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PHystorique- Les Portes du Temps
13 janvier 2024

Chapelle de Notre Dame du Breuil (commune du Bernard)

Chapelle de Notre Dame du Breuil commune du Bernard.

Le Breuil, situé sur la route de grande communication n° 79, du Pont-Rouge à Jard, deux kilomètres du Bernard, fut probablement un bois sacré, où les Gaulois avaient posé un de leurs dolmens, qui a résisté, en partie, aux injures du temps.

Les tumulus du Pé et du Pé-Rocher n'en sont éloignés que de 1800 mètres environ

Les fouilles exécutées en 1860, ont mis à découvert un tombeau gallo-romain, où le coin celtique et la tuile à rebord marquaient l'union et la fusion des rites de Rome et de la Gaule.

L'époque de l'invasion des barbares y est signalée par une tonnelle qui, selon toute apparence, était destinée, comme tant d'autres, dont l'existence est un fait acquis pour nous, à servir de point de mire pour transmettre les nouvelles par le moyen de signaux (1).

 

Subissant les transformations successives apportées par les siècles, le Breuil eut, au moyen-âge, sa petite seigneurie.

Une portion de son enceinte porte encore aujourd'hui le nom de Cour-dit-Breuil, parce que les seigneurs y tenaient leurs assises, y rendaient leurs arrêts, et y percevaient leurs droits de cens et de terrage.

La 11° charte du Bois-Grolland fait mention d'Hervé du Breuil au XIIIe siècle.

Nos archives nous ont conservé les noms de Gabriel Urnoys, enterré dans l'église du Bernard, au milieu du XVIIe siècle; de Michel Urnoys, son fils dont la Dame était Renée Suzeneau, et de Léon-Michel Urnoys, mentionné en 1726, comme habitant le plus souvent sa maison noble de la Plissonnière, paroisse de Château-Fromage.

La Cour du Breuil passa, en dernier lieu, à la famille de la Ménottière.

 

En remontant le cours des âges, nous trouvons les Princes et seigneurs de Talmont, en possession de cette Terre.

Ils y fondèrent une chapelle, qu'ils dotèrent richement, pour le salut de leurs âmes.

Les Pouillés de Luçon, depuis le Grand-Gauthier, en 1300, jusqu'à celui que l'abbé Aillery a collationné en 1860, n'en font aucune mention.

Nous sommes heureux de pouvoir combler cette lacune, en publiant les pièces authentiques qui la font connaître.

Elles sont tirées du Cartulaire de l'abbaye Sainte Croix de Talmond, que l'archiviste du département, M. Fillaudeau, a mis, avec une obligeance extrême, à notre disposition.

Il est question de la Chapelle du Breuil dans six chartes. Deux portent la date de 1213.

La première nous apprend que Guillaume de Mauléon (2), prince et seigneur de Talmond, avait posé lui-même la première pierre de la Chapelle du Breuil; et qu'elle avait été placée sous le vocable de la Bienheureuse Vierge Marie, mère de Dieu.

Le prince fait savoir à tous présents et à venir, que, pour le salut de son âme et celui de ses ancêtres, il donne aux moines de l'abbaye de Sainte-Croix de Talmond, qui desserviront la chapelle, le bois de chauffage, qu'ils prendront dans la forêt d'Orbestier.

L'acte fut passé à Talmond et muni du sceau de Guillaume, en présence de Raoul de la Peyratte, abbé de Talmond (3), de Béatrix son épouse, et du clerc, Jean Savary.

Il est probable que la chapelle avait été bâtie cette même année, 1213, ou l’année précédente.

Par la seconde charte, Guillaume donne à la chapelle de Notre-Dame du Breuil pour le luminaire de ladite chapelle, vingt cinq sous de monnaie courante, payables, chaque année, à l'Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, et qui devaient être pris sur les cens qu'il percevait à Bourgneuf, village qu'il avait fait bâtir, près d'Olonne.

Les témoins de cette donation furent Raoul de la Peyratte, abbé de Talmond, entre les mains duquel fut remise, ladite aumône; Guillaume, fils de Girard, sénéchal de Talmond Thomas, clerc et prieur d'Olonne et beaucoup d'autres.

La troisième charte est intitulée concordia pacis. Elle mit fin à une discussion qui s'était élevée entre Raoul de la Peyratte, abbé de Sainte-Croix et un nommé L. Piné (4), ou Pinier en l'an 1216, sous le pontificat d'Honorius III et le règne de Philippe-Auguste, Savary de Mauléon étant seigneur et prince de Talmond.

Les témoins qui la signèrent furent le prieur, le sous-prieur, un nommé Moyse, le prêtre Raymond, Des Noyers, et le chapitre tout entier.

