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PHystorique- Les Portes du Temps
30 mai 2023

Revue archéologique UNE ÉCLUSE A SAS AU XVe SIÈCLE (l'écluse de la Roussille sur la Sèvre Niortaise)

Revue archéologique UNE ÉCLUSE A SAS AU XVe SIÈCLE (l'écluse de la Roussille sur la Sèvre Niortaise)

La navigation de la Sèvre-Niortaise commence dans la ville de Niort et finit dans l'Océan où elle tombe dans l'anse d'Aiguillon.

Comme affluents navigables, la Sèvre reçoit le Mignon, le canal d'Autise, la Vendée et le canal de Marans à La Rochelle ; mais, en dehors de ces artères principales, il existe un grand nombre de petits canaux, rigoles et fossés qui aboutissent à la Sèvre et qui sont navigables à différents degrés : les plus importants sont classés et imposés au droit de navigation comme la Sèvre-Niortaise. (Voir au Tableau des distances.)

De Niort à Marans (54 kilom.), la navigation est fluviale ; en aval de ce dernier port, la navigation est naturelle et elle devient maritime. (17 kilom.)

La Sèvre-Niortaise a reçu en amont de Marans de nombreuses et importantes améliorations; curages, redressements, dérivations et barrages éclusés.

Pour que cette canalisation soit complète, il ne reste guère qu'une lacune de 800 mètres à Coulon, qui demande à être élargie et approfondie.

La Sèvre est divisée en huit biefs par huit écluses, y compris le barrage éclusé de Marans, situé à l'origine de la partie maritime.

Les écluses, qui rachètent une pente de 7 m. 50, ont 5 m. 20 de largeur et 34 mètres de longueur minima.

Le tirant d'eau normal de Niort à Marans est de 1 m. 60. l'été il descend à 1 m. 40 et même à 1 m. 20 pendant deux ou trois mois.

Des navires de 200 tonneaux peuvent monter facilement jusqu'à Marans.

La Sèvre-Niortaise est imposée au droit de navigation au profit du Trésor sur tout son parcours navigable.

Tableau des tarifs

La Sèvre formait la grande route commerçante aussi pour maintenir le niveau d'eau suffisant, six écluses avaient été construites.

La principale, celle de la Roussille, était la véritable clef du port de Niort.

 En raison de ses droits de propriétaire du moulin de la Roussille, l'abbé de Saint-Liguaire contribuait aux réparations de la porte et des chaussées (1).

Malgré les profits que les habitants de Saint-Liguaire retiraient de la navigation, ils se montraient assez peu disposés aux charges du port, dont le commerce leur procurait des avantages.

 C'est pour ce motif, que le 17 mai 1332, un arrêt de la cour du parlement les condamne à faire le guet et la garde à Niort, considéré comme ville frontière et limitrophe.

Les hostilités entre la France et l'Angleterre, nées du mariage d'Eléonore d'Aquitaine avec Henri Plantagenet renaissaient constamment en Poitou sous des raisons différentes, autant d'entraves à la prospérité de Niort et des villages environnants.

 Chaque fois qu'un prince vainqueur parvenait à s'emparer de la ville commerçante, il s'empressait d'accorder des privilèges à ses habitants afin de se les attacher.

 Eléonore leur avait concédé des franchises municipales. Philippe Auguste les confirma. Ses successeurs l'imitèrent, et quand Du Guesclin eut définitivement reconquis la place de Niort au roi de France, Jean de Berry, frère de Charles V, décida de grands travaux qui changèrent l'aspect de la ville, l'embellissant et l'enrichissant.

 Un nouvel hôtel de ville s'éleva on creusa un nouveau port de magnifiques halles couvrirent la vallée qui séparait la colline de Saint-André de celle de Notre-Dame.

Afin de faciliter la navigation sur la Sevré, il ordonna la démolition de deux moulins appartenant à l'abbaye de Saint-Liguaire (2).

 De tels travaux nécessitaient beaucoup d'argent. Jean de Berry accorda aux niortais les droits de barrage et de coutume levés aux ports de Sevreau, la Tiffardière, etc.

juin 1377, nouvelle preuve d'une active navigation et de la part recueillie par Saint-Liguaire dans la fortune de Niort.

L'agriculture était également en faveur.

En 1400, une famille, qui tenait l'une des premières places dans l'échevinage niortais, celle des Laydet, commença la constitution du domaine de La Grange, près du bois Châtaigner et lui donna son nom (3).

Charles, comte de Poitou, fils de Charles VI renouvela la concession du droit de coutume, 21 août 1419.

« Avons donné et octroyé, donnons et octroyons par ces présentes qu'il leur loise et puissent prendre et lever par eux, leurs commis et députés le dit aide mis par notre oncle en nos pays de Niort, Sepvreau, Chanteloup, Bessines, Saint-Liguaire, etc. »

Trois années auparavant Jehan Chaillé, bourgeois de Niort, avait obtenu du maire Jean Amoureux le bail du tarif de la Sèvre pour la somme de 136 livres dans les ports de Niort, Sevreau, Bessines, Portriau, Saint-Liguaire, La Tiffardière, Peyglan et La Roussille.

Le tarif s'élevait à 2 0/0. On peut donc évaluer le commerce engagé sur la Sèvre à 1.000.000 de francs (4).

La navigation entre Niort et la mer est actuellement bien loin d'atteindre ce chiffre.

Le séjour sur les bords de la Sèvre était recherché : un bref du cardinal de Sainte-Croix ordonne d'informer sur la requête de Thomas Aymon, moine des Châtelliers, qui demande l'autorisation de changer de couvent pour causes et raisons légitimes et de lui accorder l'autorisation de changement, s'il y a lieu.

Bientôt le commerce diminua.

 L'entrée des vins de Saintonge à Niort, où ils venaient s'embarquer, se ralentit par suite de l'application d'une taxe foraine.

 On les dirigea vers une autre ville moins chargée d'impôts.La Rochelle en profita.

 Une seconde cause de cette décadence vint de l'opposition que firent les seigneurs à la perception du tarif dont le produit servait à l'entretien de la Sèvre. Négligée, la rivière s'envasa tellement que les grosses gabares ne purent plus remonter jusqu'à Niort.

Enfin de nouvelles foires créées à Bordeaux attirèrent le commerce.

