson et les Echallard, seigneurs de la Boulaye, dans le parti protestant; mais l'aïeul des la Rochejaquelein lui-même, mais Vignerot de Pont-Courlay, son frère utérin, mais les Rorthais, qui les précèdent à la Durbelière, sont catholiques.

Les grands seigneurs du pays, ceux qui y exercent la plus grande influence, le sont également : le maréchal de Cossé-Brissac, comte de Secondigny, Claude de Maillé-Brézé, seigneur de la Flocellière et de Cerisay, qui, à Coutras, portait la bannière du duc de Joyeuse et y fut tué, les Gouffier, ducs de Rouannais, seigneur d'Oiron.

Louis de La Trémouille, duc de Thouars, était zélé pour la même cause, et ce n'est qu'après sa mort, par suite de l'alliance de Charlotte de la Trémouille, sa fille, avec le prince de Condé que Claude, son fils, embrassa le parti de ce prince, par des circonstances complétement étrangères au pays.

Parmi les catholiques, on rencontre encore un de Chouppes, les Bodet de la Fenestre, les Tusseau, les Liniers d'Amaillou, les Petit de la Guierche et Saint-Amand, les d'Escoubleau, tous habitants, dans le Poitou, cette même partie de la Vendée militaire;

Et sur les confins de l'Anjou qui se confondent avec elle, les Chevalier de Villefort, dont l'un, Philippe, commandait pour le roi les châteaux de Saint-Loup et de Noirmoutier, et l'autre, Jean, allait prendre et perpétuer le nom de Grimouard sur le point de s'éteindre en la personne de son oncle, vicaire-général de Maillezais; les Hector de Tirpoil, qui demandaient l'érection d'une chapelle dans la dépendance de leur château, c'est-à-dire à peu près toutes les familles dont nous avons pu connaître le rôle d'après les Chroniques ou les documents originaux (10).

Nous avons consulté la liste des chevaliers de Malte, donnée à la fin de l'histoire de Vertot ; elle nous a conduit au même résultat.

Parmi les membres des familles que nous venons de signaler, nous retrouvons , de 1560 à 1600, comme appartenant aux diocèses de Luçon et de Maillezais, un du Puy-du-Fou, un Jousseaume, trois Appelvoisin, deux Liniers d'Amaillou, deux Gouffier de Boissy, un Maillé de Brézé;

Et parmi les autres familles que nous jugeons, en conséquence, être au moins restées en partie également fidèles à la foi catholique, un Robert de Lézardière, un Poitevin du Plessis-Landry, un Beaumont des Dorides, un de Granges-Montfermier, trois Viault de Buygonnet, un Grignon, deux Goulard de la Geffardière, un Petit de Salvert, un Foucrand de la Noue, un Suyrot, un Chenu du Bas-Plessis.

 

Petites guerres de Poictou. Reddition de Poictiers et autres places.

Quand on pensoit avoir guéri le Poictou d'une de ses rongnes, il en renaissoit deux autres.

La Grenache estoit tenu par Sévrie (11), par les menées duquel furent saisies plusieurs bicoques de peu de réputation. Entre autres, il mit son sergent-major avec une compagnie du pays et quelques chevaux-légers espagnols et italiens dans le Vignau (12), aussitost assiégé par La Boulaye.

Quelques-uns de ceux qui s'estoyent sauvez de la boucherie, reconnoissans aux aproches la voix du mareschal de camp et n'espérans aucune merci, un capitaine Chesne (13) et un autre, armez et montez, percèrent tous les corps de garde, et puis, suivis de deux gentilshommes en pourpoint et non plus, furent tous deux tuez.

 La Tour, sergent-major, espérant qu'on passeroit la colère sur les estrangers, composa et signa la capitulation, à la charge que le tiers seroit pendu. Lui passa le premier et vingt de ses compagnons du pais, les estrangers congédiez.

De là à quelque temps, Sévrie, allant à la guerre avec deux cents chevaux et cinq cents harquebusiers, rencontra La Boulaye un peu moins fort de cavalerie et n'ayant aucuns hommes de pied.

Ces troupes s'estans marchandées quelque temps, enfin Sévrie s'avance et fit charger par la moitié des siens la première troupe qui se présentoit à eux ; c'estoyent quelques hommes bien montez du Publiar, conduits par La Vernière (14) et Pousaire, tous en pourpoint, ausquels s'estoient adjoints Lardière (15) et Roussière- Turcot (16) et quelques volontaires avec eux.

Ceux-ci soustiennent le premier choc, qui estoit de la cavalerie de Machecou (17), et Sévrie y engagea encor le reste, qui, pour cela s'estant rompu, ne pût soustenir la charge de La Boulaye, prit le désordre et puis la fuite.

Bien prit aux gens de pied de Sévrie que le combat se passa à l'orée d'un grand bois, car ils en prirent le travers et les plus paresseux y demeurèrent, et La Boulaye s'en retourna maistre de la campagne, qui mourut peu de jours après, regretté en son pays, et tellement aimé que par quatre fois il a fait passer les rivières à cent vingt maistres poitevins.

Encor que le siège de la Flosselière fust après ce que nous avons à dire de Poictiers, j'en veux dépescher le bas Poictou (18).

La garnison estoit de quatre-vingts hommes, qui, ayant donné peine de faire les aproches quatre jours, composèrent et laissèrent libre le pays.

Hormis des courses que faisoyent ceux de Rochefort, peu de temps auparavant assiégé par le prince de Conti, assisté d'Anvile, Mommoranci, Rochepot, Sainct-Luc, les gouverneurs de Poictou, plusieurs compagnies de gens d'armes, les régimens de Bois-Guérin (19), Sainct-Georges (20) et quatre autres, tout cela avec deux mille coups de canon, n'ayant rien pu contre la place, fut contraint de lever le siège.

La garnison forte avoit encores pris en diverses façons Tigné, Chauvigné, le Fau, Bussifontaine et le Chastelet (21); tout fut reconquis à l'approche du prince de Conti.

Ceux-là mesmes, l'année d'après, en aoust, vindrent mettre en pièces une assemblée des réformez, communians à la Cène, au village de la Tardière, près de la Chastaignerais (22), et laissèrent sur la place grande quantité de personnes de tous aages et sexes, comme il paroist par leur confession aux articles par eux présentez et obtenus.

Poictiers, ayant l'exemple de Paris devant les yeux et sur le dos la lassitude et la pauvreté, commençoit à minuter les mesmes pensées.

 Il y avoit dedans près de deux cents bons chevaux-légers, qui faisoyent des courses et prises hazardeuses dans les portes des villes, leurs ennemies, de bons hommes de guerre et de commandement, mais sur tous Briandière pour la cavalerie et Le Cluseau pour les gens de pied.

Avant venir aux dernières affaires de cette ville, je ne puis laisser derrière comment Malicorne, s'estant un jour présenté sur le haut du fauxbourg Sainct-Ladre avec trois cents bons chevaux, des meilleurs hommes de son gouvernement et, ayant passé deux heures en escarmouches assez gaillardes, se retira pour ce soir à Ausance et le lendemain prit son logis à Cherve (23), qu'il estimoit bien couvert, pource que Sainct-Gelais, avec quatre-vingts salades, Choupes, avec soixante et les arquebusiers à cheval, estoyent logez au-devant de lui.

