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PHystorique- Les Portes du Temps
21 juillet 2023

22 mars 1793 La Capitulation de Chalonnes-sur-Loire

On sait que la guerre de Vendée éclata le 12 mars 1793. Les Vendéens s'emparèrent successivement de Saint-Florent-le-Vieil (12 mars), Jallais et Chemillé (13 mars), Cholet (14 mars), Vihiers (16 mars) et Chalonnes-sur-Loire (22 mars).

Les Vendéens emmenaient avec eux leurs prisonniers, au nombre de 225, parmi lesquels 80 Chalonnais. De très bonne heure, le vendredi 22 mars 1793, les chefs Vendéens, campés à Saint- Laurent-de-la-Plaine, décident d'envoyer à Chalonnes deux prisonniers, Bousseau et Lebrun, pour sommer la ville de se rendre. Voici la lettre dont ils sont porteurs :

 

Messieurs les habitants de Chalonnes,

MM. les généraux de l'armée catholique romaine, au nombre de cinquante mille hommes, vous envoient MM. Bousseau et Lebrun pour vous engager de vous rendre, au nom de Dieu, de la religion et des prisonniers chalonnais. Si vous vous disposez à faire résistance, vous pouvez compter sur la dévastation de votre ville. Si, au contraire, vous vous rendez, vous aurez une entière grâce; vous nous apporterez vos armes et vous nous donnerez quatre notables pour otages. Nous allons chez vous au nom de l'humanité.

Nous sommes, Messieurs, vos obéissants serviteurs.

L. BARBOTIN, aumônier.

STOFFLET.

D'ELBÉE.

DE BONCHAMPS.

LEGER (Officier).

 

Arrivés à Chalonnes à neuf heures du matin, les deux prisonniers remettent la lettre aux autorités, qui finissent par accepter les propositions des chefs Vendéens, et à trois heures du soir l'armée catholique entre à Chalonnes sans coup férir.

Dès le soir du 22 mars, le Conseil général du département rédige une adresse : « Des lâches ont livré Chalonnes, malgré les instances de leurs chefs. Chalonnes avait juré de s'ensevelir sous les ruines et Chalonnes abandonne honteusement ses foyers devant un ennemi qu'il n'a point vu... »

— A la séance du 25 mars, un membre du comité de surveillance du département s'exprime ainsi : « Chacun a cherché à connaître les causes du malheureux événement qui a eu lieu à Chalonnes. On a semblé élever des doutes sur la conduite du citoyen Letourneux-Perrau- dière, commandant de la force armée. Il importe à la chose publique qu'il ne reste aucune incertitude et spécialement sur les chefs.

Tous les renseignements pris et les pièces qui se trouvent au comité de surveillance forment, au contraire, l'éloge le plus complet de la conduite du citoyen Letourneux. Ce commandant a rejeté avec horreur la proposition qui fut faite, tant au conseil militaire qu'à celui de la commune, de capituler avec la bande contre-révolutionnaire. Dans l'un et l'autre endroit, il a répété le serment de vivre libre ou de mourir à son poste. Enfin il a fait les derniers efforts pour rallier tous les citoyens soldats qu'il commandait. » Aussitôt, le conseil général arrête : « Le citoyen Letourneux-Perraudière a fait son devoir à la journée du 22, et il mérite la confiance de ses concitoyens. Le comité de surveillance rendra compte incessamment des suites et des causes de la déroute de Chalonnes. » (L 12.)

Ce comité de surveillance du département était composé d'Aimé Couraudin de la Noue, président du tribunal du district d'Angers, Jacques Gautret, accusateur public près le tribunal criminel de Maine-et-Loire, Rogeron, membre du directoire du district d'Angers, François Coullion, officier municipal d'Angers, Henri-Catherine Fauconnier, juge du tribunal du district d'Angers, Papin et Paitrineau.

C'est Gautret qui fut chargé du rapport. Voici cette pièce inédite et inconnue :

I. — Une députation des habitants de la ville de Chalonnes se présenta au département le 19 mars dans la nuit, pour annoncer que la bande contre-révolutionnaire qui depuis huit jours ravageait les districts de Saint- Florent, Cholet et Vihiers., se portait sur Chalonnes.

