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PHystorique- Les Portes du Temps
18 mai 2023

Saintonge Les Soudans de Preissac ou de la Trau

Saintonge Les Soudans de Preissac ou de la Trau

En l'an 1232, Hugues de Taunay étoit seigneur de Taunay et de Didonne, auquel succéda messire Geuffroy de Taunay, son fils.

En l'an 1276, la baronnie et seigneurie de Didonne fut baillée en partaige à une des filles dudit messire Geuffroy de Taunay, femme de messire Bertholomé de La Brosse.

 1284 Edouard Ier, roi d’Angleterre, achète la châtellenie de Talmont afin d’y faire construire une cité.

 22 Mars 1288  Le roi Edouard Ier fait une courte visite à Royan qui figure sur une liste de ses châteaux.

 

 En 1313, Pierre de la Brosse, seigneur de Didonne, cède son domaine à Arnaud Bernard II de Preissac, « Soudan de La Trau ».

 « En l'an 1313, ledit de La Brosse et messire Pierre de La Brosse, son filz, eschangèrent ladite seigneurie de Didonne, avecques messire Bernard de Pressac, soudan de La Trau, pour la seigneurie de Buxeuil, au païs de Berry.

Ledit soudan (1) eut une fille nommée Yzabeau de Pressac, sa seule héritière.

Ladicte Yzabeau fut conjoincte par mariaige avecques le seigneur de Monferrant.

Dudit mariaige vindrent messire Bertrand, seigneur de Montferrant, Pierre de Montferrant, soudan de La Trau, Pierre de Montferrant le jeune, seigneur de Bessac, Joyne et Margarite de Montferrant, frères et seurs.

En l'an 1446, tous lesdits de Montferrant, frères et seurs, transportèrent à messire Françoys de Montferrant, vicomte d'Uza, et Bérard de Montferrant, son filz, la seigneurie de Didonne et tout ce qui fut audict feu soudan au païs de Xàntonge, excepté le lieu de Montandre.

Lesdicts messire Françoys et Bérard, son filz, en l'an 1447, transportèrent ladicte seigneurie de Didonne et autres seigneuries qui furent dudict soudan, réservé ledict Montandre, à monseigneur l'admiral de Coectivy.

Et aussi est assavoir que le Roy donna ladicte baronnie à messire Jehan La Personne, en l'an 1376, à lui obvenue par la rebellion du soudan de La Trau.

Ledict messire Jehan La Personne délaissa Guy La Personne, vicomte d'Acy, son héritier.

Ledict Guy fut conjoinct par mariaige avecque Jehanne de Neelle, dont vint Guy La Personne, leur filz.

Ledict Guy second alla de vie à trespas sans hoirs procréez de sa chair, délaissé son héritier et proviseur lignagier messire Robert d'Orbruc, chevalier, filz de la seur du feu Jehan La Personne, ayeul dudict Guy.

Ledict messire Robert d'Orbruc délaissa Blanche d'Orbruc, sa seulle fille et héritière, qui fut conjoincte par mariaige avecques Guillaume de Flavy.

Ledict Guillaume de Flavy et Blanche d'Orbruc, sa femme, transportèrent à mondict seigneur l'admiral la baronnie de Didonne, ensemble toutes les terres à eulx appartenant en Poictou et Xantonge, par deçà la rivière de Loyre.

Ledict monseigneur l'admiral est allé de vie à trespas, délaissé monseigneur Alain, cardinal d'Avignon, Olivier, seigneur de Taillebourg et Christofle, seigneur de Coectivy, ses frères et héritiers.

Lesdits messires Allain et Christofle sont déceddez, délaissé ledict Olivier, leur frère et héritier.

Ledict Olivier est déceddé, délaissé Charles, comte de Taillebourg, son filz et principal héritier. »

 Le déclenchement de la guerre de Cent Ans en 1337 relance des hostilités qui n’ont pas vraiment cessé depuis la mort de la duchesse Aliénor en 1204 et plusieurs campagnes militaires françaises contre l’Aquitaine.

 Arnaud Bernard III de Preissac , également « Soudan de La Trau », obéit dans un premier temps au roi de France, qui s’est rendu maître de sa châtellenie, mais finit par se ranger sous la bannière du roi-duc Édouard III en 1347, entraînant avec lui ses principaux hommes-liges.