Des estacades construites à Sevreau, la Garette, Coulon, le Mazeau, Arçais détournèrent l'eau.

Le port de Niort et les portes de la Roussille ne reçurent plus de réparations.

Un état de cette époque dit qu'il faut refaire tout à neuf les portes de la Boussille, le plancher, les chaines de fer, toutes les ferrures les cabestans sont à remplacer (5); a nettoyer aussi les passages de la Tiffardière, des Chizelles, de Telouze et du l'as des Gendarmes, afin de laisser passer les bateaux.

Louis XI, qui aimait beaucoup les Niortais, en souvenir du bon accueil reçu dans leur ville, lors de sa révolte contre son père Charles VII, voulu rétablir la navigation de la Sèvre.

Il restitua le tarif de 1377 aux ports de Niort, Sevreau, Bessines, Peygtan, Portriau, La Tiffardière, La Roussille.

Malgré cela le commerce maritime s'éloignait de Niort.

Quand, le 15 mai 1493, Jean Laydet, seigneur de la Grange, maire et capitaine de la ville, inventoria les privilèges, il montra la défense de tenir grenier à sel en dehors.

Néanmoins, plusieurs marchands tenaient les leurs et trafiquaient aux ports de Coulon, Sevreau, Saint-Liguaire avec des marchands limousins venus quérir le sel.

Les efforts de Louis XI demeurèrent inutiles. Il en sera de même plus tard de ceux de Sully.

Le commerce de Niort s'était transformé les grandes transactions avaient lieu dans les foires, sous les vastes halles qui comptaient parmi les plus belles du royaume.

Saint-Liguaire n'en profitait pas.

 Les peaux de mouton continuèrent pourtant à remonter la Sèvre mais la fabrication des draps, devenue locale, retint les laines du Poitou.

De nombreux métiers tissèrent à Niort et dans ses environs.

Magné les conserva jusqu'à la fin du siècle dernier. Nous n'en avons pas trouvé trace à Saint-Liguaire.

C'est vers cette époque (1491) que Jacques de Beaumont, seigneur de Bressuire, sénéchal du Poitou, venant de Fontenay, arriva à Saint-Liguaire ou il reçut le corps de ville de Niort qui lui offrit du vin, de l'hypocras et des carquelins. (Craquelins ou Cartelins du Poitou)

Pour la première fois dans l'histoire nous voyons à l'honneur les bons carquelins de Saintonge.

 Leur recette s'est perpétuée à travers les siècles et l’on est encore heureux de les retrouver dans quelques localités des Deux-Sèvres aux journées d'assemblées.

 UNE ÉCLUSE A SAS AU XVe SIÈCLE

L'origine de l'écluse double, dite à sas, telle qu'elle existe à l'heure actuelle sur les canaux et les rivières navigables, est encore mal connue. Deux pays la revendiquent comme une invention nationale : l'Italie et la Hollande.

En Italie, Zendrini, au XVIIIe siècle, prétend que les écluses à doubles portes auraient été découvertes et exécutées pour la première fois en 1481 à Stra sur le Piovego, canal dérivé de la Brenta près de Padoue, par les frères Denis et Pierre Dominique de Viterbe, ingénieurs de la République de Venise (6).

A la même époque, Andreossy, dans son Histoire du canal du Midi, cite un ouvrage d'art similaire établi par Philippe Marie Visconti vers 1440 (7).

D'autre part, en Hollande, à Spaarndam, sur le canal de Sparne, on trouve mention dès 1289 d'une écluse en bois à doubles portes non busquées, ce qui relègue au second plan les exemples avancés par les Italiens (8).

Sans vouloir prendre parti dans une discussion qui demande, pour être éclaircie, la mise au jour de nouveaux documents, nous allons produire pour la France quelques textes peu connus ou inédits qui nous serviront à établir l'existence d'écluses à sas dans notre pays dès le XVe siècle, sinon même à la fin du XIVe.

Il s'agit de l'écluse de la Roussille (9) sur la Sèvre Niortaise, à deux lieues en aval du port de Niort, au point critique où la rivière perd la déclivité assez prononcée de son lit pour entrer dans le marais où elle glisse jusqu'à la mer par une pente à peine sensible.

Dès 1394 le duc de Berry avait fait faire « un certain ouvrage….. pour aler les vaisseaux a Niort (10); il avait ordonné la démolition de deux moulins appartenant à l'abbaye voisine de Saint-Liguaire, perte dont les moines ne s'étaient pas encore consolés une trentaine d'années plus tard (11).

Quelle était la nature de ces travaux? Nous en sommes réduits aux conjectures.

 « année malheureuse pour le commerce », et bien que le Poitou soit « encore accablé des dernières guerres », l'ayde « des ports de Niort, Cevreau, Bessines, Portreau, Saint-Liguaire, la Thiffardière, Peyglan et la Roussille. ….est affermée en bail ».

En 1415, un péage y est exercé, participant au financement des travaux de création du port de Niort.

Un document de 1417 nous montre les navires montant et descendant la Sèvre par six portes, en tête desquelles devaient certainement se trouver celles de la Roussille (12).

En 1419 (13), il est parlé du « port et des sept portes [écluses] par lesquelles les grandes barques montent et descendent la rivière », mais il est déjà question de réparations urgentes à faire ou de renoncer à naviguer sur les eaux de la Sèvre : « faire ouverture et passage des lieux empeschables au dit navigage….., notamment destruction de plusieurs anciens moulins ».

En 1494, le bail des fermes du domaine du roi, en constatant le mauvais état de l'écluse, nous renseigne sur sa structure.

Il faut « reffaire tout a neuf les portes de la Roussille et planches, chesnes de fer et toutes autres ferrures et les cabastans d'icelles portes, nectoyer le grenier et reffaire les murailles toutes neufves jusques au fondement de l'espesseur qu'elles sont a présent de pierre rousse (14), nectoyer devant et derriere les portes »

La mention est suffisamment explicite. Nous sommes bien en présence d'une véritable écluse, avec un grenier ou sas pour passer les bateaux, des cabestans et des chaînes pour ouvrir les portes.

Le 30 juin 1566, le maire de Niort, Jean Morin, accompagné de ses échevins et d'experts charpentiers et maçons, descend la Sèvre, notant au passage les bancs de sable ou autres obstacles qui nuisent à la navigation.

