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PHystorique- Les Portes du Temps
20 juin 2023

Avril 1897 Voyage de M Félix Faure, président de la république, un grand reportage de Charles Moisson (début du Cinéma)

Cinematograph_Lumiere_advertisement_1895

Charles Moisson est un précurseur du cinéma né en 1863 et décédé en 1943. Il travailla pour les frères Lumière, filmant notamment, avec Francis Doublier, le couronnement du tsar Nicolas II de Russie.

Né à Château-Gonthier (Mayenne) dans le Nord-Ouest de la France, Moisson précurseur du cinéma à Paris à partir de 1888.

S'installant à Lyon en 1894, il s'intègre très vite à la vie de l'usine Lumière.

Charles Moisson a rappelé comment Antoine Lumière était arrivé à son bureau en 1894, où Moisson était avec Louis Lumière, portant un morceau de film Edison Kinetoscope, le début de l'intérêt des Lumières pour le cinéma (d'autres sources suggèrent que cette discussion impliquait les Lumières et Clément-Maurice).

Moisson était le chef opérateur des Lumières et a travaillé avec les frères sur la conception du prototype du Cinématographe caméra, et construit le premier exemple de travail.

Le « Cinématographe type » fabriqué à 425 exemplaires par Jules Carpentier à partir d’octobre 1895 fait suite aux deux prototypes construits par Charles Moisson.

 Pour les essais, la machine utilisait des bandes de papier photographique perforé.

 

Il a été opérateur du Cinématographe lors de plusieurs des premières projections Lumière en 1895, dont la démonstration à l'Association photographique belge le 10 novembre 1895 et la première exposition en public payant au Grand Café le 28 décembre 1895.

Il inaugure Cinématographe à Cologne, en Allemagne, du 19 au 28 avril 1896, où ses « photographies animées » reçoivent des commentaires très élogieux dans les grands journaux locaux.

Continuant à voyager pour les Lumières le 14 mai 1896, Moisson est en Russie avec Francis Doublier pour photographier le couronnement du tsar Nikolas II et plus tard dans l'année, il s'est rendu en Italie.

En avril 1897, Charles Moisson est le premier à filmer un président de la République française en voyage, Félix Faure à La Roche-sur-Yon dans ce qu'on qualifie de « premier grand reportage » de l'histoire de l'image animée:

 

 

« Le président Félix Faure est en voyage dans l'ouest de la France et Charles Moisson le suit pendant une dizaine de jours.

Tous les jours, il tourne une bobine de film d'environ 50 à 55 secondes, ce qu'on appelle une “vue Lumière”.

C'est le premier reportage de l'histoire du cinéma et, bien sûr, c'est muet. Mais le président de la République, son entourage et ses ministres savent très bien que ce nouveau média est important.

Dès 1897, le président de la République, souvent, salue vers la caméra et non pas vers le public qui est présent. »

 

LE VOYAGE PRÉSIDENTIEL DANS LA CHARENTE-INFÉRIEURE

Le président est arrivé le 25 à cinq heures à la Rochelle par un soleil superbe.

La pittoresque ville avait élevé des arcs de triomphe, jalonné de mâts tricolores les rues suivies par le cortège, décoré avec art et originalité, ses portes monumentales, de tous côtés flottaient des drapeaux, des oriflammes.

Les bateaux de pêche n’étaient pus sortis et les marins avaient grimpé dans les cordages pour acclamer M. Félix Faure.

M. Félix Faure a remis à la gare même la cravate de commandeur de la Légion d’honneur au général de brigade Chédeville : la médaille militaire aux adjudants Bermurand du 123e de ligne et Merlet du 14 e bataillon d’artillerie.

Le Président de la République consacre sa matinée du 26 à la visite des hôpitaux delà Rochelle, il commence par 1’hôpital militaire dont les premières constructions remontent au treizième siècle et sont dues à un armateur rochelais, en souvenir d’un retour inespéré de bateaux qu’il croyait perdus.

M. Félix Faure, suivi des ministres, traverse toutes les salles, dans lesquelles il y a exceptionnellement beaucoup de malades. Parmi ceux- ci se trouvent des soldats originaires des Basses-Pyrénées. M. Barthouleur adresse la parole en langue béarnaise et il s’engage une petite conversation qui parait causer un vif plaisir aux malades.

A l’hôpital civil catholique, où se trouvent également des représentants de l’hôpital protestant, le président de la commission administrative des hospices expose que la tolérance religieuse est devenue le dogme de la population rochelaise et que les sœurs des deux hôpitaux ne rivalisent de zèle que pour le bien.

 L’aumônier de l’hôpital, l’abbé Blanchard, qui a été aumônier des mobiles de la Charente en 1870, offre une gerbe de fleurs artificielles d’une messe d’exécution étonnante; ces fleurs sont faites exclusivement à l’aide de coquillages et d’écailles de poissons et leur coloris est inaltérable.

 La méthode de préparation de l’abbé Blanchard est un secret que seul possède à l'heure actuelle Léon XIII. L’abbé Blanchard doit laisser ce secret dans son testament aux ouvriers de la Rochelle.

 L’abbé avait déjà offert une gerbe analogue à M. Carnot lors de sa visite à la Rochelle, et il ne peut évoquer le souvenir de l’ancien Président sans être agité par une violente émotion.

 M. Félix Faure admire longuement les fleurs qu’on ne peut distinguer des fleurs naturelles qu’en les touchant; et il demande à l’abbé d’accepter comme artiste les palmes académiques.

 A onze heures a lieu le banquet offert par la municipalité.

 

Départ pour l’ile de Ré

 A midi et demi, le Président s’embarque sur l’aviso l’Élan, pour l’ile de Ré.