 Édouard III, Prince de Galles, par ses lettres du 10 Février 1369, donna au Soudan de Latrau, la Principauté de Talmont sur Gironde , pour en jouir jusqu’à ce qu'il eût recouvré la petite Coutume de Royan, laquelle lui appartenait de bon droit, était de son propre héritage.

 Il lui donna encore, par ses lettres du 24 Février 1370, la Baillie de Marenne, en récompense de la pénible diligence et travail qu'il lui avait fait en ses guerres et services, tant au siège de Montpaon, comme ailleurs, et fera en temps avenir.

  Toutes ces différentes donations furent ensuite ratifiées par des lettres d'Edouard III, des 12 Avril et 10 Juillet 1376.

 Ce Prince étant mort l'année suivante, Richard II, son successeur au Trône d'Angleterre, adressa des lettres au Soudan de Latrau, le 10 Juin 1378, pour installer Jean, Seigneur de Neuville, et le faire reconnaitre pour Lieutenant du Roi en Acquitaine.

 Le Soudan, ou Soudich, se défendait cette même année dans Mortagne sur Gironde , Place très-importante par sa situation.

Le siège en fut fait de l'ordre du Duc d'Anjou, par le brave Yvain de Galles, jeune Seigneur Anglais, que les persécutions avoient chassé de sa Patrie et qui ne peut fuir sa malheureuse destinée environné de ses défenseurs ; un scélérat du pays de Galles, nommé Jacques Laube, ayant trouvé le moyen de s'insinuer dans la familiarité d'Yvain, lui plongea un poignard dans le coeur, se sauva dans Mortagne et se présenta au Gouverneur :

» Sire, lui dit-il, je vous ay délivré d'un de vos plus grands ennemis ; alors il racompta de quelle maniere il avoit exécuté ce meurtre : le Soudich indigné, lui répondit, tu l'as meurdri, et fache bien, tout confidéré, que si je ne voyois nostre très grand profit en ce fait, je te fairois trancher la teste; mais puisqu'il est fait, il ne se peut desfaire ; mais c'est domage du Gentilhaume quand il est ainsi mort et plus nous y aurons de blasme que de louange « (2).

 La vive et longue résistance du Soudan, donna le tems aux Anglois de rassembler une Escadre aux ordres du Seigneur de Neuville, dont le mouvement vers Mortagne, par la Riviere de Bordeaux, fit lever le siege : l'on. trouve un état convenu et arrêté entre M. Jean de Neuville, Lieutenant d'Aquitaine, d'une part ; et Jean de Mittfort, Lieutenant de Sire Richard, Routier, Connétable de Bordeaux, d'autre part, contenant les sommes payées aux gens de Guerre, pour le recouvrement et défense de Mortagne, dans lequel état le Soudan de Latrau est employé en deux différens articles, dont voici la teneur .

» Item, payé le XVIII. jour d'Octobre fufd. (1378) à le Sndic de la Trau, pur XL. hommes d'Armes, demurantz  sur la garde & tuition de Moretaigne Suisdit, par VII mois parnant, pur chascun homme d'Armes, en ledit mois XV. francs .... VI c. francs.

» Item, payé le XX. jour d'Octobre, l'an M. CCC. LXXVIII. à Soudit de Latrau, pur les Bons & agréables services qu'il a faict en temps passé en les guerres du Roy Edouard, que Dieu affoile, & fera au Roy qui ore est, en temps avener, & aussi pur les grandes paynes, travails, costages, & pardes qu'il mesme & ses gens ount fuffert, si bien deinz la sege de Moretaigne, par long-temps, comme aillours, en récompensation de regard desditz services & travails...... 500 francs « (3).

Ce qui était une somme considérable dans ce temps-là.

Il servit en qualité de Chevalier Banneret, sous le Comte de Cambridge , à Lisbonne, on crut qu'il s'était noyé en passant la mer, & on lui fit des obsèques, mais il se trouva depuis à la prise de Figuieres (4).

Richard II, Roi d'Angleterre, le fit Chevalier de la Jarretiere. Il fut compris, à ce titre , avec le Duc de Lancastre, les Comtes de Cambrige et de Buckinkan, oncles de ce Prince et plusieurs autres Seigneurs, dans un Rôle de Chevaliers invités pour assister à la cérémonie de la Fête Saint Georges de l'année 1383 (5).

