Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
PHystorique- Les Portes du Temps
10 juin 2023

Loches, 20 septembre 1801 EXHUMATION D’AGNES SOREL

Loches, 20 septembre 1801 EXHUMATION D’AGNES SOREL

La « Dame de Beauté » a fait l'objet de nombreuses études et les vicissitudes de son tombeau à Loches également. Nous nous bornerons ici à tenter de dresser un inventaire - qu'à l'avance nous savons incomplet - des médaillons et cadres dans lesquels ont été conservés jusqu'à nos jours des cheveux prélevés lors de son enterrement puis dans l'urne de son tombeau lors des diverses ouvertures entre 1777 et 1801, parvenus à notre connaissance (1).

Rappelons qu'Agnès mourut à Jumièges (Seine Maritime) le 9 février 1449 (1450 n.s.) et que son corps fut transporté à Loches dans la collégiale Notre Dame, où lui fut élevé un magnifique monument funéraire dans le choeur. Ce qui n'avait pas l'heur de plaire aux chanoines, qui en demandèrent au roi, dès la fin du XV siècle, le déplacement.

1777 - Ce ne fut qu'à cette date que Louis XVI en autorisa le transfert. Ses cendres furent exhumées en présence du Dr. Henry, qui conserva partie de sa chevelure et ses cendres furent groupées par les chanoines, qui ne se mirent guère en frais malgré les dons que leur avait faits la défunte : dans un pot de grès commun, pompeusement appelé « urne » (voir fig. 2, 3 et 5 de l'article d'A. Montoux, (Bull. Soc. Archéol. Tour., T. XXXVI, 1970, p. 93) que l'on déposa dans le tombeau. Les cheveux étaient alors absolument sains.

1793 - En mars 1793, le tombeau fut profané par des volontaires de l'Indre allant combattre en Vendée et l'urne fut jetée dans le cimetière du chapitre.

C'est ce que nous apprend une lettre du 19 brumaire 1796 écrite par le président de l'assemblée municipale de Loches en réponse à une demande du Ministre de l'Intérieur l'invitant à lui faire savoir où se trouvait alors le tombeau d'Agnès Sorel (2):

 

Citoyens,

Le tombeau d'Agnès Sorel a existé véritablement dans le chœur de la ci-devant collégiale de Loches ; il y était encore au mois de mars 1793, époque à laquelle un bataillon de citoyens du département de l'Indre passa dans nos murs pour aller dans la Vendée.

Une partie de ce bataillon se porta dans la Collégiale et, voyant le tombeau d'Agnès, construit en marbre noir, de la hauteur d'environ trois pieds, et sur lequel était étendu sa statue faite en stuc, ayant à sa tête deux figures d'anges et à ses pieds deux moutons, ces militaires la prirent pour une statue de Saint, et dans leur délire, ils sabrèrent Agnès, les anges qui la gardaient et les moutons qui étaient à ses pieds.

L'Administration du district, prévenue du ravage qui se faisait dans cette église, s'y transporta aussitôt, mais elle n'y trouva que les morceaux d'Agnès et de son entourage, ainsi que des têtes, des jambes, des pieds de statues que, dans leur rage vandalique, avaient coupés, brisés, ces citoyens armés pour aller arrêter les révoltés de la Vendée.

L'Administration ne put, dans ce moment, que sauver des tableaux que ces militaires n'avaient pas mutilés, parce qu'ils n'avaient pas encore pu les atteindre avec leurs sabres; les murs de l'église étant très élevés, les tableaux étaient attachés très haut, et le temps d'aller chercher des échelles donna celui de les chasser.

Sortant de ce lieu, ils se portèrent à la maison de détention, ils déclarèrent qu'ils voulaient septembriser ceux qui y étaient. Ce fut alors qu'on employa la fermeté avec eux, et qu'on leur déclara qu'on ne souffrirait jamais le massacre.

 

Voilà ce qui s'est passé à l'occasion du tombeau d'Agnès Sorel, dont les marbres sont encore dans les magasins de l'Administration.

Les ossements de cette femme avaient, du temps des chanoines, été mis dans une urne et déposés dans le Cimetière du Chapitre.