Pierre Barre (5), avant de mourir, avait fait don à l'abbaye des biens qu'il possédait dans te fief de la Barottière.

 Cette donation avait fourni matière au différend qui existait entre L. Piné et l'abbé. Il fut vidé par la transaction de 1216.

 Par cet acte, L. Piné, qui, selon toute probabilité, était l'héritier de Pierre Barre, donnait à l'abbaye deux quarts de vigne, dans le fief de Guillaume, fils d'e Robert; l'abbé cédait, de son côté, à Ebles, fils et héritier de Piné, le fief controversé, à la condition que celui-ci lui paierait quinze sous pour un cheval de service et lui rendrait foi et hommage plein.

Si Ebles venait à mourir, il était statué que sa mère hériterait du fief, dont elle paierait la main morte, au prorata de sa valeur, et rendrait jusqu'à sa mort l'hommage sus-mentionné.

 Le fief, après le décès de cette dernière, devait retourner à l'abbé et appartenir à la chapelle de Notre-Dame du Breuil.

Dans le cas où Ebles survivrait à sa mère, le fief lui resterait pendant sa vie, et constituerait un bénéfice au profit de la 'chapelle du Breuil, s'il ne laissait pas d'enfants pour héritiers.

 Quant aux immeubles, dont Piné, son épouse et Ebles leur fils avaient la propriété dans les marais, l'abbaye aurait le marais, au lieu dit Lestrémière, qui contenait 260 aires de saline, et quatre quarts de vigne, plus la moitié d'un quart à la Métairie (6), (Meteeria ou village du pont Métayer), dont l'un exempt de tout complant, sans parler de l'autre quart que l'abbé avait cédé à Piné, pour faire avec lui sa paix.

 Si Ebles laissait après lui des fils et des filles, le fief, dont il a été parlé, retournerait à l'abbaye de Talmond et à la chapelle de Notre-Dame du Breuil, à moins que l'abbé ne consentît à le leur abandonner.

Dans tous les cas, l'abbé leur quittait les 260 aires de saline, mentionnées plus haut.

 Mais ces salines et ces vignes appartiendraient définitivement à l'abbaye, si les enfants d'Ebles mouraient sans héritiers.

L'acte fut revêtu du sceau de l'abbé, le cachet en cire fut coupé en deux, et chaque partie en emporta une part.

Huit ans après, Ebles ayant perdu son père et sa mère, ratifia les dons qu'ils avaient faits précédemment.

En foi de quoi Pierre de Saint-Martin, doyen de Talmond, apposa son sceau sur ladite charte, en 1224 (7).

La quatrième charte n'a point de date, mais elle fait suite à la précédente. Elle fait supposer que Piné, l'un des bienfaiteurs de la chapelle du Breuil, était mort, ipse dederat ad vitam suam.

 Le prieur et le sous-prieur de l'abbaye de Sainte-Croix y sont portés comme présents à la donation, ainsi que le prêtre Raymond et Des Noyers qui figurent dans la troisième charte, le diacre assistant l'abbé et plusieurs autres.

L. Piné, pour le salut de son âme et de ses parents, léguait, après sa mort-et celle de sa veuve, à la chapelle de Notre-Dame du Breuil la quatrième partie du moulin de Rebotet, et 40 aires  de salines, un bateau de pêche (?), Vaseium, et une pêche à ses moulins de Deltéa (Delteau), un muits de vin, une sextrée de blé, payable chaque année, sur sa maison, la moitié d'un quart de vigne devant les moulins de Clairie, la moitié d'un quart à la Séminière Saimaneria (8), la moitié d'un quart à la Bardonnière, une boissetée devant les salines de l’aumône (?) ou de l’aumônerie, ante solinarum elemosine, trois minées de terre dans le fief de la Motte, et quatre sous de cens.

 En outre, il payait les frais des bâtiments qui devaient être ajoutés à la chapelle, et edificia predicte capelle expensis suis facienda.

 

La cinquième charte est de Guillaume d'Apremont, seigneur de Riez et de Poiroux.

 Par cette charte, datée de 1218, ce seigneur donne, avec le consentement d'Ermengarde, son épouse, à la chapelle de Notre-Dame du Breuil et à cette de Saint-Nicolas de la Chaume, et aux moines de Sainte-Croix de Talmond, qui desservaient ces deux chapelles, les droits et domaines qu'il avait dans le fief de la Joburgère, pour en jouir paisiblement et à perpétuité, sans que ses héritiers et ses tenanciers pussent les troubler dans leur possession.

La chapelle du Breuil prélevait sur ce fief vingt-cinq sous, pour l'entretien d'une lampe. Le reste devait appartenir à la chapelle de la Chaume.

