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PHystorique- Les Portes du Temps
24 septembre 2023

Liste des Sénéchaux d’Anjou et du Maine

Liste des Sénéchaux d’Anjou et du Maine

Les auteurs qui dans le cours des deux derniers siècles se sont occupés des antiquités de l'Anjou ont dû naturellement porter leurs recherches sur la succession des sénéchaux. Mais, bien qu'ils aient eu à leur disposition un grand nombre de titres originaux qui ont disparu, les diverses listes qu'ils ont données des sénéchaux antérieurs à Guillaume des Roches et les notices qu'ils ont faites sur un grand nombre d'entre eux, même celles de Claude Menard et de Dom Housseau, contiennent des inexactitudes et des contradictions qui diminuent la confiance qu'on doit avoir dans l'autorité due à leurs travaux.

C'est en m'appuyant presque exclusivement sur tes titres, pour la plupart conservés par Dom Housseau, que j'ai pu faire les notices qui vont suivre. Je ne suis pas complet et je n'ai pas la prétention de l'être, mais je crois être arrivé à la certitude presque absolue dans les faits que j'avance, et je crois aussi que s'il y a beaucoup à ajouter à cette partie de mon travail, les graves erreurs au moins ne sont pas nombreuses (1). Je me bornerai aux citations indispensables pour établir la chronologie et les circonstances les plus notables de la vie des sénéchaux.

Il est nécessaire de faire une observation préliminaire, inutile pour ceux qui sont familiers avec les chartes d'Anjou, du Maine, de Touraine et de Poitou, c'est que la désignation de sénéchal lorsqu'elle est toute seule ne veut pas dire nécessairement que la personne à laquelle elle s'applique soit le sénéchal du comte ou du souverain la qualité de sénéchal du comte peut résulter d'autres circonstances.

En effet tout seigneur un peu important, l'évêque, les abbayes d'hommes et de femmes, même de simples prieurés avaient leurs sénéchaux je n'en citerai qu'un seul exempte l'abbaye du Ronceray avait au XIIe siècle un sénéchal du nom d'Isembert (3) qui remplit longtemps ces fonctions et dont le nom revient souvent dans le cartulaire.

En 1159 il est témoin d'un jugement rendu par le Roi Henri II.

 

1. Lisois d’Amboise.

Il n'y a rien de certain sur les sénéchaux qui ont précédé Lisois d'Amboise. C'est seulement avec lui que commence leur histoire.

Hugues de Lavardin avait épousé en secondes noces Odeline fille de Raoul vicomte de Sainte-Suzanne au Maine, qui lui avait apporté en mariage Bazougers et la terre de Sainte-Christine.

De ce mariage trois fils, Lisois, Auger et Aubry (Lisoius, Algerius, Albericus).

 Le comte d'Anjou Foulques-Nerra après avoir fait alliance avec Herbert Eveille-Chien comte du Maine, pour se défendre contre Gelduin seigneur de Saumur et son allié Eudes comte de Champagne, maître de Chartres et de Blois, attira à son service Lisois dont on vantait dans le pays les mœurs et la vaillance.

==> Foulques Nerra fait une Trève avec Gelduin le Danois, chef viking à la solde du comte de Blois et construit un château

Il avait dans plusieurs circonstances trouvé que ses avis étaient bons, il l'admit dans ses conseils les plus intimes, inveniensque eum in his quae deliberaverat consiliosissimum, suis familiaribus consiliis impertivit dit l'auteur des Gesta Ambaziensium dominorum

 

 Le comte Foulques lui donna la garde de Loches et d'Amboise d'où il dirigeait pour inquiéter les ennemis du comte de fréquentes incursions sur les terres de Blois, Chaumont et même celle de Saint-Aignan.

 Lisois devait être fort jeune, aussi je ne pense pas que cette entrée au service du comte soit antérieure à la bataille de Conquereux (992), il faut la placer à une époque intermédiaire entre cette bataille et celle de Pont-Levoy (1016).

C'est à la fin de la période tourmentée qui suivit cet événement important dans l'histoire de l'Anjou et de la Touraine que le comte Foulques, au moment de partir pour son troisième voyage de Jérusalem, lui fit épouser Hersendis nièce de Sulpice trésorier de Saint-Martin, qui lui donna à titre héréditaire la tour de pierre qu'il avait construite à Amboise avec ses dépendances, la maison que le trésorier possédait à Loches par héritage; Verneuil avec ses fiefs et la terre de Maureacum.

 Le comte, en récompense de ses services lui donna la voirie et la segrairie de Champagne au-delà du Cher (vigiferam et segreheriam). C'est à cette occasion: que je trouve qu'il est fait mention, pour la première fois de la qualité de sénéchal.

 Foulques-Nerra mourut le 21 juin 1040.

Sur ses instantes recommandations, son fils et successeur Geofroi Martel conserva à Lisois les fonctions de sénéchal, et celui-ci continua d'être et dans les conseils et dans les armées son auxiliaire le plus fidèle et le plus utile. Les chroniques, des comtes d'Anjou sont pleines de défaits sur la part considérable qu'il prit dans la conquête de la Touraine et dans la défense des états de Geofroi contre les comtes de Poitiers.

Il mourut à un âge très-avancé et à une date qui ne doit pas être de beaucoup postérieure à l'année  1056.(3),

Son nom ne figure dans aucune charte contemporaine de Foulques-Nerra ; on le trouve au contraire dans plusieurs chartes de Geofroi-Martel, mais sans que sa qualité de sénéchal soit exprimée.

La dernière mention que je trouve de Lisois est dans l'acte de fondation du prieuré de Brion en 1056 par les deux frères Ranulfe et Guillaume de Sablé ; il figure au nombre des témoins (4).

Lisois avait deux frères, Auger et Aubry (Algerius et Albericus). Au premier et à son fils Hugues il donna la terre de Bazougers au Maine à Aubry il donna la terre de Sainte-Christine.

 Auger me parait être mort avant 1050 ; son nom ne figure dans aucune des chartes dans lesquelles nous trouvons le nom de Lisois, au lieu qu'Aubry figure dans celle de 1056 relative au prieuré de Brion.

 Quant à Auger ou Alger je n'ai rien rencontré qui puisse faire supposer que son frère lui ait donné la sénéchaussée d'Anjou.

La date de 1043 que donne CI. Menard est en contradiction absolue avec ce que les historiens, nous rapportent de Lisois ; c'est le moment de l'a conquête de la Touraine, et il est entièrement invraisemblable qu'il ait abandonné sa situation que lui donnaient ses services importants qu'il rendait chaque jour au comte Geofroy (5).

De son mariage avec Hersendis il laissa cinq enfants, deux fils Sulpice et Lisois et trois filles, Eufemie, Sibille et Elisabeth. Sulpice épousa Denise, nièce héritière de Geofroi de Chaumont, et prit le nom de Chaumont ; il eut un fils qui s’appela Hugues de Chaumont.

 

2. Balmus.

Je crois donc qu'il ne faut chercher à placer aucun sénéchal entre Lisois et Balmus, et que celui-ci remplit le court intervalle qui s'écoule depuis la mort de Lisois, même en la supposant de l'année 1056, jusqu'à l'année 1060 où paraît pour la première fois Isembert de Thouarcé. Il figure avec la qualité de sénéchal du comte comme témoin de l'arrangement entre Marca, femme de Geofroi Papabovem, fille et héritière d'Airard prévost de Tours, et l'abbaye de Marmoutier, au sujet d'un droit de péage réclamé par ledit Geofroi et dont il fait l'abandon (6).

Cet acte est probablement de l'année 1059. Airard, prévost vivait encore en 1058 à cette époque il affranchit, du consentement du comte Geofroi et de sa femme Adèle, un colibert nommé Ainard. Il peut y avoir quelque difficulté sur la date de cet acte, la femme de Geofroi-Grisegonelle ayant aussi porté le nom d'Adèle (7) mais elle est levée par la comparaison de cet acte avec un autre qui porte le n° XIV du même cartulaire. Ce n° XIV constate un autre affranchissement fait par le même Airard; mais il fait en même temps mention d'Aubert, abbé de Marmoutier, qui a cessé ses fonctions en 1060 et de Hilduin, prévost (d'Angers sans aucun doute car il est nommé le premier) qui a exercé ses fonctions jusque vers 1056.

Le Geofroi dont il est question dans ces deux actes est donc Geofroi-Martel mort en 1060; et la comtesse Adèle de la charte n° LXXIII est sa troisième et dernière femme, ce qui porte la date de cet acte vers 1058 ou 1059.

M. Marchegay, Archives d'Anjou, t. II, p. 32, a lu le nom de ce sénéchal Babinus. Je crois que c'est une erreur.

 

 

3. Isembardus Toarciaci dominus.

Isembert de Thouarcé.

Il nous est connu par quatre actes sans date précise: mais qui sont antérieurs à 1067. Trois d'entre eux sont postérieurs à 1060 puisque ce sont des actes du comte Geofroi-le-Barbu (8) ; ils ne font pas mention de sa qualité de sénéchal du comte, mais il me semble évident que c'est bien le même que le Isembardus auteur de l'acte dont il me reste à parler (9).

A une époque incertaine il avait donné à l'abbaye de Saint-Florent, l'église de Saint-Jean et la sépulture de l'église de Saint-Pierre ces deux églises sont situées à Thouarcé.

Puis, du temps qu'il était sénéchal du comte Geofroi, cum essem ego Isembardus ejus dapifer, il les fait confirmer par le comte.

Rien n'indique que ce soit Geofroi-Martel plutôt que Geofroi-le-Barbu je crois cependant que c'est ce dernier, car l'acte constate l'intervention de Geofroi de Preuilly qui était un de ses conseillers les plus intimes.

Cet acte a été rédigé après 1073, car Isembert y parle d'un voyage qu'il fit à Rome où il a vu le pape Grégoire VII (élu en 1073) auquel il a présenté les lettres originales de sa donation en même temps que d'autres, et a obtenu du souverain pontife la confirmation de ces actes.

 Je suppose que c'est à cette époque environ qu'il a cessé ses fonctions de sénéchal et qu'il s'est fait moine à Saint-Florent.

En 1091 ou 1092, son neveu Isembert le Jeune seigneur de Thouarcé fait à Saint-Florent une donation, confirmée par Geofroi de Preuilly son seigneur et son ami (10) ; celui-ci se charge de la faire confirmer par le comte d'Anjou.

Isembert était malade et ne pouvait se transporter à Angers : Geofroi s'y rend avec Isembert l'Ancien, moine, un chanoine et les deux serviteurs du moine et du chanoine. Cet Isemberdus senior qui fait le voyage d'Angers dans de semblables conditions, ne peut être un autre que l'oncle de l'Isembardus juvenis que la maladie retient chez lui.

Il est mort un peu avant 1096, presque à 'la même époque que son neveu (11).

Il ne faut pas le confondre avec un autre Isembardus senescallus mentionné assez souvent dans le cartulaire du Ronceray; ce dernier qui vivait environ un siècle plus tard était sénéchal de l'abbaye du Ronceray (12).

 

4. Girogius,

 Girorius, Girois.

A une époque probablement antérieure à 1074, le comte Foulques-Rechin avait renoncé à toutes les coutumes qu'il pouvait prétendre sur la terre de la Gauteresche dépendant de Chemillé.

Plusieurs années après le prévôt de Vihiers voulut exiger les droits qu'il prétendait appartenir au comte; sur la réclamation des moines, celui-ci dut reconnaître la validité de sa précédente concession. Dans la liste des témoins figure Girogius siniscalcus comitis (13).

Le 7 mai 1085, le même comte Foulques confirme une donation faite aux religieux de Marmoutier qui avaient obtenu sa guérison d'une grave maladie par l'intercession de Saint-Martin (14).

Cette confirmation est faite a Marmoutier en présence de nombreux témoins parmi lesquels se trouve Girorius siniscallus sans indication du lien qui le rattache au comte. Je crois que c'est le même personnage.

D'après la copie de Dom Housseau, les témoins de cette charte avaient signé sur trois colonnes. Le nom du comte Foulques vient après la première, un peu dégagé de la seconde, dont les trois premiers noms sont Adelardus de Grandifonte, Girorius senescallus et Seibrandus comes stabuli.

 Seibrand ou Sigebrand de Chemillé était connétable d'Anjou, fonctions dès cette époque héréditaires dans sa famille, que cette fonction attachait à la personne du comte au même titre que le sénéchal qui avait la haute main sur toute la maison du comte en quelque lieu qu'il se trouvat.

La place donnée au nom de ce sénéchal avant celui du connétable m'autorise à le considérer comme un sénéchal d'Anjou, malgré la différence qu'on peut remarquer dans le nom. Cette différence n'est pas d'ailleurs aussi grande que celles qu'on remarque quelquefois dans le nom de personnages sur l'identité desquels il n'y a aucune contestation possible mais en outre il faut remarquer que Girogius nous est donné par des titres originaux et que Girorius l'est par le copiste de Dom Housseau qui a pu commettre une erreur, et on sait combien ces erreurs sont fréquentes dans les copies faites au XVIIe et au XVIIIe siècles.

Bien qu'il y ait une lacune dans les quelques années qui suivent 1073, je crois cependant qu'il n'y a eu qu'un seul sénéchal entre cette date et 1089 date à laquelle on voit apparaître le nom de Geofroi fils de Fulchrade.

Il ne faut pas confondre avec Girois un Girard, qui était sénéchal, Girardus siniscallus, qui se fit moine de Saint-Aubin au prieuré de Luché, et qui fit en mourant des donations importantes à ce prieuré (15).

Il figure dans l'acte de fondation du prieuré de Luché qui se place entre 1056 et 1060 à cette époque, c'étaient Balmus et Isembert de Thouarcé qui étaient sénéchaux du comte (16). Il figure comme témoin dans l'acte par lequel Hubert fils de Raoul vicomte du Mans renonce à des contestations sur l'église de Luché; cet acte se place entre 1060 et 1066, du temps d'Isembert de Thouarcé (17).

 La qualité de sénéchal qui lui est attribuée dans ces deux actes ne peut donc pas être celle de sénéchal du comte d'Anjou.

 

5. Gaufridus Fulchradi.

Le dernier acte connu de Girogius est du mois de mai 1085 ; le premier de Geofroi Fulchradi est du 25 août 1089.

Geofroi a-t-il succédé immédiatement à Girogius, ou y a-t-il eu entre les deux un sénéchal, quelque court que soit le temps pendant lequel il a exercé ses fonctions ?

Nous trouvons dans le cartulaire de Saint-Aubin (f° 3) une charte du 22 décembre 1086 constatant que le comte Foulques renonce à des prétentions injustes sur les terres de Saint-Aubin. Parmi les témoins figure un Petrus siniscalcus, sans autre désignation, dont le nom est inscrit le troisième parmi les témoins. Hugues de Sainte-More et Hélie de la Flèche le précèdent, et après lui se trouvent les noms de Seibrandus constabularius (Sigebrand de Chemillé)………. Girard Folet ou Follulus, prévost d'Angers, etc.

Le rang qui lui est donné avant le connétable Sigebrand peut faire admettre que c'est un sénéchal du comte qui aura quitté ses fonctions après un court exercice pour les reprendre ensuite (18).

Ce n'est pas comme on pourrait le croire au premier abord le père du sénéchal qui se nommait Fulchradus ou Fulchradius, c'est son ayeul, son nom entier donné par quelques actes est Gosfridus Gosfridi Fulchardi filius ; nous voyons ici à la deuxième génération le nom de l'ayeul qui tend à se transformer en nom patronymique correspondant au génitif de la déclinaison latine. Le nom de notre sénéchal est l'équivalent du français de Foucard ou de Fouchard. Je me conformerai cependant à l’exemple de Dom Housseau, et je l'appellerai Fulcrade. Il appartenait à une famille considérable sur laquelle nous avons quelques renseignements.

Son ayeul Fulcradius en 1036 avec plusieurs autres fait confirmer par le comte Geofroi-Martel la donation faite à Saint-Maur-sur-Loire de la terre de Sainte-Marie-de-Moli (19).

Il eut avec l'abbaye du Ronceray des démêlés sérieux.

Lors de la première incarcération de Geofroi-le-Barbu au château de Sablé, vers 1064, il saisit les bœufs des métayers du Ronceray, et voulut fortifier de palissades son château de Rochefort en Terre.

 Le comte Geofroi remis en liberté lui fit payer une amende. Mais les religieuses ne paraissent pas avoir eu gain de cause bien sérieux, car un autre acte qui paraît la suite du précédent nous le montre se refusant au combat judiciaire qui avait été ordonné. Cette notice des faits, car on ne peut lui donner le nom d'acte, se termine par cette invocation qui montre combien peu l'abbaye avait confiance dans le comte :  comes, abbatissa mandat libi utrum invadet terram suam an non (20).

Le rédacteur de ces deux actes lui donne le nom de Fulchardus de Rupeforti; ce nom ne paraît pas avoir été pris par ses descendants.

Parmi les actes importants auxquels prend part son fils Geofroi, nous trouvons en 1063 un procès au sujet de coliberts dont la propriété avait été litigieuse entre le comte Geofroi et Foulques Normannus fils de Roger de Montreveau (21).

 La cour avait ordonné la preuve par l'eau bouillante ce fut une veuve appelée Girberge qui apporta le judicium à Geofroi Fulcrade qui était assisté de Beringerius capellanus et de Berno vicarius.

Il résulte des énonciations de l'acte qu'à cette époque il devait habiter Loudun.

Il devait tenir d'assez près au comte Foulques-Rechin ; nous trouvons en effet que le comte, le 12 octobre d'une des années 1067, 1072 ou 1078, vient à Saint-Maur-sur-Loire pour terminer par un accord un différend entre lui et les seigneurs de Blaizon ;….. ubi pacificavit Hedonem et Johannem ejus filium de Castro Blazoni cum Gaufrido filio Fulchre (22).

Quant au sénéchal qui prend habituellement le même nom que son père, Gosfridus Fulchradi, nous le trouvons pour la première fois avec la qualité de sénéchal du comte Foulques dans un acte du 25 août 1089 par lequel il confirme la donation de la terre de Rest que son père Gosfredus Fulchradi avait faite quelques jours auparavant à Saint-Florent, en se faisant moine de ladite abbaye (23).

Il confirme en outre la donation des dîmes d'une île située devant Montsoreau, et ajoute sa part du droit de pêche à Rest. Cet acte constate sa filiation de la manière la plus certaine, car son père excepte de sa donation une grange appartenant à son fils, excepta grandica filii mei Gosfredi.

A cette époque, sa mère Amelina vivait encore. Il avait plusieurs frères (24) et sœurs qui ont pris part à cet acte.

Dans un acte sans date, mais qui ne peut pas être postérieur à 1094, il assiste à la confirmation par le comte Foulques de concessions faites à Saint-Florent par Isembert le Jeune, seigneur de Thouarcé, neveu de celui qui avait été sénéchal, et que l'acte désigne sous le nom d'Isembertus senior.

Le neveu étant malade, l'oncle était allé avec quelques autres personnes demander l'autorisation du comte Foulques.

La réception fut des plus simples : le comte allait partir pour la chasse au faucon ou en revenait ; il était assis dans la cour du château d'Angers sur une table, ou peut-être sur un banc de pierre comme on en rencontre encore souvent dans les cours de châteaux ou même de grandes maisons bien plus modernes ; devant le comte était son sénéchal, Gaufridus Fulcradi, probablement à pied, et Gilduin de Doué à cheval tenant un faucon (25).

On trouve son nom dans un assez grand nombre d'actes dans lesquels sa qualité n'est pas indiquée, mais il ne peut y avoir de difficulté.

En 1097, Geofroi Fulcrade suivant l'exemple de son père se retire à l'abbaye de Saint-Florent cette date nous est fournie par le cartulaire blanc, f° 33.

Au moment de sa retraite à Saint-Florent sa femme Amelina était enceinte.

En mourant il laissait deux fils et deux filles; l'aîné des fils se nommait aussi Geofroi et était seigneur de Trèves, le second se nommait Aimeri ; l'aînée des filles avait épousé Gilbert de Loudun, la seconde Aimeri d'Avoir. Il mourut vers le commencement de  1101 (n. s.) comme le constate le cartulaire blanc de Saint-Florent, f 34 (26), en rapportant une contestation que souleva son fils Geofroi pour l'église de Rest.

Ce fils qui portait encore le même nom, Geofroi Fulcradus, Fulcredus, Fulcredi, Fulqueredi était sans aucun doute un des seigneurs les plus considérables de cette partie de l'Anjou. A une date indéterminée il fit un voyage à Jérusalem (27).

Entre 1109 et 1117, il donne à Robert d'Arbrissel toutes les coûtumes qu'il avait à Rest avec le consentement de sa femme Burgundia ex cujus dote erat, de son frère Aimeri et de sa sœur Jeanne (28).

Le 15 janvier 1132-1133  il prend part à une sentence d'Ulger évêque d'Angers au sujet d'un droit de paroisse litigieux entre le Ronceray et Saint-Nicolas-sur-Brionneau (29).

 

6. Paganus de Maugeio.

Payen de Mauges.

Son nom est donné par un extrait du cartulaire de Saint-Nicolas f° 72, conservé par Dom Housseau, t. XIII, 1, n° 9553. Il n'y est pas dit qu'il ait été sénéchal d'Anjou, mais il faut remarquer que c'est un simple extrait, comme d'ailleurs la plupart des documents extraits du cartulaire de Saint-Nicolas qui se trouvent dans son recueil. Mais deux des listes conservées dans les manuscrits de la bibliothèque d'Angers disent expressément qu'il fut sénéchal d'Anjou ; ces listes ont été faites à une époque où les originaux existaient, et il est probable que leurs auteurs avaient le cartulaire même sous les yeux. Tous les deux renvoyent au titre dont l'analyse est dans Dom Housseau.

C'est un accord du 3 février entre 1009/1100 Saint-Nicolas et Saint-Laud de bosco Communali et de examplis Villae bananes. Il a eu lieu dans la cour du comte Foulques en présence de témoins d'un rang élevé.

Payen de Mauges est le troisième des témoins laïques après le comte Foulques et le connétable Sigebrand. Ce rang confirme l'argument tiré des listes dont je viens de parler.

Il figure comme témoin parmi les chevaliers, militibus, mais sans indication de sa qualité de sénéchal dans un acte du 22 août 1096 ou 1097 par lequel le comte Foulques donne à Saint-Nicolas la forêt des Echats (de Catia).

 

7. Petrus Rubiscallus.

Je renvoie aux observations en tête du paragraphe relatif à Geofroi Fulcrade sur la question de savoir s'il a été sénéchal en1088 (30).

C'est un acte sans date, mais dans lequel intervient Girard abbé de Saint-Aubin mort en 1106 qui nous apprend sa qualité de sénéchal d'Anjou; la rubrique de cet acte qui est au cartulaire de Saint-Aubin f° 22 s'exprime ainsi: ….Quid et qualiter et quandiu dominus Girardus abbas Petro senescallo Fulconis nostri comitis ob beneficii donaverit…. Tres arpennos bonarum vinearum.  La qualité de sénéchal ne reparaît pas dans le courant de l'acte, dans lequel nous retrouvons encore le connétable Sigebrand comme témoin.

Le 19 janvier 1104/1105 il signe immédiatement après le comte Foulques le jeune fils de Foulques-Rechin la confirmation de la donation du bois de Pruniers faite à Saint-Aubin par Foulques-Rechin (31).

La présence d'un  Harduinus dapifer qui pourrait au premier abord jeter quelques doutes m'oblige d'entrer dans quelques détails.

Le jeune Geofroi fils de Foulques, Gosfredus Martellus junior, abandonne ses prétentions sur le bois de Pruniers, et confirme moyennant argent la concession dudit bois de Pruniers faite par son père.

 Cette confirmation a lieu le 4 des ides de décembre (10 décembre)  1104 à Saint-Aubin où Geofroi, associé depuis quelque temps ainsi que son frère Foulques au pouvoir de son père: vient avec quelques- uns de ses chevaliers. Bien que le rédacteur de la charte semble réserver le titre de comte pour Foulques-Rechin, il l'attribue aussi au fils qui partageait son autorité avec lui.

Dans la première partie de cet acte, le jeune comte Geofroi, après la renonciation à toutes coûtumes, investit solennellement Saint-Aubin au moyen de la remise sur le maître-autel (altare dominnicum) du couteau de l'aumônier Hardouin que les religieux conservèrent.

Jusqu'à présent c'est le jeune Geofroi qui agit seul ; ses hommes, ses chevaliers, comme il est dit quelques lignes plus haut, interviennent ici comme témoins ; de hominibus comitis….. Harduinus dapifer ejus ; la construction de la phrase ne permet pas de douter que cet Harduinus soit le sénéchal du jeune comte Geofroi.

Quelques jours auparavant, le 7 décembre 1104, pareille confirmation avait été faite par le jeune comte Foulques dans la chambre de son père, en sa présence et avec son autorisation; et encore moyennant finance payée au père et au fils.

 L'investiture de cette confirmation est faite au moyen du chapeau de Pierre de Saint-Christophe chapelain du comte Foulques-Rechin que le jeune Foulques remet à Brient prieur de Saint-Aubin. Aucun des témoins de cette partie de l'acte n'a la qualité de sénéchal.

Enfin le 19 janvier suivant (1104/1105) pour que la confirmation soit encore plus solennelle, le jeune Foulques se transporte à l'abbaye de Saint-Aubin, et pose de sa propre main en présence de l'abbé Girard le couteau de Guy de Lovennis tunc camerarii sur le même autel que son frère avait posé le couteau de l'aumônier Hardouin. Ceci se passe en présence de nouveaux témoins dont le premier est Petrus Rubiscallus ; sa qualité n'est pas indiquée, mais la place de sa signature et la certitude qu'il était sénéchal du temps de l'abbé Girard ne me laissent aucun doute sur sa qualité de sénéchal du comte Foulques-Rechin au moment de cet acte.

Il ne me paraît pas avoir conservé ses fonctions au-delà de l'année 1109 (32).

 

8. Archaloius, Archoloius, Arquolosius, Archilosius.

Malgré le peu de confiance qu'on doit accorder à l'écrit anonyme sur la sénéchaussée de France attribué à Hugues de Cleers, on peut cependant invoquer son autorité pour reconnaître à Archaloius (son nom est écrit de bien des manières) la qualité de sénéchal du comte d'Anjou, bien qu'il y soit désigné par la seule qualité de sénéchal.

Mais quelle que soit l'époque à laquelle cet écrit ait été composé, il est évident que la tradition avait pu se conserver sur sa situation, et que c'est un sénéchal du comte qui seul a pu faire avec les hommes du comte partie du conseil vrai ou supposé dans lequel fut délibérée une réponse à faire au Roi de France (33).

La première mention que l'on trouve d'Archaloius avec une date certaine est un acte du 8 des ides d'octobre 1109 (8 octobre) (34) par lequel le comte Foulques V confirme les donations et franchises concédées à Saint-Nicolas par son père et ses autres prédécesseurs ; l'acte, ou du moins l'extrait que nous en donne Dom Housseau, tout en constatant sa qualité de sénéchal, ne dit pas qu'il soit sénéchal du comte ; mais comme il figure le premier des témoins, dans une circonstance solennelle, et avant un nombre assez considérable de seigneurs du pays, il y a de très-fortes raisons d'admettre que c'est un sénéchal du comte, surtout en présence de la tradition conservée dans l'écrit attribué à Hugues de Cleers.

Le nom d'Archaloius figure dans un grand nombre d'actes importants jusqu'en 1124, mais il a cessé ses fonctions vers 1116 ou même à une époque un peu antérieure.

 

9. Harduinus de Sancto-Medardo.

Hardouin de Saint-Mards.

Le prénom d'Hardouin est assez fréquent aux XI et XIIe siècles. On peut se demander si le sénéchal qui le porte est le même que celui qui était en 1105 sénéchal du jeune Geofroi fils aîné de Foulques-Rechin. Et si c'est le même qui, le 4 janvier 1113/4 avec la qualité de camerarius comitis ; figure avec Archaloius dans l'acte par lequel le comte Foulques V remet en faveur des pauvres les droits qui lui sont dûs sur l'aumônerie de Saint-Aubin (35).

Quoi qu'il en soit, Hardouin de Saint-Mards est mentionné comme sénéchal dans un acte (36) postérieur à 1109 et antérieur au samedi de la mi-carême 1116/7 par lequel le comte Foulques donne à Saint-Nicolas la possession de la rivière autour de l'île Behuard.