Pocholle, représentant du peuple, les fit exhumer quand il vint en mission ; il s'empara d'un reste de cheveux qui tenait encore au crâne. Satisfait, tout fut remis dans l'urne, et l'urne dans la terre.

Salut et fraternité,

 

GABORÉ.

Pour le Secrétaire : GOULARD.

Mars 1793 le tombeau d’Agnès SOREL fut profané par des volontaires de l'Indre allant combattre en Vendée et l'urne fut jetée dans le cimetière du chapitre

 

1795 - En juin 1795, le député Pocholle fit exhumer l'urne, s'empara d'une mèche de cheveux et fractura la mâchoire inférieure pour en extraire des dents.

1801 - Le préfet Pommereul fait à son tour exhumer l'urne et la met en sûreté à la Sous-Préfecture « dans les magasins de l'Administration », non sans avoir prélevé au passage quelques reliques dont une dent et une touffe de cheveux, qu'il emporta.

 

Loches, 20 septembre 1801 EXHUMATION D’AGNES SOREL

 

La lettre suivante, qui nous est communiquée par M. L. Du Bois, de la collection duquel l'original fait partie, est écrite par une personne déjà signataire du procès-verbal dressé lors du premier déplacement du tombeau d'Agnès Sorel en l'église collégiale de Loches, le 5 mars 1777.

On trouve dans ce document plusieurs détails curieux qui manquent aux pièces justificatives recueillies par M. Delort à la fin de son Essai critique sur l’Histoire de Charles VII, d'Agnès Sorel et de Jeanne d'Arc.

 

Loches, 20 septembre 1801.

Monsieur,

Depuis que j'ai eu l'honneur de vous écrire, on a fait des recherches pour découvrir les restes de la belle Agnès, et nous sommes parvenus à les avoir.

L'urne était dans le cimetière voisin de la Collégiale.

Elle a été déposée chez le sous-préfet jusqu'à nouvel ordre.

 Cette nouvelle exhumation m'a mis à portée de rectifier des erreurs qui sont dans le détail que je vous ai adressé le 8 de ce mois. Regardez-le comme non-avenu, et rajoutez foi qu'à celui que je vous fais passer aujourd'hui. Il est fondé sur la vérification des objets et sur une ancienne note que je viens de retrouver dans mes papiers.

Le mausolée de la belle Agnès était placé dans le chœur de la Collégiale de Loches, département d'Indre-et-Loire.

 Le chapitre sollicitait depuis long-temps la translation de ce monument : il l'obtint enfin le 22 février 1777, et, en vertu d'un ordre de Louis XVI, on procéda à l'exhumation le 5 mars de la même année.

D'abord on enleva les marbres qui formaient un sarcophage de huit pieds de longueur environ sur trois de largeur et deux et demi de hauteur : le tout était en marbre noir.

Sur le marbre de dessus était la représentation de l'a belle Agnès, couchée, les mains jointes, la tête appuyée sur un oreiller. Cette statue pouvait avoir cinq pieds de long. De chaque côté de la tête était un ange de douze à quinze pouces de haut. Deux petits agneaux étaient aux pieds. Toutes les figures étaient en stuc blanc.

On lisait sur le marbre qui formait la tête du mausolée l'inscription en vingt vers qui commence par celui-ci :

Fulgor apollineus rutilantis luxque Dianæ.

Sur une plaque de marbre de la largeur du tombeau sur dix-huit pouces de hauteur, placée derrière la tête d'Agnès, était gravée l'inscription suivante dont voici le premier des vingt vers qui la composent :

Hâc jacct in tumbâ simplex mitisque columba.

Cette même inscription était en outre gravée sur une plaque de cuivre dont il sera fait mention.

On avait gravé sur le côté gauche les vingt-deux vers brisés qui commencent ainsi :

Astra petit mollis Agnes redimitaque flo-re

Grato cœlicolis hanc credo vigere déco-re

 

Autour de la grande tablette de marbre sur laquelle reposait la statue on lisait l'épitaphe en prose française :

 « Ci-gist noble damoyselle Agnès Seurelle, en son vivant dame de Beaulté, de Roqueferriere (3), d'Issoudun et de Vernon-sur-Seine, piteuse envers toutes gens et qui largement donnoyt de ses biens aux églises et aux povres : laquelle trespassa le neufviesme jour de febvrier, l'an de grâce MCCCCXLIX.