 Le don fut fait à l’abbé Raoul de la Peyratte, en présence d'Albert, abbé de Saint-Liguaire et prieur d'Olonne de Raoul de Mauléon, clerc; de Pierre Odret, vassal et serviteur de Guillaume (9) et de plusieurs autres.

 

Par cette même charte, Guillaume d'Apremont, confirmait à l'abbaye de Talmond toutes les donations qui lui avaient été faites précédemment, et tous les droits qu'elle reconnaissait avoir, tant sur ses vignes, ses terres, ses maisons, que sur ses autres propriétés.

La sixième et dernière charte qui concerne le Breuil, est la plus intéressante pour le fond et pour la forme.

 

Savary de Mauléon, qui en est l'auteur, la commence ainsi :

 « C'est un usage reçu et une louable coutume de mettre par écrit les actes et gestes des nobles qui sont dignes de louanges, afin que la postérité, qui n'a pu en être témoin, les connaisse aussi clairement que si elle les avait vus de ses propres yeux.

 Que tous présents et à venir sachent donc que moi, Savary de Mauléon, prince et seigneur de Talmond, considérant et comprenant, que la vie de l'homme sur la terre est courte, et pensant à la Jérusalem céleste dans laquelle je désire entrer un jour avec mes ancêtres, ayant pris la Croix, et sur le point de partir pour la Terre-Sainte, afin de confondre et d'exterminer, s'il plaît au Seigneur, les ennemis du Christ, pour honorer Dieu et la Bienheureuse Vierge Marie, je donne et octroie à l'abbaye de Sainte-Croix de Talmond, et aux moines de ce monastère qui desservent l'église de Notre-Dame du Breuil, la terre qui s'étend de la Vigne des Moines, appartenant autrefois au poitevin Remaud, jusqu'aux vignes qui sont en dessous (aujourd'hui les Basses-Chaînes), et depuis la voie publique, qui passe devant l'église et le sentier qui est derrière ladite église, (ce sentier, qui existe encore ainsi que la Vigne aux Moines, conduit aux abords de ladite vigne, à 200 mètres environ), jusqu'à la maison d'Aimery Pélé. »

 Tout ce terrain, dont il est difficile maintenant de déterminer les limites, était donné aux moines pour bâtir une nouvelle villa (villam novam), une nouvelle ferme.

 Elle porte de nos jours le nom de Villeneuve; elle est située à 200 mètres du bourg, et à 1200 mètres du Breuil.

Le prince veut que les moines aient le droit d'y construire des bâtiments et de les peupler de colons. La seule condition qu'il y met, c'est qu'ils ne seront point pris dans ses terres. Il renonce pour lui et pour ses héritiers à tout droit et à tout service sur les terres et sur les habitants. « Cependant, dit-il, si quelques-uns de mes serfs venaient habiter Villeneuve, je me réserve sur eux les droits que j'ai sur mes autres serfs, à moins que moi et mes successeurs ne consentions à les abandonner aux moines.

 Cette concession importante constitue la première partie de la Charte, et a pour témoins Nicolas, archidiacre de Brioux, souvent cité dans le cartulaire de Bois-Grolland; le prieur de Talmond; frère Robert, prieur de Lieu-Dieu, en Jard; Garnier prieur et seigneur de l'Aumônerie de Talmond, clerc et plusieurs autres.

Dans la seconde partie, Savary se plaît à multiplier ses faveurs, ï) accorde à perpétuité, pour le besoin et le profit de la chapelle du Breuil, le produit de la foire qui se tenait chaque année au Bernard, dans l'octave de la Saint-Martin, et qui durait trois jours, (Saint-Martin, évêque de Tours, est le patron de la paroisse; sa fête se célèbre le 11 novembre).

Il est fait mention de cette foire dans une charte de 1208, de l'abbaye de Bois-Grolland (10); son origine dès cette époque, se perdait dans la nuit des temps.

 C'est qu'elle était du nombre de celles qui coïncidaient avec des pèlerinages et des Kermesses, que le clergé avait favorisés et développés, et que l'autorité civile ne règlementa que plusieurs siècles après leur fondation, parce que ces assemblées étaient devenues importantes par suite du concours de nombreux étrangers, et du besoin de, transaction que l'activité industrielle rendait nécessaire (11).

La charte nous apprend que Savary de Mauléon devait cinquante sous pour le luminaire de Notre-Dame du Breuil.

Ce luminaire consistait en trois cierges, d'une livre chacun, qui devaient être allumés à toutes les messes qui s'y célébraient. I1devait aussi y entretenir nuit et jour une lampe allumée.

Voulant, avant son expédition en Palestine, se libérer de cette obligation, et faire, pour le salut de son âme et de ses parents, de nouvelles largesses, il donne à perpétuité, à Dieu, à la Bienheureuse Vierge, et au monastère de Sainte-Croix, les terrages qu'il avait sur toute la paroisse de Saint-Hilaire-de-Talmond, et tous les droits et domaines qu'il y possédait, sans que ses héritiers et ses serfs pussent jamais inquiéter les moines.