Ceux de Poictiers ayans esquivé tous ces logemens, vindrent fondre une heure après minuict dans Cherve, tuent les sentinelles, passent sur le ventre aux corps de garde, qui avoyent eu honte de faire barricades au quartier d'un général, enfoncent le logis de Malicorne, qui se sauva en une maison noble hors de feu avec vingt de ses gardes et quelques gentilshommes de marque, qui, par prévoyance, y avoyent demandé logis.

Tout fut pillé, horsmis cette maison, et le corps de garde de Hautefoye, qui seul avoit barriqué et gardé son devoir. Le meurtre fut moindre que la honte et la joye qu'en eurent ceux de Poictiers.

Sur le temps de la deffaite du vicomte, lui et Cluseau avoyent envoyé un homme au roi pour lui vendre la ville; ce que je sai, pource que le messager et l'affaire furent mis entre mes mains.

 Chacun de ces deux prétendoit divers mescontentement ; mais le premier surtout, les affronts qu'avoit receu son beau-père Bois-Séguin quand les habitans se saisirent de lui, et en sa présence rasèrent le chasteau.

 Ce qu'ayant dissimulé, il n'avoit tenu qu'à sa deffaite, que contre son devoir il n'amenast cette ville au sien.

La souvenance de ces choses, quelque essay des nécessitez par les blocus, et d'ailleurs se voyans seuls en leur province, il ne manquoit qu'une commodité de traiter qu'ils désiroyent depuis un an. Saincte-Marthe (24) et les autres réfugiez leur ayant ouvert ce moyen, le traité fut conclud et ils se mirent ès mains du roi au commencement de juillet (25).

Cette ville (26) ne doit plus paroistre sur la scène de la guerre, car, elle ayant fait sa composition, il n'y eut plus de trouble en la province qu'un voyage par Parabelle, lieutenant de roi, par la mort de Sainct-Gelais et de La Boulaye.

 C'estoit pour les isles de Rié (27), où le peuple, souslevé par l'aide de quelques compagnies de Nantes, présenta le combat aux troupes du roi, qui le refusèrent.

Mais celui qui les commandoit, les ayant ralliées, attaqua le principal retranchement des liguez, et, l'ayant emporté, tout le reste du Poictou se ploya à l'obéyssance.

En mesme mois, et le roi estant devant Laon, se firent et conclurent le traité du Chasteau-Tierri (28) et de tous ceux que nous avons dit jusques à la fin de l'année, qui acheva par celui du duc de Guise et de la ville de Rheins.

 

Les villes, en se rangeant sous l'obéissance du roi, mirent pour condition que le culte réformé ne serait point établi dans leurs murs.

Poitiers exigea qu'il fût exclu de ses faubourgs et de tous les lieux où il n'avait pas été autorisé par l'édit de 1577 et obtint, en outre, le rétablissement de la messe à Niort, à Fontenay et dans les paroisses où on avait cessé de la dire (29).

Elle se célébrait déjà à Fontenay, mais dans une seule église, celle de Saint-Nicolas, qui avait reçu la dépouille mortelle du Charles X de la Ligue.

 

La réduction des villes catholiques servait souvent de prétexte pour enlever aux huguenots celles dont eux-mêmes avaient la garde.

Pendant, qu'on négociait la soumission de Poitiers, ils eurent de vives craintes au sujet de Châtellerault, Loudun, Thouars, Saint-Maixent, Niort, Fontenay et Beauvoir-sur-mer.

Les gouverneurs de ces places eurent, à Thouars, le 2 mars, une conférence à laquelle assista Duplessis-Mornay.

Cette assemblée déjà suspecte à la cour, fut suivie d'une autre à Fontenay, dans le même mois.

Henri IV en témoigna vivement son mécontentement ; mais les protestants ne prirent occasion de ses plaintes que pour lui faire entendre de nouveau les leurs. Il n'y avait, en effet, rien d'assuré dans leur état.

Les lois rendues contre eux par Henri III n'étaient pas abrogées et les parlements refusaient d'enregistrer un édit donné en leur faveur par le nouveau roi. On leur fermait la porte de tous les emplois et ces vexations étaient d'autant plus sensibles que les charges les plus élevées étaient offertes aux anciens chefs de l'Union:

« Nous approuvons que ceux de la Ligue soient maréchaulx el admiraulx et disputons que les fidèles serviteurs du roi ne peuvent estre greffiers et notaires, écrivait avec amertume le fidèle Duplessis, cela ne peut durer »1 et cependant cela dura plusieurs années encore.

Aussi l'assemblée politique qui s'était réunie à Châtellerault le 16 juin 1597 dut-elle discuter longtemps avec le roi les termes du nouvel édit, et quand celui-ci eut été signé, elle dut en attendre longtemps l'enregistrement par les différents parlements.

 

 

PIERRE DURCOT DE LA ROUSSIERE, BARON DE LA GRÈVE.

Si les lettres que nous allons publier n'ajoutent aucun trait, nouveau à la physionomie des personnages qui les écrivirent, prince et rois, elles font trop d'honneur à ceux à qui elles furent adressées pour ne pas trouver leur place dans un recueil vendéen.

 Ces lettres n'offrent pas d'ailleurs un intérêt purement biographique elles sont des documents utiles pour l'histoire locale du temps, et au point de vue littéraire, elles font voir combien, même à la prendre par les détails les plus imprévus, on a eu raison de placer la correspondance de l'auteur des lettres à la belle Gabrielle au-dessus des productions contemporaines du genre, malgré les défauts de l'orthographe, défauts peu sensibles à une époque où la langue cherchait des règles.

Le second et le troisième billet à La Roussière, par exemple, ne le cèdent en vivacité naturelle, en sentiment simple et vrai, à aucune des missives d'Henri, et se placent à côté du célèbre billet à Crillon.

Comme les lettres de ses secrétaires paraissent à côté froides dans leurs expressions, et compassées dans leur réserve diplomatique! Comme elles sont loin de l'aspect si français du maître Chez celui-ci « pas un mot de style convenu. Le prince gascon, qui a partagé sa jeunesse entre la cour où florissait des Portes et la province où écrivait du Bartas, trouve toujours et sur le champ (car la lecture de ses billets écarte jusqu'à l'idée du travail) l'expression qui vivra. Ses archaïsmes eux-mêmes sont véritablement français, parce qu'ils expriment naturellement la pensée,….. ils ressemblent à ceux de La Fontaine » (30).

Pierre Durrot, escuyer, seigr de la Roussière, de Chaume (31) et des châtellenies de Saint-Denys-la-Chevasse (32), était le fils aîné de Gilles Durcot, sgr de la Roussière et Saint-Denys, et de Marguerite de La Muce (33).