Priez Dieu pour le repos de l'ame d'elle. Amen. »

Toutes ces inscriptions étaient gravées en lettres gothiques dorées.

Les marbres, la masse de maçonnerie qu'ils recouvraient, ayant été enlevés, laissèrent à découvert une pierre dure de la longueur et de la largeur du sarcophage, sous laquelle s'ouvrait un caveau voûté, en pierre tendre de sept pieds de long sur deux pieds quatre pouces de large, et de trois pieds de profondeur.

On y trouva un cercueil de bois de chêne de cinq pieds et demi de longueur environ sur quinze pouces en carré, ferré sur tous les angles avec des bandes de fer longues de huit à dix pouces sur un pouce de large.

Ce cercueil servait d'enveloppe à un autre qui était de plomb, fort endommagé, lequel recouvrait un troisième cercueil de bois de cèdre, qui contenait le corps de la belle Agnès. Ces trois objets étaient très altérés.

Chargé de constater (je parle toujours de 1777) les parties du corps qui pouvaient encore subsister, j'examinai avec attention ce qui restait dans le cercueil.

J'y trouvai une terre ou cendre légère, un peu grasse, dans laquelle on reconnaissait les débris de quelques plantes aromatiques.

La tête, au premier coup d'œil, parut être dans son entier, mais conservée sans apparence d'aucune partie charnue. Au moment où je voulus l'enlever, la chevelure me resta dans la main ; l'occipital, les deux pariétaux tombèrent en morceaux ; les autres os de la tête restèrent unis, de manière à laisser voir en entier le coronal, les temporaux, le sphénoïde, partie de l'etinoïde, le vomer, les os maxillaires supérieurs garnis de toutes leurs dents. La mâchoire inférieure était entière et avait aussi toutes ses dents. La clavicule gauche était également bien conservée.

L'exhumation nouvelle qui vient d'avoir lieu m'a mis à même de constater aujourd'hui, 29 fructidor an IX (16 septembre 1801), l'exactitude des détails que j'avais recueillis en 1777.

 J'ai retrouvé les parties ci-dessus énoncées dans le même état, à l'exception des dents qui ont été arrachées, lors d'une exhumation ordonnée par un représentant du peuple en mission, lequel permit cette distraction, ainsi que celle des cheveux, dont nous venons de retrouver à peine quelques faibles restes.

La manière dont la chevelure était arrangée lors de la translation du mausolée en 1777, me permit de juger comment Agnès Sorel était coiffée au moment de sa mort.

Sa coiffure était à peu près dans le genre de celle que les dames portaient il y a environ vingt ans (en 1780) : un crêpé de quatre à cinq pouces de devant en arrière, sur neuf à dix pouces d'une oreille à l'autre; à chaque côté pendaient deux boucles assez grosses, les cheveux du derrière de la tête formaient une tresse nattée en trois, de dix-huit à vingt pouces de long. Cette tresse était relevée et attachée par le bout sous le crêpé.

Les cheveux étaient d'un brun clair; les boucles en partie rousses et cassantes, effet, selon toute apparence, de la forte chaleur que ces parties avaient éprouvée lors de la soudure du cercueil de plomb.

Tous ces restes (en 1777) furent mis dans une urne et placés dans le mausolée reconstruit dans la nef de l'église, quelques jours après l'exhumation.

Ils en furent retirés en 1794 pour être déposés dans le cimetière voisin.

La recherche faite par le représentant du peuple m'était inconnue, et je ne l'ai apprise qu'au moment où l'urne a été retrouvée (le 16 septembre 1801) et transportée provisoirement chez le sous-préfet, où j'ai fait la vérification de ce qu'elle contenait (4).

Sur un des piliers du chœur de la Collégiale était une plaque en cuivre jaune de deux pieds de long sur quinze à dix-huit pouces de haut, avec un relief représentant sainte Agnès à genoux devant la Vierge Marie qu'elle priait pour Agnès Sorel dont elle était patrone.