Dans l’ile de Ré

St-Martin-de-Ré, 26 avril, 2 h. 55 soir.

 A une heure trois quarts, après une traversée excellente, bien qu’un peu mouvementée dans le pertuis, l’Elan d’où le Président a passé en revue les deux divisions de l’Escadre du Nord mouillée devant la Rochelle, a abordé à Saint-Martin de Ré.

 A pied, escorté par un peloton de dragons dont on a eu quelques difficultés à amener dans nie les chevaux, M.Faure se rend au théâtre, où un lunch lui est offert.

 La visite à l’hôpital a lieu ensuite. Saint-Martin est pavoisé avec une réelle profusion. Les humbles maisons disparaissent sous les drapeaux et les guirlandes de feuillage.

 Le Président monte en voiture pour traverser l’île et parcourir le territoire des communes de Sainte-Marie, La Flotte et Rivedoux.

Il franchit rapidement les quatre kilomètres qui séparent Saint-Martin de la Flotte.

Les arbres de bordure de la route ont en souvenir des fêtes russes de Paris, piquées dans leurs branches des fleurs en papier.

Les cris de : « Vive Faure ! Vive la République ! » Les bouquets offerts ne se comptent plus.

En passant devant le domicile de l’ancien maire et ancien conseiller général de La Flotte on aperçoit un grand tableau sur lequel sont écrits à la craie, en gros caractère, ces mots : « Je réclame l’élection du préfet par les maires. »

Ce vœu ne résume qu’une partie des aspirations politiques de son auteur ; son programme comprend, en outre, l’élection des ministres par les préfets, du Président de la République par les ministres, etc.

Nouvelles réceptions à La Flotte, et l’on part aussitôt pour Rivedoux, à cinq kilomètres plus loin. Là, audition de nouveaux discours et de l’Hymne russe : on se hâte, car la mer baisse, et on est menacé de ne plus avoir assez d’eau à Rivedoux pour embarquer.

A quatre heures le Président monte à bord de l’Elan.

 

FOURAS

Fouras, le 28 avril 1897.

Fidèles à l’engagement qu’ils avaient pris, les marins pêcheurs de notre localité sont allés saluer M. le Président de la République, samedi dernier, 24 avril, au moment de son passage dans nos eaux.

Malheureusement le bouquet offert au nom de la municipalité et de ses habitants, n’a pu être remis au chef de l’Etat, l’aviso l’Élan n'ayant pu stopper.

 

 Voici à ce sujet une lettre adressée à la municipalité de Fouras et qui démontre bien que cette petite manifestation n’est pas restée sans effet :

 

Rochefort, la 27 avril, 1897.

Monsieur le Maire,

Au moment où l’aviso l’Élan remontait la Charente samedi dernier ayant à son bord M. le Président de la République et les personnages de sa suite, une barque de Fouras s’est avancée dans le but de présenter au chef de l’Etat les respectueux hommages de la population Fourasine et de lui offrir un bouquet au nom de la Municipalité et 'de ses habitants.

L'Elan, qui marchait alors à une allure assez rapide et qui était d’ailleurs pressé par l’heure, n’a pu stopper pour permettre à la barque d’accoster.

M. le Président delà République m’a chargé de vous en témoigner tous ses regrets et de vous exprimer ses remerciements pour la démarche des habitants et de la Municipalité de Fouras.

Veuillez agréer, M. le maire, l’expression de ma considération distinguée.

Le Sous-Préfet,

Petit- Bossaris.

 

AU BANQUET DE ROCHEFORT

M. Félix Faure rappelle d'abord, dans sa réponse, qu'il est venu à Rochefort il y a trois ans comme ministre de la marine et qu'il a examiné ce qu'on pouvait faire de Rochefort et de la Charente.

 Il a la satisfaction de constater que le gouvernement s'est inspiré des désirs des Rochefortais et que le gouvernement a voté les crédits nécessaires pour les premiers travaux d'approfondissement de la Charente, grâce d'ailleurs au concours très complet de la ville de Rochefort.

Dans notre pays soumis aux Chambres, pour l'augmentation de notre flotte, ajoute le Président, une part est réservée aux chantiers de Rochefort. Je ne veux pas préjuger les décisions du Parlement, mais je puis dire néanmoins que tout le monde en France est d'accord pour accroître l'importance de notre flotte nationale.

Le Président de la République fait connaître ensuite que le gouvernement a décidé d'ouvrir à nouveau dès le mois d'octobre l'usine de conserves alimentaires.

Il termine ainsi : Tout le monde en France apprécie les services rendus par cette partie de notre armée à laquelle vous donnez l'hospitalité, tout le monde aime la marine et on sait l'affection particulière quelle inspire dans les ports.

Vous avez parlé tout à l'heure d'union, je pense que, en dehors de l'union politique à laquelle je convie dans la République tous les hommes de bonne volonté, il est une union qui doit être réalisée surtout ici, celle de la population laborieuse et de la marine nationale.

C'est dans cet esprit que je réunis ces deux éléments de la prospérité nationale, je bois à la ville de Rochefort et à la marine nationale.

 

 

M. le Président de la République visite ensuite le port de la Pallice.

 

RETOUR A LA ROCHELLE

A son retour à La Rochelle, M. Félix Faure a reçu, à la Bourse. M. d’Orbigny, maire, président de la Chambre de commerce, et les notabilités de la ville. M. d’Orbigny a exposé les désidérata du commerce rochelais.

A quoi le Président a répondu que la présence à ses côtés des ministres de l’intérieur et des travaux publics étaient la preuve que le gouvernement tout entier aurait la préoccupation de donner satisfaction à ses désirs.

 M Félix Faure a ensuite reçu les Sociétés de gymnastique, des anciens combattants de 1870, des sauveteurs médaillés et des sauveteurs bretons.