Il obtint du même Roi, par des lettres du 26 Juillet 1384, le privilége, pour lui & ses successeurs, de faire tenir quatre foires par an dans sa terre d'Arbenatz, en Aquitaine.

 Il fut présent à d'autres lettres obligatoires, données par ce même Prince, touchant le Duché d'Aquitaine , datées Indictione Octava 1385 (6).

L'on trouve encore un acte du 5 Novembre 1386, par lequel, Amanieu d'Albret, bailla en garde & commande à Raimond de Montaut, Seigneur de Mussidan, le lieu de Veyres , à la charge de le lui rendre lorsqu'il en serait requis; dans cet acte furent compris les Nobles et Puissans Seigneurs M. le Soudan de Latrau, M. Bernotin de la Font, M. Bernard de l'Esparre, Seigneur de la Borde, Chevaliers & autres ; promettant le Seigneur de Mussidan de faire donner lettres de ratification, scellées du sceau du Roi d'Angleterre , duquel on se servoit en Gascogne, & du sceau du Maire de Bordeaux , ainsi que de ceux du Seigneur de l'Esparre, de Monseigneur le Captal , du Seigneur de Duras, du Seigneur de Montferran, de Monseigneur le Soudan de Latrau, du Seigneur de Danoasan, du Seigneur de Lendiras, du Seigneur de la Lande, du Seigneur de la Mothe, & des autres Barons du parti du Roi d Angleterre, qu'il serait nécessaire, avec promesse de leur part, d'exécuter le contenu dans cet acte, & de ne rien faire de contraire.

 

La grandeur du Soudan de Latrau se manifeste partout ; il fut l'un des Conservateurs de divers Traités et Trèves particulières, faites entre les Rois de France & d'Angleterre; il suffira de citer ici ceux des 18 Août 1388, 11 Août 1389, 28 Février 1390 & 5 Mai 1392.

Le premier Juillet de la même année 1392, Richard, Roi d'Angleterre, adressa des lettres au Sénéchal de Guienne, au Maire de Bordeaux, au Captal de Buch & au Soudan de Latrau, par lesquelles ils furent établis pour faire observer dans ses Etats les Treves qu'il avoit ci-devant faites avec le Roi de France & ses Alliés.

Le 5 Juin 1394, il y eut une Trêve générale par mer & par terre, conclue entre la France, l'Angleterre & leurs Alliés, à commencer depuis le jour de Saint Michel, alors prochain, jusqu’à pareil jour de l'année 1398 , et le Soudan de Latrau en fut nommé le Conservateur.

Il souscrivit ensuite, avec plusieurs autres Seigneurs , la ratification & promesse faite par Richard II, le 28 du susdit mois de Juin 1394, de faire observer par ses Alliés la Trêve particulière qu'il avait faite le 27 Mai précédent, & confirmée par le Traité général dont nous venons de parler. »

 

 

LE SOUDAN DE LATRAN.

Maichin, dans son Histoire du Poitou et de la Saintonge, parle plusieurs fois du Soudan de Latran; il l'indique comme possesseur de la terre de Didonne, et il en fait un seigneur de celle de Montendre, deux vieilles châtellenies de Saintonge qui avaient appartenu au même maître dès le temps des premiers Capétiens.

On trouve, dans les Rôles gascons, le Soudan de Latran, commandant à Montendre (7) et dans Talmont (8), deux fortes places au XIVe siècle.

Froissart l'appelle le Sire et le Soudich de Lestrade; d'autres auteurs le nomment le Soudan ou le Soudich simplement.

Quelques recherches faites à ce sujet nous ont appris que le Soudan tirait son nom d'une terre de Guienne, appelée la Tresne, qui appartenait à la famille de Preyssac, et nous avons lu, dans divers manuscrits, le nom de Soudich de Preyssac et d'Arneaud Bernard de Preyssac, dit le Soudan (Soldanus).

Latran se livra, dès sa première jeunesse, à la carrière des armes.

Dès l'an 1325 il était chevalier, et cinquante-trois ans après il affrontait Ivain de Galles sur la brèche de Mortagne.

La chevalerie, à cette époque, n'avait pas encore vieilli; le titre de chevalier était difficilement accordé : prix de la valeur, il fallait avoir fait ses preuves pour l'obtenir, et le Soudan de Latran en fut pourvu dans un âge où tout autre n'eût été qu'écuyer ou damoiseau.

