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PHystorique- Les Portes du Temps
16 février 2021

L'histoire de Pouzauges et de ses seigneurs

L'histoire de Pouzauges et de ses seigneurs - Regnault de Thouars, sire de Pouzauges et de Tiffauges compagnon de Bertrand Dugueclin après le siège de Thouars 1372

La féodalité, par contre, a laissé à Pouzauges d'ineffaçables preuves de son passage, témoins les ruines du château et les deux églises de Pouzauges-la-Ville et du Vieux-Pouzauges.

La terre de Pouzauges, qui de simple châtellenie devint successivement baronnie et marquisat, rapportait à l'entier, à la duché-pairie de Thouars, sous un seul hommage lige et à rachat à toute mutation de vassal, suivant la coutume du Poitou.

On y avait anciennement réuni les châtellenies de la Ramée; du Boupère; de la Morvient et autres fiefs; et s'étendait sur les paroisses de Pouzauges; du Boupère ; de St-Michel ; la Meilleraie ; Menomblet et Montournais, de Rochetrejoux et de Saint-Prouant.

Elle avait dans « sa directe » plusieurs belles terres, telles que la Rambaudière et Chantemerle, la Vieille- Tour de Saint-Marsault, la Pellissonnière, le Bois-Ménard, la châtellenie de Saint-Paul-en-Pareds et autres.

Il avait droit de haute justice (1).

La matrice originale en bronze pour sauf- conduit, de Gilles de Raiz, comme seigneur de Pouzauges faisait partie de la collection Fillon et a été vendue 5o francs.

Grâce aux savantes recherches combinées de MM. Léon Audé et Paul Marchegay, dont la profonde érudition a si utilement servi les intérêts historiques de notre contrée, il nous a été possible de dresser la liste presque complète des seigneurs de Pouzauges, depuis la fin du Xe siècle jusqu'à nos jours.

Le chef de la maison de Pouzauges, au dire de M. Marchegay (2), était, avant l'an 1000,

ACHARIAS OU ZACHARIE.

 

Son fils, de même nom, dont la femme s'appelait Milesende, eut entre autres enfants :

MAURICE (3) et HUGUES. (Mauricius Podalgiarum).

1066. le sire de Pouzauges est au nombre des seigneurs Poitevins qui accompagnent Guillaume le Bâtard dans la conquête de l’Angleterre. Il formaient un corps de 4000 hommes d’élite, sous le commandement du vicomte de Thouars Aimery IV de Thouars.

Il épousa Tiphaine ou Stéphanie, et de ce mariage naquirent trois fils,

PIERRE, ISDERNE, GEOFFROY,

et une fille appelée MAYENCE.

PIERRE semble avoir pris le premier le titre de seigneur de Pareds, de préférence à celui de Pouzauges. De sa première femme Marie, on ne lui connaît pas de postérité.

 Quelle fut la seconde ? nous l'ignorons; mais, ce qu'il y a de certain, c'est qu'elle lui donna trois fils :

EMERY, PIERRE et HENRI.

 L'aîné, peut- être du chef de sa mère, ajouta à son titre celui de seigneur de Chantemerle. Il épousa également une Tiphaine, qui le rendit père de Pierre de Pareds et de Guillaume de Chantemerle.

C'est ce dernier qui fonda, en 1202, l'ancienne aumônerie du Vieux-Pouzauges.

 De sa femme Mayence, qui figure avec lui dans la charte de fondation, il n'eut qu'une fille nommée

BELLE-ASSEZ, qui fut la première épouse du célèbre Savary de Mauléon.

1227, Belle Assez (Bella Satis), dame de Pouzauges, donne à l’abbaye de l’Absie, en Gâtine, tous les droits qu’elle avait sur les biens de Giraud Goscelin, et autorise en même temps les moines de cette abbaye à posséder des propriétés dans la circonscription de sa seigneurie.

Cette union donna également naissance à une fille appelée

ALIX de Mauléon, qui porta Pouzauges dans la maison de Thouars, par son mariage avec GUY Ier le Brun, vicomte de Thouars (4).

 

Les archives nationales nous ont conservé un curieux Accord passé entre Alix, dame de Mauléon et de Pouzauges, et Raoul de Mauléon, son frère, au sujet de la succession de Savary de Mauléon.

... Alix y fait savoir que, par suite de l'accord intervenu entre elle et Raoul de Mauléon, son frère, au sujet de la succession de feu Savary de Mauléon, leur père, elle a reçu dudit Raoul onze cents livres de rente annuelle et perpétuelle qu'elle tiendra de lui en plain hommage à un besant de plaid et à une paire d'éperons dorés de service.

« E ceste paix et totes cestes convenances dessus dites ge Aeliz de Mauléon dessus dite, e ge Aymeris, vicons de Toars, e ge Renaudz ei ge Savaris filz à la dite Aeliz, et ge Aumou et ge Belle-assez, fille à la dite Aeliz, et ge Joffrei de Chasteau-Brient, chevalers, et ge Willaume Maingou, e ge Joffrei de Chasteau-Brient, vallet, gendre à la dessus dite Aeliz, avons juré, sus le saint evangile Nostre Seignor, a tenir et a garder audit Raou et a ses heirs et a ses successors, fermement et durablement, et que nos ne vendrons en contre par nos ne par autre en nul temps.

E por ceu que seit plus ferm et plus estable, ge Acliz dessus dite, et ge Aymeris, vicons de Toars, et ge Joffrei de Chasteau-Brient, chevalers, et ge Aumou, femme à celui Joffrei, et ge Willaume Maingou, vallet, avons aposé noz demaines saiaus, et cestes présentes lettres en testemoine de vérité.

E ge Renauldz et ge Savaris et ge Joffrei de Chasteau-Brient, vallet, et ge Bele assez, sa femme dessus dite por ce que nos n'avions de maines saiaus, avons cestes presentes letres saelées dau saiau au deien de Saint-Lorenz sur Sèvre.

E ge Johan de Aler, deien de St Lorenz, à lor requeste, ai aposé en cestes présentes lettres mon saiau.

Ceste paiz fut faite à la Gernatère, lendemain daus oictèves (octaves) de la Nativité-Saint-Johan-Baptiste, l'an de l'Incarnacion Jhesu-Crist M et CC et quarante-sept (5). »

 

Cet Accord, passé à la date du 2 juillet 1247 (6), fut bientôt anéanti (1260) par la mort de Raoul de Mauléon; ce qui permit à Alix de recueillir et de réunir aux domaines et fiefs des vicomtes de Thouars la principauté de Talmont et plusieurs belles baronnies.