Pour tous, le Président a eu un mot aimable, donnant à cette réception un caractère de simplicité et de familiarité qui a fait plaisir à tous ces braves gens.

 

LES DÉCORATIONS

Ont été nommés : Chevalier de la Légion d’honneur, M. d’Orbigny, maire de La Rochelle. — Officiers de l’Instruction publique, MM. les docteurs Mabille et Brard.—Officiers d’Académie, MM. Chatonet. Gérard, Bunel, docteur Boutiron, de Saint-Xandre; Labalette, publiciste.—Chevalier du Mérite agricole, M. Nadreau, vétérinaire.

— Ont reçu des médailles d’honneur ; en argent, MM. Petit, commis principal des postes et télégraphes, à La Rochelle ; Perrein, gardien-chef de la prison, à La Rochelle ; Bouchereau, menuisier à La Rochelle ; Simonneau, sapeur-pompier, à Marans ; en bronze, M. Gazeau, courrier-convoyeur, à La Rochelle.

 

LE PRÉSIDENT A NIORT

Dès lundi matin notre ville a pris un air de fête ; la population niortaise s’est rendue avenue de Paris, recevoir le 114e de ligne venant de St- Maixent et Parthenay.

Un superbe bouquet est offert au colonel par un jeune cycliste, ancien sous-officier du même régiment.

Mardi matin une foule considérable descend de la rue de Gare sur la place de la Brèche, chaque train arrive bondé et ils sont nombreux.

Elle s’échelonne le long des rues que doit traverser le cortège présidentiel et attend patiemment l’arrivée de M. le Président de la République dont le train rentre en gare à 2 h.

Il est reçu par MM les Sénateurs et Députés et Deux-Sèvres, M. le préfet, MM. les généraux, MM. les conseillers généraux et d’arrondissement et les conseillers municipaux de Niort.

 M. le Maire et M. le Président du conseil général souhaitent la bienvenue à M. le Président de la République.

Après quelques mots de réponse M. le Président de la République, quitte le salon et le cortège se forme, la musique joue la Marseillaise, les cris de Vive le Président ! Vive la République ! se font entendre et le défilé commence se dirigeant à la préfecture où ont lieu les présentations et les discours.

Différentes décorations ont été remises par le Président au cours de ces réceptions, ainsi qu’à la cérémonie de la pose de la première pierre ; nos lecteurs en trouveront la liste plus loin.

Le temps qui était superbe le matin, s’est rapidement couvert aussitôt l’arrivée de M. le Président de la République à Niort; après les réceptions à la Préfecture, un orage épouvantable s’abat sur notre ville, accompagné de nombreuses trombes d’eau, ce n’est qu’après cinq heures pendant une petite éclaircie, que la cérémonie de la pose de la première pierre a eu lieu.

L'Harmonie de Niort, l’Orphéon de Niort, la Société de gymnastique et les pompiers ont été mis en déroute par la violence de la tempêté.

Cette cérémonie terminée, et si malheureusement contrariée par la pluie, M. le Président de la République s’est rendu à l’Hôpital-Hospice de Niort. A l’hôpital, M. le maire a présenté au Président de la République le conseil d’administration et le personnel médical. M. Félix Faure a visité les salles ; il a adressé la parole à plusieurs malades, s’intéressant à leur sort et leur prodiguant des encouragements.

 Dans le grand vestibule, le Président a remis une médaille d’honneur à une sœur.

M. Pellevoisin, administrateur de l’hôpital-hospice, a demandé ensuite, dans une allocution, que les pouvoirs publics s’intéressent à l’achèvement des travaux en cours et que notamment une subvention soit accordée pour cet objet per le crédit mutuel.

M. Félix Faure a félicité administrateurs et personnel de l’excellente tenue de l’établissement, ajoutant que bonne note serait prise de la requête qui venait de lui être soumise.

Pendant la visite, 1’Union Musicale s’est fait entendre à plusieurs reprises.

 A huit heures, M. le Président de la République est annoncé à la salle du banquet installée dans le Manège du quartier de cavalerie.

A son entrée dans la salle, tous les assistants se lèvent et saluent respectueusement M. Félix Faure qui semble très touché de ces sympathiques hommages.

La salle est brillamment décorée.

Le service du banquet très bien organisé fait le plus grand honneur a M. Garreau, du buffet de la gare de Niort.

 

Le menu, qui donnait satisfaction au plus délicat, était ainsi composé :

Potage renaissance.

Hors-d’œuvre.

Bouchées à la Daumont.

Saumon sauce Vénitienne.

Filet de bœuf à la Lucullus.

Jambon d’York aux petits pois.

Aspic de foie gras belle vue.

Chapons du Mans truffés.

Haricots verts nouveaux.

Bombes pralinées. Dessert.

Café. — Fine champagne.

Médoc 1893, en carafe.

Saumur vieux, sur table.

Château-Margaux 1881.

Chambertin 1883.