A la partie gauche de cette plaque on lisait une des inscriptions du sarcophage :

 

Hâc jacet in tumba, etc.,

et à la droite, cette autre inscription du même monument:

Astra petit mollis, etc.,

que j'ai citées plus haut.

 Derrière la plaque on découvrit une petite niche pratiquée dans le pilier. On assure qu'on y avait déposé le cœur d'Agnès; mais j'y trouvai seulement une petite clé, et un morceau de papier si altéré qu'il me fut impossible d'y lire aucun mot.

Je suis avec le plus parfait dévouement, etc.

HENRY docteur médecin de la Faculté de Montpellier.

 

En 1805, M. de Pommereul, préfet d'Indre-et-Loire, résolut de les faire réédifier dans la tour du château de Loches qui avait conservé le nom d'Agnès.

 S'il fallait s'en tenir à la lettre de l'arrêté préfectoral, le tombeau d'Agnès Sorel, placé d'abord dans le chœur de l'Eglise Collégiale de Loches, avait été depuis relégué dans une chapelle où il avait dans les derniers temps subi une destruction totale ».

La statue d'Agnès subsistait cependant, avec les accessoires qui dévalent être envoyés à Paris pour y être restaurés. M. de Pommereul ne vit pas la réalisation de son projet puisqu'il passa bientôt à la Préfecture du Nord. Mais il continua de s'y intéresser.

C'est ainsi que M. de Pommereul écrivit à un sculpteur de Paris, nommé Beauvallet, collaborateur habituel d'Alemandre Lenoir pour le Musée des Monuments français, qui venait pour ce musée d'exécuter la restauration du tombeau de Charles VII.

 Avant son départ pour le Nord, l'ancien préfet d'Indre-et-Loire pensait avoir laissé les fonds nécessaires à la restauration de la statue au chef de bureau de la Préfecture; et il remerciait l'artiste d'avoir accepté généreusement la somme de 900 francs pour son travail.

Le 9 mai 1806, Beauvallet faisait connaître à M. le Roux, chef du bureau de la comptabilité à la Préfecture de Tours, qu'il avait terminé sa restauration : il réclamait les 900 francs convenus, plus 81 francs pour la caisse, l'emballage et menus frais: « Aussitôt que vous m'aurez fait passer cette somme, je vous donnerez avis du jour de départ de la statue que je fais emballer avec tous les soins possibles ».

 Beauvallet, statuaire au Musée des Arts, rue de Sorbonne, qui avait plus de talent que d'orthographe, dut s'armer de patience. Car le comptable de Tours n'avait pas les fonds pour le régler.

Ainsi Agnès demeura deux ans à Paris, jusqu'à ce que M. le Ministre de l'Intérieur eut obtenu de M. Lambert, préfet de Tours, de faire payer le restaurateur. Le mandat est du 18 mars 1808; le 16 avril, la caisse arrivait à Tours; le 22, elle était expédiée à Loches.

 

En 1872, le tombeau est classé au titre des monuments historiques.

En 1970, le mausolée était installé dans l'aile Charles VIII-Louis XII et l'on retrouve au cours des travaux l'urne décrite en 1777.

 

 

Revue rétrospective, ou Bibliothèque historique, contenant des mémoires et documens authentiques, inédits et originaux

Société d'histoire de Chinon Vienne & Loire.

La dame de beauté : Agnès Sorel Pierre Champion

Le Culte de Notre-Dame en Touraine  Chanoine Moussé

 

 

 

Mystères des vieux châteaux de France – Château de Loches et la belle Agnès Sorel, la maîtresse bien-aimée du roi Charles VII.  <==

L’insurrection vendéenne 1793 (plan- dates) <==

1er août 1793 Décret relatif aux mesures à prendre contre les rebelles de Vendée; Détruisez la Vendée<==

==> L’Anthropologie ce que peuvent dire nos os et reliques, la science sur la vérité de l’histoire

 

 


 

(1)   Nous nous sommes servis essentiellement pour la question des ouvertures des tombes de l'article très documenté d'A. MONTOUX, « Nouveau transfert du tombeau d'Agnès Sorel, Bull. trim. de la Soc. Archéol. de Touraine, T. 36, 1970, pp. 93-98.