 

Geofroi de Châteaubriant reçoit du roi de France la garde du château de Pouzauges. . « In castris ante Fontanetum, mense maio, »

 

Le sceau de Guy de Thouars, seigneur de Talmont. Il est rond, armorié au recto et au verso d'un écu chargé d'un semis de fleurs de lis, au franc-quartier sans pièces.

Légende: -+- S. GUYDONIS. DE. THOARS. DNI. DE. THALAMONDIS

au verso + SECRETUM. COMITIS.

Il pendait à un acte de 1280 pour le prieuré de Fontaine. (Manuscrit 5441 4, f. 404, V).

 

Celui d'Alix de Mauléon, vicomtesse de Thouars, était suspendu à un acte de 1266 pour le prieuré de Sigournay (manuscrit 5441 3, f. 32).

 Il est ogival et représente au recto une femme tenant un oiseau de la main gauche, et retenant son manteau vairé de la main droite.

Légende : + ALICIE. VICE COMITISSE, TOARCII,

et au verso se voit un lion rampant et la légende :

+ SECRETUM. ALLE. DE. MALLEONE.

 

Il n'était pas néanmoins sans intérêt de relever cette charte, puisqu'elle nous fait connaître la descendance d'Alix et de Guy Ier.

 Elle se composait, nous l'avons vu, de trois fils :

AIMERY, RENAUD ou REGNAUD et SAVARY —

et de deux filles : AUMOU et BELLE-ASSEZ.

L'histoire dit peu de choses des uns et des autres.

Le Cartulaire de Pouzauges (7) nous montre cependant Savary de Thouars recevant de son aîné, le vicomte Renaud, à titre de partage, 150 livres de rente, dont 40 sur la taille de Tiffauges.

C'est le moment de signaler la fausseté d'une pièce produite au XVII° siècle par les seigneurs de Sanzay, portant qu'un de leurs ancêtres vendit, vers 1269, ses seigneuries de Pouzauges et Tiffauges pour suivre saint Louis à la Croisade.

 Il ne pouvait en être ainsi, dit M. Marchegay, puisque cette même année, elles étaient occupées au nom du comte de Poitou, et que l'année suivante, voulant favoriser sa demande en assignation de douaire, il en fit lui-même délivrance à Aliénor de Soissons, veuve du défunt vicomte Regnaud de Thouars.

Du mariage de Regnaud et d'Aliénor était né un fils,

 

HUGUET DE TIFFAUGES. 1283-1318

Hugues de Thouars, 3e fils de Guy II, vicomte de Thouars et de Marguerite de Brienne

 Il épousa Amicie, n'en eut pas d'enfants car nous trouvons, à cette date, en possession de Pouzauges et de Tiffauges.

==> 8 octobre 1283 Eschange fait entre messire Girart Chabot, seigneur de Rays et de Machecoul, et Hugues de Thouars, sgr de Pouzauges et de Tiffauges, et l'abbé et convent des Fontenelles, de la cohue et minage de Machecoul avecques le marays Dieu le Fist, assis en l'isle de Boign

C'est lui qui fut envoyé, en 1295, avec Jean II, sire d'Harcourt, pour défendre les côtes de La Rochelle et dans le pays d’Aunis, pour garder les côtes et s’opposer aux entreprises d’Edouards 1er, roi d’Angleterre (8). Il succomba en 1318.

 

GAUCHER DE THOUARS (1318-1330 environ).

Deux actes de lui, copiés dans le Cartulaire des sires de Rays, et également signalé par Dom Fonteneau comme « assurant à Aliénor, sa sœur, femme de Girard de Machecoul, en marais salans, les 500, livres de rente que leur père lui avait données en l'île Bouin. » La susdite Alienor donnent lieu de croire qu'elle était sa sœur germaine.

Après lui avoir assigné le 3 février 1320, à la suite de son mariage et sous le sceau de la Roche-sur-Yon, la moitié de la dot promise par leur père, il la complète le 12 juin 1326.

 Dans la première charte, il est dit seigneur de Pouzauges et de Tiffauges mais ce dernier titre est omis dans la seconde.

Il mourut vers 1330, sans avoir eu d'enfant de Jeanne d'Amboise, veuve de Geoffroi de Mortagne en Saintonge, vicomte d'Aunay, qui lui survécut quarante ans environ, s'étant remariée à Guillaume Flotte, sgr de Revel, chancelier de France.

 Pour son douaire, Gaucher lui avait assigné la seigneurie de Tiffauges.

 Cette dame en avait été expulsée de force par le sire de Pouzauges, Renaud son fils et leurs complices au nombre de vingt, nommés dans les procé­dures qui eurent lieu à ce sujet et dont il a été question précédem­ment déjà.

 Elle en fut déboutée et mise hors par son beau-frère Miles de Thouars, qui s'empara même des biens et ménage qu'elle avait audit châtel :

«  C’est assavoir une littière garnie, sans chevaux ; une table de Cypres (Chypres ?) ; une coutre-poincte de bougran blanc ; ung grant coffre barré en fer et un autre petit coffre, qui estoit dedans iceluy, et plusieurs lettres appartenant à ladicte dame qui estoient dedans ceulx coffres. » Cartulaire de Pouzauges, n°13.

 

 L'arrêt du Parlement qui adjuge ce domaine à Jeanne d'Amboise et condamne les prétentions de Miles de Thouars est du 10 juin 1374 (X1a 23, fol. 422).

 La femme de celui-ci, Jeanne de Chabanais, avait été mariée en premières noces avec Guillaume Maingot, seigneur de Surgères. Elle avait de ce premier lit une fille, Jeanne de Surgères, qui avait épousé Adhémar de Clermont, dont elle était veuve en 1377. Cette dame et son mari s'étaient engagés par acte passé, le 9 novembre 1368, sous le sceau de la cour de Saint-Maixent, à payer en divers termes 1275 livres pour le douaire de leur mère.

 Adhémar de Clermont était mort sans s'être acquitté de cette dette. Sa veuve, poursuivie au Parlement, fut condamnée à payer cette somme et les dépens à Miles de Thouars et à sa femme, par arrêt du 29 août 1377 (X1a 26, fol. 199 v0).