Champagne Rœderer, grand vin,

 

A la fin du banquet, M. le Maire de Niort prend la parole:

Monsieur le Président,

J’ai l’honneur de vous offrir les hommages respectueux de la Ville de Niort. Je suis heureux de l’occasion nouvelle qui m’est offerte de vous remercier encore en son nom du témoignage de haute-sympathie que vous avez bien voulu lui accorder en consentant si gracieusement à venir la visiter. En contribuant à l’organisation de cotte fête, le Conseil général a tenu, de son côté, à associer le département tout entier à nos manifestations patriotiques. Les maires de toutes nos villes et de toutes nos communes rurales ont ôté, par nos soins communs, conviés à ce banquet et la plupart d’entre eux ont répondu avec empressement à notre appel, fiers de pouvoir acclamer le chef de l’Etat. Qu’il me soit permis de me faire l’interprète de leurs remerciements et de leur respectueuse reconnaissance. Notre population des Deux-Sèvres, dont on connait les qualités d’énergie et d’endurance, est en grande partie républicaine et son dévouement à nos institutions est d’autant plus ferme qu’il est basé sur le calme et le raisonnement. Elle a rapidement compris qu’il était de son intérêt de soutenir un régime si favorable aux revendications populaires et qui répondait si bien à ses instincts démocratiques. La ville de Niort don naît un salutaire exemple, car dès 1874 elle était acquise à la République et ne s’en est jamais séparée. Et pourtant aucun avantage n’est venu récompenser sa persévérance dans sa foi républicaine. Elle n’a obtenu ni manufacture de l’Etat ni augmentation de garnison. Je vous dépose respectueusement, monsieur le Président, au nom des Niortais une pétition ayant pour objet l’obtention du 4e bataillon, en formation, du 114e de ligne.

J’espère qu’au ministère de la Guerre il sera tenu compte du vœu de mes concitoyens.

Me plaçant maintenant au point de vue général du pays, je considère le chemin parcouru. N’y aurait-il pas aveuglement et injustice, Messieurs, à méconnaître l’importance de l’œuvre accomplie jusqu’à ce jour? Mais le propre de la démocratie est de progresser toujours ; une sorte d’enchaînement rattache les réformes les unes aux autres et on peut dire que celles réalisées eu appellent d’autres immédiatement.

Il reste donc beaucoup à faire, et la tâche apparaît d’autant plus considérable qu’il s’agit de la transformation complète des institutions que nos ancêtres nous ont léguées.

En portant au rang le plus élevé dont elle dispose, un homme versé dans la pratique des affaires commerciales et d’une si grande compétence économique, la nation a voulu marquer d’une manière évidente son désir de voir notre politique s’orienter vers le développement de ses intérêts matériels, vers l’expansion la plus large de l’activité commerciale et industrielle.

 Notre population démocratique a confiance dans votre haute sagesse, monsieur le Président, pour remplir les glandes destinées que l'avenir réserve à la France et dont il ne faut pas douter. Nous n'en voulons d’autres preuves que le spectacle si réconfortant pour notre patriotisme que viennent de nous donner de récentes et mémorables fêtes, qui vous ont créé des titres inoubliables à la reconnaissance du pays.

Une autre manifestation se prépara, non moins grandiose, non moins réconfortante: l’Exposition universelle de la fin de ce siècle. Elle affirmera, une fois encore, à la face du monde, les aptitudes multiples et la puissance économique de notre patrie. Vous présiderez cette fête splendide, cette certitude est pour nous la garantie de son succès et de sa grandeur.

 Messieurs, levons nos verres au premier magistrat de la France: à M. Félix Faure, président de la République.

 

Des applaudissements éclatent de toutes parts.

 

 M. le Président de la République répond par quelques mots qui sont écoutés debout par tous les assistants et dont voici à peu près l’expression :

 

Monsieur le Maire,

Je n’ai plus que quelques instants à passer dans votre ville, je veux en profiter pour vous dire combien je suis touché par les sentiments que vous venez d’exprimer, je savais être au milieu d’une population sage et réfléchie ne craignant aucune réforme mais ne voulant que celles mûrement étudiées...

Au sujet des désiderata de M. le maire et de la pétition concernant le 4 e bataillon du 114 e, M. le Président répond qu’elles seront examinées et qu’il croit M. le maire assez bon patriote pour se conformer aux décisions qui seront prises par les Ministres compétents.

M. Félix Faure termine en levant son verre aux populations des Deux- Sèvres et à l’avenir de la Patrie française.

Le départ a eu lieu immédiatement après le banquet au milieu des acclamations de toutes les populations des Deux-Sèvres, massées sur le parcours du quartier de cavalerie à la gare.

 

Les illuminations, malgré les nombreuses averses étaient assez réussies.

Il n’en a pas été de même du lancement du ballon qui n’a pu partir à cause de l’orage, el du l'eu d’artifice.

En effet, malgré la bonne volonté de l’artificier qui a persisté à donner satisfaction aux milliers de personnes qui l’entouraient la Brèche, fusées el pétards ont été tirés, mais les pièces ne partaient qu’à demi et les principales n’ont pu prendre feu.

 

Voici la liste des décorations qui ont été remises par le Président de la République :

 Légion d’honnour. — MM. Eugène Proust, vice-président du conseil général, maire de Mazières-en-Gâtine ; le docteur Pellevoisin, conseiller général, maire de Beauvoir. Officiers de l’Instruction publique — MM. Léo Desaivre, docteur en médecine ; Delprat, économe au Lycée de Niort.

Officiers d’Académie. — MM. Rougier, maire de Salles ; Richard Marcel, conseiller général, maire de St-Jean-de- Marnes ; Girard, maire de l’Absie ; Quinemant, docteur en médecine ; Billon, chef de division à la préfecture ; Puy, pharmacien à Niort ; Poulhès, professeur au Lycée de Niort ; Massé, répétiteur au Lycée de Niort ; Mme Meiller, professeur au Lycée de jeunes filles de Niort ; Boulin, inspecteur primaire à Bressuire ; Ombredane, professeur à l’école normale de Parthenay ; Nicolas, directeur de l’école communale du Sud à Niort ; Clément, instituteur à Breloux ; Breuillac, président de la Chambre des notaires à Niort ; Cathelineau, maire de Surin ; Lavois, maire de Coulonges-sur-l’Autize ; Boudet, chef de gare.

Officiers du Mérite agricole, — M. Vaury, maire de Sainte-Blandine.