Hardouin figure le premier des témoins avec Archalosius qui n'est plus désigné que comme chevalier. Dom Housseau donne à cet acte la date approximative de 1114, ce qui est assez vraisemblable (37).

Hardouin de Saint-Mards vivait encore en 1127 ainsi que le constate le premier acte qui nous fasse connaître son successeur Robert fils de Reinaud. Le pape Calixte II et l'évêque d'Angers Rainaud s'étaient plaints que des particuliers; parmi lesquels Hardouin est spécialement désigné, eussent usurpé par violence des prés appartenant à Saint-Florent auprès de Saumur ; le 14 août 1127 Hardouin abandonna les biens qu'il avait usurpés.

 

10. Stephanus Baucan, Balcan, Blaccanus.

Etienne Baucan, car telle me semble être la véritable forme de son nom, paraît pour la première fois à une date que Dom Housseau fixe au 8 avril 1117 dans un jugement qui déboute Girard d'Escharbot d'une demande qu'il formait contre Fontevrault (38) ce jugement est prononcé en présence du comte Foulques, de la Reine Bertrade sa mère, et sur les instances de Robert d'Arbrissel qui avait porté devant le comte la plainte des religieuses.

 

Il paraît avoir joui d'une grande réputation comme magistrat….. qui tunc senescallus erat in judicio conspicuus, est-il dit dans cette charte il est vrai que ce sont les parties ayant obtenu gain de cause qui l'apprécient ainsi.

Vers la même époque, c'est-à-dire, probablement en 1118 sans qu'on en puisse autrement préciser la date, il prend part à un jugement prononcé par le comte Foulques, qui déboute de leurs prétentions un nommé Giffard fils d'Audouin et ses frères qui voulaient revenir contre une donation faite à Saint-Nicolas par leur ayeul.

Dans la même année 1118 Baucan assiste à la fondation du prieuré simple de Langeais par le comte Foulques ; sa qualité de sénéchal n'est pas indiquée, mais il figure l'un des premiers parmi les témoins, après le comte, sa femme, deux personnes de la famille de Blaizon, et Michel precentor d'une église ; il n'est pas dit quelle est cette église (39).

Je n'ai pas trouvé d'indication pour remplir la lacune qui s'étend jusqu'à 1127, date à laquelle apparaît le nom de Robert fils de Reinaud.

Il ne me paraît pas douteux par tout ce qu'on vient de voir que Archaloius et Hardouin de Saint-Mards ayent été des sénéchaux du comte; seulement, par des raisons qui nous sont complètement inconnues, ils sont restés fort peu de temps en fonctions.

Archaloius n'a pas dû rester en fonctions beaucoup plus tard que l'année 1115, et Baucan était en fonctions à une époque où vivait encore la Reine Bertrade dont la mort doit être à peu près contemporaine de celle de Robert d'Arbrissel arrivée en 1117 (40).

 

Archaloius figure dans deux actes de 1115 sans qu'il soit désigné comme sénéchal, l'un est la donation par Robert d'Arbrissel au comte Foulques de tous ses droits in sylva Cadunensi en Périgord (41) l'autre la vente faite à Fontevrault par Jean Pignon de la Pignonière, sa femme et son fils de tous leurs droits dans la terre de la Verrière (42).

Entre 1108 et  1117 il assiste avec Etienne Baucan à ta donation qu'Aimery de la Haye et son frère font à Fontevrault du moulin de Ponchay, sur les vives sollicitations du comte Foulques (43).

Entre 1118 et 1129 avec Hardouin de Saint-Mards qui hoc viderunt et viderunt il prend part à un jugement du comte Foulques qui déclare les vignes de Saint-Florent exemptes de dîmes (44).

Archaloius figure encore avec Hardouin de Saint-Mards qui à ce moment était sénéchal dans l'acte que j'ai cité plus haut par lequel le comte Foulques donne à Saint-Nicolas la possession de la rivière autour de l'île Behuard.

Et enfin je le trouve avec Baucan auquel on reconnaît la qualité de sénéchal du comte d'Anjou, prenant part au jugement du comte Foulques qui déclare mal fondées les prétentions de Giffard fils d'Audouin et de ses frères.

Cet acte doit-être de 1118, et en supposant qu'il n'y ait pas d'autre sénéchal antérieur à Robert fils de Reinaud, je crois pouvoir ainsi fixer la succession des trois sénéchaux dont je viens de parler :

Archaloius, 1109 vers 1115.

 Hardouin de Saint-Mards 1116.

 Etienne Baucan. 1117-1127.

 

 

11. Robertus Reinaldi filius

 Robert fils de Reinaud.

Le pape Calixte II et l'évêque d'Angers Rainaud avaient adressé au comte Foulques des réclamations contre les usurpateurs des biens de Saint-Florent. Le comte leur assigna jour pour comparaître devant sa cour à Saumur le 18 août 1127 pour faire leurs restitutions. Ils aimèrent mieux les faire directement au chapitre de Saint-Florent. Les dernières eurent lieu le 22 septembre jour de la fête de Saint-Florent, et furent confirmées par une charte du comte Foulques. Après sa croix et celles de ses deux fils, Geofroi et Hélie, Robert est mentionné comme le second témoin de l'apposition du sceau (45).

C'est dans sa maison à Angers que fut signée une convention entre le comte Geofroi V et Mathieu abbé de' Saint-Florent, aux termes de laquelle ce dernier est dispensé moyennant le payement de dix mille sous de bâtir pour le comte une forteresse à Saint-Florent-le-Vieil (46).

Il est assez probable que c'est lui qui figure avec la qualité de sénéchal dans une sentence de l'évêque Ulger du 15 janvier 1132 relative aux droits de paroisse de l'abbaye du Ronceray contestés par Saint-Nicolas (47). Robertus dapifer y figure parmi les famuli de l'abbesse ; mais je crois qu'il ne faut voir ici qu'une formule de politesse qui n'a rien de commun avec l'indication de gens au service de l'abbesse, car il se trouve avec Pépin de Tours qui était prévôt d'Angers et Gozlin de Tours que nous allons voir sénéchal du comte.

En 1134, il est témoin de la concession à charge de cens faite par le comte à Payen Arnaud de la partie de sa maison située sur le mur de la ville du Mans (48).

 

 

18. Goslenus ou Joslenus de Turono.

Gozlin, Goslin ou Jouslin de Tours.

Nous trouvons encore ici une lacune qui s'étend de 1134 à la fin de 1147, date à laquelle apparaît pour la première fois le nom de Gozlin de Tours.

II figure dans un très-grand nombre d'actes qui s'étendent de 1129 à 1146 sans indication de sa qualité ni des fonctions qu'il pouvait remplir auprès du comte.

Il est probable cependant que depuis plusieurs années il était dans les fonctions publiques, car dans un acte du comte Geofroi V de 1146 il figure parmi les témoins avec cette qualification … tunc impensae meae amministratore (49), fonctions importantes, correspondant à celles de trésorier et de receveur d'Anjou que nous retrouvons aux XIVe et XVv. siècles, fonctions de confiance qui devaient retenir souvent auprès du comte celui qui en était investi. Nous le trouvons dans un acte de la même année, mais sans que sa qualité soit indiquée. Ulger de Breis ayant élevé des contestations au sujet de la chapelle de Saint-Baud, il lui est donné jour à comparaître devant le comte Geofroi pour terminer le différend qui s'était élevé entre lui et l'abbaye de Cormery ; le jour est donné à Tours pour les moines, une lacune empêche de savoir à quel endroit il a été donné à Ulger (50).

Dans un autre acte un peu postérieur .et qui est probablement du mois d'août 1147, Gozlin est désigné tunc Andegavis senescallo.  Cet acte nous a été conservé par Gaignières (51); mais seulement par extraits : le nom de 1'archevêque de Tours y est défiguré, on en a fait un Archembaud au lieu de Engebaud (de Preuilly) qui est son véritable nom. Il constate une transaction entre Raoul de Breis fils d'Ulger qui figure dans la charte de 1146 que je viens de citer et une abbaye non désignée au sujet de la forêt de Chedonio. C'est donc à la fin de 1146 ou au commencement de 1147 que Gozlin de Tours a été appelé aux fonctions de sénéchal.

Un.acte du 12 janvier 1149/50 constate sa qualité de sénéchal, il est témoin de la concession faite par le comte Geofroi à l'abbaye de Saint-Vincent d'un terrain près le Mont-Barbu pour y construire un four (52).

A partir de cette époque on rencontre souvent le nom de Gozlin dans des actes dont la date est certaine pu peut être établie avec certitude, et qui le montrent comme se tenant assiduement auprès de la personne du Roi Henri II comme comte d'Anjou et du Maine tant qu'il restait sur le continent ; je n'en veux pour preuve que la sentence définitive qu'il rendit pour mettre fin aux difficultés que Nivard de Rochefort faisait aux religieuses du Ronceray au sujet de la forêt de Lateio.

Les prétentions de Nivard avaient été rejetées une première fois du vivant de Geofroi. Après sa mort il recommence et même met en prison les hommes du Ronceray plainte est portée à Henri qui se trouve en ce moment à Barfleur pour passer en Angleterre, et qui donne Gosleno dapifero suo des ordres pour que les religieuses jouissent en paix de leur propriété. Cet acte se place entre le 25 octobre et le 7 décembre 1154, et il résulte évidemment de la rédaction que le sénéchal était aussi à Barfleur (53).

Les fonctions de Gozlin de Tours ne me paraissent pas avoir duré au-delà de l'année 1162 ; les derniers actes auxquels il a pris part et qu'il importe de remarquer sont les suivants il est témoin de la concession que fait Henri II à Saint-Florent (54) de la moitié de la foire qui se tient à Saumur à la Saint-Florent, au mois de mai (55) parmi les témoins de cet acte figure Geofroi doyen d'Angers qu'on ne connaît en cette qualité que de 1160 à 1162.

Il était encore en fonctions à une époque postérieure au 13 mars (3 des ides de mars) 1162. A cette époque en effet il prend part comme faisant partie de la cour du Roi à un jugement (56) qui rejette les prétentions de Gervasius Balcean sur les dîmes que Saint-Nicolas percevait à Brissac (Brachesac).

Cet acte se place après le 13 mars 1162 (n. s.). Gervasius Balcean porte plainte au sénéchal contre Hugues abbé de Saint-Nicolas; l'abbé répond que Saint-Nicolas ; a été en possession de ces dîmes du temps de deux évêques d'Angers, multis annis…….. in tempore duorum episcoporum, Normanni scilicet et Mathei…..  expression qui semble bien indiquer qu'il s'agit de deux personnages morts Normand est mort le 27 avril 1153 et Mathieu le 13 mars 1162 (57).

L'abbé Hugues, successeur de Barthélemy, qui n'a été abbé qu'au commencement de 1162 ajoute que la possession a duré diu suo tempore ; c'est un laps de temps indéterminé qui ne se prolonge pas au-delà de l'année 1162, comme nous allons le voir dans l'article suivant relatif à Etienne de Tours.

C'est à la même époque que nous devons placer la charte de Henri II relative au pont de Saumur et à la concession de ce pont à l'abbaye de Saumur (58).

 Parmi les témoins nous trouvons….. teste Johanne Gosleni dapifero Andegavensi ; tette est la mention qui se trouve dans le Cartulaire d'argent de Saint-Florent (fo 49), et que Dom Housseau a reproduite. Un vidimus du XIIIe siècle qui se trouve au trésor des Chartes ne reproduit aucun des noms des témoins. Il n'y aurait rien d'étonnant à ce qu'il y ait eu une erreur du copiste du cartulaire qui aura mis dapifero Andegavensi pour dapifer Andegavensis; le second de ces deux mots est bien plus souvent en abrégé (And. ou Andeg.) qu'en toutes lettres, et pour peu que dapiferi l'ait été aussi, ce qui n'a rien d'improbable, l'erreur est complètement expliquée.

Les fonctions de sénéchal n'étaient pas héréditaires à cette époque en outre les fonctions de ce fils de Gozlin auraient été de bien courte durée puisque son père était encore sénéchal après le mois de mars 1162.

Quelques historiens comptent parmi les sénéchaux d'Anjou et du Maine un certain Guillaume fils de Hamon auquel un titre du cartulaire du Ronceray donne la qualité de sénéchal du Roi, et devant lequel en 1164 Richilde prieure de Calvon fait un arrangement avec Frelon de Champigny au sujet des prémices des poissons de la pêcherie de Calvon. Ce Guillaume fils de Hamon était sénéchal de Bretagne (59).

 

13. Stephanus de Marchaio, de Marceio, de Marciaco, de Turonibus.

Etienne de Marsai ou de Tours.

Je crois que tous ces noms désignent un seul et même personnage, bien plus souvent désigné par son seul prénom de Stephanus ou Etienne, qui a succédé immédiatement à Gozlin de Tours en 1162, et qui a continué ses fonctions de sénéchal jusqu'à la fin du règne de Henri II.

Il ne faut pas le confondre avec un homonyme Stephanus de Turre qui était camerarius Regis vers 1160, et qui est un des témoins de la charte par laquelle Henri II accorde des privilèges et exemptions à tous ceux qui viendraient pour habiter la levée de la Loire et travailler à son entretien.

Une charte postérieure à 1162 par laquelle le Roi Henri II confirme à Fontevrault des prés situés auprès de Verron mentionne le double témoignage de…  .Stephano de Turonibus, Eustachio filio Stephani camerarii ; et une autre, aussi de Henri II, qui confirme la donation de l'église de Uncinis à l'église du Mans fait mention de deux fils de cet autre Etienne en même temps que du sénéchal Etienne de Tours… .Radulfo filio Stephani camerrii et Eustachio fratre suo (60).

Le nom d'Etienne figure dans un nombre d'actes très considérable soit avec une date fixe, soit avec une date approximative, et il y est désigné tantôt sous son seul prénom d'Etienne, tantôt sous le nom d'Etienne de Marsai, tantôt sous le nom d'Etienne de Tours. Mais qu'on doive considérer ces noms comme désignant un seul sénéchal ou deux, il n'est pas moins certain qu'à partir d'Etienne il n'y a plus de lacune dans l'exercice des fonctions de sénéchal.

C'est vers la fin de 1162 ou le commencement de 1163, sans craindre une bien grande erreur, que je crois pouvoir faire commencer les fonctions d'Etienne. Les documents sur lesquels je me fonde sont une sentence par laquelle il maintient le prieuré de Boire au Maine dépendant de l'abbaye de Marmoutier dans la possession exclusive du droit de pressoir sur toutes les vignes dépendant de Boire, et une charte du Roi Henri II (61) pour l'exécution de cette sentence.

 La sentence a été donnée une veille de la Saint-Jean-Baptiste, mais en quelle année ?

On vient de voir que Gozlin de Tours était encore en fonctions en 1162, à une époque postérieure à la mort de Mathieu évêque d'Angers, et à la nomination de Hugues abbé de Saint-Nicolas.

Les moines de Marmoutier portent leurs réclamations contre Hamelin d'Antenaise devant le Roi Henri II qui enjoint au sénéchal de statuer sur le champ, mais en observant les formes de la procédure, ordine juris in omnibus conservato. Le sénéchal fait citer plusieurs fois Hamelin qui ne comparaît pas, et comme c'était un seigneur considérable, il jugea à propos de suspendre la procédure, propter nobilitatem ejus dissimulari.

Voyant qu'il ne leur faisait pas droit, les moines portent plainte au Roi qui entre dans une colère violente contre son sénéchal ; celui-ci, enrayé, en voie une nouvelle citation………..iratus ultra modum erga me non abstinuit a durissimis minis.

Ego vero perterritus recedens ab eo. Au jour fixé, Hamelin ne comparaît pas davantage ; Robert de Sablé, l'un de ceux qui assistaient au jugement demande encore, et les moines y consentent, qu'une nouvelle citation et celle-ci péremptoire soit donnée pour la veille de la Saint-Jean-Baptiste.

La date de la charte de Henri II peut être fixée d'une manière assez précise. Il résulte du passage du jugement cité en dernier lieu que le sénéchal se trouvait auprès de lui, puisqu'il le quitte pour mettre fin au litige, recedens ab eo on peut tenir pour certain que le sénéchal ne suivait pas le Roi dans ses séjours en Angleterre et la charte du Roi constate la présence simultanée des évêques du Mans, d'Angers et d'Evreux il est plus que probable que ces quatre personnages ne sont pas allés à la fois en Angleterre pour obtenir la charte confirmative d'une sentence rendue à Angers dans une affaire importante, mais qui n'était pas d'une gravité exceptionnelle.

Henri II venait de faire en Angleterre un séjour qui avait duré depuis le 25 janvier 1163 jusque dans le carême de  1165 époque de son retour en France. Ce carême commence le 17 février (Pasques le 4 avril), et Henri paraît être retourné en Angleterre vers le mois d'août de la même année (62) : c'est donc dans cet intervalle de temps que se place la charte de Henri II qui a dû suivre de très près la sentence du sénéchal.

Les lenteurs de la procédure ordinaire à cette époque étaient énormes, et c'est en 1391 seulement qu'on commença à les abréger ; mais dans cette affaire, outre les retards ordinaires, il y avait ceux provenant du fait du sénéchal, et on comprend la colère du Roi et l'impatience des moines quand on voit qu'il avait fallu attendre près de trois ans pour avoir un jugement définitif.

 Une autre question, plus importante au point de vue de notices sur les sénéchaux, est celle de savoir si Etienne de Marsai et Etienne de Tours sont le même personnage, ou s'il faut au contraire y voir deux sénéchaux. La première de ces deux opinions est celle de Claude Menard la seconde celle de Dom Housseau (t. XXV, '), f° 163). Je crois que c'est l'opinion de Menard qui est la vraie.

Dans la sentence du 83 juin 1165 que je viens de discuter, le sénéchal se nomme Steph. de Marchaio, Etienne de Marsai (peut-être de Marchais) ; la charte du Roi l'appelle simplement Etienne, en lui reconnaissant expressément la qualité de sénéchal du Roi.

Trois actes de l'année 1169 lui donnent le nom de de Marsai. Le premier est du 29 mai 1169 ;  en vertu d'ordres du Roi d'Angleterre il termine un différend entre Fontevrault et Bourgueil au sujet de la terre des Loges (63).

La même année il préside à une transaction qui termine une difficulté entre le Ronceray et Luc de Chamazé au sujet de droits qu'il prétendait sur les hommes de Villa Sorit. La charte rédigée par les religieuses lui donne expressément le nom de Stephanus de Marceio sénéchal du Roi d'Angleterre celle qu'il a fait rédiger ne le désigne que sous son nom d'Etienne, mais le rédacteur fait précéder la transcription de cette charte d'une rubrique où il te désigne sous son nom de Stephanus de Marceio (64).

A partir de cette époque et dans la période des nombreux actes constatant la présence d'Etienne ou Etienne de Tours: Stephanus de Turonis ou de Turonibus (65), on n'en trouve que deux qui reproduisent le nom d'Etienne de Marsai en lui reconnaissant la qualité de sénéchal ce sont, la fondation du monastère de La-Haye-aux-Bons-Hommes près Angers (66), et la donation d'une partie de la foret de Bersay à l'ordre de Grandmont (67) qui se placent entre avril 1178 et le 26 juillet 1181 ; mais il faut bien remarquer que ces actes sont contemporains de ceux où il porte le nom d'Etienne de Tours.

Dans l'intervalle entre les actes de 1169 et ceux relatifs à l'ordre de Grandmont se placent d'autres actes où le sénéchal est dénommé Etienne ou Etienne de Tours.

Il y a d'abord la concession du pont de Sée à Fontevrault, acte qui se place entre 1170 et janvier 1178 au plus tard (68) il y est dénommé Etienne de Tours.

Puis les actes relatifs à la cession du minage et de l'eau de Saumur par Guillaume de Mauge à Fontevrault.

Tous ces actes sont du mois d'août 1178 ou d'une époque un peu antérieure. La charte par laquelle Guillaume de Mauge fait cette cession est un chirographum fait ….in presentia et auditorio Stephani And. senescalli; il est scellé par son ordre, decrevit autem Stephanus siniscallus ut medietas islius chirographi suo sigillo muniretur.

L'approbation du Roi d'Angleterre est constatée par sept chartes, et dans toutes le sénéchal s'appelle Etienne de Tours. Vient ensuite un autre acte de Henri II qui se place entre mars 1182 et juillet 1183, c'est la confirmation de la donation faite par Cyrille de Mauge à Fontevrault de droits semblables à ceux donnés par Guillaume c'est Etienne sénéchal d'Anjou dont le nom figure parmi les témoins (69).

Je citerai les deux chartes relatives à la fondation de la Chartreuse du Liget il y a d'abord la donation du Liget aux chartreux par Hervé abbé de Villeloin, acte dans lequel le sénéchal est mentionné deux fois par le seul nom d'Etienne qui assistait comme délégué du Roi (70) ensuite la charte de Henri II qui confirme cette donation et la fondation de la Chartreuse du Liget ; Etienne de Tours sénéchal d'Anjou figure parmi les témoins de cet acte (71).

Et enfin je citerai deux actes dont la date est précise une charte du 23 mai 1182 constatant la renonciation par Hervé abbé de Cormery à un procès qu'il voulait faire au prieuré du Grès, il ne lui donné que le nom d'Etienne (72) ; et ensuite une charte par laquelle le Roi Henri II dans sa cour plénière tenue à Chinon à la fin de septembre 1182 confirme un accord intervenu le 23 de ce mois par les soins de Raoul évêque d'Angers entre Fontevrault et Guillaume de Monsoreau ; Etienne de Tours sénéchal est un des témoins de cette confirmation (73).

Sans aller plus loin dans l'examen des actes auxquels a participé Etienne ou Etienne de Tours, je pense que dès à présent les actes que je viens d'analyser établissent complètement que ces deux noms désignent un seul et même personnage.

 On ne comprendrait pas en effet que le sénéchal Etienne qui fait une donation au Liget et qui est présent à la charte comme legatus ipsius Regis soit un autre que le sénéchal Etienne de Tours qui signe avec le Roi la fondation du Liget;

Ni que le sénéchal Etienne expressément désigné comme sénéchal du Roi qui le 23 mai 1182 prie l'abbé Hervé de renoncer à une contestation, ne soit pas le même que le sénéchal Etienne de Tours qui à la fin de septembre est à côté du Roi dans la cour plénière tenue à Chinon ;

 Ni que le sénéchal Etienne dans la cour duquel Guillaume de Mauge a fait la cession à Fontevrault, soit un autre que le sénéchal Etienne de Tours qui assiste au moins sept fois à la confirmation de cet acte; et probablement d'autres qui en étaient la conséquence par le Roi d'Angleterre ;

Ni que le sénéchal Etienne qui assiste à la confirmation des dons faits par Cyrille de Mauge, soit un autre que le sénéchal Etienne de Tours qui à la même époque est témoin de la fondation de la Chartreuse du Liget par le Roi Henri II.

Cet Etienne ou Etienne de Tours est-il un personnage différent d'Etienne de Marsai ? 

Les actes relatifs au minage de Saumur se placent dans la période à laquelle appartiennent les actes relatifs à l'ordre de Grandmont. Ce simple rapprochement est déjà une forte présomption que c'est le même sénéchal qui a figuré dans les uns et les autres, et que par conséquent il faut identifier Etienne ou Etienne de Tours avec Etienne de Marsai.

Le sénéchal Etienne a toujours été considéré, au même titre que le Roi Henri II, comme le fondateur et le bienfaiteur de l'hôpital Saint-Jean-l’Evangéliste à Angers. Mais si c'est de beaucoup la plus importante des fondations pieuses auxquelles son nom doive être attaché, ce n'est pas la seule dans laquelle il figure.

La donation du Liget aux Chartreux par Hervé abbé de Villeloin vers la fin de 1182 est faite precibus domini Henrici Regis Anglorum, et prece domni Stephani senescalli (74)….. La renonciation par l'abbé de Cormery au procès qu'il voulait faire au prieuré de Gressu a lieu …...per crebram senescalli. suis (Regis sc.) Stephani petitionem (75), et on vient de voir que cet Etienne est le même qu'Etienne de Tours.

C'est également le nom d'Etienne qui figure seul dans les actes relatifs à l'hôpital Saint-Jean, réunis par M. C. Port sous le titre de Cartulaire de cet Hôtel-Dieu, et qui ont été rédigés par ses soins ou par ceux de l'abbaye du Ronceray. Sa qualité de fondateur est hautement proclamée par la bulle du Pape Alexandre III (76) du 15 janvier 1181 qui rappelle les bienfaits antérieurs dont les titres ont disparu, et par une convention de 1183 avec Emma (77, abbesse du Ronceray, au sujet de l'établissement de chapelains, de leur nomination, et de privilèges auxquels lui donnait droit sa qualité de fondateur (78).

L'identité complète d'Etienne avec Etienne de Tours étant ainsi démontrée, il n'y a plus à douter maintenant que .ce sénéchal ne soit le même qu'Etienne de Marsai.

Dans le premier acte émanant de lui, celui de 1165 relatif au pressoir de Boire (ci-dessus, p. 262), il prend le nom d'Etienne de Marsai.

Dans tous les autres, c'est seulement celui d'Etienne.

 C'est dans des actes postérieurs à sa mort, mais qui sont l'oeuvre de son fils ou de l'un de ses successeurs, Guillaume des Roches, que nous voyons reparaître le nom de de Marsai.

Etienne avait un fils nommé Philippe (79) qui dans le dernier tiers du XIIe siècle se rendit acquéreur du fief de Ramefort, et qu'on croyait généralement être l'auteur d'une seconde maison de Ramefort (80).

Ce Philippe, suivant les exemples donnés par son père, fit entre les années 1190 et 1199 des donations à l'aumônerie qu'il avait fondée et en confirmation la fondation. Dans deux de ces actes il se dit fils d'Etienne sans y ajouter aucun nom de famille, ………..filius Stephani, olim ou quodam senescalli Andegavensis (81).

Dans le troisième il lui donne positivement le nom d'Etienne de Marsai ou de Marchai, et nous apprend en même temps sa parenté avec Rainaud de Voo frère de son père; et qui figure dans quelques actes de ce cartulaire, notamment dans la pancarte imprimée au n° X, p. 108, contenant plusieurs donations et où le sénéchal est simplement appelé Etienne (82).

 

Cartulaire de Saint-Nicolas) en septembre 1127 il assiste aux divers actes par lesquels le comte Foulques fait restituer à Saint-Florent des biens qui avaient été usurpés par des seigneurs voisins de Saumur ; l'acte, sorte de procès-verbal constatant ces restitutions, est scellé par le comte et ses deux fils en présence de témoins parmi lesquels Gosfridus de Ramofort, miles Sancti-Stephani Jerusalem (Cartulaire d'argent de Saint-Florent, f° 33 .Archives de Maine-et-Loire) enfin le 24 août 1139, il prend part à un jugement de la cour du comte Geofroi au sujet de la terre de Precigny (Cartulaire de Saint-Aubin, f° 3 v° Bibliothèque d'Angers). Je n'ai trouvé aucun document sur les circonstances dans lesquelles ce fief a pu passer des mains de ce Geofroi de Ramefort dans celles de Philippe fils du sénéchal Etienne.

Enfin la preuve complète de l'identité entre Etienne de Marsai et Etienne, et par conséquent Etienne de Tours résulte d'une sentence de Guillaume des Roches, de l'an 1200, qui maintient Hersendis abbesse du Ronceray en possession de l'aumônerie Saint-Jean qui lui était contestée par les frères de l'Hôpital Saint-Jean de Jérusalem, lesquels l'avaient occupée par voies de fait. Cette sentence est rendue en exécution d'une convention de 1183 (n° vu, p. 106) qui contient entre autres clauses celle que dans le cas où l'on chercherait à soumettre l'aumônerie à une église, ce ne pourrait jamais être à une autre que le Ronceray cette clause est formellement rappelée dans la sentence; ainsi que les autres conditions du service dans ladite aumônerie… in medium protulit abbatissa elemosinariam supradictam et in proprio solo in parrochia Sanctae-Mariae a Stephano de Marcai qondam piae recordationis Henrici Regis Angliae senescallo fundalam fuisse, qui in ea constituit tam clericos quam laycos ad serviendum Deo et pauperibus.

Proposuit etiam abbatissa quod, post multa in quibus ministri elemosinariae ecclesiae Beatae Mariae tenerentur subici et obedire, inter predictum Stephanum et Emmam tunc temporis abbatissam haec intercesserat pactio, quod si ad aliam religionem transire contigeret elemosinariam, ad solam Beatae Mariae abbatiam transiret, in cujus feodo fundata erat…. (83).