A la suite d'un long procès, et en vertu d'une transaction homologuée au Parlement de Paris, le 28 août 1374, la dame de Revel fit abandon des tour, donjon, chastel, terre, seigneurie et revenus de Tiffauges moyennant une rente viagère de 700 livres, plus la somme de 800 florins appelés francs, d'or fin et de bon poids, à titre de dommages et intérêts.

 

 

 

 

Puis viennent successivement :

— HUGUES II DE THOUARS (de 1330 environ à 1334), signalé dans une consultation du savant historien Jean Besly;

JEAN IER DE THOUARS (de 1334 à 1337 environ), que révèle un acte passé à la Roche-sur-Yon, le 8 avril 1338, par sa veuve « noble dame Johanne de Mathas »;

MILES IER DE THOUARS (1337- 1378), qui se trouva, en qualité de chevalier-banneret, à l'ost ou armée de Wirenfose, en 1340, et qui fit, le 5 août 1353, montre ou revue à Surgères, avec douze écuyers et deux chevaliers-bacheliers; :

REGNAUD DE THOUARS (1379 à 1385 environ), fils du précédent et de dame Jeanne de Chabanais et de Confolens, veuve de Guillaume IX Maingot, seigneur de Surgères, et qui, après avoir servi dans les rangs anglais, revint sous les drapeaux du roi de France après la prise de Thouars en 1372, accompagna Du Guesclin en Guyenne, servit en Flandre en 1380.

 

 ==> REGNAULD DE THOUARS, seigneur de Pouzauges (de 1379 à 1385 environ)

 

 

 

— MARIE DE THOUARS (1419-1424), fille de Miles II et de Béatrix de Montjean, dont le titre de dame de Pouzauges et de Beaurepaire paraît avoir été purement nominal;

 

 

CATHERINE DE THOUARS (1420-1462),  dame de Pouzauges, de Tiffauges, princesse de Chabanais, baronne de Confolens, Savenay, Grez-sur-Maine, etc., née en 1406, sœur cadette de la précédente, épouse en premières noces du trop fameux (1420) Gilles de Laval, sire de Rais, maréchale de France, plus connu sous le nom de Barbe-Bleue,

 

1439, octobre. Gilles de rais, accorde à Pierre Chabot, son homme de confiance, le complice et l’agent de ses crimes, qui figura dans le procès de son maitre, une rente de trente livres mise sur la halle de la seigneurie de Pouzauges.

Pendant son premier mariage, Catherine de Thouars pour se soustraire aux brutalités de Gilles de Retz, se réfugia au château de Pouzauges.

De ce mariage naquit une fille unique, Marie, qui épousa en première noces, le 14 juin 1442, Prégent de Coëtivy, et en secondes noces, André de Laval, amiral et maréchal de France. Morte sans postérité, le 1er, mars 1457, au château de Vitré, elle fut inhumée dans l'église de Notre-Dame de cette ville, au fond de la chapelle située derrière le chœur. N'a rien à voir par conséquent au tombeau d'Ansac.

 

Catherine de Thouars, veuve par le glaive, épousa en secondes noces, en 1441, Jean II de Vendôme, vidame de Chartres, seigneur de Lassay au pays du Maine, enlevant ainsi à l'antique vicomté de Thouars les deux puissantes terres de Tiffauges et de Pouzauges pour en enrichir la maison de Vendôme;.

Ils donnèrent procuration en 1447, transigèrent en 1452.

Elle vivait encore en 1460, Jean II vivait encore en 1470, suivant arrêt du Parlement. (P. Anselme.)

 

 

Nous avons vainement cherché dans le livre de M. l'abbé Bossard la date de la mort de ces personnages.

Tombeau de Catherine de Thouars, veuve de Gilles de Raiz et du vidame de Chartres, Jean II de Vendôme, son second mari.

LES GISANTS D'ANSAC 

Tombeau de Catherine de Thouars, veuve de Gilles de Raiz et du vidame de Chartres, Jean II de Vendôme, son second mari.

 

(Extrait de la Revue Poitevine et Saintongeaise, 6e année, no 61.)

« En remontant la Vienne, au sortir de Confolens, on rencontre, à la distance de quatre kilomètres, la jolie bourgade d'Ansac sur un coteau qui domine la rivière, et, si l'on avance encore d'un millier de pas, on arrive au château de la Villatte, construction vieillotte, assez vaste, remaniée, sans grand caractère, et dont les parties émergeantes les plus anciennes peuvent remonter à la fin du XVe siècle ou au commencement du XVIe. Ansac était une baronnie, dont la Villatte était la résidence ; le tout dépendait de la terre de Confolens, annexe elle-même de l'ancienne sirerie de Chabanais.

Ansac possède aujourd'hui deux églises : une antique paroissiale de granit récemment restaurée et ornée de peintures murales par la munificence et le talent de M. Périn ; et, de l'autre côté de la rue, formant pendant, un reste d'église de Franciscains, informe tronçon, dix fois ruinée et dix fois rebâtie, de plus en plus pauvrement, depuis l'époque (1050) où le seigneur de Ruffec et le seigneur de Confolens s'en disputait la possession les armes à la main. Une seule des deux branches du transept (s'il est vrai que l'édifice ait eu autrefois la forme d'une croix latine) est restée à peu près entière et forme une chapelle particulière, de caractère funéraire et seigneurial, ayant sa porte et sa clef et dont l'architecture accuse le quinzième siècle à sa fin.,

C'est contre le mur du fond de cette chapelle, en face de la porte, que s'ouvre une arcade de style ogival tertiaire, sous laquelle on aperçoit un tombeau de pierre de même style et les deux figures couchées de grandeur naturelle dont nous allons parler.

Le tombeau :

Cercueil décoré sur le devant de panneaux de style flamboyant à nervures prismatiques. Autour de l'arcade ornée des mêmes nervures est sculptée intérieurement une cordelière à nœuds, et dans l'arcade on voit un deuxième arc détaché en forme d'accolade, en grande partie écroulé.

 Au sommet de cet arc figuraient des armoiries, dont il ne reste malheureusement à la clef qu'un bout d'aile et un fragment de lambrequin et à terre, dans un coin, un bloc tombé de cette clef, avec un casque cimé d'un col d'oiseau aux ailes relevées, un aigle, sans doute, dont la tête est brisée. L'écu qui aurait été pour nous une révélation a disparu.