 Chevaliers du Mérite agricole. — MM. Pommier, pépiniériste à Niort ; Bourneau, marchand d’engrais à Niort ; Fouchereau, maire de Vernoux-en-Gâtine J Marchais, maire de Tourtenay. Médailles d’honneur industrielles. — MM. Bureau, à Niort ; Coyault, à Niort Fumolleau, à Niort ; Duclos, à Niort ; Roy, à Niort ; Bellivier, à la Mothe-St- Héraye; Martin, à la Mothe-St-Héraye; Proust Pierre, à la Mothe-St-Heraye ; Rossart, à Salles ; Latouche, à Thouars; Guérin, à Thouars ; Bellot Pierre, aux Estrées, commune de Breloux.

Sociétés de secours mutuels. — Médaille d’argent, M. Dérè, président de la Société philanthropique de Niort ; médaille de bronze, M. Faucher, président des commissaires; médaille de bronze, M. Fargeau, commissaire. Médailles d’honneur (ministère de l'Intérieur).

— Médaille d’argent, ler ° classe, M. Imbro, caporal à la Compagnie des sapeurs pompiers de Niort ; médaille d’argent, 2e classe, MM. Michaud, sergent major ; Nicolas, sergent honoraire ; Hippeau, sapeur-pompier ; Renaud, boulanger à Villiers-en-Plaine; Birard Auguste, ancien sous-lieutenant de la subdivision de sapeurs-pompiers de la Foye-Monjault.

Médailles d’honneur agricole. — Médaille d'argent, M. Quintard, ancien garde champêtre de la commune de Couture-d’Argenson ; mèdaille d’argent, M. Chapenoire, ouvrier agricole chez M. Baron, à Echiré ; médaille de bronze, M. Chantecaille, ouvrier agricole chez M. Boinot de St-Gelais.

Médaille des postes et des télégraphes. — M. Naffréchoux, facteur à Sauzé-Vaussais.

Avril 1897 Voyage de M Félix Faure, président de la république, un grand reportage de Charles Moisson

A FONTENAY-LE-COMTE

 

Dès notre arrivée à Fontenay, après les premiers saluts échangés, nous assistons à une cérémonie patriotique très imposante :

 C'est l'inauguration du monument élevé en souvenir des combattants de l'arrondissement morts en 1870-71.

Il se compose d'une pyramide de pierre surmontée d'une grenade posée sur quatre boulets.

Une statue gracieuse de femme, dont le mouvement rappelle la célèbre figure modelée par Chapu pour le monument d'Henri Regnault, s'appuie sur le socle en soulevant de la main gauche une branche de laurier vers cette inscription :

« Aux soldats morts pour la patrie 1870-71. »

L'auteur de ce morceau est M. Metivier, statuaire.

Le Président de la République, les ministres, les généraux et tous les invités prennent place sur une estrade décorée de drapeaux.

La Marseillaise retentit, les troupes présentent les armes, les drapeaux s'inclinent, le voile de la statue tombe et le monument nous apparaît pendant qu'un immense cri de « Vive la France ! » s'échappe de toutes les poitrines.

Le Président du comité d'initiative, M. Normand, au nom de ses anciens compagnons d'armes, et le maire de Fontenay, M. Charier, prononcent tour à tour des paroles vibrantes qui sont très applaudies.

Le Président de la République leur serre la main, puis il monte en voiture pour se rendre à l'hôpital.

Au cours de sa visite, il décore le docteur Mangou, médecin en chef de cet établissement, et remet une médaille d'honneur à la soeur supérieure, Mme Descubes.

Très acclamé, M. Félix Faure gagne ensuite l'hôtel de ville, où la municipalité lui offre un grand déjeuner.

 

Au dessert, répondant au maire, le Président de la République s'exprime ainsi :

Vous pouvez être assuré, Monsieur le maire, que le trop court séjour fait à Fontenay me laissera un charmant souvenir. Tous les intérêts dont vous avez parlé et que vous qualifiez d'intérêts locaux sont respectables ; les membres du gouvernement qui m'accompagnent vous ont entendu et vous pouvez compter sur leur sollicitude.

J'applaudis aux paroles que vous avez prononcées pour affirmer la foi républicaine de vos administres, et, au moment de quitter la Vendée, je suis heureux de constater avec vous les progrès constants, permanents, de l'idée républicaine qui est l'idée de justice et de liberté. Vous comprenez fort bien comment ces institutions libérales se sont établies dans le pays et je sais que Fontenay est une des premières villes où l’opinion républicaine se soit affirmée avec autorité. Je me réjouis de la constance et de la fermeté de vos convictions. Je bois au progrès de l'idée républicaine dans la France entière.

Sur le passage du Président.

Nous quittons Fontenay à une heure de l'après-midi, une courte promenade à travers le dépôt de remonte précédant notre départ, pour arriver à Niort vers deux heures.

 

 

cinematographe-Lumiere-affiche

 

La première séance publique de cinéma de l’histoire au 14, boulevard des Capucines

« Ici le 28 décembre 1895 eurent lieu les premières projections publiques de photographie animée à l’aide du cinématographe, appareil inventé par les Frères Lumière. »

 

 Rapport présenté par M. Victor Perrot, au nom de la 4e Sous-commission, sur une proposition d'inscription commémorative de la première représentation cinématographique à Paris.

M. Victor Perrot expose ce qui suit :

Le Conseil municipal a été saisi d'une pétition tendant à l'apposition d'une inscription commémorative de la première représentation cinématographique, dans les locaux du Grand Café, 14, boulevard des Capucines, sur laquelle la Commission du Vieux Paris a été consultée.

La pétition est ainsi conçue :

« Paris, le 9 octobre 1923.