Le département, le 19 mars, n'avait aucune force à sa disposition. Les gardes nationales, les cavaliers du dépôt étaient pour la majeure partie divisés dans les districts de Baugé, Châteauneuf et Segré pour y éteindre le feu contre-révolutionnaire qui commençait à se manifester. D'autres étaient détenus et arrêtés à la suite des attaques sur les villes de Saint-Florent, Chemillé, Cholet et Vihiers.

Dans ces circonstances, le département engagea les habitants de Chalonnes à se replier sur la ville d'Angers et à sauver, au moyen des bateaux qu'ils avaient à leur disposition, leurs effets les plus précieux, canons, vivres et munitions, si avant l'attaque on ne pouvait leur faire passer des forces suffisantes.

L'administration, en prévenant ainsi les habitants de Chalonnes, ne négligeait cependant aucun des moyens qui étaient en son pouvoir pour venir au secours de ses administrés. Elle avait fait des réquisitions aux départements voisins pour faite partir la force armée et la faire marcher sur les cantons attaqués par les brigands; et pour venir au secours de la ville de Chalonnes, elle avait commencé par donner aux communes voisines les réquisitions nécessaires pour faire marcher sur cette ville les gardes nationales en état d'aller, et notamment un détachement de gardes nationales qui était stationné à Montjean.

La municipalité de Chalonnes, le 20 mars, annonça au département qu'elle avait alors plus de quinze cents hommes en état de défendre la ville, et qu'il y avait de la « dérision » à lui proposer de quitter ses foyers; elle soutiendrait avec courage l'attaque des brigands (Vendéens) et périrait plutôt que de se rendre. Cette détermination énergique que semblaient montrer les habitants de Chalonnes, décida le département à faire des efforts pour secourir la ville en cas d'attaque.

Dès le 20 mars dans la nuit, quatre cents gardes nationales y furent envoyés.

Le lendemain 21, un détachement de mille hommes qui venait d'arriver à Angers de différents districts, y fut de suite porté; et avec toutes les forces, il se trouvait en la ville de Chalonnes une force armée de plus de quatre mille hommes, sous le commandement des citoyens Letourneux-Perraudière et Bellanger.

Cette force était-elle suffisante pour soutenir l'attaque des brigands ?

Il résulte de toutes les déclarations faites au Comité de surveillance que la ville de Chalonnes avait été mise en état de défense, les chemins avaient été coupés et on avait fait des retranchements pour y placer les tirailleurs. Les canons, au nombre de trois pièces, dont deux de six et une de quatre, avaient été bien, disposés pour tirer sur les brigands; leurs caissons étaient garnis de munitions, et ils étaient dans le cas d'être bien servis.

La force armée qui était à Chalonnes avant l'arrivée du détachement envoyé d'Angers, était de 2.000 hommes; on avait travaillé depuis quatre à cinq jours à faire des cartouches, et on les avait distribuées de manière que chacun des citoyens armés pouvait tirer trois à quatre coups.

La force armée envoyée d'Angers les 20 et 21 mars, au nombre de 1.400 hommes, n'avait, au contraire, qu'un ou deux coups à tirer, parce que les cartouches envoyées d'Angers ne pouvaient servir à tous, les fusils n'étant pas de calibre. Néanmoins une force armée de plus de quatre mille hommes pouvait résister quelque temps à une attaque de brigands de dix à quinze mille hommes mal armés.

Il résulte, en effet, de toutes les déclarations -et des renseignements les plus approchants de la réalité, que la bande contre-révolutionnaire qui se portait sur Chalonnes formait un total d'environ quinze milles hommes.

Mais environ un tiers n'était armé que de bâtons, fourches et autres instruments, et l'autre tiers, compris 200 hommes de cavalerie, était armé de fusils, sabres et pistolets, et au surplus ceux qui étaient armés de fusils étaient au nombre de 2.400

. Les brigands avaient bien 18 à 19 pièces de canon; mais sept seulement étaient montées sur des affûts, et dix à douze canonniers au plus qu'ils avaient ne pouvaient servir ces sept pièces de canon. Ils n'avaient, d'ailleurs, que peu de boulets, outre deux chariots de mitraille et deux barils de poudre.