Etienne a conservé les fonctions de sénéchal jusqu'à la mort de Henri II.

Les dernières années du règne de ce prince furent affligées par des guerres implacables avec ses fils, guerres dans lesquelles se faisait sentir la main du Roi de France.

 Après une entrevue inutile entre les deux Rois à Montmirail sur la limite du Perche et du Maine aux octaves de la Pentecoste (4 juin) 1189, le Roi de France marche sur le Mans pour l'assiéger.

Etienne de Tours voyant cette attaque fait mettre le feu aux faubourgs de la ville ; l'incendie se communique dans la ville ; les partisans de Henri II veulent couper le pont de pierre de construction romaine jeté sur la Sarthe au pied des murs du Mans.

Après un combat sanglant l'armée de Philippe est victorieuse et entre dans le Mans pêle-mêle avec celle du Roi d'Angleterre qui n'a que le temps de fuir rapidement et de se réfugier à Chinon, où il meurt très peu de temps après accablé de chagrins le 6 ou le 7 juillet 1189 (84).

==> LES DISPOSITIONS TESTAMENTAIRES D'HENRI II PLANTAGENET ( Chinon- Fontevraud le 6 juillet 1189)

A peine les funérailles du Roi achevées, le comte Richard son fils qui n'est encore que comte de Poitou s'empare d'Etienne de Tours, le fait charger de fers, et se fait remettre par lui les châteaux et les trésors dont son père lui avait confié la garde.

 Benoit de Peterborough qui est d'accord avec Mathieu Paris (85) pour raconter cet acte de brutale avidité ajoute pour essayer de le justifier que malgré le défaut de noblesse d'Etienne, son fils avait épousé une fille noble d'Angleterre il les nt séparer et ordonna que la femme fût donnée à un autre mari, annonçant avec menaces qu'il annulerait de sa propre autorité, conformément aux lois de l'Angleterre, de pareilles unions (contubernia) contractées avec des non-nobles par des filles ou veuves nobles.

Le silence absolu de Mathieu Paris est de nature à jeter le plus grand doute sur l'exactitude du motif donné par Benoit de Peterborough. Cette violence qui paraît avoir été réservée au seul sénéchal d'Anjou et du Maine n'aurait-elle pas eu pour cause une rancune de date assez récente ?

Les historiens de cette époque nous apprennent en effet qu'en 1188 après la pacification d'une révolte du Poitou et la prise du château de Taillebourg, Richard qui n'était encore que comte de Poitiers envahit le comté de Toulouse qu'il revendiquait comme lui revenant du côté de sa mère.

==> En 1179, Richard Cœur de Lion donne l'assaut à la forteresse de Taillebourg et après la victoire ordonne sa destruction.

Richard dut céder devant une expédition dirigée contre lui par le Roi de France qui s'emparait de quelques-unes de ses possessions du centre de la France.

Mais une circonstance qui ne nous est révélée que par un des historiens anglais, Girard le Gallois (86), c'est qu'à la prière du comte de Saint-Gilles le Roi de France lui avait adressé des envoyés (nuncios) pour l'inviter à se désister de son entreprise.

 Le fait même de cet avertissement est confirmé par Guillaume le Breton dans sa Philippide (III, 38).

Quem cum non posset monitis compescere, bello Appetit. ….

Girard y ajoute quelques détails qu'il importe de rapporter ici.

En sa qualité de seigneur suzerain des deux parties, et conformément à la pratique féodale, Philippe les faisait inviter par ses envoyés à venir dans sa cour exposer leurs droits et demander la vengeance de leurs injures. ……Jusque suum in curia Franciae et injuriamrum ultionem juste susciperet ex parte Régis nuntiantes.

Le comté de Toulouse, en outre, avait été compris dans une trêve précédente conclue entre Richard et son père le roi d'Angleterre ; il y avait donc aussi infraction de trêves ou de sauvegarde dont le seigneur suzerain pouvait faire venir la connaissance devant sa cour.

 Aux termes des coûtumes féodales consacrées par les plus anciennes coûtumes d'Anjou et du Maine, la citation devait être donnée par deux pairs de la personne citée ou par deux chevaliers, et ce furent les sénéchaux de Normandie et d'Anjou auxquels cette mission fut confiée par le Roi de France. ….Missi sunt etiam nuncii ab eodem Francorum Rege senescallis Normanniae et Andegaviae, quibus mandavit quod vel comitem quatocius revocarent, vel de treugis inter ipsum et Anglorum Regem firmatis de cetero non confiderent.

Ainsi voilà le certain message que le seigneur devait envoyer à son homme de fief.

Ce ne sont pas des pairs de ce dernier, c'est-à-dire des hommes de fief du même rang que lui relevant du même suzerain mais ce sont des chevaliers auxquels on applique la règle sans aucun doute en vigueur dès cette époque « sergent à Roi est pair à Comte ».

Aussi il me parait absolument impossible de supposer un instant que Philippe-Auguste ait confié une semblable mission à quelqu'un dont la noblesse aurait été simplement douteuse (87). Peut-être Etienne montra-t-il plus de vivacité et de véhémence dans l'accomplissement de sa mission que son collègue de Normandie ; c'est bien possible et cela suffit amplement pour expliquer les violences de Richard.

 Le Cartulaire composé par M. Port renferme deux chartes d'Etienne jadis scellées (n° X et XI) ; s'il n'est pas possible d'en tirer un argument qui pourrait être décisif, on peut invoquer le témoignage de Dom Housseau (t. XXV, 1, f° 163) qui parle d'une sentence rendue par lui au profit de Saint-Mainbeuf d'Angers le 5 des ides de septembre 1185: « cette sentence, dit-il, est scellée de son sceau auquel il est représenté à cheval avec un bonnet garni de plumes, tenant un oiseau sur le poing sans aucunes armes. »

En 1183 (Port, op. c.; n°VII, pag. 106) accord entre Emma abbesse du Ronceray et le sénéchal Etienne dont on proclame une fois de plus la qualité de fondateur de l'hôpital ou aumônerie ; il pourra en cette qualité y établir des prêtres, et on fixe les conditions dans lesquelles ils pourront y célébrer la messe, conditions auxquelles il ne pourra être dérogé… .nisi causa necessitatis, vel adventus Stephani siniscalli et suorum heredum, vel alicujus nobililis et altae personae ….

Cet acte est fait avec une grande solennité, et parmi les personnes qui y comparaissent du côté du sénéchal nous remarquons outre son frère, Maurice de Craon et David de Châteaubriant.

 

Il faut avouer qu'il est assez singulier d'accorder à un non-noble des privilèges honorifiques qu'on ne doit qu'aux personnes nobles et d'un rang élevé.

Dans la donation que Hugues vicomte de Châteaudun lui fait en récompense de ses services (fort, op. c., n° VIII, pag. 107), le donateur y met cette condition qu'il viendra lui en faire hommage, et fera le service avec deux chevaliers pendant huit jours chaque année …..ad hominium et ad serviotium duorum militum per VIII dies semel in anno ad meam submonitionem….

Cet acte est fait à Mondoubieau en présence de très nombreux témoins, entre autres Richardus chamberlanus qui capam viridem Stephani siniscalli Andegavensis quando inde mihi fecit himonium habuit.

Si enfin on rapproche de tous ces actes une mention de l'obituaire de la Haye qui reconnaît à Raynaud de Voo ou Vou la qualité de chevalier, miles (88), et un acte émanant de Philippe de Remefort qui y prend la même qualité, acte auquel M. Port (n°xv, pag. 110) attribue la date entre 1190 et 1195, je crois qu'il sera bien difficile d'admettre complètement sur la fin des fonctions du sénéchal Etienne le récit de Benoît de Peterborough, et de voir dans les actes de Richard autre chose qu'une avidité qui ne recule devant aucune violence pour se satisfaire. La donation de Hugues de Châteaudun nous fait connaître un parent (cognatus) qui se nomme Guionet..

 

Une donation faite par Philippe de 1198 à 1200(n°xxv, p. 113) à l'abbaye de Perseigne d'une rente sur ses moulins de Benais est faite pour le salut de son âme et de celle de sa femme Julienne ; voilà pour la famille.

Quant à son origine, elle me paraît être l'Anjou, le Maine, peut-être même la Touraine (89).

En même temps qu'il confirme un droit sur le pont d'Angers, Philippe, son père et sa mère confirment tout ce qu'ils possédaient près de Moliherne…..de hoc quod ipse, et mater mea, et ego possidebamus apud Rochetas et in Racineto sito juxta Molihernam et in Fontanis Borrellli … Les gardes qu'il doit de deux chevaliers pendant huit jours chaque année sont dues à Saint-Calais ou à Mondoubleau.

Les IX sols de cens donnés par Etienne et par son frère Rainaud de Voo et confirmés par Philippe étaient situés à Aigrefain. C'est sur les moulins de Benais qu'est assise la rente donnée à l'abbaye de Perseigne.

Rainaud de Voo avait un fief à Pruniers, et  Etienne un fief à Saint-Léonard duquel dépendaient des vignes sur lesquelles un nommé Guillaume donne une garantie pour des engagements pris par un nommé Burellus (n° X, pag. 108, col. 2). Il me semble difficile d'admettre en voyant la situation de toutes ces choses données, que le chef de la famille qui les donnait .ne soit pas originaire du pays, et que ce fût un Anglais venu avec Henri II : un étranger nouvellement fixé dans le pays n'aurait sans doute pas eu le temps de réunir dans sa famille assez de biens pour permettre de faire des donations aussi considérables que celles qu'on vient de voir, et d'ailleurs la donation importante d'Hugues de Châteaudun en rappelant les services rendus à son père se reporte par cette seule indication à une date assez reculée pour qu'on puisse en conclure que celui qui les avait rendus n'était pas un noüvel arrivant dans le pays.

 

14. Paganus de Rupeforti

Payen ou, Péan de Rochefort.

Si l'on devait s'en rapporter à un acte dont la copie est conservée aux archives de la Sarthe (90), Payen de Rochefort aurait été appelé par Henri II de son vivant aux fonctions de sénéchal d'Anjou et du Maine.

Cet acte est un mandement adressé par le Roi d'Angleterre comte d'Anjou à Guillaume de Sillé pour qu'il fasse rendre aux chanoines de Saint-Pierre-de-la-Cour la terre de Rouessé (de Rosseio) qui avait été usurpée sur eux ; et nisi feceris, ajoute-t-il, Paganus senescallus meus faciat.

Les historiens anglais que je viens de citer attribuent jusqu'au dernier moment la qualité de sénéchal d'Anjou à Etienne ; il l'a été jusqu'après les funérailles de Henri II, puisque c'est au retour de ces funérailles qui eurent lieu à Fontevrault que Richard se livra aux scènes de pillage et de violences qu'ils nous ont rapportées le copiste de la charte que je viens de citer a bien pu prendre un R majuscule pour un H, et attribuer à Henri un acte de Richard.

La nomination de Payen de Rochefort aux fonctions de sénéchal doit donc être de la fin de juillet 1189 ou être de très peu postérieure.

Nous ie trouvons le 2 février suivant l'un des témoins de la confirmation par Richard de la fondation de la Chartreuse du Liget (91) ; et le 8 avril témoin de la confirmation des donations faites par les comtes Foulques et Geofroi à l'abbaye du Loroux (92).

Cette même année 1190, sans que le jour soit indiqué, il rend conjointement avec la Reine Aliénor un jugement entre Fontevrault et le prévôt (praetor) de Saumur qui prétendait percevoir des droits sur le marché au blé de Saumur ces droits furent reconnus appartenir à Fontevrault (93).

 ==> 1190 Jugement devant la cour d'Aliénor d'Aquitaine et le sénéchal d'Anjou entre l'abbaye de Fontevraud et le prévôt de Saumur

Le 20 juin 1190, à Chinon, Payen de Rochefort est témoin de la confirmation par le Roi Richard de donations faites par Henri II à Richard du Hommet et le 26 du même mois de la confirmation de la dignité de connétable de Normandie à Guillaume du Hommet, fils de Richard, à qui Henri II l'avait donnée (94).

 

Il intervient aussi à plusieurs autres actes qu'il est inutile de rappeler, le dernier est un acte postérieur à 1195 constatant qu'en sa présence Guillaume Croslebois renonce au droit,qu'il prétendait de prendre la taille sur les hommes de Saint-Serge dans plusieurs endroits (95).

Il avait un frère nommé Olivier qui figure comme témoin à un accord entre l'aumônerie Saint-Jean d'Angers et André Terretient au sujet de terres (96) ; cet accord se place entre 1189 et 1195; sans que la date en soit autrement déterminée.

Payen de Rochefort embrassa le parti du Roi d'Angleterre dans les guerres qui suivirent le meurtre d'Artur.

 

15. Robertus de Turneham,

Robert de Turnham.

Celui-là était Anglais d'origine et appartenait à une famille considérable. Il avait accompagné Richard à la Croisade; il commanda au mois d'avril  1191 une partie de l'armée navale et contribua puissamment à la manœuvre qui amena la défaite complète d'Isaac Comnène qui s'était déclaré Empereurde Chypre, et par suite la conquête de l'île.

Les garnisons ennemies se soumirent presque toutes, Isaac fut fait prisonnier et Robert de Turnham fut désigné par le Roi avec Richard de Carnville pour veiller à la garde de l'île.

Ce dernier accompagna son souverain au siège de Saint-Jean-d'Acre où il mourut en juin suivant.

Robert de Turnham resté seul dans l'île de Chypre eut à combattre une insurrection à la tête de laquelle s'était mis un moine de la famille de l'Empereur à ce .qu'on disait. Cette insurrection fut complètement réprimée, et Robert resta dans l'île en qualité de justicier jusqu'au moment où il accompagna le Roi Richard à son retour en Europe.

Fait prisonnier en même temps que lui, il fut chargé par son souverain de rapporter en Angleterre ses équipements…..venit Lundonias Robertus de Turnham familiaris regius missus ab eo cum hernasio suo in Anglia (1194) (98).

 

A la même époque il fut chargé par le Roi, conjointement avec Gauthier archevêque de Rouen et Savary évêque de Bath de demander à l'Empereur Henri de vouloir bien laisser son neveu Othon faire la guerre avec lui (99).

Richard ayant été mis en liberté dans les derniers jours de janvier ou les premiers de février 1194; il en résulte que cette mission lui fut donnée pendant la captivité du Roi, et que probablement les pourparlers qui eurent lieu à ce sujet ont fait partie des négociations relatives à sa mise en liberté.

C'est dans le courant de l'année 1196 qu'il remplaça Payen de Rochefort.

 Il est mentionné comme témoin dans les lettres de la Reine Aliénor (100) de cette même année, constatant la donation faite par Marie de Mailé à Fontevrault de tout ce qu'elle avait dans les paroisses de Torchan et de Perronay.

Le 12 août 1197 il est témoin de la donation faite par Richard à l'abbaye de Marmoutier de 3000 sols à prendre sur le péage d'Angers, in  theloneo Andegavensi, et il donne des lettres pour l'exécution de cet acte (101).

 Le 17 octobre suivant, avec Guillaume des Roches et Guillaume du Hommet connétable de Normandie, il est l'un des témoins de l'échange d'Andely entre le Roi Richard et Gauthier archevêque de Rouen (102).

 En  1198 il eut pour son propre compte en Angleterre un procès à soutenir contre Philippe évêque de Durham (Dunelmensis) au sujet du manoir de Cliff que l'évêque prétendait être tenu de lui, et que Robert prétendait devoir avoir in demenio.

Le serment de douze homines legales repoussa les prétentions de l'évêque (103) qui d'après l'historien avaient quelque apparence de fondement. Cette décision fut sans doute rendue aux assises d'York, car il ajoute cette mention : facta autem haec sunt coram Hugone Bardulphi et magistro Rogeri Harundel  et Gaufrido Haget tunc temporis placitorum eoronae Regis apud Eboracum justiciariis.

A la même époque il est chargé encore par le Roi Richard de faire une enquête sur l'élection d'un abbé de Noyers, et il fait approuver par le Roi le résultat de son enquête (104).

 Il s'agit évidemment dans cet acte de l'élection d'Eudes d'Azay qui a remplacé Henri mort le 19 novembre 1198 après avoir gouverné 28 ans l'abbaye ; Richard étant mort le 6 avril 1199 (n. s.), la date de cet acte se place nécessairement dans cet intervalle.

==> Châlus - Récit de la mort de Richard Cœur de Lion d’après Roger de Hoveden.

La mort de Richard fut le signal d'une nouvelle reprise de ces guerres terribles qui ont ensanglanté l'Ouest de la France pendant les dernières années de Henri II, et qui ne cessèrent que par la chute complète de la domination anglaise dans la Normandie, l'Anjou et le Maine après que ces pays eurent été occupés par Philippe-Auguste.

Robert était encore sénéchal le 21 avril 1199 (Pasques le 18 avril) ; il est ce jour-là témoin de la donation de l'étang de Langeais faite à l'abbaye de Turpenay par la Reine Aliénor et le Roi Jean pour le repos de l'âme de Richard (105).

==> 1199 le vicomte de Thouars s'empare de Tours - Don du château de Langeais à Robert de Vitré par Arthur 1er, duc de Bretagne.

==> 1199 Jean sans Terre, roi d’Angleterre (Aliénor d'Aquitaine)- Fortifications de LOUDUN - Porte du Martray

Au mois de mai, le comte Artur le remplaça par Guillaume des Roches.

Ce remplacement ne fut pas accepté de suite par le Roi Jean qui ne reconnut des Roches en qualité de sénéchal qu'à la fin de décembre.

 C'est dans les pages qui vont suivre, consacrées à Guillaume des Roches, qu'on trouvera quelques détails sur les événements auxquels prirent part Payen de Rochefort et Robert de Turnham.

 

16. Guillelmus, Guillermus, Willelmus, Willermus de Rupidus, quelquefois mais rarement de Rupe (106).

Guillaume des Roches.

D'après Ménard cité par Dom Housseau, Guillaume des Roches aurait été un cadet de la famille des Roches Corbon en Touraine (107). Dom Housseau n'est pas aussi affirmatif et pense même qu'il était Angevin. Ce qui est certain c'est que son père s'appelait Baudouin et son ayeul Herbert, que les quelques biens patrimoniaux qu'il possédait étaient à Château-du-Loir ou aux environs (108), que c'est là que paraît avoir été sa résidence principale, et que c'est à côté de Château-du-Loir, dans l'ahbaye de Bonlieu fondée ou restaurée par ses soins qu'il avait choisi le lieu de sa sépulture ; je pense donc qu'on doit le considérer comme originaire du Maine.

 Il est certain encore que c'était un cadet de sa maison, ou au moins issu d'une branche cadette comme il paraît par le lambel de ses armes (109).

 La date de sa naissance est inconnue. Par d'ingénieux rapprochements M. G. Dubois la place entre 1055 et 1060, ce qui est assez vraisemblable. Il avait été marié une première fois, mais ce premier mariage n'avait pas été de longue durée (110).

 Son grand mérite l'avait fait distinguer par le baron de Sablé qui vers 1189 ou 1190 lui donna sa fille Marguerite en mariage : « Guillaume des Roces qui boins chevaliers estoit, nes iert d'Anjo, povres bacelers ot esté ; mais par sa proece avoit il à feme la dame de Sabluel, par coi il estoit riches ber » (111).

Ce mariage le mettait au nombre des plus puissants seigneurs de l'Anjou et du Maine ; Marguerite de Sablé lui apportait en mariage Sablé, Louppelande et La Suze dans le Maine, Precigné, Briolay et Brion en Anjou.

Peu de temps après son mariage nous le trouvons l'un des commissaires chargés de négocier et de rédiger le traité conclu à Mantes le 8 juillet 1193 entre le Roi Richard et Philippe-Auguste, et il y apposa son sceau avec trois autres commissaires per praeceptum Regis Angliae domini nostri, c’était en effet son vassal à cette époque (112).

Le 17 octobre 1197 il est avec Robert de Turnham sénéchal d'Anjou et Guillaume du Hommet l'un des témoins de l'échange des Andelys entre Richard et l'archevêque de Rouen (113).

 Et le 19 février 1199, la 10e année de Richard, encore avec Robert de Turnham l'un des témoins d'une donation de cent sous sur le péage de Baugé faite par le Roi au prieuré des Loges appartenant à Fontevrault (114).

 Les événements postérieurs le portèrent au premier rang, il ne fut jamais au-dessous de la situation qu'ils lui firent.

Richard mort le 6 avril 1199 n'avait pas d'enfants. De ses deux frères, Geofroi duc de Bretagne par sa femme Constance, et Jean comte de Mortain, il ne restait plus que ce dernier; Geofroi l'aîné de Jean était mort en 1186 laissant Constance enceinte, et qui accoucha le 29 mars 1187 d'un fils auquel on donna le nom d'Artur (115).

Ce jeune prince, encore enfant en 1199, arrivait à la succession de l'Anjou et du Maine par représentation de son père d'après les coûtumes d'Anjou et du Maine et son droit était considéré comme tellement certain que sous l'influence de Guillaume des Roches il se forma sur le champ en sa faveur un parti considérable des seigneurs de la Bretagne, de l'Anjou, du Maine et de la Touraine qui le reconnurent comme leur seigneur lige, « dicentes judicium et consuerudinem terrarum illarum esse quod filius fratris senioris debet ei seccedere in patrimonio sibi debito, videlicet in hereditate quam Gaufridus comes Britanniae pater ipsius Arturi esset habiturus si supervisisset Richardum Regem Anglaie fratrem suum….. «  (116).

 

Le principe de représentation ainsi posé pouvait suffire s'il s'était agi de la succession d'un des barons du pays mais comme il s'agissait de la succession du souverain, ii était nécessaire que la force vint à son aide.

 Un neveu de Robert de Turnham du prénom de Thomas livrait le jour de Pasques (18 avril 1199) le château et la ville d'Angers à Artur et à Guillaume des Roches qui s'emparaient aussi du Mans.

Pendant ce temps Jean s'emparait de Chinon et du trésor de Richard, se rendait à Beaufort où il se trouvait le même jour qu'Artur entrait dans Angers, de là se rendait à Rouen pour se faire proclamer duc de Normandie, et en passant par Le Mans il s'emparait de la ville dont il démolissait les murs et le château, et emmenait prisonniers un certain nombre d'habitants pour les punir d'avoir reconnu Artur pour leur souverain contrairement à la fidélité qu'ils lui avaient promise (117).

En reconnaissance des services qu'il venait de lui rendre, Artur donnait en fief et héritage à Guillaume des Roches et à ses héritiers la sénéchaussée d'Anjou et du Maine, Mayet et ses dépendances, la forêt de Bersay et ses dépendances.

 Le Roi de France dont la main se retrouve à chaque instant dans les affaires de t'Ouest de la France qu'il convoitait depuis longtemps, confirmait en les reproduisant les lettres de donation d'Artur par lettres datées de Montlandon du mois de mai 1199 (118).

 Non content d'affirmer ainsi ses droits de suzeraineté sur l'Anjou et le Maine, Philippe-Auguste envahit la Normandie jusqu'à Evreux, et s'avance jusqu'au Mans où il reçoit d'Artur qui était venu à sa rencontre l'hommage du Maine, de l'Anjou et de la Touraine puis il se rend à Tours où il reçoit l'hommage de la Reine Aliénor pour le Poitou, pendant qu'Artur était solennellement installé en qualité de chanoine de Saint-Martin (23 mai) (119).

 Forcé de quitter Tours par une invasion de Poitevins partisans à ce moment de Jean; il retourne précipitamment au Mans avec sa mère la comtesse Constance.

Peut-être est-ce à Tours qu'elle l'avait confié à la garde de Philippe, ce qui est certain, c'est qu'au mois de juin il était encore au Mans (120), et que c'est le 25 juillet seulement qu'il fut emmené par le Roi de France à Paris.

Aussitôt après son couronnement Jean revenait en Normandie.

Après le 15 août il avait eu avec le Roi de France entre Boutavant et Gaillon une entrevue demeurée sans résultat à cause des prétentions exagérées de Philippe.

Non content en effet de réclamer pour Artur le Poitou, l'Anjou, le Maine, !a Touraine et la Normandie, il réclamait pour lui-même le Vexin tout entier qu'il prétendait avoir été donné au Roi Louis-le-Gros par Henri II en rémunération des secours qu'il lui avait donnés dans la guerre qu'il eut à soutenir contre le Roi Etienne (121).

Si le Roi de France était exigeant, le Roi d'Angleterre était d'une insigne mauvaise foi, car le 18 août 1199 aux Andelys intervenait entre lui et Rainaud comte de Boulogne un traité par lequel il s'engageait à ne pas faire la paix avec le Roi de France sans le consentement dudit comte de Boulogne (122).

Peu de temps après par un acte daté d'Auvers-le-Hamon 18 septembre, il chargeait Guillaume des Roches qui était reste à la tête des chevaliers d'Artur de se réunir à ceux qu'il voudrait choisir de bonne foi soit parmi eux, soit parmi ceux d'Angleterre pour faire entre lui et son neveu Artur un traité de paix à l'honneur et à l'avantage de chacune des parties (123).

Immédiatement après, le 22 septembre, le Roi Jean entrait sans difficulté dans le Mans (124).

Pendant ce temps Philippe après avoir pris Conches s'avançait vers le Maine, s'emparait au commencement d'octobre de Ballon, à quatre lieues à peine au nord du Mans, et mettait le siège devant le château de Lavardin ou Laverdin entre Ballon et Le Mans (125).

En apprenant l'arrivée de Jean il lève le siège de Lavardin se rend au Mans, puis se sentant trop près des forces du Roi d'Angleterre il se retire du Maine qu'il abandonne définitivement. Tous ces événements ont dû se passer du 1er au 8 octobre.

Nous venons de voir qu'au mois d'avril précédent Jean avait détruit les fortifications du Mans, c'est ce qui explique les occupations successives et si faciles de cette ville.

Guillaume des Roches se trouvait encore au Mans le 29 septembre (126) très probablement pour négocier les termes de l'accommodement entre Artur et le Roi Jean.

Bien qu'il n'eût pour ainsi dire pas quitté celui-ci, il était toujours à la tête des chevaliers d'Artur (127) et en exécution de conventions antérieures il avait rejoint l'armée de Philippe dont il était l'auxiliaire à la prise de Ballon.

Philippe n'ayant pas de forces suffisantes pour garder cette place en ordonna la destruction, ce dont Guillaume lui avait adressé de vifs reproches parce que ce n'étaient pas là les conventions intervenues entre lui et Artur, « plurimum increpavit Regem Franciae dicens quod ita non convenerat inter illum et dominum suum Arturum » ; à quoi le Roi de France répondit que les intérêts d'Artur (128) ne l'empêcheraient pas de faire ce qu'il voudrait de ses conquêtes.

Des Roches avait pu soustraire habilement Artur à la garde de Philippe qui, en se retirant devant les forces de Jean lui avait conjointement avec Artur confié la garde de cette ville mais au moment où Jean se présentait devant le Mans, Guillaume lui livrait la ville, et par ses soins la paix était conclue entre l'oncle et le neveu, pacificavit eum cum Johanne Rege.

En agissant ainsi Guillaume abandonnait la cause du Roi de France.

La réponse que celui-ci lui avait faite après la destruction de Ballon lui prouvait qu'il entendait rester le maître quel que fût le seigneur de l'Anjou et du Maine.

Guillaume espérait-il conserver une plus grande indépendance entre un jeune homme encore enfant qui lui aurait dû tout, et un souverain dont la capacité et l'intelligence étaient bien inférieures à celles du Roi de France, et qui par la constitution géographique de ses Etats se trouvait obligé à faire des séjours fréquents et prolongés à une grande distance de l'Anjou et du Maine, soit sur le continent, soit surtout de l'autre côté de la mer.

Les événements se sont précipités avec une telle rapidité pendant les premiers jours de ce mois d'octobre qu'on peut supposer que Guillaume, tout en ménageant sa situation personnelle, pensait agir dans les intérêts d'Artur son souverain immédiat.

Le Roi Jean aurait pu très probablement se passer de l'intervention' de Guillaume et d'Artur pour reprendre possession du Mans.

A peine entré dans la ville, il faisait venir de force (coactus) le vicomte de Thouars dont la fidélité lui était devenue suspecte, et lui enlevait la garde du château de Chinon qu'il confiait au connétable de Chester Roger de Lacy, et la sénéchaussée d'Anjou qu'il lui avait donnée peu auparavant.