« Monsieur le Président du Conseil municipal,

« Nous avons l'honneur, au nom du Syndicat français des directeurs de cinématographes, appuyé par la Chambre syndicale française de la cinématographie, l'Association de la presse cinèmatographique, la Société des auteurs de films, et à l’occasion du Congrès international des directeurs de cinématographes, de porter à votre connaissance le voeu que nous formulons, de voir apposer sur le mur de la maison du Grand Café, 14, boulevard des Capucines, une plaque commémorative.

« Cette plaque, érigée par les soins du service intéressé, fixerait, dans l'esprit des Parisiens et des étrangers, la révélation qui fut faite au monde par la première séance -publique da cinématographe, inventé par notre grand Français, M. Louis Lumière, aujourd'hui, membre de l'Institut, Commandeur de la Légion d'honneur.

« Le texte que nous proposons est celui-ci :

ICI

 

EUT LIEU LA PREMIÈRE PROJECTION PUBLIQUE

DE VUES ANIMEES DU CINEMATOGRAPHE

INVENTION FRANCAISE DE M. LOUIS LUMIERE

 « Dans l'espoir que vous voudrez bien examiner favorablement notre requête, nous TOUS prions. Monsieur le Président du Conseil municipal, de croire â notre parfaite considération.

« Le président,

« Signé : Léon BRÉZILLON. »

Votre 4e Sous-commission vient vous soumettre le rapport dont vous l'avez chargé sur cette demande d'inscription.

Trois points sont à préciser :

1° Le lien où s'est passé l'événement ;

2° La date de l'événement ;

3° Le texte de l’inscription relatant cet événement.

1° Le lieu :

Tout le monde le connaît : c'est 14, boulevard des Capucines, dans le sous-sol du Grand Café, qui a fermé ses portes le ler octobre 1923. L'immeuble tout entier, dont le premier étage était occupé par le « Jokey Club », est devenu la propriété et le siège de la Compagnie des chemins de fer du Canada, et est en voie de transformation.

La porte par laquelle on descendait dans ce sous-sol, où se tenait dans les derniers temps une Académie de billards, était immédiatement, à côté du mur de séparation de l'immeuble n° 16, construit sur la rue Basse-du-Rempart, encore existante en 1895 ; c'est donc à cet endroit que la plaque devrait être posée.

2° La date :

C'est un dogme, dans le monde cinématographique, que la première représentation publique eut lieu le 25 décembre 1895, jour de Noël.

A vingt-neuf ans de distance, il semble qu'un tel événement n'a pas dû passer inaperçu, et qu'il est facile d'en trouver la relation dans les grands quotidiens de l'époque. Il n'en est rien. Le Temps, le Figaro, l'Echo de Paris, le Journal, l'Eclair, le Matin, du 25 au 31 décembre 1895, n'en font aucune mention, et les recherches que j'ai faites à la bibliothèque de la « Société française de photographie », qui contient tout ce qui a été publié sur la question photographique et cinématographique ont été sans résultat.

C'est grâce à l'obligeance de M. Perrigot, qui dirigea, à Lyon, la première projection publique, le 25 janvier 1896, rue de la République, 1, que j'ai pu me procurer les quelques documents ci-après, qui établissent, d'une façon certaine, la date de cette première représentation : samedi 28 décembre 1895.

C'est d'abord un article du Progrès de Lyon, du dimanche 29 décembre 1895, puis un extrait du Radical et de la Poste, du 30 décembre 1895, et enfin une lettre, du 30 décembre 1895, de M. Carpentier, ingénieur constructeur, membre de l'Institut, à M. Lumière.

Ces documents figurent en annexes de la présente communication.

C'est donc bien le 28 décembre 1895, et non le 25, selon la croyance générale, que cette représentation eut lieu.

Il nous parait intéressant de donner ici les impressions que nous avons demandées au premier concessionnaire, M. Clément Maurice, ancien chef du laboratoire du docteur Doyen, retiré à Sanary (Var), sur les premières représentations.

« Nous avons ouvert cette salle au Grand Café, avec M. Lumière père, dit M. Clément Maurice, loin de nous douter du succès rapide de ces démonstrations. La salle contenait à peine une centaine de personnes; le prix d'entrée était de 1 franc.

« La première journée, j'ai fait une recette de 33 francs; c'était maigre! Mais le succès fut si rapide que trois semaines après l'ouverture, les entrées se chiffraient par 2.000 et 2.500 francs par jour, sans aucune réclame faite dans les journaux.

« M. Volpini, propriétaire du Grand Café, avec lequel nous avions passé un bail d'un an pour son sous-sol, avait préféré aux 20 % sur la recette que nous lui avions offerts, 30 francs par jour pour le loyer. Celui-là n'avait guère confiance dans la réussite de cette affaire.

« La projection des huit ou dix films durait environ vingt minutes ; la salle était aussitôt vidée et remplie à nouveau. Quelques semaines après, j'ai dû faire établir un service d'ordre par les agents pour empêcher les bousculades et quelquefois les batailles à l'entrée du sous-sol.

« L'ouverture a eu lieu en 1895, la dernière semaine de l'année, entre Noël et le Jour de l'an. Je ne puis préciser la date exacte.

« Ce qui m'est resté le plus typique, c'est la tête du passant arrêté devant l'entrée, cherchant ce que Cinématographe Lumière signifiait; ceux qui se décidaient à entrer sortaient un peu ahuris ; on en voyait bientôt revenir, amenant avec eux toutes les personnes de connaissance qu'ils avaient pu rencontrer sur le boulevard.

« Dans l'après-midi, le public formait une queue qui s'étendait souvent jusqu'à la rue Caumartin.