Ainsi la ville de Chalonnes, avec une garnison de quatre mille hommes armés, avec trois pièces de canon bien montées et bien servies, avec des retranchements faits pour les tirailleurs et les dispositions locales prises pour que les brigands ne pussent arriver que par un seul chemin, pouvait certainement soutenir l'attaque.

Les habitants devaient d'autant plus résister avec courage que le département leur avait donné avis qu'un détachement de gardes nationales de La Flèche avec deux pièces de canon partait dans le jour même d'Angers et se rendait en bateau pour augmenter la force armée, et sans les vents contraires il eût arrivé à Chalonnes à midi. (Anjou historique, XXIII, 146.)

Cependant Chalonnes s'est rendu le 22 mars sans tirer un seul coup, et plus de deux à trois heures avant que les brigands aient paru à ses portes : une déroute complète a eu lieu. Les canons, armes et munitions ont été laissés au pouvoir des brigands.

 

 Quelle est l'origine de cette déroute ?

La bande contre-révolutionnaire avait eu de premiers succès dans les attaques des villes de Saint-Florent, Chemillé, Cholet et Vihiers; elle avait pris plusieurs pièces de canon et fait beaucoup de prisonniers.

 Souvent les brigands envoyaient de ces prisonniers sommer les patriotes de se rendre, dans la persuasion où ils étaient que, craignant pour leur vie et peignant leurs malheurs, ils feraient tous leurs efforts pour faire mettre bas les armes à leurs concitoyens.

Cette marche a parfaitement réussi aux brigands dans l'évacuation de la ville de Chalonnes.

Bousseau -et Lebrun père, habitants de la même ville, qui avaient été faits prisonniers lors de l'attaque de Cholet, et depuis le 14 mars étaient au pouvoir des brigands, furent envoyés par ces derniers en la ville de Chalonnes pour sommer les habitants de se rendre. Bousseau et Lebrun avaient toute la confiance des Chalonnais.

En arrivant aux postes avancés de Chalonnes, l'e premier soin des envoyés fut d'annoncer aux citoyens armés qui les gardaient, que la ville était perdue, une armée considérable se portait sur Chalonnes, il n'était pas possible de résister à son attaque, il fallait se rendre, toutes les gardes nationales devaient s'e sauver.

Après avoir ainsi jeté l'alarme dans les premiers postes, ils traversèrent la grande rue où était la force armée, en tenant les mêmes discours. Arrivés à la municipalité, ils présentèrent une lettre signée des chefs des brigands se disant généraux de l'armée chrétienne, qui sommait la ville de Chalonnes de se rendre; à cette condition on ferait grâce aux habitants, sinon on détruirait la ville, et une armée de 50.000 hommes allait y entrer.

Malgré cette sommation, le commandant Letourneux, quelques autres officiers de la force armée, le maire et quelques officiers municipaux déclarent qu'il faut soutenir l'attaque et plutôt mourir à son poste que de se rendre.

Les ordres sont donnés en conséquence par les commandants de faire mettre les bataillons en défense et en bataille dans la grande rue, de distribuer des cartouches et de disposer les gardes nationales à une vigoureuse défense.

Bousseau et Lebrun, envoyés par les brigands, n'approuvèrent point cette mesure. Tout en avouant que la bande des brigands n'était pas de 50.000 hommes, ainsi que l'énonçait la sommation, ils assurent qu'ils sont au moins 25.000, déterminés à tirer à boulets rouges sur la ville, à faire le pillage et à massacrer les habitants. Ils prient en conséquence la municipalité d'arrêter que la ville se rende.

Un conseil de guerre est assemblé. Le conseil général de la commune est convoqué pour délibérer sur la sommation faite par les brigands. Bousseau sort de la municipalité avec son beau-frère Foucault le jeune, et passant dans les rues il continue sans doute de jeter l'alarme.

