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PHystorique- Les Portes du Temps
8 mai 2023

Septembre 1628, au château de la Sauzaie, le cardinal de Richelieu apprend que l’Armée navale Anglaise passe Olonne et se dirige

28 septembre 1628, au château de la Sauzaie, le cardinal de Richelieu apprend que l’Armée navale Anglaise passe Olonne et se dirige vers le siège de La Rochelle

Richelieu logea d'abord au Pont de la Pierre ; mais il se décida ensuite à établir son quartier général au château de la Sauzaie.

C'est là, dans la demeure des d'Angliers, qu'il combina ses plans les plus habiles pour réduire la ville rebelle.

C'est « de la Sauzais, le 28 au soir » (septembre 1628), qu'il écrivait à l'ingénieur Duplessis-Besançon, la lettre (2) dont le sommaire est rapporté dans le volume III de ses lettres, instructions diplomatiques et papiers d'État :

« Le cardinal enverra demain en diligence quérir le charpentier qui doit accommoder la dernière machine de Duplessis, car le roi sait qu'il a promis de les poser toutes à ce gros d'eau et sa majesté se fascherait si cela manquait, et c'est un coup de partie. »

Olonne 28 septembre 1628 l’Armée navale Anglaise composée de 140 Vaisseaux se dirige vers le siège de La Rochelle

« Partit de Plymouth le 17e de septembre, cette Armée navalle étoit compofée de 140. Vaiffeaux, tous bien armez, & trés-bien pourvûs,  fut vue aux rades d'Olonne le 28e, le 29e vint mouiller l'ancre à Saint-Martin-de-Ré et le 30e arriva à Chef-de-Bois, composée de cent quarante voiles, trois vaisseaux murés et d'autres pleins de fumier, où ils devoient mettre le feu pour empêcher, par la fumée, de voir les vaisseaux qu'ils enverroient à la suite de ceux-là pour quelques entreprises. Ils portoient six mille hommes de guerre sans les matelots ».

 

Le même soir, le cardinal, averti de l'apparition de la flotte anglaise, écrivait précipitamment au roi, alors à Surgères, l'autre lettre qui suit :

« Sire, ces trois mots sont pour advertir Vostre Majesté que les Anglais sont à la rade de Ré.

S'il plaist à Vostre Majesté venir demain, elle sera arrivée à temps pour voir ce qu'ils voudront faire. Ils sont venus pour vostre gloire et pour celle de force gens de bien qui feront merveille pour se rendre dignes du nom de vos serviteurs fidelles.

 On fait icy, en vostre absence, tout ce qui se peut. Ces lignes n'estant à autre fin, il ne me reste qu'à l'asscurer de ce qu'elle, n'est pas en double, qui est que je suis, et seroy à jamais,  

De Vostre Majesté,  Sire,

Le très humble, très obéissant, très fidelle et très obligé sujet et serviteur.

« Le Cardinal DE RICHELIEU.

« Ce 28, à 7 heures du soir. »

« Le Roi vint en diligence reconnoitre l'ennemi à Laleu, et fit avertir les volontaires, qui, ne trouvant point de chevaux à la poste, y allèrent à pied.

Quand ils furent arrivés, on avoit peine à les retenir, tant ils se jetoient à foule dans les vaisseaux du Roi.

Cette armée étoit tout l'effort d'Angleterre; car le parlement qui se tenoit lors avoit accordé six millions de livres pour la dresser, afin de venger les affronts et ignominies que la nation angloise avoit reçus en l'île de Ré et, depuis, par la retraite honteuse de leur armée au mois de mai.

Mais elle arriva trop tard, la digue étant parachevée et deux ou trois rangs de machines fermant le canal, outre trente-six vaisseaux de guerre, les palissades flottantes et la petite armée de galères, galiotes, brigantins, barques, traversiers et chaloupes qui défendoient l'avenue, de sorte qu'il n'y avoit nulle apparence que les Anglois y pussent faire aucun effet ».

 

Lorsqu'après plus d'une année de siège, La Rochelle, réduite par la famine, eut pris le parti de se rendre, six députés vinrent trouver le Cardinal à la Sausaye, le 28 octobre 1628.

 

Richelieu leur fit beaucoup d'accueil:

Voici le récit que fait de cette entrevue une brochure du temps, intitulée :

« Discours véritable de ce qui c'est faict et passé en la ville de La Rochelle depuis le 28 octobre jusques au 3 novembre (1628) » :

« Le traicté et les articles furent signés par les six depputez de La Rochelle, le 28 octobre, jour de saint Simon, saint Jude, qui estoit un samedy, et jour de la Vierge, ce qui fut faict à la Sausaye, logis de Monsieur le Cardinal de Richelieu, où estoient Messieurs de Schomberc, marquis Desfiat, d'Herbault et de Marillac, lesdits depputez y souppèrent et couchèrent et firent très bonne chère, et Dieu sçait avec quel appetit leurs valets qui estoient plustot leurs enfans, ou leurs parens desguisez en valets, fourroient tout ce qu'il y pouvoient attraper de pain et d'autre choses dans leurs poches, et dans leurs chausses, et en devoroient autant avec une gloutonnie incroyable. »

 

Ce fut Louis XIII lui-même, venu exprès à la Sausaye, qui signa les articles de la paix avec les députés de La Rochelle.