« Pendant plusieurs mois, le programme ne fut guère changé ; les films de résistance, d'une longueur de 12 à 13 mètres, étaient les suivants :

« La sortie des ouvriers de l'usine Lumière ;

« L'Arroseur;

« Le goûter de bébé;

« La pêche aux poissons rouges ;

« Un gros temps en mer;

« Le Forgeron;

« L'arrivée d'un train en gare ;

« Soldats au manège;

« M. Lumière et le jongleur Trewey jouant aux cartes;

« La démolition d'un mur. »

Il s'agit donc bien d'une représentation faite dans une salle ouverte au public, moyennant un droit d'entrée, car le premier film, La sortie des usines Lumière, fut projeté pour la première fois, à Paris, par MM. Lumière, devant la Société d'encouragement à l'industrie nationale, rue de Rennes, 44, le 22 mars 1895, sous la présidence de l'astronome Mascart, président de l'Académie des sciences; le brevet avait été pris le 13 février précédent.

La deuxième présentation du cinématographe à Paris eut lieu le 11 juillet 1895, devant les membres de la Revue générale des sciences, et la troisième, le 16 novembre 1895, à la Sorbonne. Nous en donnons en annexe le compte rendu.

3° Le texte.

Il n'est pas du ressort de la « Commission du Vieux Paris » de faire ici l'histoire de la projection à travers les âges, ni celle de la photographie animée. Il s'agit simplement de commémorer, le plus brièvement possible, le fait précis qui s'est passé à l'endroit désigné.

Or, c'est un fait indiscutable, universellement reconnu, que le cinématographe (l) des frères Lumière a été, selon les termes mêmes de Marey, le premier appareil pouvant «projeter sur un écran des scènes animées, visibles pour un nombreux public, et donnant l'illusion parfaite du mouvement » (2), et que cette première projection publique eut lieu dans le sous-sol du Grand Café.

Comme documents à l'appui de cette assertion, nous citerons :

1° Partie du discours prononcé à Lyon par le savant astronome Janssen (3), président de l'Union nationale des sociétés photographiques, le 12 juin 1895, quatre mois après la prise du brevet Lumière :

« Le gros événement de cette session a été le résultat obtenu en photographie animée par MM Lumière. Dans cette voie, on connaissait surtout les intéressants résultats obtenus par MM. Muybrige et Edison. Mais le tableau animé créé par ces inventeurs ne pouvait être perçu que d'une personne à la fois. Avec MM. Lumière, c'est toute une assemblée qui est appelée à jouir de l'étonnante illusion.

 

« Le point de départ de cette nouvelle branche de la photographie est le revolver photographique, inventé à l'occasion du passage de Vénus sur le soleil en 1874.

« En présentant cet instrument à la Société de photographie, en 1876, l'auteur (M. Janssen) insistait sur les applications qu'il pouvait recevoir pour l'étude des phases successives d'un phénomène variable et spécialement pour l'étude de la marche, de la course et du vol, etc.

« On sait avec quel succès l'éminent président actuel de l'Académie des sciences et de la Société française de photographie (M. Marey) s'est emparé du principe de l'instrument qu’il a d'ailleurs complètement transformé.

« Mais, Messieurs, si le revolver et ses dérivés nous donnent l'analyse d'un mouvement par la série de ses aspects élémentaires, les procédés qui permettent de réaliser, par la photographie, l'illusion d'une scène animée, doivent aller plus loin. Il faut qu'après avoir fixé photographiquement tous les aspects successifs d'une scène en action, ils en réalisent une synthèse assez rapide et assez exacte pour offrir à notre vue l'illusion de la scène elle-même, que la nature nous l'eût présentée.

« C'est ici, Messieurs, que grâce à MM. Lumière, la photographie que je proposerai de nommer la photographie animée, pour la distinguer de la photographie analytique des mouvements, a fait un pas considérable.

« Maintenant, Messieurs, on peut dire que le problème est presque résolu, et qu'il le sera tout à fait, quand ces Messieurs par un dernier perfectionnement de leur méthode, auront fait disparaître une certaine trépidation des images, trépidation qui du reste, ne nuit que très légèrement à l'illusion complète de la scène représentée laquelle est déjà étonnante et très complète.

« Vous voyez, Messieurs, de quel pas rapide avance cet art admirable qui a nom photographie.

« En vérité, bien que nos sessions ne soient séparées que par l'intervalle d'une année, il semble que ce soient des siècles qui les séparent tant les résultats sont immenses et considérables.

« Ainsi, Messieurs, réjouissons-nous toujours, et de plus en plus, que cet art merveilleux soit né en France, et applaudissons de tout coeur lorsqu'il s'enrichit chez nous de quelques branches nouvelles. Honneur donc aujourd'hui à MM. Lumière frères »

2° Quelques déclarations parmi beaucoup d'autres du grand physiologiste Marey, le génial créateur de la chronophotographie :

 « De mon côté, aussitôt que j'eus réalisé la chronophotographie sur pellicule mobile, je plaçai de longues séries d'images positives dans un zootrope, et j'obtins de la sorte des résultats assez satisfaisants. M. Edison, à qui je les montrai à l'Exposition de 1889, s'en inspira sans doute pour créer son kinétoscope qui, vers 1893, fit son apparition en France.

« En même temps, je cherchais à produire la synthèse optique du mouvement en projetant sur un écran une série d'images chronophotographiques (4).

MM. A. et L. Lumière ont les premiers réalisés ce genre de projections avec leur cinématographe. » (5)

 

« Cet appareil (le kinètoscope Edison) obtint en 1894 en France, un succès mérité, quoiqu'il éclairât la pellicule pour un seul spectateur et ne le projetât pas sur un écran pour tout un public.

« MM. Lumière trouvèrent en 1895, la solution cherchée.

