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PHystorique- Les Portes du Temps
19 septembre 2023

Édouard III rend hommage à Philippe VI de Valois à Amiens le 6 juin 1329

Homage_d'Edouard_III

Doué, comme tous les Valois, d'une belle et noble figure, Philippe avait, aux campagnes d'Italie, fait connaissance avec les gens de guerre. Brillant, brave et généreux, Valois eut la couronne au nom de la France, que la commune commençait à représenter.

Son entrée en Flandre, à la tête de ses nombreuses troupes, précéda de peu de mois la grande victoire de Cassel, où Philippe de Valois Et des prodiges de valeur.

Bruges, Ypres, Courtray, furent rudement châtiés.

Au moment de la guerre contre Édouard, Philippe avait noblement fait ses preuves. Désormais il était roi par le choix et par l'épée, par le droit et la reconnaissance.

Fils d'un père faible et vicieux, Édouard avait en outre les exemples d'une mère vindicative. Il ne connut en sa jeunesse que le favoritisme, la rébellion et l'assassinat.

Les têtes sanglantes de Gaveston, du comte de Lancastre, de Spencer, le cadavre meurtri du roi son père, furent les premiers actes qui frappèrent ses yeux.

Il monta bientôt après sur le trône. Mortimer fut poignardé, et Isabelle, reine et mère, se vit plongée pendant dix-huit ans dans la prison où elle mourut.

Cependant, il faut le dire, Édouard eut de grandes qualités militaires, jointes à une habileté politique peu commune, et à une volonté de fer.

Les Anglais doivent inscrire le nom d'Édouard III dans la liste de leurs grands rois.

Tels étaient les deux rivaux dont nous allons raconter la lutte.

 

Le 29 mai 1328, Philippe monta donc sur le trône de France.

Bientôt après, il fit sommer Édouard III, roi d'Angleterre depuis quelques mois seulement, de lui rendre hommage comme vassal de Guyenne.

Au refus d'Édouard, Philippe fait saisir les revenus du comté de Ponthieu.

N'osant résister, le roi d'Angleterre se rend à Amiens.

Il marche vers l'église. Là, sur une estrade, vêtue d'une longue robe de velours cramoisi, semée de léopards d'or, la couronne de la Grande-Bretagne en tête, l'épée au côté, il fait hommage au roi de France.

Assis sur un trône brillant de richesses, couvert d'une longue robe de velours violet, aux fleurs de lys d'or, couronné d'un diadème enrichi de pierreries et tenant en main son sceptre d'or, le roi de France, la tête haute, reçoit l'hommage de son vassal Édouard III, le 6 juin 1329.

Philippe de Valois avait trois rois à ses côtés, les rois de Bohême, de Navarre et de Majorque, qui se faisaient un plaisir de résider en France, ne connaissant pas de séjour plus chevaleresque que Paris et la cour de France.

« Sire, dit un chambellan français au roi d'Angleterre, vous devenez homme du roi de France, monseigneur, de la Guyenne et de ses appartenances, que vous reconnaissez tenir de lui comme pair de France, selon la forme des paix faites entre ses prédécesseurs et les vôtres, selon ce que vous et vos ancêtres avez fait pour le même duché à ses devanciers rois de France. »

Édouard répondit : Voire.

Le roi de France embrassa le roi d'Angleterre.

Celui-ci rougit, tant il lui sembla que sa dignité venait d'être flétrie.

Mais il savait dissimuler.

En 1329, le roi d'Angleterre renonça donc solennellement au trône sur lequel était assis Philippe de Valois.

 

Édouard III rend hommage à Philippe VI à Amiens le 6 juin 1329

Comment le roy d'Angleterre se mist en mer pour venir en la cité d'Amiens faire hommage au roy de France de la duchié d'Aquitaine et de la conté de Pontieu comme homme du roy de France (1).

L'an de grâce mil CCCXXIX, le roy d'Angleterre entra en mer le dymenche après la Trinité (2) et passa à Bouloigne.

 

Quant le roy de France sot la venue dudit roy d'Angleterre, si vint a grant foison de ses barons, prelas et autres à Amiens, et envoia à l'encontre dudit roy d'Angleterre des plus grans de son lignage, qui moult noblement et honnorablement l'admenerent en la cité d'Amiens, en laquele le roy de France attendoit ledit roy d'Angleterre qui li venoit faire hommage de la duchié d'Aquitaine et de Pontieu, si comme dessus est dit.

Quant les deux roy s'entrevirent, si firent moult grant feste l'un à l'autre ; et après ce commencierent à parler, eulz et leur conseil, de moult de choses, et par especial sur la matiere pour quoy ilz estoient assemblez, et li fist requerir le roy de France qu'il feist son devoir par devers luy de ladite duchié d'Aquitaine et de la conté de Pontieu.