Les députés, envoyés à la Sausaye pour traiter, avaient été devancés par deux de ceux qui étaient allés en Angleterre, le ministre Philippe Vincent et Jean Gobert.

Ceux-ci n'ayant rapporté aucun espoir de secours de la part des Anglais, étaient venus, à l'insu des Rochelais, solliciter leur grâce et l'avaient déjà obtenue.

« Et comme les depputez de La Rochelle venoient trouver ledict sieur Cardinal pour traicter, et qu'on leur dict que leurs confrères de l'armée angloise avoient desjà obtenu leur grâce, ils ne le vouloient pas croire, ce qui fut cause que Monsieur le Cardinal leur dit qu'ils seroient bien estonnez s'ils les voyoient présentement, et en mesme temps il les fist venir devant eux, dont ils furent tous estonnez et saisis, et Monsieur le Cardinal les fit embrasser, sans toutesfois parler, puis ils se retirèrent ; ceste action feist faire le coup de la reddition des Rochelais voyans que les Anglois et leurs associez les abandonnoient. »

C'en était fait : le dernier obstacle à l'unité française était brisé par le grand Ministre de Louis XIII ;

La Rochelle perdait ses privilèges et voyait crouler ses antiques remparts, tandis que Richelieu rendait le château de la Sausaye à ses légitimes possesseurs, qui conservèrent depuis religieusement dans son état la chambre du célèbre Cardinal. (4)

 

 Pendant qu'il s'appliquait à réduire La Rochelle, Richelieu songeait aussi à organiser, par-delà l'Atlantique, la belle colonie à laquelle le saintongeais Champlain avait déjà voué trente années de son existence.

C'est, en effet, pendant son séjour au camp devant La Rochelle (peut-être à la Sausaye) que fut rendu l'édit pour la formation d'une compagnie de cent associés ayant pour mission de favoriser le départ en Canada de colons français.

Aussi n'est-il pas surprenant de trouver un habitant de l'Ardillière parmi les premiers émigrants de l'Aunis pour ces contrées lointaines.

En 1645, en effet, Jacques Archambault, fils d'Antoine et frère de Denis Archambault, mes ancêtres maternels, accompagné de sa femme et de ses cinq enfants, s'en allait sur cette terre de la Nouvelle-France, où son nom est aujourd'hui porté par toute une légion de descendants. Le sang de son fils Denis, tombé, à vingt et un ans, martyr du duel entre la civilisation française et chrétienne et la barbarie iroquoise, est vraiment devenu une semence féconde de Canadiens-Français.

Le procès pendant, au moment du siège de La Rochelle, entre le curé de Saint-Xandre et le seigneur et son fermier, reprit de plus belle quelques années plus tard.

Roger faisait appel des trois baux judiciaires, demandait la restitution des fruits, prouvait que les héritages sur lesquels on exigeait le cens et la vinée ayant été aliénés moyennant le huitain des fruits, il ne devait payer qu'au prorata de ce qu'il faisait valoir par lui-même, parce que les particuliers qui avaient acquis les biens aliénés, payaient le droit de cens sur les terres qu'ils tenaient ainsi du prieuré et de la cure au huitain.

Dans un accès de fureur, Jupin se met à la tête de quelques protestants de La Rochelle et vient détruire l'église de Saint-Xandre. C'était en 1634.

On peut se demander comment, après la chute de La Rochelle, Jupin fut assez audacieux pour se livrer à cet acte de vandalisme fanatique ; aussi fut-il immédiatement condamné, par sentence rendue par les juges de La Rochelle, à rebâtir l'église, ce qu'il exécuta cette même année, 1634.

Mais- l'église de Saint-Xandre, déjà détruite au cours des guerres religieuses du XVIe siècle, n'avait encore pu être relevée au mois de décembre 1629.

Le procès-verbal dressé par le vicaire général Jousseaume (21 décembre) constate, en effet, que ci le service divin « se faisait dans une grange louée, pour cet usage, depuis que « l'église du bourg avait été ruinée par ceux de la Religion prétendue « réformée ».

Pour que Jupin ait pu la ruiner de nouveau, il faut qu'elle eût été reconstruite dans l'intervalle compris entre 1630 et 1634.