Les figures :

L'Homme. — Il devait avoir la tête nue et les cheveux longs tombant sur les épaules. Le haut de la tête et le visage sont emportés, ainsi que les avant-bras, les mains, le bas des jambes et les lions placés sous les pieds. Le buste est vêtu d'une cotte courte à gros plis, bordée au bas d'une large bande d'arabesques en relief imitant probablement des broderies d'or. Autour de l'échancrure du cou et autour des bras, autres bandes chargées de lettres fleuries aux noms de Jésus et de Marie. Brassards (vestiges), cuissards, genouillères, jambières, dague au côté droit. Sous la tête, un coussin avec glands et traces des anges qui le soutenaient. Au-dessus de la tête, un dais formé d'une pierre distincte, posée sur un parquet de petites briques, en dehors de la dalle du cercueil.

La Femme. - Sans dais, longue et svelte; la tête sur un coussin pareil à celui du mari, le haut du crâne enlevé, ainsi que le visage, les mains et tout le bras droit. La tête était nue, comme le prouve un fragment retrouvé par nous en fouillant dans le caveau : les cheveux lisses, partagés par une raie et rejetés derrière les épaules, sont épars sur le cercueil. Couvrant le buste, un surcot, cet élégant vêtement qui a persisté si longtemps. Même bande que chez le mari autour de l'échancrure du cou, autour des bras, et sur la ligne médiane du surcot, avec les mêmes lettres aux noms de Jésus et de Marie. Sous le surcot, corsage de la robe serré à la taille. Manches collantes, jusqu'au coude, larges et ouvertes à partir de là. Jupe très longue, à plis nombreux, fouillés profondément, cassés dans le bas et ne manquant pas d'une certaine raideur ; deux chiens sous les pieds.

L'effet général produit par les figures, toutes mutilées qu'elles sont, est excellent. Gravité, piété, grande mine, annonce des gens de cour et des personnages de haut rang.

L'absence de dais sur la tête de la femme est-elle préméditée ou le résultat d'une dévastation ? Ce dernier est le plus probable.

D'inscription, nulle trace, ni autour des dalles qui portent les figures, ni sous le dais, ni sur le mur du fond que nous avons vainement sondé. Il y a certainement eu une plaque qui a disparu et la place qu'elle occupait a été soigneusement replâtrée.

La tombe a été violée. On parvient au caveau qui contenait les corps dans leurs caisses, sous les dormants, par un escalier fermé d'une trappe sur le côté de la chapelle. Plus d'une révolution sans doute, les guerres de religion, quatre- vingt-treize, ont apporté ici leur contingent de coups de hache. Naguère encore la piété mal éclairée de nos bonnes femmes continuait, sans penser à mal, l'œuvre des briseurs. Elles détachaient de la poudre de pierre avec leurs couteaux pour en faire des remèdes à leurs enfants. Cette vénération persistante, avivée par les excès des iconoclastes de divers temps, assimilait la tombe d'Ansac à celles des saints, ce qui, chez, une population naïve, n'est peut-être pas sans signification. Elle devait s'adresser aux restes de personnages qui avaient mérité le respect et la sympathie pour leurs vertus. » ........................................................................

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Le hasard, dit M. L. de Fleury, à qui nous empruntons cet extrait, nous a peut-être mis en présence de la tombe mutilée de la veuve de Gilles de Raiz (Barbe-bleue ou l'Ogre de Machecout), Catherine de Thouars, et de Jean II de Vendôme, vidame de Chartres, deuxième mari.

Toute inscription manquant, les armoiries ayant disparu, sauf 'un fragment de cimier, les costumes et l'architecture ne donnant qu'une date approximative, nous avons résolu de publier ici cette note en manière d'appel aux hommes compétents, pour qu'ils nous aident à élucider une question intéressante pour notre province : nous invitons donc courtoisement les érudits qui possèderaient quelques documents sur la date, le lieu de la mort, de la résidence et de la sépulture des personnages en question ou de leurs proches descendants, à vouloir bien en faire part au public.

 

 

 ==> Louis XI Rémission accordée à Jean Ravineau, franc archer de la paroisse de Boupère, détenu prisonnier au château de Pouzauges

 

— JEAN IV DE VENDÔME, leur seul fils, qui épousa Jeanne de Brezé, fille du grand-sénéchal de Normandie, et vivait encore en 1481 ;

— JACQUES DE VENDÔME (de 1485 environ à 1506), issu du mariage précédent, dont l'union avec la fille aînée de Louis Malet, sire de Graville, amiral de France, lui donna deux fils : le second, Charles, tué pendant les guerres d'Italie, en 1522, et l'aîné qui suit;

—  Louis DE VENDÔME (1507-1526), grand veneur de France, qui se signala également durant les guerres d'Italie et mourut à Tiffauges, à l'âge de vingt-six ans, laissant de sa femme, Hélène Gouffier, fille du grand maître de France, un, seul fils, que nous retrouvons ci-après;

— FRANÇOIS DE VENDÔME (1526- 1 560), le dernier vidame de Chartres, renommé par sa beauté, sa bravoure, son esprit et ses richesses, mais dont les excès le firent enfermer à la Bastille, d'où il ne sortit que pour faire son testament et mourir.

Le principal de ses nombreux légataires fut son oncle CLAUDE DE GOUFFIER, grand écuyer de France, qui l'avait élevé. Il lui laissa la baronnie de Pouzauges, tandis que Tiffauges passait aux héritiers naturels. Le lien qui depuis cent quatre-vingts ans unissait ces deux belles seigneuries était à tout jamais rompu.

De Claude Gouffier, marquis de Boisy, Pouzauges passa en 1570 à son fils GILBERT, et en 1581 à son petit- fils, Louis GOUFFIER, alors mineur, ce qui explique la qualité de baronne de Pouzauges donnée à Jehanne de Cossé, duchesse de Roannais, marquise de Boisy et comtesse de Caravas, dans un aveu rendu à Pouzauges par René de Plouër, seigneur de la Boislinière, le 10 août 1583.

 En 1634, Louis Gouffier vendit, à raison de 48,189 livres, la baronnie de Pouzauges, sauf quelques réserves, à Louis GRIGNON, seigneur de la Pellissonnière, en la paroisse du Boupère.

Un aveu rendu par ce dernier à Henry de la Trémoille, le 6 juillet 1647, nous fournit de curieux détails sur l'état de la terre de Pouzauges à cette époque.