Arrivé à la Roussille, il examine l'ensemble de l'écluse, la disposition du bassin et des portes, et se fait expliquer la manœuvre lors du passage des bateaux. Les experts concluent à des réparations considérables et nécessaires douze cents livres pour la charpente, sept cents pour la maçonnerie, cent cinquante pour les frais de curage (15).

Toutes ces observations sont consignées un peu pêle-mêle au registre des délibérations par le secrétaire du corps de ville.

Fig

 

Mais ce procès- verbal, décousu et plein d'obscurités, est heureusement complété par celui du 11 octobre 1572, où l'on voit le maire Jacques Laurent, entouré, comme son prédécesseur, d'experts et d'officiers municipaux, passer méthodiquement en revue les diverses parties de l'écluse avec une précision et une clarté qui n'excluent pas un certain luxe de termes techniques (16).

Ces deux documents, éclairés d'extraits de comptes du XVIe siècle ou de mentions un peu postérieures, permettent de reconstituer l'ouvrage dans tous ses détails. (17)

Revue archéologique UNE ÉCLUSE A SAS AU XVe SIÈCLE (l'écluse de la Roussille sur la Sèvre Niortaise)

Au XVIe siècle, l'écluse de la Roussille est un bassin ou grenier long de vingt-quatre brasses, large de neuf et profond de douze pieds.

Ses parois faites de pierre de taille mesurent quatre pieds d'épaisseur. Des madriers de bois juxtaposés forment son plancher, que nous appellerions aujourd'hui radier.

Elle est fermée à chaque bout par une porte à deux vantaux celle d'amont ou porte d'en haut, qui correspond aux eaux supérieures, celle d'aval ou porte d'en bas qui s'ouvre sur le cours inférieur.

 Ces portes sont fortement busquées, c'est-à-dire que lorsqu'elles sont fermées leurs vantaux forment un angle très prononcé dont le sommet est opposé au courant (18).

Cette disposition donne aux vantaux un allongement anormal, quatorze pieds de longueur pour douze seulement de hauteur.

Pour résister à la pression de l'eau, on les façonne de forts madriers épais de deux pouces et demi « et de solliveaux et grosses pieces d'ung pied en carré et ferrees de grandes bandes de fere de l'espesseur d'ung pousse avecques grosses chesnes de fer et coulseues de gros clous d'ung pied de longueur ».

La pièce principale de chaque vantail est le poteau bourdonneau, ou plus simplement le bourdonneau qui élonge la paroi du bassin dans toute sa hauteur et tourne sur un pivot (19).

 Au bourdonneau se rattachent les armoise, amoises ou moises (20) qui forment la charpente secondaire et relient le bourdonneau au battant.

Le battant ou poteau battant est une grosse pièce de bois faisant pendant au bourdonneau.

C'est le rapprochement des battants des deux vantaux qui assure la fermeture des portes.

Sous le battant du vantail est disposée une roule (21) ou roulette de cuivre destinée à faciliter l'ouverture et la fermeture des portes en soulageant les pivots.

Les roules ne reposent pas directement sur le plancher, mais suivent un chemina de fer (22).

 

Pour ouvrir les vantaux on se sert de fortes chaînes de fer enroulées sur deux cabestans enchâssés de chaque côté de la porte, dans la maçonnerie.

 Chaque vantail a sa chaîne et son cabestan particulier. Le point d'attache de la chaîne se trouve exactement à mi-hauteur du battant, ce qui repartit l'effort de traction de la façon la plus rationnelle (23).

Quant au cabestan lui-même il se compose d'une pièce de bois formant tambour, terminé par un pivot reposant lui-même sur une coite, le tout maintenu par des charpentes ou armoises. Une innovation due aux experts de 1577 consista à garnir le tambour de quatre ou cinq bandes de fer pour atténuer l'usure causée par le frottement de la chaîne.

Un cabestan, quelque puissant qu'il soit, ne pourrait vaincre la pression d'une colonne d'eau de plusieurs pieds s'exerçant sur une surface aussi considérable que les vantaux d'une porte d'écluse.

Il fallait donc, comme on le fait encore aujourd'hui, recourir à un expédient et établir un niveau d'eau égal des deux côtés de la porte à ouvrir en remplissant ou en vidant le bassin selon qu'il s'agissait de la montée ou de la descente des bateaux.

Au XVIe siècle, ce résultat était obtenu par des conduits d'écoulement ou essais (24), ménagés dans la maçonnerie et fermés par une simple vanne.

 

Les diverses parties de l'écluse sont maintenant suffisamment décrites pour qu'on-en puisse comprendre la manœuvre.

Une gabarre veut-elle remonter vers Niort.

 Le « gardien (25) » commence par lever la vanne de l'essai d'en bas pour vider le bassin, puis il ouvre la porte à l'aide des deux cabestans et fait entrer l'embarcation.

 La porte refermée et la vanne de l'essai baissée, il ouvre l'essai d'en haut.

L'eau d'amont vient remplir le bassin; la gabarre monte avec le niveau et il ne reste plus qu'à ouvrir la deuxième porte pour lui laisser continuer sa route.

Les mêmes opérations s'exécutent en sens inverse pour les barques descendant vers la mer.

Telle était la structure et le fonctionnement de cette écluse, certainement une des premières construites en France.

Quand les experts chargés d'étudier les moyens de rendre le Clain navigable préconisèrent en 1537 l'établissement à Poitiers d'ouvrages similaires, ils ne trouvèrent que deux exemples à citer à côté des portes de la Sèvre celles de la Charente, toutes voisines, et celles de la rivière d'Etampes (26), beaucoup plus éloignées.

Nous laisserons à d'autres le soin de rechercher l'emplacement de ces rivales des portes de la Roussille sur la Charente et sur la Juyne.

 

Nous nous bornerons à faire remarquer que cette dernière, qui jusqu'à l'ouverture du canal de Briare au XVIIIe siècle monopolisait le transit d'Orléans et de la Beauce vers Paris (27), faisait partie, à la fin du XIVe et au début du XVe siècle, de l'apanage de Jean de Berry, comte de Poitou et comte d'Etampes au même titre que la Sèvre.

N'est-il pas permis de supposer, après le texte de 1394 invoqué en tête de cette étude, que l'introduction des écluses à sas en France revient à ce prince si habile à mettre en valeur ses domaines?