Cette dernière donation est aussi faite pour récompenser le seigneur et abbé Raoul de la Peyratte qui, devenant possesseur des biens de Guillaume Bath, qui les lui avait donnés en mourant, à titre d'aumône; avait consenti, à la prière du prince, à en laisser la jouissance à Gauthier Quare, et à ses héritiers jusqu'à leur mort.

 

Remarquons, en passant, la richesse de l'abbaye de Talmond, et la puissance qu'exerçaient ses abbés, même sur les seigneurs les plus redoutés.

 

Tout le monde sait que Savary de Mauléon fut l'un des capitaines les plus illustres de son siècle.

Ce Gauthier, dont il est ici question, était sans doute du nombre de ces chevaliers qui, pour soutenir leur rang à la croisade, étaient heureux, avant de quitter l'Occident, de trouver sur leur route une riche abbaye, qui les aidait à couvrir leurs frais de voyage.

La charte dont nous venons de parler, fut écrite à l'Aiguillon, en 1218, en présence de Raoul de la Peyratte, abbé de Talmond; de Guillaume de la Motte; de Beer et de Sarrasin chevaliers, et de plusieurs autres. Savary de Mauléon y apposa son sceau.

 

En résumé, Guillaume de Mauléon posa la première pierre de la chapelle de Notre-Dame du Breuil, en 1212 ou en 1213, et il en fut le bienfaiteur, ainsi que son épouse Béatrix (12).

Piné et Guillaume d'Apremont, seigneur de Poiroux, l'enrichirent tour à tour de leurs dons.

Enfin, Savary de Mauléon combla de ses grâces les moines qui l'habitaient.

Une partie des biens donnés aux moines, autour de la chapelle, forme de nos jours une métairie, dite de Jard, parce que de l'abbaye de Talmond, elle était passée à celle de Lieu-Dieu en Jard.

La métairie de Villeneuve a été annexée à celle de la Borderie, qui appartint à l'abbaye d'Orbestier jusqu'en 1665.

Nous savons, par la tradition, que les moines établirent au Breuil un pèlerinage en l'honneur de Sainte-Catherine.

 Lorsque la chapelle fut sécularisée et en partie détruite, le prieur du Bernard, pour rappeler le souvenir de cette dévotion, fit dessiner sur un des panneaux de l'autel de Saint-Yves, dans l'église paroissiale, un médaillon représentant Sainte-Catherine sur sa roue brisée.

Cette miniature est appréciée par les artistes.

Si la réforme broya la statue de Sainte-Catherine, dans la chapelle du Breuil, elle se contenta de mutiler celle de la Sainte Vierge.

A part l'enfant Jésus, dont la partie supérieure du corps a disparu, la statue en pierre de Notre-Dame est demeurée à peu près intacte sur son piédestal, qui se trouve engagé dans la muraille de l'est, du côté de l'épître.

 La chapelle a eu son toit brûlé, il y a eu des reprises dans ses murs, elle n'a guère conservé que ses anciennes fenestrelles avec leurs petites baies malgré cela, la statue est demeurée à sa place.

Aujourd'hui encore, bien que la chapelle soit convertie en bergerie, les colons la respectent et n'oseraient pas porter sur elle une main sacrilège.

 Les bras de la Vierge sont largement drapés, et elle porte sur la tête un diadème autour duquel court un ruban à dent de scie. La hauteur totale de la statue est de 80 centimètres environ.

 

M. Léon Ballereau l'a dessinée avec le talent qu'on lui connaît.

Planche 1

 

 En fouillant aux abords de la chapelle, nous avons trouvé un magnifique sceau de la fin du XIIIe siècle, dont la légende est :

S. (sigillum) capellani de Bello Loco, sceau du chapelain de Beaulieu.

 En pointe, tête de Saint-Jean-Baptiste dans un plat (Saint-Jean-Baptiste est le patron de Beaulieu-sous-la-Roche) ; en chef, deux oiseaux qui se becquètent, symbole de l'Eucharistie.

Scel du chapelain de Beaulieu

Ce qui expliquerait peut-être la présence de ce sceau au Breuil, c'est qu'au XIIIe siècle, le prieuré de Beaulieu dépendait comme la chapelle du Breuil, de l'abbaye de Talmond, et que les religieux de Beaulieu pouvaient, à la volonté de l'abbé, remplacer les religieux du Breuil.