« En empruntant à Edison un de ses moyens, la perforation des pellicules, ils n'en ont pas moins découvert un procédé original, pour prendre et protéger les images pelliculaires.

« Par un mouvement alternatif, produit au moyen d'un excentrique, ils sont arrivés à ce résultat, que des griffes s'enserrent dans des perforations pratiquées sur la surface de la pellicule, l'amènent en face de l'objectif, l'y arrêtent le temps voulu, pendant que la fenêtre de l'obturateur la démasque, puis l'entraînent en saisissant par d'autres trous une autre image qui vient de prendre la place de la première.

« Cette admirable invention a presque réalisé la perfection du premier coup.

« Elle obtint dès qu'elle fut produite en public au début de 1896, sous le nom de « Cinématographe», un succès considérable, et ce nom qui n'est que celui d'un appareil particulier, restera longtemps associé dans les esprits à toutes les synthèses du mouvement (6). »

3° Une déclaration de Demény, le savant préparateur et élève de Marey. qui cherchait de son côté à réaliser la synthèse de la projection :

« Je demandai le concours de la maison Lumière qui m'offrit sa précieuse collaboration et une somme importante à la condition de me débarrasser de mes associés; mais j'étais lié par, des traités qui ne purent être résiliés que le 6 juin 1895.

En mars de cette même année, les frères Lumière montraient, sous le nom de cinématographe à la Société de physique, un appareil d'un mécanisme différent du mien et l'on sait avec quel succès. J'étais ainsi dépassé (7). »

4° Enfin un extrait du rapport du Comité de la classe 12 de l'Exposition universelle de 1900, dont Marey était le président :

« Par une série d'inventions, d'améliorations, de modifications successives, MM. Lumière frères ont transformé les méthodes et les appareils. Ils ont créé le cinématographe, »

C'est donc un événement parisien d'une importance considérable digne d'être rappelé aux générations futures que cette manifestation publique en plein Paris de 1' « admirable invention dès Lumière », quand on songe que ce sous-sol fut la première salle où le cinématographe a été révélé aux foules enthousiastes, et que cette cave a donné naissance aux 60.000 cinémas qui sont ouverts actuellement dans le monde.

Il est juste de rappeler ici que la Presse parisienne, sur l'initiative du regretté poète Canudo, président du septième art, avait demandé « qu'une plaque posée sur une maison à Paris et à Lyon désigne toujours aux admirateurs de l'écran les lieux d'où ce nouveau langage des mondes prit son essor. » (Intransigeant, 1er avril et 1er septembre 1922, articles de Canudo.)

La 4e Sous-commission, après avoir examiné plusieurs rédactions, a l'honneur de soumettre à votre discussion le texte suivant :

ICI

LE 28 DÉCEMBRE 1895

LE CINÉMATOGRAPHE

INVENTION DES FRÈRES LUMIERE

RÉALISA

LES PREMIÈRES PROJECTIONS PUBLIQUES

DE PHOTOGRAPHIE ANIMEE

 

M. le Président demande à la Commission de se prononcer sur les questions qui lui sont soumises par la 4e Sous-commission.

La Commission adopte le texte proposé par la 4e Sous-commission,

Auguste et Louis LUMIERE, Notice sur le Cinématographe 1897

 

Le premier modèle de Cinématographe de Moisson survit au Conservatoire National des Arts et Métiers de Paris.

 

 

Le Mime et l'Étoile du Puy du Fou Une révolution scénographique

 

Dernier-né des spectacles du Puy du Fou, "Le Mime et l'Etoile" est le fruit de 45 ans d'expérience créative. A travers ses décors, accessoires mobiles, les centaines de costumes et les effets de scène, cette création ambitieuse et spectaculaire restitue en direct l'esthétique exacte d'un film d'époque en noir et blanc, sans filtres ou artifices entre l'œil du spectateur et la scène, avec de vrais personnages dans de vrais décors. 

Pour embarquer le spectateur dans un travelling géant, comme celui d'une caméra de cinéma, le Puy du Fou réalise une nouvelle prouesse technique et artistique. Devant l'optique de la caméra du réalisateur, tout se met en mouvement. Les façades des maisons et devantures de magasins d'une rue typique de la Belle Epoque défilent alors en décor réel devant une tribune captivée, tandis que les 120 personnages de l'histoire évoluent sur un sol mobile renforçant l'illusion d'un travelling de près de 2 kilomètres !

 

 

Procès-verbaux  Commission municipale du Vieux Paris

La Lune de Fouras : gazette des bains de mer de Fouras-sur-l'Océan 1897-05-02

 

 

Le 114 Régiment d’Infanterie et la caserne Canclaux de Saint Maixent <==

 

 


(1) Le mot « Cinématographe » a été employé, pouf la première fois, par Léon Bouly, pour désigner un appareil chronophotographique, breveté le 27 décembre 1893, qui ne paraît pas avoir fonctionné.

(2) Rapport de Marey sur le Musée centennal de la clase 12. Exposition universelle de 1900.

(3) C'est M. Janssen qui, le premier, dans un but scientifique (1874), imagina (avec son revolver astronomique) de prendre automatiquement une série d'images photographiques pour représenter les phases successives d'un phénomène. C'est donc à lui que revient l'honneur d'avoir inauguré ce qu'on appelle aujourd'hui la chronophotographie sur plaque mobile. (Le Mouvement, par Marey, 1894, p. 102.)

(4) Le mouvement, Paris, Masson, 1894.

(5) Nouveaux développements de la chronophotographie, par E.-J. Marey, Paris, Imprimerie nationale, 1897, pages 27-28.

(6) La chronophotographie, par E.-J. Marey, Gauthier-Villars, 1899, p. 26.

(7) Les origines du cinématographe, par G. Demény, p. 28, Paulin, éditeur, 1909.

 

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