Et en effet, il rentre -à la municipalité pendant qu'on délibère, accompagné de ses deux beaux-frères Foucault. Il blâme la fermeté et l,e courage de ceux qui s'opposent à la reddition de la place : « Cela ne vous fait rien, dit-il, vous n'avez point de propriété. »

Aux autres, et adressant la parole au maire, il dit : « Puisque vous ne voulez pas obtempérer à la sommation de se rendre, je vais faire publier sur la place la lettre des chefs, et déclarer que la municipalité sacrifie les habitants et leurs propriétés. »

 Pour appuyer son opinion, il répète que l'armée contre-révolutionnaire est composée au moins de 25.000 hommes, ayant 19 pièces de canon, elle tient quatre lieues de terrain, il a assisté à trois de leurs combats, ils se battent avec courage et se rallient avec ordre après le feu.

Lebrun père, autre envoyé par les brigands, tient à peu près le même langage. « Ah ! mon ami, dit-il à Cherbonneau-Lahaye, j'ai fait les guerres de Hanovre, mais je n'ai jamais tant vu de monde armé. »

Ils annoncent tous les deux qu'ils doivent être rendus à midi pour porter la réponse, ils ont promis de s'y rendre et ils accompliront leur promesse plutôt que de rester parmi leurs concitoyens qui les invitaient à ne point retourner.

Les frères Foucault appuient leur beau-frère Bousseau. Armés dans le conseil général de la commune quoiqu'ils y fussent étrangers, ils font des menaces au maire parce qu'il veut mourir à son poste et refuse de capituler.

Ainsi s'est jetée l'alarme dans la ville de Chalonnes, et les discours tenus par Bousseau et Lebrun dès les premiers postes avancés avaient frappé et les habitants et les gardes nationales, dont la terreur s'était emparée.

— Des habitants et des femmes peut-être mal intentionnés s'étaient mêlés parmi les rangs, et toute la force armée était sans ordre.

 On entendait crier Sauve qui peut ! et les habitants se transportant en foule à la municipalité criaient qu'il fallait se rendre.

De son côté, la municipalité délibérait de capituler. Un nommé Perrin, l'un des notables, avait rédigé la capitulation ou la lettre en réponse à, la sommation des brigands.

La majorité des voix fut pour la reddition de la place et pour signer. D'autres ont refusé de signer et de capituler avec les brigands (Méron et Maurat).

Pendant cette discussion qui occasionna de vifs débats, la force armée dont la majeure partie était facile à épouvanter, s'était entièrement désorganisée. Une déroute complète en a été la suite, et inutilement les chefs voulurent rallier les gardes nationales.

 D'autres citoyens voulurent jeter les canons et munitions dans l'eau, et ils en furent empêchés par les beaux-frères de Bousseau.

Bousseau et Lebrun père, envoyés par les brigands, et le fils Foucault le jeune, beau-frère de Bousseau, ont porté aux brigands la capitulation. Ils sont revenus à cheval, montés derrière les cavaliers qui formaient l'avant-garde des brigands.

Foucault, arrivé à Chalonnes, s'est promené dans les rues, levant en l'air son chapeau et criant : Vive le Roi. Vive la Religion !.

La bande contre-révolutionnaire est ensuite entrée dans la ville, plus de deux à trois heures après la retraite de la force armée. Elle s'est emparée des canons et des munitions qu'on y avait laissés.

 

Ainsi s'est passée la malheureuse journée du 22 mars.

Les brigands sont entrés dans Chalonnes sans aucune résistance, après avoir fait jeter l'alarme dans la ville par deux citoyens qui, ayant l'entière confiance des habitants, ont été plus à même de leur persuader qu'il y avait nécessité de se rendre; et en reconnaissance de ce que cette ville leur avait été livrée, les brigands ont donné la liberté aux prisonniers Chalonnais (1).