Un autre lien unissait, à cette époque, le Bernard et Beaulieu. L'écuyer Hervé Rattier avait fondé une chapelle, dont il était le patron, dans chacune des deux paroisses, comme on le voit dans le Pouillé du Grand-Gauthier.. Celle du Bernard s'appelle encore Chapelle-Rattier.-

 

Le chapelain de Beaulieu a pu mourir chapelain du Breuil et être enterré avec son sceau de Beaulieu.

Nous terminerons l'histoire de la chapelle du Breuil par une légende du commencement de ce siècle, dont le souvenir est vivant au Bernard.

Le fermier du Breuil et son grand valet emmenaient, un soir, au logis du maître, la pierre d'autel de la chapelle de Notre-Dame, vendue par la Nation, en 1791.

 La charette était traînée par huit bœufs, et roulait à merveille jusqu'au terrier des Dames, ou des Fées, qui est l'un des trois mamelons de Troussepoil ; arrivé là, l'attelage s'arrête, les bœufs sont immobiles, malgré les coups d'aiguillon qui déchirent leurs flancs.

 C'était l'heure où les esprits font la guerre aux gens attardés, surtout aux sacrilèges et aux profanateurs de choses saintes.

Le fermier dut se résigner à son sort, et attendre patiemment le premier chant du coq pour continuer sa route. « Loups-garoux, s'écria-t-il, quand l'écho l'eut répété, sorciers et malins esprits, la retraite sonne pour vous, partez et laissez-moi passer. »

Le chant du coq est, en effet, dans la pensée du peuple, le moment où les lutins, qui tourmentent les hommes, disparaissent, et, où les pierres qui virent, tournent sur elles-mêmes, et font leurs adieux aux bandes joyeuses qui' les fréquentent pendant la nuit.

 A cette apostrophe du fermier, un lutin répond « Oui, mais le coq qui vient de chanter n'est pas un bon coq, c'est un coq rayé. On appelle coq rayé le coq sorti tardivement d'un œuf que la ménagère, pour s'assurer s'il n'était pas clair, a placé au soleil sur un tamis. Un autre coq chanta quelques temps après, celui-là était un vrai coq les fantômes disparurent et la charette franchi), sans difficulté, le ravin mystérieux.

L'ABBÉ FERD. BAUDRY, Curé du Bernard.

 

 

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PIECES JUSTIFICATIVES.

Chartes extraites du Cartulaire de l'abbaye de Talmond.

 

I.

DONNUM CHAUFAGII BEATES MARIAE DE BROLIO.

Notum sit omnibus presentibus et futuris, quod ego Villelmus de Malleone, Talemondi princeps et dominus, ob remedium animae meae et parentum meorum, do et concedo Deo et monachis Sanctae Crucis de Talemondo et capellae de Brollio quae fundata est ad honorem Beatae Maria genitricis ejusdem, in qua ego Villelmus primum lapidem posui, chaufagium in silva Orbisterii, ad usum monacharum ibidem Deo servientium, in manu et protectione Domini R. de Peyrata, tunc abbatis de Talemondo.

Actum publice apud Talemondum, videntibus et audientibus istis, R. de Peyrata, preadicto abbate, clerico meo magistro Joanne Savarico, capitulo sancti Benedicti magistro de sancto Albino, dominà Beatrice uxore meâ, anno ab Incarnatione Domini millesimo ducentesimo decimo tertio. Ut autem donatio isfa firmitatem inconcussam et robur obtineat, presentem cartulam sigili mei munimine roboravi.

 

II

DONUM BEATAE MARIAE DE BROLLIO DE VIGENTI QUINQUE SOLIDIS, AD CEREOS.

Notum fiat praesentibus et futuris, quod ego Villelmus de Malleone, Talemondi princeps et dominus, ob remedium animae meae et parentum meorum, dedi et concessi Deo et cappellae Beatae Mariae de Brollio, vigenti quinque solidos cursorie monete, ad luminare ipsius capellae, in meis sensibus de Burgo-Novo, tempore meo in Olona facto, in Assumptione Beatae Mariae, annis singulis, persolvendos, hoc actum est publice anno ab Incarnatione domini millesimo ducentesimo decimo tertio, hujus autem donationis et concessionis testes sunt hii quorum nomina subscribuntur : R. de Peyratà, tunc temporis abbas Tatem….., in cujus manu dicta elemosina facta fuit, Vittelmus Girardi seneschallus Talemonensis, Thomas clericus et prior de Olonà, et muiti alii. Ut autem ista donatio firma fiat et stabilis in perpetuum, ego Villelmus de Maleone feci et volui presentém cartulam sigili mei munimine roboravi.

 

III.

CONCORMA PACIS INTER NOS ET L. PINE.

Notum sit presentibus et futuris quod cum controversia esset inter dominum R. de Peyrata tunc temporis abbatem de Thalemondo ex una parte et L. Pine ex altera super quadam donatione illius partis feodi quam habebat P. Barre in feodo de Barroteria quam dederat abbatie Sancte Crucis de Thalemondo antequam moreretur in manu domini R. de Perata.