 En même temps Artur était prévenu (Mathieu Paris qui rapporte le fait ne dit pas par qui) que Jean voulait le faire prisonnier dans la nuit avec sa mère Constance, le vicomte de Thouars et un certain nombre de seigneurs qui abandonnaient le parti du Roi d'Angleterre, il s'enfuit et se réfugie à Angers (129).

 Le Roi Jean ne paraît avoir poursuivi les fugitifs, il marchait dans la direction opposée, était le 13 octobre à Verneuil et le 21 à Château-Gaillard. Il semble avoir consenti tacitement à laisser à Artur la possession paisible d'Angers et de l'Anjou (130), bien que ce soit dans le courant de l'hiver 1199-1200 qu'on doive placer la dévastation d'Angers par la Reine Aliénor et les routiers de Mercadier en punition de ce que la ville avait accueilli Artur (131).

Quant à Guillaume des Roches qui était au Mans au moment de  la fuite d'Artur et de sa mère (132) il resta attaché au parti du Roi Jean, et on peut presque dire à sa personne (133).

 Ce n'est cependant qu'à la fin de décembre 1199 qu'il lui reconnaît expressément !a qualité de sénéchal d'Anjou (134) et à partir de ce moment, cette qualité lui est constamment reconnue dans les actes du Roi d'Angleterre, soit qu'il y intervienne comme témoin (135), soit que ces actes lui confèrent diverses missions (136).

Il semble résulter de ce qui précède que, tant qu'Aimery de Thouars a conservé ses fonctions de sénéchal, c'est-à-dire jusqu'au commencement d'octobre 1199, il y a eu deux sénéchaux en Anjou, Aimery de Thouars sénéchal du Roi qui ne conserva ses fonctions que peu de mois, et Guillaume des Roches sénéchal du comte contre lequel Jean paraît n'avoir dès l'origine témoigné aucune animosité, bien que le soulèvement en faveur d'Artur, l'acceptation des fonctions de sénéchal et la confirmation dans ces fonctions par Philippe-Auguste pussent être considérées comme une rébellion et une félonie.

A partir de la révocation d'Aimery de Thouars, Guillaume est reconnu tacitement d'abord, expressément ensuite par le Roi Jean comme sénéchal, et enfin le 24 juin 1200, par lettres datées de Chinon, il lui confère la sénéchaussée d'Anjou, Maine et Touraine pour lui et ses héritiers, la forêt de Bersay et Mayet dans les mêmes termes que les lettres du Roi de France de l'année précédente, et ii reçoit son hommage lige de tout ce qu'il vient de lui donner, en même temps que de la baronnie de Sablé (137).

Aussitôt après le retour de Jean en Normandie un nouveau rapprochement entre les deux Rois eut lieu aux environs de Vernon.

Par traité conclu au Goulet (entre Vernon et les Andelys) le 22 mai 1200, le Roi de France rendait au Roi d'Angleterre Evreux et tout le comté avec toutes les terres et seigneuries qu'il avait prises pendant la guerre, et que le Roi Jean donnait en dot à sa nièce Blanche (de Castille) qui épousait Louis fils du Roi de France raison de cette donation et des nets de la Bretagne que le Roi Philippe lui abandonnait, il payait à titre de rachat 20,000 marcs sterling (a raison de 13 sols et 4 deniers pourmarc).

==> 22 Mai 1200 - Traité de paix du Goulet conclu entre Philippe II Auguste et Jean sans Terre.

Le Roi Jean recevait l'hommage d'Artur pour la Bretagne qu'il devait tenir de lui Jean en qualité d'héritier légitime, sicut rectus heres se reconnaissait vassal du Roi de France pour tous ses fiefs comme son père et le Roi Richard son frère les avait tenus, et sous les obligations que doivent tous fiefs, sicut eoda debent.

Les droits d'Artur sur les fiefs et sur le domaine de la Bretagne ne pouvaient être diminués qu'en vertu d'un jugement de la cour du Roi Jean son nouveau suzerain (138).

Artur qui probablement depuis quelque temps avait rejoint le Roi de France restait auprès de lui par crainte de son oncle, adhuc timens sibi remansit in custodia Regis Francorum (139).

Jean reprit possession sans difficulté de l'Anjou et du Maine ; le 8 juin 1200 il était rentré au Mans, le 18 à Angers, il prenait le titre de comte d'Anjou (140), et le 30 août suivant, à Chinon, assignait le douaire de sa femme sur plusieurs villes et seigneuries de l'Anjou et du Maine (141).

==> 31 aout 1200 Chinon Lettres de protection en faveur de Savary, maire de Poitiers, et d'exemption de tous droits royaux sur ses propriétés situées dans les États de Jean Sans-Terre.

Il pouvait même regarder sa possession comme bien assurée, puisque au mois d'octobre il s'embarqua pour l'Angleterre où il resta jusqu'au mois de juin suivant.

A son retour en juin et juillet 1201 il allait passer quelques jours à Paris où une réception brillante lui fut faite, ië vin du Roi de France fut bu à profusion, il reçut de nombreux et magninques présents dont les conseillers de Philippe profitèrent aussi s'il faut en croire l'accusation portée par !e chroniqueur de Tours qui affirme que Jean fut investi du comté d'Anjou au mépris des droits de son neveu, pecunia data….. per curiae regalis judicium (142).

 Cette dernière assertion est un peu hasardée et contredite par les autres chroniqueurs. Que Jean, lors de ce séjour, ait cherché à se faire des partisans par tous les moyens, c'est fort probable, mais qu'il ait fait à ce moment foi et hommage c'est ce qui n'est nullement établi, puisque moins d'un an après Philippe les lui réclamait.

Ce qui est probable aussi, c'est que le séjour d'Artur auprès de Philippe-Auguste se prolongeant, le Roi Jean fut reconnu comme bail ou administrateur pendant le temps que cette absence durerait.

Guillaume des Roches ne paraît pas avoir accompagné le Roi Jean pendant son séjour à Paris.

Son nom ne figure pas non plus parmi ceux qui l'année précédente ont assisté au traité du Goulet et aux pourparlers qui l'ont précédé jusqu'au moment de la catastrophe de Mirebeau, il semble s'être renfermé dans ses fonctions de sénéchal et avoir à peine quitté l'Anjou et le Maine (143).

A partir de ce moment Guillaume des Roches prend tout-à-coup une part considérable, quelquefois même prépondérante dans les événements, car on ne peut méconnaître que sa défection du parti du Roi Jean et son adhésion, bien payée il est vrai mais bien ferme au Roi Philippe, a été décisive pour amener la réunion de l'Anjou et du Maine à la couronne de France.

 

Pour bien comprendre les événements qui vont suivre, il faut revenir un peu en arrière.

Le Roi Jean n'avait pas d'enfants d'Havoise ou Hawisia sa femme. Il s'avisa un jour qu'ils étaient parents au troisième degré et il fit prononcer son divorce.

 Aussitôt après il contracta mariage avec la fille du comte d'Angoulême (144) le mariage eut lieu à Angoulême quelques jours après, le 30 août, le douaire de la Reine d'Angleterre était régie à Chinon (145), puis au commencement d'octobre Jean l'emmenait en Angleterre où il la faisait couronner le 9 du même mois à Westminster (146).

La jeune fille était cependant mariée au comte de la Marche Hugues-le-Brun; le mariage avait eu lieu par paroles de présent, forme admise par l'Eglise comme pouvant constituer un mariage valable mais comme la jeune Isabelle n'avait pas encore atteint l'âge nubile, le mariage n'avait pas encore eu lieu en présence de l'Eglise et n'avait pas été consommé en attendant elle avait été confiée à la garde de son mari Hugues-le-Brun, et c'est à lui que son père l'enleva pour la donner au Roi d'Angleterre.

 Soit connivence, soit peur des violences de son souverain, Hélie archevêque de Bordeaux ne vit que le défaut de consommation du premier mariage et passa outre à la célébration du second (147).

C'était là un fait des plus graves qui entraînait pour le seigneur la perte de l’obéissance de son vassal.

Un commencement de soulèvement de la noblesse du pays paraît avoir eu lieu ; pour le réprimer Jean profitant de ce que le comte de la Marche et son frère le comte d'Eu se trouvaient pour son service en Angleterre saisit quelques-uns de leurs châteaux, et entre autres fit faire par Guerin de Glapion sénéchal de Normandie le siège de Driencourt (aujourd'hui Neufchatel-en-Bray).

Ceux-ci portèrent au Roi de France comme chef seigneur (capitali domino) plainte contre les déprédations et les injures du Roi d'Angleterre.

Philippe ne pouvait manquer de saisir une occasion qui lui permettait d'intervenir d'une manière parfaitement légale dans les affaires de son vassal ; il était seul compétent pour statuer entre lui et ses vassaux.

 D'après le témoignage de Guillaume le Breton (Phil. VI, 105 et suiv), il commença par l'inviter à faire droit aux réclamations de ses adversaires. Jean paraît avoir opposé tous les moyens qu'il put inventer il y eut même d'après Mathieu Paris pendant le carême de 1203 (27 février- 14 avril) une entrevue au château du Goulet entre les deux souverains.

Elle n'amena aucun résultat, Philippe fit alors semondre Jean comme comte d'Anjou et de Poitou et duc d'Aquitaine à comparaître devant sa cour à Paris quinze jours après Pâques.

Cette fête tombant en 1202 le 14 avril, le délai de comparution devant la cour du Roi de France se trouvait ainsi écheoir le 29 avril.

Les procédures entre plaideurs de cette qualité doivent être appuyées par d'autres arguments que le bon droit ou la régularité des actes, mais au moins en ce cas Philippe agit conformément aux règles de la procédure de ce temps.

 Jean, comme duc d'Aquitaine et comte d'Anjou fut semons par les seigneurs de la cour de Philippe qui devaient être considérés comme ses pairs, summonitus est per proceres regni Francorum quasi comes aquitaniae et Andegaviae (Raoul de Coggeshale)……submonuit sicut hominem ligium (Rigord).

 

La semonse en outre était faite dans une forme autorisée par les usages généralement suivis.

 Tandis que nos législations modernes, surtout depuis l'ordonnance de 1667, exigent impérieusement que l'objet de la demande soit énoncé avec précision, les usages plus anciens permettaient de faire citer le défendeur pour répondre à toutes les demandes qui seraient formées contre lui (148).

 Cette manière de procéder était de droit commun, et c'est dans ces termes que Jean fut cité à comparaître devant la cour du Roi de France quod….. Parisius veniret, super his que Rex Francorum adversus eum proponeret, sufficienter responsurus.

Rigord nous reproduit les termes légaux de la citation, mais il était impossible de se méprendre sur la demande du Roi de France ; il dit en termes généraux que Jean avait été semons à cause de ses comtés de Poitou et d'Anjou et de son duché d'Aquitaine ; Raoul de Coggeshall ne parle pas du Poitou, mais il dit en termes généraux qu'il devait comparaître pour répondre des torts qu'il avait eus envers son souverain, domino suo de injuriis illatis responsurus, et pour obéir à droit à tout ce que ses pairs lui ordonneraient ; enfin Guillaume le Breton dit expressément que Jean était semons pour faire hommage pour le duché d'Aquitaine et les comtés de Poitou et d'Anjou.

De son côté le Roi Jean par lettres datées des Andelys 27 mars 1202 avait semons son neveu Artur de venir aux octaves de Pasques (21 avril) à Argentan pour lui faire l'hommage qu'il lui devait (149).

Etait-ce une réponse à la semonse ou sommation que lui avait faite le Roi de France, ou bien au contraire en était-elle la cause? C'est ce qu'il est bien difficile de déterminer les choses en étaient entre eux à un point tel que le moindre choc devait amener un conflit des plus graves.

 Cependant après quelques difficultés Jean reconnut la régularité de la citation du Roi de France et s'engagea à lui remettre les châteaux de Tilières et de Boutavant comme gage de sa comparution à l'époque indiquée, ou au moins à une époque voisine (150).

Mais en même temps Jean faisait ses préparatifs pour n'être pas pris au dépourvu.

Dès le 29 mars, il envoyait par Guerin de Glapion à Guillaume des Roches et à quelques seigneurs de l'Anjou et du Maine une lettre, et en même temps un écrit que Guerin de Glapion devait rapporter et présenter au comte de Chester pour que celui-ci en y apposant son sceau s'engageât à exécuter immédiatement ce qui était contenu dans ces lettres (151).

Au jour indiqué pour la comparution devant la cour du Roi de France Jean ne comparut ni en personne, ni par procureur la cour du Roi Philippe réunie jugea que le Roi d'Angleterre devait être privé de toute sa terre, par ce que depuis longtemps il avait négligé par mépris de son seigneur de faire les services qu'elle devait, eo quod fere omnia servitia eisdem terris debita per longum jam tempus facere contempserat. (152).

Fort de cette décision, Philippe se précipite sur la Normandie, prend et détruit Boutavant, se saisit de quelques autres châteaux-forts de la haute Normandie, échoue devant Radepont et enfin s'empare de Gournay vers la fin de juin.

Aussitôt après Artur qu'il avait emmené avec lui dans son expédition, ou qu'il avait fait venir de Paris, et auquel il avait dès la fin d'avril promis la main de sa fille Marie, lui fit hommage lige pour la Bretagne, l'Anjou, le Maine et la Touraine, et fut en même temps armé chevalier dans les deux ou trois premiers jours de juillet 1202 (153).

Un traité fut conclu entre eux. En même temps Philippe lui donnait une armée auxiliaire de 200 chevaliers avec laquelle il se dirigea sur les frontières du Poitou ; il y fut rejoint par les forces que commandaient le comte de la Marche Hugues-le-Brun et Geofroi de Lusignan, et par un certain nombre de Bretons ; ils s'emparèrent sans beaucoup de difficulté de la ville de Mirebeau.

Mais le château résista assez pour que le secours demandé par la Reine Aliénor qui s'y était enfermée pût arriver.

Dès le mois de mai Jean se préparait à la lutte.

Il avait envoyé Guillaume comte de Salisbury et Pierre de Préaux à Guillaume des Roches, en même temps qu'à l'archevêque de Bordeaux, l'évêque de Saintes, aux comtes de Thouars et d'Angoulême, à Robert de Turnham et autres pour les entretenir sur ce qu'ils avaient à faire, de negociis promovendis (154); les circonstances dans lesquelles il se trouvait expliquent ce me semble les expressions un peu énigmatiques de cette lettre.

L'auteur de la chronique de Tours en parlant de Guillaume et du vicomte de Thouars dit que c'est par leur assistance que Jean avait triomphé de ses ennemis à Mirebeau, quorum auxilio hostes superaverat (p. 147).

 Ils étaient en effet tenus d'amener leurs hommes qui devaient être assez nombreux à raison de l'étendue de leurs possessions, et ils ne pouvaient s'en dispenser sans encourir la perte de leurs fiefs aux termes des coûtumes féodales.

 Guillaume des Roches en apprenant qu'Artur s'était emparé de Mirebeau avait été trouver le Roi Jean au Mans et lui avait promis sur sa foi d'homme lige que s'il suivait ses conseils, il lui ferait prendre Artur son neveu et tous les Poitevins qui étaient avec lui.

Mais parlant en son nom et au nom d'un certain nombre de ses pairs et de ses vassaux il lui demandait de jurer qu'il ne ferait mettre personne à mort, laisserait ses adversaires en liberté, rendrait à son neveu tout ce qu'il lui avait enlevé sans droit, et ne ferait passer la Loire à Artur ni à aucun de ses partisans jusqu'à ce qu'un accord fût entièrement conclu entre les deux parties.

Joyeux de l'intervention décisive d'un vassal tel que Guillaume, le Roi lui promit tout ce qu'il voulut, fit les serments les plus solennels, lui confia la direction de son armée qui partie du Mans le 30 juillet arrivait à Mirebeau le jour de la Saint-Pierre-. ès-Liens, 1er août, au point du jour, franchissant en moins de quarante-huit heures les trente lieues à vol d'oiseau qui séparent Le Mans de Mirebeau, et battait et faisait prisonnière toute l'armée d'Artur avec le jeune prince; un des historiens de ces faits ajoute même que Guillaume entra le premier dans Mirebeau (155).

Victorieux, Jean oublia tout. Il envoya en Angleterre la plupart de ses prisonniers et il les fit presque tous périr Artur fut emprisonne au château de Falaise (156).

Guillaume réclama l'exécution de la convention. Non seulement Jean refusa ; mais il avait appris à connaître toute la valeur de Guillaume des Roches ; il essayait de s'emparer de sa personne et de celle d'Aimery de Thouars qui purent échapper et se réfugier dans leurs châteaux-forts ; le 17 août il confiait la garde de !a Tour d'Angers à Philippe de Remefort qu'il faisait son bailli ; le 18, il ordonnait à Guillaume des Roches qu'il qualifie encore de sénéchal d'Anjou de remettre à Guillaume de l'Etang (de Stagno) les châteaux qu'il tenait, et enfin le 24, en même temps qu'il donnait un sauf-conduit de huit jours à des Bretons pour venir conférer avec lui au sujet d'Artur, il enlevait à des Roches ses fonctions de sénéchal qu'il divisait, et donnait à Girard d'Athies la sénéchaussée de Touraine et à son chambellan Brice ou Briscius celle d'Anjou (157).

Il peut paraître extraordinaire que Guillaume des Roches qui devait connaître la méchanceté et la fourberie de Jean (158) se soit né uniquement à sa parole et n'ait pas exigé de lui quelque garantie.

En agissant comme il le fit on peut presque dire qu'il tendait un piège à la passion et à la méfiance de Jean car s'il faussait son serment, soit en ne rendant rien à Artur de ce qu'il avait pris; soit surtout en le gardant prisonnier et en le conduisant en Normandie, il autorisait l'insurrection de tous les vassaux de l'Anjou, du Maine et du Poitou.

Si au contraire il exécutait la convention, Artur en liberté, entouré d'un conseil dans lequel Guillaume des Roches allait prendre la place principale (159), entouré de ses partisans surtout des Bretons qui paraissent avoir eu pour lui une affection véritable, devenait un danger permanent pour le Roi d'Angleterre.

 Guillaume avait proposé de bonnes sûretés pour qu'Àrtur le servît loyalement il devait donner comme otages un nombre suffisant d'homme de sa terre, et à cette condition on devait le laisser en liberté.

Jean trouva que la meilleure de toutes les sûretés était de garder Artur prisonnier.

Voyant ce manque de parole, voyant les tentatives faites sur lui et sur Aimery de Thouars, le sort subi déjà par plusieurs des prisonniers de Mirebeau, il se jeta dans le parti du Roi de France qui comprit sans doute dès le premier instant de quel puissant secours une pareille adhésion pouvait être pour ses projets peut-être aussi était-ce le seul moyen de sauver la vie du jeune prince que Guillaume avait toujours regardé comme son suzerain immédiat.

Philippe faisait le siège d'Arques au moment où s'accomptissaient les événements de Mirebeau.

==> Éléonore (Aliénor) d’Aquitaine Dame de Mirebeau (Time Travel 1202)

 ==> Time Travel 1202 – Aliénor d’Aquitaine et le Siège de Mirebeau - Arthur Ier Duc de Bretagne - Hugues le Brun de Lusignan

En l’apprenant, il lève le siège et se dirige vers Tours.

 Cette ville et Châteauneuf, réuni depuis à Tours mais qui alors était un bourg séparé ayant ses fortifications indépendantes, furent à plusieurs reprises ravagées, prises et reprises par les forces du Roi de France et du Roi d'Angleterre.

Au moment de la Toussaints 1202 Tours était occupé par les forces de Jean, et Châteauneuf par Sulpice d'Amboise qui s'était déclaré pour le Roi de France, et qui contenait la garnison de Tours contre laquelle il guerroyait sans cesse.

Guillaume des Roches n'était pas resté longtemps dans ses places fortes (160) ; il avait dû rejoindre de bonne heure Philippe-Auguste (161), car au mois de mars il assistait à l'hommage fait par Maurice de Craon à Philippe-Auguste pour tout le temps qu'Artur resterait en prison ; il prenait envers le Roi de France les mêmes engagements.

 Sa défection avait entraîné celles de Maurice de Craon, de Bernard de La Ferté, de Rotrou de Montfort, du sire de Montoire, du comte de Vendôme, de Robert de Perrenai, de Guillaume de Mauléon, de Geofroi de Lusignan (162) qui font hommage dans les mêmes termes au Roi de France, très probablement après avoir vu que Jean, loin d'exécuter les conventions prises au sujet d'Artur, le retirait de Falaise pour le renfermer dans la tour de Rouen qui lui paraissait plus sûre (163).

Parmi les barons qui au mois de mars 1203 font hommage à Philippe-Auguste, il faut remarquer le comte de Vendôme et un de ses plus importants vassaux le seigneur de Montoire qui relevaient de l'Anjou; et leurs proches voisins Bernard de La Ferté et Rotrou de Montfort qui relevaient du Maine; en outre, Guillaume des Roches avait sur Château-du-Loir certaines prétentions au sujet desquelles il fit plus tard un arrangement avec le Roi de France : il est probable que l'armée dont il était le chef se réunissait sur les confins du Maine, du Vendomois et du Perche, c'est-à-dire dans un pays couvert par les terres du Roi de France de toute attaque pouvant venir de !a Normandie.

De son côté Philippe avait réuni sur les bords de ia Loire, dans un endroit qui n'est pas désigné, un autre corps d'armée dont il avait conservé la direction.

Guillaume s'empara de Beaufort sans résistance le lundi de Pasques 7 avril 1203.

 

Quinze jours après Philippe descendant la Loire en bateaux s'empara de Saumur.

Il est probable que les deux armées firent leur jonction ; mais Philippe avec la plus grande partie de la sienne reprit le chemin de la Normandie où le siège de Château-Gaillard, cette clef de la Normandie, demandait tous ses soins.

Le surplus des forces qui se composaient de Poitevins, d'Angevins et de Bretons sous le commandement de des Roches mettait à la fin du mois d'avril 1203 le siège devant Châteauneuf-sur-Sarthe, poste qui commande le cours de la Sarthe et qui avait pour lui le grand avantage de se trouver à peu près au centre de ses domaines, Sablé situé sur la Sarthe à environ cinq lieues au nord, Précigny voisin de Sablé, Briolay également sur la Sarthe à environ quatre lieues au midi.

Les habitants de Châteauneuf, nobles et bourgeois commencèrent par se défendre vigoureusement, mais voyant que les secours qu'ils avaient demandés au Roi Jean n'arrivaient pas ils capitulèrent et Willelmus senescallus ex indignatione turrim et muros solo tenus prostravit.

Il ne devait pas tenir à avoir presque au milieu de ses possessions des partisans aussi résolus du Roi d'Angleterre.

 En se retirant, Philippe-Auguste avait sans doute donné des ordres à Cadoc, chef important de routiers, pour rejoindre Guillaume.

Il est probable que cette jonction fut à peu près contemporaine de la reddition de Châteauneuf-sur-Sarthe, et que c'est avec l'aide de ces renforts qu'il put se diriger sur Le Mans qui se rendit sans défense le 19 avril.

Les villes et châteaux de l'Anjou et du Maine tombèrent rapidement en son pouvoir, et cette conquête prenait de tels caractères de rapidité et de sécurité pour les Français, que te 5 mai 1203 le Roi Jean donna en dot à la Reine Isabelle, Falaise, Domfront, Bonneville-sur-Touque et tout ce que la Reine Aliénor avait eu en dot ajoutant que si les événements de la guerre lui faisaient perdre ces villes, elle serait, récompensée en Angleterre de biens qui lui représenteraient le même revenu.

Angers seul restait aux mains de Jean. Mais peu de jours avant la Toussaints 1203 l'armée de Guillaume des Roches et de Cadoc aidée par un soulèvement des habitants arracha Angers à la domination du Roi d'Angleterre (164).

Ces événements pouvaient faire espérer la fin de cette période sanglante qui arrache au continuateur de la chronique de Saint-Aubin quelques paroles émues dans lesquelles il nous représente la misère s'aggravant de jour en jour dans les régions du Maine, de l'Anjou, du Poitou et de la Bretagne, les villes, les châteaux, les bourgs pillés et incendiés sans que l'âge ou le sexe fussent épargnés, le Roi Jean fuyant devant l'insurrection soulevée de tous les côtés contre lui, et se retirant en Angleterre au moment de l'Avent pour revenir avec de nouvelles forces qui lui seraient entièrement dévouées.

C'est à ce moment que se place le plus lamentable événement de ces guerres odieuses.

En partant, Jean voulut se débarrasser de celui dont l'existence avait seul du fond de sa prison pour susciter une insurrection formidable devant laquelle il était contraint de fuir; Artur paya de sa vie les succès obtenus par ses partisans.

C'est à peu près à la fin de septembre ou dans le courant d'octobre 1203 que se place cet assassinat que quelques historiens accusent Jean d'avoir commis de ses propres mains, mais dont tous sont unanimes à le considérer comme le véritable auteur en donnant l'ordre de mettre à mort ce malheureux enfant c'est à peine s'il avait 17 ans.

La mort d'Artur donna-t-elle lieu comme on te croit généralement à une poursuite devant la cour du Roi de France contre Jean, comme coupable de la mort de son neveu?

Cette procédure a-t-elle été suivie d'une sentence de cette cour prononçant la condamnation a mort de Jean et la confiscation de ses fiefs relevant du Roi de France?

Ces questions étrangères à la biographie de Guillaume des Roches paraissent devoir être résolues par la négative.

Jean avait été cité devant la cour du Roi de France longtemps avant la mort d'Artur pour défaut d'hommage, et une sentence.de confiscation avait été prononcée pour ce motif. S'il avait eu besoin d'un titre judiciaire, c'est dans cette procédure que Philippe l'aurait trouvé.

==> La Condamnation de Jean-sans-Terre par la Cour des Pairs de France Par M. Gabriel RICHAULT

 Au moment où nous sommes arrivés, c'est la conscience publique qui avait condamné le Roi d'Angleterre (165).

A ce moment le Roi Jean semble avoir été frappé de stupeur. L'historien Mathieu Paris, ou plutôt Richard de Wendover qu'il a presque entièrement copié dans ses grandes chroniques d'Angleterre, nous le montre à partir de Noël 1202 (1203 suivant le calendrier anglais) comme se livrant complètement à la débauche.

A partir de Pasques 1203 les progrès du Roi de France deviennent de plus en plus considérables, et aux nouvelles qui lui arrivaient de ]a perte de ses forteresses il n'avait pour ses seigneurs d'autre réponse que : « laissez-le faire, tout ce qu'il m'enlève témérairement je le recouvrerai en un seul jour » (166).

Sans attendre la permission qu'ils avaient demandée, et qui d'ailleurs ne leur fut pas refusée, les seigneurs d'Angleterre retournèrent dans leurs terres. La détection des autres continuait ouvertement ou était à peine dissimulée (167).

Le Roi Jean restait seul en Normandie avec peu de chevaliers et s'y maintenait encore pendant la plus grande partie de l'année 1203 ; mais le bruit de la mort d'Artur finit par se répandre et la réprobation universelle, la haine de ses sujets achevèrent ce que la politique et les armes de Philippe-Auguste avaient commencé (168).

Jean se retirait en Angleterre et débarquait à Portsmouth le 7 décembre 1203.

La capitulation de Château-Gaillard après un long siège le 6 mars 1204 achevait la conquête de la Normandie.

Les seigneurs de ce pays restés fidèles au Roi Jean renouvelaient leurs doléances, et lui faisaient observer que les trêves conclues antérieurement pour un an étaient sur le point d'expirer, et qu'il leur faudrait livrer leurs cités et châteaux au Roi de France.

Jean leur fait répondre qu'ils n'ont aucun secours à attendre de lui et que chacun devait prendre son parti comme il aviserait, sibi quilibet consuleret ut melius videbatur (169).

La reprise d'Angers en octobre 1203 avait achevé la soumission de l'Anjou.

 La conquête définitive de la Normandie laissait au Roi de France la libre disposition de ses forces ; mais il faisait marcher les négociations utiles en même temps que les opérations militaires, et dans les unes et les autres Guillaume des Roches était pour lui un auxiliaire et un lieutenant capable et dévoué.

Si des défections avaient été entièrement spontanées, d'autres devaient être aidées et consolidées.

 Guillaume des Roches fut employé au moins dans une de ces négociations qui avaient pour objet de rattacher au Roi de France la fidélité mobile d'un de ces seigneurs de l'Ouest auxquels les chroniqueurs reprochent leur inconstance, fides Pictavina dit l'un d'eux (170).

Geofroi Martel ou Marteau, seigneur de la Saintonge ou de l'Angoumois avait fait serment au Roi de France à la suite de l'occupation de ce pays.