Il eut quatre frères qui, suivant un exemple souvent donné alors, prirent part les uns et les autres aux guerres religieuses mais dans des camps opposés. Son second frère, Claude Durcot, est l'auteur de la branche de Puitesson, qui a encore ses représentants en Vendée, auxquels nous devons ces lettres.

 

La Roussière était-il né dans la religion protestante, ou bien ne s'attacha-t-il que plus tard à la cause du roi de Navarre, ainsi qu'on peut l'induire de la lettre de François de Bourbon, que nous donnerons tout à l'heure?

Malgré la tradition conservée dans la famille de Puitesson, nous avons un autre motif encore d'adopter la seconde opinion, c'est que son père, Gilles Durcot, n'était pas protestant ou du moins qu'il n'adopta qu'assez tard la réforme; car, par acte du 10 février 1573, nous le voyons présenter, pour le bénéfice fondé par ses ancêtres en l'église de Saint-Denys, Claude Durcot, son fils, clerc tonsuré, étudiant en l'université de Paris (34), lequel, par parenthèse, devint plus tard le chef de la branche de Puitesson, ainsi que nous venons de le dire. Nous savons encore que plusieurs de ses frères combattirent longtemps dans les rangs catholiques.

 

 Entré dans le parti de la réforme, La Roussière y servit si utilement Henri de ses biens et de sa personne que le roi lui octroya le titre de gentilhomme ordinaire de sa chambre, par lettres du 29 août 1592, « ayant esgard, y est-il dit, aux bons et agréables services que nous a cy devant faicts et continue chacun jour notre cher et bien amé Pierre Durcot. »

La baronnie de La Grève lui était venue par acquisition de Gilles de Chastillon, le 11 août 1599; à partir de ce moment il en prit le nom, titre sous lequel son fils Alexandre a été connu aussi, ce qui est devenu la cause de contradictions que nous essayerons de dissiper et dont la Généalogie des Durcot n'a point su se préserver (35).

 La Roussière se maria deux fois. La généalogie ne parle cependant que d'un mariage mais il résulte d'un contrat qui nous a été communiqué par M. de Puitesson qu'il épousa en premières noces Renée de Villeneuve, fille de Jean de Villeneuve, sgr de Laypois et de la Garenne, et de Bonaventure Millon.

Renée de Villeneuve ayant perdu son père et sa mère, le mariage fut célébré au Plessis-Millon, paroisse du Boussay (36) au manoir de Joseph de La Muce, Pierre de La Roussière y étant « sous l'autorité et avec le consentement exprès de son père et de l'avis dudit Joseph de la Muce, sgr de Villedor, son oncle. »

La date précise de la mort de Pierre Durcot de La Roussière ne nous est pas connue; elle eut lieu avant l'année 1615.

 

 Son fils aîné, Alexandre Durcot, lui succéda dans son titre de baron de La Grève et, à ce qu'il paraît aussi, dans son influence au milieu du parti de la Réforme, ainsi qu'il résulte des deux lettres de Louis XIII, dont la seconde lui confie en 1620 le gouvernement de la ville de Royan, l'une des places de sûreté accordées aux protestants.

 Alexandre est le baron de La Grève qui périt au combat de Mareuil livré au mois de février 1622.

Après avoir rétabli la vérité, nous le croyons du moins, sur ce qui concerne ces deux personnages, nous allons faire connaître les embarras que nous avons trouvés à reconstituer leur existence.

 Nous ferons remarquer qu'ils ont été singulièrement augmentés par l'existence simultanée dans le même pays d'un autre personnage appelé aussi La Roussière (37).

Ce La Roussière, que d'Aubigné appelle Culdebraie, mais dont le nom de famille était Girard, fut nommé gouverneur de Fontenay par lettres du roi Henri III, le 27 février 1582.

 C'est lui qui commandait les catholiques assiégés dans cette ville par le roi de Navarre, et qui fit la capitulation, le ler juin 1587 (38).

Il fut aussi la victime d'une surprise au milieu d'une partie de chasse, dont la scène se passa dans la forêt de Vouvent, et que raconte d'Aubigné (39).

 

 

Nous avons vu que Pierre de La Roussière avait cessé de vivre avant 1615, cependant la Généalogie en fait le gouverneur de Royan, et dit qu'il comparut en 1635 devant l'intendant de Poitou pour la confirmation de, sa noblesse.

 D'autres l'avaient fait mourir au combat de Mareuil dans le récit duquel l'historien Thibaudeau n'est du reste rien moins que clair.

 

La guerre ayant recommencé entre catholiques et protestants Soubise entra en Bas-Poitou, prit la Chaume et menaça Talmond.

Châteaubriand des Roches-Baritaud reçut du comte de La Rochefoucauld l'ordre d'aller occuper cette dernière place et de la préserver. Il rencontra, près de Mareuil, un parti de réformés commandés par le vicomte de La Cressonnière.

Le baron de La Grève fut blessé grièvement dans le combat, dit Thibaudeau, qui ajoute à la fin du même alinéa :  « Le roi, pour témoigner sa satisfaction à des Roches-Baritaud, lui donna les biens du baron de la Grève, qui avait été tué dans cette rencontre (40). »

 M. de La Fontenelle, parlant de cette affaire, dit simplement, sans relever la contradiction que paraît contenir le récit de Thibaudeau : « cette confiscation fut probablement provisoire, puisque la famille hérita des biens du baron (41). »

Y avait-il donc deux barons de La Grève à ce combat, l'un tué l'autre blessé seulement? Cela ne se pouvait pas; les lois ne permettant pas au fils de prendre le titre nobiliaire de son père du vivant de celui-ci.

L'historien des protestants du Poitou, M. Lièvre, dit que le baron de la Grève, fils aîné de La Roussière, y fut blessé et qu'il y eut un de ses frères blessé et l'autre tué (42).

Est-ce une erreur de plus? C'est notre avis. Quoiqu'il en soit, il est certain qu'Alexandre Durcot, baron de La Grève, n'existait plus en 1627 cela résulte d'une déclaration rendue, le 14 juillet, à sa veuve, Marthe Pallot (43).

S'il était vrai qu'Alexandre Durcot ne pérît pas au combat de Mareuil, ce serait donc lui qui fut le héros de l'anecdote suivante, que nous donnerons en entier, parce qu'elle tient à notre sujet (44).

Cependant nous ferons remarquer, pour maintenir notre premier avis; que bien qu'il y soit parlé de ses puînés, sous les noms de sgr de Chaume et de sgr de Rochefort, nous savons qu'Alexandre n'ayant laissé qu'une fille, Gilles, son plus jeune frère, prit le nom de baron de La Grève qu'il devait porter à l'époque dont nous allons parler.

 « Le jeudi 15 octobre 1626, le baron de La Grève et de La Roussière, du nom de Durcot, assisté de plusieurs autres gentilshommes protestants, fit enterrer de vive force, dans l'église de Saint-Denys-la-Chevasse, le corps de son beau-frère, Jacques Bertrand, sgr de Saint-Fulgent et de Chastenay (45), décédé le 8 septembre précédent.