« — …. Premièrement, je tiens à mon dhomaine, mon chasteau de Pouzauges, basty en forteresse, avecq ses premières murailles et ceintures, entourées et circuittées de grands et proffonds fossez, la plus grand par a présent en ruyne, fors le dongeon et principalle tour de mondict chasteau quy subsiste; item un grand emplacement audevant de mondict chasteau appellé les fauxlbourgs. aussy, scincts et environnés de haultes tours et murailles, partyes desquelles sont aussy à présent en ruyne, et peult le tout contenir douze septrées de terre ou environ, le tout joignant ensemble et par le devant à ma ville de Pouzauges, autrefois entourée de murailles quy sont à présent en ruyne, d'aultres au Bourg Bérard, le grand chemin entre deulx, d'aultres au grand chemin qui conduit de la Croix- Verte (10) aux Dernières et à mon boys de la Follye; item ma halle de Pouzauges, assise sur piliers et contenant quatre-vingt-dix pas de long et quarante pas, de large, au bout de hault de la quelle est une chambre ou parquet où ce tiennent les plaidz pour l'exercice de ma juridiction ;…

 item ma dicte ville de Pouzauges, laquelle n'est plus renfermée de murailles, avecq la paroisse dudict lieu, le tout ce joignant ét tenant ensemble et de touttes parts à mon bourg et paroisse des Vieux-Pouzauges, en laquelle j'ay droict de dixme inféodée;

 item mondict bourg et paroisse des Vieux-Pouzauges, la plus grand part des maisons d'ycelle sont contigues, joignent et ce tiennent à ma dicte ville et paroisse de Pouzauges, de laquelle paroisse des Vieux-Pouzauges le chef de bourg est au bourg des Vieux-Pouzauges, où est l'églize de la dicte paroisse, dans lequel bourg y a un grand pré y joignant quy despand du prièuré des Vieux-Pouzauges, où tiennent nos foyres dudict bourg..... ;

 item ma chastellanye, bourg et paroisse du Boupère, auquel bourg et joignant l'églize dudict lieu bastye en forteresse, est le lieu et emplacement où estait aultrefois basty mon chasteau de Boupère, auquel emplacement et proche la dicte églize est basty mon pressoüer a'vin dudict bourg du Boupère..... ;

 item ma chastellanye de la Morvien, en ma dicte paroisse de Saint-Prouant, ou aultrefois y avait ung chasteau basty en forteresse à présent en ruyne...  . ;

 item mon bourg de Saint-Prouant, despendant de la dicte Chastellanye avec tout droict de justice, haulte, moyenne et basse, en mon dict bourg et paroisse de Saint-Prouant et tous aultres droits honorifiques et de prééminances en l'églize et paroisse du dict lieu de Saint-Prouant. ;

item mon bourg et paroisse de Rochetrejou, en lacquelle m'appartiennent semblablement tous droicts de justice haulte, moyenne et basse, honorifiques et de prééminances, tant au-dict bourg, églize que paroisse, tenant à mes dicts bourgs et paroisses de Saint-Prouant et du Boupère et à - celles de Mouchamps et Saint-Paul ; les dhomaines et héritages cy-dessus déclarés appartenant à mes autheurs, les barons de Pouzauges, qui les poceddaient à leur dhomaine devant l'acquisition par moy faicte.de la dicte Baronie, par le moïen de lacquelle mes terres et seigneuries de la Pellissonnière, les Ramées de Pouzauges et du Boupère, estaient directement tenues de la dicte.Baronie et sont joinctes, unies et incorporées, ayant par ceste acquisition réuny le fief servant au.fiéf dominant.....;

item mon hostel et chasteau de la Pellissonnière, ses haultes et basses cours, tours, pavillons, fuyes, greniers, escuries, prissons, celliers, granges et aultres édiffices de maisons, le tout ce tenant et joignant ensemble, le dongeon et manoir principal, la basse-cour et escuries renfermez de fossez, pont-levis et haultes murailles, la cour de hault, granges, greniers et estables joignant et tenant à la basse-cour, le dict fossé et murailles entre deulx, est close et renfermée de haultes murailles avec ses préclos, jardins, terrasses, garennes, pasturages, contenant le tout cent cinquante boicelées de terre ou environ; item ma maison noble et seigneurie de la Ramée, sise en la, paroisse du Boupère, consistant en ung corps de logis hault eslevé, avecq ses tours, fuyes, granges, etc..... »

Suit la liste des hommages-liges de ladite baronnie, parmi lesquels nous relevons les noms ci-après :

Messire de Chastillon, chevalier, seigneur baron d'Argenton, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roy, à cause de la terre de Chantemerle ; messire Gabriel de Chasteaubriain, chevalier conseiller du Roy en ses Conseils d'estat et privé, seigneur des Roches-Baritault, lieutenant de Sa Majesté en bas Poitou, à cause de sa chastellenye de Saint-Paul-en-Parais; messire Henry de Bonneval, à cause de la seigneurie de Boisménard; Roch de La Geschelie., écuyer seigneur de la-Gourillère, à cause de l'hostel et métairie noble de Bois-Pouvreau, appartenant à son épouse Elisabeth Sicard ; messire Jacques Dumas, seigneur de Puy-papin; Jacques Texier, seigneur de La Motte et de la Bossonnière; Gilles de Marbœuf, escuier sieur de Grenoble, à cause de demoiselle Judicth Turcot, son épouse (hostel noble de la Baudrière, paroisse du Boupère) ; Philbert Porcheron, escuier sieur de la Vaux-Saint- Jasmes, conseiller au présidial de Poictiers (seigneurie de la Resmondière, paroisse des Vieux-Pouzauges); messire Michel Subret, cardinal abbé de la Sainte-Trinité de Vendosme, prieur correcteur de Boisdalonne, Bouvray et Petit-Chassay (paroisse de Saint-Prouant), à cause de son prieuré de Chassay, dit Grand-Mont; Marie Tiraqueau, femme non commune en biens de messire Henri-Denis de Rubentel, escuier sieur de Vallière (la ligence du Fief-. Milon, etc ) (11).

Le 2 mai 1651, Louis Grignon, au nom duquel était rendu l'aveu précédent, fit abandon de tous ses biens à son fils aîné, GABRIEL GRIGNON, lequel, dès le 22 juin 1659, vendit Pouzauges à CHARLES MESNARD, MARQUIS DE TouCHEPRÈS, qui tenait déjà de sa femme Marie Grignon, sœur de Gabriel, la terre des Échardières.