La date de 1808 est gravée dans la pierre de l’ancien poste de l’éclusier pour rappeler le passage à Niort de Napoléon 1er qui a réglementé par décret la navigation sur la rivière.

ÉTIENNE CLOUZOT.

 

 

 

 

 

 

 

I

Niort, 30 juin 1566 Procès-verbal de visite de la rivière de Sèvre par Jehan Morin, seigneur de Chef-de-Bois, maire et capitaine de la ville de Niort, accompagné d'élus, d'échevins et d'experts, charpentiers et maçons.

Extrait des registres de délibérations. Archives communales de la ville de Niort, n° 336.

Indiq. :Favre, Histoire de Niort, Niort, 1880, in-8, p. 131.

….En navigant par laquelle ryviere par bapteaux, sommes semblablement parvenuz avecq les dessus nommez jusques aux portes qu'on appelle les portes de la Rousseille, pres Saint Ligaire, en ung endroict ou la ryviere de Saivre est plus haulte devers Nyort et plus basse vers Marans de douze piedz ou environ (28); auquel lieu pour faire monter les bateaux en ladite ryviere, venans dudit Marans et autres lieux audict Nyort y a ung granier de longueur de vingt quatre brasses et de largeur de neuf brasses, renfermé de haultes murailles de douze piedz de haulteur et de quatre piedz d'espesseur, fermant ledit granier de dieux doubles portes tant d'ung cousté que d'autre, tant hault que bas, [sans] lequel granier, pour passer, les bapteaux qui arrivent ne pourroyent, tant en montant que en descendant. [On ouvre] les portes du cousté par lesquelles on veult entrer en icellui granier avecques instrumens qu'on appelle quabestans, gros de plus d'ung pied et grosses chaisnes de fere assamblees en armoizes tant hault que bas. Et incontinant que lesdits bapteaux sont entrez ondit grenier entre lesdites portes, par le moyen de la grand afluance d'eau qu'on y retient de ladite hosteur de douze piedz, l'on ferme subitement les portes par lesquelles l'on est antré ondit grenier et ouvre ont les autres affin d'en remplir ledit granier jusques a la haulteur de douze piedz, lesquelles portes sont de la dicte haulteur de douze piedz et de largeur de quatorze piedz faictes de gros madriers d'espesseur de deux pousses et demy, et de solliveaux et grosses pieces d'ung pied en quarré et ferrees de grandes bandes de fere de l'espesseur d'ung pousse, avecques grosses chesnes de fere, et coulseues de gros doux d'ung pied de longueur lesquelles portes [n']avons trouvees en tel estat qu'il est necessaire pour les fandasses et crevasses, et que le boys et ferrures en sont la plus part pourriz scelon qu'il nous a esté rapporté par lesdits cherpantiers et gabarriers, lesquelz nous ont dixt par leur serment que l'on ne les pouvoyt refaire bien et convenablement a neuf, pour moings de douze cens livres, la refection desquelles est tellement utile et necessaire et sans icelles ladite ryviere ne peult estre navigables et ne peult estre gardee beau ung granier pour monter lesdits vaisseaulx audit endroict ni ailleurs sans icelles portes.

Pour lequel granier aussi reparer en ce que l'avons trouvé desmoly, convyent refaire a neuf les quatres amoizes qui tiennent lesdits quabestans, refaire aussi l'une des aguilles de la massonnerie au dessus des premières portes vers ledit Nyort, reffaire les deux contre cours de l'eschelle par laquelle l'on entre ondit grenier, reffaire l'areste estant entre ladite eschelle et les portes de dessus et reseper par le bas dudict granier et du cousté de ladite eschelle de la haulteur de troys piedz, et par le bas de la longueur dudict granier, et par le dessus, au mesme cousté remectre deux rancs de pierre, et de l'autre cousté dudict granier convient aussi refaire a neuf de cinq piedz par le hault, de la longueur dudict granier, et encores refaire a neuf la massonnerie desdictes portes du cousté vers Marans estans de six brasses de chascun cousté a destre et a senestre et de haulteur de douze piedz, pour lesquelles reparations de massonnerie faire bien et convenablement ils nous ont rapporté par leur dit serment f alloir la somme de sept cens livres tournois.

Lequel granier avons trouvé et a esté rapporté par lesdits gabarreurs et autres d'illecq environ estre requis et necessaire curer et netoyer de deux piedz de profondeur, qui pourroit couster et y est requis la somme de cens cinquante livres tournois.

 

II

Niort, 11-23 octobre 1572.

Procès-verbal de visite des portes de la Roussille sur la rivière de Sèvre et délibération du corps municipal de la ville de Niort sur les réparations à y faire.

Extrait des registres de délibération. Archives communales de la ville de Niort, n° 337.

L'an mil v°. Ixxij., l'onziesme jour d'octobre, nous, Jacques Laurens (29), notaire et secrétaire du roy nostre sire, maison et couronne de France, mayre et cappitaine de la ville de Nyort, estant en l'assemblee par nous tenue ledit jour en la maison commune de ceste ville de Nyort pour adviser es affaires d'icelle, mesmement es reparations des portes de la Roussille, sise sur le navigage de la rivyere de Sayvre, necessaires pour l'entretenement dudit navigage depuys cestedite ville jusques a la mer, feut deliberé et conclud que lesdites portes seroyent veuhes et visitees par nous mayre en presence de messires Mathurin Jamart (30), procureur et scindicq dudit corps, Bertrand Rochereul (31), conterolleur, Philippe de Villyers (32), receveur, et Laurens Gery, secretaire, tous officyers de ladite ville, appellé avecques nous deux eschevyns.

Et par vertu de ladite délibération, le lundy xiije jour dudit moys, estant audit lieu de la Roussille avecques les susdits officyers etmessire Jehan Bastard, ad,vocat du roy en ceste ville, Jacques Barré et Jehan Bauldin, cherpantyers, et Philippe de Villars, masson, Philippe Labbé, serruryer, nous avons trouvé, apres avoyr fait veoyr a l'œil ausdits manouvryers lesdites portes, les reparations qui s'ensuyvent necessaires.