 Sur la plainte qui en fut portée, l'exhumation de la dépouille mortelle de ce seigneur fut ordonnée, par arrêt du parlement, du 18 novembre de la même année. Cette opération fut confiée à Jean Brunet, lieutenant civil et criminel à Fontenay-le-Comte, qui se fit accompagner par François Gourdien, assesseur de la maréchaussée et de cent vingt archers.

Aymeri de Bragelongne, évêque de Luçon, Pierre Admirault, grand-vicaire, et plusieurs chanoines, faisaient aussi partie du cortège.

« Arrive à Mareuil, le 29 novembre, un certain nombre de cavaliers furent détachés pour aller prendre possession de l'église de Saint-Denys que l'on craignait de voir occuper par les protestants, qui avaient été avertis de ce qu'on voulait faire, par le sgr du Landreau, habitant de Mareuil, et gentilhomme protestant.

 L'occupation de l'église eut pourtant lieu sans difficulté, et les archers y allumèrent du feu et y passèrent la nuit. Le lendemain 30, tout le monde étant arrivé, l'exhumation du sgr de Saint-Fulgent eut lieu, et le corps fut transporté au cimetière des catholiques de la paroisse, les protestants n'en ayant point encore dans cette localité.

« Vers midi, l'évêque et tout le cortège étant partis de Saint-Denys et rendus à une demi-lieue de là environ, Samuel Durcot, sgr de Rochefort et le sgr de La Chaume, accompagnés de douze à quinze hommes armés, se trouvèrent sur la route, tandis qu'un grand nombre des leurs étaient postés plus loin.

Ils adressèrent la parole au prélat et lui dirent qu'il venait de faire une vilaine action et qu'ils en tireraient vengeance ils se retirèrent ensuite sur les observations qu'on leur fit. Mais le rassemblement se porta au lieu où le corps du sgr de Saint-Fulgent avait été déposé et un ministre, accompagné de la veuve et de plusieurs parents, fit enlever le cadavre et le fit porter dans un autre cimetière situé hors du bourg de Saint-Denys, où il fut inhumé dans une chapelle murée qui s'y trouvait.

« Aymeri de Bragelongne ayant porté plainte sur ces faits et notamment à raison des menaces qui lui avaient été faites, un arrêt du parlement, du 19 décembre 1626, ordonna que les sgrs de Rochefort et de La Chaume seraient pris au corps, à raison des insolences, rebellions et blasphêmes dont ils s'étaient rendus coupables et que leurs biens seraient saisis. »

Les Durcot persistèrent longtemps dans la religion réformée.

 En septembre 1661, les églises de la religion, tant du haut que du bas Poitou, tenaient à Pouzauges un synode où l'ordre fut troublé par un grand scandale causé par Durcot du Plessis-Puitesson, dont la violence était très-connue, Puitesson, bien qu'il fût protestant, se jeta sur le ministre de Montaigu, Maillart, à la porte de l'assemblée, lui donna un coup d'épée dans le corps, le renversa et le frappa de plusieurs autres coups d'épée.

 Gabriel de Caithault, sgr depuis de La Cacaudière, commissaire nommé par le duc de Roannez pour surveiller la réunion, fit arrêter et enfermer Puitesson à la prison du château.

Il paraît que Maillart n'en mourut pas sur le champ, car à la fin du synode, Gabriel de Cailhault rendit son agresseur à la liberté sur la demande des assistants et du ministre Maillart lui-même (46).

 

Pour compléter ces notes, il nous semble indispensable de donner quelques renseignements sur La Grève.

La Grève était une des vingt baronnies qui relevaient à foi et hommage du duché de Thouars.

Bien qu'elle eût droit de haute justice, c'était une petite baronnie comprenant seulement la paroisse de Saint-Martin-des-Noyers et une partie de celle de Lairière; elle n'avait point d'officiers judiciaires, c'étaient ceux de la baronnie de Bournezeau qui venaient y exercer !a justice.

 Son manoir, éloigné des places fortes et situé dans le plus épais du Bocage, avait quelque importance comme poste commode pour les courses.

La Noue sorti de la Rochelle avec un corps considérable de troupes en 1570, après s'être emparé de Luçon, du Gué et du Langon, prit la Grève et ensuite Mareuil (47).

 

 

La mort d'Henri III, la Grève retomba aux mains des ligueurs ceux de Poitiers s'en emparèrent ainsi que de plusieurs châteaux-forts « places mobiles, dit d'Aubigné, et desquelles les changemens et désordres sont difficiles à mettre en ordre. »

 La Boulaye les reprit sur Mercœur ; La Grève fut enlevée par escalade, au moyen d'une échelle appliquée à la muraille pendant la nuit (48).

La petite paroisse de Sainte-Agathe de la Grève avait son prieur-curé qui y a dit la messe jusqu'à la révolution, où cessa l'existence de la pauvre paroisse, qui fut réunie à la commune de Saint-Martin-des-Noyers.

 

 

 

Recueil des lettres missives

I.

Monsieur de la Roussières, Ayant entendu de Monsieur de la Tremoille la bonne affection que vous avez tousjours portée au service du Roy Monseigneur, je vous ay bien voulu escrire la présente pour vous prier incontinant icelle receue venyr trouver ledit sr de la Tremoille avec le meilleur nombre de vos amys que vous pourrez, pour faire auprès de luy ung bon service au Roy Mondit seigneur aux occasions qui se présentent, vous asseurant qu'en aultre meilleure ne pouvez vous faire paroistre a Sa Majesté l'affection que vous avez a sondit service. Je vous priray donc encores une foys ne manquer en une telle occasion. Et Notre Seigneur vous donner, Monsieur de la Roussières, ce que désirez.

De Saulmur ce XX IIII jour de juing 1585.

Vostre entièrement bon amy

 François de BOURBON.

 

 

François de Bourbon, prince de Conti. Il quitta la cour en 1587 pour suivre le parti du roi de Navarre, son cousin, revint à Henri III et, à la mort de ce prince, fut le premier à reconnaître Henri IV roi de France (49).

– Claude de La Trémoille, duc de Thouars, prince de Talmond, né en 1566, après avoir fait ses premières armes contre les protestants, changea de parti en 1585, et conduisit un corps de troupes au prince de Condé, qui épousa sa sœur Charlotte de La Trémoille, le 16 mars 1586.

 Il semblerait donc résulter de cette lettre que ni le duc de La Trémoille ni La Roussière ne comptaient à ce moment parmi les protestants, et qu'ainsi, bien qu'on l'ait écrit, La Roussiere n'était point né dans la religion réformée.

 

 

II.

Mr de la Roussyère, Je vyens darryver an ce lyeu pour aller secouryr les nostres quy sont asyégés à Montegut. Je vous prye …..  de demeyn à mydy a Saynt Fulgean avec vos…… avec vous vos frères. Il faut…… dylygence et ne perdre ceste ocasyon.

De Bournevau ce mercredy à troys heures après mydy Xe aoust cest

 Vostre plus assuré amy

HENRY

 

 

L'année de cette lettre, écrite de la main du roi, est 1588.