Ces brigands ont resté à Chalonnes depuis le vendredi 22 mars jusqu'au lundi 25. Ils ont pillé les maisons des patriotes, telles que celles des citoyens Leclerc, député à la Convention Nationale, Vial, maire, Lattay, épicier, Maurat, officier municipal, Henriet, procureur de la commune, et des deux curés assermentés; et en sortant de Chalonnes ils ont emporté tous les vivres qui y étaient.

La maison des Foucault a été épargnée, en reconnaissance des bons offices de Bousseau, gendre et beau- frère, et ils avaient l'honneur de loger des chefs des brigands, notamment un d'Armaillé.

La maison du commandant Bellanger a aussi été épargnée, mais elle était désignée comme celles des patriotes pour être pillée; et si elle ne l'a pas été, c'est parce que Martin, médecin à La Pommeraye et chef des brigands, est le cousin germain de Bellanger, et il avait établi une garde pour empêcher qu'elle ne fût pillée, dans l'espérance que son parent céderait aux sollicitations qui lui ont été faites.

Tel est le récit de ce qui s'est passé lors de l'évacuation de la ville de Chalonnes.

 

Y a-t-il des coupables qui doivent être poursuivis et dénoncés au tribunal criminel ?

 

II. — Une loi du 26 juillet 1792 porte que les corps administratifs qui font au commandant la proposition de se rendre, seront punis de mort. Une autre loi du 26 août 1792 porte que tout homm-e qui jette l'alarme et parle de se rendre avant que le commandant en ait reconnu la nécessité, est un traître à la patrie et qu'il sera puni de mort.

Si l'on s'en rapporte à leur déclaration et à celle des prisonniers chalonnais qui ont eu la liberté lors de la reddition de la ville, Bousseau et Lebrun n'ont été envoyés à Chalonnes pour sommer la ville de se rendre qu'à la prière de tous les prisonniers au nombre de 225 qui, pour sauver leur vie et encore pour empêcher l'incendie de leur ville et le massacre des habitants, demandèrent aux chefs de la bande contre-révolutionnaire à envoyer deux des prisonniers à Chalonnes pour engager les habitants à se rendre, parce que, disait-on, Chalonnes ne pouvait tenir contre une force aussi imposante que celle des brigands.

— C'est à neuf heures du matin que Bousseau et Lebrun arrivèrent à Chalonnes, et les brigands n'y entrèrent qu'à deux ou trois heures de l'après- midi.

Toutes les pièces qui sont au Comité de surveillance annoncent qu'ils ne se sont point conduits avec cette prudence et cette fermeté qui conviennent à des hommes libres, ayant juré de mourir en défendant la liberté et l'égalité. Cette conduite n'est pas exempte de reproche, et on peut au contraire la regarder comme criminelle...

Il en est de même de la conduite de Foucault le jeune, volontaire du 1er bataillon de Maine-et-Loire et beau- frère de Bousseau. Ce particulier paraît s'être entendu avec Bousseau et Lebrun pour forcer la municipalité de Chalonnes à capituler. Il a menacé le maire et l'a forcé de signer. Il s'est offert avec affectation pour porter la capitulation à des brigands. Il s'en est revenu avec eux et il a crié dans les rues : Vive le roi ! Vive la religion ! Enfin il s'est opposé à ce qu'on jetât dans l'eau les canons et les munitions, et il est resté parmi les brigands pendant qu'ils ont occupé Chalonnes.

La conduite des membres de la municipalité qui ont signé la capitulation et ont voulu se rendre malgré que les commandants s'y opposassent, est répréhensible...

La conduite de Perrin, l'un des notables, est surtout bien répréhensible. Cet homme qui était le commis de Foucault père, receveur et directeur des aides à Chalonnes, semble s'être accordé avec la famille Foucault pour appuyer l'alarme que Bousseau et Lebrun venaient jeter dans la ville. Il a pressé la capitulation, il l'a présentée à signer aux officiers municipaux, il a fait tous ses efforts pour entraîner les membres du conseil dans son parti.

Le maire de Chalonnes, quoiqu'il ait signé la capitulation, ne paraît pas coupable. Il s'est perpétuellement opposé à cette capitalation, il a voulu qu'on se mît en défense pour repousser les brigands, et il s'était déterminé à mourir à son poste.