Tandem amicabiliter pacificatum est inter eos ita videlicet quod L. Pine incontinenter dimisit abbatie Sancte Crucis duo quarteria vinearum que habebat in feodo Guillermi Roberte et abbas dimisit filio L. Pine, scilicet Ebloni idem feodum super quo erat controversia tali puncto quod dominus Eblo habebit ab abbate illud feodum reddendo ei decem solidos pro equo sèrvitii in festo sancti Johannis Baptiste et faciet hommagium planum abbati de Thalemondo, fide sua interposita, et si predictus Eblo moriatur antequam mater sua moriatur, feodum remanebit matri sue et mater sua faciet placitum de mortua manu cum jam dicto abbate secundum vallorem feodi et reddet servitium predietum quandiu vixerit.

Post mortem vero matris feodum revertetur ad abbatem, ita quod cappella Beate Marie de Brollio habebit illud.

 Si vero Eblo plus vixerit quam mater sua, habebit feodum in vita sua sicut dictum est, ita tamen quod si moriatur sine filiis vel filiabus feodum predictum remanebit supra dicte abbatie et cappella Beate Marie habebit illud et preterea de hiis que habent prefatus L. et uxor sua et Eblo filius suus eis mortuis remanebit dicte abbatie illud maresium in quo sunt CC et LX areae salinarum in loco qui vocatur Lestremiere et IIIIer quarteria vinearum et dimidium in mesteria quorum unum est sine complanto liberum, et preterea illud quarterium quod supra dictus abbas dimisit ei in pace sua quod est in carroferia liberum.

Si vero moriatur dictus Eblo et habebit filios vel filias nihil omiiius predictum feodum remanebit supradicte abbatie de Thalemondo et capella Beate Marie de Brollio habebit illud et hoc verum est nisi abbas qui tunc esset et Conventus Sancte Crucis de voluntate sua vellet dimittere filiis vel filiabus dicti Eblouis.

 Alia vero que superius nominata sunt sicut sunt areae salinarum et yinee remanebunt filiis predicti Eblonis si eos habuerit : si vero non habuerit remanebunt dicte abbatie, sicut dictum est supra, quia jam de hiis tali pacto fecerunt donationem supradicte abbatie L. Pine et uxor sua et Eblo filius suus in manu domini R. de Perata abbatis.

Si vero heredes Eblonis morientur sine heredibus predicte saline et vinee remanebunt abbatie prenominate.

Actum publiée in capitulo Sancte Crucis de Thalemondo anno domini millesimo CC° XVII° Honorio papa IIIe résidente pontificatus sui anno primo. P. rege francorum régnante, Domino S. de Malleone terram istam gubernante et dotice existente in Anglia in servicio Henrici regis Anglie tunc pueri et juvenis.

 Testes, sunt P. Prior claustralis, S. subprior, J. Moyses, R. Sacerdos P. de Nocis et totum capitulum. Ut autem ista tompositio majorem firmitatem obtineat presentem cartulam voluit utraque pars per cirographum dividi et sigello domini abbatis sigillari. Ego autem P. de sancto Martino tunc temporis decanus Thalemondensis in cujus presentia Eblo heres predicti L. Pine post mortem ejusdem L. et matris sue hec supradicta voluit et concessit presente carta in testimonium veritatis sigilli mei apposui firmitatem. Facta est autem hec concessio anno domini millesimo CCe XXIIIIe

 

 

IV.

DE REBUS QUAS L. PINE DEDIT CARPELLE DE BROLIO.

Notum fiat presentibus et futuris quod L. Pine, ob remedium anime sue et parentum suorum, dedit Deo et Beate Marie ad capellam de Brolio, quartam partem molendini de Rebotet, et quadraginta aleàs salinarum, et unum vaseium, et unam piscaturam in molendinis suis Deltea, de consuetudine, et unum modium vini, et unum sextarium frumenti, de domo sua ; singulis annis, persolvenda, et dimidium quarterium vinee ante molendina de Claira, et dimidium quarterium in Saimaneria, dimidium quarterium in Bardoneria, et unam boiseliam ante salinarum elemosine, et unnm dimidium quarterium, post mortem ejus et vidue, cum ipse dederat ad vitam suam, et tres minetas tune in feodo viri de Mota, et quatuor solidos censuales, et edificia predicte capelle expensis suis facienda.

Huic autem donationi interfuerunt hii : G. prior, P. subprior ctanstri, J. Croscermis (?) et totus conventus, P. Barrez, Raimondus sacerdos, P. diaconus clericus abbatis, P. de Oriblia (?) miles, P. Denohers, et plures alii.

 

 

V.