Premyerement, a la porte de derriere, estant vis a vis de la maison de Jehan Guay, s'est trouvé le battant de ladite porte pourry de deux ou troys pieds, la part on est la roulle qui supporte et fait ouvryr ladite porte, de façon que au moyen de ladite pourriture ladite rouhe ne pouvant avoyr son mouvement en rotondeur acoustumé, il est impossible que la porte puisse ouvryr ou fermer sans la desmolition entiere d'icelle, ainsi que nous ont certiffyé lesdits Barré et Bauldin; et pour ce ont esté d'avys, pour remettre ladite porte en estat, faire faire de neuf ledit battant et mectre quelques cloux es bandes de fer qui tiennent ladite porte, d'aultant que plusieurs de ceux qui y estoyent sont tombez et lesdites bandes de fer tiennent fort peu.

Plus, du costé de ladite porte, le cabestan qui la fait ouvryr s'est trouvé, apres que l'avons fait tirer hors de l'eau pour congnoistre ce qui l'avoyt osté de son lieu acoustumé, que ledit cabestan estoyt rompu plus de deux pieds au droict ou tournent les chesnes et ou est ataché le pivot, et icellui pivot osté dudit cabestan ensemble la covtte ou tournoyt ledit pivot et toute aultre ferrure necessaire pour faire tourner ledit cabestan, lesquelles ferrures ledit Barré nous a dict avoyr apporté y a envyron ung an en la maison commune de cestedite ville, et icelles representer en assemblée et delaissé en ladite maison commune, et nous ont rapporté les susdits que la rupture dudit cabestan venoyt au moyen de la chesne qui entourne ledit cabestan et l'avoyt miné, et pour y obvyer doresnavant et mectre ledit cabestan en bon estat, ont esté d'advis les susdits faire de neuf icellui cabestan et autour d'icelluy mectre quatre ou cinq bandes de fer plattes de deux a troys pieds chacune au lieu ou entourne ladite chesne, ensemble faire de neuf les amoises tant basse que haulte dudit cabestan, et oultre a esté d'advis Philippe Labbé, serruryer susdit, et avons trouvé estre necessaire faire de neuf la chesne dudit cabestan qui tient contre l'une des portes et sans laquelle ladite porte ne peult ouvryr, d'aultant que ladite chesne s'est trouvé deffaillyr de dix-sept chesnons, et ce qui restoyt s'est trouvé cassé et rompu en tant d'endroictz qu'elle a semblé ne pouvoyr estre reparée pour servyr.

 Et la porte joignant a la susdite du costé et vis a vis de la maison de Maude Piccard, s'est trouvé l'essay d'icelle rompu et les bandes de fer qui tiennent ladite porte descendues au moyen de la chesne qui tient d'ung costé a la porte et de l'aultre au cabestan qui fait ouvryr ladite porte, laquelle s'est trouvée rompue comme la precedante, non touteffoys deffaillyr de tant de chesnons, et nous a rapporté ledit serruryer qu'elle se pouvoyt reparer en y portant quelques S ou chesnons neufz; et pour le regard du plancher desdites portes n'a peu estre veu ne visité au moyen des eaux.

Et pour le regard des deux aultres portes aprochant de ceste ville nous avons trouvé icelles laisser perdre grande quantité d'eau et nous ont lesdits Barré et Bauldin, cherpantyers, dit que estoyt a l'ocation des bourdonnaux desdites deux portes lesquelz sont desnuez et desgarnys de madryers plus d'ung pied et demy de la part ou est le pivot qui les supporte (33) et pour le regard du plancher d'icelles portes n'ont peu assoyr jugement certain de ce qu'il y convenoyt faire, a l'ocasion des eaux; bien nous a dict ledit Guay que aulcuns des madryers dudit plancher estoyent rompuz et les aultres ostez de leurs lieux.

Et oultre ayant par l'advis des dessusdits fait tirer hors de l'eau le cabestan de l'une desdites portes, la plus proche du moullin de la Roussille, s'est trouvé icelluy estre gasté et pourry par le bas, la part ou le pivot est ault, de neuf poulces, de façon que ledit pivot ne peult tenyr et ledit cabestan ne peult tourner ainsy que nous ont rapporté les dessus dits et que nous avons veu a l'œil, ayant trouvé ledit pivot, ensemble la coyte en laquelle il tourne, ostez de leur lieu, lesquelz apres avoyr fait chercher dedens l'eau audessous de l'amoyse d'en bas par ledit Guay avons icelluy pivot et ladite coyte trouvé et le tout delaissé par l'advis des dessus dits officyers entre les mains dudit Guay pour les representer a la prochaine assemblee, et s'est trouvé ladite coitte gastee et cassee, ensemble ledit pivot estre court de plus de demy pied la part ou il est entré audit cabestan et l'ung des exays desdites portes aprochant dudit moullin de la Roussille cassé et rompu et l'aultre aulcunement pourry et les deux amoises dudit cabestan rompues; et ont esté les dessus dits d'advis pour remettre les dites deux portes en estat pour ouvryr et fermer resepper ledit cabestan et a icelluy comme au precedant faire mectre quatre ou cinq bandes de fer au lieu ou tourne la chesne pour obvyer adce que ladite chesne ne puisse coupper ledit cabestan, et oultre faire de neuf lesdites deux amoises et ferrer semblablement a neuf ledit cabestan.

Et oultre ont esté d'advis pour empescher que lesdites portes ne laissent perdre l'eau comme dessus est dict, battarder et refaire de neuf ledit plancher, coupper d'ung pied chascun desdits bourdonaux et entailler d'ung pied les deux battans desdites deux portes au droict ou sont les roulles affin que les madryers du haut se joignant au plancher du bas ils puissent contenyr l'eau et empescher ladite perte d'eau qui cause que les bateaux ne peuvent monter et descendre comme il est requis.

Plus se sont trouvees les çhesnes qui tiennent d'une part esdites portes et d'aultre aux cabestans cassees, de façon que les portes, tant du haut que du bas, ne peuvent estre ouvertes que avecques forces de pigouilles (34) dont les battelyers usent au traget et en ce faisant les rompent et desmolissent ainsy que nous a aparu par la rupture des bandes et que avons veu a l'œil en presence de messire Jacques Laurens (35), lieutenant du seneschal de Poictou, au siege de ceste ville, et de messire Jacques Dallaux, advocat audit siege, l'ung des pairs de ladite maison commune.

Et nous a rapporté ledit Labbé estre necessaire icelles chesnes reffayre de neuf au moyen que la plus part des chesnons, pour les long temps qu'ilz sont faitz, sont uzés et ce qui reste sont S lesquelles plus facillement se rompent et cassent ainsy que nous a dict ledit Gay et habitans dudit lieu de la Roussille adce présent.