Charles Mesnard étant décédé sans postérité, la terre de Pouzauges, au moyen du don mutuel que Marie Grignon et lui s'étaient fait, rentra dans la maison de Grignon.

Sa veuve décéda elle-même en 1710, après avoir institué pour héritier son neveu, GABRIEL-NICOLAS DE GRIGNON, ci-devant capitaine, de cavalerie dans le régiment de Bissy, et qui avait épousé Marie de la Tulaye.

De ce mariage naquit un fils, GABRIEL-SALOMON, qui apparaît pour la première fois, comme marquis de Pouzauges, dans une instance intentée par lui, en 1747, contre le curé du Boupère, messire Étienne Soret, lequel s'était, à différentes reprises, refusé à lui rendre les devoirs honorifiques, et notamment le droit d'encens, qui lui étaient dus en sa qualité de seigneur haut justicier, fondateur de l'église et paroisse du Boupère (12).

Il mourut vers 1768, ne laissant de son mariage avec Marie-Anne de la Rochebrochard que trois filles : la première, JULIE, qui, mariée à JACOB JANVRE, seigneur de la Bouchetière (13), eut, en vertu de son droit d'aînesse, le vieux château avec la plus grande partie du marquisat,— lot qu'elle échangea, en 1775, moyennant une soulte, pour celui de sa plus jeune sœur Marie, femme de son cousin GERMAIN-JOSEPH-GABRIEL-TOUSSAINT GRIGNON, SEIGNEUR DE LA BARBOIRE (14); la seconde, Zénobie, dont la part se composait de la Pellissonnière et de vastes dépendances, épousa, le 27 août 1773, Léon Frottier, seigneur de Bagneux.

Les enfants issus du mariage de la fille puînée, Marie, périrent dans la guerre de Vendée, tandis que leur père succombait en émigration; et, par testament de la veuve, les Échardières furent données à M. Paul-Louis-Marie- Zénobe Frottier, comte de Bagneux, fils de Zénobie Grignon et de Louis Frottier, en même temps que la Tour de Pouzauges était léguée à CHARLES-LOUIS-BENJAMIN GRIGNON DE L'EPERONNIERÈRE, neveu de la testatrice.

Ce dernier, enfin, par un testament olographe du 14 juillet 1849, en fit don à son cousin et filleul, M. ZÉNOBE DE BAGNEUX, fils du comte et de Mlle Virginie de la Vieuville, devenu ainsi tout à la fois marquis de Pouzauges et propriétaire du magnifique domaine de la Pellissonnière.

Heureux, a-t-on dit, les peuples qui n'ont pas d'histoire! Si les adages n'étaient pas aussi fréquemment contredits par les faits, nous devrions croire à la félicité sans égale de Pouzauges; car il est certainement peu de villes qui aient laissé moins de traces clans l'histoire. Est-ce à dire que les événements s'y soient faits plus rares qu'ailleurs? Nous ne le pensons pas. Nous croyons plutôt qu'il faut rendre responsables de ce mutisme les révolutions religieuses et politiques qui ont, à plusieurs siècles de distance, ensanglanté ce pays, détruisant avec ses monuments les sources historiques qu'ils devaient renfermer.

Chose singulière — et que l'historien doit noter au passage — ce pays qui, trois cents ans plus tard, devait fournir à l'armée de la Vendée catholique et royaliste ses meilleurs soldats, fut précisément un de ceux qui accueillirent avec le plus de faveur les doctrines du culte réformé. Cet empressement à embrasser le protestantisme fut même tellement grand dans la contrée, que, dès 1562, le culte catholique ne pouvait plus s'exercer à Pouzauges, ni dans les paroisses avoisinantes (le Boupère, Saint-Michel Mont Mercure, Montsireigne, Chavagnes, Tillay, le Tallud, etc.).

Toutefois, les réformés du bas Poitou ne prirent officiellement les armes que l'année suivante, sous les ordres de Lancelot du Bouchet et de du Landreau.

Pouzauges fut pris (1er mars); mais, tandis que les églises des alentours étaient réduites en cendres, la sienne échappa à la dévastation. Il n'en fut pas longtemps ainsi.

En 1567, en effet, la fureur croissante des réformés porta ceux du Vieux-Pouzauges, ayant à leur tête les sieurs de Puy-papin, des Échardières, de la Belotière, et d'autres nobles et bourgeois des environs, à la mettre entièrement à sac (14 décembre).

 Sur ses ruines encore fumantes, ils signèrent, le lendemain, en présence de Moreau, leur pasteur, l'engagement d'anéantir la religion catholique, l'approbation des pillages précédents et l'affectation aux frais de la guerre des deniers provenant de la vente des ornements sacerdotaux (15).

Les protestants s'étaient jusqu'alors réunis sous les halles pour la célébration de leurs offices.

En 1613, ils conçurent l'idée de construire un temple qui, achevé seulement en 1617, leur servit jusqu'en 1685, époque de sa démolition.

L'heure des représailles a en effet, sonné : l'édit de Nantes est révoqué, et la liberté du culte est enlevée aux protestants.

Suzanne Pasquereau, de Pouzauges, est condamnée au bannissement perpétuel par le présidial de Poitiers (26 mai 1685), « comme atteinte et convaincue du crime de relaps » ;

l'année suivante, Jean Ganacheau, lieutenant de la maréchaussée de Fontenay, fait traîner sur la claie, dans les rues de Pouzauges, le cadavre d'une autre femme qui, à son heure dernière, avait refusé de recevoir les sacrements, après avoir abjuré par force ses croyances (16); et le 22 février 1687, quatre religionnaires accusés d'avoir provoqué des assemblées clandestines, aux environs de Pouzauges, sont jugés à Fontenay.

L'un d'eux, le nommé Bigot, qui faisait fonction de prédicant dans ces assemblées, est condamné à être pendu, deux sont condamnés aux galères perpétuelles, et le quatrième est banni à perpétuité.

En même temps, on accablait de troupes les localités dont les habitants avaient assisté à ces réunions.

De ce genre de conversions, dites Dragonnades, il a beaucoup été parlé. On ne peut pas plus les nier que les défendre. Mais ce qu'il est juste de faire remarquer, c'est qu'il y avait, de la part du pouvoir civil qui employait ces moyens, plus de zèle politique que de zèle religieux. Foucaud lui-même, qui fut cependant un des instruments de ces mesures violentes, n'hésite pas à le reconnaître dans ses Mémoires (17).