Lors fu respondu de par le roy d'Angleterre et en sa presence, et fu dit que messire Charles de Valois, pere du dit roy Phelippe, avoit despoillié le roy d'Angleterre, en grant prejudice de li et de son royaume, d'une grant partie de la terre de la duchié d'Aquitaine, et l'avoit appliquée au royaume de France moins justement qu'il ne deust.

Pour laquelle cause ledit roy d'Angleterre n'estoit tenu audit hommage faire, se ce qui li avoit esté osté, comme dit est, ne li estoit du tout restitué.

Si fu respondu pour le roy de France, que Edouart roy d'Angleterre, pere dudit roy avoit forfaite celle partie et plus, et que ledit messire Charles bien et justement l'avoit acquise au royaume de France par droit de bataille, et que en aucune restitucion il n'estoit tenu.

Neantmoins il fu finablement acordé d'une partie et d'autre par tele maniere, que le roy d'Angleterre feroit hommage au roy de France de la duchié d'Aquitaine pour la porcion qu'il en tenoit, et la partie par messire Charles acquise demourroit au roy de France.

Et encore, de par le roy de France dit fu que se le roy d'Angleterre se sentoit en aucune maniere blecié, venist au palais du roy à Paris; et sur ce, par le jugement des pers de France, tout acomplissement de justice li seroit fait.

 

 

(3). Coment le roy d'Angleterre fist hommage au roy de France à Amiens de la duchié d'Aquitaine et de la conté de Pontieu si come faire devoit.

(4). Adonc fist le roy d'Angleterre hommage au roy de France, en la forme et maniéré que contenu est en la chartre seellée du seel du roy d'Angleterre dont la teneur s'ensuit.

 

Ci après s'ensuit la teneur de la chartre seellée que le roy d'Angleterre donna, laquelle contient la maniéré de l’ommage que le roy d'Angleterre fist à Amiens au roy de France des terres dessus nommées.

 

(5). Edduard, par la gràce de Dieu roy d'Angleterre, seigneur d'Islande et duc d'Aquitaine, à tous ceuls qui ces présentes lettres verront ou orront, salut.

 Savoir faisons que comme nous feissions à Amiens hommage à excellent prince, nostre chier seigneur et cousin, Phelippe roy de France, lors nous fut dit et requis de par lui que nous recognoississions ledit hommage estre lige, et que nous, en faisant ledit hommage, li promeissions expressement foy et loyauté porter, laquelle chose nous ne feismes pas lors, pour ce que nous n'estions enfourmez ne certains que ainsi le deussions faire, feismes audit roy de France hommage par paroles generales, en disant que nous entrions en son hommage, par ainsi comme nous et noz predecesseurs dux de Guyenne estoient jadis entrez en l'omage des roys de France qui avoient esté pour le temps.

Et depuis encea, nous soions bien enfourmez et acertainnez de la vérité, recognoissons par ces présentes lettres, que ledit hommage que nous feismes à Amiens au roy de France, combien que nous le feismes par paroles generales, fu, est, et doit estre entenduz lige; et que nous Ii devons foy et loyauté porter comme duc d'Aquitaine et per de France, et comme conte de Pontif et de Monsteroille, et Ii promettons desore en avant foy et loyauté porter.

Et pour ce que, en temps avenir, de ce ne soit jamais descort ne content à faire ledit hommage, nous promettons, en bonne foy, pour nous et nos successeurs ducs [de Guyenne (6)], qui seront pour le temps, que toutesfoiz que nous et noz successeurs ducs de Guyenne entrerons et entreront en l'ommage du roy de France et de ses successeurs qui seront pour le temps (7), l'ommage se fera par ceste maniere.

Le roy d'Angleterre, duc de Guyenne, tendra ses mains entre les mains du roy de France, et cil qui parlera pour le roy de France, adrescera ses paroles au roy d'Angleterre duc de Guyenne et dira ainsy.

« Vous devenez home lige du roy de France mon seigneur qui ci est, comme duc de Guyenne et per de France, et li promettez foy et loyauté porter. Dites voire. »

 Et ledit roy et duc et ses successeurs ducs de Guyenne diront « Voire ».

Et lors, le roy de France recevra ledit roy d'Angleterre et duc audit hommage lige à la foy et à la bouche, sauf son droit et l'autruy. Derechief, quant ledit roy et duc entrera en l'ommage du roy de France et de ses successeurs roys de France pour la conté de Pontif et de Monstroille, il mettra ses mains entre les mains du roy de France, et cil qui parlera pour le roy de France adrescera ses paroles audit roy et duc, et dira ainsi :

« Vous devenez homme lige du roy de France mon seigneur, qui ci est, comme conte de Pontif et de Monstroille, et li promettez foy et loyauté porter. Dites voire. »

Et ledit roy et duc, comme conte de Pontif et de Monsteroille dira « Voire ».