Le testament de Régime de Goth, petite-nièce de Bertrand de Goth, archevêque de Bordeaux, et pape sous le nom de Clément V, fait mention d'Arneaud Bernard de Preyssac, chevalier, dit le Soudan, l'an 1325.

 Ce testament de Régime, fait en faveur de son mari, substitue à celui-ci, en cas de mort, le Soudan, qui devait être son proche parent.

Deux quittances de ce seigneur, de l'an 1340, le qualifient : l'une de Soudan de Preyssac, l'autre de Soudan de Latran, chevalier, seigneur de Didonne.

Les services qu'il rendit à la couronne, en prêtant son bras au roi de France pendant la guerre avec les Anglais, furent appréciés par Philippe de Valois; ce monarque lui assigna un revenu de quatre mille livres (plus de 60,000 fr. d'aujourd'hui).

 Il lui donna plusieurs terres confisquées, comme la châtellenie de Didonne, située sur la Gironde, et dont les fiefs servants s'étendaient jusqu'à la Charente; mais cette munificence royale ne put assurer la fidélité de Latran, il trahit les intérêts de la France pour se donner à Édouard III, qui tenait la Guienne en son pouvoir.

On voyait peu de chevaliers en Saintonge résister à l'entraînement d'alors: chacun se déclarait pour la France ou pour l'Angleterre, selon que l'une ou l'autre de ces nations rivales l'emportait un instant dans l'interminable querelle.

Aussi l'on savait honorer en France le serviteur fidèle; le roi se plaisait à lui décerner cet éloge: Il m'a servi sans varier.

Il n'en pouvait dire autant du Soudich. Celui-ci embrassa la cause de l'Angleterre, et devint un grand ennemi de la France.

Revêtu de la faveur du prince de Galles, qui était maître de la Saintonge nouvellement conquise, il fut maintenu dans la terre de Didonne et dans ses autres possessions.

L'indignation fut grande parmi les Français qui tenaient à honneur la fidélité dans les engagements. Plusieurs voulurent purger la terre du traître.

Foulques de Masta (9) vint l'attaquer dans Didonne même, et, plus heureux ou plus brave que son adversaire, il parvint à lui enlever le castrum.

 

Cette châtellenie de Didonne, voisine de la Gironde, fut conquise par les Français; le roi Jean en gratifia le chef intrépide qui l'avait arrachée à son ennemi, ainsi que nous l'apprend le document suivant :

« Don fait à Foulques de Masta, chevalier, seigneur de Royan, en considération de ses services faits à la guerre de Gascogne, de la terre et châtellenie de Didonne qu'il a conquise à grands frais et dépens sur le Soudan de Latran, seigneur dudit lieu, notre ennemi et le sien particulier. Donné à Saint-Médard près Soissons, le 6 octobre 1350 (10). »

Latran tenait encore Montendre, qu'il avait fait fortifier, quand le prince de Galles lui confia le commandement de Mortagne, la plus importante place de la frontière de Saintonge.

Mortagne, située sur la Gironde, avait un port qui n'était pas encore entièrement encombré par les sables et les vases que les flots y avaient jetés.

C'est par la Gironde que les Anglais communiquaient avec la Guienne dont ils étaient possesseurs; les vaisseaux qui venaient d'Angleterre à Bordeaux et s'en retournaient passaient devant ce port.

C'était pour les insulaires un poste bien important que le château de Mortagne, qui assurait en quelque sorte leur navigation sur le bras de mer.

On ne dut le confier qu'à un capitaine expérimenté et intrépide. Le Soudan de Latran offrait au prince de Galles toute garantie à cet égard.

Froissart, en parlant de Mortagne, en fait une place de Poitou (11).

 

Personne ne doutera cependant que cette ville ne soit la Mortagne de Saintonge, en réfléchissant sur ce que dit le même Froissart en ce passage de son histoire :

« Le duc d'Anjou dit à Ivain de Galles:

 Vous irez en Poitou mettre le siége devant Mortaigne, que le sire de Lestrade tient....... Cinq cents lances de bons gens d'armes prirent le chemin de Xainctonge pour venir vers Sainct Jehan d'Angéli

 Ivain de Galles s'en vint à Xainctes en Poitou, et là se rafreschit en ce bon pays et gras, autour de Xainctes en Poitou....  et s'en vindrent (les gens d'armes) mettre le siége devant Mortaigne, lequel chastel séant sur la rivière de Garonne près et dessous son embouchure de la mer (12).