Et pour remectre les amoises et cabestans en leurs lieux accoustumez nous a rapporté ledit de Villars estre necessaire faire refaire deux ou troys brasses de muraille de pierre rousse de taille (36)………..

En 1604 (37), la ville de Niort convient, avec l'abbé de Saint-Liguaire, « de construire et relever à neuf et à ses frais les portes et chaussées de la Roussille », et abandonne l'ancien lit de la Sèvre, entre Sevreau et la Garette, qui servait alors à la navigation, et on creuse un nouveau canal.

Au début du règne de Louis XIV (38), les transports se font encore surtout par « routes d'eau », quand cela est possible.

 Vauban, le technicien de l'époque, assure qu'« un bateau peut seul, avec six hommes et quatre chevaux, mener la charge que quatre cents chevaux et deux cents hommes auraient bien de la peine à mener par les charrois ordinaires ».

Dans le même ordre d'idée, Colbert écrit que les chemins « ne servent qu'aux carosses et aux coches et ne sont pas nécessaires pour l'avantage des peuples ». Aussi le roi s'intéresse-t-il aux ouvrages pour rendre les rivières navigables ».

N'est-ce pas pour cela que le duc de la Meilleraye (39) désire que la Sèvre soit navigable sur tout son cours et que les barques de Marans remontent jusqu'à Saint-Maixent, mais il meurt en 1664, sans avoir vu réaliser ce projet.

Malgré les efforts de Colbert, la navigabilité des cours d'eau continue à laisser à désirer, la navigation étant entravée par des péages.

Le port de La Rochelle, lui-même, est négligé : au lieu des bateaux de 800 à 900 tonneaux, il n'en peut plus recevoir que de 300 à 350 (40). On y débarque pourtant une partie des marchandises importées des Iles d'Amérique.

— En 1619 (41), un marchand de Niort loue à ferme, pour un an, pour 30 livres, à un habitant d'Arsay, un grand bateau « circulant sur la rivière de Sayvre, sa garniture d'une grande palle (42), fourche, avec les aulssières » (43).

Ce bateau appelé « Le Matelot » peut porter 15 à 20 tonneaux de blé (13 à 17 tonnes d'aujourd'hui).

En 1651 (44), on relève une association entre un maître-charpentier de Niort, un marchand de la Roussille, un gabarrier du port de Niort et un marchand-gabarrier de Saint-Martin, paroisse de Sainte-Pezenne.

Le maître-charpentier s'engage envers les marchands du Faubourg du port de Niort de « faire passer, à l'aller et au retour, par les portes de la Roussille, en attendant qu'elles soient accommodées, les bateaux chargés ou non, moyennant 20 sols à lui payer par bateau ».

En 1723, une société puissante, constituée cinq ans auparavant, obtient le privilège des canaux à ouvrir en Saintonge, Aunis et Poitou pour établir la liaison par eau de Poitiers au golfe de Gascogne par le Clain, la Vonne et la Sèvre niortaise.

 Contestations entre sociétaires et procès aboutirent à la révocation du privilège et à l'abandon du projet (45) dont on ne reparlera qu'en 1790 (fig. n° 2).

De 1723 à 1731, il n'est question que d'obliger les « engagistes » du Domaine du roi à effectuer la réparation des « portes de la Roussille », rompues depuis 1718 et, en novembre 1726, « 20 charges de marchandises, en aval de l'écluse, ne peuvent arriver au port et on ne peut faire embarquer les marchandises des négociants de Niort, destinées aux places maritimes : marchands de La Rochelle et entreprises des fournitures de la marine à Rochefort ».

En 1729 (46), d'après un mémoire des maire et échevins, en réponse à Mgr de Blossac, intendant du Poitou, « la rivière de Saivre porte bateaux, depuis Niort jusqu'à Marans et de Marans à la mer ».

Le mauvais état de l'écluse de la Roussille menace d'interrompre, en 1732 (47), « un commerce qui intéresse la ville de Niort, les provinces d'Aunis et de Poitou, les magasins de la Marine à Rochefort et le commerce avec les colonies. » d'Amérique.

Les « bateliers, qui passent à l'écluse de la Roussille, payent un sol par tonneau de charge.

Depuis le dépérissement de cette écluse, des bateaux de 18 tonneaux [16 tonnes] au plus peuvent monter et descendre la rivière tandis qu'auparavant des bateaux de 40 [35 tonnes] la parcouraient. » (48).

Après correspondance, menaces et saisies, l'intendant décide que, « depuis le 1er juillet 1733, la navigation sera interrompue jusqu'à fin septembre-fin octobre, époque à laquelle sera terminée la reconstruction des « portes » de la Roussille. »

En novembre 1734, les travaux achevés, maire et échevins de Niort sont convoqués, « sur les lieux, pour recevoir les clefs des portes de la Roussille. ».

Les portes de l’écluse de la Roussille étant arrivées à un état de dégradation qui rendait leur ruine imminente, on s’est trouvé dans la nécessité de les reconstruire.

Les travaux de reconstruction, commencés en 1842, ont été achevés en 1843, et soldés en 1844.

Ces travaux étaient indispensables, attendu que l’écluse de la Roussille sert à maintenir au port de Niort le tirant 'd’eau nécessaire à la navigation.

Les dépenses faites sur le crédit spécial de la Sèvre s’élevaient, au 31 décembre 1843, à.. . . ..... .. . . . . . .... ........ ... . 116,722f

Elles ont été, en 1844, de. .......... . . . . . . 16,855

 

 

L’ancienne maison éclusière, celle où s’est installée l’Auberge de la Roussille, jolie bâtisse de 1803

 

 

 

Une chamoiserie (ancienne usine Rousseau, au lieu-dit « La Roussille ») a fonctionné de 1900 à 1981.

Bulletin philologique et historique jusqu'à 1610 du Comité des travaux historiques et scientifiques

France. Ministère de l'intérieur. Direction générale des ponts-et-chaussées et des mines

Rapports et délibérations  Vendée.

 

 

1377 Jean duc de Berry, de passage à Niort, décide de la levée d'une « Coutume » pour financer la construction du nouveau port. <==

==> Moulin de Roussille 20 janvier 1455 Rémission accordée à Robin Collet, archer des ordonnances, coupable d'un homicide par imprudence en tirant de l'arc à Saint-Liguaire près Niort, où sa compagnie était logée. 