 Il était arrivé à Bournezeau le matin de Luçon il y fut joint par La Boulaye et sa compagnie de gendarmes, ainsi que par la compagnie d'arquebusiers à cheval du capitaine de Nesdé ; le lendemain, le roi alla coucher aux Essarts.

 Cette expédition avait pour but de dégager la garnison de Montaigu, menacée d'un siège par Mercoeur (50).

 Bournezeau s'appela Blois dans le principe, et son seigneur, dans les chartes, dominus de Blesis. Ensuite le bourg ayant été rebâti, on le nomma Bourg-nouveau, d’où Bourgneveua, Bournevau, et, par corruption, Bournezeau. (18 février 1092, Etienne de Blois nommé dans des chartes de Chaize le Vicomte)

Les paysans qui disent encore Borcnovea ou Bournevea, comme au moyen-âge, sont donc plus près que nous de l'étymologie (51).

 

 

III.

Monsr' de la Roussyère, Je vous ay espargné le plus que j'ay peu et vous ay layssé séjourner à la meson lors des grandes courvées mays mayntenant que je m'an vay pour charger larmée des annemys, je vous prye de vous randre demeyn au soyr à Mortaygne avec vos frères et avec vos armes et chevaus avec un leger equypage. Nostre voyage ne sera que pour quatre ou cynq jours au plus tard et ne sera ynfructueus. Sy vous aves quelques jantyshommes de vos voysyns quy veuyllent venyr, amenes les quant et vous et assures vous queus et vous seres les byen venus et reseus de

Vosre byen afectyonné amy

HENRY

De Getygné, ce lundy

XIX de septambre

 

 

Cette lettre autographe d'Henri ne porte pas la date de l'année, qui est 1588. M. Berger de Xivrey l'a insérée dans le Recueil des lettres missives t.II, p. 393, sur une copie envoyée par M. de La Fontenelle de Vaudoré, laquelle fourmille d'inexactitudes.

La campagne à laquelle il convie La Roussière se termina par la prise de Beauvoir-sur-Mer au mois d'octobre.

 Gétigne est dans le canton de Clisson, département de la Loire-Inférieure.

 

 

IV.

Mr de la Roussyère, Je vous escryvy yl y a quelques jours de monter à cheval et avec vos amys armes et chevaus me venyr trouver pour ce quyl se présante journellemant de belles occasyons dantreprandre sur larmée des annemys. Et pour lassurance que jay que vous ne voudres estre des darnyers je vous prye yncontynant la présante receue de me venyr trouver an ce lyeu avec vos amys armes et chevaus. Cest trop demeure [r] an repos, venes donc je vous prye faysant état que vous seres le byen venu et receu de

Vostre afectyonné amy

HENRY

 

 

 

Cette lettre, sans date non plus, a dû être écrite du 25 au 28 septembre 1588, de Gonnord ou de Chemillé ; comme les deux précédentes, elle est de la main d'Henri. M. de Xivrey l'a publiée dans son Recueil de lettres missives, à la suite de la dernière, sur une copie transmise par M. de La Villegille, qui laisse à désirer pour l'exactitude.

 

 

 

V.

Monsr de la Roussyère, Jay de si bonnes preuves de vostre fidelle affection à mon service que je suis très asseuré que tout ce que vous vous apercevez qui en deppend vous est en singullière recommandation. C'est pourquoy je ne fais nulle doubte qu'ayant esté adverty comme vous avez peu estre des mauvais déportemens daucuns gens de guerre qui sont dans le païs allentour de vous, lesquels au lieu de me venir servir icy en mon armée, ou en celle que jay en Poictou, s'amusent à piller et ravager le païs ainsi que lon m'a faict entendre qu'ils font, vous ny avez apporté du vostre tout ce que vous avez pensé pouvoir servir pour l'en nettoyer. Néantmoins ayant de ma part telles violances et iniquictez en horreur, et autant à cœur comme jay le repos de mon pauvre peuple en recommandation, jay bien voullu adjouster ce tesmoignaige de ma volonté à vostre affection, pour vous dire que je désire sur tout que vous vous employez à cela de vostre pouvoir, faisant en sorte que premièrement par remonstrances et advertissemens, et puis par la force en assemblant le plus de vos amis et de ceux que vous reconnaistrez estre mes serviteurs que vous pourrez pour leur courir sus et les mettre en pièces, le païs en soyt purgé et nettoyé. En quoy vous me ferez service bien agréable de ne vous poinct espargner non plus que vous avez par cy devant faict en semblables occasions qui se sont présentées contre aucuns de mes ennemis et rebelles, dont je ne perds poinct la souvenance, me réservant de le reconnoistre en celles qui s'offriront par cy après; Priant Dieu sur ce, Monsr de laRoussyère, vous conserver en sa saincte grace.

Escrit au camp de Sainct-Denis ce iiije jour de aoust 1590

 HENRY

· FORGET

 

 

 

Tandis que le roi était occupé du siège de Paris, des bandes de pillards, appartenant à tous les partis, dévastaient le Poitou.

 

 

VI.

Monsr de la Roussière, Les menées et mauvais desseings que j'ay entendu………… les ennemis contre mon service en Poictou, m'ont faict resouldre dy mettre lordre que vous entendrez du Sr de Laboullaye, lequel je y renvoye exprescément, dautant qu'il est nécessaire en cela que mes bons serviteurs qui sont sur…… my facent paroistre des effects de leur bonne affection, estant bien certain…… Je vous diray que j'auray fort agréable de vous y en veoyr les occasions qui se présenteront conviant vos amis de faire le semblable……. de reconnoistre vos services en temps et lieu, [sur ce] vous pouvez prendre toutte asseurance, vous ayant ce pendant faict ma sauvegarde, ainsi que désirez pour la conservation de vos terres et maisons. Je remets au reste à la suffisance dudit sr de Laboullaye de vous faire entendre l'estat de nos affaires de deçà et ce qui s'y est passé jusques Ici; Priant Dieu sur ce, Mons de la Roussiere vous conserver en sa saincte garde.

Du camp devant Clermont ce dernier jour de sept. 1590. HENRY

FORGET

 

 

 

Les désordres étaient loin de diminuer depuis la dernière lettre du roi. Chartes Echallard de La Boulaye, qu'il envoya dans le but de rétablir la tranquillité dans la province, de concert avec La Roussière, était gouverneur de Fontenay depuis la reddition de cette ville le 1er juin 1587, et lieutenant-général en Bas-Poitou (52).

 

 

 

VII.

Monsr de la Grève, Envoyant mes cousins le duc de Rohan et le comte de la Rochefoucault en ma province de Poictou pour pourveoir aux choses qui pourront requerir leur présence sur loccasion du départ de la royne Madame ma mère de la ville de Blois pour aller à Angoulesme, et par ce qu'ils y pourront en cela avoir besoing de l'assistance de mes bons serviteurs du nombre desquels je vous ay tousjours tenu, pour les preuves que vous m'avez rendues de votre fidellité et affection à mon service, je vous ay voulu faire ceste lettre pour vous prier de la leur deppartir en vostre particulier de ce qui deppendra de vous et du pouvoir de vos amys que vous ferez advertir de se tenir prests pour cest effect, selon que mondit cousin le duc de Rohan et en son absence mondit cousin le comte de la Rochefoucault vous fera entendre estre de mes intencions. Vous asseurant que jauray en bonne considération les services que vous me rendrez en ces occasions près de l'un ou de lautre, pour les recongnoistre en ce qui s'offrira pour vostre contentement. Et n'estant ceste cy sur autre subject, je prie Dieu Monsr de la Grève vous avoir en sa saincte garde.