 

Le Soudan, à qui était remise la garde de Mortagne, faisait preuve de sa haute valeur et de sa vieille expérience dans la défense de cette forteresse.

Le castel, flanqué de tours, entouré de quatre bastides, commandait à la terre et à la mer. Le vieux gouverneur, toujours sur pied, veillait aux créneaux menacés du côté de la terre et protégeait les navires qui voguaient sur le fleuve.

Il eut à résister aux entreprises d'Ivain de Galles qui, à la tête des Français, était sous les murs de la place pour en conduire le siége; mais ce jeune guerrier reçut d'un assassin un coup mortel en échange d'une protection amicale, et le Soudan se trouva débarrassé d'un adversaire redoutable.

 

Le meurtrier du jeune Ivain, amené devant le Soudich, lui récita de point en point toute l'histoire, et quand le Soudich l'eut entendue, « si croulla la teste et le regarda moult fellement, et dit tu l'as meurdry, et saches bien tout considéré » que se je ne veoye notre tres grand proffit en ce fait, je te feroye trencher la teste; mais puisqu'il est fait il ne se peut deffaire, mais c'est dommage du gentilhomme quand il est ainsi mort : et plus nous y aurons de blasme que de louenge. » (Froissart.)

 

Le Soudan rendait justice à son ennemi; et quelque utile qu'ait été à sa cause la mort du brave Ivain, il n'en méprisa pas moins le lâche.

Le siége de Mortagne fut continué par les Français.

Le Soudich, malgré ses ruses et son intrépidité, ne put leur résister; dix-huit mois cependant s'écoulèrent avant qu'il capitulât.

C'est en 1378 que le château de Mortagne fut rendu aux Français.

 Une ordonnance de Charles VI nous fait connaître que, peu avant 1382, le Soudan de Latran était encore possesseur de plusieurs châteaux de Saintonge, tels que Didonne, Mescher, Morsac (13).

Tels sont les documents obtenus de quelques recherches sur le Soudan de Latran, personnage peut-être peu connu, mais qui fut néanmoins un des hommes remarquables du XIVe siècle.

MOREAU (de Saintes).

Armoiries du soudan de La Trau
le cimier est une tête de Midas

Cris de guerre "Guyenne !" et "Saint Georges !"

 

 

1447, 1 avril. « Lettre par laquelle messieurs François de Montferrant, vicomte d'Auzat, et Bérart de Montferrant, son filz, ont baillé, cédé et transporté à messire Prégent, sieur de Coectivy, admiral de France, les terres et seigneuries de Didonne et de Meschiers et leurs appartenances, et généralement toutes les terres qui furent au sourdic de La Trau ou pais de Xantonge, excepté le lieu et chastel de Montandre, pour récompanse de plusieurs grans plaisirs que mondit seigneur l'admiral leur avoit faiz, tant d'avoir pourchassé leur délivrance envers le roy que eschevé leur mort, et autres choses faictes pour eulx à grans frais et mises (14), »

Vidimus en parchemin, délivré le 31 aout 1492.