Aussi bien, les tentatives de conversions pacifiques n'avaient pas toujours été très favorablement accueillies par les protestants de Pouzauges.

 En 1620 notamment, un capucin du couvent de Fontenay, le P. Anastase, y ayant été envoyé par l'autorité épiscopale, les huguenots du lieu se soulevèrent, et force fut au prédicateur catholique de regagner sa cellule pour éviter une nouvelle effusion de sang.

La rigueur des édits n'éteignit point complètement l'ardeur des religionnaires.

Beaucoup, sans doute, allèrent demander la liberté de conscience à la terre de l'exil, et parmi ceux-là : les seigneurs de Puy-papin, de la Chauvinière, de la Grossetière (18) et de la Bonfielière (19), etc. Mais un plus grand nombre restèrent dans le pays, continuant à se réunir sous le nom d'assemblées du désert, au fond des ravins et des bois, notamment dans la vallée des Touches, entre Chavagnes et Montsireigne, ainsi que dans un taillis de la Grossetière, commune de Pouzauges, jusqu'au moment où l'édit de tolérance de 1787 leur rendit le libre exercice de leur culte.

La paix que cet édit apporta au royaume ne fut malheureusement pas de longue durée. La Révolution vint bientôt bouleverser à nouveau le pays, et, par ses excès, remettre les armes aux mains de ce peuple de vaillants dont la nature, éminemment généreuse et indépendante, ne sut jamais rester indifférente en face des grands événements de notre histoire. Ce n'est point à dire toutefois que Pouzauges ait été, à cette époque encore, le théâtre de faits d'armes très importants; et cependant il est peu de localités vendéennes que les dévastations de cette lutte fratricide aient aussi cruellement maltraitées.

A défaut d'une histoire complète, que ne sauraient permettre l'exiguïté de la place et la rareté des documents, nous nous bornerons à citer quelques- unes des dates les plus péniblement célèbres, pour Pouzauges, dans ce lugubre drame.

C'est un jeune homme d'une paroisse voisine — Dominique Ussault, de la Pommeraie — qui, au mois de mars 1793, détermina Pouzauges et plusieurs communes environnantes à prendre les armes.

Cet ancien séminariste, subitement élevé au généralat par la confiance populaire, fut un des plus intrépides lieutenants de Rovrand, le chef de l'armée du centre (20).

Il prit notamment une part très brillante à la défaite que ce dernier infligea, le 13 mars, près de Chantonnay, au général républicain Marcé; tandis qu'un autre rassemblement vendéen, commandé par les deux Sapinaud, attaquait et dispersait les gardes nationaux de Pouzauges et de la Châtaigneraie, qui occupaient les Herbiers (21).

Au mois de décembre de la même année, Charette, soit pour déjouer la poursuite obstinée de Haxo, soit pour faciliter le passage de la Loire à l'armée vendéenne, avait momentanément quitté la haute Vendée pour envahir le canton de Pouzauges.

Instruit de ce mouvement, le chef d'escadron Joba sortit de la Châtaigneraie avec de la cavalerie de la Légion du Nord et se porta en toute hâte à Pouzauges (19 décembre).

Mais il était trop tard : l'armée avait déjà abandonné cette place, et quelques traînards seuls tombèrent sous les coups des cavaliers républicains.

 

L'année 1794 devait être autrement funeste à la ville de Pouzauges.

C'était l'époque des trop fameuses colonnes infernales. Celle que commandait l'ex-boucher Grignon avait pour mission de mettre à feu et à sang la portion du pays comprise entre Argenton-le-Château, Noireterre, Bressuire, Cerisay, Saint-Pierre-du-Chemin, Puy-Béliard, Saint-Vincent, Mouchamp, les Herbiers, Mortagne et les Échaubroignes (22).

L'ordre du jour du général en chef Tureau avait prescrit (17 janvier) « de tout passer au fil de la baïonnette et de livrer aux flammes les bourgs, villages, métairies, bois, landes, genêts, et généralement ce qui peut être brûlé (23). »

 L'ancien constituant Dillon, curé du Vieux-Pouzauges, fait inutilement intercéder pour la conservation de son bourg, qui, le 28 octobre précédent, avait fait au Gouvernement une offrande patriotique (24).

La colonne arrive le 27 janvier par la route de la Pommeraie. L'ordre est donné de brûler tous les moulins (29 janvier). Le feu, mis à Pouzauges, détruit la ville entière; sept maisons seulement échappent à cet effroyable incendie qui gagne bientôt la campagne, tandis que d'ignobles brutalités sont consommées au château par Grignon et son état-major.

Bref, cette expédition donna lieu à de telles horreurs, que Lequinio lui-même, dont M. Fillon a si justement flétri le féroce caractère, ne put contenir son indignation. Aussi bien, de telles exactions n'étaient pas faites pour amener l'apaisement qu'on eût dû rechercher. Elles excitèrent au contraire à la résistance les Vendéens ainsi privés d'abri et de ressources, et qui, jusque-là, n'avaient pas encore pris part à la lutte.

Successivement occupé par les deux partis pendant le cours de la guerre, Pouzauges fut, en 1795, l'un des postes retranchés du général Canclaux, et, en 1815, le chef-lieu d'une division de l'armée vendéenne, commandée par M. le comte de Bagneux.

 

 

 

 

 La baronnie de Pouzauges, son donjon de la famille de Thouars. <==.... ....==> Visite Virtuelle Historique - château de Pouzauges - Catherine de Thouars et Gilles de Rais

 

 


 

 

Guerre de Cent Ans, Juin 1372 - siège de Thouars pendant la Campagnes du Dogue noir de Brocéliande (Du Guesclin) dans le Poitou

(Guerre de Cent Ans, Juin 1372 - siège de Thouars pendant la Campagnes du Dogue noir de Brocéliande (Du Guesclin) dans le Poitou, l'Aunis et la Saintonge ) L'appellation " Guerre de Cent Ans " désigne une période de troubles ou les combats en fait une place restreinte en regard des moments de trêve.

 

(1) Les potences de justice étaient dressées sur le bord de la route actuelle de la Pommeraie, en face de la demeure du Dr Barbanneau, et dans. un terrain qui porte encore le nom de Pilori.

(2) Ann. Soc. Emul. Vendée, année 1858, p. 160.