Escript à Paris le viije jour de mars 1619.

LOUIS

PHELYPEAUX.

 

 

De son côté, Marie de Médicis avait sollicité vainement les réformés de prendre parti pour elle. La guerre qui suivit son évasion fut terminée par la paix d'Angoulême, signée le 30 avril entre la mère et le fils.

 

 

VIII.

Monsr le baron de la Grève, la confiance que je veux prendre de vostre fidéllité et affection a mon service m'a faict jeter les yeux sur vous pour vous donner la charge et gouvernement de la ville de Royan masseurant que vous vous en acquicterez bien et fidellement et avec le soing et vigillence qui y est requise, et par ce que cest 1'une des places qui sont baillées en garde a mes subjects de la Religion prétendue refformée, vous prendrez soing de m'envoyer une attestation de vostre collocque contenant la profession que vous faictes de ladicte Religion affin que en suitte je vous en face depescher les provisions nécessaires Cependant vous vous preparerez de m'y rendre tout le service que j'y attends de vous, et cependant je prie Dieu Monsr' le baron de la Grève qu'il vous ayt en sa saincte garde.

Escrit à Calais le dernier jour de décembre 1620.

Louis

PHELYPEAUX

 

 

L'assemblée des protestants, tenue à Loudun en septembre 1619, avait décidé, en se séparant sur l'ordre du roi, que si dans six mois il n'était pas donné satisfaction à ses doléances, une nouvelle réunion aurait lieu. Parmi ses réclamations se trouvait celle de proroger pour quatre ans la garde des places de sûreté accordées aux réformés. La cour avait promis, mais ensuite elle paraissait ne plus tenir compte de ses engagements.

L'assemblée, fatiguée de tant de retards, se regarda alors en droit de se reconstituer, ce qui eut lieu à la Rochelle, à la fin de décembre 1620; C'est à ce moment que la cour, mise, par les événements, en demeure d'exécuter ses promesses, se décida à nommer le baron de la Grève gouverneur de Royan.

LÉON AUDÉ.

 

 

 

Château de La Roussière 79160 Saint-Maixent-de-Beugné

Situé à la limite des Deux-Sèvres et de la Vendée, le château de la Roussière est le témoin de l’attachement d’une famille à une terre possédée depuis le XIVe siècle.

 

La famille Girard, d'origine vendéenne, portait d'azur à trois chevrons d'or.

Le premier acte qui fait intervenir les seigneurs de la Roussière est un contrat de mariage entre René Girard de la Roussière et Pétronille du Puy-du-Fou, daté de 1329.

Mais c’est surtout au XVIe siècle, avec Amaury puis René Girard, que la famille se révèle en participant activement à la lutte contre les protestants.

La propriété de la Roussière sera transmise par héritage à Guillaume Fouquet de la Varenne, contrôleur général des postes, conseiller au Parlement de Paris, seigneur de la Flèche et même abbé de Saint-Maixent. Celui-ci meurt en 1698 et transmet terres et château aux Champagne dont une fille épouse en 1732 Charles César, comte de Choiseul, duc de Praslin.

 Ces propriétaires successifs retenus par leur carrières militaires ou par la Cour occupent peu la Roussière, qui de plus souffre de son éloignement et de sa difficulté d’accès jusqu’au XIXe siècle.

Au moment de la Révolution française, grâce à la présence à la Roussière de Mile de Lorré, nièce du duc de Choiseul-Praslin, le domaine conserve son intégrité.

 Renaud, fils du duc de Choiseul, épouse en 1784 Marguerite de Durfort dont une fille épousera en 1797 Amédée d'Hautefort.

Avec le XIXe siècle, la Roussière sera successivement possédée par le baron de Damas, ministre de la Guerre et des Affaires Etrangères de Louis XVIII et Charles X, avant de revenir à la famille Chabot, d’origine vendéenne.

 Très marqué par les nombreuses dévastations, le château de la Roussière conserve néanmoins du château primitif un édifice constitué d’un passage charretier avec salle de garde au premier étage.

Ce châtelet d’entrée était flanqué de bâtiments comme en témoignent les arcs brisés encore visibles sous le porche, avec pour le côté ouest la présence éventuelle d’une galerie ou d’un deuxième passage charretier. Le châtelet, côté sud-est, est flanqué d’une tour ronde, probablement antérieure, qui contient un escalier en vis qui débouche sur des portes murées qui devaient permettre l’accès aux constructions détruites lors des incendies successifs du XVIe siècle.

 Le désaxement de la façade sud du châtelet souligne les différentes étapes de construction. Côté sud-ouest, une deuxième tour hexagonale contient un second escalier en vis qui conduit à la salle de garde au-dessus du passage et aux combles.

Le château actuel a été construit au XVIIIe siècle. Il comporte un corps central cantonné de deux pavillons.

Le bâtiment principal comprend deux niveaux sur cour et trois côté jardin avec une fausse symétrie. La façade nord est légèrement plus allongée et l'emplacement des baies de la dernière travée est décalé. Le corps principal est couronné d’un comble habitable pourvu de lucarnes à fronton triangulaire disproportionnées par rapport à l’ensemble. Toutes les baies sont sommées de linteaux légèrement arrondis.

Au début du XIXe siècle, un pavillon fut ajouté à l'extrémité est mais son pendant n’a jamais pu être réalisé: la guerre de 1914 interrompit les travaux. La façade sud est parée d’un escalier en U à deux volées (parallèles et convergentes) du XVIIIe siècle avec une grille en fer, portant les initiales des Fouquet de la Varenne, qui ne subsiste que sur le palier et les repos.

Occupant l'emplacement des anciennes douves, un jardin à la française complète la perspective créée par l’élévation naturelle du terrain. Les jardins plantés d’essences rares sont particulièrement mis en valeur à la Roussière, de même qu’un système fontainier élaboré. Cet ensemble comprend un bassin entièrement pavé du XVIIIe siècle appelé gardou (sorte de vivier) qui est alimenté par quatre fontaines; ces fontaines alimentent un second ensemble dont l’utilisation reste hypothétique.

 Abrité dans son écrin de verdure, le château de la Roussière, mutilé par les Guerres de Religion qui détruisirent en Bas-Poitou plus de châteaux et d’édifices religieux que la Révolution, a tous les traits d’une maison noble aux champs. (Extrait de Châteaux, Manoirs et Logis des Deux-Sèvres.)

 Éléments protégés MH : les façades et les toitures, y compris celles du porche d'entrée avec ses deux tours, la terrasse, les grilles, le jardin à la française : inscription par arrêté du 6 décembre 1982. Le système hydraulique (abreuvoir) : inscription par arrêté du 20 novembre 1989.