(2) Publiée par Charles de Grandmaison, Le tombeau d'Agnès Sorel à Loches, destruction et restauration, 1793-1809. Tours, 1890.

(3) Ce mot a été fort altéré, ainsi que plusieurs autres des inscriptions précédentes, dans l'ouvrage, d'ailleurs très estimable, de M. Delort. (L. D. B.)

(4) Le lieutenant-général Pommereul, préfet d'Indre-et-Loire, fit en 1806 restaurer et placer convenablement les débris du mausolée et ce qui restait de la dépouille mortelle d'Agnès Sorel. Il plaça, par arrêté du 10 nivôse an XIV (31 décembre 1805), le nouveau monument. sous la sauvegarde et protection du sous-préfet de Loches qu'il chargea de veiller à sa  conservation et à son entretien. » (L. D. B.)

 

 

 

Les révolutionnaires volèrent la chasse et le reliquaire ; mais la précieuse relique fut sauvée par M. l’abbé Pierre-René Leduc, qui la conserva précieusement pendant les mauvais jours et la rendit à la collégiale en 1803.

Voici le procès-verbal de la reconnaissance de cette relique insigne :

« Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, Amen.

Nous, curé de la paroisse de Saint-Ours de Loches, dans l’église de Notre-Dame du cy-devant chapitre collégial du château de Loches, et les cy-devant chanoines et chapelains du dit chapitre, soussignés, et les vicaires, prêtres, desservants aussi soussignés, nous nous sommes assemblés dans la salle de la maison curiale actuellement occupée par le dit sieur curé, pour reconnaître la relique de la Ceinture de la sainte Vierge qui était conservée avec respect, honneur et révérence dans la dite église, dans un reliquaire précieux, décoré d’une agate riche, que le malheur des temps, dans la Révolution, a fait disparaître, ainsi que le précieux reliquaire qui a disparu.

« Mais heureusement la précieuse relique a été retirée des mains des profanateurs par le sieur Pierre-René Leduc, l'aîné, pour lors desservant la susdite paroisse, laquelle il a conservée intacte avec le respect qui lui était dû, tant pendant le temps momentané de sa résidence à Loches que dans celle de la ville de Tours, et finalement dans celle de Nantes, où il réside encore actuellement, d’où il l’a renvoyée par la voy sûre et prompte de la poste, à l’adresse et à la réquisition du sieur Nicolas-Clément Leduc, son oncle, actuellement curé de la dite paroisse de St-Ours de Loches; nous soussignés, avons reconnu que c’était bien exactement, tant dans sa longueur, largeur et tissure, telle qu’elle avait été présentée en public, les deux jours dénommés d’usage savoir le jour et fête de l’Invention de la S te Croix, trois mai, et le quinze du mois d’août jour et fête de l’Assomption de la St Vierge, patronne de la Sainte Eglise du Château de Loches.

 

La dite Ceinture a été renvoyée enveloppée d’une étoffe de soye de couleur verte, déposée dans deux bourses précieuses qui ont été reconnues par les soussignés, être les mêmes dans lesquelles elle était cy- devant gardée dans la dite église du château de Loches.

« Avant d’arrêter le dit procès-verbal de recouvrement et de reconnaissance de la dite Ceinture, nous nous sommes fait représenter des renseignements, notes et copies des anciens titres qui prouvent l’authenticité du don et précieux dépôt de cette relique et que nous avons déposés ensemble avec la dite Ceinture dans le petit reliquaire que nous avons fait faire pour l’exposer à la vénération publique des fidèles, à commencer du 15 août, fête de l’Assomption de la Ste Vierge, cette présente année 1803, après la naissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

 « Que tout soit pour la plus grande gloire de Dieu et en l’honneur de la Bienheureuse Vierge Marie notre patronne et protectrice particulière. « Fait et arrêté à Loches, ce dixième thermidor, an onzième de la République Française, une et indivisible, sous le consulat de Napoléon Bonaparte. »