 


(1) Augier de la Terraudiere, Thrésor Nyort.

(2) Revue archéologique, 1905, p. 273, Etienne Clouzot.

(3) Parchemins de 1400 à 1482.

(4) Commerce du XIIIe au XVIIIe par A. Gouget.

(5) Les portes ou écluse de la Roussille construites à Sas, dès le XVe siècle, par Jean de Berry, peuvent être citées comme des premières établies sous cette forme en France. Revue archéologique, 1905, p. 280. ETIENNE CLOUZOT.

(6). Zendrini, Leggi e fenomeni regolazioni ed usi delle aque correnti, Venezia, 1741, in-4°. Cité par Andreossy, Histoire du canal du Midi, Paris, 1804, 2 vol. in-4°, introduction.

(7). Andreossy, loc. cil. Léonard de Vinci, de son côté, a dessiné et sommairement décrit les écluses de Milan. Cf. Les Manuscrits de Léonard de Vinci. publ. par Charles Ravaisson-Mollien, Paris, 1881-1891, 6 vol. in-fol., ms. B à D, fol. 37.

(8). Andreossy, loc. cit.

(9). Il est bon de signaler dès maintenant que le terme d'écluse pris dans le sens où nous l'employons ici est relativement moderne. Dans les textes du XVIe siècle que nous publions, comme dans tous ceux auxquels nous renvoyons en note, le mot écluse ne figure jamais; il est remplacé par l'expression de « portes ». Mais la tradition ne s'y trompe pas on n'a pas cessé d'appeler dans le pays l'écluse de la Roussille, « les portes de la Roussille » ou tout simplement « les Portes ».

 Une fête qui diminue d'année en année d'importance, continue à s'y tenir tous les ans sous le nom de « Ballade des Portes ». Rien de pareil n'existe pour les autres écluses de la Sèvre qui datent de la première moitié du XIXe siècle.

Pendant tout le moyen âge, et même au- delà, le mot écluse, exclusa, n'a signifié autre chose que pêcherie d'eau douce ou d'eau de mer. Nous avons donné ailleurs (Les Marais de la Sèvre Niortaise et du Lay du Xe à la fin, du XVIe siècle, Paris et Niort, 1904, in-8°, p. 21 et 126-127) la description de ces écluses de pêche.

(10). 1394, novembre. Lettre de rémission accordée à Thomas Bouchet, de Saint Liguaire. Arch. nat., JJ 146, fol. 213 v. Archives historiques du Poitou, t. XXV, P. 181.

(11). 1430, 7 mars. « Comes comitatus Pictavie qui plura bona, presertim duo molendina ad dictum officium prepositure Sancti Leodegarii spectantia, ob constructionem cujusdam portus sue ville Niorti destruxit. P. Denifle, La Désolation des églises de France, Mâcon, 1897, in-8, t. I, p. 181.

(12). 1417, 7 février (n. st.) « la riviere de la Sevre qui descend en la mer, laquelle riviere a six portes par lesquelles la navire monte et descend, lesquelles portes ont mestier un chascun jour d'estre réparées et tenues en bon estat ». Lettres de Jean, dauphin de Viennois, comte de Poitou. Arch. comm. de Niort, n° 439.

De ces six portes, celles de la Roussille semblent seules avoir survécu.

 Du XVe au XIXe siècle on ne trouve entre la Roussille et la mer que des écluses de pêche plus nuisibles qu'utiles à la navigation, et si l'administration des Ponts et Chaussées, au cours du xix- siècle, choisit parfois l'emplacement, de ces pêcheries pour y établir des travaux d'art, à la Sotterie, en aval de Coulon, par exemple, jamais elle ne trouva trace d'écluses à sas proprement dites.

 A Marans même elle se heurta à une chaussée qui séparait complétement la rivière d'avec la mer.

Cette chaussée existait dès le début du XVe siècle et forçait les navires de mer à décharger sur les quais de Marans leurs marchandises que des « boutetonneaux » ou portefaix rechargeaient sur des gabarres fluviales à destination de Fontenay ou de Niort.

 Nous avons produit ailleurs (Marais de la Sèvre, p. 159) un document de 1435 à l'appui de cette assertion en voici un autre, un peu antérieur, encore plus explicite :

 1428 « Item a Marant, le jeudi xxj° jour d'octobre, a xij porteurs qui a force de bras portèrent les fardeaux, coffres et pipes ou estoient les besongnes de mondit seigneur des gabarres qui les avoient amenez du port de Boisse [près Fontenay le Comte] et les misdrent par dessus la chaussee des moulins de Marant, au bas d'iceulx moulins, dedens la nef qui par mer les amena a Esnande, par marchié fait avecques eulx…… j. escu ». Arch. nat., KK 269, fol. 53 v.

(13). La pierre rousse, dont la dureté contraste avec le calcaire friable des bancs superficiels, s'extrayait des carrières de Bégrolle près de Niort.

(14). 1494,12 juin. Arch. des Deux-Sèvres C 58. Cf. A. Gouget, Mémoires pour servir d l'histoire de Niort. Le commerce, XIIIe-XVIIIe siècle. Niort, 1863, in-8°, p. 44.

(15). Pièce justificative I.

(16). Pièce justificative II.

(17). Quelques-uns des termes que nous citons sont encore employés de nos jours dans la même acception qu'au XVIe siècle. Nous remercions M. Martin, ingénieur des Ponts et Chaussées à Niort, qui a bien voulu nous aider à les identifier.

(18). Cette conformation des portes est nettement figurée sur le dessin de Masse que nous reproduisons ici et sur le plan de 1825 dressé lors de la réfection de l'écluse par l'administration des Ponts et Chaussées (Niort, Arch. des Ponts et Chaussées). Elle ressort également des termes de la visite de 1572, où l'on distingue les vantaux d'une même porte en indiquant les maisons auxquelles ils font respectivement « vis-à-vis ». Semblable expression n'aurait pu être employée si les vantaux eussent été sur la même ligne car ils auraient fait face à la rivière.

Un lavis de Masse, conservé, comme le premier, au Ministère de la Guerre, montre qu'au début du XVIIIe siècle, il avait été question de remplacer ces portes très busquées par d'autres portes formant un angle à peine sensible.