DONUM DE FEODO QUOD EST PROPE OLONAM CAPELLE DE CALMA, ET CAPELLE BEATAE MARIAE DE BROLIO.

Notum sit presentibus et futuris quod ego Villelmus de Aspero Monte, Dominus de Rie et de Perusio, cum ascensu et voluntate Domine Ermengardis uxoris meae , ob remedium animae mee et parentum meorum et ipsius, do et concedo Deo et Cappelle Beate Marie de Brollio et cappelle Beati Nicolai de Calma et monachis Sancte Crucis de Talemonda, ibidem Déo servientibus, omne jus et dominium qubd habebam in feodo de Joburgeria, nullo mihi vel heredibus vel servientibus meis retento dpminio seu servitio quietè et paciffice perpétua possidendum.

Ità quod predicte cappelle Beate Marie de feodo isto habent vigenti quinque solidos ad illuminandam unam lampadam. Cappella B. Nicolai dé Calma habeat residuum.

Actum publicè in manu et protectione R. de Perata, tunc abbatis de Talemundo, anno ab Incarnatione Domini millesimo CC XVIII videntibus et audientibus istis Ar. tunc abbas sancti Leodegarii, et priore de Olona. R. de Maleone clerico. P. Odre serviente meo, et pluribus aliis.

Praeterea per presentem cartulam concedo, roboro, et connrmo omnes possessiones et omnia quecumque monasterium Sancte Crucis de Talemundo noseitur in feodis meis, tam in vineis, terris, domibus, possessionibus, quam rebus aliis possidere.

Ut autem ista donatio et confirmatio frrmitatem et robur obtineat inconcussum, et ne possit ab aliquibus irritari, presentem eartulam feci sigili mei et sigili Domine Ermengardis uxoris mee munimine roboravi.

 

 

VI

DONUM BEATE MARIE DE BROLLIO DE VILLA-NOVA ET DE VINEIS QUE FUERENT VUILLELMI RATH

Approbate consuetudinis est usus laudabilis quod gesta nobilium digna memoria testimonio scripture commendentur, ut posteritati clarum faciat et apertum scripture vivacitas quod carnis oculus non quidem videt innotescat que praesentibus et futuris, quod ego Savaricus de Maleone Talemondi princeps et dominus, attendens et intelligens quod vita hominum brevis est super terram et Jerusalem quae in caelis est reminiscens in qua habitare desidero una cum antecesoribus meis, assumpto vivifice Crucis signo, cum vellem ad confusionem inimicorum Christi et exterminationem eorumdem, Domino disponente, ad partes illius terre sanctissirrie profiscisci ad honorem Dei et Beate Marie et omnium sanctorum, do et concedo abbatie Sancte Crucis de Thalemundo et monachis ejusdem monasterii in ecclesia Beate Marie de Brollio, Deo desservientibus………… donationem omnimodam ità videlicet quo a vinea praedictorum monachorum qua fuit Ramaldi pictavini usque ad vineas inferiores, et a via publicâ quae est in facie ecelesie ipsius usque ad semitem que est post eamdem ecclesiam distendentem a vinea.antedicta, usque ad domum Aimerici Pele, Villam-novam possint construere et habitatores in eadem adducere, non de terra meâ sed aliunde venientes, nullo michi heredibus meis vel servientibus meis in predicta villa vel in habitationibus ejusdem ville retento dominio seu servicio.

 Si, vero aliqui sint yel fuerint de terra mea in predicta villa habitantes in eis habebo quod in aliis meis hominibus habeo nisi hoc de voluntate meâ vel successorum meorum predictis monachis conferetur testibus hiis.

Nicolao archidiocano Briocensi, G. Priore ejusdem loci, fratre Roberto priore Loci Dei in Jardo, Ganerio priore domino helém……. Thalem……. clerico et pluribus aliis….. Praeterea dedi et concessi ad opus ipsius cappelle nondinas per tres dies durantes singulis annis in octavâ sancti Martini, post festum omnium sanctorum, cum omni, jure et dominio quiete pacifice habendas et perpetuo possidéndas.

 Item, ob reme.dium animi mei et parentum meorum, dedi et concessi Deo et Beate Marie et monasterio Sancte Crucis de Talemundo omnia terragia quae habebam per totam parochiam sancti Hillarii juxta Talemundum, cum omni jure et dominio que in eisdem terragiis habebam et possidebam, nullo-mihi vel heredibus vel servientibus meis retento servicio seu dominio quiete pacifice habenda et perpétue possidenda.