Cogneue chose soit que, en l'an mil quatre cens quarante-sept, le premier jour du moys d'apvril, l'indicion dixiesme, du pontificat de nostre saint père Eugenne, pape, quart, l'an dixseptiesme, en la paroisse de Saint Seurin hors les murs de la ville et cité de Bourdeaulx, en la présence de nous notaires publics et des tesmoings cy dessoubz escriptz et nommez, furent présens et personhellement establiz noble et puissant seigneur niessire Françoys de Moritferrant, vicomte d'Uzar, seigneur de Belin; et noble homme Bérart de Montferrant, son filz; premièrement et avant toute euvre auctorisé dudict messire Françoys, quant à faire passer et accorder toutes et chascunes les choses cy emprès contenues d'une part; et nous notaires dessoubz nommez, pour et en nom de noble et puissant seigneur messire Prigent de Coetivy, seigneur de Raix, de Coetivy et de Taillebourg, amiral de France, comme personnes publicques stipulans, prenans et acceptans, d'autre; lesquelz François et Bérard, son dict filz, ont congneu et Confessé, et par ces dictes présantes congnoissent et confessent que, pour les bons et agréables plaisirs et courtoisies à eulx et chascun d'eulx faix par mondict seigneur l'admiral, tant à l'occasion d'avoir traicté et pourchassé leur délivrance devers très hault et puissant prince Charles, soy portant roy de France, et eschivé leur mort, pour ce que ledict messire Françoys avoit promis et convenance audict très-haut et puissant prince, à la composicion de la reddicion de la ville d'Ax (15), qui fut faicte en l'an mil quatre cens quarente deux ou moys d'aoust (16), bailler et mectre en l'obbéissance dudict T.-H. et P. prince les places et forteresses de Castel-Nau, de Serves et de Budoc, et de ce se estoient mis en ostages, luy et sondict filz, entre lès mains du T.-H. et P. prince, et demouré le temps et espace dé huyt jours ou environ en ostagès en la ville d'Ax, emprès lequel temps ledict messire Françoys eust requis mondit seigneur l'admiral qu'il voulist intercéder devers ledict T.-H. et P. prince de le laisser aller hors de ladicte ville Dax, pour faire délivrance desdictes places, en laissant toujours ledict Bérart, son filz, en ostaiges, avecques son séellé par lequel il s'obligea, audict T.-H. et P. prince, de rendre lesdictes places en ladicte obbéissance dedans le premier jour de septembre, lors prouchain en suyvant, ou rendre son corps prisonnier dedans iceluy temps; ce que mondict seigneur l'admiral fist et accomplit, et par son pourchaz s'en alla ledict messyre François; lequel ne retourna oncques depuis, ains délaissa ledict Bérard, son filz, en péril et dangier d'avoir la teste tranchée, pour deffault de ladicte reddicion desdictes places non faicte, si n'eust esté que ledict T.-H. et P. prince donna à mondict seigneur l'admiral la vie dudict Bérard, lequel dès lors il luy bailla en garde et gouvernement, et lequel il a depuis toujours tenu et gardé à ses propres coustz et despens, luy et ses gardes, à grans fraiz, mises et despens, au chastel de la Rôle (17), montans jusques à la somme de trois escuz pour chascun jour pour luy et sesdicts gardes, que aussi luy conviendra encores faire à l'occasion des hostaiges dudict Bérard, et pour plusieurs grans plaisirs, amours, curialitez et courtoisies faictes par mondit seigneur l'admiral audict Bérard, depuis la reddicion de ladicte ville d'Ax; pour lesquelz plusieurs amours et courtoisies dessus dictes et autres, et aussi pour les peines et travaux que mondit seigneur l'admiral peult avoir eu en la poursuite des choses dessus dites, et principalement à mectre à délivrance et à ranson la personne dudict Bérard et hors. du dangier où il estoit, pour la reddicion non faicte des places dessus dictes, ainsi que desdictes choses susdictes; et chascune d'icelles lesdicts messires Françoys et Bérard sont bien cerciorez et certains, et en ont deschargié et deschargent mondit seigneur l'admiral.

Et pour ce, eu regard et considéracion aux choses dessus dictes et pour autres causes raisonnables et légitimes, lesdicts messires Françoys et Bérard, voulans rembourcer et recompenser et paier mondit seigneur de Raix desdictes mises, despens, curialitez et plaisir, bien et deuement advisez et acertenez de leur fait, et non contrains, deceuz, perforcez et admonestez d'aucune personne, mais de leurs propoux et esmovement, de leurs bons grez et agréables voulentez, et pour ce que très bien leur a pleu et encores plaist, en payement desdictes mises et despens et recompensacion des choses dessus dites et pour autres causes légitimes et raisonnables, et que très bien leur plaist….. (18) les dessusdicts messires Françoys et Bérard, et chascun d'eulx à l'auctorité que dessus, ont cédé, baillé, transporté et délaissé. par eulx, leursdicts hoirs et successeurs et qui d'eulx auront cause, à mondit seigneur de Raix, en son propre et privé nom, nous, susdits notaires, stippulons et recevons pour luy, ses hoirs, successeurs et ayans cause, tout le droit, nom, raison et action qui à eulx et chacun d'eulx peult et doit, pourra et devra compecter et appartenir, ores ou par le temps advenir, supposé que paix finalle ou autre appoinctement fust faicte entre le roy d'Angleterre et de France, nostre souverain seigneur, et T.-H. et P. prince Charles, soy portant roy de France, par laquelle chascun pourroit retourner à ses biens et héritaiges