 Et lors, le roy de France recevra ledit roy et conte audit hommage lige, à la foy et à la bouche, sauf son droit et l'autrui.

Et aussi sera fait et renouvellé toutes les foiz que l'ommage se fera.

Et de ce baillerons-nous et nos successeurs ducs de Guyenne, faiz lesdiz hommages, lettres patentes seellées de noz grans seaulz, se le roy de France le requiert.

Et aveques ce, nous promettons en bonne foy, tenir et garder effectuelment les paix et accors faiz entre les roys de France et les roys d'Angleterre dux de Guyenne et leurs predecesseurs roys d'Angleterre et ducs de Guyenne.

Et en ceste maniere sera fait et seront renouvellées les dites lettres par lesdiz roys et ducs et leurs successeurs ducs de Guyenne et conte de Pontif et de Monstroille, toutes les foiz que le roy d'Angleterre duc de Guyenne et ses successeurs ducs de Guyenne et conte de Pontif et de Monstroille qui seront pour le temps, entreront en l'ommage du roy de France et de ses successeurs roys de France.

En tesmoignance desquelles choses, à cestes noz lettres ouvertes, avons fait mettre nostre grant seel.

Donné à Eltham le trentiesme jour de mars l'an de grâce mil trois cenz et trentisme premier, et de nostre regne quint.

 

Quant le roy de France ot receu du roy d'Angleterre ledit hommage en la maniéré que dessus est contenu, lors furent les joustes commenciées moult belles et moult grans, et fu ilecques le roy d'Angleterre moult grandement honnoré.

 Et après ce que ces choses furent ainsi faites et acomplies, les il roys pristrent congié l'un à l'autre, et s'en retourna le roy de France à Biauvais (8), et le roy d'Angleterre s'en retourna tantost en Angleterre.

 Cependant, quelques années après, Édouard prend le titre et les armes de roi de France.

Un tribun démocrate et un prince mécontent se trouvent là précisément, avec leurs intérêts divers, pour exciter Édouard à la révolte et allumer cet incendie qui pendant plus d'un siècle dévora nos provinces.

 

Mémoire sur l'expédition anglaise de 1346 et sur la bataille de Crécy par Joachim Ambert

 

 

 ==> Sur la Terre de nos ancêtres du Poitou - Aquitania (LES GRANDES DATES DE L'HISTOIRE DU POITOU )

 


 

(1). Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. II, p. 107-108. Cf. Froissart, éd. Luce, 1. 1, p. 90 à 96.

(2). Les Grandes Chroniques ont répété l'erreur de la Continuation de G. de Nangis.

En 1329, le dimanche après la Trinité tombe le 25 juin. Or, Édouard III s'était embarqué à Douvres pour passer en France avec une nombreuse suite le 26 mai et il avait rendu hommage à Philippe VI à Amiens le 6 juin (Rymer, Fœdera, t. II, 2e partie, p. 764 et 765. Cf. Hist. de Languedoc, nouv. édit., t. X, col. 694, n° 261, et Journaux du trésor de Philippe VI de Valois, n° 5950).

Il était même de retour à Douvres le 11 juin (Rymer, Ibid., p. 765).

Pour tout ce qui concerne l'hommage rendu à Amiens par Édouard III et les pourparlers de Londres, cf. Froissart, éd. Luce, t. I, p. 90 à 100, et Eugène Déprez, La papauté, la France et l'Angleterre, p. 38 à 82.

(3). Ce que nous donnons en italiques fut ajouté à l'encre rouge dans le ms. fr. 2813 comme formant le titre du sixième chapitre.

(4). Dans le ms. fr. 17270, fol. 382, on a seulement : « Adonc lui fist le roy d'Engleterrc hommage en la fourme et maniéré qui par devant est acordé. C'est asavoir que le roy d'Angleterre lui fist hommage de tout ce qu'il tenoit en la duchié d'Aquitaine et de la conté de Pontieu. Lors furent les joustes commenciées, et moult beles et moult grans, etc. »

(5). Ces lettres ont été publiées aussi dans Rymer, op. cit., t. II, 2e partie, p. 813, et dans Froissart, éd. Luce, t. I, p. 97 à 99, et les lettres de Philippe VI données à Saint-Christophe-en-Halate le 13 avril 1331, formant la contre-partie de celles d'Edouard III sont également publiées dans Rymer, p. 815-816.

(6). De Guyenne est ajouté d'après Rymer.

(7). Cette phrase, depuis : « que toutes foiz », ne figure pas dans le texte de Froissart, sans doute par suite d'une erreur de transcription.

(8). D'après son Itinéraire, Philippe VI fut en effet à Beauvais le 12 juin.

 

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