 

 

 

 

SYNODES PROVINCIAUX

1561 ou 1562, Parthenay. 1561 ou 1562, Niort.

1563, février. Bourgnouveau (Bournezeau ?) mars, Puybelliard (il s'agit peut-être plutôt d'assemblées politiques).

1564, fin avril, Mouilleron. 1576, août, Saint-Maixent.

1579, 11 mars, Saint-Gelais.

1582, mai, Nanteuil (près de Saint-Maixent).

1584, Ier août, Exoudun.

1584, 10 octobre, Jazeneuil (Arch. nat. TT. 241).

1593, Niort (assemblée extraordinaire).

1593, Saint-Maixent (Arch. Deux-Sèvres, Fonds Prot., 316) publié par Bull. 1911, p. 48.

1594, mars, Fontenay.

1597, Fontenay.

1597, Châtellerault.

1598, 26 août, Saint-Maixent (Arch. Deux-Sèvres, Fonds Prot., 317 et Arch. Nat. TT. 241, copie à la Bibliothèque protestantes, 869-2).

1600 (environ), Fontenay.

1601, 4 avril, Niort (Arch. Nat., TT. 241, copie Bibl. prot., 869-2).

1601, 8 août, Couhé (Arch. Nat., TT. 241, copie Bibl. prot., 869-2) et dans les papiers Auzière.

1602, Fontenay.

1603, Châtellerault (Bibl. de l'Arsenal, fonds Conrard, 5420, copie dans les papiers Auzière à la Bibliothèque Prot.).

1604, 24 avril, Châtellerault.

1605, 8 mars, Fontenay (Arch. Deux-Sèvres, Fonds prot., 307-308, incomplet).

1606, 25 avril, Thouars.

1607, 7 juillet, Pouzauges.

1610, Fontenay (novembre ou début de décembre).

1611, 16 avril, Assemblée provinciale (politique et non synodale).

1611, 21 décembre, conseil des églises de la province de Poitou  (tenu sans que M. de Parabère, ni plusieurs, autres serviteurs du roi en aient été avertis, ni les ministres qu'on croit être paisibles). Arch. Nat. TT., 271 (Assemblée politique et non synodale).

1617, 8 avril, Thouars.

1617, novembre, Pouzauges.

1620, mai, Fontenay.

1623, août, Niort.

1624, 3 septembre, Couhé,

1629, Melle.

1632, 20 octobre, Lusignan.

1633, 19 octobre, Fontenay.

1634, octobre, Niort.

1637, 5 mai, Pouzauges.

1638, 4 août, Chef-Boutonne (liste des représentants Mém. Société de .Statistique des Deux-Sèvres, 1884,' p. 85 et suiv.), ce synode y est daté par erreur du 4 avril 1632.

1642, 27 mai, Fontenay.

1643, 8 juillet, Saint-Maixent.

1644, Parthenay.

1645, 13 juin, Thouars,

1646, 4 septembre, Fontenay.

1647, Exoudun.

1648 (20 mai), La Mothe.

1651 (environ), Pouzauges.

1652, 11 septembre, Melle.

1654, Couhé.

1655, août, Fontenay.

1656, août, Niort.

1657, 5 septembre, Lusignan.

1658, 4 septembre, Fontenay.

1659, 3 septembre, Chef-Boutonne.;

1660, septembre, Civray.

1661, 7 septembre, Pouzauges.;

1662, 30 août, Saint-Maixent.

1663, 27 juin, Châtellerault (Bibl. Prot., 468-1, publié dans Arch.: hist. Poitou, t. .XXXI).

1664, 23 avril, Fontenay,

1665, 8 septembre, La Mothe,

1666, Lusignan.

1667, 23 novembre Pouzauges (copie dans les papiers Auzière, Bibl. Prot).

1671, ler juillet, Niort.

1672, 15 novembre, Niort.

1673, 1er novembre, Civray (Arch. Nat. 241, copie incomplète dans Auzière).

1677, 20 octobre, Fontenay.

1678, 26 octobre, Melle (Bibl. prot, 468-1).

1682, 23 avril, Thouars.;

1683, juin, Fontenay.

 

Colloques

1596, 14 mai Mougon (Moyen Poitou), Arch. Nat. TT. 241, Arch. Vienne, C-49, copie Bibl. prot., 468-14.

1597, 9 décembre, Melle (Moyen Poitou), Arch. Nat., TT, 241,

1598, 28 octobre, Couhé (Haut-Poitou), ibid.

1599, 4 et 5 août, Châtellerault (Haut-Poitou), ibid.

1600, probablement au Vigeant (Haut-Poitou).

1613, 15 janvier, La Mothe Saint-Héraye, ibid., 257-7.

 

 

 

 

Histoire des protestants et des Églises réformées du Poitou (Nouvelle édition, entièrement refondue) / Pierre Dez,...

Histoire universelle. T. 9, 1594-1602 / par Agrippa d'Aubigné ; éd. publ., pour la Société de l'Histoire de France, par le baron Alphonse de Ruble

Échos du bocage vendéen : fragments d'histoire, de science, d'art et de littérature : publication illustrée paraissant tous les deux mois

Questions sur la noblesse et aperçus historiques sur la noblesse de la Vendée, par H. Grimoüard de Saint-Laurent

 Société d'émulation de la Vendée.

 

 

 

 Les Guerres de Religions en dates <==

 

 


 

(1) Chron. fonten, p. 108.

(2) Mémoire concernant l'état du Poitou, Fontenay, 1852.

(3) Relation véritable de ce qui s'est passé à la levée du siège de Cognac. Paris, 1651, br. in-4°, p. II.

(4) Recherches historiques sur Fontenay, B. Fillon, p. 133.

(5) chron, fonten., p. 231.

(6) Jean de Léaumont, gouverneur d'Anjou.

(7) Chron. fonten., p. 301.

(8) Chron. fonten., p 421.

(9) Chron fonten., p. 435 et 437.

(10) Dict. des familles du Poitou; Thibaudeau, Hist. du Poitou; Chronique du Langon; Chronique de Pierre Brisson; Fillon, Recherches historiques sur Fontenay, etc., etc. Les Éludes historiques et archéologiques de M. Audé n'ayant encore porté que sur l'un des cantons le plus complétement envahis par le protestantisme, elles ne nous ont fait connaître presque uniquement que des noms protestants.

(11) Les Puy du Fou, seigneur de la Sévrie.

(12). Probablement le Vigean (Vienne).

(13). Le s. du Chesne est mentionné dans une lettre de Henri IV au duc de Nevers, datée du 3 octobre 1591 (Lettres de Henri IV, t. III, p. 492).

(14). Le s. de la Verrière, cousin germain du cardinal de Gondi, cité dans les Lettres de Henri IV (t. III, p. 587).

(15). Le s. de la Lardière, serviteur fidèle du roi de Navarre, souvent cité dans les Lettres de Henri IV (t. VIII, passim).

(16). Pierre Durcot, seigneur de la Roussière, voir ci-dessous.