 S'il a signé, ce n'est que dans un moment où sa tête, affaiblie par tout ce qui se passait sous ses yeux et par les menaces qu'on lui faisait, ne lui donna pas le temps de la réflexion. Il fut entraîné par le commissaire civil du département Cherbonneau, qui lui dit qu'il devait signer, puisque la majorité voulait se rendre. Au surplus, le maire n'a point été parmi les brigands, et sa maison comme celle des autres patriotes a été pillée par ces mêmes brigands qui voulaient y mettre le feu.

Cette conduite du commissaire civil, qui devait faire tous ses efforts pour empêcher qu'on signât une pareille capitulation et qui devait requérir la municipalité sous sa responsabilité de prendre toutes les mesures pour ne rien laisser au pouvoir des brigands, surprend, et il n'est point exempt de blâme.

En un mot, l'égoïsme et l'incivisme de quelques habitants, la crainte du pillage et la liberté des prisonniers chalonnais qui entrait dans la capitulation, ont singulièrement influé sur la reddition de la place, et l'intérêt général n'a été aucunement envisagé.

On n'a pas craint de faire des démarches vers le commandant de la garde nationale de Chalonnes, pour le faire entrer dans le parti des brigands. Ce commandant, qui est le citoyen Bellanger, désespéré de ce qui s'était passé dans la malheureuse journée du 22 mars, avait passé dans l'île de Chalonnes et de là à l'Alleu avec 200 patriotes chalonnais qui fuyaient la présence des brigands.

Davy, notaire, ci-devant juge de paix du canton de Chalonnes, n'a pas craint de voir les chefs des brigands et de leur parler du commandant Bellanger, comme d'un homme qui pourrait leur être utile, en lui faisant grâce d'avoir été patriote. Ce notaire, le 22 mars au soir, et suivant une lettre qui a été saisie entre les mains du porteur, écrit au commandant Bellanger qu'il a vu les chefs à son sujet.

Ces étrangers arrivés à Chalonnes s'y sont bien comportés, ils n'y ont pas fait de mal. Tout est tranquille. Ils désirent le voir. Il peut venir à Chalonnes en toute sûreté, il ne lui sera rien fait. Son cousin Martin, l'un des chefs des brigands, ainsi que les autres, sachant qu'il a la confiance des habitants veulent lui recommander de maintenir la paix. Il l'engage à faire revenir autant qu'il lui sera possible ses concitoyens avec leurs armes. Il peut être persuadé qu'ils ne l'emmèneront point ni personne autre que ceux qui voudront les suivre de bonne volonté, et il craint que s'il ne revient pas avec les armes, il arrive de grands malheurs.

Voilà comment un notaire déjà accoutumé avec les brigands contre-révolutionnaires, sollicitait le commandant à communiquer avec eux, et à faire revenir les patriotes avec leurs armes pour les mettre au pouvoir de la bande; et, certes, ce délit mérite toute l'attention. (Archives Nationales, W 472, numéro 289.)

Cet intéressant rapport fut déposé au comité de surveillance, mais il n'avait pas encore été présenté au conseil général du département lorsque, le 11 juin 1793, les administrations d'Angers, par peur des Vendéens, s'enfuirent au milieu d'un désordre indescriptible.

Les prisonniers Chalonnais en profitèrent pour s'évader, et leur procès ne fut jamais repris. L'affaire de la capitulation de Chalonnes fut définitivement solutionnée par l'amnistie du 2 décembre 1794 et le décret du 18 janvier 1795 qui donna une extension encore plus grande à l'amnistie.

 

 

 

 

13 Mars 1793 Jacques Cathelineau fait sonner le tocsin dans la Révolution <==.... .....==> 1793 Sur cette terre de Géants et de genêts en fleur, les Vendéens se soulèvent contre la Convention

 L’insurrection vendéenne 1793 (plan- dates) <==


 

(1) On a vu plus haut qu'il y avait 225 prisonniers, parmi lesquels 80 Chalonnais. Seuls ces derniers furent mis en liberté par les Vendéens.

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