C'est assavoir les terres et seigneuries de Didonne et Meschiers, leur appartenances et deppendances quelzconques, en quelzconques lieux ou places qu'elles soient ou puissent estre, soit dedans les lieux, places et chastellanies de Talemont sur Gironde, Didonne, Meschiers, Royan, Mournac, Taunay-Charente et ailleurs, et généraument toutes les autres terres et seigneuries qu'ils ont ou peuent avoir qui furent de feu sourdic de La Trau, estans en toute la comté de Xantonge, excepté le lieu et place de Montandre et chastellanie d'icelle, soient lesdites choses, comtés, vicomtes, baronnies, chasteaulx, chastellanies, forteresses, hommes, hommages et devoirs, prez, boys, maroys, péages, passaiges tant sur mer que ayves doulces, rivages, naufrages, ports, destroiz, terres labourables et non labourables, fours, moulins, desmes, aubenages, biens \acans, justices etjuridicions haultes, moyennes etbasses, mères, mixtes et impères, droiz, patronages, cens, censes et autres choses quelzconques et soubz quelzconques nom ou cause que ce soit ou puissent estre, ensemblement quelque droit, nom, raison, seigneurie, propriété et possession que les dessusdicts messires Françoys et Bérard de Montferrant y aient, puissent ou doivent avoir ores ou par le temps advenir, tant pour traicté de ladite paix ou autre appointement ou par quelque autre cause ou raison que ce soit ou puisse estre.

Et desdictes terres et seigneuries, leursdicts appartenances, etc., etc. lesdicts messires Françoys et Bérard de Montferrant se sont desmis, desvestuz, despouillez et dessaisiz, pour eulx et leursdicts hoirs, successeurs et aians cause, et en ont vestu et saisy mdndit seigneur de Raix audict nom, et ses successeurs et aians cause, pour en faire leur plaine et délivre voulenté à vie et à mort, sans contredit, et tant de fait que de droit et par le bail et concession desdictes présentes que par la tradition, bail et reddicion des lettres et enseignemens desdites terres et seigneuries, par eulx baillées et délivrées réaument et de fait, en signe de vraye possession. Item et au cas qu'il seroit trouvé que lesdictes terres et seigneuries avecques leursdicts appartenances et deppendances, vauldroient ou pourroient valoir, ores et par le temps advenir, plus que lesdicts depens faiz par lesdicts Bérard, ses dicts gardes et ostages, lesdicts messires Françoys et Bérard, pour les causes et considéracions susdicts, et aussi considérans la situation desdictes terres et seigneuries, lesquelles sont en pays françoys et dont ilz n'ont eu, ne leurs prédécesseurs et dont ilz ont droit et cause en ceste partie, aucun prouffit ne joyement depuis le temps des guerres, ains les tient et possède maintenant mondit seigneur de Raix, à iceluy. pour les causes susdictes. ont donné, délaissé, transporté et octroyé. le surplus qui seroit trouvé que les dictes terres et seigneuries…. vauldroient ou pourroient valoir comme dit est. …

Présens vénérables hommes et discretz  messire Fort Castauli, prieur de Montz; Pierre Hosten, prieur de Belin; Raymon de Balues; Arnaud Andraud, presbtres, demeurans en ladicte fosse de Saint-Seurin; Guyon Legludic, escuier, demourant à Talemont;        ; Arnault Queu, bachelier en loix, Jehan Chopillart, demourant à La Réole, et Giron d'Artiguemore, escuier. de Podensac (19).

 

 

Généalogie de la maison de Preissac, tirée du "Nobiliaire historique de la province de Languedoc", et dressée sur les titres originaux, par M. Gastelier de La Tour,

 

 

 

TALMONT-SUR-GIRONDE A TRAVERS LES SIECLES  <==

LA COUTUME DE ROYAN AU MOYEN AGE <==

DOUBLE CONFISCATION DU DUCHÉ DE GUYENNE - Philippe le Bel, Charles IV, roi de France - Édouard Ier, Edouard II, roi d’Angleterre <==

Visite pastorale dans le Poitou de Bertrand de Got (CLÉMENT V) du 17 MAI 1304 au 22 juin 1305  <==

Château de Tiffauges, Mariage de Prégent de Coëtivy avec Marie de Montmorency-Laval dite Marie de Rais (Time Travel 1441) <==

 

 

 

 


 

(1). Ou plutôt son petit-fils. Nous espérons publier prochainement une généalogie complète des soudans de La Trau, sortis de la maison de Pressac.