 Ce procès-verbal est ainsi signé : « Claude Belotin, ancien chanoine et promoteur du chapitre de Loches; Joseph Samain, chapelain. —Jean-Charles Touronde, chanoine; Germain Gaulain, chanoine et secrétaire du ci-devant chapitre de Loches. — Joseph Chateau, desservant. — Henri Touchard, prêtre. — N. Leduc, vicaire; Charles-Pierre de Marsay, prêtre; Pierre Berthelot, chantre; Brette, ancien bénéficier de la chapelle du Crucifix, fondée et desservie dans l’église du chapitre de Loches, dit curé du dit chapitre, ex-doyen rural du doyenné de Loches, et actuellement desservant de Beaulieu; N.-G. Leduc, bachelier en théologie, cy-devant prieur, curé de Châteauregnault, maintenant curé de Loches, diocèse de Tours. »

 En 1834, l’autorité diocésaine permit à M. Nogret, curé de la paroisse Saint-Ours, d’exposer la sainte relique à la vénération des fidèles, comme par le passé. « Augustin-Louis de Montblanc, par la miséricorde divine et la grâce du S'-Siège apostolique, archevêque de Tours;

Vu la supplique à nous adressée par M. le Curé de l’Eglise paroissiale de S'-Ours de Loches, tendant à obtenir la permission d’exposer à la vénération des fidèles, dans la dite église, une relique qui y est conservée de temps immémorial, comme étant la Ceinture de la Bienheureuse Vierge Mère de Dieu.

 « Considérant que les pièces produites par M. le Curé de Saint-Ours établissent suffisamment que la Ceinture qu’il nous a présentée est la même que celle qui était conservée dans l’église collégiale de Loches et regardée par une tradition antique comme la Ceinture de la Très Sainte Vierge; « Permettons d’exposer la dite Ceinture, comme par le passé, à la vénération des fidèles, en tant qu’elle soit à l’avenir déposée sur un coussin, où elle sera solidement fixée par des attaches ou rubans sur lesquels nous ferons apposer le sceau de nos armes. Elle sera conservée dans un reliquaire décent et convenable.

 « Donné à Tours, sous le seing de notre Vicaire général, le sceau de nos armes et le contre-seing du pro-secrétaire de notre archevêché.

Signé Beauchet, vicaire général, et Bigot, pro-secrétaire (Ernest Hat, Hist. de la ville de Loches, pp. 58 à 63.) »

 

 Elle est encore aujourd’hui fixée sur un coussin de drap d’or par des attaches scellées aux armes de Mgr de Montblanc, et renfermée dans un modeste reliquaire de bronze doré représentant une église gothique.

On l’expose, les jours de l’Assomption et de la Nativité de la Vierge, à la vénération des fidèles, dont le malheur des temps n'a pas diminué la confiance et la dévotion, et qui viennent nombreux de toute la contrée. Il s’est conservé un usage très ancien et fort curieux : on fait bénir et toucher à la Ceinture de Notre-Dame des rubans que les jeunes filles aiment à porter le jour de leur première communion et de leur mariage. Les femmes chrétiennes s’en revêtent quand elles sont sur le point de devenir mères.

Cette pieuse coutume était observée autrefois par les reines et les princesses de France. Une ceinture semblable fut envoyée à l’impératrice Eugénie, peu de temps avant la naissance du prince impérial. Il existe, dans plusieurs familles de Touraine, de ces rubans qui ont plus de deux cents ans d’existence.

Nous sommes heureux de donner en gravure le fac-similé de l’une de ces ceintures, qui date de 1787. INVENTAIRE DE l’ÉGLISE DE NOTRE-DAME DU CHATEAU DE LOCHES DE 1749 La Société archéologique de Touraine a publié, dans ses mémoires, le texte d’un inventaire de la collégiale de Notre-Dame de Loches. Nous en avons extrait tout ce qui touche au culte de la sainte Vierge.

 INVENTAIRE « De l’église royalle et collégialle de Nostre-Dame du château de Loches en 1749. « ... Une petite statue de la sainte Vierge d’argent doré, avec le petit Jésus qui tient entre ses mains un petit vaisseau qui contient un peu de terre de la grotte du lait à Jérusalem et une petite croix ornée de trois petites perles attachées à la dite statue par une petite chaisne d’argent.

 

Publicité
Commentaires
PHystorique- Les Portes du Temps
Publicité
Publicité