(3) C'est lui, sans doute, que la Gallia (t. II, p. 335) fait figurer dans la charte de fondation du prieuré de Saint-Nicolas de la Chaize, pour un cens de dix sous.

(4) Août 1239. — Guy, Vicomte de Thouars, du consentement d'Alix de Mauléon, sa femme, fait don à Geoffroy de la Flocellière, chevalier, pour services rendus, du four et péage du Boupère, avec les villages de la Roussière, de la Brunelière et de la Frènelière, et leurs dépendances, le tout situé dans la châtellenie de Pouzauges, sous la condition de certains droits de morte-main et d'une garde annuelle de quinze jours au château de Pouzauges. (D. F., tome VIII, p. 31.)

(5) Arch. nat. Monuments historiques, par Jules Tardif. N° 3607, J 180, Poitou, 7.

Cette charte était jadis scellée de six sceaux en cire résine pendant sur cordelettes de chanvre et lacets de soie rouge et jaune.

(6) Vers cette même époque, dit M. de Wismes (La Vendée, art. Pouzauges), nous trouvons dans Dom Fonteneau la note d'un Jousseaume, seigneur de Pouzauges, et, de précieux renseignements, fournis par feu M. le marquis de la Bretesche, nous donnent à penser qu'effectivement la branche ainée de la maison des Jousseaume aurait possédé Pouzauges pendant plusieurs générations; car nous retrouvons encore, en 1280, un André Jousseaume, chevalier seigneur de Pouzauges.

Peut-être ces Jousseaume, que Beauchet-Filleau (Dict. des Familles du Poitou, t. II, p. 263) mentionne en même temps comme seigneurs de la Forêt-sur-Sèvre, de Commequiers et de la Geffardière, furent-ils de ceux qui occupèrent Pouzauges au nom du comte de Poitou.

(7) Gracieusement communiqué par M. le duc de La Trémoille.

(8) Les archives départementales des Deux-Sèvres possèdent une sentence de Hugues de Thouars, sire de Pouzauges, attribuant, en 130 l, à l'abbaye de l'Absie, une portion des marais de Langon. (H. 42.)

 

(10) Il existe encore à Pouzauges une hôtellerie de ce nom.

(11) L'original de cet aveu fait partie des précieuses archives de la Pellissonnière, que le propriétaire actuel, M. le vicomte Zénobe Frottier de Bagneux, a eu la gracieuse obligeance de mettre à notre disposition. -

(12) Les pièces de ce curieux procès font partie des archives de la Pellissonnière (tome VI des Aveux de Pouzauges).

(13) Ils figurent l'un et l'autre comme parrain et marraine d’une cloche de l'église de Pamplie (Deux-Sèvres), fondue en 1777. (Notes de M. J. Berthelé, archiviste.)

(14) Ce sont eux qui, en 1785, confièrent à maître Moigast, avocat feudiste de Mortagne, le soin de mettre en ordre les papiers du marquisat, dont la précieuse collection est aujourd'hui conservée au château de la Pellissonnière.

(15) A. Lièvre. Histoire des protestants du Poitou, t. I, p. 143.

(16) Léon Audé. Alln. de la Soc. d'Émulation de la Vendée. 1855, p. 154.

(17) Mémoires inédits de messire Nicolas-Joseph Foucaud, à la suite des Mémoires secrets et inédits sur la fin du règne de Louis XI V, par le marquis de Sourches (t. II, p. 243/.

(18)Ce dernier était Charles de Cosne, sieur de Chavernay, d'une famille dauphinoise établie dans la Beauce, et qui était venu se fixer en bas Poitou, par suite de son mariage avec Lucrèce Le Vénier de la Grossetière (1676). M. Lièvre, dans son Histoire des Protestants du Poitou (t. III, p. 75 et s.), a fait un récit très dramatique de leur départ pour l'exil :

 « Par une nuit d'automne, après avoir entouré de linge les pieds de leurs chevaux, pour qu'on ne pût pas les suivre à la trace, M. de Chavernay et sa femme quittèrent leur habitation. Aucune considération n'avait pu les arrêter, et la tradition rapporte que leurs gens, s'attachant à leurs pas dans la longue avenue du château, essayaient encore de les retenir, en leur montrant les dangers qu'ils allaient courir dans leur fuite, les douleurs de l'exil, une ruine certaine, tandis que tout les invitait à ne pas quitter cette paisible et heureuse résidence de la Grossetière : « Non, non, s'écria M. de Chavernay, le cœur ému, mais inébranlable dans sa résolution, cent Grossetières ne me feraient pas tourner la tête en arrière. »

Quelques mois après, le château était démoli par ordre de l'intendant.

(19) La vignette de cette page représente le pont-levis et les anciens bâtiments d'habitation des seigneurs de la Bonnelière.

(20) Pouzauges même donna naissance à un des officiers les plus distingués et les plus aimés de cette armée, M. Brunet, dont la petite-fille, veuve en premières noces du regretté Fortuné Parenteau, a récemment épousé M. Boismen, architecte de Nantes.

(21) Beaucoup d'entre eux, dit Ussault dans ses Mémoires manuscrits, obligeamment communiqués par M. Amédée de Béjarry, tombant dans la nuit du 15 au 16, et en pleine déroute, vers l'Oie, les Quatre-Chemins et Vendrennes, sur une partie de l'armée de Royrand qui, victorieuse à Chantonnay, regagnait ses foyers, furent pris et conduits à Montaigu.

« Parmi eux, ajoute-t-il, le commandant de la garde nationale de Pouzauges, M. Gentil, receveur de l'Enregistrement, conduit également à Montaigu, en sortit sur ma réclamation et rentra chez lui, où il vécut tranquille.

 Plusieurs autres de ces soldats républicains s'étant dirigés sur les Essarts et Saint-Fulgent, y furent assassinés... Ce fut sûrement alors une punition du ciel pour la garde nationale de Pouzauges, qui avait horriblement massacré à coups de sabre, près le Boupère, un prêtre très vieux, M. Gaudon, curé de Saint-Germain-l'Aiguillé, près Mouilleron-en-Parets. »

(22) Les Colonnes infernales, par J.-X. Carré de Busserolle. Tours, Guiiland-Verger, 1865, in-12, p. 26.

(23) Guerres de la Vendée, par un officier supérieur, t. I, p. 400.

(24) Don de cent neuf livres un sou pour l'achat de bas et souliers aux défenseurs de la patrie.

 

 

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