Mais outre son serment il avait promis de lui attirer tous les barons du pays qu'il pourrait. Il donna pour gage de sa promesse toutes les terres qu'il possédait en Anjou (171).

Guillaume des Roches accepta d'être sa caution il devait veiller à ce que Geofroi tînt fidèlement sa promesse et servît le Roi de France de tout son pouvoir.

Si le sénéchal en rendait bon témoignage, et si son avis était favorable à Geofroi, le Roi promettait de lui faire des avantages sur les possessions de Saintonge communes entre eux, et de lui faire d'autres avantages sur les fiefs d'Angoumois (172).

C'est ainsi que le Roi Philippe préparait avec l'aide de Guillaume des Roches son expédition sur Poitiers.

Ils entraient en Guyenne le 10 août 1204 (173).

C'est dans le cours de cette expédition que furent réglés plusieurs points importants.

Jusqu'à cette époque en effet aucun acte du souverain n'avait statué sur les droits et obligations du sénéchal, tout était réglé par la tradition.

 Après les services rendus par Guillaume et en prévision de ceux qu'il pouvait être appelé à rendre dans un avenir peu éloigné, il devenait nécessaire de statuer sur l'étendue de ses engagements avec le Roi de France.

Le Roi lui donnait Château-du-Loir (174) et ses dépendances ; par un autre acte daté de Bourges, il lui faisait abandon du droit qu'il prétendait avoir sur Châteauneuf-sur-Sarthe (175) des Roches lui devait faire hommage lige de Château-du-Loir, et en ce qui concerne Châteauneuf, il lui faisait hommage lige tant de la partie que te Roi lui donnait que de celle sur laquelle il prétendait avoir des droits antérieurs.

Enfin par un acte daté de Poitiers au mois d'août, des Roches faisait l'énumération des droits qu'il pouvait prétendre en vertu de sa charge de sénéchal d'Anjou, du Maine, et de Touraine.

Le Roi rendait une ordonnance conforme, et par une autre déclaration datée de Sens au mois de septembre suivant il étendait encore les droits du sénéchal en lui reconnaissant celui d'établir des baillis dans toute l'étendue de sa sénéchaussée (176).

Ce sont tous les pouvoirs du comte qui lui ont été donnés, dit Guillaume le Breton (Philipp. VIII, 280), il ne lui manquait que d'en prendre le titre.

Après avoir reçu les hommages des seigneurs du Poitou, le Roi revint sur ses pas, et au commencement de l'automne de 1204 mit le siège devant Loches et Chinon.

 La prise presque immédiate du Château-Rousset l'une des principales défenses de Chinon n'avait pas fait tomber cette place.

Philippe vint passer l'hiver à Paris laissant à Guillaume des Roches la direction des opérations du siège de Chinon.

Après Pasques 1205 il revient sur le théâtre de la guerre, s'empare de Loches puis vient renforcer Guillaume devant Chinon qui tombe en leur pouvoir la veille ou le jour de la Saint-Jean 1205 après un siège de près d'une année (177).

La prise de ces deux places fortes délivrait l'Anjou et la Touraine, mais le Roi Jean restait toujours maître de La Rochette.

Il y débarqua le 9 juillet 1206 (178) avec des forces importantes ; le vicomte de Thouars, Savari de Mauléon, et d'autres seigneurs Poitevins se déclarèrent pour lui (179) ; il se dirige vers l'Anjou, occupe Clisson le 30 août, traverse la Loire sans résistance en présence de Guillaume des Roches à un endroit que la chronique de Saint-Aubin (p. 51) appelle portus Loripedis, s'empare d'Angers le mercredi 6 septembre, et peu de jours après de la forteresse que des Roches avait construite cette même année au Pont de Sée.

Il s'avance jusqu'au Lude (180), mais l'approche des forces du Roi de France le fait battre en retraite, il se retire sur les terres du vicomte de Thouars, et dans les premiers jours d'octobre s'enferme dans la ville de Thouars sans oser en sortir pendant que l'armée du Roi de France en ravage les environs.

Des pourparlers s'engagent entre les deux souverains ; Jean feint de vouloir une entrevue avec Philippe-Auguste, mais pendant qu'il l'amuse par ses négociations, il parvient à battre en retraite, et rentre à La Rochelle le 25 octobre ; le 26 est conclue une trêve pour deux ans, aux termes de laquelle le Roi d'Angleterre renonçait à toutes terres en Normandie, Maine, Bretagne, Touraine, Anjou au-delà de la Loire du côté d'Angers; il conservait toujours ses prétentions à la rive gauche.

==> Octobre 1206, Trêve de Thouars entre le roi de France Philippe-Auguste et Jean sans Terre assistés des seigneurs du Poitou

Guillaume des Roches accompagnait le Roi Philippe dans cette expédition, il est un de ceux qui sur la demande du Roi Jean jurèrent l'observation de la trêve, avec Maurice de Craon et plusieurs autres seigneurs (181).

A la fin de novembre 1206 Jean était de retour en Angleterre ; de son côté le Roi Philippe, de retour à Paris achevait au mois de janvier 1207 le règlement de la question de la sénéchaussée d'Anjou avec Guillaume (182).

Il fallait ensuite réduire le vicomte de Thouars qui tenait toujours pour le Roi Jean.

L'armée du Roi de France entre sur ses terres sous la conduite de Henri Clément maréchal de France et de Guillaume des Roches.

Cette première expédition a pour résultat la prise de Parthenay le ravage des terres du vicomte et la prise de plusieurs châteaux dont les uns sont détruits, et les autres confiés à la garde du maréchal et de Guillaume.

==> Le Roi de France revient en 1207 pour faire le siège de Thouars, la ville est obligée de se rendre (Chanson sur le siège)

==> Retrouvez le roi de France Philippe-Auguste du haut des remparts de la forteresse de Parthenay en 1207

L'année suivante (1208) le vicomte de Thouars aidé par Savari de Mauléon fait une expédition sur les terres du Roi de France qu'il ravage mais une armée de trois cents chevaliers commandée par Henri Clément, Guillaume des Roches et le vicomte de Melun attaque à l'improviste le vicomte de Thouars et Savari de Mauléon, et leur font subir une défaite complète dans laquelle quarante chevaliers poitevins sont faits prisonniers (183) une trêve est conclue à la suite de cette défaite.

La vie de Guillaume des Roches s'est écoulée jusqu'à présent presque entièrement dans les armées et dans les négociations; c'est à peine si dans le courant des années 1203 et 1204 on trouve trois ou quatre actes de ses fonctions.

Bien que la date en soit vague, il est toujours certain qu'ils sont antérieurs à Pasques 1204 (25 avril), et que lui et le Roi Philippe avaient tenu pour non avenue sa révocation par le Roi Jean.

A partir de la défaite des derniers partisans du Roi d'Angleterre, Guillaume paraît abandonner pour quelque temps ses fonctions de général d'armée, de guerrier habile et heureux, de défenseur glorieux et utile des nouveltes acquisitions du Roi de France, pour reprendre celles non moins utiles et efficaces de sénéchal d'Anjou et du Maine, et travailler par son administration à consolider les résultats heureux de la guerre.

Pendant les expéditions contre le vicomte de Thouars et jusqu'à la première croisade contre les Albigeois, neuf actes émanés de lui, chiffre notable si l'on réfléchit au petit nombre d'actes privés de cette période qui nous sont parvenus, nous le montrent faisant des donations à des abbayes, prononçant des sentences ou donnant le sceau à des accords en justice, et enfin le 4 octobre 1209 fondant l'abbaye du Perray-Neuf, ou plutôt transportant à ce lieu et dotant de biens importants t'abbaye de Bois-Renou fondée en 1189 par Robert de Sablé (184).

Au fond de l'àme c'était toujours un guerrier; Il ne peut rester sourd à l'appel fait pour aller combattre par les armes l'hérésie Albigeoise dans le midi de la France.

L'historien de la première croisade Pierre moine des Vaux-de-Cernay le compte parmi les barons et puissants seigneurs qui se rendirent à Lyon en 1209 (185). On n'en sait pas davantage sur !a part qu'il peut avoir prise à cette expédition.

Bien qu'en apparence l'Anjou et le Maine fussent pacifiés, il y restait cependant des ferments de révolte qui ne demandaient qu'une occasion favorable pour éclater. Ce n'était pas trop d'avoir pour gouverner le pays un homme comme Guillaume des Roches, strenuo viro et integrae fidei (186), sur lequel on pouvait compter.

Guillaume le Breton dit qu'excepté lui, Juhel de Mayenne, le vicomte de Sainte-Suzanne et quelques autres en petit nombre, la plupart des seigneurs de ces pays comptaient sur les événements qui se préparaient dans le nord de la France pour faire défection (187).

Dans de telles circonstances il fallait au Roi de France un coopérateur dévoué de sa politique qui aurait la main assez ferme pour ne pas hésiter devant les obligations que sa situation lui créait.

Le Roi ne se trouvait pas suffisamment garanti par les serments de fidélité lige que lui avaient prêtés tes seigneurs du pays. La facilité avec laquelle ceux du Poitou étaient venus à lui et l'avaient ensuite abandonné lui avait démontré que ce serment devait être accompagné d'une autre garantie plus efficace.

Le vicomte de Beaumont en juillet 1210 (188): et en février 1212 Amaury de Craon lui-même (189) qui par son château de Chantocé tenait une des clefs de l'Anjou furent obligés d'assurer la garantie de leur serment de féauté par celle d'un engagement pécuniaire de trois mille marcs d'argent chacun s'ils venaient à y manquer. ==> 13 mai 1206 Champtocé Philippe-Auguste, roi de France - Mathieu II de Montmorency

Cela ne suffisait pas, il fallait garantir le payement pour le cas où la condition prévue se serait révisée, ces engagements furent garantis par d'autres seigneurs du pays.

Guillaume des Roches tout le premier cautionnait le vicomte de Beaumont pour 500 marcs et Amaury de Craon pour mille livres.

D'autres cautionnements étaient donnés par le comte de Vendôme, Juhel de Mayenne, Rotrou de Montfort, Guillaume de Sillé, le comte d'Alençon, Gervais de Preuilly et beaucoup d'autres ; ils étaient intéressés au maintien de la fidélité de ceux qu'ils garantissaient, le Roi les maintenait ainsi les uns par les autres.

La défense du pays contre les incursions possibles des Anglais ou de leurs adhérents était toujours une des principales préoccupations de des Roches.

La forteresse de Rochefort, sur la rive gauche de la Loire au-dessous d'Angers, appartenant à Payen de Rochefort, chevalier d'une bravoure incontestée, mais qui infestait les environs par ses brigandages continuels par terre et par eau, pillait les laboureurs et les marchands, et rendait très difficiles les communications d'Angers avec Nantes.

Pour les assurer et pour tenir Payen de Rochefort en respect, Guillaume avait fait construire en face sur la rive droite de la Loire le château de la Roche-au-Moine dans une position très forte, ou au moins augmenter des travaux de fortifications déjà existants (190).

Un pays frontière et qui venait de changer de souverain, où le parti vaincu conservait nécessairement des représentants, ne pouvait être administré sans qu'il y eût des froissements nombreux dans lesquels se retrouve la rudesse des mœurs de l'époque.

La chronique de Tours (191) reproche à Guillaume des Roches ses violences qu'elle met au nombre des causes qui avaient appauvri et rendu presque déserte la ville d'Angers.

Il avait dû prendre des mesures énergiques à l'égard de plusieurs seigneurs. Il avait pu enlever à Payen de Rochefort son château de Rochefort tant à cause de ses brigandages qu'à cause de sa fidélité plus que douteuse et il avait donné Rochefort à Barthelerny de l'Isle (192).

 Philippe de Remefort lui parut aussi devoir être l'objet d'une mesure semblable ; il lui enleva toute la terre (féodale sans doute) qui lui était échue de son oncle Rainaud de Voo, tant dans Angers que hors d'Angers, et il la donna à Rainaud d'Angers (193).

C'est dans cette période de temps que, entre autres actes importants, il faut placer une déclaration de Guillaume, à la suite de laquelle est rendue une ordonnance du Roi de France de novembre 1211, qui décide que les hommes de la Couture ne peuvent être appelés à l'ost et chevauchée que sur la semonse de leur abbé (194);

 une enquête sur les droits litigieux entre le seigneur d'Oustillé, et le chapitre du Mans, à la suite de cette enquête Philippe-Auguste rend une ordonnance en 1213 qui règle ces droits (195) et en juin 1214, Guillaume est chargé par le Roi avec Gui d'Athies de s'informer auprès de l'evêque élu du Mans et un ou deux chanoines qui devront prêter serment verbo veritatis, si ses prédécesseurs ont prêté serment aux Rois Henri, Richard et Jean.

 A la suite de cette enquête des lettres des deux enquêteurs agissant en vertu du mandement du Roi de France font à l'évêque la délivrance de ses régales, c'est-à-dire des biens de l'évêché soumis à la régale du Roi en cas de vacance de l'évêché (196).

 

Mais à ce moment l'Anjou était de nouveau menacé, le Roi d'Angleterre était débarqué à La Rochelle au mois de février 1214.

==> 1214 Jean Sans Terre part d’Angleterre en direction du Poitou, débarque à La Rochelle et marche sur Mauzé

Après avoir employé son temps jusque vers la fin de mai à assurer sa domination dans la partie méridionale du Poitou et les pays voisins, notamment l'Angoumois et le nord de la Gascogne, it se dispose à faire de nouveau villoir par les armes ses droits sur l'Anjou.

Le 20 mai il est à Parthenay, le 11 juin à Ancenis, le 12 à Rochefort-sur-Loire et à Saint-Florent ; il remonte ensuite jusqu'à Blaison en suivant la rive gauche de la Loire, et passant sur la rive droite il revient sur Angers qui n'était pas fortifié (197), et où il avait conservé sans doute un grand nombre de partisans secrets; il y entre le 16 ou le 17 juin et après avoir commandé des travaux de fortification, va mettre le siège devant la forteresse de la Roche-au-Moine que les travaux dûs à la prévoyance de Guillaume des Roches avaient mise en état de soutenir un siège contre les forces considérables que le Roi Jean amenait avec lui, forces que Guillaume le Breton porte à environ 30,000 hommes, chiffre probablement exagéré.

==> 1214 Bataille de la Roche-aux-Moines entre le Capétien Louis IX et Jean sans Terre Plantagenêt (Time Travel)

 Le Roi de France s'était porté d'abord jusqu'aux confins du Poitou à la rencontre du Roi Jean mais obligé par l'invasion du nord de la France à faire face à l'armée allemande et flamande, il avait laissé son fils Louis avec 800 chevaliers pour défendre l'ouest de la France contre l'attaque du Roi d'Angleterre qui prenait des proportions inquiétantes.

Outre ces 800 chevaliers, il avait pu réunir 7000 hommes de pied et 2000 chevaux avec lesquels il arrivait ayant Chinon ou ses environs comme point de de départ, en même temps que Guillaume des Roches et Amaury de Craon arrivaient avec 4000 hommes du côté du nord où se trouvaient leurs domaines héréditaires, probablement en descendant la vallée de la Sarthe (198).

Jean n'osa pas les attendre: le 2 juillet il levait précipitamment le siège, abandonnant ses tentes et tout son matériel, et le 9 il était à La Rochelle d'où il écrivait à ses sujets d'Angleterre que grâce à Dieu ses affaires étaient prospères et réussissaient au gré de ses désirs, prospéra sunt et jocunda, il les remerciait de l'aide qu'ils lui avaient donnée, et demandait à ceux qui ne l'avaient pas suivi au moment de son départ de venir le rejoindre sans retard (199).

L'Anjou était délivré une fois de plus, grâce à la prévoyance de des Roches et au secours qu'il avait amené au moment opportun.

 Peu de jours après cette délivrance était confirmée par la victoire de Bouvines (26 juillet) qui rompait la coalition du nord, en même temps qu'elle raffermissait les fidélités chancelantes de l'Anjou et du Maine (200) ; et au mois de septembre une trêve était conclue à Parthenay d'abord jusqu'à Pasques 1215, et ensuite pour cinq ans à partir de ce jour (201).

En récompense de ses services, le Roi Philippe-Auguste donnait à Guillaume des Roches la terre et les revenus de Longue tels que les avait eus Baudouin des Roches (202)..

D'un autre côté, le traité de Parthenay mettait le sénéchal d'Anjou sur le même pied que le comte de Bretagne.

Les hommes du comté d'Anjou qui avaient fait la guerre avec le Roi Jean contre le Roi de France, s'ils voulaient rentrer en Anjou devaient donner des sûretés au sénéchal, de même que ceux originaires de Bretagne qui se trouvaient dans la même situation devaient donner des sûretés au comte de Bretagne.

Cette similitude de position ne résulte pas seulement des termes de ce traité, elle résulte des faits postérieurs : le sénéchal d'Anjou siégeait dans la cour des pairs du Roi de France, et sa présence y est constatée deux fois dans des circonstances où il s'agissait de débats importants.

La première fois, la cour du Roi de France est réunie à Melun au mois de juin 1216, pour statuer sur l'hommage du comté de Champagne que voulaient faire Erard de Brienne et Philippine sa femme ; la comtesse Blanche s'y était opposée, et la cour des pairs avait reconnu son droit (203).

La seconde fois en mars 1221 (n. s.) Il y siège à Paris avec l'archevêque de Reims, Louis fils aîné du Roi de France, le comte de Bretagne, etc., pour un procès pendant entre le Roi et l'évêque de Paris au sujet du clos Bruneau.

L'évêque après beaucoup d'artifices de procédure finit par dire que cette affaire ne regardait que la cour ecclésiastique et qu'il ne répondrait plus au Roi… quod placitum illud pertinebat ad christianitatem, et quod inde amplius non responderet (204).

Au mois de novembre 1226, Raoul vicomte de Sainte-Suzanne, sur le point de partir pour la Terre-Sainte donna son fils aîné à la garde du Roi de France et de Guillaume des Roches.

 Le vicomte promet qu'il fera jurer que les forteresses de la vicomté de Beaumont ne devront être rendues qu'au Roi de France ou en vertu de ses ordres, et pour mieux garantir l'exécution de ces promesses, Guillaume s'engage envers le Roi, si le fils du vicomte de Beaumont manque à sa parole, à payer 1000 marcs d'argent et à se rendre auprès de lui à Paris pour y tenir hostage dans les quarante jours qu'il en aura été semons (205).

Les années qui s'écoulent jusqu'à la seconde croisade contre les Albigeois sont des années de tranquillité dans lesquelles rien ne paraît le distraire de, ses fonctions de sénéchal : sentences, enquête sur l'étendue des droits du Roi comme comte du Maine à l'encontre de ceux de l'évêque, déclarations sur des points de droit, donations et autres actes.

Au moment de cette seconde croisade, le guerrier reparaît, il se décide à prendre !a croix dès le mois de mars 1219 (n. s.), et fait in procinctu son testament, le partage de ses biens entre ses filles, et se règlement du douaire de sa femme (206). Mais il ne partit que beaucoup plus tard.

L'expédition commandée par le fils du Roi ne partit qu'au moment de l'Ascension qui tombaitle 17 mai 1219; le lundi Guillaume était encore à Tours avec son gendre, sa femme et ses deux filles, et il y faisait a l'abbaye de Bonlieu donation de toutes ses terres de Boutigny lieu où est située cette abbaye (207).

L'expédition arriva devant Marmande dont le siège avait été commencé par Amaury fils de Simon de Montfort.

Guillaume le Breton (chron. § 233) ne parle pas de des Roches, mais l’auteur de la Chanson de la croisade nous montre le sénéchal redouté comme un de ses principaux chefs avec l'évêque de Saintes (208).

 Il fut probablement présent à la prise de Marmande, et le fut certainement au conseil tenu pour statuer sur le sort des défenseurs de cette ville. Son avis prévalut pour épargner un des chefs faits prisonniers pour l'échanger contre d'autres seigneurs faits'prisonniers par les Albigeois ; mais l'historien de la croisade ne dit pas quel fut son avis dans ce même conseil par les ordres duquel cinq mille hommes et femmes de tout âge furent froidement massacrés et ia ville réduite en cendres (209).

L'expédition ne dura pas beaucoup plus longtemps, et on peut supposer sans invraisemblance que Guillaume des Roches était de retour dans ses domaines lorsque le 3 mars 1220 la trêve de Parthenay fut prolongée pour quatre ans à partir du jour de Pasques de cette année (29 mars).

Ce nouveau traité comme le premier soumettait au consentement du sénéchal d'Anjou la rentrée de certaines personnes dans le comté d'Anjou, mais il y ajoutait celui du Roi de France.

Aimery vicomte de Thouars garantit cette trève par engagement pris à Melun au mois d'avril 1220 (210) ; en cas d'infraction à ia trêve, il se soumettait au payement d'une amende qui serait arbitrée par Guillaume des Roches et Thierry de Gallardon …..per dominum Guillelmum de Rupe senescallum Andegaviae et Terricum de Galardon ballivum Turoniae emendabitur.

Cette trêve d'ailleurs donnait lieu comme tous engagements qu'on peut ne pas croire définitifs à bien des difficultés.

Les successeurs de Payen de Rochefort qui avait été blessé à mort à la Roche-au-Moine étaient restés en possession du château de Rochefort-sur-Loire, et continuaient sans doute à se montrer ardents partisans du Roi d'Angleterre.

 Ils étaient tenus en respect par la garnison de la Roche-au-Moine qui devait avoir de temps en temps à réprimer quelques déprédations.

Ils portèrent leurs réclamations jusqu'au Saint-Siège en se présentant comme des victimes des violences de Guillaume des Roches, qui avait suivant eux fait construire un château en contravention formelle aux trêves conclues entre le Roi de France et le Roi d'Angleterre.

 

Ils eurent l'art de présenter les choses de telle manière qu'au mois de décembre 1220 le pape Honorius III écrivit à l'abbé de Saint-Léger et au prieur du Vieux Parthenay pour les inviter à enjoindre à Guillaume des Roches, sous peine des censures ecclésiastiques, de détruire le château qu'il avait construit au préjudice du Roi (d'Angleterre), et d'avoir à s'abstenir de toutes vexations contre les hommes du château de Rochefort (211).

Il est probable que la véritable situation des parties en présence fut expliquée au Saint-Père et qu'il n'insista pas sur l'exécution de ses ordres ; quoi qu'il en soit, je n'ai pas trouvé la suite qui a pu être donnée à cette affaire.

C'est la dernière mention que je trouve concernant Guillaume des Roches.

Cette vie si remplie, et on peut le dire si glorieuse; s'acheva paisiblement et le bon chevalier (212), le sénéchal redouté (213), le vir armis strenuus (214), bellis probatus (215), dans lequel les contemporains avaient vu surtout un grand guerrier- mais que nous pouvons aussi regarder comme un grand administrateur, et dans les limites du pays qu'il gouvernait comme un des fondateurs de l'unité Française, mourut au mois de juin ou juillet 1222, et fut enterré dans l'abbaye de Bonlieu qu'il avait reconstruite et fondée de nouveau auprès de Château-du-Loir.

 

 

Sénéchaux héréditaires d’Anjou et du Maine

17. Amaury I de Craon.

Juillet 1222. 12 mai 1226.

Guitlaume des Roches avait, par deux actes du mois de mars 1218/9, confirmé ia constitution de dot qu'il avait précédemment faite à sa femme, et partagé ses biens entre ses deux filles, Jeanne et Clémence (216).

Le mariage de Jeanne avec Amaury de Craon se place à une époque antérieure à 1214 (217).

Amaury déjà seigneur de Craon, le Lude et Durestal était devenu par ce mariage, du chef de sa femme, seigneur de Sablé, Briolay, Châteauneuf-sur-Sarthe, Précigné et Brion.

Quant à la sénéchaussée, comme !a femme de Guillaume des Roches, Marguerite de Sablé, y avait des droits, il fut, dans l'arrangement sur la douaire de Marguerite de Sablé, convenu entre elle et Amaury, avec le consentement de Jeanne très probablement en sa qualité de fille amée, de assensu filie mee primogenite, qu'Amaury après la mort de son beau-père aurait !a sénéchaussée avec toute la juridiction et tous droits appartenant !a sénéchaussée, à l'exception du droit aux coupes d'argent qui revenaient au sénéchal sur les baux de la sénéchaussée, et dont la moitié sans aucune charge (integram medictatem) devait appartenir à la mère de Jeanne.

Au mois d'août 1223, à Compiègne; il renouvelle au Roi de France; dans les mêmes termes, la déclaration faite en janvier 1206/7 par Guillaume des Roches au sujet de la sénéchaussée d'Anjou, du Maine et de Touraine (218).

 Au mois de novembre suivant il est mentionné dans l'ordonnance de Louis VIII sur les Juifs comme un de ceux qui !a signèrent et jurèrent de l'observer (219).

Amaury prit parti contre Pierre de Dreux, surnommé Mauclerc, duc de Bretagne; après avoir remporté quelques avantages, il fut battu près de Chateaubriant le 3 mars 1223/4 et fait prisonnier avec Jean de Montoire comte de Vendome et plusieurs autres seigneurs.

 Il fut enfermé à Torfou près Nantes, d'où il ne sortit que moyennant une rançon considérable (220), et une promesse de mariage entre sa fille (221) et Artur fils de Pierre, tous deux enfants; ce mariage n'eut aucune suite, Artur étant mort peu de temps après.

Plusieurs de ceux qui se sont occupés de la succession des sénéchaux héréditaires d'Anjou, entre autres Claude Ménard, font mourir Amaury en 1224, ou même en 1223, en quoi ils se trompent.

Leur opinion se fonde très probablement sur deux titres des archives de l'abbaye de Toussaints d'Angers portant la date de 1224, et dans lesquels il est fait mention de Maurice sénéchal d'Anjou. Je ne connais ces deux titres que par des mentions très sommaires de Dom Housseau; mais il est probable qu'ils concernent Maurice III de Craon frère d'Amaury et que par inadvertance celui qui prenait ces notes, sachant qu'il y avait eu des sénéchaux du nom de Maurice, aura ajouté à celui-ci la qualité de sénéchal (222).

Ce Maurice III frère d'Amaury était comme lui fils de Maurice II et d'Isabeau de Meulan; il est mort sans postérité après 1224.

Suivant quelques-uns il aurait été l'aîné, d'Amaury. Ménage conteste cette opinion en se fondant sur le mariage même d'Amaury avec la fille aînée de Guillaume des Roches, la plus riche héritière de l'Anjou et du Maine, mariage très-peu vraisemblable s'il avait été « cadet d'une province où tes cadets n'ont rien en propriété ».

En 1224, Amaury confirma des donations que ce frère et sa mère avaient faites dans la forêt de Craon au prieuré de la Haye-des-Bons-Hommes, près Angers (223).

Amaury mourut le 13 mai 1226 (224), au moment où il venait de prendre la croix pour une nouvelle expédition contre les Albigeois.

De son mariage avec Jeanne des Roches sont issus trois enfants :

Maurice IV qui lui succéda ;

Jeanne de Craon promise à Artur ainsi qu'on l'a vu plus haut, et qui épousa Jean de Montfort; comte de Montfort-l’Amaury ;

Et Isabelle de Craon mariée en février 1233/4 à Raoul de Fougères (225), et en secondes noces à Carou de Bodegat, chevalier breton.

 

18. Maurice IV de Craon.

Mai 1226-1250.

Jeanne des Roches sénéchale.

Maurice devait être très jeune lorsque son père mourut.

 Sa mère Jeanne des Roches comme ayant le bail de son fils devint sénéchale d'Anjou, du Maine et de la Touraine. Elle fut mandée en cette qualité au mois de novembre 1226 pour assister au sacre de Louis IX (226), et en janvier suivant elle fit hommage lige au Roi de la sénéchaussée pour la tenir de lui comme Guillaume des Roches son père la tenait avant que Philippe-Auguste lui eût donné Angers et Baugé.

S'il s'élevait quelque contestation sur cette matière, le Roi ordonne qu'elle sera jugée par P. de Roye chambellan de France ; Mathieu de Montmorency, connétable de France; Jean de Beaumont le vicomte de Châteaudun ; le vicomte de Beaumont et Hugues de Baucay (227).

J'ai fait mention plus haut de Richard qui fut son bailli en 1230 (228).

Elle devait être encore bail de son fils en 1234 c'est en février 1233/4 qu'eut lieu le mariage de sa fille Isabelle avec Raoul de Fougères.

D'après les coutumes d'Anjou et du Maine, c'était le fils aîné qui devait marier les filles dans l'acte que je cite et qui réglait lès conventions matrimoniales de Raoul et d'Isabelle, il n'est question de Maurice que pour régler les obligations de Raoul dans le cas où sa succession par suite de son prédécès adviendrait à sa sœur (229).