Hoc autem dedi et concessi predicto monasterio in recompensationem quinquaginta solidorum quos ad luminare beate Marie de Brolio debebam, assignare videlicet ad très cereos unius libri singuloruin, singulis missis illuminandas et ad lampadem ardentem unam die ac nocte, et in recompensationem eorum que dominus R. de Perata tum abbas Talemundi dedit et concessit ad instanciam precium mearum Galterio Quare et heredibus suis de rebus Vuillel

Rath defuncti, quae date ei fuerant in elemosinam ab eodem quae omnia, de concessiorie mea, mortuo predicto Galterio et heredibus suis ad predictum monasterium revertentur.

Actum, publice apud Laguiilon, anno gracie millesimo ducentessimo decimo octavo, videntibus et audientibus istis: Domino R. de Perata tunc abbate Thalem.. in cujus manu hoc factum fuit, Villelmo de Motha, P. Beer, G, Sarrazin militibus et multis aliis.

 Ut autem ista donatio firmitatem inconcussam et robur obtineat presentem cartulam sigili mei munimine roboravi.

 

 

 

Cette statue était autrefois dans la chapelle du Breuil, hameau de la commune du Bernard.

La Vierge est debout, le corps à peine cambré pour le maintien de l'Enfant ; elle est coiffée par dessus son voile, d'une couronne en dent de scie. Sa robe tombe jusqu'à terre en plis lourds ; le manteau est drapé avec assez d'art, mias sobrement.

 L'Enfant, assis sur le bras gauche de sa mère, n'est pas d'origine : le croquis présenté en hors-texte dans l'Annuaire de la Société d'émulation de la Vendée (SEV) ne porte que la partie inférieure du corps de l'Enfant, coupé à la ceinture, la partie supérieure est donc postérieure à 1863. La Vierge regarde droit devant elle, d'un regard sans expression. L'avant-bras droit est présenté vers l'avant, à l'horizontale, et la main est ouverte. Têtes modernes.

 

 

Les Seigneurs de Talmont, Famille de Mauléon <==

Les seigneurs de Talmont et le Prieuré Saint-Jean-l'Evangéliste de Fontaine dans le marais de Longeville <==

L’abbé M. Baudry recherche les traces de notre passé sur la commune du Bernard en Bas-Poitou <==

 

 


 

(1). Le Bernard possédait, il y a soixante ans, trois autres tonnelles du Ve on du VIe siècle, appelées: la 1er, la Tonnelle-de-Girondin ; la 2e, les Moulinette-des-Terres-Noires ; la 3e, la Moulinette-des-Cailloux.

Du canal du Perray, près Talmond, à la rivière du Lay, à la hauteur de la Couture, nous connaissons dix autres tonnelles de la même époque : la Tonnelle-du-Veillon, en Saint-Hilaire-de- Talmond; la Tonnelle-de-la-Tête-d’Oie, en Saint-Vincent-sur-Jard ; les Tonnelles-du-Moulin-de-Talmond et de Moque-Panier, en Longeville ; la Tonnelle-de-la-Nouzière, en la Jonchère ; la Tonnelle-de-Moricq, à Angles ; la Tonnelle-de-la-Rue, en Saint-Benoit ; la Tonnelle-du-Payré, en Saint-Denys ; la Tonnelle-de-Lessay, et enfin, la Tonnelle-de-Rosnay.

(2). Il tirait son nom de la ville de Mauléon, Mons leonis.

(3). La Peyratte est une paroisse du doyenné et canton de Tennezay, (Deux-Sèvres).

(4). La charte LIIe du Bois-Grolland fait mention d'un Savary dau Pin, ou Piné, et la charte CXIXe d'un Nicolas de Pinu, du Pin, ou du Pinier. Le Pinier est un village du Bernard.

(5). Pierre Barre était, en 1208, Vice-Doyen de Talmond. Voir la charte LXXVI du Bois-Grolland.

(6). La charte XLIe du Bois-Grolland est intitulée de vineis ad pontum Meiter, et la charte XCVIIIe, apud pontem Metter.

Le Pont Métayer est sur les bords du marais qui sépare Longeville de Saint-Vincent-sur-Jard.

(7). Pierre de Saint-Martin, avait été précédemment chapelain de l'abbaye de Sainte-Croix. Voir la charte XCIVe du Bois-Grolland, datée de 1216. .

(8). Le hameau de la Séminière est un kilomètre sud d'Avrillé.

(9). Il est cité dans les chartes LXXI et LXIIIe du Bois-Grolland.

(10). Charte LXXVI.

(11). Voir pour l'origine de ces foires les Annales du Comité Flamand de France, t. VI. Revue des sociétés Savantes, octobre 1863, p. 317.

(12) Béatrix, épouse de Guillaume, se rendit célèbre par sa cruauté envers les petits enfants dont elle se faisait servir, à table, les membres palpitants, et par sa pénitence.

 Ses cendres reposent à l'abbaye des Fontenelles, près Napoléon-Vendée. (Roche sur Yon)

 

 

 

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