C'est, en effet, ce qui avait eu lieu, car lors d'une autre visite de Jousseaume, le 15 juillet 1635, les fonts baptismaux ne ferment pas encore à clef, « attendu que le revenu de la fabrique a esté pour la plus grande part employé au bastiment de l'église refaitte de nouveau ».

Il est même permis de croire que les travaux n'étaient pas complètement achevés, lorsque survinrent Jupin et sa bande ; ceux-ci ne firent peut-être que renverser et brûler (5) ce qui avait été relevé à ce moment.

On s'explique alors plus facilement qu'ils aient conçu d'abord l'idée de leur vilaine besogne et qu'ensuite ils aient pu, à la faveur de la nuit sans doute, la mettre à exécution sans fracture de portes et sans protestation de la part des habitants ni intervention de la maréchaussée..

Le procès n'était pas près d'être terminé; il ne le fut que par un arrêt de 1646 rendu au profit du curé, qui s'était donné bien du mal dans la défense de ses droits.

 

En effet, le 21 juillet 1644, celui-ci faisait procéder par le vicaire général à une enquête sur l'usurpation des biens ecclésiastiques et la démolition de l'église:

« Enquis lesdits curé et habitans s'ils avoient quelque chose à nous remonstrer touchant leur église, Messire François Roger, curé, nous auroit dist que le seigneur de ladite paroisse, quoy que ce soit ses prédécesseurs lors des guerres ad venues en ce royaulme pour le faict de la religion, se seroit emparé des biens ecclésiastiques et notamment du prieuré. Et mesme que lesdits seigneurs auruient faict bastir une maison dans le bourg en partie des pierres et ruines de partie de ladite église de Saint-Cande, ainsi qu'il se voit clerement en la démolition qu'en faict faire le sieur Husson, seigneur dudit bourg, pour l'employer au portal qu'il faict dresser en sa maison (6)

 

«Nous nous serions transportes à Tyssuc de  midy visiter dans les masures susdites près de l'église en un carrefour public dudit Saint-Cande et endroy ou nous avons esté accompagné de Daniel Palu, fabriqueur de ladite église, et Laurens Coûtant, marchand, Pierre Daviau, Jacques Rondeau, Pierre Savin, Pierre Eveillé et Nicolas Raoul, et Jacques Daviau, clerc, tous habitans dudit lieu, ou estant nous aurions recogneu quelques pierres qui ont marque d'avoir esté d'église par leur forme qui le démontre et d'avoir servi aux piliers de ladite église, lesquelles veues par l'un et aultres qui sont encore en vye seroient sur ladite ruhe et carrefour.

 — Et retournant desdites masures, nous aurions rencontré Pierre et Pierre Coutant frères, tailleurs de pierres, et Louis Cluzeau, masson, lesquels venoient de la maison dudit sieur Husson, seigneur dudit bourg, lesquels ayant arresté, nous leur aurions faict faire serment de nous dire vérité sur la présente remonstrance dudit sieur curé, lequel faisant nous auroient dict avoir tiré diverses pierres de la masure susdite pour les employer en la confection du grand portal de ladite maison apartenant audit sieur Husson auquel ils travaillent encore à présent et recognoistre que parmis lesdites pierres tirées dudit masuraut et employées audit portal, il y en a plusieurs qu'ils recognoissent estre semblables à celles d'église, mais non touttes celles qu'ils y ont employées, dont ledit sieur Roger nous a demandé acte que nous luy avons donné pour luy valoir et servir ce que de raison. »

 

 

Monographie de Saint-Xandre : Charente-Inférieure / Ernest Tauzin

Mémoires du cardinal de Richelieu. T. VIII [1628] / publ. sous la dir. de M. Lacour-Gayet, par Robert Lavollée  publ., d'après les manuscrits originaux, pour la Société de l'histoire de France sous les auspices de l'Académie française

 

 

 

Les sièges de Ré et La Rochelle, digue de Richelieu <==.... ....==> 1628 Du château de Laleu, Lettres du Roi Louis XIII à la Reine Marie de Médicis sa mère.

 

 


 

1 Possédée probablement alors par René de Saint-Légier, du chef de sa femme, née d'Angliers.

2 Lettre LXXXV. — Documents inédits sur l'histoire de France.

3 Lettre LXXXVI. — Documents inédits sur l'histoire de France.

(4) Ce n'est que dans la seconde moitié du XIXe siècle, après plusieurs changements de possesseurs et un incendie qui amena la transformation du château, que les meubles ayant servi à Richelieu furent vendus et dispersés.

(5). Lors de la restauration intérieure de 1883, on découvrit des traces de feu le long des murs.

(6). La maison de Beaupreau, qui fut longtemps la maison des seigneurs.

 

 

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