 Toutes les stipulations du contrat sont faites par la mère et la grand'-mère d'isabelle, ce qui n'aurait pas eu lieu si Maurice avait été en âge de tenir terre.

Quelle que soit d'ailleurs l’époque a laquelle est arrivé à cet âge, il fit hommage au Roi de France le 13 octobre 1245 (vendredi après la Saint-Denis) (230), et jura de ne rendre ses châteaux et forteresses qu'au Roi ou à celui qui serait porteur de ses lettres.

Maurice IV vivait encore en 1249 ; à cette date il reçoit deux sols de ses hommes sur le prieuré de Daumeré pour bian, sans que cela tire à conséquence pour l'avenir (231).

 Mais il mourut peu temps après, peut-être dans le courant de l'année 1249/50 car dans un acte du 25 février 1250/1 (vendredi après Reminiscere), il est fait mention de Michel évêque d'Angers et de Clémence dame de Châteaudun, seconde fille de Guillaume des Roches, comme exécuteurs du testament defuncti Mauricii de Credonio (232).

 Maurice IV avait épousé une femme dont la famille est restée inconnue des généalogistes et historiens de la maison de Craon qui lui donnent le nom de Jeanne.

Je crois que c'est Isabelle qu'elle se nommait comme on peut le voir dans l'article suivant.

 Il en eut Amaury II et Maurice V qui furent successivement sénéchaux d'Anjou, du Maine et de Touraine.

 Le mariage d'Amaury 1er avec Jeanne des Roches pouvant remonter environ à 1213, et la mort de Maurice IV étant à peu près de 1250 comme on vient de le voir, il en résulte qu'on peut lui attribuer à peu près l'âge de 35 a 36 ans lorsqu'il mourut.

Tous ces sénéchaux de la maison de Craon ont été ou mineurs, ou très-jeunès lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir ; ils sont morts jeunes, une succession aussi rapide et dans des conditions défavorables devait grandement contribuer à la destruction de i'œuvre de Guillaume des Roches.

 

==> 1230 Ponts de Cé, les seigneurs de Thouars, Tiffauges et Hugues de Lusignan, comte de la Marche, rendent hommage au roi Louis IX

19.. Amaury II de Craon.

1250 v. 1269.

Isabelle….. sénéchale.

Lorsqu'il hérita de lasénéchaussée, Amaury était mineur (233) les baillis du Roi s'emparèrent à son détriment de son droit au tiers des amendes prononcées dans l'étendue de sa sénéchaussée.

En 1266, après qu'il fut devenu majeur, il fit reconnaître son droit par la cour du Roi.

Pendant sa minorité qui dura au moins jusque vers la fin de 1259; ce fut Isabelle qui porta le titre de sénéchale d'Anjou (234) et c'est bien de sa mère qu'il est question dans les actes que je cite en note, car elle prend le nom de dame de Craon ou dame de Sablé qui n'appartenait à nulle autre qu'à elle.

Amaury II avait épousé Yolande de Dreux fille de Jean de Dreux et de Marie de Bourbon l'Archambaud dont il n'eut pas d'enfant.

Il doit être mort vers la fin de 1269 ou tout au commencement de 1270.

 Sa veuve eut avec les exécuteurs testamentaires de son mari des procès qui ne sont pas exactement rapportés par Dom Housseau et par Ménage (235).

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20. Maurice V de Craon.

1269-1277.

Succéda à son frère Amaury II en 1269 d'après Dom Housseau qui cite un compte de Guitier de Villette, chevalier, bailli de Touraine, pour le terme de l'Ascension 1269. Il est certain qu'il était sénéchal en 1272 (236).

Il épousa Isabelle de la Marche veuve de Geofroi de Rancon seigneur de Taillebourg et fille de Hugues XI de Lusignan comte de la Marche et d'Angoulême, surnommé le Brun comme plusieurs de sa famille; de ce mariage sont issus Maurice qui lui succéda et Jeanne de Craon qui épousa Gérard Chabat second du nom, baron de Rais, de la maison de Chabot en Poitou.

D'après Ménage et le P. Anselme, Maurice serait mort en 1282 c'est une erreur réfutée par l'acte du douaire de Mahaut de Malines fait à Wissent le 18 juin 1277 (vendredi avant la Nativité de Saint-Jean-Baptiste) (237), Maurice VI en se mariant assigne le douaire de sa femme sur le château de Sablé et ses appartenances jusqu'à concurrence du tiers conformément à la coûtume mais comme sa mère (que d'ailleurs il ne nomme pas) avait aussi son douaire assigné sur le château de Sablé, cet acte règle la manière dont le douaire sera pris en cas de prédécès de l'époux.

La conséquence à en tirer c'est que son père était mort à ce moment, car sans cela il n'y aurait pas eu lieu de règler ces questions de la concurrence possible des deux douaires sur une même terre.

 

 

21. Maurice VI de Craon.

1277-1292.

Nous trouvons un peu plus d'activité dans la vie de Maurice VI que dans celle de ses prédécesseurs. Il continue leur lutte judiciaire avec les baillis du Roi de France au sujet du droit sur le tiers des amendes prononcées dans l'étendue de sa sénéchaussée ; le Parlement statue trois fois sur la question en 1277/8, 1279 et 1286 (238).

 En 1288 il transige avec le Ronceray et renonce à avoir aucun droit de juridiction sur la terre et seigneurie de L'Alleu et sur Chauvon, paroisse du Lion d'Angers (239).

 En 1289 (n. s.) on le retrouve dans plusieurs circonstances importantes qui permettent de croire qu'il prenait une situation personnelle en rapport avec l'importance de ses domaines et celle de ses fonctions de sénéchal (240).

En 1290 Maurice était chargé d'une ambassade à Londres ; au moment de l'intronisation de Guillaume Le Maire, évêque d'Angers, son fils Amaury alors âgé d'environ dix ans voulut le remplacer dans le service qu'il devait à cette occasion, ce qui donna lieu aux scènes quelquefois comiques rapportées dans le livre de Guillaume Le Maire.

Il mourut le 11 février 1292/3 laissant quatre enfants : Amaury, qui lui succéda à la dignité de sénéchal ; Marie, femme de Robert de Brienne vicomte de Beaumont ;

Isabelle mariée à Olivier de Clisson;

Jeanne, morte sans avoir été mariée (241).

Il fut le premier de la maison de Craon qui fut enterré dans la chapelle dite de Craon qu'il avait fait édifier dans le couvent des cordeliers d'Angers (Ménage, p. 240).

 

 

22. Amaury III de Craon.

1292-1332.

Le dernier des sénéchaux héréditaires d'Anjou, du Maine et de Touraine.

D'après la date du mariage de Maurice V, il doit être né en 1278, ce qui s'accorde à peu près avec l'âge que lui donne le livre de Guillaume Le Maire ; c'est encore une minorité, la troisième, que nous rencontrons dans la courte histoire des sénéchaux de la maison de Craon.

Il ne paraît pas que sa mère ait pris le titre de sénéchale, bien qu'ayant été son bail en cette qualité elle continuait la lutte avec les baillis du Roi de France au sujet de la portion des amendes revenant au sénéchal (242).

A peine devenu majeur, il intervient en 1311 à un pacte de famille pour assurer la situation des enfants nés et à naître du mariage d'Artur, duc de Bretagne, avec Yolande de Dreux (243).

Malgré les incidents de l'intronisation de Guillaume Le Maire, Amaury ne paraît pas avoir été bien engagé dans les discussions devenues promptement si aigres entre l'évêque d'Angers et les baillis du comte d'Anjou.

Il pourrait bien avoir été de meilleure composition que David de Sesmaisons, car son sénéchal Mathieu de Vernée qui avait aussi empiété sur la juridiction de l'évêque se désista publiquement sans difficulté des prétentions qu'il avait élevées à ce sujet ; la charte de l'évéque d'Angers qui le constate est du 11 décembre 1312 (244).

Peu de temps après, en 1316, Philippe V devint Roi de France, on sait dans quelles circonstances, après avoir été plusieurs mois régent après la mort de Louis X.

Bien que son avènement au trône n'ait pas été contesté, il semble qu'il y ait eu comme une prévision d'un changement prochain de dynastie en vue duquel dans les différentes parties du royaume avaient lieu des mouvements, des réunions, des coalitions entre les différents seigneurs de fiefs.

Un des premiers soins de Philippe V fut de faire prêter par les évêques le serment de fidélité qu'ils devaient au Roi.

Ce fut Amaury de Craon qui le 19 avril 1317 comme ayant pouvoir et commandement du Roi de France reçut celui de l'évêque d'Angers Guillaume Le Maire dans sa chapelle de Villevesque (245).

Des serments de même nature étaient exigés des seigneurs qui ne relevaient pas immédiatement du Roi de France ceux d'Anjou et du Maine le prêtèrent aux comtes d'Anjou et du Maine qui 'étaient à un double titre tes représentants de l'autorité royale.

L'étendue des domaines des seigneurs de Craon, et surtout leur situation géographique qui faisait d'eux en quelque sorte les gardiens des frontières de Bretagne, devait amener le Roi de France et le comte d'Anjou à prendre des précautions à leur égard pour s'assurer de leur fidélité.

 Ingrande qui relève de Chantocé l'une des seigneuries appartenant à la famille de Craon, est une des clefs de l'Anjou du côté de la Bretagne.

Cette place importante avait été précédemment l'objet d'arrangements entre le comte d'Anjou et les seigneurs de Craon ; Charles Ier en avait fait l'acquisition, et le seigneur de Craon comme seigneur de Chantocé demandait à en avoir le retrait, ou qu'il lui baillât homme desdites choses suivant la coûtume du pays.

La demande resta sans solution tout le règne de Charles Ier ; mais en février 1288/9 Charles II admit la demande de retrait du seigneur de Craon et lui rendit Ingrande (246).

Après ce retrait Amaury III donna Chantocé et Ingrande son arrière-fief à son fils aîné Amaury, ou en cas de pré- décès d'Amaury à Pierre son autre fils, en se réservant l'usufruit.

Cette donation entraînait un droit de rachat au profit du comte d'Anjou. Pour se concilier le seigneur de Craon par des procédés de bienveillance, le comte d'Anjou Charles de Valois admit les nouveaux seigneurs de Chantocé et Ingrande à foi et hommage, sans exiger immédiatement le rachat dont le payement était digéré jusqu'à la mort du donateur (247).

 C'était peut-être nécessaire pour atténuer l'effet produit par des mesures prises peu de temps auparavant pour s'assurer de la fidélité du seigneur de Craon et de quelques autres.

En protestant de la fidélité et en s'élevant avec énergie contre les soupçons dont il était l'objet, Amaury avait dû affirmer avec serment prêté sur les évangiles (octobre 1317) à Charles le Valois, comte de Valois et d'Anjou et à Philippe son fils aîné comte du Maine, que ni lui, ni Henri d'Avangour seigneur de Mayenne, ni Jean seigneur de Vendôme, n'avaient pris part à aucune alliance ou association préjudiciable aux comtés d'Anjou et du Maine ; ils protestent de leur fidélité et de leur loyauté, et promettent d'aider le comte d'Anjou et le comte du Maine à contraindre leurs autres sujets de se départir de toute association préjudiciable aux droits de leurs souverains (248) ; un pareil engagement pouvait entraîner de bien graves conséquences ; on peut regarder l'arrangement qui suspendait pendant un temps peut-être fort long le rachat de Chantocé et Ingrande comme une compensation dans une certaine mesure de l'obligation à laquelle s'était soumis le seigneur de Craon.

 

On peut je crois affirmer que c'est cette politique de sûretés à prendre du côté de la Bretagne qui a déterminé les Rois de France Charles IV et Philippe de Valois à racheter au seigneur de Craon les sénéchaussées de Touraine (1325) et d'Anjou et du Maine (1331)(249).

On sait en effet le rôle important qu'a joué la Bretagne pendant toute la guerre de Cent ans, et quel point d'appui les Anglais y ont souvent trouvé ; il était de la plus haute importance de ne pas laisser l'Anjou et le Maine, l'Anjou surtout, presque entièrement entre les mains d'un seigneur dont la fidélité paraissait douteuse, dont les domaines considérables étaient situés sur la frontière, et qui en outre était propriétaire, d'une charge dont nous avons vu précédemment les prérogatives et les droits et qui le mettait presque de pair avec les comtes d'Anjou.

Le rachat par Philippe de Valois presque aussitôt après son avènement, fut un acte de haute prévoyance à la veille des cruels évènements qui allaient pendant si longtemps ensanglanter la France et surtout les provinces de l'Ouest.

Il est impossible de dire aujourd'hui quel pouvait être le revenu de la sénéchaussée d'Anjou et du Maine ; mais il me paraît certain que le prix stipulé pour le rachat était considérable.

A une époque contemporaine de la cession de la sénéchaussée de Touraine, Amaury de Craon avait pris avec ses sujets de Sablé (250) des arrangements au sujet des dommages que le gibier causait à leurs terres il leur donnait le droit de chasser sous certaines conditions.

Amaury III ne survécut pas longtemps à la cession qu'il fit de son oflice il mourut en 1333.

 

Les documents que j'ai réunis pour le présent travail ne m'ont pas permis d'établir avec certitude la suite des sénéchaux qui lui ont succédé.

 

 

Coutumes et institutions de l'Anjou et du Maine antérieures au XVIe siècle : textes et documents, avec notes et dissertations. 2 / 1 / par M. C.-J. Beautemps-Beaupré,...

 

 

 

An Mil - Carte des Châteaux de l'Anjou sous Foulques Nerra <==

1020 Foulques Nerra - Thibaud de Blason Ier, fondation de l’église Saint Aubin de Blaison <==

La domination au Moyen-Age des comtes d’Anjou en Saintonge. (Geoffroy Grisegonelle, Foulques Nerra, Geoffroy Martel) <==

 LISTE DES BAILLIS ET DES SÉNÉCHAUX. LISTE DES GRANDS SÉNÉCHAUX DU POITOU. <==

==> Histoire de l'Anjou et du Maine-et-Loire; La construction des ponts sous Plantagenêt (Henri II et Aliénor d’Aquitaine)

==> Le 5 juillet 1189, le roi d'Angleterre Henri II Plantagenet meurt à Chinon

==> Ephémérides historiques de Jean Sans Terre à La Rochelle - Itinéraire de Jean-sans-Terre

==> An. 1201.NOTICE De ce qui se passa, en l'année 1201, entre PHILIPPE-AUGUSTE, et JEAN, roi d'Angleterre, au sujet d'Artur, duc de Bretagne.

==>13 mai 1206 Champtocé Philippe-Auguste, roi de France - Mathieu II de Montmorency

 

 


 Photo ==> Fête Médiévale La Baillée des filles : Les ponts-de-cé Cie Capalle

(1) Pour les listes et les notices que je viens de rappeler, je renvoie ici une fois pour toutes aux documents suivants Bibliothèque d'Angers, Manuscrits, nos 921, 923, 924. Dom Housseau, t. XII, l, n°5515; t. XIV, ff. 44, 45, 46; t. XVI, f l81r°; t. XVIII, ff. 183, 185 v°, 291, 292 t. XIX, ff. 189 v°, 190, 339 v°, 390, 393 t. XX, f 319,; t. XXV, f[. 158, 162, 164, 165.

(2) Cartulaire du Ronceray, Ed. Marchegay, n° CXXXII, p. 95.

(3) Chroniques des comtes d'Anjou, publiées par la Société de l'Histoire de France, pages 91, 116, 117, 118, 126, 127, 160, 161, 168, 169, 172, 173, 331.

(4). Dom Housseau, t. II, n° 511.

(5). L'acte sur-lequel on parait s'être appuyé est une donation faite entre 1040 et 1048 à Saint-Serge par Hubert évêque d'Angers ; elle est signée….. S. Algerii sinscalli….. S. Frederici siniscalli….. Pourquoi l'un serait-il plutôt que l'autre le sénéchal du comte ? (Cartulaire de Saint-Serge, p. 242, coll. Gaignières Bibl. Nat. Lat. 5446). Je renvoie à l'observation générale que j'ai placée en tête de ces notices:

(6) Dom Housseau t. II, n° 675 origine non indiquée.

(7) Liber de servis Majoris Monasterii, n° LXXIII, édition A. Salmon.

(8) A. Renonciation par Gerorius fils de Hamelin des Préaux à une contestation sur un fief acheté pour le Ronceray par la comtesse Hildegarde (Cartul. du Ronceray, Ed. Marchegay, n° CLXXV, p. 116).

B. Restitution au Ronceray par le comte Geofroi-Ie-Barbu d'un droit de pêche dans la Mayenne (Eod., n° LXIII, p. 56).

C. Restitution par le même de vignes qui avaient été usurpées par le comte Geofroi II (Eod., n°VIII, p. 10).

(9) Cartulaire blanc de Saint-Florent-de-Saumur, f 17, Archives de Maine-et-Loire.

(10) Cartulaire blanc de Saint-Florent, f°21 ; Dom Housseau, t.II,n°'753,ex eod.

(11) Cartulaire blanc de Saint-Florent, ff. 24 et 25 ; Dom Honsseau,t.III, n° 995.

(12) V. notamment jugement de Henri II au sujet du bourg de Seiches et de la chastellenie de Matefelon, du lundi de Pasques 1159, 13 avril (Cartul. du Ronceray, Ed. Marchegay, n° CXXXII, p. 95).

(13) Cartulaire de Chemillé, f° 31, et charte originale Arch. de Maine-et-Loire.

(14) Dom Housseau, t. III, n° 881 Arch. de Marmoutier.

(15) Cartul. de Saint-Aubin, ff. 117 v.,120,121 Bibl. d'Angers.

(16) Cartul de Ssint-Aubin, f° 116 Bibi. d'Angers. Archives de la Sarthe f 1.

(17) Cartul. de Saint-Aubin, f°117, r°.

(18). II y a encore une autre hypothèse possible. Le dernier des témoins est ainsi désigné : Gaufridus puerulus frater Heliar de Fecia quem tunc monchi nutriebant.

Ne serait-ce pas Hélie de La Flèche qui devint en 1090 comte du Maine, qui se serait trouvé en 1086 à Angers auprès de Foulques-Rechin avec un jeune frère du nom de Geofroi qu'il aurait mis en pension chez les moines de Saint-Aubin ? Le Petrus dont il est question dans l'acte du 22 décembre ne serait-il pas le sénéchal d'Hélie de La Flèche ? 

(19) Cartul. de Saint-Maur-sur-Loire, n° 61 Marchegay, Archives d'Anjou, t. I, p. 401.

(20) Cart. du Ronceray, Ed. Marchegay, n° CLXXVI et CLXXXVIII, p. 116 et 125.

(21) Eod. n° XXXVIII, p.32.

(22) Cartul. de Saint-Maur-sur-Loire, n° XXXVIII, Marchegay, Arch. d'Anjou, t. 1, p. 381. La fixation-à l'année 1067 donnée par M. Marchegay n'est pas entièrement exacte, la Saint-Denys pouvant tomber aussi un mardi dans les années 1072 et 1078, dans lesquelles Pasques tombe le 8 avril, comme en 1067.

(23) Cartulaire blanc de Saint-Florent, fo 33 vo Arch. de Maine-et-Loire.

(24) Un de ses frères se nommait Girardus (Donations par le comte Foulques et Hugues de Pocé a Marmoutier, de la terre de Lavatorio, Dom Housseau, t. XII, 2, n° 6773, ex Cartul. Maj. Mon.).

(25) Cartul. blanc de Saint-Florent, f° 21. Arch. de Maine-et-Loire.

(26) Cet acte est du troisième dimanche de carême qui tombait cette année le 8 des calendes d'avril (25 mars), ce qui donne bien l'année 1101. V. Dom Housseau, t. IV, no 1204 t. XIII, 2, n° 903.

(27) Cartul. du Ronceray, Ed. Marchegay, n° CCXCIV, p. 186.

(28) Cartul. de Fontevrault, cap. 154 ; Arch. de Maine-et-Loire. Dom Housseau, t. XII, 1, n° 5656.

(29) Cartulaire du Ronceray, n° LVI, p. 48.

V. encore Cartul. de Fontevrault, cap. 226; Arch, de Maine-et-Loire. Extr. des Titres et Cartulaire de Saint-Aubin, p. 325, coll. Gaignières~ vol. 188, Bibl. Nat.

(30) Son nom parait plusieurs fois dans les années qui suivent

A. Acte sans date, entre 1088 et 1097, témoin avec le sénéchal Geofroi Fulcrade de l'acte par lequel le comte Foulques confirme la donation de Pontlevoy faite à Saint-Florentin d'Amboise par Hugues de Chaumont et Haimery de Currun (Dom Housseau, t. III, n" 908, ex arch. B. M. Pontilevensis).

B. En 1095, témoin de la donation du Bois-l'Abbé faite à Saint-Serge par le comte Foulques (Dom Housseau, t. III, n° 980, ex Cartul. S. Sergii).

C. 23 juin 1096, témoin avec le connétable Sigebrand de Chemillé de la donation de l'ile de Chalonnes par le comte Foulques à Saint-Maurice et à l'évêque d'Angers (Gallia christiana vetus, t. II, p. 128).

(31) Cartulaire de Saint-Aubin, f 32 vo, Bibl. d'Angers ; Dom Housseau, t. IV, n° 1231, ex eodem.

(32) Il figure, mais sans indication de sa qualité, dans plusieurs actes qui se placent entre 1105 et 1109.

A. Dimanche après l'Epiphanie 1104/1105 accord avec l'abbé de Saint-Serge (Dom Housseau, t. XIII, 1, n° 10,008, ex Cart. S.-Sergii; Cartul. de Saint-Serge, p. 89.coll.Gaignières, Bibl. Nat. Lat. 5446). Cet acte constate qu'il était chevalier et propriétaire de fiefs relevant du seigneur de Briolay.

B. Actes par lesquels le comte Foulques-Rechin condamne des prétentions de son prévôt Thouaret ou Toareth sur des maisons et des prés appartenant au Ronceray (Cartul. du Ronceray, Ed. Marchegay, n° LXV, p. 58; n° CCIII, p. 131).

 C. Acte par lequel il renonce à une corvée qu'il voulait exiger dans son propre intérêt des hommes du Ronceray (Eod., n° XC, p. 68).

 (33) De Majoratu etc…. Chroniques des Comtes d'Anjou, p. 390.

(34) Dom Housseau, t. XIII, 1, n° 9612, ex Cart. S. Nicholai Andegavensis.

(35) Saint-Aubin, fief de Villechien Archives de Maine-et-Loire.

(36) La première de ces dates est celle de l'avènement de Foulques V. La seconde résulte d'un acte des derniers mois de 1117 par lequel il est donné satisfaction pour le meurtre d'Hervé Rotundellus, prévôt d’Angers, mort assassiné dans le cloître d'Angers le samedi de la mi-carême 1116/7 ; Pasques le 25 mars (Dom Housseau, t. IV, n° 1367, Cartul. du chapitre d'Angers).

(37) Dom Housseau, t. IV, n' 1347, ex Cartul. S. Nicholai Andeg.

(38) Cartul. de Fontevrault, cap. 317, Arch. de Maine-et- Loire. Dom Housseau, t. XVIII, f 309 r°, note extraite du Cartulaire de Fontevrault, f 117, cap. 484.

 (39) Dom Housseau, t. IV, n° 1378 et 1379, ex Cart. Abb. Omnium SS. Andeg.

(40) Le nom de la Reine Bertrade et celui de Robert d'Arbrissel cessent en même temps de figurer dans les titres de Fontevrau1t.

(41) D'Achery, Spicilegium, Ed. 1723 in-f, t. III, p. 475.

(42) Cart. de Fontevrault, cap. 309 ; Arch. de Maine-et-Loire.

(43) Eod. cap. 365.

(44) Cartul. blanc de Saint-Florent, f 39 v°; Arch. de Maine-et-Loire.

(45) Cartul. d'argent de Saint-Florent, f 33 V, Arch. de Maine-et-Loire.

(46).Eod., f°48 v°.

(47) Cartutaire du Ronceray, Bibi. d'Angers, Rot. II, c. 77; Rot. VI, c. 35, Marcheray, n° LVI, pag. 48.

(48) Liber albus capituli Cenomanensis, p. 2.

(49). Transaction entre le comte et l'abbaye du Loroux au sujet de la moitié de la métairie de Curciaco et du bourg de Saint-Nicolas du Mans (Dom Housseau, t. V, n° 1723, Arch. de l'abb. du Loroux, de 0ratorio).

Cet acte et le suivant constatent qu'ils ont été faits en l'année où le Roi de France Louis VII prit la croix, ce qui eut lieu le jour de Pasques 31 mars 1146.

(50) Dom Housseau, t. V, n° 1718, Arch. de l'abb. de Cormery.

(51) Cartul. de Saint-Julien de Tours, p. 101, coll. Gaignières Bibl. Nat. Lat. 5443.

(52) Cartul. de Saint-Vincent du Mans, p. 604, coll. Gaignières, rouleau coté R; Bibl. Nat. Lat. 5444.

(53) Cartul. du Ronceray, Ed. Marchegay, n° CLXXXV, p.123.

(54) Cartul. d'argent de Saint-Florent f' 53 r°, Arch. de Maine-et-Loire.

(55) La fête de Saint-Florent est le 22 septembre. On célèbre sa translation le 19 juin.

(56) Dom Housseau, t. V, n° 1882, ex Cart. Sancti Nicol. Andeg.

(57) Gallia Christiana, t. XIV, col. 569, 578, 677. Chronique de Robert de Torigni., t. 1, p. 340..

(58) Arch. Nat. J 178, Anjou, n° 3, Vidimus scellé du XIII siècle. Teulet, layettes du trésor des Chartes, t. I, p. 86. Cartul. d'argent de Saint-Florent, f" 49, Arch. de Maine-et-Loire. Dom Housseau, t. V, n° 1844, ex eodem.

(59).Cartul du Ronceray, Rot. II, c. 67, Bibl. d'Angers Ed. Marchegay, n° ex, p. 82. Chron. de Robert de Torigni, t. II, p. 31, 134, 267, 285.

(60) Dom Housseau, t. V, n" 1767 et 1829, Cart. rouge de Saint-Florent. Abbaye de Fontevrault, 2° collection de chartes anciennes, en. 151, original, Arch. de Maine-et-Loire. Liber albus capituli Cenomanensis, p. 72 et 306 le texte de la page 72 remplace les noms des témoins par cette mention, et multi alii; le texte de la p. 306 qui 'porte le n° CCCXCV donne leurs noms, et parmi eux se trouve Etienne de Tours cette dernière charte est postérieure à 1182.

(61) Arch. de la Sarthe, 1146 n° 1 et 2.

(62) Chron. de Robert de Torigni, t. I, p. 343,355, 356. Rotrou encore évêque d'Evreux est présent à cet acte. Ce que je dis ci-dessus confirme la date de ll65 donnée par la Chronique de Robert pour sa translation à l'archevêché de Rouen, et doit faire rejeter cette de 1164 adoptée par les auteurs du Gallia Christiana, t. XI, col. 48.

(63) Original, Fontevrault prieuré des Logés, liasse 1, Arch. de Maine-et-Loire. Cartul. de Bourgueil, p. 141, eod.

(64) Cartul. du Ronceray, Rot. VI, c. 42 et 47, Bibl. d'Angers; Ed. Marchegay, n" CLXII et CLXIII, p. 109 et 110.

(65) Je ne mentionne que pour mémoire les transcriptions de copistes qui, de Turon, ont fait Thieron ou Vron.

(66) Cart. de La-Haye-aux-Bons-Hommes, f ° 1, Bibl. d'Angers. Dom Housseau, t. V, n° 2041, ex archivis ejusdem. Martene, Thesaurus, t. I, col. 446, ex mss. annalibus Grandimontis.

(67) Cart. de La-Haye-aux-Bons-Hommes, f° 232 v°. Dans cet acte son nom est écrit très lisiblement de Marsai ; dans l'autre le nom est écrit Misai avec un trait horizontal au-dessus du premier, ce qui équivaut à Minsai. Dom. Martene a transcrit Misay. Dom Housseau a rectifié.

La date de ces deux actes est donnée d'abord par la mention de présence de Raoul de Beaumont évêque d'Angers sacré en 1178, après Pasques qui est le 9 avril, (Gall. Chr. t. XIV, p. 571), puis par celle de Gautier de Coutances archidiacre d'Oxford désigné comme chancelier du Roi, mais qui n'était que vice-chancelier (v. ci-dessus le chapitre des chanceliers, IX, p. 223 et suiv.).