 Mais ce ne fut qu'un projet et l'écluse ne subit aucune modification de ce genre avant 1825.

 (23). Le cabestan était dans l'eau (Pièce justificative II) ce qui écarte de prime abord l'idée d'une attache à l'extrémité supérieure 'du battant. D'ailleurs l'élévation du plan de 1825 nous montre l'échancrure ménagée dans la maçonnerie pour livrer passage à la chaine elle part du niveau du sol et s'arrête dans l'eau juste à mi-hauteur du fond.

(24). Nous négligeons à dessein de spécifier le nombre de ces essais.

 Au XVIIIe siècle il n'y en avait que deux l'essai d'en haut et l'essai d'en bas (Procès-verbal de visite du 10 juillet 1723. Arch. comm. de Niort, n° 1722). Masse, qui les nomme larrons, les a figurés sur son plan.

 Antérieurement ils étaient certainement plus nombreux « Il y avoit autrefois, dit le procès-verbal de 1723, près le moulin, au-dessus desdites portes, un essay qui servoit à donner de l'eau pour faire monter plus commodément les batteaux dans le bassin; cet essay a esté comblé et les murs en sont en tres mauvais estat. Les fermiers ou propriétaires dudit moulin ont condamné cet essay en sorte qu'il est presque entièrement péry et la rivière s'est comblée en cet endroit. »

 Il est probable qu'au XVIe siècle, les essais étaient multipliés et de petite dimension, comme en témoigne un extrait du compte de Me Gaschet : 1594, 25 février « A Marc Picard, me charpentier, la somme de viij écus sol….. pour avoir mis et fourny quatre essays aux palles neuf aux portes de la Rousseille estant sur la riviere de Saivre….. » loc. cit. (H. Proust, op. cit., t. II, p. 156, a lu à tort « portes u au lieu de « palles »).

 On conçoit qu'avec le temps et les progrès de la science hydraulique on ait restreint le nombre des essais à trois, puis à deux, pour les supprimer tout-à-fait en ménageant les vannes dans les portes elles-mêmes.

(25). 1599, 27 août « A Joseph Brunet, marchand, demeurant aulx portes de la Rousille, la somme de cinq escus. pour ses gages de garde desdites portes. » Compte de Me Gaschet, loc. cit. cf. H. Proust, op. cit., t. 11, p. 218.

 En 1600-1601, le titulaire de la même charge s'appelle Pierre Migon. Ib.

(26). 1537 « Et qu'en faisant des portes comme il y a es rivieres d'Estampes et la rivière de Charente et en la riviere de Sayvre qui passe à Niort, les seigneurs des moulins étant sur lesdites rivieres de Clain et de Vienne auraient bien plus d'interet lesdites rivieres étant navigables ». Enquête citée par Boncenne, De la navigation du Clain. Poitiers, 1807, in-8°, 46 pp., page 32.

(27). Documents inédits. Mémoire de la généralité de Paris, publ. par M. A. de Boislisle, p. 11.

(28). Il est évident que ce chiffre est erroné. Si la différence de niveau avait été de douze pieds il aurait fallu des portes beaucoup plus élevées et un grenier plus profond. Avec douze pieds de différence de niveau, le grenier aurait été à sec quand on aurait ouvert les portes du bas et les barques n'auraient pu y entrer.

(29). Jacques Laurens, écuyer, seigneur de la Chaignée et de Beaulieu, mort au siège de Niort en 1588.

(30). Mathurin Jamard, sieur de la Bourgeoisie, maire et capitaine en 1575, était échevin en 1588 lorsqu'il fut pris et pendu par l'armée protestante comme étant le plus riche bourgeois de la ville et l'un des ligueurs célèbres du Poitou.

(31). Bertrand Rochereuil, seigneur de la Touche-Popineau et de Pallatreau, échevin, maire en 1557, juge des consuls en 1573.

(32). Philippe de Villiers, écuyer, seigneur de Prinçay, maire et capitaine de Niort en 1573 et en 1577, mort au siège de Niort de 1588.

(33). Entre le bourdonneau et la maçonnerie est ménagé un certain vide pour permettre au vantail de s'ouvrir sans frottement. Le vantail fermé, ce vide se trouve comblé par un madrier qui flanque le bourdonneau sur toute sa longueur.

 Ce sont ces madriers, désignés actuellement sous le nom de fourrures, qui font défaut de plus d'un pied et demi du côté du pivot, c'est-à-dire à partir du bas.

(34). Le scribe avait d'abord mis perches, il a rayé pour mettre pigouilles. C'est le plus ancien exemple que nous connaissions de ce terme de pigouille, d'un usage courant aujourd'hui sur la Sevré. Au XVe siècle on trouve fourchié ou fourchaz. Cf. E. Clouzot, Les Marais de la Sèvre, p. 157.

(35). Ce Jacques Laurens, conseiller du roi, échevin en 1582, doit être distingué de son homonyme, maire et capitaine.

(36). La dernière partiè du procès-verbal est consacrée aux délibérations du corps de ville pour l'achat des matériaux et l'adjudication des travaux.

(37) Cf. ARNAULT, loc. cit., Annuaire, p. 104.

(38) Cité par E. LAVISSE, Histoire de France, t. VII, 1re partie, p. 211.

(39) Charles de la Porte, seigneur de la Meilleraye (en Gâtine), 1602-1664, maréchal de France, surintendant des finances, commanda l'armée royale du Poitou, Saintonge et Limousin.

(40) Cité par E. LAVISSE, op. cit., p. 250.

(41) Arch. dép. Deux-Sèvres, 3 E 256 (Document relevé par M. Merle).

(42). Palle ou pigouille.

(43) Aussière, cordage pour les manœuvres dormantes et le halage.

(44) Arch. dép. Deux-Sèvres, 3 E 163, Étude Perat (Document relevé par M. le Dr Merle).

(45). Arch. nat., F14bis 6934. Cf. également un rapport de l'ingénieur en chef de la Charente-Maritime du 17 septembre 1845 sur le projet d'achèvement du canal de Niort à La Rochelle.

(46). Arch. dép. Deux-Sèvres, 2 E 499.

(47).  BRIQUET, Navigation sur la Sèvre, t. 3, p. 132.

(48) Arch. nat., F14bis 6934 : Réponse du maire de Niort à une lettre de l'intendant du Poitou, 12 avril 1732.

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