(2). Histoire de France , par M. l'Abbé Velly.T. 10, p. 407.

(3). Rimer, T. 7 p, 314 , 317 & 318.

(4). Cabinet des Ordres du Roi.

(5). Ashmole order of. Te , Garter, p. 22, 710 Cabinet des Ordres au Roi.

M. Anchi, Roi d'Armes de la Jarretiere ; l''écrit ainfi en 172.0 à M. de Clerambault, Cabinet des Ordres du Roi,

(6). Rimer,T. 7, p. 435 & 460.

(7) De loco de Montendre concesso Soldano de Latrawe, chivaler, 1377.

 (8) De confirmatione, pro Soldano de Latrawe, de locis de Montendre et Thalemond, 1381.

(9) Foulques, issu des anciens comtes d'Angoulême, fut seigneur de Masta, d'Arvert, de Mornae, de Royan, quatre châtellenies de Saintonge. Il épousa Yolande de Pons, fille d'élie Audel.

(10) Le 35e jour du règne de Jean.

26 ans après, le roi Charles V dédommagea un autre chevalier, nommé Jean de la Personne, de la perte du château de Didonne que possédait encore le Soudan de Latran.

« Don fait à Jehan de la Personne, chevalier, vicomte d'Aunay, en considération de ses services et récompense des pertes qu'il a faites, ès guerres, du chastel et châtellenie de Didonne avec les autres héritages qui furent au Soudit de Lasterane, chevalier, qui s'est rendu publiquement ennemi du roi et du royaume, adhérant et étant dans le parti du roi d'Angleterre. A Bouvieux, le 16 septembre 1376. »

(Extrait du Recueil manuscrit fait autrefois par Fourny.)

(11) Cette erreur, dans laquelle est tombé notre historien, provient de ce qu'il n'était pas assez instruit de la géographie de la Saintonge ; il ignorait peut-être qu'il existait, dans l'ouest de la France, d'autre Mortagne que celle du Poitou ; il avait une idée imparfaite de la position de la Gironde, qui, selon lui, coulait aussi en Poitou. Il n'y a pas jusqu'à la ville de Saintes dont il ne fasse, deux fois, une ville de Poitou.

(12). Par cela seul que Froissart établit que Mortagne est sur la Garonne ( Gironde ), près et au-dessous de son embouchure, il désigne Mortagne de Saintonge.

C'est dans la Revue anglo-française qu'il convient de relever toute méprise géographique qui a trait à l'invasion anglaise. Le laborieux rédacteur de cet ouvrage en a pris l'engagement dans son Introduction, qu'il termine le rectifiant une erreur d'un de nos contemporains, pour laquelle un événement arrivé au Petit-Niort, près Mirambeau, dans la Charente-Inférieure, serait rapporté à la ville de Niort, département des Deux-Sèvres..

  (13).  « Charles, par la grâce de Dieu, roi de France, à nre amé et feal tresorier de nos guerres Jehan le Flamant, salut et dilection.- Comme nostre tres chier seigneur et pere, que Dieux absoisse, eust baillie a nostre amé et feal chlr Jehan la Personne viconte Dacy, la garde des chaux et forteresses du Soudet de Lastran qui tient le part de nos ennemis, cest assavoir Didonne, Meschiers et St-Morsac et de plusieurs autres forteresses, etc.... Donné à Paris, le 27 février 1383. »

(14).. Cette analyse est tirée de l'Inventaire original des titres de Didone, fol-61 v°

(15). Dax;, département des Landes, dont le nom, emprunté à ses eaux thermales, s'écrivait autrefois Acgs et Ax.

(16). Chronique de Monstrelet, I. c., pages 54-55.

(17). La Réole (Gironde).

(18). Les points indiquent de longues formules que nous avons supprimées comme inutiles au sens.

(19). Le notaire Aymard Raynard, dont la souscription est mutilée, mentionne la signature au bas de l'original de François et de Bérard de Montferrant, le signet aux armes desdits François, et ceux de Pierre de Montferrant, sourdic de La Trau, et de Bertrand, son père.

 

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