 Le Roi Henri après deux courts séjours sur le continent retourna en Angleterre le 26 juillet 1181 c'est entre ces deux dates que se place cet acte.

(68). Il m'a été à peu près impossible de donner à cet acte une date plus précise. La première des deux dates est donnée par la nomination de Robert à l'évêché de Nantes, élu le jour de Noel 1169 (Robert de Torigni, t. II, p. 16) ; la seconde par la mort de Geofroi évêque d'Angers arrivée le 18 janvier 1178 (Gall: Chr. t. XIV, p. 571).

 Cet acte mentionne la présence de Richard et Geofroi que le Roi Henri II appelle mes fils.

Ce Geofroi est-il celui qui fut duc de Bretagne, ou bien le bâtard de Henri II nommé aussi Geofroi qui fut son chancelier? Dans le premier cas, comme l'acte ne lui donne pas la qualité de duc de Bretagne, on en devrait conclure que l'acte est antérieur au 20 février 1171, date de la mort de Conan.

Cet acte a été fait à Angers : dans l'intervalle de 1170 à 1178, Henri II fit quatre voyages en Angleterre ; pendant ses séjours sur le continent il fut au moins deux fois à Angers, la première dans l'hiver de 1173 après les fêtes de Noel qu'il avait passées à Chinon, la seconde aux fêtes de Noel 1177.

S'il faut descendre jusqu'à la dernière des dates extrêmes, j'admettrais volontiers que cet acte qui a été fait avec une très grande solennité doit être de Noel 1177 (Arch. Nat. J 184, Fontevrault, n° 1, original scellée).

 

(69) Originaux, Fontevrault, minage de Saumur, ff. 2, 3 et 4, Arch. de Maine-et-Loire. Cartul. de Fontevrault, cap. 109 et 110, eod. Cart. de Fontevrault, t. I, p. 75, coll. Gaignières, Bibl. Nat. Lat. 5480. Dom Housseau, t. XII, 1, n° 5636.

(70) Martene, Thesaurus anecdotorum, t. I, col. 570, ex Cartario Villalupensi….. .Presentibus etiam legalis ipsius Regis, Stephano senescalco…..

(71) Dom Housseau, t. V, n° 1933, Titres du Liget.

Ces deux chartes doivent être placées après le mois de mars 1182, Henri revient d'Angleterre au commencement de ce mois.

Geofroi, dont l'assistance comme chancelier est constatée dans la charte du Roi, n'a été chancelier qu'après le mois de septembre 1181, peut-être au mois de janvier 1182 (n. s.).

(72) Dom Housseau, t. V, n° 1959, Arch. du prieuré du Grès (de Gressu).

(73). Cartul. de Fontevrault, t. 1, p. 421, coll. Gaignières, Bibl. Nat. Lat. 5480.

(74) Dom Martene, Thesaurus anecdotorum, t. I, col. 570.

(75) Dom Housseau, t. V, n° 1959.

(76). Alexander ….dilectis filiis fratribus domus elemosinariae Andegavensis a Stephano senescalco Andegavensi constructae….. ad presentationem supradicti Stephani senescalci Andegavensis qui prescriptam domum vestram…..construixit… Cartulaire, n° III, p.105.

(77). ….Stephano siniscallo Andegavensi elemosinariae fundatori et heredibus suis licebit….Eod. n° VII, p.107. Dom Housseau, t. V, n 1961, Arch. Dudit hospital.

 (78) Voici les autres actes d'Etienne, ou dans lesquels sa présence est constatée, relatifs à l'hôpital Saint-Jean relevés par M. Port dans le Cartulaire

A. 28 janvier 1186/7 donation par Hugues vicomte de Châteaudun, de droits sur le pont d’Angers (n° VIII, p. 107).

 B. 31 juillet 1187, donations par Foulques de Mastaz ou de Mastach (n° ix, p. 108. Dom Housseau, t. V, n° 2005). Il était sénéchal de Poitou concession du pont de Sée par Henri II à Fontevrault (Arch. Nat. J 184, Fontevrault, n° 1, original scellé).

C. Entre 1185 et 1188, pancarte jadis scellée de trois sceaux contenant plusieurs donations (n° x, p. 108).

D. Entre 1185 et 1188, donations par Pétronille femme de Burellus (Borel ou Bourreau) Le Meschin…. .Stephanus senescallus Andegavensis, omnibus…. salutem. (n° XI, p. 109).

E. 1188, concession par Emma d'un terrain pour les cuisines et dépendances (officinas) de l'aumônerie et autres conventions (n° XII, p. 109. Dom Housseau, t. V, n° 2011 t. XII, 1, n° 842f avec la date de 1187).

F. De ces actes il faut rapprocher les deux suivants dont la date, quoique indéterminée, concorde complètement avec celles des actes qui précèdent. Dans tous les deux le sénéchal porte le nom d'Etienne de Tours, Stephanus de Turonibus :

 1° Entre 1182 et 1186, témoin de la concession de l'église de Uncinis au Maine faite par Henri II au chapitre de Saint-Julien du Mans (Liber albus capituli Cenomanensis, p. 307).

2° Entre 1182 et 1189, témoin de la confirmation par Henri II à la chapellenie de Sainte-Geneviève et de Saint-Laud de leurs possessions en divers endroits (Chartes du chapitre de Saint-Laud, copie du XVIe siècle, Bibl. d'Angers). Le texte porte de Vron ; c'est évidemment une mauvaise lecture de Turon par le copiste.

(79) Cette parenté, outre les actes émanant de Philippe, résulte de la charte par laquelle Hugues, vicomte de Châteaudun, donne le 28 janvier 1186/7 Stephano tunc siniscallo Andegaviae une partie de ses droits sur le pont d'Angers ; parmi les témoins Philippus filius Stephani siniscalli And. (C. Port, Cartul. n° VIII, p. 107).

(80) Romusfortis, Ramefort ou Remefort, paroisse de Blou. Ce fief, au commencement du XIIe siècle avait appartenu à un Geofroi de Ramefort qui nous est connu par plusieurs textes.

Entre 1117 et 1126, il assiste comme témoin à un jugement rendu par la cour du comte Foulques V au sujet des coûtumes de la foire de Saint-Nicolas (Dom Housseau, t. XIII, 1, n° 9695;

(81) Donation de divers droits sur le pont d'Angers et ailleurs, (n° XV, p. 110. Dom Housseau, t. XVI, f 492 v°).

Confirmation de la fondation (n° XXII, p. 112. Dom Housseau, t. V, n° 1935 et 2088).

(82). Charte au sujet de neuf sols de rente à Aigrefin, Sciant omnes…… quod cum magister Holdebaldus preceptor in elemosinaria Andegavensi et alii fratres elemosinariae contentionem habuissent cum domino Philippo de Raimoforti super IX solidis de capitali censu quos Stephanus de Marchai pater ejus et Raginaldus de Voo avunculus ejus dederant. …..dominus. Philippus de Raimefort testimonio sui sigilli hoc scriptum confirmavit (n° xx, p. 112).

(83) Dom Rousseau, t. XII, 2, n° 7959, Archives du Ronceray.

 

 (84) Rogeri de Hoveden, Annalium pars posterior sub anno 1189, apud Scriptores rerum Anglicarum post Bedam, Ed. Savile, Francofurti, 1601, pag. 652, 653, 654.

(85) Ex Benedicti Petroburgensis vita Henrici II, sub anno 1189, Rec. des Hist. de France, t. XVIII p. 490. Mathieu Paris, Historia Anglorum. seu Historia minor, t. II, p. 3, Ed. of the Master of the rolls, London, 1866; Chronica Majora, t.II,p. 346, même collection, London 1874.

(86) Ex Silvestri Giraldi Cambrensis, de Instructione principis, Dist. III, VII Rec. des Hist. de France, t. XVIII, p. 145 E., 146 A.

(87) Mes coutumes d'Anjou et du Maine, B. 77, t.I, p. 107; C, 70 (coutume glosée), t. p. 292. Viollet, Etablissements de Saint-Louis, Liv. I, c. 72, t. II, p. 115 coutume de Touraine-Anjou, § 61, t. III, p. 39 notes, t. IV, p. 1, 2.

(88). XIX kal. februarii obiit Raginaldus de Voo, miles, qui pro salute et remedio animae suae et D. de Marsay, fratris sui, Andegavensis senescalci…Ms. de la Bibliothèque d'Angers cité par M. Marchegay, Bibl. de l'Ecole des Chartes, année 1875, p. 439, notes 2 et 3.

(89) Marchegay, l. c. Vou est situé aux environs de Loches. Marçai ou Marçay est une commune du canton de Richelieu (Indre-et Loire) dont est actuellement (1889) maire mon ami et ancien collègue M. d'Espinay.

(90) G. 479, p. 252.

(91) Dom Housseau, t. XII, 1, n° 62t6, extr. d'un ms. intitulé Antiqua Cartusiae Ligeti monumenta.

(92) Dom Housseau, t. V, n° 2051, Arch. de l'abbaye du Loroux. Arch. Nat. P 1334', f° 95 V.

(93) Cartul. de Fontevrault, t. I, p. 78, coll. Gaignières, Bibl. Nat. Lat. 5480.

(94) Dom Housseau, t. XIV, f' 285. Cartulaire F de Philippe-Auguste, f 176 v°, Bibl. Nat. Lat. 9778. Martene, Amplissima collectio, t.I, p. 990.

(95) Cartulaire de Saint-Serge, p. 190, coll. Gaignières., Bibl. Nat. Lat. 5446.

(97) C. Port, Cartul. de l'Hôpital Saint-Jean d'Angers, n° XVII, p. 110. ·

(98) Roger de Hoveden, c. pag. 691, 694, 725 Benedictus Petroburgensis, t. c. pag. 519,521 Ex Guillelmi Neubrigensis, de Rebus Anglicis, lib. IV, cap. V Rec. des Hist. de Fr., t. XVIII, p. 40, 41, 43.

(99) Ex Radulfi de Diceto de Imaginibus historiarum, Recueil des Hist. de France, t. XVII, p. 647.

(100) Gallia Christiana vetus, t. IV, p. 419.

 

 (101) Dom Housseau, t. V, nos 2015, 2016, 2100 et 2100 bis, Arch. de Marmoutier, layette de Carbay Marchegay, Arch. d'Anjou, t.II,p.l3 et l4.

(102) Roger de Hoveden, Annalium pars posterior, Rec. des Hist. de France, t. XVII, p. 582. Rymer, Fœdera, t. 1, part. I, p. 31.

(103) Roger de Hoveden, Annalium pars posterior, Richardus, apud Scriptores rerum Anglicarum post Bedam, Ed. Savile, pag. 786.

(104) Dom Housseau, t. XII, 2, n° 7153 ; ex Martyrologio Nuchariense.

(105) Dom Housseau,t.V~n°2115.

(106). La biographie de Guillaume des Roches jusqu'à l'année 1204 a été l'objet d'un travail des plus considérables de M. Gaston Dubois publié dans la Biblothèque de l’école des chartes en trois parties la première, volume de 1869, pages 377 à 424 ; la seconde, volume de 1871, pages 88 à 145; la troisième, volume de 1873, pages 504 à 541 ; c'est à ce travail que j'ai emprunté une grande partie des détails qui vont suivre.

 Mais, pour éviter des citations trop longues, j'en désignerai chacune des parties par un numéro d'ordre suivi du numéro de la page ainsi III, 522, signifie que je renvoie à la troisième partie publiée dans le volume de 1873, et ainsi des autres renvois.

(107) Dom Housseau, t. XXV, I, f° 164 v°.

(108) Guillelmus de Rupibus senescallus Andegavensis dat monachit de PErsia pro anima sua et Margaritae uxoris suae secagenta solidos Turonenses in censibus de Castro-Lidi qui fuerunt Herberti de Rupibus patris Balduini de Rupibus patris sui, actum annon 1215.

 Registre de la chambre des comptes de Paris cité par Dom Housseau, t. XVIII, f° 291. Dans un titre de Marmoutier de 1203 (cité eod ) .quod Balduinus de Rupibus nepos meus dedit abbatiae de Buxeria et monachis medietariam de Prena quod apud Castrum-Ledi habebam, et quicquid hereditatis ex parte matris ibi contingebat.

(109) Sceau de la déclaration d'août  1204, Arch. Nat. J 179., Craon n° 1. Douet d'Arcq, inventaire des sceaux, p. 308. D. Gueranger, Cartulaire de la Couture et de Solesmes, p. 155.

(110) G. Dubois, I, 378 et suiv.

(111) Histoire des ducs de Normandie et des Rois d'Angleterre, Ed. Francisque Michel p. 93.

(112) Roger de Hoveden, Annal. apud Scrip. rer. Anglic. Ed. Savile, p. 729 ; Dumont, Corps diplomatique, t. I, part. l, p. 380; Rymer, Fœdera etc., t. 1, part. 1, p. 26.

(113) Rymer, Fœdera etc., t. 1, part. I, p. 3t.

(114) Cartul. de Fontevrault, coll. Gaignières, t. I, p. 229 Bibl Nat. Lat. 5480.

(115) J'adopte l'orthographe de la plupart des documents contemporains, et notamment d'une charte originale du 17 avril 1199 scellée, Arch. Nat. J 178, n° 1.

(116) Roger de Hoveden, c. p. 792.

(117) Roger de Hoveden, Ed. Savile, pag. 792 ; je crois qu'il ne peut y avoir aucun doute sur ces premiers faits, car il ne donne à Jean que le titre de comte de Mortain, c'est seulement après son couronnement qui eut lieu le jour de l'Ascension (27 mai) que Jean prend le titre de Roi d'Angleterre. Le récit de Roger de Hoveden est reproduit par Mathieu Paris, Historia Anglorum, t. Il, p. 78, Ed. Londres 1866 Chronica Majora, t. II, p. 452-454, Ed. Londres 1877.

(118) Cartulaire de Philippe-Auguste, Arch. Nat. JJ 7 et 8, 8 f 75 r° col. 2 etc. G. Dubois, I, 398 et suiv.

(119) Rigord, de Gestis Phil. Aug. § 127 et suiv. Guillaume le Breton, g 101. Chron. Turonense magnum, Ed. Salmon, p. 145.

(120) Confirmation de donations à l'abbaye de Perseigne, Arch. de la Sarthe n° 10; Cartul. de Perseigne, p. 29, coll. Gaignières Bibl. Nat. Lat. 5474. G. Dubois, I, 404.

(121) Roger de Hoveden, p. 795, Ed. Savile; Math. Paris, Historia Angiorum, t. II_, p. 82. Chronica majora, t. I!, p. 496.

(122) Rotuli Chartarum. p. 30b. Dès cette époque Jean participait à la coalition contre le Roi de France, coalition qui ne fut dissoute que quatorze ans plus tard par la victoire de Bouvines. Au moment même de l'entrevue avec le Roi de France, Jean traitait avec le comte de Flandre qui était venu à Rouen et avec plusieurs seigneurs français qui renouvelaient avec lui l'alliance qu'ils avaient contractée avec Richard contre le Roi de France, et ils se donnaient réciproquement des sûretés avant de se retirer chacun chez soi. En même temps l'empereur Othon, se souvenant qu'il devait en grande partie son élévation au Roi Richard, fit dire à Jean de retarder tout accord amiable avec le Roi de France parce que, avec la volonté de Dieu, il pourrait lui fournir des secours tels qu'il convenait à la dignité impériale d'en donner ….succursum sibi talem providebit qualem impérialem decet clesitudinem providere ; Math. Paris, Chronica majora, t. JI~ p. 456, 458.

(123) Rotuli Chartarum, eod.

(124) Les événements qui suivent et que Roger de Hoveden place au mois d'octobre (l. c. p. 795) se sont passés dans un si court espace de temps qu'il faut pour les comprendre suivre l'itinéraire du Roi Jean donné par M. Duffus Hardy en tête des Rotuli litterarum pateintium.

Jean était au Mans les 22 et 23 septembre, à Chinon du 23 au 26, revient le 27 au Mans où il se trouve encore le 30 septembre.

Le 6 octobre il-est à Saumur, du 8 au 11 il est au Mans qu'il quitte pour la Normandie où il reste jusqu'à la fin du mois.

(125) Il ne peut pas s'agir de Lavardin près Montoire dans le Vendomois qui est à 14 ou 15 lieues du Mans en ligne droite et à la même distance de Ballon, dans la direction de Ven dôme, c'est-à-dire dans une direction opposée à celle que devait suivre l'armée de Jean pour venir attaquer Philippe.

Les mouvements d'armées très peu considérables étaient dans ce temps-là beaucoup plus rapides qu'on ne serait disposé à le croire; mais alors comme aujourd'hui ces mouvements étaient déterminés par la géographie des pays où ils avaient lieu.

On trouve dans le dictionnaire d'Expilly : «  LAVARDIN, marquisat situé près Mézières, élection du Mans. Erige en faveur du maréchal de Lavardin du nom de Beaumanoir à qui il appartenait. La paroisse contient 69 feux ».

(126) Rotuli chartarum. p. 23 b. Confirmation d'une donation à des religieux de l'ordre de Cluny.

(127) .Princeps exercitus Arturi, Roger de Hoveden, Ed. Savile, p. 795.

(128) Roger de Hoveden, Ed. Savile, c. p. 795. Je pense que c'est ce que Roger de Hoveden a voulu dire en se servant de l'expression propter Arturum.

(129). Donation faite dans le courant d'octobre à l'Hôtel-Dieu-Saint-Jean Port, Cartulaire de l'Hôpital Saint-Jean d'Angers, p. 112.

Cette donation est postérieure au mariage de Constance avec Guy de Thouars car il y prend le titre de comte de Bretagne. Ce mariage eut donc lieu immédiatement après la fuite du Mans, et on peut alors en fixer approximativement la date du 15 au 20 octobre 1199. La donation est donc de la fin d'octobre.

(130). En novembre 1199, Jean se rend de Normandie en Poitou en passant par Alençon et La Flèche.

En décembre il revient en Normandie en passant par Chinon et par Vire et y passe tout son temps jusqu'à son départ pour l'Angleterre, le 27 février 1200 il était à Portsmouth ; le 2 mai suivant il était de retour à Valognes.

(131) Roger de Hoveden, p. 792 Math. Paris, Historia Anglorum, t. II, p. 78 Chronica majora. t.II, p. 452-454; G. Dubois II. p. 93, 94. Mercadier fut assassiné à Bordeaux le 10 avril 1200 cela permet de fixer son attaque et son occupation d'Angers au plus tard au mois de février.

(132) Cela ne résulte pas seulement du témoignage de Roger de Hoveden et de Mathieu Paris sa présence au Mans est constatée par la donation de la terre de Surgères à Guillaume Maengo ….Haec carta facta fuit…..VIII die octobris eoram ipso Rege et Hugone de Gornaco, et Willelmo de Rupibus, et Gaufrido de Cella, et ex speciali mandato domini Regis sigillata fuit…. Rotuli chartarum….p.25.

 (133) 26 décembre 1199 à Caen, deux chartes de concessions à des bourgeois de Leycester, Eod., p. 32.

(134) Acte du lendemain 27 décembre à Caen ; le Roi Jean lui accorde le droit d'avoir à Agon (près Coutances) un marché hebdomadaire et une foire annuelle…. .dilecto et fideli nostro Willelmo de Rupibus senescallo Andegavensi… Eod., p. 34.

 Les Anglais faisaient commencer l'année à Noël, la date de ces actes dans les Rotuli chartarum est des 26 et 27 décembre 1200.

(135) A. 30 janvier 1200, à Bures, témoin de la confirmation d'une donation à Guillaume de Fougères (de Fougeriis), .Rotuli chartarum. p. 34.

B. 16 juin 1200, à Chinon, témoin de la donation faite par Jean à Guillaume de Briwerre de maisons et vignes à Angers ayant appartenu à Etienne de Marthay. Eod., p. 71 b.

C. 21 juin 1200, à Angers, témoin de la donation à Pierre de Préaux (de Pratellis) des iles de Jersey, Guernespy et Aurigny. Eod., p. 70b et 71 ; Rotuli litterarum clausarum….p. 516.

(136) A. Commencement de février 1200, chargé d'exécuter des instructions qui lui sont transmises au sujet de châteaux forts par Guérin de Glapion sénéchal de Normandie .Rotuli chartarum. p. 59b.

B. 22 février 1200, envoyé en mission avec Geofroi de Celle, sénéchal de Poitou auprès de l'archevêque de Bordeaux, des évêques, abbés, et de ses féaux du Poitou, Eod.

C. Commencement de mars 1200, chargé de faire avoir à Bovin ou Boivin la possession entière, plenariam saisinam d'une maison ayant appartenu à un nommé Joscey et qui lui avait été donnée, Eod. p. 60.

D. 10 juin 1200, à La Flèche, chargé de veiller à l'exécution d'une quittance donnée par le Roi Jean et les juifs du Roi à Château-Gontier d'engagements garantis sur le château et la terre de Château-Gontier le Roi lui donne la qualité de Senescallus noster. Eod. p. 70.

(137) Rotuli chartarum. p. 72.

(138). Roger de Hoveden, c. p. 802, 814. Math. Paris, Historia Anglorum, t. II, p. 85; Chronica Majora, t. II, p. 462. Rymer, Foedera etc., t. I, part. I, p. 37. Archives Nationales, JJ et 8 7 ff, 30 v°, 31 et 32 r° 8 f° 78 r°.

La date du traité du Goulet paraît bien devoir être fixée au 22 mai, Leop. Delisle, Catal. des Actes de Philippe-Auguste, n° 579, Mandement de Jean à André de Chauvigny de faire hommage au Roi de France pour ses terres de Berry.

(139) Mathieu Paris, Chronica Majpra, t. II, p. 462. (3) A. 18 juin 1200, invitation au chapitre de Saint-Martin de Tours d'envoyer le service qu'il doit, Dom Housseau, t. VI, n° 2133, ea? Pancarta alba Sancti-Martini Turonensis.

B. 6 octobre 1200, donation de 25 livres angevines de rente sur les revenus de Saumur à deux demoiselles de la Reine Jeanne, sœur du roi Jean; Arch. Nat. P 329 n° LXVI (ancien classement) copie délivrée sous le grand sceau des contrats de Saumur le 27 mai 1205.

(141) G. Dubois, II, p. 108,109; Cartulaire F de Philippe-Auguste, f° 98 r° col. 2, et f 134, Bibi. Nat. Lat. 9778 Arch. Nat. JJ 7 et 8, 8 f. intercalée entre les ff. 71 et 72, et f 109 v° col. 2. Rotuli chartarum. p. 74~. Ce douaire est assigné sur Saintes, Niort, Saumur, La Flèche, Beaufort, Baugé, Château-du-Loir et Troo.

(142) M. G. Dubois (11, 95) met ce voyage à l'année 1200 immédiatement après le traité du Goulet, c'est une erreur. Le témoignage des chroniqueurs est confirmé par l’itinéraire du Roi Jean dressé par M. Duffus Hardy, Introduction des Rotuli litterarum patentium…. V. Chronique des Eglises d'Anjou. p. 51 Chronicon Turonense, Ed. Salmon, p. 146; Rigord, §§132 et 135 Guillaume le Breton, § 107 Roger de Hoveden, Annal. pars posterior, Ed. Savile, p. 814 à 819, 822.

(143) V. G. Dubois, II, 98,104,110, 111, 116 à 134. Je n'entrerai pas dans le détail de ces actes, je me bornerai à indiquer quelques-unes des missions qui lui ont été confiées par le Roi Jean, et qui prouvent quelle situation importante il avait auprès de lui.

A. En septembre 1200, il est chargé avec Guerin de Glapion sénéchal de Normandie de le représenter et d'intervenir auprès du chapitre de Saint-Maurice pour l'élection de l'évoque d'Angers. Il pourra agir seul dans le cas où Guérin de Glapion serait absent ou empêché; Rotuli chartarum. p. 98.

B. Le 4 avril 1201, par lettres datées de Windsor, le Roi Jean le charge avec la Reine Alienor, le comte d'Angoulême et le sénéchal de Poitou, de donner des sauf-conduits à ceux que la Reine malade à Fontevrault voudrait envoyer auprès du Roi son fils avec le vicomte de Thouars pour une demande qu'elle lui avait faite; Rotuli chartatum p. 103.

==> 1201 De Fontevraud à l’abbaye de la Couronne – Aliénor d’Aquitaine – Jean Sans Terre - Aimery VII de Thouars - Alix, duchesse de Bourgogne

C. Le 14 octobre 1201, il est témoin du serment d'homme lige prêté à Chinon par Juhel de Mayenne. Outre les précautions prises par le Roi Jean, il fait cautionner l'exécution du traité intervenu entre lui et son vassal par plusieurs seigneurs importants parmi lesquels Guillaume des Roches (Rymer, Foedera: etc. t. 1, part. I, p. 40. Ménage, Histoire de Sablé, p. 360, preuves).

D. Ce n'étaient pas seulement son intervention et son autorité auxquelles le Roi d'Angleterre avait recours il avait aussi recours à son crédit. L'argent était nécessaire pour agir en cour de Rome à propos de l'élection de l'évêque d'Angers; au commencement de janvier 1202, des Roches se portait caution avec le vicomte de Sainte-Suzanne d'un emprunt de 500 marcs d'argent fait à des marchands par le Roi, ad Romanam curiam destinatis ;  Rotuli litterarum patentium. p 4b.

E. Par lettres du 17 février 1202 adressées à Robert de Turnham sénéchal de Poitou et de Gascogne, le Roi Jean lui assure le paiement de revenus qu'il percevait à La Rochelle du temps de Geofroi de Celle; Eod., p. 6.

F. Lettres de Jean du 19 février 1202 aux chevaliers, bourgeois et autres tenanciers (tenentibus) de Mirebeau par lesquelles il leur fait connaître qu'il a nommé Payen de Rochefort bailli de la seigneurie de Mirebeau soalvois placitis et finibus quae pertinent ad capitalem senescallum nostrum Andegavensem. (Eod.). Je n'ai rencontré nulle part ailleurs ce titre de chef-sénéchal qui est exact, puisque les magistrats inférieurs de l'Anjou et du Maine portaient aussi le titre de sénéchaux.

(144) Roger de Hoveden (Rec. des Hist. de France, t. XVII, p. 605) prétend que c'est sur le conseil du Roi de France qu'il contracta ce mariage. C'est le seul historien qui rapporte ce fait mais vrai ou non on voit dans la tradition qu'il a conservée combien les adversaires du Roi de France étaient disposés à admettre son intervention patente ou occulte dans les événements qui se passaient dans l'ouest de la France.

(145) Cartulaire F de Philippe Auguste, f 98 r°, col. 2 Bibl. Nat. Lat. 9778. Rotuli chartarum. p. 74b.

(146) Mathieu Paris, Historia Anglorum, Ed. Londres 1866, t. 11, p.86.

(147) Roger de Hoveden, c. V. pour tout ce qui va suivre Rigord, §§ 137 et 138; Guillaume le Breton. Chron. §§ 110, 112, 113 Phil. VI, 82 et suiv.; Chroniques de Tours, Ed. Salmon, p. 146; Mathieu Paris. Rec. des Hist. de France, t. X.VM, p. 681 et suiv.; Raoul de Coggeshall, Eod. t. XVIII, p.95; Albéric de Trois-Fontaines, Eod., p. 764.

(148) Coutumes d'Anjou et du Maine, G 4 et 5. H 1 et 2, tome III, p. 6, 77 K 207, M 1 et 2, t. IV, p. 105, 379.

(149) Rotulo litterarum patentium….. p. 7. Rymer, Faedera etc t..I,part.I,p.41.

(150) Rigord, § 138 Guill. le Breton, Chron. § 110 Phil. VI, 182 et suiv. Ils sont très positifs sur ce point que le silence de Raoul de Coggeshall ne doit pas suffire pour faire révoquer en doute.

(151) Rotuli litterarum patentium…... p. 8.

(152) Raoul de Coggeshall (Hist. de France, t. XVII, p. 95) est très positif sur le fait d'une sentence de dépossession prononcée par la cour du Roi de France il est le seul historien qui en parle. Mais le fait que la cour du Roi a été saisie est formellement rapporté par Guillaume le Breton dans sa Philippide (VI, 191).

Assignat que diem certum quo tradat utrumque,

Et quo restituat comtes, prout restituendos

Curia censuerit. …

Tradat utrumque.  Les châteaux de Boutavant et Titières. Comites. Le comte d'Angoulême et son frère le comte d'Eu; et par la chronique de Rigord (§138)….. habito Rex Francorum cum principibus et baronibus consilio, collecto exercitu, Noramnnaim ingressus….