(17). Machecoul (Loire-Inférieure).

(18). Les troupes du duc de Mercœur prennent le château durant les guerres de religion.

En 1597, le château de la Flocellière subit un siège. En effet, en pleine Guerre de Religion, les Maillé-Brézé, protestants, sont assiégés par le Vicomte de la Guierche, alors partisan de la Ligue Catholique. Ce dernier parvient à s'emparer d'un beau butin.

(19). Claude du Perrier, s. de Boisguérin, gouverneur du château de Loudun en février 1589, plusieurs fois cité dans les Lettres de Henri IV.

(20). Le s. de Saint-George, capitaine poitevin, mort après 1607.

(21). Tigné (Maine-et-Loire), Chauvigny (Vienne), le Chàtelet (Cher).

(22). La Tardière, la Châtaigneraie (Vendée).

(23). Auzances (Creuse), Cherves (Vienne).

(24). Gaucher, dit Scévole de Sainte-Marthe, contrôleur général des finances en Poitou, président des trésoriers de France, né le 2 février 1536, mort le 29 mars 1623.

(25). Soumission de Poitiers à Henri IV, 16 juin 1594.

La déclaration du roi sur la réduction de cette ville, donnée à Paris, est datée du mois de juillet. Elle est conservée dans le f. fr., vol. 3990, f. 132. Elle fut enregistrée au Parlement le 4 juillet.

(26). L'alinéa qui suit manque à l'édition de 1620.

(27). L'ile de Rié (Vendée).

(28). Saint-Chamand, s. du Péché, rendit Château-Thierry à Henri IV le 11 juillet 1594. L'édit de pacification, daté de juillet, fut enregistré au Parlement le 2 septembre (De Thou, liv. CXI).

On conserve dans le fonds français, vol. 3990, f. 108, une requête des habitants de Château-Thierry au roi à l'occasion de leur soumission, avec les réponses du roi.

(29). Edit pour la pacification de Poitiers, 16 juin 1594. Arch. Hist. Poitou, XXVII, p. 476. Poitiers était assiégé par d'Aubigné quand la trêve de La Villette mit fin aux hostilités, laissant provisoirement Poitiers aux Ligueurs (31 juillet 1593).

(30) M. Robiou, Histoire de la littérature du commencement du XVIIe siècle, p. 116.

(31) Il demeurait ordinairement A la Roussière, petit manoir ou plutôt simple maison située à la porte de Saint-Denis. La maison noble de Chaumes était dans la commune de Saint-Aubin-de-la-Plaine. Il l'habitait au moment de son premier mariage en 1578.

(32) La juridiction de la justice de Saint-Denys s'étendait sur deux châtellenies, dont l'une, la plus considérable, relevait du marquisat de Montaigu, et l'autre, de la principauté de la Roche-sur-Yon. Elle avait un sénéchal, un procureur fiscal, un greffier qui était en même temps notaire, deux autres notaires qui étaient en même temps procureurs.

(33) Fine de René de La Muce, sgr d'Aubigny et de Villedor, où il habitait.

(34) Renseignement fourni par M. Gourraud, de Chavagnes-en-Paillers.

(35) Dictionnaire des familles de l'ancien Poitou, par M. Beauchet Filleau, t. II. p. 59.

(36) Canton de Clisson, Loire-Inférieure.

(37) Chevalier de l'ordre du roi Henri III, gentilhomme ordinaire de sa chambre, guidon de 50 hommes d'armes des ordonnances de Sa Majesté de la compagnie de M. du Lude lieutenant du roi en Poitou.

(38) Histoire de Fontenay, par M. Fillon, p. 174 et suiv.

(39) Histoire universelle, liv. I, p 329 de l'édit. de  1616-20.

Une des plus grandes chasses de Vouvent, dont l'histoire ait conservé le souvenir, est celle que M. de la Roussière avait organisée au commencement de juin 1570, en l'honneur de Puygaillard, évêque de Tulle, de M. de la Fréselière et autres grands personnages catholiques ; c'était à l'époque des guerres religieuses. Instruits de ce projet, le capitaine Puyviaud et d'autres protestants déterminés « sortirent de vers Marans, pénétrèrent en forêt et s'emparèrent de M. de la Roussière, comme il se rendait à sa maison de Culdebraie ».

René Girard, seigneur de la Roussière, près Coulonges, et de Culdebraie, commune de Mervent.

 (40) Thibaudeau, Histoire du Poitou, t. III. p. 252.

(41) Duplessis Mornay à la Forêt-sur-Sèvre, p. 25- Histoire de Luçon, p.409.

(42) Histoire des protestants en Poitou, t. III. p. 134.

(43) Il y est qualifié de baron de La Grève, sgr de la Roussière, Saint-Denys, l’Aubray et Saint-Aubin (à cause de Chaume).

(44) Tirée de l’Histoire de Luçon, par M. de La Fontenelle.

(45) Il avait épousé Jeanne Durcot, sœur de Durcot.

(46) Extrait de pièces communiquées par M. des Nouhes de La Cacaudiére.

(47) Thib., Histoire du Poitou, t. II p. 368.

(48). Histoire universelle, liv. I, p.327, liv III, p.249.

(49) Anselme, Hist. généalogique de France, t. I. p. 333.

(50). Recueil des lettres missives d’Henri IV, t.II, p.607- Chroniques Fontenaisiennes, publiées par La Fontennelle de Vaudoré, p. 427.

(51). M. de La Fontenelle, Mém. Des Antiqu. De l’Ouest, 1835, p.191.

(52). Annuaire de 1860, p.186.

 

 

 

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Commentaires
T
Bonjour, merci bien. Pour ce qui est d'origine d'Ecosse, c'est fort possible l'installation pendant la guerre de 100ans. Durcot. Maison qu'une tradition de famille d'origine anglaise, et que nous retrouvons dès le XVIe siècle établie dans notre province, où pendant les guerres de religion elle a joué un rôle important. <br /> <br /> La branche de l'Estang-Durcot jouissait du privilège d'avoir garnison royale dans son château de l'Etang, dont l'aîné était gouverneur, et de pouvoir appeler les habitants des paroisses voisines pour les travaux de défenses. <br /> <br /> Dictionnaire historique, biographique et généalogique des familles de l'ancien Poitou. Tome 2 H. Beauchet-Filleau<br /> <br /> <br /> <br /> voir :Jean Stuart, comte de Boucan de la Garde Ecossaise du roi; Chinon 1428. Charte du roi Charles VII fait don au roi d'Ecosse Jacques 1er, du comté de Saintonge et du château de Rochefort sur ce site !
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A
Bonjour. Tout d'abord bravo pour la qualité de ces recherches passionnantes. <br /> <br /> Je cherche à remonter le temps de ma famille et croise par deux fois la famille Durcot (via des mariages EveilléxBertrand et également Le BoeufxDurcot). Il est dit que les Durcot provenaient d'Ecosse. Est-ce possible ? Si c'est le cas, est-ce en rapport avec la guerre de cent ans ?<br /> <br /> Merci beaucoup.
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PHystorique- Les Portes du Temps
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