La cour du Roi n'était que la réunion des principaux seigneurs qui se trouvaient auprès de lui au moment de statuer sur quelque affaire c'est ce qu'il ne faut jamais perdre de vue au XIIIe siècle; et à plus forte raison auparavant.

(153) La suite des événements établit que ce traité ne peut pas avoir une date postérieure. Dumont, Corps diplomatique, t. II, p. 284 Arch. Nat. Cartulaire de Philippe-Auguste, JJ 7 et 8, f 63 r°.

(154) Rotuli litterarum patentium. p. 11.

(155) V. G. Dubois, III, 503 à 515. Mathieu Paris, Historia Anglorum, t. II, p 92 et 93; Chronica magna, t. H, p. 477, 478. Raoul de Coggeshall, Rec. des Historiens de France, t. XVIII, p. 96. Guillaume le Breton, Philippide, VI, 411 à 451. Histoire des ducs de Normandie et des Rois d'Angleterre, p. 94 et suiv., 105. Chronique de Saint-Aubin, Chron. des Egl. d'Anjou, p. 51.

(156) Il est bien probable qu'il ne se fia à personne, et que l'emprisonnement d'Artur eut lieu sous ses yeux le 7 août il est au Mans, les 8, 9 et 10 à Alençon, les 10 et 11 à Argentan et à Falaise, le 13 il est de retour au Mans.

(157) Chronique de Tours, p. 147. Rotuli litterarum patentium…...p.l7.

(158) Récits d'un ménestrel de Reims, 244,245. Guillaume le Breton (Phil. VI, 411) n'en fait aucun doute

….ille maligni ·

Noverat insidias et perfida corda Johannis.

(159). et ei reddes, mediante tuorum

Consilio procerum, quicquid sine jure tulisti.

Phil. VI, 417.

La convention est rappelée de la manière la plus claire dans les additions à la chronique de Saint-Aubin (Chron. des Egl. d'Anjou, p. 51) : Rex Johannes ei (à Guillaume des Roches) promiserat se de Arturo liberando suam facere voluntatem ; et quia Rex notuit, guerram movit contra eum.

Il avait promis à Guillaume de mettre Artur en liberté et de s'en rapporter à lui sur les conditions de cette mise en liberté. Le chroniqueur de Saint-Aubin et l'auteur de l'histoire des ducs de Normandie sont d'accord pour dire positivement que le manque de foi du Roi fut la cause de la défection de Guillaume.

(160) Les 7, 8 et 9 septembre 1202. Jean est à La Suze qui faisait partie des domaines de Guillaume des Roches du chef de sa femme ; il y avait même établi des officiers en son nom. Avis donné le 19 avril 1203 aux habitants du Mans qu'il a donné mandement aux constable et sergent de La Suze de réparer les dommages causés à la maison que l'ordre de Grandmont avait à Bersay; Rotuli litterarum patentium……. p. 28.

(161) Mandement du Roi Jean daté de Rouen, 17 février 1203 pour un échange de prisonniers, P. clerc de Guillaume des Roches est délivré en échange de Ferrand, un des archers du Roi, pro Ferrando balistario nostro ; Eod., p. 25. Voir pour tout ce qui va suivre, G. Dubois, III, 521 à 541.

(162) Léop. Delisle, Catal, des actes de Phil.-Auguste, n° 752, pag. 506.

(163) Il est assez vraisemblable que, cette fois encore, Jean ne s'en rapporta qu'à lui seul son itinéraire nous le montre les 30 et 31 janvier et 1er février 1203 à Falaise (venant du Mans), et il arrive le 3 à Rouen, à partir de ce moment, il ne quitte plus la haute Normandie.,

(164) Guill. le Breton, Phil. VIII, 272.

Il y a un peu de confusion dans les récits des Chroniqueurs sur cette date de la prise d'Angers. Il est évident que la date de 1202 assignée à cet évènement par les continuateurs de la Chronique de Saint-Aubin (p. 51) est inexacte.

S'il ne s'agissait que de reproduire les observations de M. G. Dubois à ce sujet, je me contenterais d'un simple renvoi mais la date exacte de 1203 me parait fixée par les récits d'autres chroniqueurs. Aubri de Trois-Fontaines (ex Historia Regum, Rec. des Historiens de France, t. XVIII, p. 767, B) et Guillaume le Breton (§ 133 de sa chronique) disent exactement dans les mêmes termes que c'est dans l'automne qui suivit la prise d'Angers que le Roi Philippe prit Poitiers et mit le siège devant Chinon et Loches.

Chinon fut pris le 23 ou le 24 juin 1205 après un siège qui avait duré près d'une année; cet automne qui suit la prise d'Angers est donc l'automne de 1204, ce qui nous reporte à 1203 pour cet événement. Nos anciens chroniqueurs n'auraient, pas plus que nous, fait commencer un automne après la Toussaints.. ==> Mille ans de l’Histoire de Chinon (tour du Coudray de la forteresse Royale)

D'ailleurs Aubri de Trois Fontaines, dans le texte donné par le recueil des Historiens de France donne expressément la date de 1203, et cette date est encore donnée par l'auteur anonyme de la chronique de Laon (Eod., t. XVIII, p. 712, B).

(165) V. sur cette question une brochure de M. Bémont, De la condamnation de Jean-sans-Terre par la Cour des Pairs de France en 1202, extraite de la Revue Historique. Ce travail a obtenu une mention honorable au concours des Antiquités nationales en 1887. Je considère la démonstration de M. Bémont comme complète. Il n'y a eu ni poursuite, ni condamnation pour la mort d'Arthur qui d'ailleurs est restée pendant assez longtemps entourée de mystère.

(166) Mathieu Paris, Historia Anglorum, t. II, p. 96 et suiv. L'Historia Anglorum a été publiée à Londres en 1866; ses Chronica Majora, en 1871.

(167) Quidam Normanni ignaviam Regis Johannis detestantes ab eo penitus recesserunt ; quidam ei ficte adhaeserunt, Mathieu Paris., Chronica Majora, t. II, p. 482, 483.

(168) Unde multi animos avertentes a Rege semper deinceps ut aussi sunt nigerrimo ipsum odio infatigabiliter sunt persecuti, Mathieu Paris, Historia Anglorum, t. II, p.96 et suiv. Chronica Majora, t. II. P. 479, 480….Odio fuit omnibus, Chronique des comtes de Poitou et d’Aquitaines, Rec, des Hist. De France, t. XVIII, p. 243. C.

(169) Mathieu Paris, Chronica Majora, t. II, p. 488, 489. Historia Anglorum, t. II p. 101, 102.

(170) Chronique Bretonne, Rec. des Hist. de France, t. XVIII, p. 330 D.

(171) Probablement le fils de Foulques de Mastach ou Mastaz qui avait été sénéchal de Poitou dans les dernières années de Henri II (C. Port, Cart. de l'HôpitaI Saint-Jean, n° XVIII, p. 111). Il confirme dans cet acte de janvier 1195 une donation faite par son père en 1187 (.Eod., n° IX, p. 108), et ajoute d'autres biens situés aussi en Anjou.

 Guillaume des Roches qui prenait alors le nom de Guillaume de Sablé est l'un des témoins de la donation de 1195.

(172) Léopold Delisle, catalogue des actes de Philippe Auguste, n° 813, acte du 7 mai 1204.

(l73) Rigord,Chron.§ 143.

(174) Cartulaire F de Philippe Auguste, f 170 r° Bibl. Nat. Lat. 9778. Arch. Nat. JJ 7 et 8, 8 f° 75 V° col 1.

(175) Archives Nationales JJ 7 et. 8, 7 f° 43 r° col. 2, 8 68 r° col. 1.

(176) Arch. Nat. J 179 Craon n° 1, original scellé. K 214, ex Regestro rerum Andegavensium Camerae compotarum Parisiensis, f 77.

(177) Rigord, Chron. §§ 143, 144. Guillaume le Breton, Chron. §§ 133, 134; Philippidos, VIII, 380 et suiv. Matth. Paris, Historia Anglorum, t. II, p. 103 Chronica Majora, t. II, p. 490. Raoul de Coggeshall, Rec. des Hist. de France, t. XVIII, p. 102 B.

C'est sans doute à Chinon que fut fait prisonnier Robert de Turnham, et il est probable qu'il défendait cette place avec Hubert du Bourg.

Loches était défendu par Girard d'Athies qui fut fait aussi prisonnier.

(178) Rigord, Chron. § 147. Guill. le Breton., Chron. §§ 138, 139.

(179) Les mouvements du Roi Jean résultent de son itinéraire relevé par M. Duffus Hardy, Rotuli litterarum patentium, Introduction.

(180) Rotuli litterarum clausarum, pag. 78.

(181) Qui ad treugam jurandam ex parte nostra requisiti fue Runt eam tenebunt, Rigort, Rec. des Hist. de France, t. XVII, p. 60. Dumont, Corps diplomatique, t. I, part. I, p. 136.

(182) Cartulaire F de Philippe Auguste, f 166 r°., Bibl. Nat. Lat. 9778. Arch. Nat. JJ 7 et 8, 8 f 75 r° col. 2.

(183) Rigord, Chron. §§149,151. Guill. le Breton, Chron.§§ 143, 145. Chron. de Nicolas Tlaivet, apudd'Achery, spic., t. III, p. 181. Chron. d'Albéric de Troisfontaines, Rec. des Hist. de France, t. XVIII, p. 774 A. Chron. de Robert d'Auxerre, Eod., p. 275.

(184) Ménage, Histoire de Sablé, preuves, p. 356 et 364.

(185) Pierre des Vaux-de-Cernay, cap. XIV, Rec. des Hist. de France, t. XIX, p. 196.

(186) Guill. le Breton, Chron. § 178.

(187) Guill. le Breton, Chron. § 20t. Chronique de Saint-Denys, Rec. des Hist. de France, t. XVII, p. 413. Le chroniqueur de Saint-Denys a traduit, mais mal traduit Guillaume le Breton de Vice-comes Santae-Suzannae, il a fait li vieux cuens de Sainte-Susane, et il fait d'ailleurs un contre sens en le comptant parmi les partisans secrets du Roi d'Angleterre; Guillaume le Breton dit précisément le contraire.

(188) Arch. Nat., JJ 7 et 8, f 82 v°.

(189) Cartulaire F de Philippe Auguste, f 171 r°, Binl. Nat. Lat. 9778. Arch. Nat. JJ 7 et 8 7f55 r° col.l; 8f° 83v° col. 2.

(190) Guill. le Breton, Chron. § 178.

(191) Chronicon magnum, Ed. Salmon, p. 153.

(192) La fidélité de Barthélémy de l'Isle au Roi de France est naturellement considérée par le Roi Jean comme une sédition à son égard. Par lettres datées d'Angoulème 14 mars 1214, il lui enlève le château de Rochefort pour le rendre à Payen…. Cum pertinentiis, sicut Barth. De Insula….habuit et tenuit, et il lui donne en même temps des droits importants de péages sur la Loire, Rotuli Chartorum, pag. 196.

(193) Lettres de Jean datées de la Roche-au-Moine, 26 juin 1214, ordonnant à Hugues de Gournay et Hugues du Bourg de rendre ces terres à Philippe de Remefort, Rotuli litterarum clausarum, pag. 167 b.

(194) Cartulaire de la Couture, ff. 6 v° et 7 r° ; Bibl. du Mans; Dom Gueranger, pages 166 et 167.

(195) Registre XXI de la Chambre des comptes, f 261 Bibl. Nat. Lat. 9067.

(196) Liber albus capituli Cenomanensis, p. 8.

(197) Guillaume le Breton, Philippidos, X, 71, 202 à 207 Chronicon Turonense magnum, pag. 153.

(198) Guill. le Breton, Phil., X, 103 et suiv., 132, 227 et suiv. Il évalue l'armée anglaise au triple de celle amenée par le prince Louis.

(199) Guillaume le Breton dans sa chronique et sa Philippide dit que le siège dura trois semaines l'itinéraire de Jean par M. Duffus Hardy ne mentionne sa présence devant la Roche-au-Moine que du 19 juin au 2 juillet.

Mais comme il était à Ancenis le 12 juin, il est fort possible que pendant qu'il s'emparait d'Angers, il ait laissé pour commencer le siège de la Roche-au-Moine une partie de son armée qui aura traversé la Loire aux environs de Rochefort dont il était maître.

(200) Guill. le Breton, Chron. § 178.

(201) Ce traité est imprimé en entier dans Teulet, Layettes du trésor des Chartes, n° 1085, pag. 405 Arch. Nat. JJ 7 et 8 8 f 56 V, col. 1. Un chroniqueur anglais ajoute même que pour obtenir cette trêve à laquelle il attribue une durée de trois ans, le Roi d'Angleterre dut donner 11,000 marcs d'argent (ex chronico Matthaei Westmonasteriensis, Rec. des Hist. de France, t. XIX, p. 259).

(202) Cartulaire F de Philippe Auguste, f 173 r° BiM. Nat. Lat. 9778. Arch. Nat. JJ 2(i, f 216 v° col. 2.

(203) Cette cause est jugée par l'archevêque de Reims …. et a multis aliis episcopis et baronibus nostris, videlicet G. Altissiodarensi…. episcopis, et Guillelmo comite Pontivi…… W. de Ruppibus senescallo Andegavensi….. Nobis audientibus et judicium apprabantibus…. Invitation est faite à tous ceux qui y ont pris part de faire des lettres de ce jugement….. Litterae Willelmi de Rupibus senescalli Andegavensis quibus notum facit judicium…..In cujus rei testimonium presentes litteras fieri fecimus sigilli nostri munimine roboratas….. Teulet, Layettes du Trésor des Chartes, nos 1182 et 1183, pag. 431, 433).

(204) Le Roi fit faire des lettres contenant comme un procèsverbal de ce qui s'était passé…. Nos autem super premissis veritati testimonium perhibentes de visu et auditu, presentes litteras sigillis nostris fecimus sigillari Ces lettres sont scellées de 22 sceaux parmi lesquels celui de Guillaume des Roches (Teulet, op. c., n° 1439, p. 514).

(205) Léopold Delisle, catalogue des actes de Philippe-Auguste, n° 1691 à 1695. Teulet, Layettes du Trésor des Chartes, n° 1197 et l201, p.438 et 439.

(206) Ces trois dispositions sont contenues dans deux actes que j'ai publiés, Coutumes et Institutions de l'Anjou et du Maine, t. III, p. CXX; et CXXIII, avec la date de 1218 c'est la date suivant l'ancien style les lettres de Philippe Auguste qui confirment l'acte du dotalicium (qui est de l'année 1197), et l'acte de Guillaume des Roches confirmant ce premier acte et faisant le partage entre ses filles portent la date de mars 1218, c'est-à-dire, 1219 suivant le nouveau style.

(207) Registre XXI de la Chambre des comptes, f 352 V, Bibl. Nat. Lat. 9067. Gallia Cliristiana vetus, t. IV, p. 185.

(208) Chanson de la croisade des Albigeois, vers 9234, t. I, p. 371 Traduction, t. II, p. 459.

(209) Guill. le Breton, chron., § 233. Chanson de la croisade, vers 9300 et suiv., t. I, p. 373 traduction, t. H, p. 461.

(210) Teulet, Layettes du trésor des Chartes, nos 1387 et 1391, p. 496, 498.

(211) Epistolarum Honorii Papae III, lib. V,-ep. 290; Rec. des Hist. de France, t. XIX, p. 714.

(212) Histoire des ducs de Normandie et des Rois de France, Ed. Francisque Michel, p. 93.

(213) Chanson de la croisade des Albigeois, vers 9234, t. 1, p. 371 Traduction, t. II, p. 459.

(214) Chronicon Turonense magnum, p. 153.

(215) Guill. le Breton, Chron., § 178.

(216) Coutumes et Institutions de l'Anjou et du Maine, t. p. CXXI et suiv. n° XI et XII.

(217) Guillaume le Breton, Philippidos, X, 230 et suiv. Pour tout ce qui est relatif aux sénéchaux de la Maison de Craon, v. Dom Housseau, t. XIX, n. 393 et suiv., t. XXV, 1, ff. 165 et suiv. Ménage, Histoire de Sablé. Bodard de la Jacopière, Chroniques Craonnoises, p. 196 et suiv. Le Père Anselme, t. VIII, p. 568 et suiv.

(218) Arch. Nat., J 179, n° 3, Craon original scellé.

(219) Recueil des Ordonnances, t. 1, p. 47.

(220) II dut contracter des emprunts, et entre autres il s'adressa à Gilles, abbé d'Evron ; il remettait en même temps à l'abbaye une reconnaissance constatant que c'est bénévolement et non à titre de devoir que ce prêt lui avait été fait, qu'il n'avait aucun droit de l'exiger, et qu'il n'en pouvait résulter aucun préjudice pour l'abbaye Amicabiliter pecierimus ut nobis non ex debito, sed ex gracia liberaliter subveneret ad redempcionis nostrae precium comitis Britanniae persolvendum pro caupcione corporis nostri, ne talis exactio possit in posterum  ab aliquo fieri ab eodem abbate, universitati vestrae in veritatis testimonio perhibemus quod nullum jus habemus… (Extr. des titres de l'abbaye d'Evron, coll. Gaignières, vol. 205, p. 186; Bibl. Nat.)

(221) Chronicon Turonense magnum, ad annos 1223 et 1224, p. 154 Ed. Salmon. Ce chroniqueur se trompe en ce qu'il appelle la fille d'Amaury, fille unique.

(222) Dom Housseau, t. XI II,1, nos 10557 et 10620. La première de ces deux mentions se borne au nom de Maurice. La seconde fait mention que c'est une transaction avec l'abbé de Toussaints au sujet de divers immeubles. Ne serait-il pas encore possible qu'il y ait eu dans la rédaction primitive des actes, une confusion semblable à celle que nous verrons plus loin au sujet de Maurice VI, p. 348., note ? 

(223) Ménage, Hist. de Sablé, p. 156 et suiv., p. 212. Dom Housseau, t.. VI, n° 2586 Arch. du prieuré de la Haye-desBons-Hommes, pr. Angers. Ce volume de Dom Housseau contient deux autres mentions concernant Amaury n° 2599 extr. des archives de la Toussaints d'Angers, lettres d'immunité pour le prieuré de Saint-Augustin, de 1224 et n°2603, extr. de Gilles Bri, Histoire des comtes d'Alençon et du Perche, t. III, p. 235; Ce sont des lettres de Marie, comtesse de Ponthieu, par lesquelles elle cède au Roi de France Aubigny en Cotentin et Dourlens…. in presentia domini Regis, presentibus his et testibus… Amalricus de Credonio senescallus Andegavensis…. Ces lettres sont du mois de juillet 1225.

(224) Chronicon Turonense magnum, ad annum 1226, p. 158, Ed. Salmon. Ménage observe qu'Amaury de Craon, contrairement à l'usage généralement suivi par les seigneurs féodaux d'une certaine importance, ne fit aucune fondation et ne donna rien aux églises ou abbayes; je n'ai relevé qu'une seule donation, celle de 100 s. t. de rente qu'il fit en mai 1220 à l'abbaye de Bonlieu, à prendre sur son péage de Chantocé (Dom Housseau, t. XVIII, f 293 r"). Une semblable libéralité ne diminue en rien la justesse de l'observation de Ménage.

(225) Ménage, Hist. de Sablé, p. 217 Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, t. 1, col. 880.

(226) Dom Housseau, t XXV, 1, f 165 qui cite Du Tillet, annotations sur le Sacre et couronnement des Rois, f° 492).

(227) Arch. Nat., J 179, Craon, n° 4, original scellé ce sont les lettres de Jeanne. Celles du Roi se trouvent dans le Cartulaire F de Philippe Auguste, f" 183 y, Bibl. Nat. Lat. 9778.

(228) V. ci-dessus, p.193, 194. Nous verrons plus loin qu'enl232 elle avait un bailli appelé Benoît de Chatigneyo, pages 361 et 363.

(229) Coûtumes d'Anjou.et du Maine; Texte B, § 18 Coutume glosée, § 18,1.1, p. 76 et 204. Ménage, Histoire de Sab)é, p. 217 Dom Morice, preuves de l'Histoire de Bretagne, 1.1, col. 860.

(230) Cartulaire F de Philippe Auguste, f 29 r° col. 2, BiM. Nat. Lat. 9778.

(231) Dom Housseau, t. VII, n° 2984, extr. des Archives du prieuré de Daumeré dépendant de Marmoutier.

(232) Dom Housseau, t. VII, n° 2995, extr. des archives de Saint-Martin de Tours, Anjou.

(233) Enquête faite par ordre du Roi par Guitier, bailli de Tours… super eo quod Amalricus de Credone dicit…. quod Pater suus tempore quo decessit erat in possessione percipiendi et levandi terciame partem emendarum… de quibus dissaisitus fuerat per ballivos Regis post mortem patris sui dum esset minoris aetatis sicut decebat….probata est intencio dicti Amalrici, et per assecionem aliorum qui fueruni balivi in Turonia deliberat fuit eidem saisina emendarum hujusmodi….salvo domnio Regi jure proprietatis. Enquêtes expédiées au Parlement de la Pentecoste, 1266, Olim, t. J, p. 229, I. .

 (234) A. Lettres d'Isabelle, dame de Craon sénéchale d'Anjou, reconnaissant qu'à sa prière la Reine Blanche a baillé en garde les châteaux de Sablé et autres à Bernard de la Ferté, et Hamelin d'Antenaise, chevaliers, et promet qu'ils les remettront en la main du Roi de France ou de Charles d'Anjou, ou d'autres pour eux; parmi les plèges, Jacques de Chateaugontier pour 1000 livres et Aimeri de la Cheyrière, chevaliers. Ces lettres sont de 1250 (Ménage, Hist. de Sablé, p. 239).

B. En octobre 1259, elle fait un échange avec les frères de Grandmont de la forêt de Craon, Isabella domina Credonii, senescalcissa Andegaviae (Dom Housseau~t.VII, n° 3119, Cartul. de la Haye, pr. Angers. Extr. des titres de N.-D. dé la Haye-des-Bons-Hommes, Coll. Gaignières, vol. 650, p. 226, Bibl. Nat.)

C. Gaignières cité par Dom Guéranger (Cartul. de la Couture, p. 310, note), cite un autre acte où il est question d'elle en 1260, mais seulement comme dame de Sablé, et ne lui donne pas le titre de sénéchale.

(235). A. Le premier procès est relatif à des lettres qu'elle prétendait devoir lui être rendues par la mère d'Amaury ….Questione mota inter domicellam Yolandam de Drocis relictam defuncti Hamaurici de Credone ex una parte et executores dicti Almarici ex altera, attendens dicta domicella quod quaedam litteraes quas domina de Credone mater discti Almarici habere dicebatur…dictam dominam peciit ad litteras ipsas sibi reddendas compelli….  (Arrêts prononcés au Parlement de la Pentecoste, 1270, Olim, t. I, p. 806, xx).

 B. Procès fait par le procureur executorum defuncti Almarici de Credoneto contra deomicellam Yolendi de Drocis relictam ipsius Almarici quod quando comitissa Maria de Drocis et comes Robertus ejus filius dederun sibi in uxorem dictam Yolendim… L'objet du procès est la valeur de bois faisant partie de la forêt de Dreux donnés en payement de la dot stipulée. Les exécuteurs perdirent encore leur procès (Requétes expédiées à Paris au Parlement des octaves de la Chandeleur, 1270/1 Olim, t. I, p. 360, n).

(236) Dom Housseau (t. VII, n°3264), cite d'après le Cartulaire de la Haye-des-Bons-Hommes un acte du mois de Mai 1272, par lequel Maurice de Craon, sénéchal d'Anjou, du Maine et de Touraine remet aux religieux de Grandmont de la forêt de Craon les cinquante sols qu'ils étaient obligés de lui payer sur les vignes de Balots, suivant l'échange fait avec eux par Isabelle sa mère, en 1259 la filiation se trouve ainsi bien établie. V. en outre Gaignières, vol. 650, p. 226.

(237) Archives Nationales, J 179, Craon, n° 5 original scellé.

(238) A. Arrêt du Parlement de l'Epiphanie 1277/8 lui refuse le tiers des amendes prononcées contre les Lombards qui prêtent à intérêt, bien qu'il ait droit sur les autres Olim, t. II, p. 104, XXIV. Cet arrêt a été recueilli dans la 7° partie du style du Parlement de Paris, œuvres de Dumoulin, t. II, p. 664, sous le n° XLVI.

B. Autre réclamation rejetée au Parlement de la Toussaints, 1279, Olim, t. II, p. 144, VII.

C. Dans une autre circonstance, en 1286, il est décidé que la remise faite par le Roi d'une amende ne préjudicie pas à son droit d'avoir le tiers de l'amende à raison de sa sénéchaussée, Parlement du samedi après les octaves de la Pentecoste, Arch. Nat., K. 214, n° 19.

(239) Dom Housseau, t. XII, 2, n° 7746, Extr. des arch. de l'abbaye du Ronceray.

(240) A. Transaction avec Charles II au sujet de l'hommage d'Ingrande relevant de Chantocé, qui avait été acquis par Charles I (Ménage, p. 345).

B. 1er avril 1288/9 au nom de Charles, Roi de Sicile, comte d'Anjou, il accorde à l'abbaye de la Couture deux foires en deux des villes du Maine appartenant à ladite abbaye.

C. Il renouvelle la cession qu'Amaury 1 avait faite de Ploermel au duc de Bretagne (Bodard de la Jacopière).

 D. Il est chargé par Charles II d'exécuter son ordonnance sur l'expulsion des Juifs, et de surveiller la perception et l'emploi d'une aide qui lui avait été accordée par les évêques d'Angers et de Nantes, les chapitres et d'autres seigneurs du pays (Ménage, p. 411).

(241) Dom Housseau (t. XXV, 1, f 167), fait suivre cette généalogie de quelques observations qu'il est utile de reproduire :

« MM. de Sainte-Marthe ajoutent un autre fils nommé Maurice qu'ils font ainé d'Amaury, ce qui m'avait paru d'abord assez vraisemblable, y ayant eu un Maurice, fils de Maurice, nommé dans la déclaration du Roi Philippe-le-Bel du mois de décembre 1293 dont nous avons donné la copie. Cette vraisemblance paraissait devoir être encore appuyée du nécrologe des cordeliers d'Angers où Jeanne de Craon est dite sœur de Maurice. Mais M. Ménage ayant rapporté dans son histoire de Sablé le testament de Maurice 6e du nom daté du 1er février 1292 où il n'est fait mention que de Amaury qu'il nomme son héritier, et de Marie, Isabelle et Jeanne ses soeurs, nous devons nous arrêter à l'autorité de ce testament car pour la déclaration du Roi Philippe-le-Bel, il faut croire qu'il y a omission de la lettre A au commencement du nom de Mauricius et qu'on y doit lire Amauritius, aussi bien que dans le nécrologe des cordeliers d'Angers, ce nom étant pareillement employé dans les gestes de Guii!aume Le Maire, évêque d'Angers et en d'autres titres latins pour le nom français d'Amaury ».

(242) Au Paiement de la Toussaints 1293, un arrêt fut préparé pour admettre les réclamations de la dame de Craon comme bail de ses enfants mineurs, Domina Credonii racione liberorum suorum quos habet in ballo suo, petente ratione senescalliarum Turonensis, Cenomuniae et Andegavensis..  (Olim, t. II, p. 359, xx). Mais aucune suite ne parait avoir été donnée à ce projet d'arrêt.

(243) Arrêt du jeudi après la Saint-Barnabé, Olim, t. II, p. 548, XVII.

(244) Liber Guillelmi Majoris, Ed. Port, Documents inédits, Melanges, t.II,p.491

(245) Dom Housseau, t. VIII, n°3483, Reg. des Chartes, f°143. Le sommaire de D. Housseau contient une erreur c'est l'évêque en personne, et non son procureur, qui a fait le serment.

(246) Ménage, Histoire de Sablé, p. 345 et suiv. Les titres qu'il cite à cette occasion pourraient bien d'après lui, être des traductions anciennes d'originaux en latin.

(247) La reconnaissance d'Amaury est du 15 avril 1317/8 Arch. Nat., J 179., Craon, n° 7 original scellé.

(248) Arch. Nat., J 179, Anjou, n° 91; original scellé.

(249) V. ci-dessus, p. 172,176.

(250) 26 juin 1326, Ménage, Histoire de Sablé., p. 248. t. M

 

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